Villedieu-les-Bailleul par Eugène Mannier
Département: Orne, Arrondissement et Canton: Argentan — 61
Domus Hospitalis Villedieu-les-Bailleul
La maison de Villedieu-les-Bailleul, située autrefois dans la paroisse de Bailleul, à une lieue d'Argentan, était une ancienne fondation de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem.
Nous la trouvons mentionnée pour la première fois dans des lettres de frère Noel, commandeur de la sainte maison de l'Hôpital de Jérusalem à Villedieu de Bailleul, « frater Natalis magister sancte domus Hospitalis Jerosolime apud Villam Dei de Ballot », datées de l'année 1194, par lesquelles il accordait à Renault du Bosc, « de Bosco », un demi acre de terre situé à Néauphe (1), « apud Neaufe » moyennant une rente de deux sols avec deux chapons, et sous la condition que les cateux, « Catella », que Benaut laisserait à sa mort sur cette terre, reviendraient à l'Hôpital.
1. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Argentan, Commune: Neauphe-sur-Dive — 61
Mais bien longtemps avant cela, les Hospitaliers étaient établis dans cette partie de la Normandie. Nous en trouvons la preuve dans une charte de Guillaume-le-Conquérant, par laquelle ce prince leur accordait en 1060, des lettres d'amortissement pour certains biens qui leur avaient été donnés et qui étaient notamment une grande étendue de landes situées entre Bailleul, Tournay (2) et Trun (3), un terrain pour faire un étang, un moulin appelé le Moulin de Magny (4) ; avec la terre pour bâtir et faire des écluses, divers droits de justice et d'usage, ainsi que des terres à cultiver, comprises entre la forêt de Goufrey et la Dive.
2. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Trun, Commune: Tournai-sur-Dive — 61
3. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Trun — 61
4. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Trun, Commune : Magny-sur-Drive — 61
Plus tard, vers 1140, l'impératrice Mathilde, fille du roi Henri Ier, duc de Normandie et comte d'Anjou, accordait aux frères de l'Hôpital de Jérusalem, cent sols de rente à prendre chaque année sur sa recette d'Argentan, « de Argentommo », ainsi qu'il résulte de ses lettres alors expédiées en forme de mandement à l'archevêque de Rouen, ainsi qu'aux évêques, comtes, barons, vicomtes et autres officiers, tant anglais que français résidant en Normandie.
Dans plusieurs villages des environs de Villedieu, l'Hôpital possédait des terres et un grand nombre de cens et de rentes seigneuriales.
A Néauphe-sur-Dive, un seigneur, du nom de Durand Bordon, leur avait donné en 1190 un domaine que Willems Escalart tenait de lui en toute franchise à Néaufe, et pour lequel il avait reçu de Guillaume du Tertre, « de Tertro », commandeur des maisons de l'Hôpital en Normandie, huit livres tournois de reconnaissance.
En 1192, un autre seigneur, Raoul de Salmon, leur avait abandonné plusieurs tènements et une terre entre le chemin et le vieux biez du moulin de Néauphe, « et vetus bievum de molendino de Neoufes. »
Ils possédaient l'année suivante toute la dîme que Barthélémy de de Mainbeville leur avait donnée de son fief à Neauphe, et dans ses dépendances à Mainbeville, « apud Menbevillam », à Montigny, « Montineium », aux Etis, « Estias », et au Hamel, et « apud Hamellum », avec des terres sur le territoire de Mainbeville, aux lieux dits au Coudray, « in Corileto », et à la Haie-Rambert, et « in sepe Ramberti » ; le tout approuvé et confirmé dans une charte de J., évêque de Sées, « Sagiensis episcopi », de l'année 1193.
De 1212 à 1216, nous trouvons plusieurs donations faites à l'Hôpital par Foulque de Clopel, seigneur de Saint-Lambert, Gilbert de Clopel, son frère, et Mathieu d'Ecquetot, son beau-frère, de maisons et de terres à Saint-Lambert, « apud Sanctum Lambertum » (5). Quelques-unes de ces donations sont passées à Villedieu, dans l'église de Saint-Jean, « apud Villam Dei in ecclesia Sancti Johanis. »
5. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Argentan, Commune: Saint-Lambert-sur-Dive - 61
Le frère Hedebaut, prieur de l'Hôpital en Normandie, affranchissait en 1220 ses hommes de Saint-Lambert, demeurant dans la terre provenant de Richard et de Raoul de Mulsene, et les déliait du serment qu'ils avaient prêté en l'église de Villedieu, de garder intacts les droits de l'Hôpital, et de lui laisser à leur mort tous leurs cateux.
Des lettres d'amortissement étaient accordées en octobre 1225, par Robert, seigneur de Saint-Léonard (6), aux frères de l'Hôpital, pour les terres qu'ils possédaient en ce lieu, situées au nouveau bourg, « ad novum burgum », au-dessus des vallées ; au haut du village, « in capite ville » ; à la Couture de « Chiedenier » ; au Champ des Chanoines de Silly ; au ruisseau Sauset et au chemin les Breious. Pour prix, mais plutôt en reconnaissance de cet amortissement, Raoul du Bosc, « de Bosco », alors commandeur des maisons de l'Hôpital en Normandie, avait donné au seigneur Robert une somme de 40 sols.
6. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Argentan, Canton: Le Mêle-sur-Sarthe, Commune: Saint-Léonard-des-Parcs - 61
La seigneurie de Villedieu avec la haute, moyenne et basse justice, appartenait à l'Hôpital. Le Commandeur avait la collation de la cure et la dime de toute la paroisse. Il avait également, au XIIIe siècle, la dime de Silli (7), qu'il partageait avec les chanoines du lieu, mais que André Pollin, Grand-Prieur de France céda, en 1247, aux dits chanoines pour un demi-muid d'avoine de rente par an.
7. Département: Orne, Arrondissement et Canton: Argentan, Commune: Silly-en-Gouffern - 61
Le manoir seigneurial de Villedieu était situé près de l'église. Il comprenait une maison de maître formant l'habitation du Commandeur, une ferme et une chapelle dédiée à saint Laurent.
A un quart de lieue de Villedieu, au hameau de Magny et sur les bords de la Dive, se trouvait le moulin banal de la commanderie, dont il est parlé dans la charte de 1060 de Guillaume-le-Conquérant, ci-devant citée.
Les terres du domaine consistaient, au siècle dernier, en 48 acres de labour, 18 acres en roches, 4 acres de pré, un petit clos, nommé le « Pissot », une garenne de 3 acres, et un bois de 24 acres, nommé « le Bois au Maître. »
La maison de Villedieu avait, au XIIIe siècle, deux membres principaux : la maison de Trun et la Chapelle-Souquet.
Trun
Département: Orne, Arrondissement et Canton: Trun — 61
Domus Hospitalis Trun
Par cette charte, le seigneur d'Angloischeville, « de Englischeville », fait donation à la sainte maison de l'Hôpital de Trun, « sancte domui Hospitalis apud Trumum », d'un acre de terre, situé à Saint-Germain près de la Croix de Buis, « juxta crucem buxatam », dépendant du fief de Raoul de Dive, « de Divo », et une vergée aussi de terre, mouvant du fief du Bois-Ernoud, « Ernufi nemoris. »
C'est le seul document qui nous reste sur la maison de Trun, dont le domaine aura été probablement accordé à cens ou à rente perpétuelle ; car il n'y avait plus là, au XIVe siècle, que des censives dues sur un certain nombre de terres, maisons et héritages.
La Chapelle-Souquet
Département: Calvados, Arrondissement: Caen, Canton: Falaise, Commune: Le Marais-la-Chapelle — 14
Domus Hospitalis Chapelle-Souquet
L'église dédiée à sainte Madeleine, le cimetière et le presbytère faisaient partie du domaine de la commanderie qui possédait aussi des terres et des rentes dans le village.
Le revenu de la maison de Villedieu avec ses deux membres était :
En 1495, de 137 livres 5 sols.
En 1757, il s'élevait à 2,250 livres.
Et en 1783, à 2,800 livres.
Pour accroître l'importance de cette commanderie, l'Ordre y réunit, au XVe siècle, les commanderies de Villedieu de « Saultchevreuil » et de Villedieu de « Montchevreuil. »
Une autre annexion se fit quelque temps après, celle de la commanderie de Fresneaux. Enfin, en 1560, on y adjoignit encore la commanderie de Villedieu-sous-Grandvilliers. De ces cinq commanderies réunies en une seule, le siège principal resta toujours à Villedieu-les-Bailleul.
Villedieu-de-Saultchevreuil
Département: Manche, Arrondissement: Saint-Lô, Canton: Villedieu-les-Poêles, Commune: Saultchevreuil-du-Tronchet — 50
Domus Hospitalis Villedieu-les-Poêles
La terre donnée par Henri Ier pour cette fondation, est ainsi désignée dans un passage du livre du moine de Jumiege : « Quamdam terrain in pago Abrincensi in qua fratres Hospitalis Hierusalem illi servi Christi vicum quemdam quern vocant Villam Dei magno privilegio, regid munificentiâ exornatum edificaverunt. »
Cette donation fut faite antérieurement à l'année 1135, époque de la mort du Roi. L'érection de la maison de l'Hôpital eut lieu ensuite, et Toustain de Billy, dans son Histoire du Cotentin, en fixe la date à 1170.
On voit encore aujourd'hui, dit M. le Héricher, les ruines de cette maison et une chapelle de la plus haute antiquité, dédiée à saint Blaise (1).
1. Le Héricher, Avranchin monumental et historia Tome 2, page 713.
L'Église
La maison était située près de l'église, dont elle était séparée par la rivière de Sienne.
Les anciens titres de la commanderie nous représentent un seigneur, du nom de Richard de Grisy ou de Grisey, « de Griseio », comme l'un de ses plus grands bienfaiteurs. Il était un donné de l'Hôpital à la fin du XIIIe siècle ; et, dans l'espoir d'être bientôt reçu frère de l'Ordre, il avait abandonné, par ses lettres datées de l'année 1185, à la sainte maison de l'Hôpital de Jérusalem, tous ses cateux, « omnia catella », avec ses terres d'acquêts ou d'héritages, et même celles qui pourraient lui échoir par la suite, à quelque titre que ce fut, mais à la condition qu'aussi longtemps qu'il vivrait, il tiendrait ces terres de l'Hôpital, au cens de cinq sols par an. Cette donation eut lieu dans la chapelle de saint Blaise, à Villedieu de Saultchevreuil, « in capella Sancti Blasii apud Villam Dei de Saltu Capreoli », en présence du frère Ansel de Corbeil, prieur de France et de Normandie, et de frère Bernard, gardien, « custos », de l'Hôpital de Villedieu.
Par d'autres lettres datées de l'an 1223, le même Richard de Grisy déclare, qu'après avoir donné à Dieu et à la sainte maison de l'Hôpital de Jérusalem, son corps à la vie et à la mort, il laisse au dit Hôpital tout ce qu'il a acquis depuis sa première donation, savoir : son manoir ou maison près de Coutances, « manerium situm juxta Constan », qu'il tenait d'Hugues de Saint-Planchers (2), « de Sancto Planchesseio » ; toute sa terre de Nicorps, « totam terram de Nicorp » (3), que Richard et Gilles la Barbe tenaient de lui à cens ; le domaine de « Maldoit » (4), tenu de Gillot de Coutances à six quartiers de froment, six pains et six chapons par an ; un autre domaine à « Corce » (?) ; une terre à la Croix-Gaudin, tenue par Bocher Crespin, à six boisseaux de froment par an et un tènement à « Maldoit (4) », qui lui rapportait vingt quartiers d'avoine et deux sols tournois.
2. Département: Manche, Arrondissement: Avranches, Canton: Granville - 50
3. Département: Manche, Arrondissement et Canton: Coutances - 50
4. Peut-être : Mauduit, 50250 Montsenelle ; Les Mauduits, 50430 Vesly
Parmi les frères de lu maison de Villedieu de Saultchevreuil, nous trouvons, à la fin du XIIIe siècle, un Guillaume de Grisy, prêtre, qui était probablement un descendant de la famille de Richard de Grisy. Il obtint du roi, en 1293, des lettres d'amortissement pour tout ce que l'Hôpital avait acquis depuis 47 ans dans la paroisse de Villedieu, qu'on nommait alors Villedieu-sur-la-Rivière, « in parochia ville Dei super Ripariam », et qui se trouvait aux environs de la maison de l'Hôpital.
Au XIVe siècle, Villedieu était fortifié, mais ses murs étaient en si mauvais état, qu'on craignait que les Anglais profitassent de cette circonstance pour s'emparer de la ville et s'y retrancher. Le roi Charles VI avait résolu de la démanteler. Pour éviter cela, le Grand-Prieur de France, Gérard de Vienne, rétablit à ses frais les fortifications. Le Roi, reconnaissant alors qu'elle était suffisamment défendue, la conserva comme place forte, en chargeant le Grand-Prieur de veiller à sa sûreté, et d'y faire faire la garde et le guet jour et nuit par ses habitants. Le mandement du Roi à ce sujet, porte la date de 1380.
Le rapport de la visite prieurale de 1495 mentionne ainsi l'état de la commanderie de Villedieu de Saultchevreuil : « L'esglise parochiale, fondée de Nostre Dame de l'Ospital, a été détruite par les guerres et refaicte par le commandeur frère Jean Routier et les paroissiens. »
« La maison est auprès de ladicte esglise, ung ruisseau entre deux. Dedens ladicte maison, est une chappelle pour le Commandeur, dédiée à saint Blaise. »
« Ladicte esglise et maison sont dedens le bourg de Villedieu, où a de présent C feuz à toute jurisdicion de ladite commanderie, prisons et justice levée. »
Les prisons se trouvaient dans les deux tours existant de chaque côté du pont de pierres où l'on passe pour aller à Avranches.
La commanderie possédait les halles de Villedieu, dans la grande rue conduisant du pont de pierres à la Roche-Tesson. Elle percevait des droits sur les marchés qui se tenaient le mardi et vendredi de chaque semaine, et dans les foires du 3 mai et du 9 septembre.
Au bout des halles, se trouvait l'auditoire ou le seigneur commandeur faisait rendre la justice.
Un moulin banal sur un bras de la rivière de Sienne, un four aussi banal dans la rue du Pont-Picard, quelques prairies et parties de bois aux environs de Villedieu, et une chapelle dédiée à saint Etienne, à un demi-quart de lieue de la ville, sur la route de Caen, formaient le complément du domaine de la commanderie.
La cure de Villedieu était à la nomination du commandeur, et bien que son église fût exempte, comme toutes celles de l'Ordre, de la juridiction des évêques et des visites pastorales, Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, alla la visiter le 2 septembre 1248, et recevoir ce qui lui était dû pour cette visite. « Ipso die, per Dei gratiam procurati fuimus apud Villam Dei de Saltu Capri in domo Hospitaliorum. Non consuevimus ibi visitare. Summa procurationis VIII libre VI solidi » (5).
5. Regest. Visitationum. Archives Rothom, publié par Th. Bonnin. Rouen, 1852, page 553.
Le commandeur de Villedieu avait encore droit de nomination à la cure de Pont-Brocard (6) et à celle de Chérancé-le-Héron (7). Quant à cette dernière cure, elle occasionna, au commencement du XIVe siècle, entre le Commandeur et messire Fiollin de Huçon, seigneur de Cherancé, un procès qui dura fort longtemps et finit en 1328, par une transaction où l'Hôpital renonça au patronage et à la collation de la cure, moyennant une rente de quinze livres par an.
Il en fut de même du droit de patronage qui appartenait à la commanderie pour la cure de « Landelle » (8), à cause de la chapelle qui se trouvait dans l'église du lieu et où reposait le corps de saint Ortaire. Par un accord intervenu entre les barons de cette paroisse tenant le fief de Chateaubriand et de Combourg, il fut assigné à l'Hôpital une rente de 15 livres pour prix de sa renonciation aux droits de patronage et de dime qu'il avait.
Un assez grand nombre de cens et de rentes foncières étaient dus au Commandeur à Villedieu, sur des maisons et héritages rue Talemache, Grande-Rue, rue de la Carrière, Basse-Rue, rue du Pré, rue Jacquemin, rue Méquines, rue de la Boche-Tesson, rue de Saint-Lo, rue de Caen, etc. (Terrier de 1584).
6. Pont-Brocart, commune de Dangy (Manche), arrondissement : Saint-Lô, canton : Canisy. Pont-Brocart ne contenait en 1782 que 5 à 6 feux et n'avait qu'un territoire de 17 verges de terre.
7. Département: Manche, Arrondissement : Avranches, canton : Villedieu-les-Poêles, Commune : Chérencé-le-Héron - 50.
8. Peut-être Les Landelles, commune de Saint-Planchers, arrondissement : Avranches.
Il en était dû encore dans les paroisses de Pont-Brocart, de Sainte-Cécile, de Saint-Mauvien, de la Chapelle-Cecelin, de Bazanville, d'Huberville, de Tourville, des Chéris et de Colomby.
Dans la paroisse des Chéris (9) près du bourg de Ducey, à six lieues de Villedieu-les-Poëles, la commanderie avait les fiefs de « Lulagerie » et de « Rue-Morin. » Sur l'un de ces fiefs reposait l'église des Chéris, dont le Commandeur était le seigneur spirituel, comme on le voyait par les armes de l'Ordre qui se trouvaient, au siècle dernier, sur une pierre dans le chœur de l'église.
9. Département: Manche, Arrondissement: Avranches, Canton: Pontorson, Commune: Les Chéris - 50
Ces fiefs comprenaient plusieurs maisons et des terres chargées de cens et de redevances en grain au profit de la commanderie.
On voit, d'après le Livre-Vert, que le commandeur de Villedieu faisait des quêtes dans les diocèses de Coutances, d'Avranches et de Bayeux. Le produit de ces quêtes avait été, en 1373, de 24 livres.
Le revenu de la commanderie était, cette année-là, de 201 livres, à cause des guerres qui en avaient considérablement abaissé le chiffre. Les charges s'élevaient à 337 livres 10 sols tournois, savoir: pour la responsion, 180 livres ; pour une messe chantée tous les jours au soleil levant en l'église de Saultchevreuil, 15 livres ; pour la Visitation de l'évêque, quand il venait visiter l'église, 12 livres 10 sols tournois ; pour l'état du commandeur, 40 livres ; pour les vivres et robes du curé et de deux donnés, pour chacun d'eux, 30 livres ; somme 90 livres.
A l'époque dont nous parlons, la maison de Villedieu avait été pillée par les Anglais qui l'avaient détruite en partie. La ville elle-même avait beaucoup souffert, et avait été rançonnée d'une façon impitoyable par l'ennemi.
En 1495, l'Hôpital de Villedieu ne s'était pas encore relevé de ses pertes ; son revenu était encore plus bas, puisqu'il n'était que de 119 livres. C'est alors qu'on jugea à propos de supprimer cette commanderie et d'en réunir les biens à la commanderie de Villedieu-les-Bailleul.
Nous trouvons en 1757, le revenu de Villedieu porté à 2,310 livres ; en 1771, à 3,410 livres ; et en 1783, à 4,200 livres.
Coutances
Département: Manche, Arrondissement et Canton: Coutances — 50
Domus Hospitalis Coutances
1. Rampan : Département: Manche, Arrondissement et Canton: Saint-Lô - 50
Cette charte qui se trouve parmi les titres de l'ancienne commanderie de Villedieu de Saultchevreuil, doit faire supposer qu'après les Templiers, ce fief passa aux Hospitaliers de cette maison ; mais on ne sait ce qu'il est devenu depuis, car il n'en est plus fait mention dans aucun titre.
Ville-Dieu-Montchevel
Département: Orne, Arrondissement: Alençon, Canton: Le Mêle-sur-Sarthe, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe - 61
Domus Hospitalis Ville-Dieu-Montchevel
Elle avait une chapelle dédiée à sainte Madeleine, chargée de deux messes par semaine. Les terres qui en dépendaient étaient d'environ 50 arpents, avec un moulin banal sur le ruisseau de la Fontaine.
Le Commandeur avait à Villedieu la haute, moyenne et basse justice, avec des cens et rentes au dit lieu, ainsi qu'à Sées et dans plusieurs villages des environs.
Le rapport de la visite prieurale de 1495 s'exprime ainsi au sujet de cette maison : « Avons trouvé la commanderie de Montchevel arrentée pour le prix de 75 livres tournois. Nous l'avons estimée audict pris, rabattue la charge de desservir la chappelle de la commanderie de la Villedieu de Montchevel et pour le luminaire de deux messes, douze livres dix sols. Ainsi reste 62 livres 10 sols. »
Il appartenait au Commandeur le droit de présentation à la cure de Saint-Pierre de Serqueux, mais ce droit fut abandonné au XVe siècle aux religieux de Saint-Cyr de Friardel, près Orbec.
Le revenu de Montchevel était, en 1523, de 430 livres ; en 1647, de 400 livres seulement ; en 1757, de 730 livres ; et en 1783, de 900 livres.
Fresneaux
Département: Orne, Arrondissement: Alençon, Canton: Sées, Commune: Aunou-sur-Orne — 61
Domus Hospitalis Fresneaux
Le même Enguerran, par d'autres lettres de l'année 1209, confirma, toujours en sa qualité de seigneur dominant, et amortit la donation faite aux Templiers par Guillaume et Hubert de Monthioux, « de Monte Tiout » (1), de douze acres et demie de terre dans la paroisse d'Aunou, « in parochia de Alnou », situés entre l'église du lieu et l'Orme de Monthioux.
1. Monthioux, commune d'Aunou-sur-Orne.
L'année suivante, en 1210, il fut encore donné par Enguerran aux Templiers, des terres dans la même paroisse, situées partie à la Fauveliere, « ad Faveleriam » (Aunou-sur-Orne), partie touchant à la maison du Temple de Fresneaux, « juxta domum Templi apud Fresnals »
Une charte de l'évêque de Sées, de l'année 1211, confirma en faveur des frères du Temple, la donation qu'un seigneur Guillaume de Neuville, « de Nova villa », leur avait faite de terres sur le territoire du dit Neuville, près de la Mare-Harpin, à Orgeval et à la Vallée de Jean, « apud vallem Johanis »
En 1274, nous trouvons un chevalier nommé Olivier de Moulins, « de Molins », à qui appartenait le fief de Fresneaux dans le diocèse de Sées, « feodum de Fresnellis Sagiensis diocesis », confirmer aux Templiers tous les biens qu'ils possédaient dans l'étendue de son fief, avec droit par eux d'y acquérir tous ceux qu'ils voudraient par la suite.
Un mesurage que les Templiers firent faire en 1288 de leur domaine de Fresneaux, constate qu'il comprenait 194 acres de terre, en plusieurs parties, aux lieux dits : près du Temple, au Bois-Cornet, à la Glissière, à la Mare-David, au chemin de Sées, au-dessous du Moulin, dans la Vallée, au chemin de Monthioux, à « Polesgrue », à « Leffengerez », aux « Undréiz », aux Longues-Raies, aux « Usleiz », aux Mares-Jumelles « ad Maras Gemellas », à l'Ormeau-Fouché, au Pré-Bernoul, à la Vallée-Jean, à la Mare-Harpin, à Orgeval, au Buat, à la Mare-Jeannet, à la « Jonchie », au chemin de « Formens », à Senele, à l'Ormeau « apud Lormel », et à la Grippe.
La maison de Fresneaux était située sur le chemin qui conduisait au Gué-Preuvost. Elle avait une chapelle qui était sous l'invocation de saint Marc et de saint Barthélémy.
Le Commandeur avait, dans son domaine de Fresneaux, la haute, moyenne et basse justice. Il jouissait alternativement avec le marquis de Courtomer, du droit de présentation à la cure de Saint-Victor de Brullemail.
La terre de Fresneaux rapportait, en 1517, 30 livres ; en 1629, 240 livres ; en 1757, 1,000 livres; en 1783, 1,600 livres.
Louvigny
Département: Orne, Arrondissement: Alençon, Canton: Le Mêle-sur-Sarthe, Commune: Brullemail — 61
Domus Hospitalis Louvigny
Cette terre seigneuriale était située dans la paroisse de Ferrières-la-Verrerie près Brullemail. Le seul titre qui nous reste concernant cette ancienne propriété des Templiers, est une charte de 1258, par laquelle un nommé Herbert et Jean Cham, Raoul Hurel et autres, vendirent aux frères de la chevalerie du Temple de Salomon, un bois qu'ils avaient dans la paroisse de Ferrière, « in parochia de Verrariis », lequel bois se nommait « le Bois-Auborne », touchant à celui du Roi, appelé « les Chyeses », et tenant au chemin conduisant de la Haie des Forges au Bois-d'Heduin de Beuverie, « de Beveria », en s'étendant depuis les Chyeses jusqu'au ruisseau de la Haie des Forges et jusqu'à la Haie du Bois de Sainte-Vandrille.
La terre de Louvigny comprenait une maison à usage de ferme, sur le grand chemin de Mortagne à Merlcrault, et 170 acres de terre en labour et bois en plusieurs parties, nommées le Parc de Louvigny, le Plessis, les Saucières et les Grands-Champs, traversées par quatre chemins: celui de Moulins à Guapré; le second, de Courtomer à Chauffour; le troisième, de Ferrière à Merlerault; et le quatrième, de Saint-Vandrille à Brullemail.
Le Commandeur avait toute justice, haute, moyenne et basse dans sa terre de Louvigny, dont le revenu était, en 1771, de 650 livres ; et en 1783, de 700 livres.
Villedieu-sous-Grandvilliers
Département: Eure, Arrondissement: Évreux, Canton: Verneuil-sur-Avre — 27
Domus Hospitalis Villedieu-sous-Grandvilliers
La commanderie avait tous droits de justice et de seigneurie dans sa terre de la Villedieu qui était un fief amorti.
Son revenu était, en 1373, de 21 livres 10 sols tournois, sur lesquels, dit le Livre-Vert, « le Commandeur a assez à faire à son vivre sans paier responcion ni aultre chose. »
Il s'élevait, en 1659, à 600 livres ; en 1757, à 1,200 livres ; et en 1783, à 2,250 livres.
La commanderie comptait autrefois deux membres: la maison de Courgeon et le fief du Louvier.
Courgeon
Département: Eure, Arrondissement: Bernay, Canton: Verneuil, Commune: Tillières-sur-Avre - 27
Domus Hospitalis Courgeon
Le Louvier
Département: Eure, Arrondissement: Bernay, Canton: Bâlines - 27
Domus Hospitalis Le Louvier
En 1436, Pierre Chipot, son commandeur, avait arrenté à un nommé Jehan Papin de Balines, les terres du Louvier avec le bois de Courteille, situées dans les paroisses de Balines, Courteille et Alaincourt, au canon de quatre livres par an, mais à la charge que le preneur rebâtirait la maison du Louvier et y résiderait.
Jehan Papin céda ensuite son arrentement à diverses personnes. Plus tard, en 1536, le commandeur Pierre de la Fontaine contesta la validité de cette cession, attendu que le sieur Papin n'était que détenteur à vie du fief du Louvier, et n'avait pu en disposer valablement pour un temps qui dépasserait l'époque de sa mort.
L'Ordre hésita longtemps d'entamer un procès en revendication de cette propriété, parce que l'aliénation remontait à plus de cent ans, et que le Chapitre provincial l'avait en quelque sorte sanctionnée. Enfin, sur les poursuites du chevalier Charles de Montigny, commandeur de Villedieu-les-Bailleul, un arrêt du parlement de Rouen fut prononcé en 1585, par lequel le fief du Louvier devait faire retour à l'Ordre.
Dès ce moment, le Louvier appartint à la commanderie de Villedieu-les-Bailleul.
Son revenu était:
En 1661, de 300 livres tournois.
En 1757, de 600 livres.
Et en 1783, de 1,000 livres.
Le revenu général de la commanderie s'élevait:
En 1583, à 2,100 livres.
En 1757, à 8,612 livres.
Il était, en 1783, de 13,680 livres.
Commandeurs de Villedieu-Les-Bailleul
1310. Frère Guillaume Martin.
1350. Frère Helin Beloy.
1371. Frère Nicole du Conseil.
1372. Frère Nicole du Bacquet.
1377. Frère Robert de la Rue.
1388. Le chevalier François du Poule.
1393. Frère Thibaut Deleval.
1396. Frère Gilles le Proyer.
1404. Frère Jehan Quynon.
1439. Frère Denis Coulon.
1451. Frère Pierre Lainé.
1499. Le chevalier Hugues de Boufflers.
1510. Le chevalier Jean de Marle.
1530. Le chevalier Louis de Tinteville.
1536. Le chevalier Denis du Viel Castel.
1542. Le chevalier Claude de la Sangle.
1557. Le chevalier Jean de Cochefillet.
1562. Le chevalier Jean Dache.
1569. Le chevalier Edme de Villarceaux.
1571. Le chevalier Louis de Mailloc.
1573. Le chevalier Charles Alexandre de Montigny.
1594. Le chev Charles de Gaillarbois-Marconville.
1613. Le chevalier Christophe d'Apremont.
1629. Le chevalier Anne de Campremy du Breuil.
1634. Le chevalier Alexandre François d'Elbene.
1661. Le chevalier Jean de Caillemer, prêtre.
1677. Le chevalier Jacques de Thienville de Bricquebosch.
1684. Le chevalier Charles Sevin de Baudeville.
1691. Le chevalier Louis de Rochechouart.
1699. Le chevalier Jacques-Auguste-Mesnard de Bellefontaine, capitaine des vaisseaux du Roi.
1708. Le chevalier François de Cominges, abbé commandataire de Notre-Dame de Lorroux.
1717. Le chevalier Gabriel de Calonne de Courtebonne, capitaine des galères de France.
1729. Le chevalier Henri-Antoine de Villeneuve Trans, capitaine des galères du Roi.
1736. Le chevalier Louis-Vincent du Bouchet de Sourches de Montsoreau.
1747. Le chevalier Paul de Vion de Gaillon.
1703. Le chevalier Pierre de Saint-Pol.
1766. Le chevalier Alexandre-Eléonore le Metayer de la Haye le Comte.
1772. Le chevalier Marie-Gabriel-Louis Le Texier d'Hautefeuille.
1783. Le chevalier Marie Jean-Baptiste de Boniface.
Anciens Commandeurs de Villedieu de Saultchevreuil
1313. Frère Pierre de Souchamp.
1350. Frère Jehan Lefebvre.
1373. Frère Robert Delarue.
1384. Frère Paul Crimont.
1400. Frère Gauthier le Cras.
1460. Frère Enguerran le Jeune.
Anciens Commandeurs de Villedieu de Montchevreuil
1370. Frère Nicole Thomas.
1401. Frère Jehan Guichart.
1410. Frère Robert Pouchet.
1421. Frère Gueroult Boissel.
1441. Frère Denis Coulours.
1456. Frère Pierre Lainé.
Anciens Commandeurs de Fresneaux
1372. Frère Guillaume Lefebvre.
1376. Frère Nicole Thomas.
Ancien Commandeur de La Villedieu-sous-Grandvilliers
1372. Frère Jehan Lorin.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)