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Origines de l’ordre de l’Hôpital
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Origines de l'Ordre

Chapitre-XIII — Le prince Djem hôte des chevaliers de Rhodes

Le prince Djem hôte des chevaliers de Rhodes. — Combat naval d'Alexandrette.

Pendant que Rhodes se rassérénait et se remettait des ébranlements du siège furieux qu'elle avait soutenu, deux compétiteurs se disputaient la couronne de Mahomet II. C'étaient ses deux fils Bajazet et Zizim, que les Turcs appellent Djem. Leurs querelles donnèrent au grand maître un répit qu'il mit à profit pour réparer les pertes de tout genre que l'ordre avait éprouvées.

La retraite des Turcs avait été complète, et ils avaient laissé les mers assez libres pour permettre aux Hospitaliers de recommencer leurs excursions interrompues par la guerre. D'Aubusson rechercha toutes les occasions de reprendre quelque avantage sur ses ennemis. Aussi embrassa-t-il avec empressement la cause du prince de Caramanie, qui résistait toujours à la puissance des Osmanlis; et pour l'y aider il lui envoya le secours de quelques galères. D'un autre côté, le grand maître, ayant eu avis de la négligence que mettaient les Turcs à se garder dans l'Archipel, conçut le projet de leur enlever, par représailles, quelqu'une de leurs possessions, notamment Samos, qui est une des îles les plus importantes de ces parages. Mais ce projet avorta devant l'attitude des garnisons ottomanes, qui se trouvèrent plus fortes que l'on ne pensait. Ces agressions, succédant au siège de Rhodes, prouvaient toute la vitalité de cet ordre que Mahomet avait en vain essayé d'écraser, et elles ne laissèrent pas que d'intimider son successeur. Bajazet n'était pas d'humeur belliqueuse. Satisfait de régner sur toutes les contrées que ses ancêtres avaient rangées sous le sceptre dont il héritait, il n'aspirait pas à étendre les limites d'un empire assez vaste pour son ambition. Il pensa plutôt à jouir paisiblement du pouvoir qui venait de lui échoir; et les incessantes préoccupations de son père pour ce qui regardait Rhodes, se changèrent chez lui en un désir hautement manifesté de vivre en paix avec les chevaliers de Saint-Jean. Le nouveau sultan fît au grand maître, dans ce sens, des avances qui furent agréées.

 

Le prince Djem hôte des chevaliers de Rhodes

Bajazet, tranquille de ce côté, ne songea plus qu'à assurer sur sa tête la couronne que son frère Djem voulait lui disputer. La guerre allumée entre les fils de Mahomet II ne fut pas heureuse pour le dernier; il ne put rassembler assez de partisans pour lutter contre son rival, et il se trouva réduit à la dure nécessité de chercher un refuge pour échapper à sa vengeance. Ce prince eut la pensée, bien étrange pour un musulman, de demander asile à d'Aubusson. Le grand maître pensa que l'ordre pourrait, dans l'avenir, tirer avantage de la protection demandée par le fugitif, et il l'accorda. Il ordonna même, à cette occasion, des préparatifs dignes de celui qui allait devenir l'hôte du couvent. Le grand prieur de Castille, don Alvarez de Suniga, se rendit avec une escadre sur les côtes de Caramanie pour l'y chercher. D'Aubusson voulait que le prince qui venait se mettre sous la protection de l'ordre de Saint-Jean fût reçu avec tous les honneurs dus à son rang, que ni sa religion ni ses malheurs ne devaient faire oublier.

Djem aborda à Rhodes, le 23 juillet 1482, avec une suite de trente-deux personnes. Un pont de bois, couvert de superbes tapis, avait été établi du rivage au bord de la galère qui le portait. Au moment où le frère de Bajazet prit terre, il fut salué par l'artillerie des remparts, tirant à toutes volées. Les chevaliers l'attendaient sur le rivage, rangés sous la porte de mer ou dans ses avenues. On lui amena un magnifique cheval arabe harnaché à la turque, et il traversa la ville accompagné des dignitaires de Saint-Jean. Par un raffinement de gracieuse hospitalité, et pour mieux honorer un ennemi de la religion, qui venait ainsi se confier à elle, le grand maître avait ordonné que toutes les rues fussent jonchées de fleurs, et qu'on revêtit les murs de chaque maison de tentures. La pompe que le grand maître avait voulu déployer par courtoisie fut complétée par la curiosité; car à toutes les fenêtres, dans toutes les galeries, comme sur toutes les terrasses, s'était rassemblée une multitude avide de voir ce singulier spectacle d'un descendant d'Osman, venant implorer la protection des plus invétérés et implacables ennemis du turban.

Le cortège était splendide et digne en tout de l'ordre illustre comme de la haute naissance de son hôte. Voici les détails qui nous en ont été conservés par les narrateurs contemporains: Les valets et les chantres, en habit de gala, ouvraient la marche; ils étaient suivis des pages de Jérusalem, habillés de soie. Ces pages avaient été conservés, depuis que l'ordre avait quitté la Terre-Sainte. C'étaient des jeunes gens pris dans les familles aisées, et dont l'avenir était d'entrer dans les ordres ecclésiastiques ou de devenir frères servants. Le grand maître, monté sur son cheval de bataille, ayant à sa droite le prince turc, marchait derrière les pages, suivi de tous les commandeurs et autres grands dignitaires de l'ordre. Le cortège traversa ainsi la basse ville, passa devant le couvent, et monta la rue dite des Chevaliers jusqu'à l'auberge de France, qui avait été préparée pour recevoir celui qui devait plus tard causer tant d'embarras non-seulement à l'ordre de Saint-Jean, mais encore à tous ceux près desquels il chercha un refuge contre la vengeance de son frère.

Le service que d'Aubusson rendait au prince fugitif ne pouvait manquer d'attirer l'attention du Grand Seigneur; et, en attendant qu'il pût tourner au profit de l'ordre, ses premières conséquences furent, de la part de Bajazet, une grande défiance et quelques tentatives pour se débarrasser d'un adversaire dont le voisinage l'inquiétait. Afin de mettre sa responsabilité à couvert, tout en conservant son gage contre les entreprises que pourrait essayer le sultan, le grand maître résolut d'éloigner son dangereux hôte et de l'envoyer en Europe. Djem adopta cette idée avec d'autant plus de facilité, qu'il se sentait moins en sûreté contre le poison ou le poignard que son frère pourrait faire passer à Rhodes, et qu'il avait l'espoir d'intéresser le roi de France ou celui de Hongrie à sa cause. Après un séjour de deux mois seulement dans l'île, ce prince s'embarqua pour l'Occident sous la conduite du commandeur Guy de Blanchefort, neveu de d'Aubusson, et avec l'escorte de quelques autres chevaliers de renom. Ils abordèrent aux côtes de Provence vers le mois d'octobre. Mais Djem, traversant la France, plutôt en otage que l'on surveille qu'en prince devenu l'hôte du roi, fut confiné dans la commanderie de Bourganeuf, en Auvergne, sous la garde des Hospitaliers.

Le départ du prince turc fut suivi à Rhodes d'une négociation entre le grand maître et le sultan. Dirigée, en apparence, vers la paix et la liberté des mers ou du commerce, elle avait en réalité pour objet la détention de Djem. Malgré la triste condition à laquelle était réduit son frère, Bajazet conservait une telle appréhension de ce qu'il pourrait entreprendre contre lui, qu'il mit sous ses pieds son orgueil; et, bravant les préjugés de sa caste, il traita avec le grand maître de la captivité du prince exilé. Il fut stipulé que l'hôte de l'ordre de Saint-Jean deviendrait réellement son prisonnier, et serait mis dans l'impossibilité de rien tenter contre le Grand Seigneur, moyennant quoi celui-ci s'engageait à verser annuellement au trésor du couvent une forte somme exigible par avance. Le sultan colora ce honteux marché d'un semblant de générosité. Il entendait, disait-il, que son frère fût dignement traité; que son état, du moins, fût en rapport avec sa haute naissance ; mais comme il ne voulait pas que l'hospitalité des chevaliers leur fût à charge, il prenait l'engagement d'y pourvoir lui-même libéralement. Cet engagement était un lien de plus par lequel le grand maître tenait l'empereur des Turcs; il accepta donc la part de devoirs qui lui en revenait.

Bajazet, heureux d'avoir, à prix d'argent, acquis la certitude que Djem ne troublerait plus son repos, voulut ajouter un présent au premier versement. Il fit don au couvent de Rhodes de la main droite de saint Jean. Cette relique du patron de l'ordre était restée, pendant cinq siècles, l'objet de la vénération des fidèles d'Orient, dans une église d'Antioche, où l'avait apportée saint Luc l'évangéliste, et où, dit-on, « elle faisait des miracles inouïs. » Sauvée des mains sacrilèges de Julien l'Apostat, elle fut portée à Constantinople et déposée dans une chapelle placée sous son invocation. Pendant le sac de cette ville par les soldats de Mahomet II, la dextre du saint fut prise et confondue avec les vases sacrés et autres richesses arrachées aux temples chrétiens, butin que le vainqueur réserva pour son trésor particulier : c'est là que Bajazet l'avait trouvée.

Le traité auquel venait de souscrire d'Aubusson n'est pas complètement exempt d'une interprétation compromettante pour son honneur et la foi jurée. Cependant, si l'on considère quel épouvantail Djem était pour le souverain qui régnait à Constantinople, on comprendra tout l'intérêt que le grand maître mettait à l'avoir en sa possession, et à s'en faire une arme contre l'empereur des Turcs, dont la puissance militaire était alors l'effroi de l'Europe. La politique a ses exigences, qui ne sont pas toujours d'accord avec celles d'une stricte et rigide loyauté : mais elle a aussi ses excuses dans des cas pressants et d'une absolue nécessité. Aussi bien ne s'agissait-il là que d'un Turc vis-à-vis d'un autre mécréant. Si l'ordre de Saint-Jean n'eût veillé avec une étroite sollicitude sur son hôte, au point d'en faire un captif, ce gage de la paix et de l'indépendance de l'Europe eût pu lui échapper, et attirer sur la chrétienté des malheurs incalculables, soit par la vengeance du sultan, soit par la liberté qu'il aurait recouvrée en se débarrassant lui-même d'un ennemi qui le tenait en échec. On comprend donc toute l'importance de la captivité de Djem; et on a la mesure de l'intérêt qu'avait Bajazet à ce que son frère fût bien gardé, quand on le voit, dominé par la crainte de son passage en Italie, dépêcher à la cour de Charles VIII un ambassadeur pour le conjurer de ne point laisser le prince sortir de ses États. En échange de ses bons offices, le sultan non-seulement lui offrait des présents magnifiques, mais il allait jusqu'à lui promettre d'arracher Jérusalem des mains du kalife d'Egypte pour en placer la couronne sur la tête du roi de France.

Tout prince qui avait à craindre les armes du fils de Mahomet II voulait posséder l'infortuné Djem, tant la puissance du chef de la nation turque était alors généralement redoutée, et si grande, malgré cela, était l'épouvante que son frère causait à Bajazet. Le sultan du Nil, rival de celui du Bosphore, et qui, tout musulman qu'il était, craignait les entreprises de celui-ci, avait prié le grand maître de lui céder son captif, dont il eût voulu lui aussi se faire une égide. Un autre souverain, le roi de Hongrie, sans cesse inquiété par les Turcs, désirait également tenir Djem en sa possession, afin d'intimider son redoutable voisin. De son côté, le pape méditait la formation d'une ligue de toutes les cours chrétiennes contre les Osmanlis ; et, pour assurer l'exécution de ses projets, il voulait avoir en main l'arme la plus dangereuse qu'il pût faire étinceler aux yeux effrayés de Bajazet. Le souverain pontife ayant donc exigé que Djem lui fût livré, d'Aubusson se décida à lui en faire la remise, afin de couper court aux démarches dont ne cessaient de l'obséder les nombreux ennemis de l'empereur turc pour qu'il leur cédât son prisonnier.

Le pape Innocent VIII venait de mourir, et Djem était, avec la tiare, passé aux mains cupides d'Alexandre VI, Borgia de naissance. Si la personne du prince exilé conservait, aux yeux du nouveau pontife, le même prix qu'y avait attaché celui auquel il succédait, les événements ont donné à penser que ce n'était pas dans des vues aussi louables. Le parti que son prédécesseur voulait tirer de son hôte, pour tenir Bajazet en échec, on présume qu'Alexandre méditait de le tourner au profit de son avarice, et qu'il comptait spéculer sur la pusillanimité de l'empereur turc pour lui extorquer des sommes énormes. Afin d'être bien sûr que son gage ne lui échapperait pas, il le fit enfermer au château Saint-Ange, et le plaça d'abord sous la garde des chevaliers de Saint-Jean. Mais craignant que la probité de ses gardiens ne mît des entraves à ses secrètes intentions, s'ils les devinaient, il les congédia. Au reste toutes ces précautions allaient devenir inutiles. Charles VIII, qui marchait sur Naples, et qui avait formé le dessein de faire la guerre au sultan de Constantinople, voulut à son tour avoir l'infortuné Djem, prétendant qu'avec ses projets ultérieurs, le rival de Sa Hautesse serait beaucoup plus utile dans ses mains que dans celles du pape. Alexandre VI n'était pas homme à se laisser ainsi dépouiller. Il tenait trop à ce qui devait lui revenir par suite des engagements que Bajazet avait contractés vis-à-vis de lui. La liberté du prince turc, et sa présence au milieu d'une armée chrétienne commandée par un chef aussi entreprenant que Charles VIII, pouvaient le priver du titre représentatif des sommes que le Grand Seigneur aurait à lui compter. Les discussions entre le roi et le Saint-Père s'aigrissaient de plus en plus, quand la mort vint brusquement y mettre un terme. Djem, qui venait de quitter Rome à la suite des troupes françaises, n'avait pas dépassé la frontière papale, qu'il mourut à Terracine. On a fait peser sur Alexandre VI la responsabilité de cette mort subite ; mais il n'existe aucune preuve d'un crime, à moins qu'on ne veuille la trouver dans les trois cent mille ducats qui furent comptés au pape par le sultan, trop heureux de se voir à jamais délivré de ses terreurs.

D'Aubusson ne put que déplorer sa condescendance aux désirs que le dernier pape avait manifestés, en permettant que son prisonnier, ou plutôt l'hôte de l'ordre, devînt celui du Saint-Siège. N'ayant pu sauver le père, il voulut du moins soustraire le fils à un sort semblable. D'Aubusson prit sous sa protection personnelle le jeune Amurat, qui, dit-on, abjura la religion de Mahomet et fut instruit dans celle de ses gardiens. Il reçut pour résidence le château de Ferracli, sur le mont Artamiti. Cette demeure pouvait ressembler à une prison; mais elle avait l'avantage, étant située au centre de l'île de Rhodes, de mettre le jeune prince plus à l'abri des tentatives qui pourraient être faites contre lui. Bajazet, délivré des terreurs que lui avait causées son frère, n'avait plus de raisons pour subvenir à l'existence de son neveu. C'était l'ordre de l'Hôpital qui pourvoyait à son entretien; mais il était si pauvre, qu'un écrivain du temps raconte que, recevant la visite d'un ambassadeur du roi de Perse, venu pour conclure un traité d'alliance entre le chah et le grand maître, il fallut que le trésorier de l'ordre lui fit passer quelques présents, afin qu'il pût les remettre, selon l'usage oriental, à l'envoyé persan.

D'Aubusson ne tarda pas à voir combien la tranquillité du couvent était liée à la conservation des jours de Djem, en apprenant que Bajazet, débarrassé des apparitions de ce fantôme, faisait de grands préparatifs pour l'attaquer. Les bruits sinistres qui venaient du Bosphore l'empêchèrent de prendre en considération les lettres pressantes que lui adressait Charles VIII, maître alors du royaume de Naples. Ce prince ne prévoyait pas les événements qui devaient rendre sa conquête bien éphémère. Il demandait avec instance au grand maître de venir le trouver dans ses nouveaux Etats, pour y préparer une expédition sérieuse qu'il voulait entreprendre contre les Turcs. L'expérience consommée de d'Aubusson, et les mérites de ce capitaine, le premier de son temps, avaient fortement engagé Charles à faire cette démarche. Guy de Blanchefort, qui s'en était chargé, allait remplir sa mission, quand le roi de France fut forcé de repasser les Alpes, et de renoncer à ses vues sur Constantinople.

Les navires turcs parcouraient sans cesse le petit archipel où flottait l'étendard de la religion. Ces courses continuelles inquiétaient le grand maître, qui craignait de voir quelqu'une des possessions de l'ordre tomber par surprise au pouvoir des infidèles. Il crut, en conséquence, devoir prendre quelques mesures de sûreté. On fortifia Lango, Lerro, Calamo; et Renaud de Saint-Simon, avec Philippe de Guidon, fut chargé de veiller sur les îles, et de faire tout ce qu'il jugerait nécessaire pour les mettre à l'abri d'un coup de main. Ce que d'Aubusson redoutait de la part des Turcs, un affreux tremblement de terre le causa. L'île de Lango eut principalement à en souffrir, à ce point que maisons, châteaux forts, tout fut renversé, en écrasant sous les ruines une grande partie des habitants et de la garnison. Le grand maître, vivement affligé de ce désastre, fit passer immédiatement à Lango des chirurgiens, des médicaments, de l'argent, des vivres de toute espèce, et jusqu'à des moulins à bras; car tous ceux du pays avaient été mis hors de service. Cette malheureuse population était dans un dénuement tel, qu'il fallut l'exempter de tout impôt pendant plusieurs années.

Par les avis qu'il recevait de ses émissaires à Constantinople, le grand maître savait que des armements y étaient continués sur une grande échelle. Il y trouva des motifs sérieux de se préparer à repousser une nouvelle agression avec autant de vigueur qu'il avait déjà fait. Aussi accueillit-il avec joie le don de plusieurs pièces d'artillerie et de chevaux que lui adressa le roi d'Angleterre, en retour de tapis de Turquie, déjà renommés dans ce temps, et qu'il avait envoyés à ce prince. Le roi de France, qui avait vu s'évanouir ses projets de guerre dans lesquels il voulait entraîner l'ordre de l'Hôpital, n'en était pas moins disposé à lui prêter aide et assistance contre le sultan. Il le lui témoigna par l'envoi à Rhodes de vingt navires bien armés, sans préjudice de la première occasion qu'il saisirait pour entrer lui-même en campagne contre les infidèles (1500).

Cependant rien de sérieux ne se déclarait. Mais des hostilités incessantes dans le golfe Adriatique, sur les côtes de la Grèce ou de l'Archipel, entretenaient l'activité des forces chrétiennes et musulmanes en augmentant la haine que se portaient les deux partis. D'Aubusson pensait, avec raison, que c'était perdre son temps qu'escarmoucher ainsi ; que tous ces petits combats irritaient les Turcs contre les nations d'Occident, sans aucun résultat. Il en écrivit au pape, comme au souverain directeur de la ligue chrétienne, et il lui remontra que si l'on voulait faire la guerre aux Turcs, il fallait bravement frapper un grand coup, pénétrer dans les Dardanelles, brûler Gallipoli, et de là passer à Constantinople, pour faire subir le même sort à cette métropole de l'islamisme. Tout se borna à quelques entreprises contre le littoral turc, dans lesquelles les chevaliers et la marine de Rhodes se distinguèrent. Le moment semblait pourtant favorable; car le sultan avait vu tout à coup surgir, du côté de l'Orient, un ennemi redoutable, le chah de Perse, qui était entré en Arménie, et avait taillé en pièces toutes les troupes turques envoyées contre lui. Mais, comme le dit un des écrivains à qui l'on doit le souvenir de ces faits, la ligue chrétienne « s'en allait en fumée », et rien d'important ne fut entrepris.

D'Aubusson en conçut une grande tristesse. Il était alors âgé de plus de quatre-vingts ans, et la disposition chagrine de son âme réagit fatalement sur son corps. Il fit une maladie à laquelle il ne voulut point d'abord prêter attention; le mal empira. Ses frères et le peuple de Rhodes s'inquiétèrent. Tous sentaient que ce grand homme était arrivé au terme de sa carrière; et, par des processions, des prières, on intercédait d'une manière touchante auprès du Ciel, pour qu'il voulût bien reculer encore les limites d'une vie si précieuse; ce fut inutile. Le cardinal grand maître Pierre d'Aubusson mourut le 3 juillet 1503, emportant les regrets et la vénération de son ordre et de toute la chrétienté, dont on l'avait surnommé le Libérateur, en même temps qu'on lui donnait le nom de Bouclier de l'Eglise. On lui rendit les honneurs funèbres avec une pompe inusitée, et il fut accompagné à sa dernière demeure par la multitude en pleurs.

Voici comment les obsèques de cet illustre chef de la maison de l'Hôpital sont racontées dans les chroniques du temps.
« Son corps fut porté en la salle du conseil, vêtu d'une cape de prélat, et placé sur un lit couvert de drap d'or. Auprès veillaient des chevaliers en habits de deuil, qui portaient le chapeau de cardinal, la croix, l'étendard de Saint-Jean, et des bannières aux armes du défunt. Sur sa poitrine était un crucifix d'or, ses mains étaient gantées de soie, et ses pieds chaussés de souliers en drap d'or. A côté du corps étaient placés les attributs du prélat, ainsi que son armure et son épée encore teinte du sang des Turcs qu'il avait immolés de sa main sur la brèche en 1480. Un grand appareil de deuil régnait alentour. Tous les religieux de Saint-Jean et le peuple vinrent lui baiser les mains; pas un n'entrait sans pleurer et se frapper la poitrine. Quand le corps sortit du palais, il s'éleva une immense clameur du milieu de la ville, et les femmes s'arrachaient les cheveux au milieu du désespoir général. La dépouille mortelle du grand maître fut portée dans l'église Saint-Jean ; et quand l'inhumation fut achevée, le maître d'hôtel du défunt rompit son bâton sur sa tombe; les éperons du héros furent également brisés par son écuyer : c'étaient les dernières formalités. »

Sept jours après la mort de d'Aubusson on tint, à Rhodes, l'assemblée générale pour l'élection de son successeur. Trois cent quatre-vingt-sept membres présents firent, entre les mains de Guy de Blanchefort, lieutenant du magistère, le serment de reconnaître celui d'entre eux qui serait choisi. Mais qui pourrait remplacer le grand maître qui avait élevé si haut la gloire de l'ordre de l'Hôpital ? La longue et brillante carrière qu'il avait parcourue avait habitué les Hospitaliers à considérer leur chef comme le modèle de toutes les vertus. Sous sa cotte d'armes, aussi bien que sous sa robe de religieux, d'Aubusson avait été, de tous les chevaliers de Saint-Jean le plus fidèle à l'honneur militaire, comme aux voeux que la religion imposait. Le plus brave l'épée à la main, il fut aussi le plus charitable, et le surnom de Père des pauvres lui était dû tout aussi bien que celui de Premier défenseur de la foi. On sentait la difficulté de succéder à un tel homme; mais aussi était-ce un grand honneur d'en être jugé digne. L'ordre ne pouvait faire un meilleur choix qu'en élevant à cette dignité Emery d'Amboise. Il avait été capitaine général des galères sous d'Aubusson, qui avait récompensé ses services par le grand prieuré de France. Il était fils de Pierre d'Amboise, chambellan de Charles VII et de Louis XI. Cette élection joignait aux mérites personnels de ce chevalier l'avantage d'assurer à l'ordre un appui à la cour de France, dont le cardinal d'Amboise, frère du nouveau grand maître, était le premier ministre.

Emery était à son prieuré lors de son élévation au magistère; avant de se rendre au couvent, il alla prendre congé du roi Louis XII, qui lui donna un témoignage de l'estime particulière en laquelle il le tenait, et de celle qu'il professait pour l'ordre auquel il allait commander. Le roi lui fit don de l'épée que saint Louis porta dans sa croisade, en y ajoutant du bois de la vraie croix pour le trésor de la cathédrale de Saint-Jean.

Le grand maître se rendit, vers la fin de l'année 1504, à Rhodes, où il était impatiemment attendu. On envoya trois galères au-devant de lui, jusqu'à Lango. « Un pont qui devait lui servir de débarcadère avait été construit exprès, et couvert de tapis turcs, de drap d'or ou de soie, à ses couleurs et à ses armes. D'Amboise aborda au fort Saint-Nicolas, où le maréchal, l'hospitalier, les prieurs et le vice-chancelier allèrent le recevoir. L'amiral, avec les membres du conseil, l'attendait sur le pont, où il fut conduit dans la galère capitane. Au moment où il mit pied à terre, l'artillerie des remparts mêla ses saluts aux sons des instruments militaires. Sous la porte de la ville, toute tendue de draps fins de toutes couleurs, le clergé attendait le nouveau chef de la religion. Le prieur de l'église présenta la croix à ses lèvres; et après les actes de dévotion usités tout le cortège monta à l'église Saint-Jean. Les rues par lesquelles il devait passer étaient tapissées et couvertes de fleurs odorantes. De chaque côté, les maisons étaient ornées du blason d'Emery d'Amboise. Il n'y avait pas une fenêtre qui ne fût garnie de dames qui, par leur accueil gracieux et leurs gestes, témoignaient au grand maître le plaisir que Rhodes ressentait à voir ses destinées confiées à ses talents. Enfin la cathédrale ouvrit ses portes au chef des Hospitaliers, qui, ses prières achevées, prononça le serment habituel d'observer les statuts de la religion; après quoi tous les religieux de l'ordre de Saint-Jean défilèrent devant Emery et lui baisèrent les mains. »

Ce récit de l'ovation faite à d'Amboise, emprunté à un chroniqueur contemporain, prouve combien était vive la satisfaction causée par la nomination d'un grand maître qui portait un nom illustre, et dont la famille avait occupé et tenait encore une position importante à la cour de Louis XII. Dans les conditions de parenté où se trouvait le nouveau chef de l'Hôpital, la population de Rhodes entrevoyait autant de motifs de sécurité que pouvaient en inspirer par eux-mêmes les talents de l'ancien prieur de France.

Les circonstances étaient devenues pressantes; car les Turcs, pensant avoir meilleur marché des chevaliers pendant l'absence d'Emery, avaient recommencé leurs courses dans l'archipel rhodien, et poussé l'impudence jusqu'à descendre dans l'île de Rhodes même. Ils y commirent de nombreux pillages, notamment à Archanghelos, d'où ils emmenèrent en esclavage tous les hommes qu'ils purent saisir. Nonobstant ces actes d'hostilité, et pour donner le change à l'ordre sur ses véritables intentions, Bajazet parlait souvent de paix, et envoyait des agents au grand maître pour en traiter. Mais les pirates turcs ne continuaient pas moins à attaquer les navires chrétiens. De leur côté, et par représailles, les chevaliers faisaient main basse sur les turbans qui se trouvaient à leur portée. Ils ravagèrent les rivages de l'Anatolie, et, dans les incursions qu'ils y firent, ils s'étaient emparés d'un nombre de Turcs suffisant pour répondre de tous les chrétiens captifs des infidèles.

Cette petite guerre de surprise et de rapines maintenait les deux partis dans un état d'hostilité qui pouvait devenir plus sérieux, et prendre des proportions plus inquiétantes pour la religion. Les événements qui paraissaient menacer de nouveau Rhodes, imposaient au grand maître le devoir de veiller scrupuleusement à ce que le trésor de Saint-Jean fût en état de faire face aux dépenses que l'avenir pourrait exiger. Les premiers soins d'Emery d'Amboise se fixèrent sur les finances de l'ordre, à l'administration desquelles il apporta des règlements sévères arrêtés dans un chapitre qui fut l'inauguration de son pouvoir. Aux mesures prises par cette assemblée, le grand maître en ajouta de nouvelles motivées par certains relâchements dans la conduite des chevaliers. L'une d'elles interdisait aux membres de l'ordre, sous des peines sévères, de se masquer, de jouer aux dés ou aux cartes. Mais la morale austère qui châtiait les frères oublieux de leur caractère savait aussi chercher d'autres coupables, et, « au grand contentement des pauvres gens, » dit un auteur contemporain, il fut rendu une ordonnance contre les usuriers.

Au milieu de ces premiers travaux de son administration, d'Amboise n'eut garde d'oublier les honneurs qu'il devait à la mémoire de son illustre prédécesseur; et un des premiers actes de son magistère fut l'exécution du tombeau de Pierre d'Aubusson. Cette affaire, comme intéressant l'ordre tout entier, fut traitée par le conseil, qui décida qu'un mausolée en bronze serait élevé aux frais du trésor, et qu'on y placerait une inscription relatant les exploits du vainqueur de Mahomet II.

Cependant l'aspect du ciel se rembrunissait en Orient. Le sultan d'Egypte venait de renouer les liens relâchés ou brisés depuis longtemps de la ligue musulmane contre les chrétiens. Bajazet n'avait plus à payer le tribut convenu à Rhodes, et la mort de Djem l'avait délivré des craintes qui l'empêchaient d'obéir à ses instincts fanatiques contre les chevaliers. Pour se venger enfin de l'humiliation que l'Islam avait endurée en se rendant tributaire de la croix, l'empereur des Turcs fit armer un grand nombre de corsaires, auxquels il assigna pour exploits le pillage, le meurtre et l'incendie partout où ils pourraient aborder sur les îles de la religion. Cette lâche guerre de pillards ne tourna pas plus à l'avantage qu'à l'honneur des Turcs, qui partout où ils osèrent prendre pied, furent repoussés avec perte. C'est ainsi qu'à Tilo, Nizzaro, Lerro, Simia, comme dans l'Ile de Rhodes, ils éprouvèrent la vigilance des chevaliers, et ne purent regagner leurs galères qu'après avoir laissé sur le terrain bon nombre des leurs.

Le sultan du Caire ne fut pas plus heureux. Après avoir perdu une première escadre, qui lui fut enlevée avec tous ses équipages dans les eaux de Lango, il eut à déplorer la capture de plusieurs bâtiments de commerce richement chargés. La prise qui lui fut le plus sensible fut celle de la Mograbine, navire énorme pour le temps, qui faisait la caravane entre tous les ports de la Méditerranée. Quand il fut saisi dans les eaux de Candie par le chevalier Jacques de Gastineau, commandeur de Limoges, il avait comme chargement les plus riches marchandises en épices et étoffes de toute espèce.

 

Combat naval d'Alexandrette

Le sultan résolut de venger tant d'affronts, et fit, de concert avec le Grand Seigneur, un armement considérable, qui n'eut pas un meilleur sort que ses autres entreprises. Emery d'Amboise organisa dans le plus grand secret une flotte composée de vingt-deux voiles, divisées en deux escadres. Le commandement de l'une fut confié au Portugais d'Amaral, et Villiers de l'Ile-Adam reçut celui de la seconde. Chaque escadre navigua de son côté. La première passa au sud de Chypre; l'autre, entre cette île et la terre ferme. Elles devaient se réunir au cap Saint-André, à la pointe orientale de Chypre. On savait que l'armée navale d'Egypte devait alors se trouver dans le golfe d'Alexandrette. Dès que les Egyptiens aperçurent le pavillon de Saint-Jean battant aux mâts de la flotte chrétienne, une grande émotion se produisit dans leurs rangs. Les uns voulaient se retirer à terre avec l'artillerie, et de là combattre les navires de Rhodes; mais les autres, ne voyant dans cette résolution qu'une lâcheté indigne de bons musulmans en face de guiaours, firent honte aux premiers, et les déterminèrent à soutenir l'attaque sur le pont de leurs vaisseaux. De leur côté, Villiers et d'Amaral n'étaient pas non plus d'accord sur la manière dont il fallait aborder l'ennemi. Cependant, comme le combat, de quelque façon qu'il s'engageât, était imminent, une attaque simultanée ne se fit pas attendre. Elle eut lieu, de part et d'autre, avec tout l'entrain de troupes disciplinées et valeureuses. L'artillerie chrétienne ne tarda pas à prendre un avantage marqué ; après quoi les navires s'accostèrent, et il s'ensuivit une lutte acharnée corps à corps. La mêlée fut terrible, sanglante. On se battit trois heures durant. Les Egyptiens faisaient de leur mieux. Leurs chefs donnèrent des preuves de bravoure, et leur général, neveu du sultan du Caire, perdit la vie. Mais la fortune leur était contraire; ils ne purent résister à l'élan des Rhodiens, qui prirent à l'abordage tous les bâtiments des musulmans. Ceux-ci, pour échapper au carnage, se jetaient à la mer et gagnaient la terre. Les chevaliers les y poursuivirent et en massacrèrent un grand nombre. Le butin des vainqueurs fut immense : ils rentrèrent triomphants à Rhodes, suivis de onze gros navires et de plusieurs galères avec leur artillerie.

Cette grande victoire fut l'objet de réjouissances. En commémoration de ce beau fait d'armes, on institua, pour chaque veille de la fête de saint Jean, l'usage de dresser avec le drap qui couvrait la poupe où s'était tenu l'amiral égyptien, un dais sous lequel le grand maître offrait une collation aux baillis des différentes langues. Ce n'était point assez : d'Amboise fit en outre exécuter une tapisserie représentant la bataille d'Alexandrette. Elle se voyait encore à Malte au commencement du XVIIe siècle.

Toutes les prises opérées par la marine de Saint-Jean, l'excellente administration du grand maître, et le désintéressement qui régnait alors chez la plupart des chevaliers, avaient mis les finances de l'ordre dans un parfait état. Il se trouvait en mesure de faire les armements auxquels pourraient l'obliger les vengeances que ses succès ne manqueraient pas de lui attirer.

Le chef de l'Hôpital, qui était âgé de soixante-dix-huit ans, s'éteignit en laissant le couvent dans cette situation prospère et glorieuse. Sa dépouille mortelle fut déposée dans une chapelle ardente à Saint-Jean, où on lui fit des funérailles dignes d'un des grands maîtres dont la mémoire était le plus vénérée.

Le neveu de Pierre d'Aubusson fut le successeur d'Emery d'Amboise. Cette dignité lui revenait, pour ainsi dire, de droit; car il avait deux fois rempli les fonctions de lieutenant du magistère. Lors de son élection, Guy de Blanchefort était à la cour de France, où Louis XII l'avait appelé dans son conseil, avec le titre de chambellan.

En attendant l'arrivée du grand maître à Rhodes, le conseil, qui avait pris en main l'autorité suprême, s'était mis en mesure de repousser de nouvelles attaques que tout faisait craindre de la part des Turcs. Ceux-ci s'étaient ménagé des intelligences dans Rhodes; et la trahison de certains marchands qui étaient de complicité avec des esclaves devait ouvrir les portes aux troupes du Grand Seigneur. Le complot fut éventé; mais le secret sur les coupables fut si bien gardé qu'on ne put les connaître. On dut se borner à changer de suite les serrures de toutes les portes, à l'exception de celles que l'on ne jugea pas indispensables, et qui furent murées. Les postes veillèrent jour et nuit; et une galère avait mission de croiser continuellement devant le port. La population reçut l'ordre de se renfermer, soit dans la place, soit dans les châteaux de l'intérieur de l'île, tant une attaque paraissait prochaine. Des avis sûrs avaient, en effet, appris qu'une flotte était toute prête sur les côtes de l'Anatolie, et qu'une armée s'organisait sur les rives des Dardanelles.

Les appréhensions conçues à Rhodes, qui n'étaient que trop justifiées par ces nouvelles, engagèrent le chapitre à prier le grand maître de venir le plus promptement possible. Informé du danger que couraient ses frères, Guy de Blanchefort s'empressa de quitter la France, et s'embarqua à Nice, malgré une dangereuse maladie dont il était atteint. Il était à peine en mer, que son état s'aggrava tellement qu'il mourut dans le trajet.

Le commandeur Fabrizio Carretti ou Carretto, de la langue d'Italie, était un des héros qui avaient le plus contribué par leur valeur à la défense de Rhodes contre Mahomet II. Sur la brèche de la tour Saint-Nicolas, qu'il défendait intrépidement, d'Aubusson, témoin de sa bravoure, avait donné à entendre à ce chevalier que si la mort frappait le grand maître, son héritage devait lui revenir. Cette espèce de testament fut ratifié par les Hospitaliers, qui, après Blanchefort, placèrent Carretto à leur tête (1513). Son investiture fut accueillie avec une telle satisfaction par les membres de l'ordre, qu'ils rendirent à leur nouveau chef un hommage inusité, en le portant sur leurs épaules jusqu'au pied de l'autel de Saint Jean, où il devait prêter serment.
Sources : Histoire des Chevaliers de Rhodes, depuis la création de l'Ordre à Jérusalem, jusqu'à la capitulation à Rhodes. Par Eugène Flandrin. Editeurs Alfred Mame et fils, Tours. 1873. Sources : Archives.org
Archives.org

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