Saint-Samson et Douai
Département: Nord, Arrondissement et Cantons: Douai - 59
Domaine du Temple de Douai
1. Note sur l'ancien hôpital Saint-Samson, page 167 du tome 8 de ce recueil, 1868.
L'étude de ces documents intéressants (2) pour l'histoire locale nous permet d'ajouter quelques pages à celles qui ont déjà été consacrées à la maison du Temple et à l'hôpital Saint-Samson de Douai.
2. Ils ont été explorés avant nous par M. E. Mannier, de la Basse, pour son livre Les commanderies du grand prieuré de France, ordre de Malte, Paris, 1872, in-8.
§ I. Maison du Temple
Quoique le fonds d'archives provenant de cette antique maison soit assez considérable, il est assurément plus curieux au point de vue de l'ensemble des renseignements qu'il donne sur l'histoire du pays et à cause de ses chartes en langue romane wallonne de la première moitié du XIIIe siècle, que pour les détails intimes relatifs à la maison de Douai, elle-même, à son origine et aux événements qui s'y sont accomplis.Nos annalistes attribuent au comte de Flandre, Thierry d'Alsace, la fondation du Temple de Douai, qu'ils fixent au mois d'octobre 1155 ; aucun titre ne vient confirmer ni infirmer ce dire. Il y a bien deux chartes originales du XIIe siècle, émanées de ce prince : l'une, du 13 septembre 1128, à Cassel, par laquelle il donne aux Templiers son droit de relief sur les fiefs du comté de Flandre, en présence de Guillaume d'Ypres, d'Ivan de Gand, de Bauduin de Lens, sénéchal de Flandre, de Gunemer, châtelain de Gand, d'Hugues Campdaveine (comte de Saint-Pol), du comte Lambert de Montaigu, de Robert de Béthune, de Roger, châtelain de Lille, etc. (3) ; l'autre, sans date, mais postérieure à l'an 1133, et dans laquelle sont nommés : la comtesse Sibille (d'Anjou, qu'il épousa en 1134-ou 1135), le comte Lambert et son fils Conon, Ivan et son frère Raoul, châtelain de Bruges, Gilbert de Bergues, Anselme de Baliol et son frère Bauduin, Michel le connétable, Willaume de Saint-Omer, Robert de Lille, Henri de Bourbourg alii que quorum nomina non sunt scripta in libro hoc (4) ; mais le comte n'y parle que de certaines donations par lui faites aux chevaliers du Temple, notamment des reliefs des fiefs de son comté, et de manoirs situés à La Haye-lez-Lille (in Haga Insule), sans qu'il cite la maison de Douai.
3. Archives nationales, k 22, pièce n° 53. J. Tardif, Monuments historiques, cartons des rois, Paris, 1868, in-40, page 223. Cette charte est exposée dans le Musée des archives, n° 113. Elle était inventoriée dans le fonds de Haute-Avesnes, liasse 7e n° 5. 4. Archives nationales, ordre de Malte, commanderie de Haute Avesnes, carton S 5209, pièce n° 12. Sceau perdu ; au dos du parchemin : « Dou reliex terre sue. »
Toujours d'après nos annalistes, le comte Philippe d'Alsace (1169-1191), fils et successeur de Thierry, à la demande de son neveu, Bauduin de Gand, commandeur de la baillie des maisons du Temple en Flandre, aurait donné, entre autres choses, les reliefs des fiefs mouvant du château de Douai ; ce qui du reste n'aurait été qu'une confirmation partielle de la donation de 1128. Les archives de la commanderie de Haute Avesnes ne contiennent rien de relatif à la libéralité qu'aurait faite le comte Philippe.
Le XIIIe siècle, au contraire, est largement représenté dans le chartrier de notre maison du Temple ; citons en première ligne un acte en langue romane de l'an 1220, rédigé selon ce vieux formulaire, si clair et en même temps si bref, qu'il est plus court de transcrire que d'analyser : Je Miroie, prieuse de Fosses, fac à savoir à tos ceus qui ces letres verront. Del descort qui estoit entre nos et les frères de Temple, d'une rente que nos demandiens, en la rue des Wes sor les ostes del Temple, nos lor avons cuité. Là fui-je, et damoisele Ide, et damoisele Alis, et frère lehans, nos chapelains, et messire Willames, li prestres de Saint-Pierre, et frère Wallier, et frère Werinbals et Ernols Liblons. Actum : nn° m° cc° xx°. (5).
5. S 5208, n° 54 ; petite charte en parchemin, sceau perdu. Dans le fonds de Haute Avesnes la plupart des monuments sigillographiques sont détruits ou très détériorés.
A cette époque, on appelait rue des Wez, non seulement la rue actuelle, mais aussi son prolongement dans la direction et le voisinage du Temple ; les ostes ou hôtes du Temple, c'étaient les tenanciers ou les propriétaires d'immeubles chargés de rentes et de redevances envers les Templiers ; l'un des témoins de l'acte, Ernoul Le Blond, appartenait sans doute à une famille dont on trouve, vers ce temps-là, plusieurs membres dans l'échevinage de notre ville. L'usage du roman wallon ou, comme on disait, de la langue vulgaire était encore si nouveau pour les actes écrits, que le scribe met la date en latin.
Les donations abondent au XIIIe siècle ; citons-en quelques-unes.
En juin 1213, Pierre Mulet ; de Douai, donne aux « vénérables frères de la milice du Temple » une rente de 12 sols, monnaie de Douai, sur la maison de Wautier de Faumont, hors la porte des Wez, extra porta Vadorum, et Godessende, veuve de Pierre Le Blonc, donne un ferton de rente sur la même maison. L'acte en latin est reçu par A., doyen de Saint-Pierre de Douai (6). Il s'agit sans doute ici d'une maison voisine du Temple. Rappelons que le ferton était la quatrième partie du marc ou de la livre ; il valait donc 5 sols douisiens.
6. S 5208, n° 53.
Au mois d'avril 1229, le chevalier Gossuin de Saint-Aubin et Agnès, sa femme, abandonnent une pièce de terre, sise en la paroisse de Coutiches, au lieu-dit la Fosse Escumont, et tenue en fief du prévôt de Douai ; la terre est affranchie des charges féodales et abandonnée à un particulier qui sera tenancier du Temple (7).
7. S 5210, n° 17 ; petite bande de parchemin ; les sceaux qui pendaient, à simple queue, ont été arrachés.
En 1287, une dame nommée Isabeau, veuve du chevalier Gille de Wasiers, s'intitule consœur du Temple et obtient sa sépulture dans l'enclos de la maison, moyennant le legs d'une rente sur une pièce de terre sise à Waziers, près du Marais douaisien.
« Jou Ysabiaus de Wasiers, jadis feme à monseigneur Gillion de Wasiers, chevalier ki fu, cui Diex asoille, consuer dou Temple, ... faic me devise et men testament.... Je doune ... à le maison dou Temple de Douay, u jai demandée me sépulture, dis saus de par ...., sour deus rasières de terre ahanaule ... ki gissent tenant au Marès douesien ... Et tous les meules et les cateus, je les met ... en le main le maistre de le maison dou Temple d'Arras, Robiert d'Astices et Wautoul, men fil, et les prenc à testamenteurs (8) »
8. S 5210, n° 55 ; sceau, assez bien conservé, représentant une dame debout, tournée vers la gauche et lisant; légende: ..... e dame Isab.l. de. Wasiers.
Le gentilhomme ici choisi comme exécuteur testamentaire, Robert d'Astices ou d'Astiches, homme de fief du château de Douai, est nommé dans plusieurs titres de la maison, soit comme tenancier et surtout comme bienfaiteur du Temple. De concert avec sa femme Gillote, devenus tous deux, grâce à leurs bienfaits, lui confrère et elle consœur du Temple, il avait fondé une chapellenie en l'église Notre-Dame de la maison de Douai, où il avait obtenu d'être enterré, et sa femme auprès de lui. Dans des actes non datés, qui consacrent ces libéralités, les époux sont ainsi désignés : « Robiers d'Astices et Gillote, se femme », sans aucune qualification nobiliaire (9) ; mais peu de temps après, Robert d'Astiches étant parvenu à la dignité de chevalier, lui et sa femme reçoivent les titres de messire et de madame. Au mois de novembre 1296, alors que sa femme l'avait précédé dans la tombe, il voulut qu'un acte nouveau consacrât leurs libéralités antérieures : « ... Com il soit ensi ke me sire Robiers d'Astiches, cevaliers, et medame Gillote, sa femme ki fu, aient demandet leur chimitère à Nostre-Dame du Temple à Douway, très le vivant le devant dite me dame Gillotain, requis les orisons et les biens fais des maisons de le cevalerie dou Temple decha mer et delà mer, et parmi ces orisons requises, li devant dit me sire Robers et me dame Gillote, se femme, sont devenut comfrère dou Temple et ont juret à warder et à tenir le droit dou Temple. Il est asavoir ke li devant dis me sire Robers a donnet, pour Diu et en aumosne, a oeus une capelerie au Temple de Douway, là u il et li devant dite me dame Gillote, se femme, ont requis leur, sépulture, leur. ix. r. iij coupes et xlvj vergieles .... à Noyelle, con tient dou Temple » 9. La qualité ou le grade militaire d'écuyer n'était pas encore alors d'an usage fréquent.
Les services religieux qu'on célébrera dans cette chapelle seront dits à l'intention des fondateurs et de leurs parents trépassés, savoir : « Me dame Aelis de Helingnies, qui mère fu à Wérin, père le devant dit mon singneur Robert ; demisiele Gillotain ki mère fu à demisiele Jakemine, mère le devant dit Mgr. Robert ; Wérin et demisie Jakemine chi devant només ; Me dame Emme, castelaine de Raisce, santain ; les frères et les sereurs le devant dit Mgr. Robert; et Mgr. Gillon de Wasiers , cevalier qui fu. »
Etaient présents à l'acte de 1296, « frère Jehan de Honnechies, commandeur de la maison dou Temple de Douay, par le commandement frère Guillaume, commandeur de la maison dou Temple d'Arras, » et comme tenanciers ou tenant du Temple : « me sire Mikius, priestres dou Temple à Douway, Biernars Cateus, Jakemes Pilate et Jehans Damerin (l0) »
10. S 5210, n° 7 à 10 ; chirographes.
On retrouve, dans les chroniques de France et de Flandre, le nom du bienfaiteur du Temple : en 1297, lorsque la ville de Lille, assiégée par le roi Philippe-le-Bel, était défendue par Robert de Béthune, fils aîné du comte Guy de Dampierre, il y avait « un chevalier de Pevle (du Pevèle), qui estoit as draps (au service) Robert de Flandres et à sen conseil, et le nommoit-on Robert d'Astiches » ; celui-ci essaya de livrer la place au roi, mais il échoua, par le moyen d'une autre trahison ourdie dans le camp royal, et il fut jeté en prison par son maître. La ville s'étant rendue et les Flamands se retirant à Gand, « fist Robers de Flandres Robert d'Astiches carquier en un tonnel ; mais il crioit si fort, qu'il fut ouy des Franchois, et fu rescous (11). »
11. Recueil des histoires de France, tome XXI, pages 187-188, Paris, 1855, in-folio.
Au mois de marc 1286, c'était une bourgeoise de notre ville, Havis de Marke, qui s'était déjà faite la bienfaitrice du béguinage du Champ-Fleury (12), qui léguait une rente à Mikiel de Vilers, chapelain du Temple, par acte passé devant Bauduin, « doayns de le crestienté de Douay et curés de Saint-Aubin (13). »
12. Archives de la ville de Douai, layette 27, n° 181 de la Table chronologique.
13. S 5210, n° 47 ; sceau perdu.
A son tour, ce chapelain, « me sires Michius », légua au Temple ses maisons de la rue des Wez, « viers le Temple. » L'acte du 23 février 1300 (v. st.) est reçu par M Guillaume des Moeulins, lieutenant de Pierre de Dicy, gouverneur de l'échevinage de Douai « de par Je roy no singneur (14). » Notre ville était, en ce moment, au pouvoir de Philippe-le-Bel et les fonctions échevinales étaient remplies par un gouverneur royal.
14. S 5210, n° 40.
Nous terminerons nos citations par l'analyse d'un acte du mois de juing 1307, qui a attiré notre attention à cause des noms de Templiers qu'il relate.
Frère Guillaume, « commanderes des maisons de le chevalerie dou Temple en le baillie d'Arras, » donne en arrentement perpétuel le saut du moulin que la maison de Douai possédait à Lambres : étant présents « comme frère ; Frères Simons d'Arras, frères Denis de le Gorghe, a donc commanderes de le maison dou Temple de Douay, frères Pieres de Haynau, a donc portant les clés de le maison dou Temple de Arras, mesire Jehans Coffrenes, messire Jehans de Honnechies, a dont capelain de nos maisons d'Arras et de Douay, Jakemes de Seclin, adonc clers dou Temple, et pluiseur autre homme (15). »
15. S 5210, n° 2 : copie délivrée sous le sceau du commandeur de Douai ; ce sceau manque.
Ce qui rend d'autant plus curieux l'acte du mois de juin 1307, c'est qu'il n'est antérieur que de quelques mois à la catastrophe subie par cet ordre fameux et que par conséquent ses signataires ont dû être impliqués dans le grand procès qui s'ouvrit cette année-là.
Dans ce qui a été publié jusqu'ici des pièces du procès des Templiers, on rencontre les noms des frères Guillaume et Simon d'Arras (16). Vers l'an 1299, frère Guillaume Le Normand, commandeur de la baillie d'Arras (frater Guillermus Normannus, preceptor ballivie), aurait présidé, en la maison d'Arras (in domo Templi Attrebatensis), à l'une de ces monstrueuses cérémonies, aussi déshonorantes pour celui qui s'y soumettait par peur, que pour ceux qui les ordonnaient ou qui en étaient témoins. Frère Simon d'Arras (frater Syrnon dicte domus) aurait été l'un des assistants.
16. Michelet, Procès des Templiers, tome I, 319, Paris, imprimerie royale, 1841, in-40.
Aucun des personnages ci-dessus nommés ne se retrouve parmi les Templiers, au nombre d'environ 600, qui étaient encore prisonniers à Paris en 1310 (17). On sait d'ailleurs qu'un certain nombre avait pu se dérober par la fuite et que plusieurs de ces malheureux succombèrent dans les tortures, peu de temps après leur arrestation.
17. Michelet, Procès des Templiers, pages 102 à 111.
Il est souvent question, dans nos livres d'histoire locale (18), d'une prétendue Relation de l'inquisiteur qui aurait été l'un des commissaires chargés d'instrumenter à Douai contre les Templiers, au mois d'octobre 1309 ; or, pas un seul des frères cités en l'acte du mois de juin 1307 ne figure dans le document, que nous avons déjà considéré d'ailleurs comme le produit d'une petite supercherie historique (19) ; quant aux personnages qu'il qualifie « Templiers, des maisons de Notre-Dame et de Saint-Samson de Douai », ils sont purement imaginaires.
18. Plouvain, Souvenirs, Douai, 1822, in-12, pages 479-480. — Dubois-Druelle, Douai pittoresque, Douai, 1845, in-40, page 49, note 16, et pages 51-53. — L'abbé Dancoisne, Mémoires sur les établissements religieux, page 601-606 du tome IX, 2e série, des Mémoires de la société académique de notre ville, Douai, 1868, in-80.
19. Pages 169 note 3, 173 et 176 du tome 8 de recueil (1868).
Le Temple de Douai, après la suppression de l'ordre, était passé entre les mains des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et comme ceux-ci possédaient déjà, dans notre ville, la maison de Saint-Samson, ainsi que nous le verrons dans le paragraphe suivant, l'administration de l'ancienne maison du Temple fut confiée au religieux qui, depuis plusieurs années déjà, était commandeur de Saint-Samson.
Cette pratique, qui faisait du Temple, quoique bien plus richement doté, une sorte d'annexe de Saint-Samson, continua sous le commandeur subséquent ; mais plus tard, vers 1330, le Temple reprit son rang, et à son tour, il imposa, durant quelque temps, son commandeur à la maison de Saint-Samson.
Bien que nombreux, les actes de la fin du XIVe siècle n'offrent qu'un intérêt très restreint pour l'histoire intérieure de la maison de Douai, quelques noms de religieux de l'ordre, voilà tout ; ce sont en grande majorité des contrats d'intérêt privé passés devant le bailli et les tenanciers qui formaient la cour temporelle du Temple de Douai. Les religieux possédaient en effet, aux environs de notre ville, de nombreux domaines, mais comme ceux-ci étaient éparpillés dans beaucoup de villages, l'apparence seigneuriale faisait défaut aux possessions du Temple.
Le document le plus curieux du XVe siècle est l'inventaire de la maison, dressé en 1424 (20). Il y a aussi une pièce relative à un enfant de Douai, qui fut chevalier de Jérusalem, et à sa famille ; c'est le testament de Jehan du Hem, écuyer, seigneur d'Auby en partie (cinq fois chef du magistrat ou maire de notre ville, eu 1420, 1427, 1430, 1434 et 1437), passé devant échevins de Douai, le 10 novembre 1434 ; le testateur, prévoyant le cas où son autre fils mourrait sans enfant, veut que ses biens « retournent à messire Grard du Hem, son fil, chevalier de la religion de Saint-Jehan de Jherusalem, ou cas qu'il en pouroit joyr (21). »
20. Il a été publié par M. Mannier, les Commanderies etc.
21. S 5211, n° 35 ; vidimus de chirographe, délivré le 22 janvier 1438, vieux style, par Jean Ségard, prêtre, curé d'Osircourt, notaire public du diocèse d'Arras, à la requête de noble homme Evrard du Hem, en présence de Jean Courtois, prêtre, curé de Dourges, et de noble Philippe Barré, clerc.
Un acte des archives de la ville nous apprend que ce chevalier était commandeur de Fontanet en 1443 ; il transigeait alors, « par le gré, licence et auctorité de frère Guillaume Caoursin, comme lieutenant de Mgr le Grant-Prieur de France, » avec ses frères utérins, Jacques et Jean Picquette, écuyers, au sujet du testament de leur mère, « feue madame Marguerite Pourchel, dame de Frémicourt (22). »
22. Guilmot, premiers extraits ms, pages 200 et 201, d'après le registre aux contrats de 1412-1441, folio 90 v°, aux archives de la ville.
C'est vers le commencement du XVIe siècle que les chevaliers de Jérusalem paraissent avoir déserté la maison de Douai, d'ailleurs déchue de son titre de commanderie et réunie à celle de Haute Avesnes en Artois. Dès lors, simple résidence d'un bailli ou même d'un fermier, le Temple ne se distingue plus que par son aspect pittoresque et surtout par son église ; il cesse d'être, à proprement parler, une maison religieuse. Aussi quand, vers 1620, le P. Buzelin, dans sa Gallo-Flandria, énumère une à une les communautés de notre province, le passe-t-il sous silence (23) ; il constate seulement, à propos des monuments de notre ville (24), qu'il subsistait, de son temps, des vestiges du Temple, à savoir l'église et quelques édifices.
23. Douai, 1625 in-folio ; voir livre II, pages 268 à 430.
24. Voir livre 1er, page 164 B.
Precepteurs Templiers de Douai
Voici quelques noms de précepteurs et commandeurs et de baillis tirés en grande partie des archives de la maison.Liste de précepteurs Templiers du Temple de Douai.
— Frère Jehan de Honnechies. 1296. (En juin 1307, un Jean de Honnechies était chapelain des maisons d'Arras et de Douai)
— Frère Denis de Le Gorghe. 1307, juin.
Liste de commandeurs Hospitaliers de Douai et Saint-Samson
(De 1317 à 1325, c'est le commandeur de Saint-Samson)— Frère Leurent de Zélande, commandeur de la maison jadis du Temple de Douai. 1335.
— Frère Nichole de Buiepiont, alias de Buymont, commandeur de la maison du Temple de Douai, « de Le Haie (lez-Lille), de Haute-Avesnes et des appartenances d'icelles. » 1337,1340.
— Frère Pierre Floris, commandeur des maisons du Temple et de Saint-Samson de Douai, 1368 (1).
1. Archives départementales, à Lille, fonds de l'abbaye de Flines.
Dans la première moitié du XVe siècle, réside longtemps au Temple de Douai frère Guillaume Caoursin, qui notamment dans un acte passé en notre ville, le 6 janvier 1425 (vieux style), prend la qualité de gouverneur de la « baillie de Haute-Avesnes, pour et ou nom de Mgr. le grand-prieur de France (2). »
2. Archives des hospices, fonds du S. Esprit, n° 683 de l'Inventaire de 1839 ; sceau et contre-sceau pendent à simple queue de parchemin.
Dans un autre acte, du 12 juin 1434, il est ainsi désigné: « Religieux et honneste personne, frère Guillaume de Caourssin, de l'ordre de lospital saint Jehan de Jhlrm, commandeur du Temple de Douai, garde et gouverneur de la commanderie de Haultavesnes, lieutenant et procureur de très honnouré et révérend seigneur, Mons, frère Hue de Sarcus, grand prieur dudit hospital en France et commandeur de ladite commanderie de Hautavesnes (3). »
3. Archives de la ville, layette 237, n° 852 de la Table chronologiques.
Etant mort le 23 août 1452, il fut enterré dans l'église du Temple, sous une grande pierre bleue, actuellement conservée au Musée, et sur laquelle on lit ses titres de « commandeur de Mondidier, du Temple en Douay et de Dourges, garde et gouverneur de la commanderie de Hautavaines (4). »
4. Plouvain (Souvenirs, page 481) donne l'inscription d'une manière inexacte.
D'après son épitaphe et son sceau, il portait: De ... à la bordure engrêlée de ... et à la bande de ..., chargée d'une croix de Malte de ... et de trois fleurs de lys de ..., posées dans le sens de la bande.
Enfin frère Jehan Ladam est désigné dans différents actes comme gouverneur commandeur du Temple de Douai. 1491, 1494.
Liste de baillis Hospitaliers du Temple de Douai
— Me Jehan d'Ongnies, receveur ; il était mort avant 1335.— Gillot de Saint-Sanson. 1337.
— Jakemon de Béthune. 1340, 1344.
— Jehan Bailliu dit Le Fèvre. 1365, 1414. En 1403, il s'intitule bailli des maisons du Temple et de Saint-Samson de Douai, « membres de le baillie de Haute Avesnes. »
— Grardde Langle. 1455, 1473.
— Simon Turcquet. 1483.
— Roland de Le Moure. 1493, 1494. — Il fut aussi lieutenant-bailli de Douai.
— François Parmentier, conseiller en cour laye. 1508.
— Jacques Le Roy, conseiller en cour laye. 1515, 1519. — Il fut aussi procureur du roi à la gouvernance.
— Amé De la barre. 1541. — Il était greffier de la ville.
— Philippe Pinchon. 1546, 1556.
— Pierre Taffin. 1585.
— Jean Fercot. 1590, 1591. — Il fut aussi greffier du bailliage royal de Douai.
— Robert de la Fosse, écuyer. 1601.
— François Simon. 1689 (5).
— N.... Lemaire de Terriffossé. 1771 (6).
5. Archives des hospices, Saint Esprit, n° 685 de l'Inventaire.
6. Archives des hospices, Saint-Esprit, fonds de l'hôpital général, page 336 de l'Inventaire, n° 68.
§ II. Hôpital de Saint-Samson
Département: Nord, Arrondissement: Douai, Canton: Douai-Nord, Commune: Sin-le-Noble - 59
Domus Hospitalis de Saint-Samson
L'origine de cette maison, qui remonte au commencement du XIIIe siècle, est parfaitement connue (1) ; quant à ses archives, très incomplètes et en assez mauvais état, elles n'offrent qu'un intérêt bien secondaire. Voici néanmoins l'indication de quelques actes du XIIIe siècle, passés durant le temps que les frères de Saint-Samson de Constantinople possédaient et dirigeaient l'hôpital de Douai (de 1225 environ, jusqu'en 1306).
1. Archives des hospices, Saint-Esprit, fonds de l'hôpital général, page 167 du tome 8 de ce recueil.
C'est d'abord l'inventaire des reliques qui, vers 1236, se trouvaient, dans la chapelle, renfermées dans une croix d'argent. L'acte, commençant ainsi: « Nos A., preceptor hospitalis sancti Sampsonis in Dimco, et fratres nostri », se termine par la mention de l'apposition du sceau du chapitre (paginam istam sigulo capituli nri roboratam), lequel manque malheureusement (2).
2. Archives nationales, recueil de pièces, M M 873, n° 83.
Au mois d'octobre 1251, Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, confirme la donation (elemosina) que son cher cousin et féal Bauduin, empereur de Constantinople (imperator imperii Romanie) et comte de Namur, avait faite à la maison de Saint-Samson en Douai d'une rente de quinze livres sur les deniers qu'elle devait à son parent à Valenciennes (inconcambio ville Valencen) (3).
3. Archives nationales, carton S 5042, pièce n° 16.
A propos de cette rente, nous avons relevé les mentions suivantes ; « On nos doit. xv. libras de blans à Valencienes de no capalerie. » Cueilloir de S. Samson, vers 1263, petit registre en parchemin, S 5044, n° 3.
« A Valenchienes, sour les Haless, xv libras de blans que li quens de H.ynau a tollut, xxx ans a passés. » Cueilloir, vers 1320, petit registre en parchemin, S 5044, n° 5.
Ce même empereur, de la maison de France-Courtenay, avait donné aux frères de l'hôpital de Saint-Samson de Constantinople la maison de l'hôpital de Namur, afin de soulager les infirmes, les pauvres et les passants ; étant en Italie, il avait écrit, le 11 juillet 1244, au maire de Namur, en le chargeant d'exécuter ses intentions (4). Nous ignorons si celles-ci ont été accomplies, et si l'on doit compter en Occident une seconde maison de l'ordre de Saint-Samson, dont celle de Douai était jusqu'ici la seule connue.
4. Bibliothèque de l'école des chartes, XXXII, 1871, page 218.
La majeure partie de la fortune de l'hôpital de Douai consistait alors, outre quelques parcelles de terre disséminées dans les environs, en rentes foncières sur un grand nombre de maisons de notre ville, et les libéralités des bourgeois venaient continuellement accroître la somme de ces rentes. C'est ainsi qu'en avril 1261, Wérin Mulet achète, « aoes le maison de Saint-Sanson, por le testament dame Ghersent Mulet, se mère, à pitance faire », une rente d'un marc sur une maison située « à Barlet » (5).
5. Archives nationales, carton S 5210, n° 36 ; ce chirographe a été placé par erreur, ainsi que plusieurs autres, dans les titres de la commanderie de Haute Avesnes.
L'hôpital avait aussi ses parts de moulins, sortes de propriété très recherchées au moyen-âge et même encore au siècle dernier ; comme l'une d'elles n'était pas bien déterminée, une transaction fut conclue, au mois de février 1262 (vieux style), entre l'hôpital et le principal propriétaire du moulin de la Poterne, l'un des deux qui existent encore aujourd'hui contre l'abreuvoir Saint-Nicolas (6). « Li frère de le maison Saint Sanson de Douay » prétendaient avoir, par an, quatre rasières de blé « sor le meulin de le Poterne derrière, ki est Baude d'Estrées » ; et ledit Baude « leur counissoit bien kil avoient le vintime à le mosnerie, sauf chou kil dévoient paier le vintime dou carpentage dou meulin, si ke coustume est. » Il fut, convenu que « li maisons aura, sor le meulin, deux rasières de bleit, sans nul coust metre », ce qui fut reconnu devant échevins, par frère Herbert, commandeur de la maison de Saint-Samson, « por lui et por tous les frères et les sereurs de le maison. » (7).
6. Plouvain, Souvenirs, page 677, n° 9 et 10.
7. Archives nationale carton S 5210, n° 39.
Nous savions déjà (8) que les femmes aussi étaient admises dans l'hôpital, du moins à cette époque.
8. Voir pages 173 et 174 du tome 8 de ce recueil.
Citons encore un échange fait, en présence d'échevins, entre notre hôpital et le couvent des frères mineurs, en 1272, au mois de june, au sujet de rentes foncières sur des maisons.
« Frère Hue de Cambray et frère Ansiaus de Cambray, frère de le maison de Saint-Sanson de Douay, ont quité et quite clamé, à le maison des fières menus de Douay, les V. (fertons) de parisis, par an, que li hospitaus Saint Sanson avoit de rente sour le maison ki fu Robiert Ki tout vent (qui vend tout), ki siet dehors le porte de Canteleu », c'est-à-dire près du couvent des frères mineurs. Et à son tour, « quite clame frère Willaumes de Courières, gardyens des frères menus de Douay, à le maison de Saint-Sanson, les v. f. de parisis de rente, que li frère menut avoient sour le maison Willaume Le Fiéron, ki siet à le fontaine au Havet (9), ki fu Biernart Criket, que Enmelos Crikès leur douna en se devise » (10).
9. Vers la rue actuelle du Gros-sommier.
10. Archives nationale, S 5210, n° 50.
Le contrat d'acquisition d'une maison joignant celle où résidaient les hospitaliers de Constantinople relate les noms de cinq d'entre eux : « Grars Li Leus et Emmelos Hadike, feme jadis maistre Baude de Le Piere, ont vendu à frère Rumack, commandeur et frère de le maison des frères de Saint-Sansson de Douay, frère Huon de Braibant, frère Jehan Caudron, frère Ansiel de Cambray et frère Huon de Cambray, frères de l'ordène de le maison de Saint-Sansson de Douay, le maison ki fu maistre Baude de Le Piere, là u cele Emmelos maint au jour de hui, ki siet joingant le maison des frères devant dis, u il mainent, à iiij mars vj coupés d'avaine de rente par an, sour toutes rentes. » Passé devant échevins, en la Halle, l'an 1285 en octembre (11).
11. Archives nationale, S 5210, n° 45.
L'une des parties intéressantes de ce fonds d'archives, pour le XIIIe et le XIVe siècle, consiste dans cinq cueilloirs de rente ou terriers ; l'un est en forme de rotulus (12) et les autres sont de petits registres en parchemin, dont le plus ancien a été confectionné vers 1265 (13), un autre vers 1290 (14), le troisième en 1307 (15) et le dernier vers 1320 (16).
12. Fragment en parchemin, vers 1107 ; carton S 5211, pièce n° 34 ; quoique provenant évidemment de S. Samson, il avait été inventorié, même avant la Révolution, parmi les titres de la commanderie de Haute Avesnes ; l'erreur de classement est donc ancienne.
13. Archives nationale, S 3044, n° 3.
14. Archives nationale, S 3044, n° 1.
15. Archives nationale, S 5044, n° 2.
16. Archives nationale, S 5044, n° 5.
Le principal mérite de ces sortes de documents se concentre d'ordinaire sur l'ancienne topographie locale ; mais les nôtres, sans être absolument dénués d'intérêt, ne peuvent rivaliser, pour l'histoire des quartiers et des rues de Douai, avec les précieux cueilloirs des archives des Hospices ; leur mérite est d'une autre nature, il consiste dans une série de renseignements concernant l'hôpital lui-même, ses habitants, ses bienfaiteurs. Ne voulant pas multiplier outre mesure les citations, nous nous contenterons de mentionner les faits suivants.
Du terrier de 1320, il résulte que les religieux possédaient à Douai, outre l'hôpital et la chapelle, un hôtel pour le commandeur de Saint-Samson qu'on appelait la Salle, une maison affectée aux femmes, ainsi que diverses propriétés dans la ville. L'état des revenus et des charges mentionne en effet, au nombre de celles-ci : « le retenage (17) de la maison dou commandeur, de l'hospital, de le maison des sereurs, de le capièle et des maisons qui sont aval le ville de Douay »
17. Entretien, réparations.
Du terrier de 1307, il ressort qu'au mois de décembre de cette année, l'hôpital était déjà passé de l'ordre de Saint-Samson à celui de Saint-Jean de Jérusalem. Voici l'intitulé du registre: « Chest li briés des rentes, des maisons ... ke li maisons del hospital Saint-Jehan d'outremer de Douay, ki jadis fu de Saint-Sanson, a en Douay ... Si fu chis briés fais et renouvelés en lan mil. ccc et vij el mois de décembre »
Enfin le terrier de 1320 et une addition faits vers 1303 sur celui de 1265 nous donnent le nom du dernier commandeur de l'hôpital de Douai, appartenant à l'ordre de Saint-Samson de Constantinople, dit de Corinthe au moment de sa suppression: c'était frère Jehan d'Ippre , « commanderés de Saint-Sanson », cité dans des actes de l'échevinage du « jour S. Nicholai en yvier » 1303, du « lendemain de lan renoef en lanée devant dite » (2 janvier 1303, vieux style) et du « tierch jour de march » 1303 (v. st.) ; le même « frère Jehan, de le maison de S.-Sanson », stipulait en l'an 1306 au nom de l'hôpital de Douai.
Il était remplacé, à la date du 26 mars 1307 (v. st.), par « frère Rogiers dou Four, commanderes de le maison del hospital S.-Jehan de Jhérusalem à Douay (18). »
18. Chirographe passé devant échevins de Douai ; Archives nationale, carton S 5210, n° 48. On lit, au dos de ce titre, d'une écriture du XVe siècle: « A Saint-Sanson », et d'une écriture moderne : « Lagneville, S. Samson de Douay » ; néanmoins, il a été rangé, par erreur, parmi les titres de la commanderie de Haute Avesnes, comme s'il fût provenu du Temple de Douai.
Il n'est plus possible, en présence de documents aussi péremptoires, de ne pas ranger parmi les héros de roman un prétendu « frère Hugues de Coligny, bourguignon, maître de la maison du Temple de Saint-Samson de Douai », qui aurait été arrêté, avec trois autres frères, dans la maison de Saint-Samson, le 13 octobre 1307, et qui aurait comparu devant des juges le 20 et le 21 octobre 1309, toujours d'après la Relation de l'inquisiteur (19).
19. Pages 602 et 603 du tome IX, 2e série, des Mémoires de la société académique de notre ville.
Ajoutons que s'il eût jamais existé, ce personnage aurait fait parler de lui, attendu qu'il niait « le reniement du Christ », tandis que ce point était avoué par le grand-maître Jacques de Molay, lui-même, ainsi que par les autres dignitaires de l'ordre, qui donnaient de cette horrible cérémonie des motifs et des explications contradictoires (20).
20. Michelet, Procès des Templiers, voir passim ; voir aussi page 173 du tome V de l'Histoire de France (Paris, Furne, 1844, in-8) de M. Henri Martin, qui analyse et résume, de la manière la plus remarquable, les pièces du plus grand procès du moyen-âge.
En renvoyant à ce que nous avons dit sur l'histoire de l'hôpital Saint-Samson, depuis sa réunion à l'ordre de Malte jusqu'à la Révolution (page 167 du tome 8 de ce recueil), nous terminerons cet article en donnant quelques noms de commandeurs.
Liste de commandeurs Hospitaliers de Saint-Samson de Douai
— A., « preceptor hospitalis sancti Sampsonis in Duaco » Vers 1236.— Frère Herbert. 1262.
— Frère Rumack 1285.
— Frère Jeha h de Le Landiete.
— Frère Jehan d'Ippre. 1302, 1303, 1306.
Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem
— Frère Rogier dou Four, « commanderes de le maison del hospital S.-Jehan de Jhérusalem à Douay. » 1307 (v. st.) 26 mars.— En 1309, il est appelé « frère Rogier. »
— En 1317, le 25 mai : « Frère Rogier de Douay, commanderes de la maison jadis du Temple de Douay et de Corbry » ; il stipule « par le conseil des frères et des sereurs et de chiaus qui sont dou consel de le maison. »
— En 1318 (v. st.), au mois de mars: « Frères Rogiers, humles commanderes de le sainte maison Monsr Saint-Jehan de Jhérusalem à Douay, jadis de Saint-Sanson, et des maisons jadis dou Temple de Douay et de Corbriu. »
— Id., le 8 septembre 1322.
— Frère Mahius de Viniers, « commanderes de la maison qu'on dit de Saint-Sanson à Douay et des maisons jadis dou Temple de ce même lieu et de Corbriu ; » il stipule « par le conseil des frères et des habitants en ladite maison, qui sont du conseil de ladite maison. » 1325, avril.
(Après lui, ce sont les commandeurs de la maison du Temple qui, pendant longtemps, régissent aussi celle de Saint-Samson)
— Frère Jehan Ladam, commandeur de l'hôpital de Saint-Samton et gouverneur de la maison et seigneurie du Temple. 1494.
— Frère Pierre Le Nepveu, « entremecteur et administrateur de la commanderie de Saint-Samson. » 1564. Il eut des démélés avec les échevins, parce qu'il prétendait s'affranchir de l'obligation de tenir la maison à usage d'hôpital (1).
1. Archives de la ville, layettes 237 et 261, et n° 1601 de la Table chronologique.
— Frère Claude Le Goix, « servant d'armes, de l'ordre de Saint-Jehan de Jherusalem, commandeur de Saint-Samson » Les pièces du scandaleux procès qui lui fut intenté, pour crime contre les mœurs, sont conservées aux archives municipales ; dans l'interrogatoire du 15 novembre 1574, l'accusé déclare être « de Beaurains-en-Beauvoisis, de l'âge de 36 à 38 ans, fils de défunts Sébastien Le Goix, notaire royal, et Anne Porquet ; qu'il a servi sa religion depuis l'âge de 15 ans et qu'il a résidé à Malte 24 ans. »
Réclamé avec instances par ses frères de l'ordre, pour être jugé par eux, suivant leurs privilèges, ordre de remise fut enfin donné par le gouverneur de la province, le 16 mars 1576, « sans le pooir distraire hors dudit lieu en aultre, et aussy à condition que la justice s'en fera en ladite ville, pour meilleur exemple, lorsque son procès sera parinstruict. »
D'après les lois d'alors, et aussi d'après un projet de sentence, trouvé dans les pièces du procès que, par ordre supérieur et vu la gravité de l'affaire, lui avaient fait, « par main commune », les échevins et les officiers de la gouvernance, il encourait le supplice du feu. On ignore ce qu'il devint (2).
2. Archives de la ville, layettes 237. L'analyse donnée au n° 1680 de la Table est inexacte.
— Frère Jehan Boullet, « servant d'armes de l'ordre S. Jehan de Jérusalem, commandeur de S. Sampson. » 1584 (3).
3. Archives de la ville, layettes 261, n° 1720 de la Table.
Dans les siècles suivants, il n'y a plus, à proprement parler, de commandeurs de Saint-Samson de Douai, mais des commandeurs de Ligneville. Fx. B.
Sources : M. Brassart. Souvenirs de la Flandre-wallonne : recherches historiques et choix de documents relatifs à Douai et à la province, publiés par une réunion d'amateurs et d'archéologues, page 58 à 82, tome treizième. Douai, Paris 1873 - BNF
Historique de Saint-Samson
Domus Hospitalis Saint-Samson
Hôpital de Saint-Samson
Appartenant au diocèse d'Arras, la ville comprenait trois établissements ecclésiastiques en 1200 et le triple un siècle plus tard: aux deux chapitres séculiers de Saint-Amé et de Saint-Pierre et à la commanderie templière (respectivement fondés aux 10e, 11e siècle et vers 1155), s'étaient ajoutés l'abbaye cistercienne féminine de Notre-Dame-des-Prés (1210), l'hôpital du petit ordre militaire Saint-Samson de Constantinople (1218) (1), le chapitre féminin de Beaulieu de Sin-le-Noble de l'Ordre de Saint-Victor (c. 1224) et les couvents des Franciscains (c. 1220), des Trinitaires (1257) et des Dominicains (années 1260)1. Né dans l'Empire latin de Constantinople, l'Ordre de Saint-Samson n'avait qu'un seul hôpital en Occident, celui de Douai (Dionysos Stathakopoulos, Discovering a military order of the crusades: The Hospital of St. Sampson of Constantinople, in: Viator 37 (2006), S.255-273). Dans cette région, les Trinitaires étaient alors considérés comme des Mendiants (Bernard Delmaire, Le diocèse d'Arras de 1093 au milieu du XIVe siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le nord de la France au Moyen Age, Bd. 1, Arras 1994, S. 237), même s'ils rachetaient avant tout les captifs (Guilio Cipollone, Cristianita-Islam. Cattivita e liberazione in nome di Dio, Roma 1992, S.404-407).
sources : Entre français picard et latin, les usages linguistiques dans la documentation de Douai au XIIIe siècle - Saint-Samson
Historique de Saint-Samson
L'année 1221 vit également la confirmation par la papauté d'un nouvel ordre créé afin de lutter contre le catharisme. Le pape Honorius III fut invité, le 7 juin 1221, à approuver la fondation de la Chevalerie de la Foi de Jésus-Christ, appelée à combattre les hérétiques dans les provinces de Narbonne et d'Auch. Son fondateur Pierre Savary et ses adeptes voulaient adopter la règle des Templiers. Le destin de cet ordre fut si court, qu'il en est presque plus connu. Et il en va de même pour l'ordre de Saint-Samson de Constantinople.Sources : Demurger Chevaliers du Christ et Pierre-Vincent Claverie. Honorius III et l'Orient (1216-1227): Etude et publication de sources inédites des Archives vaticanes (ASV) - Suite
Cet ordre qui fu visiblement uni aux Templiers, fut cédé par le pape Clément V en 1308, aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Sources : Histoire du clergé séculier et régulier, des congrégations de chanoines et de clercs, et des ordres religieux de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établis jusques à présent, Volume 4.
Les deux légats arrivèrent à Constantinople et avec eux l'archevêque de Tyr et une grande partie de ceux qui avaient abandonné l'armée des croisés à l'embarquement de Venise ; entre autres Etienne du Perche, Renaud de Montmirail, Thierry de Tenremonde, et grand nombre de chevaliers, même de ceux qui étaient habitués en la terre sainte, entre lesquels furent Hugues et Raoul de Tabarie, issus des princes de Tabarie, et plusieurs chevaliers du Temple et de l'hôpital de Saint Jean de Jérusalem. L'empereur les reçut avec tout l'accueil possible, régala Etienne du Perche du duché de Philadelphie, et Thierry de Tenremonde de la charge de connétable de Romanie.
Il donna aux chevaliers hospitaliers l'hôpital de Saint-Samson de Constantinople, comme il y a lieu de le présumer d'autant qu'il fut en leur possession sous les empereurs français. Cet hôpital fut construit par saint Samson et était un des plus beaux de Constantinople. Il était situé entre l'église de Sainte Sophie et celle de Sainte Irène et ayant été brûlé dans une sédition sous l'empire de Justinien, il fut rebâti par cet empereur. Les hospitaliers tinrent aussi l'hôpital de Saint Jean l'Aumônier sous les empereurs grecs avant la prise de Constantinople. Les chevaliers du Temple s'habituèrent pareillement vers ce même temps dans la Romanie, et les uns et les autres y possédèrent plusieurs belles commanderies et places considérables par la concession et libéralité des empereurs Baudoin et Henri son frère et du marquis de Montferrat comme on le recueille des épîtres du pape Innocent III.
De Charles Du Fresne Du Cange, Buchon. Histoire de l'empire de Constantinople sous les empereurs français jusqu'à la conquête des Turcs. Paris 1826 - Suite