Département de la Somme
Abbeville (80)
Commanderie d'AbbevilleLes Templiers possédaient à Abbeville deux maisons qui constituaient le membre d'Abbeville, relevant de la commanderie de Beauvoir-lez-Abbeville (à 4 kilomètres au nord d'Abbeville). Cette commanderie, d'abord templière, devint hospitalière après l'abolition du Temple.
Elle dépendait du grand-prieuré de France. Ses archives sont conservées à Paris, aux Archives nationales (série S.). La commanderie des Hospitaliers de Fieffes (Somme, canton, Domart) possédait également une maison à Abbeville.
Delaville Le Roulx, Carlulaire général des Hospitaliers, Paris, 1894-1906, tome I, page LXXII. — E. Mannier, Les commanderies du grand-prieuré de France, Paris, 1872, p. 625-628. — J. DELAVILLE LE ROULX.
Baudrillart, Alfred. Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Tome premier, pages 43-44. fascules 1-6, Aachs-Albus. Paris 1912 — BNF
Eterpigny (80)
Domus Hospitalis Eterpigny
Département: Somme, Arrondissement et Cantons: Péronne - 80
Domus Hospitalis Eterpigny
La maison d'Éterpigny, qu'on voyait autrefois dans la grande rue du village, était un ancien établissement des frères de l'hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem.
Sa fondation remontait vers le milieu du XIIe siècle. Des lettres de Raoul, comte de Vermandois, qui paraissent avoir été rédigées vers 1150, portent que ce seigneur avait donné, pour le repos de son âme et de celle de son père, aux frères de l'Hôpital, sa maison, avec le jardin et les terres en dépendant, située à Éterpigny, « apud Esteipiyniacum », franche et exempte de tous droits et coutumes, et telle que la tenait son défunt père, mais à la charge d'une dîme de grains due à la maison de Saint-Léger (1).
1. Archives nationales S 5270, Supplément, n° 14.
Comme complément de cette donation, Philippe, comte de Flandre et de Vermandois, leur concéda, en 1177, la ville même d'Éterpigny, villam de Sterpiyniaco, et ses dépendances, avec toute la souveraineté qu'il y avait (2).
2. Archives nationales S 5270, Supplément, n° 1.
Parmi les donations faites au XIIIe siècle aux Hospitaliers d'Éterpigny, nous remarquons celles de Raoul, châtelain de Nesle en 1210, et d'Eloi d'Eterpigneul en 1219, par lesquelles ces seigneurs leur abandonnaient respectivement tout ce qu'ils possédaient à Éterpigny et sur son territoire (3).
3. Archives nationales S 5220, Supplément n° 16 et 46.
Une acquisition assez importante eut lieu en 1261, par les frères de l'Hôpital. C'était l'achat, au prix de 700 livres, de cent deux journaux de terre provenant de Nevelon de Chaulne et de Marie, sa femme, veuve d'Ybert de Templex (4), chevalier. Ces terres, qui se trouvaient dans la censive de l'Hôpital, étaient situées aux terroirs d'Éterpigny, de Villers-en-Chaussée (5), de Séboutescluse (6) et d'Esterpigneul (7), et réparties en divers lieux dits (8).
4. Templeux-la-Fosse (Somme), Arrondissement Péronne, Canton Roisel.
5. Aujourd'hui Villers-Carbonnel, arrond. et Canton Péronne.
6. Sobotécluse, ancien nom du faubourg de Paris à Péronne.
7. Eterpigneul, dépendance d'Éterpigny.
8. « In loco qui dicitur le Pré inter le Plankete et le rue Herbeuse. »
— « As Ourmissiaus ante domum Boberti de Barra.
— As Ourmissiaus doseur le rue in loco qui dicitur le Tombele.
— Ad viam de Nigella.
— Au sentier de Villers.
— As Argillieres.
— Un Lieuloie.
— In praeria inter Vicum et semilum que vadit apud Brie.
— Item dosous le val de Landrival.
— Desous l'Ormissel de Le Crois.
— Desous le Crois tenant au kemin de Roye.
— Desous le Grand Camp, au sentier Pontois et à le Couturele.
— Doseur le Couturele de l'Ospital.
— Ad campum Wauberti.
— Au pré Clarois à Banlu.
— Au ries de Lisole.
— A la rue de Boencort.
— Ad spinetam de Vilers.
— Ad puteum super domum Leprosi de Esterpegny.
— A Martin Camp.
— A la motte de Baali deseur l'Esclusclle.
— Ad ruellam deseur le Val de le Fontaine tenant as Longaignes.
— Ad campum de le Cambe.
— Deseur Hamel qui tient au sentier Pontois.
— Es eschars ad viam de Roia.
— Deseur le moyenne Voie.
— As alues deseur Grantreu.
— Deseur le Val de Maalot.
— En mont par deseur Henrivauchel.
— Par devers Baalli.
— As Gourdes. » (Archives nationales S 5223, Supplément n° 12.)
La même année, ils achetaient encore d'un chevalier, nommé Gobert de Lehun, des terres au territoire d'Esterpegni ; et en 1267, Robert Fursy de Péronne leur en vendait d'autres au même lieu, au-dessus du Hamel.
Ces diverses acquisitions augmentèrent le domaine d'Éterpigny, qui comptait, au XIVe siècle, plus de 300 journaux de terre.
Le rapport de la visite prieurale de 1495 constate ainsi l'état de cette maison de l'Hôpital : « Audit lieu d'Esterpeigney, y a chappelle de la commanderie, fondée de Saint-Jehan de l'Hospital, chargée de troys messes la sepmainne... »
« La maison qui est grande et sumptueuse d'édifice, où les commandeurs pevent faire leurs demeures, toute batie à l'ancienne façon. Dedens le bas d'icelle, le fermier faict sa demourance. »
« Audit villaige, y a de XV à XVI maisons, subjectes de la religion, à toute jurisdicion, et y souloit naguères de temps avoir justice levée, laquelle le Commandeur a promis faire redresser. »
« Ladite maison a plusieurs terres du domaine qui sont bailliées au fermier avecques un petit pré, et donne ledit fermier de prouffit tous les ans, XL, livres, XI, muys froment, VII muys avoinne. »
« Plus y a en plusieurs villaiges près dudit lieu, nommés Brye (9), Barleux (10), Oigny (11) , Han (12), Chamy (13), où a jurisdicion sur tous les hommes, et prent tant en dismes de menues cens et rentes et péaiges qu'en argent, CLXVIII livres VIIII sols, LVIII muys froument et IIII sétiers, XIIII muys avoyne et III sétiers, LXXX chappons. »
9. Brie (Somme), Arrondissement et Canton Péronne.
10. Barleux (Somme), Arrondissement et Canton Péronne.
11. Horgny, à une demi-lieue sud-ouest d'Éterpigny ; carte de Cassini.
12. Peut-être Le Hem (Somme), dépendance de Curlu (Somme), arrond. Péronne.
13. Chamy, nom de lieu inconnu.
Le Commandeur était aussi seigneur et haut justicier de Tracy-le-Mont et de Tracy-le-Val (14) ; il avait le patronage et la collation de ces deux cures. L'autel de Tracy, altare de Trachis, avait été donné en 1146, avec la dîme et les hôtes qui en dépendaient, aux Hospitaliers, par Simon Ier, évêque de Noyon (15).
14. Tracy-le-Mont el Tracy-le-Val (Oise), Arrondissement Compiègne.
15. Archives nationales S 5223, Supplément n° 44.
Un grand nombre de fiefs relevait de la commanderie d'Éterpigny. D'abord :
Le fief d'Eterpigneul, comprenant une maison avec mote, entourée de fossés, touchant à la Somme, et une cinquantaine d'arpents de terre près du chemin de Péronne à Neste.
Le fief de Géronde vers Barleux.
Le fief de Jean de Hangart.
Un autre fief sur Eterpigneul.
Deux autres fiefs tenant aux terres de la seigneurie de Brunfay.
Un autre au faubourg de Sainte-Radegonde à Péronne.
Deux aussi au faubourg de Sobotécluse.
Il y en avait encore une douzaine qui n'étaient que des pièces de terre situées en divers lieux : à Athies, à Brie, à Horgny, à Fresne et à Mazencourt.
La haute justice sur la rivière de la Somme, depuis la chaussée du Rois jusqu'aux murs de la ville de Péronne, du côté de la porte
Soyboutecluse, appartenait au commandeur d'Éterpigny.
En vertu de quoi, dit un terrier de 1566, il avait le droit de pêche et de la garenne aux oiseaux. Il y faisait l'hiver la chasse aux cygnes, dont il partageait le produit avec les seigneurs riverains. Un compte de 1438 nous fait connaître à qui cette chasse profitait. Nous lisons : « Le Commandeur a une cache faite ès eaues d'Estrepigni. Au temps de ce présent compte furent pries XX chignes, dont le seigneur de Betencourt en ot ung, le seigneur de Falvy III, le seigneur de Briois III, le seigneur de Sorel I, le seigneur de Happlaincourt II, le coustre de Péronne I, et le Ville de Perosne I. Ainsi demeure à le part de Monseigneur le commandeur, VIII chignes, dont ni furent seignés et regettez en l'eau et furent assis chacun chigne pour les despens et mises d'icelle cache, à III sols un deniers ; c'est à le part de Monseigneur pour iceux VIII chignes, XXXVI sols VIII deniers. »
« Desquels VIII chignes en fu donné I au chastelain de Péronne, I à Madame de Roye, I au gouverneur de Néelle, I à Maistre Foursy de Soubise, et l'autre, à Jehan Lemaire, procureur du Roy, et les aultres ont été despenséz à l'ostel de mondil seigneur le commandeur par lui comme par ses gens. (Archives Nationales MM, n° 3). »
Le revenu de la maison d'Éterpigny, qui comprenait, en 1757, 400 journaux de terre arable et 400 journaux de marécages, était alors de 1,500 livres.
La commanderie n'avait, dès l'origine, qu'un seul membre : la maison d'Horgny, près d'Éterpigny.
Son importance s'accrut, lorsque les Hospitaliers y ajoutèrent, au XIV siècle, les biens qu'ils venaient de recueillir de l'Ordre du Temple dans le Noyonais.
Ces adjonctions étaient : La maison du Temple de Noyon, celles de Passel, de Péronne, du Catelet et de Montécourt ; les fiefs de Prusle et de Fléchin ; la maison du Temple de
Saint-Quentin avec l'annexe de Rocourt ; le domaine de Courdemanche et les maisons de Lihons et de Libermont.
Horgny
Département: Somme, Arrondissement et Cantons: Péronne, Commune : Villiers-Carbonnel - 80
Domus Hospitalis Horgny
A l'exemple de Raoul, comte de Vermandois, qui venait de donner sa terre d'Éterpigny aux Hospitaliers, un seigneur des environs, Mathieu d'Horgny, leur fit abandon de la sienne quelques années après. Des lettres de Bauduin, évêque de Noyon, de l'année 1158, dans lesquelles il rend hommage au dévouement des frères de l'Hôpital, pour les secours qu'ils prodiguaient aux pauvres, approuve et confirme la donation qui avait été faite à l'Hôpital par le seigneur Mathieu, de sa terre et seigneurie de Horni, donation que le comte Raoul avait déjà confirmée lui-même, mais à la condition bien convenue entre les parties, que le sieur Mathieu et sa femme conserveraient jusqu'à leur mort la jouissance de cette terre, à l'exception toutefois de dix novales, dont les Hospitaliers pourraient disposer de suite pour y bâtir une maison et une chapelle (8).
Le commandeur d'Éterpigny était seul seigneur d'Horgny et de ses dépendances. Le domaine consistait, au siècle dernier, en une ferme, dans la rue du Bas-d'Horgny à Saint-Christ, et en 200 journaux environ de terre, affermés, en 1757, 600 livres et cent setiers de blé. Il n'existait plus alors de chapelle.
8. Archives nationales S 5222, suplément n° 15
Noyon
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Canton: Noyon - 60
Domus Hospitalis Noyon
Parmi les premiers bienfaiteurs des Templiers dans le Noyonais, nous devons citer principalement Simon Ier, évêque de Noyon. L'Ordre du temple avait à peine douze ans d'existence, que ce prélat, avec l'assentiment de son chapitre, lui accordait l'annate ou le revenu d'une année des prébendes de son église, toutes les fois qu'elles viendraient à vaquer, comme l'expliquaient les lettres du dit évêque, de l'année 1130, et dont il restait, au siècle dernier, une copie collationnée dans les archives du prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile-Lez-Corbeil (9).
9. Archives nationales S 5749. Invetaire des titres du Prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile.
Les Templiers possédaient à Noyon une maison, qui se trouvait devant l'abbaye de Saint-Barthélemy et l'hôtel Saint-Jean. Dans le grand incendie qui détruisit, en 1293, la ville de Noyon, trois édifices seulement furent épargnés et restèrent debout, dit la chronique de Long pont.
C'étaient la maison du Temple, l'Hôpital et la chapelle de Saint-Pierre.
Ils avaient aussi quelques censives dans la ville, des terres aux environs et plusieurs vignes sur la montagne de Saint-Siméon.
Trois fiefs relevaient, en 1562, de l'ancienne maison du Temple du Noyon :
Le fief de Soibert, consistant en terres sur Vauchelle, Noyon, Morlencourt, etc., et appartenant alors à François Marcy.
Le fief de la Cense de Pont-l'évêque.
Et celui de Meshavart, hors la porte Saint-Jacques, au lieu dit des Havart, avec des terres et une maison au chemin des Malladaux à Saint-Eloi et à Saint-Ladre.
L'ancien Temple de Noyon fut vendu au XVIIe siècle moyennant une rente foncière de 45 livres que Messieurs du séminaire de Noyon, acquéreurs,
payaient encore, au siècle dernier, chaque année, au commandeur d'Éterpigny.
Passel
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Canton: Noyon - 60
Domus Hospitalis Passel
Avec la maison qu'ils possédaient à Passel, les Templiers avaient le patronage et la collation de la cure de cette paroisse, dont l'autel leur avait été donné par Simon, évêque du Noyon, en vertu de ses lettres de 1146, relatées ci-devant.
On lit dans le rapport de la visite prieurale de 1495 : « La maison du Temple de Passel a este bailliée par chapitre aux chartreux de Morenault (10), à rente perpétuelle, réservé à la religion la jurisdicion et la présentation des cures de Passel, Chiri (11) et
Ville (12), et oultre doivent en argent XXIIII livres, IIII muys froment, et acquittent toutes les charges que la religion souloit payer, qui montent à XXIIII muys de grain. »
10. Mont-Renaud, commune de Passel.
11. Chiry, Arrondissement de Compiègne, canton de Ribecourt.
12. Ville Ibidem.
C'est vers 1300, que Renaud, seigneur de Rouy-en-Vermandois et de Pont-l'évêque, aurait acheté des Templiers leur maison de Passel, pour y établir une chartreuse. Ce lieu changea alors son ancien nom d'Herimont contre celui de Mont-Renaud qu'on lui donna en souvenir du fondateur de ce nouvel établissement (13).
13. Précis historique du canton de Noyon Annuaire de 1850).
Péronne
Département: Somme, Arrondissement et Cantons: Péronne - 80
Domus Hospitalis Peronne
Cette ville avait une maison du Temple, dont le titre le plus ancien qui nous reste, est un bail du 1er juin 1377, accordé par Eustache de Laitre, prieur de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem en l'lle-lez-Corbeil, à des nommés Martin Tirant et Jehan le Roignet, dit Eureppin, pour eux, leurs femmes et héritiers, « d'une maison, cave, cellier, appelez la Maison du Temple, appartenant à l'Hôpital, à cause des annels de l'esglise de Perone, séant en ladite vile, devant ladite esglize de Saint-Fourcy, tenant par derrière à la rue de Maulrue, au canon annuel de vingt sols parisis de rente perpétuelle, mais à charge par les preneurs de faire édifier en dedans deux ans ès dit lieu, maison et édifices jusqu'à la valeur de cent francs d'or (14). »
14. Archives nationales, S 5147, supplément n° 34
L'annuel des prébendes dans les églises de Péronne, de Saint-Quentin et de Roye, qui appartenait, lorsqu'elles venaient à vaquer et pour la vacance d'une année seulement, à Raoul, comte de Vermandois, avait été abandonné par lui en 1156, au profit des frères de la chevalerie du Temple. Jusqu'en 1370, la commanderie d'Esterpigny avait bénéficié de ces vacans ; mais depuis, ils avaient été dévolus au prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile-lez-Corbeil, pour augmenter ses revenus.
Au siècle dernier, on lisait au-dessus de la porte de la maison de Péronne, cette inscription : Hôtel d'Esterpigny. Cette maison avait servi longtemps, au XVe siècle, de lieu de refuge au Commandeur, à cause des guerres qui ravageaient le pays. En 1757, elle était encore habitée par lui.
Le Catelet
Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne, Commune: Cartigny - 80
Domus Hospitalis Le Catelet
Autre maison du Temple, qui se trouve mentionnée dans une charte de Jean de Cartigny, chevalier, du mois d'octobre 1245, par laquelle ce seigneur déclare avoir donné aux frères de la chevalerie du Temple du Catelet, près Péronne, fratribus militie Templi de Chasteleir juxta Peronam, une maison dans leur censive, située à Carteigni, avec tous les droits de justice et de seigneurie en dépendant (15).
14. Archives nationales, S 5147, supplément n° 16
Cette maison, à laquelle on arrivait par une avenue communiquant vers midi au chemin de Péronne à Santin, possédait de vastes marais, au sujet desquels les Templiers eurent, avec les bourgeois de Péronne, de graves contestations au commencement du XIIIe siècle. Le Roi dut intervenir pour y mettre un terme ; et, par ses lettres-patentes de l'année 1218, Philippe-Auguste confirma aux Templiers le droit qu'ils prétendaient avoir, de faire des prés et de récolter des foins dans les marais entre Cartigny et Doingt, inter Cartigney et villam que Dowing vulgariter nuncupatur, qui leur avaient été donnés par le seigneur de Montécourt, de Monte Escort, mais il ordonna que, lorsque la récolte des foins serait faite, les habitants de Péronne pourraient mener paître leurs bestiaux dans ces prés (16).
16. 14. Archives nationales, S 5147, supplément n° 14
Il y avait au Temple du Catelet une chapelle qui avait été dévastée pendant les guerres du XVe siècle, « attendu que, pendant icelles guerres, l'on se mettoit au fort et à sûreté en ladite chapelle. » (Visite prieurale de 1495)
Elle fut plus tard entièrement restaurée ; et, au siècle dernier, le curé de Cartigny y disait la messe trois jours par semaine.
Le commandeur d'Éterpigny était seigneur du Catelet. Son domaine comptait près de 500 journaux de terre arable, vingt journaux de bois, et cinquante-deux journaux de pré, appelés les Prés de Pouillancourt.
Plusieurs fiefs relevaient de la seigneurie ; entre autres le fief de la Mairie, composé de terres sur Cartigny, appartenant en 1566 à François Cazier ; et un autre fief à Haucourt, qui était une maison avec des terres, situées rue de la Croix, appartenant alors à Foursy de Hauteville, hommes d'armes des ordonnances du Roi.
Le revenu du Catelet était, en 1757, de 570 livres et de 360 setiers de blé, avec 60 setiers d'avoine.
Montécourt
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham, Commune: Monchy-Lagache - 80
Domus Hospitalis Montecourt
C'était un ancien domaine féodal qui devait avoir quelque importance, si l'on en juge d'après la visite prieurale de 1495 : « Montescourt où a une chappelle fondée de saint Jehan du Temple, chargée de troys messes la sepmainne. Y a une grande maison fort ancienne et desmyte par les guerres tant des Angloys comme de Monseigneur de Bourgogne. Oultre plus tout dedens ung clos sont les maisons et granges des fermiers.
Autour de ladite maison, a ung villaige nommé Montescourt, de XV ou XX feuz, hommes de la religion, où le Commandeur a toute jurisdicion audit lieu, et y soloit avoir justice levée, qui de peu de temps en ça fut abatue par les gens de guerre... »
Le commandeur d'Éterpigny avait toute justice et seigneurie à Montécourt. Le domaine consistait, au siècle dernier, en deux fermes, une chapelle, située dans la grande rue du village, et un moulin, sur la rivière d'Omignon. Il y avait 800 journaux (1) de terre en labour, seize journaux de prairie et un petit bois, appelé le Bois-Robine ; le tout affermé, en 1757, 990 livres et 400 setiers (2) de blé.
1. Le journal valait cent verges, une verge 17 pieds 3/4, et le pied 10 pouces 3/4.
2. Le stier valait 80 verges, la verge 22 pieds, le pied 10 pouces 3/4.
De la seigneurie de Montécourt relevait le fief de Bussy, situé à Méraucourt, consistant en pâtures et terres arables en plusieurs pièces, aux lieux dits : la Voie de Varaigne, la Vallée de Cambray, le Champ de Trétoy, les Courteaux, etc. Il appartenait, en 1566, à Jehanne de Ville, qui en avait hérité de son père.
La dîme de Tertry, village voisin de Montécourt, appartenait à la commanderie ; et comme cette dîme entraînait la charge des réparations de l'église du lieu, le Commandeur, pour s'en dispenser, en 1566, donna aux marguiliers une somme de 90 écus sol.
Prusle
Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne, Commune: Estrées-Mons - 80
Domus Hospitalis Prusle
Les Templiers possédaient à Prusle une maison et 80 muids de terre. Ils les donnèrent en fief au commencement du XIIIe siècle ; et le seigneur Raoul de Brocourt, qui les détenait en 1223, leur en rendit foi et hommage par un aveu daté du mois de février de la dite année (1).
14. Archives nationales, S 5147, supplément n° 2
Fléchin
Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne, Commune: Bernes - 80
Domus Hospitalis Fléchin
C'était un fief composé d'une maison à usage de ferme, avec 400 setiers de terre à labour, qui était affermée, en 1757, 327 setiers de blé et 25 livres en argent.
La maison, détruite pendant les guerres du XVe siècle, ne fut jamais rétablie. Elle était située sur le chemin de Vendelle.
D'après la visite prieurale de 1495, on voit que le Commandeur avait toute justice et seigneurie sur les hommes de Fléchin.
Saint-Quentin
Département: Aisne, Arrondissement et Cantons: Saint-Quentin - 02
Domus Hospitalis Saint-Quentin
L'établissement que les Templiers avaient fondé dans cette ville parait avoir eu une certaine importance. Leur maison, remarquable par la grandeur et la solidité de sa belle construction, était située dans une rue qui prit et conserve encore aujourd'hui le nom de rue du Temple.
Les Hospitaliers, à qui elle échut après la chute des Templiers, ne l'habitèrent pas. Ils la louèrent au Roi pour y battre monnaie. Celui-ci, après l'avoir bien appropriée à cet usage, leur proposa d'en faire l'acquisition par voie d'échange ; ce qui fut accepté, ainsi qu'il résulte des lettres du Souverain, de l'année 1386, par lesquelles il donna aux Hospitaliers l'hôtel du Faucon pour celui de la rue du Temple, « parce que iceluy hostel estoit et est tant en situation comme en fourme et forte nature de édifices de pierre et aultres choses plus convenable que aucun autre hostel d'icelle ville, mesmement que les fourneaux et autres edifices appartenans audit fait, qui desja y sont près et ordenez ne seroient pas fait ailleurs qu'ils ne coustassent grande somme de deniers. » (1)
14. Archives nationales, S 5147, supplément n° 6
L'hôtel du Faucon était situé rue Saint-Martin, et tenait à un autre hôtel appartenant aux Hospitaliers, nommé l'Hôtel-Saint-Jean. Ces deux hôtels, avec les cens et rentes que l'Hôpital avait sur des maisons et héritages dans la ville, présentaient, en 1570, un revenu de 116 écus sol, faisant 350 livres tournois ; et en 1787, ce revenu était de 600 livres.
Fonsomme
Département: Aisne, Arrondissement et Cantons: Saint-Quentin, Commune: Fontaine-Notre-Dame - 02
Domus Hospitalis Fonsomme
La terre et seigneurie de Fonsommes, ainsi que les fiefs de Cerny et de Saint-Prix, relevaient de la commanderie en 1570, et appartenaient alors à
Claude de Fonsommes, écuyer, seigneur du lieu.
Rocourt
Département: Aisne, Arrondissement et Canton: Château-Thierry, Commune : Rocourt-Saint-Martin - 02
Domus Hospitalis Rocourt
Les archives du Grand-Prieuré de France ne nous ont laissé aucun document sur cette ancienne maison du Temple, qui nous parait avoir été une dépendance de celle de Saint-Quentin. Si aucun titre n'en fait mention, c'est que les Hospitaliers ne l'ont jamais possédée, et qu'elle avait été vendue ou aliénée du temps des Templiers. En effet, nous avons trouvé dans un cartulaire de Saint-Quentin-en-l'Ile, des lettres de Hugues de Perraud, « de Perraudo », visiteur général des maisons du Temple, en deçà des mers, de l'année 1302, par lesquelles, de l'avis de ses frères et d'après le conseil d'hommes recommandables, il avait accordé à rente perpétuelle ou à cens, « ad perpetuam admodiationem sive censivam », aux religieux de l'abbaye de Saint-Quentin-en-l'Ile, la maison de Rocourt, près de Saint-Quentin-en-Vermandois, « domum nostram dictam de Rouecourt prope villain sancti Quintini in Veromandia », avec ses dépendances, tant en terres, eaux, prés, pêcheries, qu'en revenus et autres choses, à la charge de payer chaque année, dans l'octave de la Nativité, aux frères du Temple du Vermandois, en leur maison de Saint-Quentin, « in curiâ nostra domus nostre sancti Quintini », quarante muids de grain à la mesure de cette ville, savoir : 32 muids de froment, à deux sols moins du prix payé par les bourgeois, six muids d'avoine et quatre voitures de paille.
En retour, les Templiers devaient avoir la portion de dîme que les religieux percevaient dans le dimage et dans tout le territoire du village de Tertry (1), « de villa de Tetriarcho », dont nous avons déjà parlé, avec le patronage et la collation de la cure, au prix de trente livres.
1. Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham, Commune: Monchy-Lagache - 80
Les religieux de Saint-Quentin-en-l'Ile s'engageaient, de leur côté, à acquitter toutes les rentes dont la maison de Rocourt pouvait être chargée envers l'abbaye de Saint-Prix, près Saint-Quentin, ainsi que les corvées, et notamment donner au charretier qui ferait les corvées, un pain blanc et un demi setier de vin.
Les mêmes religieux devaient jouir des cens qui étaient dus à la maison de Rocourt, et qui consistaient en six rasières d'avoine, trente chapons, neuf fouaches (chaque fouache de la valeur d'un mencaud de blé), avec cinq sols et quatre deniers de rente dus par divers (1).
Bibliothèque Nationales, Cartulaire de Saint-Quentin-en-L'Ile, n°10116, page 293, fonds latin.
Les comptes de la commanderie d'Éterpigny mentionnent des redevances payées, chaque année, par l'abbaye de Saint-Quentin-en-l'Ile. C'était probablement la rente que devait l'abbaye, pour le prix de la vente de la maison de Rocourt.
Courtemanche
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham, Commune: Voyennes - 80
Domus Hospitalis Courtemanche
Le domaine de Courtemanche réunissait, au XVe siècle, la seigneurie du village de Voyennes, sur le territoire duquel il était situé. Nous lisons dans le rapport de la visite prieurale de la commanderie en 1495 : « Plus y a un membre nommé Courdemanche, à troys lieues du chef-lieu, où souloit avoir grans maisonnemens de maison et grange que feist bruler feu Monseigneur le connestable de Saint-Pol, du temps des guerres ou à présent n'y a point de maisons, et les fermiers se tiennent au villaige de Voyennes qui est auprès, et est de XV ou XX feuz, où le Commandeur a toute jurisdicion. »
Une autre visite prieurale de 1456 ; constate qu'il se trouvait alors à Voyennes un moulin ou usine à blé, qu'on appelait Le Mollin de Courtemanche, avec une maison et 142 journaux de terre en dépendant ; le tout affermé onze muids de blé et sept muids d'avoine.
Dans un arpentage de 1638, nous ne trouvons plus à Courtemanche que des terres. La maison et le moulin n'existant plus, les terres avaient été réunies au domaine de la commanderie.
La maison de Courdemanche se trouvait sur le chemin de Voyennes à Ham.
Lihons
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Chaulnes - 80
Domus Hospitalis Lihons
Les Hospitaliers avaient, au XVe siècle, à Lihons, une maison qui leur provenait des Templiers, et qu'on voyait au nord du chemin de Lihons à Chaume, aboutissant à celui de Lihons à Beaufort. Les guerres qui, à cette époque, ravageaient le pays, avaient ruiné entièrement cet établissement. C'est ce qui engagea Bertrand de Cluys, Grand-Prieur de France et commandeur d'Éterpigny, à en faire l'aliénation. Par ses lettres, qui portent la date du 14 juin 1468, le Grand-Prieur donna à rente perpétuelle, à un nommé Colard le Rendu, bourgeois d'Amiens : « une maison en la ville de Lihons-en-Sangters, appellée la Maison du Temple, laquelle pour fortune de feu dont ladite ville a esté en général toute ou la plus grant partie foulée et traveillée, est demeurée en totale ruyne et démolition et tellement que de longtemps elle n'a esté de nul ou de très-petit prouffict. »
Ce bail comprend les terres et dîmes qui dépendaient de cette maison, à l'exception toutefois de la justice du lieu, que se réservait le Grand-Prieur. La rente ou canon annuel était de 25 livres parisis, monnaie courante, c'est-à-dire 20 patards pour livre.
Libermont
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Noyon - 60
Domus Hospitalis Libermont
On trouve au nord-est de ce village un écart, qu'on nomme l'hôpital du Temple. C'était, dès l'origine, un établissement de Templiers, qui devint ensuite la propriété des Hospitaliers.
Le domaine se composait, au siècle dernier, d'une ferme avec 200 journaux de terre arable, et 539 arpents de bois. Il y avait dans l'enclos de la ferme une chapelle dédiée à la sainte Vierge, et où le curé de Libermont disait la messe trois jours chaque semaine.
On a lu pendant longtemps une inscription qui se trouvait dans l'intérieur de cette chapelle, ainsi conçue : Cy-gist Robert Vingnon de Goyhencourt, chevalier du Temple, qui trespassa le XIII avril, l'an de l'incarnation 1307.
En 1833, la chapelle servait de grange. C'était une construction solide, de l'époque du gothique aux rosaces, mais sans ornements.
Le commandeur d'Éterpigny avait toute justice et seigneurie dans sa terre de Libermont, qui rapportait, en 1580, 300 livres en argent, 24 setiers de blé et 5 muids d'avoine.
Le revenu en 1757. était de 700 livres pour les terres cultivables, et de 2, 500 livres pour les bois.
Total : 3,200 livres.
Comme la commanderie avait le patronage et la collation des cures de Tracy-le-Mont, Tracy-le-Val, Passel, Tertry, Voyennes, Ville et Chiry, elle jouissait également des dîmes de ces paroisses qui formaient un revenu assez important.
Bacquencourt
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham - 80
Domus Hospitalis Bacquencourt
Le droit de présentation à la chapelle de Sainte-Marguerite, fondée dans le château de Bacquancourt (commune d'Hombleux), appartenait encore au commandeur d'Éterpigny.
Le revenu général de la commanderie était:
En 1495, de 1,231 livres 18 sols.
En 1583, de 4,800 livres.
En 1679, de 12,500 livres.
En 1734, de 18,000 livres.
En 1779, de 38,800 livres.
Et en 1787, de 73,000 livres.
COMMANDEURS D'ETERPIGNY
1190. Frater Guillelmus Desterpeigni, magister.
1312. Frère Nicole de Saint-Mauvis.
1320. Frère Nicole de Rieu.
1330. Frère Ferry de Foueherolles.
1330. Frère Guillaume de Chambli.
1363. Frère Simon de Hesdin.
1384. Frère Henri de Jendrain.
1386. Le chevalier Gérard de Vienne, Grand-Prieur.
1389. Le chevalier Adam Boulard, Grand-Prieur.
1391. Le chevalier Elias de Beth.
1397. Le chevalier Pierre de Provins.
1410. Le chevalier Regnaull de Giresme, Grand-Prieur.
1419. Le chevalier Jehan de Beaubos.
1425. Le chevalier Hue de Sarcus.
1469. Le chevalier Bertrand de Cluys, Grand-Prieur.
1495. Le chevalier Mathieu de Sully.
1509. Le chevalier Jacques de Sainte-Maure.
1530. Le chevalier Louis de Dinteville, alias Tinteville.
1534. Le chevalier Jehan de Humières.
1537. Le chevalier Jehan de Villiers.
1546. Le chevalier Claude de la Sengle.
1556. Le chevalier Jean de Condé.
1560. Le chevalier Adrien de la Rivière.
1564. Le chevalier Antoine des Hayes dit Saint-Luc.
1574. Le chevalier Georges de Courtignon.
1601. Le chevalier Louis de Montlyart de Riumont.
1626. Le chevalier Dreux Courtin de Rozay.
1643. Le chevalier Pierre des Guetz de la Potinière.
1638. Le chevalier Henri de la Salle.
1676. Le chevalier de Feuilleuse de Flavacourt.
1680. Le chevalier Jean de Costard de la Motte-Hottot.
1700. Le chevalier Jacques de Fouille Descrainville, bailli, Grand-croix général des galères de l'Ordre.
1725. Le chevalier Thimoléon Testu de Balincourt.
1750. Le chevalier Pierre-Louis de Brévedent de Sahure.
1783. Le chevalier Charles-Antoine-François Guislain de la Tour-Saint-Quentin, bailli, Grand-croix.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Lihons (80)
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Chaulnes - 80
Domus Hospitalis Lihons
Ce malheureux pays ne devait pas avoir le temps de se remettre de toutes ces terribles secousses arrivées coup sur coup. La guerre du Bien Public lui valut de nouveaux ravages. Encore en 1468, frère Bertrand de Cluys, « de la sainte maison de l'ospital Saint-Jehan de Jérusalem, humble prieur de l'Ospital en France et commandeur des baillies et commanderies de Flandres, Haultavesne, Esterpigny et le Temple de Paris », baillait à cens pour 59 ans à honorable homme Colart le Rendu, bourgeois d'Amiens, une maison appartenant à la commanderie d'Eterpigny près de Péronne, sise à Lihons « appellée le maison du Temple ; laquelle par fortune de feu dont ladite ville a esté en général tout ou la plus grant partie foulée et traveillie, est demourée en totalle ruyne et démolition, et tellement que de longtemps elle n'a esté de nul ou de très petit prouffit à noz prédécesseurs ne à nous jusques à cy », avec tous les « prouffis, émolumens tant de dismes, terres labourables, séans à Beaufort (6) et ailleurs appartenans à nostre dicte maison, sauf la justice, fiefs et reliefs de fiefs, moyennant 25 livres p., de cens annuel, à la charge de la réédifier jusqu'à concurrence de 350 francs pour la première fois, dont il sera tenu de produire les quittances de ceux qui auront fait lesdits travaux, et de l'entretenir en bon et suffisant état jusqu'à l'expiration desdites cinquante-neuf années, et autres charges (7).
Cet acte est le seul témoin que nous possédions de l'existence à Lihons d'une ancienne maison de Templiers réunie la commanderie d'Hospitaliers d'Eterpigny après la suppression de l'ordre du Temple (8).
6. Beaufort-en-Santerre, Somme, canton de Rosières.
7. Paris, 14 juin 1468. Archives Nationales, S 5222. (Copie due à l'obligeance de M. Léon Mirot, archiviste aux Archives Nationales).
8. C'est le seul cité par Monnier (Les commanderies du grand prieuré de France, page 569), qui ne donne pas d'autre renseignement sur cette maison, sinon qu'elle se trouvait « au nord du chemin de Lihons à Chaulnes, aboutissant à celui de Lihons à Beaufort »
Sources : Notices par Ms: ENLART, DES FORTS, RODIÈRE, RÉGNIER, DURAND. La Picardie historique et monumentale. Tome VI, page 82 à 86. Arrondissement de Péronne, Amiens et Paris 1923-1931 - BNF
Saint-Maulvis (80)
Commanderie de Saint-MaulvisDépartement: Somme, Arrondissement: Amiens, Commune: Sainte-sergée - 80
Domus Hospitalis Saint-Maulvis
La commanderie de Saint-Maulvis possédait, avant la Révolution, des terres à Sainte-Segrée ; aujourd'hui, un bois d'une certaine étendue, qui existe sur le territoire, s'appelle encore le Bois du Commandeur.
Nous n'avons pu découvrir à quelle époque ni par qui ces terres lui furent données.
Cette commanderie, dont il ne nous reste aucun titre antérieur au XIVe siècle, était, suivant la coutume locale de 1507, « de la saincte ordre, religion et hospital de Saint-Jehan-de-Jérusalem » (1).
1. — Coutumes locales du bailliage d'Amiens, rédigeas en 1507 et publiées par M. A, Bouthors tome pages 421 et 422.
Le commandeur était seigneur haut-justicier et grand décimateur de Saint-Maulvis. Il avait un grand nombre de cens et de rentes foncières, non seulement dans ce village, mais aussi dans plusieurs localités du canton de Poix : Guizancourt, Caulières, Meigneux, Saulchoy, Frettemolle, Mesnil-Huchon, Hescamps et Sainte-Segrée. II était, en outre, patron et collateur des cures de Saint-Maulvis, d'Epaumesnil, de Brocourt, de Lincheux-Hallivillers, de Gouy-l'Hôpital, etc., et percevait une grande partie des dîmes de ces paroisses (2).
Nous extrayons ce qui suit d'un aveu du terrier de Saint-Maulvis, en date du 11 juin 1699 : « Le commandeur de Saint-Maulvis est seigneur en partie de Sainte-Segrée, « hault-justicier, moyen, bas et royal et lui appartient audit lieu, censives, rentes seigneuriales, tant en argent qu'avoine, avec la moitié de la grosse dîme sur toute l'étendue du terroir, à l'encontre de l'autre moitié, appartenant au sieur curé, et, pour y exercer la justice, il a prévôt, sergent et autres officiers, et sont néanmoins les sujets et tenanciers tenuz de venir plaider Saint-Maulvis, lorsqu'ils y sont appelez. » (3)
2. — Mannier, Les Commanderiez du grand prieuré de France.
3. — Titres de la Commanderie de Saint Maulvis, aux Archives départementales.
Aux termes de l'article 1er de la coutume de Saint-Maulvis, « quant aucun homme féodal ou cottier tenant d'icelle, fine de vie par très pas ainsy joyssant et possessant soit de fief ou d'héritages roturiers ou cottiers, son héritier ou héritiers sont tenus rellever de fait les héritages à eulx appartenans et là où ilz subecddent par le très pas des deffunetz, par devers le commandeur ou ses olliciers et païer, pour le relief des fiefz, LX sols parisis et XX solz de chambellage ; et, pour les héritages rotturiers et cottiers scituez dedens les corps desdits lieux de Saint-Maulvîz, Espaumesnil, Campsart et autres villages dessus nommés, de chascun personnaige, IV deniers et des héritaiges aux champs tel cens tels reliefs » (4)
Suivant l'article 2, au-dessus du nombre de neuf bêtes à laine, il était dû une bête vive pour droit de vif herbage (5), dans toutes les localités dépendant de la commanderie, à l'exception des villages de Romescamps et de Carrois, où il n'était perçu qu'un simple droit de mort herbage jusqu'au nombre de dix-neuf bêtes.
4. — Coutumes locales du bailliage d'Amiens, rédigées en 1507 et publiées par M. A. Bouthors, tome 1er pages 421 et 422.
5. — Le droit d'herbage était le droit qu'avait le seigneur de choisir les plus beaux animaux dans les troupeaux qui paissaient sur ses domaines. Ce droit fut souvent converti en une redevance pécuniaire.
— Le droit de vif herbage était ainsi appelé, parce que pour la redevance qu'il imposait, on payait au seigneur ayant haute ou moyenne justice une bête rive ; et, comme pour l'autre droit on payait par chaque bête un denier parisis qui est chose morte, il était qualifié d'herbage mort, (Commentaire sur la Coutume d'Amiens, par Dufresne, page 292).
Par l'article 3, les religieux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem déclarent avoir seuls le droit de pourvoir « de harolleurs (6) et joueurs d'instruments tant pour servir à Dieu et à l'Eglise comme pour faire danser et récréer les jeunes gens et aultres les jours de festes et patrons que l'on dist ducasses (7) et sur les frocz (8) et flégards (9), en chambre et aultrement », vingt-deux paroisses, entre autres celles de Caulières, Meigneux, Sainte-Segrée, Saulchoy-sur-Poix, Guizancourt, Hescamps et Frettemolle faisant partie du canton de Poix.
6. — Ménétriers, joueurs d'instruments. (Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, par M. Frédéric Godefroy.
7. — On appelait autrefois ducace la fête célébrée à l'occasion du jour anniversaire ou l'église avait été dédiée.
— On donnait aussi ce nom à la fête patronale. (L'abbé Corblet, Glossaire.)
8. Du Gange définit ainsi ce mot :
— Fro, terre qui n'est pas cultivée, ou chemin public proche d'une ville ou maison.
— Froc, terre inculte, pâturage. (Glossaire, tunic VII).
9. — Endroit public et découvert. (L'abbé Corblet, Glossaire).
— Il résulte de ce qui précède que froc et flégard sont deux synonymes, désignant des places incultes, des lieux publics communs à tous.
Ainsi, à Sainte-Segrée, comme dans les autres paroisses relevant de la commanderie, nuls musiciens autres que ceux des religieux ne pouvaient être admis à jouer à l'église ou à faire danser la jeunesse les jours de fête patronale.
Ce droit est un des plus curieux que nous ayons rencontrés jusqu'ici.
Il existe aux Archives nationales, à Paris, un certain nombre de titres de la commanderie de Saint-Maulvis. M. Gaëtan de Witasse a bien voulu les consulter pour nous, — qu'il reçoive ici l'expression de notre sincère reconnaissance, — et voici les notes qu'il a extraites des documents relatifs à notre village :
« Item, le membre de Sainct-Degrez, une portion de bois « sécant au terroir du village dudit Satnt-Degrez, contenant dix journeux soixante-quinze verges, tenant d'un geosté le chemin menant dudict Sainct-Degrez à Poix, d'autre costé et d'ung bout les bois du seigneur du Chaussoy. »
Déclaration des biens de la commanderie de Saint-Maulvis par frère Jehan de Courtenay, commandeur, en date du 31 mars 1548.
Archives nationales, S. 5227 B, 1e liasse, n° 19.
« Item, les censives de Saint-Segrée, consistant en environ trente-cinq sols d'argent, et trente-cinq mines d'avoine, mesure de Poix, dont il ne s'en perçoit plus qu'une partie, tant à cause des contestations que des masures délaissées. »
(Déclaration des biens de ladite commanderie, en date du 23 mai 1693. Archives nationales, S. 5227, A, 9e liasse)
« Sur le terroir de Chaussoy, appartient à laditte commanderie un bois situé entre ledit Chaussoy et Sainte-Segrez, contenant huit journaux. »
(Déclaration des biens de ladite commanderie, en date du 10 septembre 1703. Archives nationales S. 5227 B, n° 34, 2e liasse)
Vers la fin de l'année 1735, Nicolas Prousel, receveur de la seigneurie de Dromesnil, et Louis Bailleul, receveur de celle d'Epaumesnil, appelés comme experts par le bailli de ta commanderie de Saint-Maulvis, pour procéder à la visite des bois de la Haute-Rosière, de Nesle, de Bienfol et de Sainte-Segrée, dépendant de la dite commanderie, se rendirent à cet effet, le 2 janvier 1736, dans notre village :
« .... Et au même instant nous nous sommes transportés au bois de Saint-Segrez, distant de quatre lieues de notre demeure, où étant arrivés et conduits par le garde dudit bois qui nous a déclaré qu'il contenait environ douze journaux, appartenant à ladite commanderie de Saint-Mauvis, après l'avoir parcouru plusieurs fois et l'avoir bien examiné, nous avons trouvé qu'il y a été abbattu depuis dix ans environ quatre cent cinquante chênes, dont cent soixante ou environ sont marqués la raine (sic) du marteau de l'Ordre, le reste, suivant la déclaration du dit garde, a été abattu et vendu par ordre de feu monsieur d'Herboinville (commandeur de Saint-Mauvis) les dits arbres étant de valeur de quatre livres la pièce, nous avons trouvé qu'il en reste environ quatre cents de trois livres la pièce ; la basse futaye est de petite valeur par le deffaut du terrain où est situé le dit bois, et notre visite étant finie et le soir étant venu, nous nous sommes retirés à nos demeures. »
(Archives nationales, S, 5228, A, 23e liasse, n° 40)
Nous avons dit plus haut que le commandeur de Saint-Maulvis était seigneur en partie de Sainte-Segrée ; pour cette raison, il nous paraît utile de donner ici la liste des titulaires connus de cette opulente commanderie.
Commandeurs
1339. Thomas Follebarbe.
1357. Nicole Follebarbe.
1365. Jehan de Courchon.
1381. Jehan de la Vicogne.
1383. Nicole de Francqueville.
1409. Guillaume de Chalons.
1460. Jehan de Fay.
1468. Jehan de Salvi.
1495. Pierre d'Aubusson.
1510. Nicole de Montmirel.
1515. Philippe de Villiers-l'Isle-Adam.
1548. Jehan de Courtenay.
1566. Guillaume de la Fontaine.
1570. Louis de Mailloc.
1587. Oudart de Saint-Blimont.
1609. François de Pronville.
1630. Maximilien de Dampont.
1645. jean de Velu-Babi.
1650. Jean de Angorran de Claye,
1663. Claude de Saint-Phal.
1665. François de Broc Saint-Marc.
1674. Nicolas Sevestre de Cintray.
1689. Jacques de Bonneville.
1699. Louis Feydeau de Vaugien.
1709. Louis Louvet de Glisy.
1714. François Jérôme de la Chaussée.
1723. Jean-Baptiste d'Herbouville.
1735. Antoine-Henri de Villeneuve de Trans.
1741. Charles-Alexandre de Grieu.
1770. François le Bascle d'Argenteuil,
1783. Charles-Marie du Roux de Varennes.
Sources : L. Hodent. Le Cabinet historique de l'Artois et de la Picardie : revue d'histoire locale publiée avec la collaboration de membres de sociétés savantes, page 146 à 157, tome XIV. Abbevile 1899. - BNF
Saint-Maulvis (80)
La Commanderie de Saint-MaulvisDépartement: Somme, Arrondissement et Canton: Amiens - 80
Domus Hospitalis Saint-Maulvis
Le commandeur était seigneur de Saint-Maulvis, chef-lieu de baillie, ayant toutes justices sur 22 villages, plaids de quinzaine en quinzaine à Saint-Maulvis. Cette commanderie appartenait déjà à l'ordre de Saint Jean de Jérusalem avant 1179, elle était très importante et son chef-lieu consistait en un château de forme quadrangulaire, tenant lieu d'hôtel seigneurial, avec dépendances, écuries, étables et jardins, le tout entouré de murailles en pierre de taille. Cet enclos renfermait l'église, le cimetière et 22 journaux de terre, il tenait à la rue Normande, à la mare Hénocq, à la rue de la Maladrerie et à la rue de l'église vers Epaumesnil.
Durant la guerre de Cent ans Saint-Maulvis fut entièrement détruit et brûlé, à l'exception de la forteresse occupée par des « gens d'armes » (1350), en sorte que le pays resta inhabité pendant seize ans. Les revenus de la commanderie s'étant considérablement amoindris, le Grand prieur de France, Guillaume de Mailloc, pour remédier à cet état de choses, convoqua, en 1357, un chapitre général à Paris et il fut décidé qu'on donnerait à frère Nicolas de Follebarbe la jouissance de la commanderie pour dix ans, « moyennant 1000 livres une fois payées, et une redevance annuelle de 18 livres, 10 sols tournois, pour tailles et pitances » Nicolas de Follebarbe concéda pour neuf ans à Jean des Janvis le droit de quêter, appartenant au bailliage « pour les grans pènes, travaulx et missions soutenus pour garder ce droit », à la charge de payer 30 livres tournois de rentes annuelles (27 juin 1357).
Nicolas de Follebarbe mourut avant de s'être acquitté de sa mission et fut remplacé par Jean de Courchon.
En 1373, le revenu global de la commanderie s'élevait à 854 livres, 17 sols parisis, entièrement absorbés par les charges et l'entretien de cinq frères (206 livres pour Saint-Maulvis seulement). A cette époque, les terres du domaine consistaient en 400 journaux, rapportant 3 sols du journal ; au XVIIIe siècle, elles étaient diminuées de moitié elles étaient situées aux lieux dits la Caurroie, le bois Ferret Jean de la Vicogne ayant succédé à Jean de Courchon, eut le « vacant » pour une année à la condition de pourvoir à tous les frais, d'entretenir vingt bêtes à laine « desquelles bestes les laines seront à son proffit et les corps desdites bestes demeureront à la volonté du Grand prieur, de laisser VI pourceaux surannez, IIII truyes, 1 ver et XVI autres pourceaux aagiez de demi an ou de plus, VI vaques, II génisses, I tor et une autre aumaille au lieu de tor si tor n'y avoit, IX jumens enharnaquez de carrue, de fers, de traits, de coliers, et 11 cars avec une autre jument desharnaquie », en un mot de laisser toutes les choses qu'il avait trouvées.
Le même document nous apprend qu'à cette date (1380), il en coûtait pour le « vivre et entretiennement de V frères et II donnés, pour chascune personne XII deniers le jour, valent VIxx VI livres, pour robes et nécessitez, pour chascun VIII livres, somme LVI livres. »
Membres
Les membres dont se composait la commanderie de Saint-Maulvis étaient, au XIIIe siècle:
Nesle-l'Hôpital
Yzengremer
Vraignes
Camps
Hescamps
Romescamps
Sarnois.
A la chute des Templiers, s'ajoutèrent:
Les Rosières et Brocourt (27 avril 1313).
Homescamps avait été légué à la commanderie par Perotte de Lignières, qui laissa en outre aux frères « son corps et ses biens » (2 avril 1254).
Revenus
Les revenus de la commanderie s'élevaient:
En 1583, à 4.800 livres.
En 1668, à 9.396 livres, 6 sols, 3 deniers.
En 1787, à 23.402 livres.
En 1748, il y avait un fermier de la basse-cour du château.
Commandeurs
Les principaux commandeurs sont le chevalier:
Jean du Fay, qui fit faire un censier pendant la trêve entre le roi de France et les Anglais octobre 1447)
Pierre d'Aubusson, qui devint grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et se signala au siège de Rhodes (1480), ou il reçut cinq blessures le pape Innocent VIII lui décerna le titre de « bouclier de l'Eglise » et lui donna la pourpre romaine, pour le récompenser de ses services.
Philippe de Villiers de l'Isle-Adam, mort à Malte en 1534, nommé commandeur en 1510 ; au décès de Nicole de Montmirel, il vainquit la flotte du Soudan d'Egypte, fut nommé grand prieur de France, puis grand maître de l'ordre, en 1521 il se rendit célèbre par sa belle défense de Rhodes contre Soliman.
Jean de Courtenay (1548)
Louis de Mailloc (1570).
Claude de Saint-Phal (1663),
François de Broc Saint-Marc (1665).
Louis Feydeau de Vaugieu (1699).
Charles-Alexandre de Grieu (1741).
Charles-Marie du Roux de Varennes (1783-1791), dernier commandeur.
Fiefs
Il y avait à Saint-Maulvis un fief très important, appelé le fief de l'Hospital, relevant de Wiry. Il appartenait dès le XIIIe siècle à la famille Sarpe, qui eut pour représentant Bernard en 1302 ; ses descendants conservèrent la seigneurie jusqu'à Enguerran, dit Cugnard, dont la fille, Antoinette, épousa, en 1466, Jean de Biencourt, seigneur de Poutraincourt. Ce dernier, à la mort de son beau-frère, Antoine, reçut le fief de l'Hospital et quatre autres petits fiefs en avancement d'hoirie (1e mai 1481), à la charge de foi et hommage, de 60 sols parisis de relief, 20 sols de chambellage, aide, quint et requint, envers l'ordre de Saint Jean de Jérusalem.
Ses successeurs furent constamment en lutte avec les commandeurs pour l'exercice de certains droits seigneuriaux ; de nombreux procès naquirent, qui furent toujours au désavantage de la famille de Biencourt.
Le fief de l'Hospital consistait en un manoir seigneurial, existant déjà en 1440, reconstruit en 1540 et détruit au XVIIIe siècle ; il était bâti sur 6 journaux d'enclos ; ses dépendances comprenaient un pré, appelé le petit pré ; 34 journaux de terre, dont 15 au lieu-dit le Val de Meige, 6 prés d'une contenance totale de 10 journaux environ, des droits et censives sur 8 masures construites sur 10 journaux, le tout pouvant rapporter, au XVIIe siècle 171 livres, 8 chapons, 6 poules.
La famille de Biencourt conserva jusqu'à la Révolution ce fief important avec quatre autres petits fiefs, parmi lesquels se trouvent le fief Féret, le fief Wiry et le fief d'Avoine, qui relevaient de Wiry. Cette famille était autorisée à jouir de la chapelle se trouvant dans le chœur de l'église, du côté de l'épître, sans avoir le droit d'y mettre ses armoiries l'eau et le pain bénits lui étaient présentés après le commandeur. Charles de Biencourt ayant fait élever sur la place de Saint Maulvis un poteau à carcan, un arrêt du Grand Conseil en ordonna la suppression (1740).
Le fief de Saint-Maulvis, dans lequel il faut voir, très probablement, le fief de l'Hospital, fut acquis en octobre 1231 par Jean de Picquigny, seigneur de Fluy il était à Florimond de Biencourt en 1557.
Un fief, qui doit être le même que le précédent, fut acheté, en avril 1291, par Jean de Briquemesnil.
Petit fief à Lionnel du Hamel en 1557.
Fief à Robert d'Yseu, qui le vendit le 13 juin 1354.
Fief du Fresne Bacquet, tenu d'Airaines, à Charles Jolly, en 1678.
Fief Belleperche à Quentin d'Aigneville en 1557 à Nicolas, en 1600 puis à son neveu, Antoine d'Aigneville; à N. d'Halloy d'Andainville, au XVIIe siècle.
Fief tenu du seigneur de Fresnoy, à Ferdinand de Beaurain en 1749.
Petit fief à Claude d'Aigneville, qui le vendit le 18 janvier 1542 à Nicolas de Fontaines, seigneur d'Etréjust.
Fief à Madeleine Levasseur, puis à Claude-François Creton, son neveu, président au grenier à sel d'Amiens (1756).
Fief de l'ancien moulin d'Avesnes, tenu de Picquigny on trouve aussi le fief du Vieux moulin d'Avesnes, relevant d'Avesnes-Chaussoy (1687).
Fief de Riazoire, tenu de Saint-Maulvis.
En 1337 on mentionne Hue, châtelain de Saint-Maulvis.
L'église, du XVIe siècle, compromise par des travaux maladroits exécutés en 1776, s'écroula en 1845 à l'exception du clocher et du choeur ; le clocher est une des plus magnifiques tours de la contrée sa hauteur a été malheureusement réduite à plusieurs époques par suite d'ouragans ou de coups de foudre ; il est du commencement du XVIe siècle, de forme carrée, bâti en pierre du pays, muni de puissants contreforts qui montent jusqu'à sa toiture, et de cinq larmiers gothiques, contournant les contreforts.
L'étage inférieur de la tour est voûté sur croisée d'ogives. Le portail, du XVIe siècle, a sa porte en deux ventaux séparés par un trumeau, avec linteau en anse de panier, et surmontée d'un tympan, qui est décoré dans le style et était orné autrefois de statues de chaque côté se voient des dais sculptés les baies ont conservé leurs meneaux ; une tourelle, placée à un angle de la tour, sert d'escalier.
Le chœur resté debout, après la chute de la nef, se termine en abside demi-circulaire.
A l'intérieur, on remarque une cuve baptismale du XVe siècle en pierre du pays, un bénitier en pierre du XVIIIe siècle, représentant un ange déroulant entre ses mains une banderole.
Les boiseries du chœur sont du XVIIe ; siècle le maître-autel est de la même époque.
Dans la sacristie un meuble porte une croix de Malte.
L'église servait de sépulture à la famille de Biencourt et aux commandeurs et chevaliers de Malte sous ; le clocher une pierre tombale du XIIIe siècle très fruste recouvre le corps de Jean de Mende, hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem.
A l'entrée du cimetière se voit une gargouille sculptée très ancienne.
Lieux-dits
Les Courts Jains, la Corroy, le Moulin Féret, la Fosse de Devins, la Motte, les Terres Halloy, la Justice, le Bois Rasoir ; les rues Normande, du Quartier du Roi, de la Maladrerie, des Carrons.
Sources bibliographies.
Archives nationales M. M. 32, f° 155. Archives de la Somme, B 39, B 126, B 137, B 265, B 384, B 641, C 1858, C 2011, C 2078, C 2136, folios 58, 176, E 143 ;
Terrier de Saint-Maulvis juin 1699.
Bibliothèque communale d'Amiens, Arrêt de Parlement sur les droits honorifiques à Saint-Maulvis, 1700, Histoire 3594, n° 38.
Etat des fiefs de Picardie, Bibliothèque de la Société des Antiquaires de Picardie, manuscrit t I, 9, page 106.
Sources : Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie. BNF
Hornoy-le-Bourg
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Hornoy-le-Bourg - 80
Domus Hospitalis Hornoy
La seigneurie était possédée au XIIe siècle par la maison des Templiers d'Hornoy, succursale de la riche et puissante commanderie de Saint-Maulvis (Hospitaliers).
Brocourt
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Hornoy-le-Bourg - 80
Domus Hospitalis Brocourt
Après la suppression de l'ordre du Temple, en 1307, les biens de la succursale d'Hornoy furent donnés en partie aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui établirent une maison à Brocourt.
Plus tard, cette seigneurie, tenue du roi, comte de Ponthieu, fit partie des vastes domaines de l'abbaye de Sainte-Larme de Selincourt.
Brocourt et Saint-Jean-les-Brocourt
Calonne, Charles-François
Le 15 octobre 1744, parvint aux plus hautes dignités de l'ordre de Malte, dans lequel plusieurs de ses ancêtres avaient figuré avec distinction.
Successivement pourvu des commanderies de Villedieu et de Soissons, il venait d'être nommé bailli de l'Ordre quand éclata la Révolution.
« Tout le terroir de Brocourt ne contient qu'environ 285 journaux de terre, dont 116 environ en bois, le reste en terre labourable, dont 75 journaux à la seigneurie en domaine ; 8 maisons et 5 manoirs tenus en censives ; le reste des maisons et des manoirs tenus de la commanderie de Saint-Maulvis, avec environ 107 rasières de terres labourables, tenues de ladite commanderie »
Laboissière
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Hornoy-le-Bourg - 80
Domus Hospitalis Laboissière
Ce village, d'une superficie territoriale de 321 hectares, se trouve à seize cents mètres de la source du Liger. Placé sur le versant méridional de ce cours d'eau, Laboissière ne s'aperçoit qu'à une très petite distance, caché qu'il est par les bois qui l'environnent presque de tous côtés ; ces bois occupent une surface de 46 hectares. On compte 80 hectares de terre labourable et 40 hectares d'herbages.
Le nom de ce village paraît appartenir aux derniers temps du moyen âge ; il est formé de Buxus combiné avec le suffixe Aria.
La cour de Laboissière, consistant en un manoir, soixante-quatorze journaux de terre en domaine, plusieurs terres en la main du tenant, faute d'hommes, sept journaux de bois appelés le Plouis, cent trente journaux de bois en deux pièces, dix ou douze journaux de bruyères ou pâtures où les habitants de Laboissière avaient le droit de faire pâturer leurs bestiaux.
1164, La Bossere.
1234, Buisseria.
1247, Buxeria.
1247, La Buxiere.
Lincheux-Hallivillers
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Hornoy-le-Bourg - 80
Domus Hospitalis Lincheux
Louis-Charles-Michel de Biencourt, marquis de Poutrincourt, baron de Mesniéros, seigneur de Lincheux, grand bailli d'Ardres et du comte de Guines, épousa le 10 février 1768 Adélaïde-Geneviève-Émilie Lucas de Boucout, dont il eut : 1° Charles-Nicolas, qui suit ; 2° Charlotte-Éléonore, femme du comte de Poix.
C'est Louis-Charles-Michel qui fut parrain de la cloche de Lincheux en 1772. On trouve dans le P, Daire qu'il avait été « évincé » de la seigneurie de ce lieu par le commandeur de Saint-Maulvis ; d'un autre côté, on voit dans l'État général de l'ancien diocèse d'Amiens, de M. P. de Cagny, qu'en 1772 la terre de Lincheux appartenait à la commanderie de Saint-Maulvis ; nous allons voir que le fils du marquis de Poutrincourt possédait encore la ci-devant seigneurie de Lincheux en 1818.
Villedieu-la-Montagne
Département: Seine-Maritime, Arrondissement: Dieppe, Canton: Haucourt - 76
Domus Hospitalis Villedieu-la-Montagne
Avant la Révolution, Laboissière, de l'ordre de Malte, était du diocèse de Rouen, du doyenné d'Aumale et dépendait de la commanderie de Villedieu-la-Montagne. Depuis 1821, cette paroisse est réunie à Guibermesnil pour le spirituel.
Neuville-Coppegueule
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Beaucamps-le-Vieux - 80
Domus Hospitalis Neuville-Coppegueule
Il se trouve trois bois sur le terroir de ce village :
Le bois de la Neuville, de 17 hectares.
Le bois de la Commanderie, de 60 hectares.
La forêt d'Arguel, de 190 hectares.
Les prairies naturelles occupent une étendue de 31 hectares.
Les larris communaux, de 22 hectares.
Les terres labourées, de 500 hectares.
Les pommiers à cidre, dont le nombre s'accroît sans cesse, produisent, année moyenne, 3,000 hectolitres de pommes.
Il ne se trouve que quatre rues à Neuville, qui sont : la rue de l'église, la ruelle, la petite rue et la rue des chasse-marées ; cette dernière fait suite au chemin de Saint-Léger-le-Pauvre, sur une ancienne chaussée allant de la mer à Paris-et très fréquentée pour le transport du poisson du Tréport à la capitale.
On a découvert en plusieurs endroits du terroir des haches et instruments en silex de l'époque néolithique.
Il est encore facile de voir aujourd'hui dans le bois de la Commanderie les ruines d'une ferme qui aurait, paraît-il, appartenu aux Templiers. Il y a quelques années, on voyait dans la vallée les fondations de l'ancienne église.
1301, La Haute-Neuville.
1483, Noeufville-sous-Saint-Germain.
1456, Noeuville près Senarpont.
1507, Neufville-sous-Bresle.
1657, Neufville-sous-Bresle.
Gouy-L'Hôpital
Département: Somme, Arrondissement: Amiens, Canton: Hornoy-le-Bourg - 80
Domus Hospitalis Gouy-L'Hôpital
D'après le P. Daire, le surnom de ce village vient vraisemblablement de ce qu'il appartient à l'ordre de Malte, dont le fermier était chargé par son bail d'héberger les pauvres passants (1) »
1. Le Doienné de Picquigny, publié par M. J. Garnier.
« La dîme était autrefois partagée par moitié entre le commandeur de Saint-Maulvis et le curé du lieu. Elle appartenait tout entière à la commanderie. »
En marge de l'Extrait délivré par le bureau diocésain, on lit : « Cette cure est à la nomination de Malte. Elle refuse à présent de payer les décimes ; pour quoi il y a instance »
En 1507, d'après M. de Belleval, la seigneurie de Campsart était un membre de la commanderie de Saint-Maulvis, de laquelle elle était mouvante ; mais nous pensons qu'il y avait deux seigneuries distinctes.
En 1702. André, conte de Senarpont, chevalier de Malte, inhumé dans l'église de Senarpont, le 20 novembre 1702.
Sources : Ledieu, Alcius. La vallée du Liger et ses environs, Paris 1887. BNF