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Commanderies de l’Ordre de Malte
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Commanderie de Latronquière

Département: Lot, Arrondissement et Canton: Figeac - 40

Latronquière
Domus Hospitalis Latronquière

Origine de la commanderie
L’auteur du Dictionnaire des Communes du Lot (1) s’exprime ainsi à l’article Latronquière : « Une commanderie de l’Ordre de Malte existait autrefois à Latronquière. Elle aurait été fondée dans cet endroit pour protéger les voyageurs et les pèlerins contre les brigands qui infestaient la contrée. »
1. Cahors 1881, imprimerie Laytou.

M. Combarieu, d’ordinaire affirmatif, s’exprime ici, on le voit, sous une forme dubitative. Aucun document, il est vrai, ne nous fixe sur la fondation de la Commanderie, à telles enseignes que l’indication donnée par le savant auteur du Dictionnaire des Communes nous semble avoir pour cause la fausse étymologie prêtée à Latronquière et que nous croyons avoir réduite à sa valeur.
Peut-être l’événement historique que nous allons rapporter aurait-il indirectement servi de base à cette doctrine.

« Le 2 février 1230, dit Guillaume Lacoste dans son Histoire du Quercy, Raymond IV, vicomte de Turenne, fit à Rocamadour une ligue ou traité de confédération, conformément aux décrets du concile de Toulouse, avec les consuls de Cahors, de Figeac, et les seigneurs de Castelnau, Thémines, Cardaillac, Anglars, Faycelles, Mialet, Fons, Assier, Livernon, Saint-Cirgues, Caumont, châtelain de Sousceyrac, etc., etc. »

« Un des effets de cette ligue fut de purger le pays des Routiers qui, s’étant rendus maîtres d’un grand nombre de forts du Bas-Limousin et du Haut-Quercy, ravageaient les campagnes, pillaient les églises et les monastères et poussaient leurs brigandages jusque dans les bourgs et dans les villes. »

Suivant toutes probabilités, les Hospitaliers possédaient déjà le château de Latronquière, puisque, vingt-cinq ans seulement après, le précepteur du lieu recevait donation d’un mas. Ce qui tend à le démontrer, c’est que si ce fort avait été la propriété d’un seigneur, ce dernier serait entré dans la ligue organisée contre les Routiers.
Or, il n’en est pas fait mention. Les Hospitaliers eux-mêmes n’y sont pas désignés parce qu’ayant pour principe de se tenir à l’écart de tous démêlés intérieurs, ils ne pouvaient y prendre part.

Bien que l’historien que nous venons de citer soit muet sur le château de Latronquière dans le cas qui nous occupe, il est logique de penser que la petite citadelle tomba au pouvoir de ces bandes, très redoutables si l’on en juge par l’importance des mesures qu’elles provoquèrent. Mais puisque la ligue dont elles avaient nécessité la formation les réduisit à l’impuissance, il n’y a guère lieu de supposer que la préceptorerie ait été fondée à la suite de leur disparition.

En d’autres termes, en admettant que la fondation de la commanderie ait eu pour cause celle indiquée par le Dictionnaire des Communes, cette fondation remonterait à une époque antérieure à 1230. C’est du moins ce que nous jugeons nous même, comme on va le voir.

Essayons de démêler la vérité :
L’acte le plus ancien que nous ayons analysé remonte, disons-nous, à 1255, époque à laquelle noble Géraud de Vaze fit, en faveur du précepteur (1) de Latronquière, donation du mas de Contensonzas, de la paroisse de Gorses. Toutefois ni cette pièce ni les divers papiers du dossier de la commanderie ne nous autorisent à assigner une date déterminée à l’origine de son établissement.
Nous savons d’ores et déjà qu’elle existait au milieu du XIIIe siècle, et c’est tout.
1. Nous avons dit que le précepteur s’appela plus tard commandeur. Ces deux termes sont donc synonymes.

D’un autre côté, si l’on observe à la fois que la presque totalité des bénéfices appartenant à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem provenaient de donations faites par les gentilshommes qui couraient à la délivrance du tombeau du Christ ; que le plus grand nombre de ces donations remonte au temps des premières croisades, où l’enthousiasme de la foi chrétienne entraîna en masse vers Jérusalem la noblesse de France, qu’enfin la commanderie de Latronquière jouissait du titre perpétuel dé baronnie, il nous parait naturel de faire la déduction suivante :
La Commanderie de Latronquière a dû être fondée, aux XIe ou XIIe siècles, à la suite de la donation d’un seigneur de l’endroit qui était baron.

Revenons maintenant à l’hypothèse formulée par l’auteur du Dictipnnaire des Communes.
A notre avis elle n’est point justifiée ; en voici les raisons.
Quelle était la mission des Chevaliers de St-Jean résidant en France. ?

Elle consistait principalement à protéger les pèlerins, les héberger, faciliter leur départ pour Jérusalem et leur retour de cette ville lointaine, en outre à envoyer le plus possible de secours en hommes et en argent aux armées de la Terre Sainte.

Pour ce qui est des voyageurs ordinaires des grandes routes, il est à peine besoin de dire que les Hospitaliers n’avaient pas à s’en préoccuper et que si, d’aventure, ils les défendaient des brigands, ce n’était que dans les cas isolés où les attentats étaient commis sur le territoire de leurs Commanderies. Nos religieux eussent été mal venus, du reste, à empiéter sur les prérogatives d’autrui dans les questions de police du royaume, à une époque où le droit de justice était difficilement abandonné de ceux qui l’exerçaient. En outre, ce soin plein de difficultés les eût détournés de leur objectif bien précis : la délivrance du tombeau de Jésus. Or, l’on sait qu’ils étaient et ne voulaient être que soldats du Christ.

Quant à ce qui touche à la protection des pèlerins, nous croyons pouvoir démontrer que la Commanderie de Latronquière n’a pas été fondée dans le but de veiller à la sécurité de ces pieux volontaires.

Les biens mobiliers et immobiliers des Hospitaliers étaient, comme nous l’avons vu, le résultat de donations. Ils jouissaient leurs résidences presque toujours telles qu’ils les avaient reçues de leurs bienfaiteurs, soit puissamment fortifiées, soit ouvertes à l’instar de maisons bourgeoises. Ou bien lorsque parfois ils fondaient un établissement, ce n’était qu’aux abords des routes ou des fleuves suivis par les Croisés.

Ceci étant admis, il est juste de rappeler que le château de Latronquière avait un caractère féodal avec ses trois tours massives, ses fossés et ses épaisses murailles. Doit-on en conclure qu’il fut ainsi construit afin d’opposer une résistance sérieuse à la bande de brigands dont il est parlé ? Assurément, non.

D’abord Latronquière n’était pas un lieu de passage pour les pèlerins qui se dirigeaient vers l’Orient, car en dehors de ses mauvais sentiers de campagnes, cette localité n’était traversée que par une voie romaine vieille de plus de mille années. On aurait peine à admettre que cette route pavée fut fréquentée des croisés qui gagnaient les côtes du midi de la France pour s’embarquer à destination de l’Orient.

En effet, la voie romaine de Cahors à Gergovie et Clermont passait, suivant M. Castanié, à Laniothe-Cassel, Labastide-Murat, Rueyres, Terrou, Gorses, puis Latronquière, pénétrait dans le Cantal d’où elle se dirigeait vers Clermont ; si bien que si l’on en prolonge les deux extrémités, la ligne droite ainsi tendue va, au Nord-Est, se perdre dans la Lorraine et au sud dans les Pyrénées, plutôt du côté de l’Océan que de celui de Marseille. Les pèlerins qui l’auraient suivie dans le but de gagner la Palestine auraient donc marché en hommes complètement désorientés et dépourvus des notions les plus élémentaires.

D’ailleurs, il suffit d’un coup d’œil jeté sur la carte de France pour se rendre compte de ce fait : que la voie romaine qui nous occupe était parallèle pour ainsi dire à la ligne des côtes méditerranéennes les plus rapprochées de notre contrée, ce qui nous amène à déduire que si elle était encore dans un état de viabilité convenable, elle ne pouvait être fréquentée d’autres pèlerins que ceux de Rocamadour, assez indifférents aux chevaliers de St-Jean de Jérusalem, comme étrangers à leur mission.

En résumé des considérations qui précédent, nous concluons :
1° Que l’étymologie de Latronquière en tant que tirée des mots latins latronum quies est inadmissible.
2° Que la commanderie qui existait sur ce point avait été fondée vers les XIe ou XIIe siècles grâce à une donation consentie aux Hospitaliers par le seigneur du lieu, baron de Latronquière.
3° Qu’il y a lieu de rejeter les autres hypothèses comme ne résistant pas suffisamment à un examen sérieux.

Améliorissements
La Commanderie de Latronquière s’étendait sur un territoire relativement vaste. Elle comprenait les entières paroisses de Latronquière, Gorses et Bouxal, empiétait sur celles de Sénaillac Lauresses, Saint-Cirgues, Sabadel et Ste-Colombe, et possédait des rentes éparses sur plusieurs autres points du Haut-Quercy, de l’Auvergne et du Rouergue.

En outre, vers la fin du XVIIIe siècle, l’Ordre de Malte lui adjoignit la Commanderie de Drulhe, qui augmenta considérablement ses revenus.

Plus loin nous entrerons dans le détail des possessions terriennes et des dîmes de toute sortes prélevées par le commandeur, mais il nous semble préférable de mettre à jour, auparavant, certaines particularités susceptibles d’intéresser.

C’est ainsi qu’il n’est pas sans utilité d’examiner les procès-verbaux de visite ou améliorissements de la commanderie, dressés aux XVIIe et XVIIIe siècles, et d’en extraire toutes les données bonnes à retenir.
Qu’entendait-on par améliorissements ? Nous allons tâcher de le définir.

A des intervalles inégaux, l’Ordre de Malte envoyait dans les commanderies des commissaires, presque toujours choisis parmi les religieux, et chargés d’examiner les réparations à faire soit aux résidences des commandeurs, soit aux diverses constructions telles qu’églises, chapelles, châteaux, manoirs, moulins, clôtures des champs, prairies, etc., etc. Ces délégués, en cas de contestations avec les débiteurs de rentes, traçaient au besoin la conduite à tenir, décidaient de transiger ou d’intenter une action en justice. En un mot, ils étaient investis de pouvoirs suffisants pour veiller efficacement à la sauvegarde des intérêts généraux de la communauté. Le résultat de leur enquête était consigné dans un mémoire remis au commandeur qui devait exécuter les travaux indiqués et se conformer aux prescriptions renfermées dans ce document, dans un délai proportionné à l’importance des ordres à accomplir.

Donjon du château
Au second plan, derrière le guide, la base du donjon de l’ancienne commanderie

Ce délai expiré, le Grand-Maître ou le Chapitre provincial désignaient tantôt un, tantôt deux commissaires, pris le plus souvent parmi les Chevaliers, et qui avaient la mission de s’assurer que les commandeurs s’étaient conformés aux injonctions reçues précédemment. En même temps, ils vérifiaient la gestion des commandeurs, le renouvellement des rentes, recevaient les doléances, dressaient l’inventaire du mobilier, etc.
L’ensemble des renseignements relevés par eux était noté dans un rapport qui prenait le titre d’améliorissements ou améliorations faites à la commanderie.
L’original de cet acte était déposé aux archives de l’Ordre de Malte.

Nous avons trouvé sept procès-verbaux d’améliorissements. Ils sont datés des années 1632, 1676, 1686, 1708,1720, 1744 et 1750.
Comme il est facile de se l’expliquer, certains détails, tels que l’inventaire des ornements d’église, nomenclature des villages, formules consacrées, se reproduisent dans tous. Désireux d’éviter des longueurs fastidieuses, nous avons décidé de rejeter tout ce qui nous a paru constituer des redites. Toutefois, afin que l’on pût rapprocher l’état de la commanderie aux dates extrêmes (1632 et 1750) c’est-à-dire à cent dix-huit ans d’intervalle, nous transcrivons la plus grande partie du premier améliorissement et le dernier in extenso

Améliorissements de 1632
La première visite dont la relation écrite se soit conservée date du 22 octobre 1632.
A ce moment, le grand prieur de Toulouse est commandeur de Latronquière (1).
1. On voit par-là que le même chevalier cumulait parfois plusieurs fonctions.

En son absence, les chevaliers de Thégra et d’Andigier Saint-André requièrent le sieur d’Alluys, son neveu et fondé de pouvoirs, de leur exposer la situation de la commanderie.
D’Alluys dit entre autres choses (nous relevons les points essentiels) :
« Le commandeur perçoit cinq sols pour cent sur le bétail de laine allant paître à la montagne (2). »
2. Aujourd’hui encore les éleveurs des causses de Livernon et Gramat conduisent, au printemps, de grands troupeaux de moutons dans les pacages d’Auvergne. Le plus grand nombre passe à Latronquière. C’est sur ces animaux que l’on prélevait jadis le droit ci-dessus de cinq sols par cent têtes.

« Les habitants de la baronnie sont tenus de garder le château tant de nuit que de jour.
Le commandeur possède une chapelle au bas du château et qui sert d’église aux habitants.
Le tonnerre étant tombé sur la tour, la foudre emporta partie du couvert qui était en tuiles à crochet.
Nous avons fait faire à neuf la porte de la prison, et fait fermer à chaux et à sable la porte d’une autre prison près de la tour ronde...
Les habitants de Latronquière s’étant plaints à M. l’Evêque de Caours d’avoir point d’église, ledit sieur évesque ordonna que l’église serait ruinée et rebastie au lieu où elle estait antérieurement ; à quoy satisfaisant, nous avons fait publier qui voudrait-entreprendre ladite église et que nous la donnerions au dernier enchérisseur. Sur quoi, Me Pierre Richard, du lieu de Lugan, ayant fait le meilleur prix, il lui a été donné la somme de 550 livres avec engagement par nous de lui fournir tous les matériaux ; et, pour la manœuvre, les paroissiens du dit lieu y sont obligés. Plus il a été donné, pour la chaux et extraction de la pierre nécessaire, 200 livres. »

« Avons fait faire une grange dans le pré dudit seigneur commandeur, longue de 10 cannes, large de 4, avec grand étable dans lequel on peut loger 20 grosses bêtes à cornes.
Avons fait renouveler les recognaissances de la baronnie, comme en témoigne un extrait contenant 200 feuillets signés par le notaire de Latronquière, lequel extrait nous déposerons aux archives de Toulouse. A ce travail il a été vaqué cinq ou six mois et dépensé plus de 600 livres (1). »
1. Cette pièce, qui était très intéressante, a été malheureusement perdue. L’inventaire des archives de la commanderie porte qu’elle a été égarée dans un atelier de reliure de Toulouse.

« Du temps de M. le commandeur de Montmorency, les prêtres courdilliers de la ville de Figeac firent condamner les habitants du village de Lasbareilles (paroisse de Sénaillac), à les recognoistre et à leur payer la rente, ce que ledit village faisait ; duquel village ils avaient joui six ou sept ans, jusqu’à ce qu’il vint à notre cognoissance que ledit village dépendait de la baronnie de Latronquière, ce qui nous obligea incontinent de les mettre en instance ; et, par jugement, le dit village fut adjugé à la commanderie ; auquel jugement toutes parties ont acquiescé. Ledit village donne en rentes 4 septiers seigle, mesure de Figeac et quelque peu d’avoine avec quelques volailles. De plus a ledit sieur commandeur juridiction haute, moyenne et basse sur le village de Lasbareilles (2), ainsi qu’il est prouvé par de vieilles et modernes recognoissances et surtout par celle passée l’année dernière. Coût du procès 100 livres. »
2. Village de la paroisse de Sénaillac, près Latronquière.

« De plus avons poursuivi jugement et arrêt de la cour du parlement de Tholoze, contre les habitants du village des Prats, la Vigeyrie (3) et Bouxal qui voulaient se faire dispenser de la rente, disant qu’aux anciennes recognoissances la rente n’était pas si grande. Lesdits habitants ont été démis de leurs requestes conformément à leurs recognoissances. Le procès a coûté 100 livres. »
3. Villages de la paroisse de Bouxal.

« Les habitants de Salacroup (paroisse de Gorses) ayant formé pareille instance disant qu’ils étaient surchargés de rentes et que, par une vieille recognoissance qu’ils avaient, ils debvaient un septier de moins, ils ont été démis de leurs requestes. Coût du procès : 100 livres. »

« De plus, nous avons fait notre possible pour que la justice fût bien rendue. Une femme nommée Catherine de Fonon, du présent lieu de Latronquière, ayant étouffé un enfant qu’elle avait fait, nous l’avons fait condamner par les officiers dudit seigneur commandeur à estre pendue figurativement, s’estant évadée. Pour quoy avons dépensé 60 livres. »

« De plus, un habitant du lieu de Latronquière, accusé de divers larcins, fut constitué prisonnier dans le château, et des quelles prisons s’évada deux fois, et ayant été repris fut condamné par les dits officiers au fouet et à la galère, et par après ayant été conduit à la cour du parlement de Tholoze, il a été condamné par arrest d’icelle aux galères pour six ans. Coût de la procédure, plus de 150 livres. »

Reconstitution du Château de Latronquière

Meubles du château
« Le sieur d’Aluys dit avoir trouvé dans le château :
Trois méchantes tables.
Deux sur tréteaux.
Une perchée d’oiseaux (1)
Deux méchants chenets.
Une maie à pétrir le pain.
Trois méchants archelits.
Un matelas plume.
Deux couvertes blanches, une assez bonne, l’autre usée.
Un petit coffre usé avec sa clef et serrure.
Une méchante litoche.
Deux bariquots gâtés.
Une barique démontée sans fond.
Six plats.
Six assiettes d’étain.
Six serviettes.
Un autre petit coffre sans clef ni couverture, fort vieux.
Deux mousquets (2).
Une arquebuse à rouet (3), le bois rompu, la culasse du canon rompue, le tout démonté et certaines pièces rompues.
Deux méchantes arquebuses à l’abandon, vieillies.
Six bandoulières de mousquet.
Lesquels meubles lui consigna M. Dandigé, lorsqu’il vint prendre possession de ladite commanderie.
1. Piège à oiseaux (Dict. Littré).
2. Le mousquet avait fait son apparition dans l’armée française sous Charles IX, qui en arma ses gardes en 1567 (Théruel, Dictionnaire des institutions de la France).
3. L’usage de l’arquebuse est antérieur à celui du mousquet.


« Ledit procureur ajoute avoir fait porter de Lugan, membre dépendant de la commanderie, les meubles ci-dessous, pour s’en servir, savoir :
Six linceulx.
Sept serviettes,
Six plats.
Six assiettes.
Deux couvertes blanches, l’une assez bonne, brûlée à un petit endroit, l’autre fort usée.
Deux petits couteaux.
Deux nappes grossières.
Une couate plume et un traversin de même.
Une méchante paillasse. »

Mobilier de l’église
« Dans la chapelle : un tableau sur l’autel où est peint Notre Sauveur crucifié ; l’autel garni de trois nappes, deux missels, deux chasubles bonnes, l’une de camelot rouge avec son étole et manipules, garnie de passements rouges, doublée de camelot noir avec des passements blancs pouvant servir aux messes des morts ; deux aubes, l’une de toile fine et l’autre de toile commune, deux calices d’étain, un neuf et l’autre vieux, une paire de corporaux, un voile de calice de taffetas rouge, une paire de burettes d’étain, une paire de chandeliers, une croix de laiton doré, un surplis de toile fine, les fonts baptismaux avec leur bassin de cuivre couvert, en fort bon état, une crémière pour tenir les saintes huiles, un custode pour tenir le Saint Sacrement, un te igitur, un rituel, une caisse pour lesdits ornements et autres choses nécessaires pour le service de l’église. »

« Le sieur d’Aluys dit ne posséder aucun titre dans le château mais qu’il y en a en quantité dans les archives de Tholoze de la mémoire desquels il est servi...... »

« Le même a mis le château en fort bon état, pourvu l’église des ornements nécessaires, fait construire une belle grange, bâtir l’église, renouveler les recognoissances. Pour cela a dépensé 3,600 livres ou davantage. »
« Signé : DE CASTELLANE D’ALUYS. »

Après avoir reçu du fondé de pouvoirs du Commandeur les déclarations qui précèdent, les deux chevaliers commis à cet effet se mettent aussitôt en mesure d’en vérifier l’exactitude. Ils inspectent d’abord le château, puis, accompagnés de M Gratacap, prêtre et recteur du lieu, et assistés de Jean Mèges, Jean Fourcat et Jean Fau, consuls catholiques, ils se transportent à l’église dont ils dénombrent les ornements.

M. Gratacap, interrogé sur ses paroissiens, dit que la plus grande partie des habitants ou pour le moins les principaux appartiennent à la religion prétendue réformées, et que ces derniers s’étant trouvés les plus forts pendant les troubles, s’étaient emparés du château, avaient abattu l’église paroissiale située au milieu du cimetière et n’en avaient même pas laissé les fondations. Il ajoute que le sr d’Aluys, neveu et procureur du commandeur, l’a rebâtie, mais que, n’étant pas couverte, on n’y peut encore célébrer la messe. Il attribue cette situation regrettable à l’incurie des habitants, qui n’ont pas « fourni la manœuvre nécessaire », malgré les plaintes adressées tant aux consuls qu’aux paroissiens intéressés. En attendant la confection d’une toiture, il continue à dire l’office divin dans la chapelle du château, amplement pourvue des ornements nécessaires.

Les chevaliers demandent ensuite à M. Gratacap s’il connaît le grand prieur, commandeur de Latronquière. A cette question le curé répond qu’il n’a jamais vu le commandeur d’Aluys, qu’il a ouï dire qu’il est resté longtemps à Malte, qu’il y a environ six ans, son neveu vint prendre, au nom du grand-prieur, possession de la commanderie, où il réside parfois cinq à six mois.

Après avoir consigné ces renseignements, les commissaires congédient M. Gratacap et prenant comme assesseurs les sieurs Jean Raussas, François Lavernhe, maîtres maçons, Joseph Marsal et Antoine Robert, maîtres charpentiers, et Jean Vermande serrurier, les interrogent sur la moralité du recteur spirituel, qui est reconnue excellente.

Eglise de Gorses
Département: Lot, Arrondissement et Canton: Figeac - 46

Le lendemain, 23 octobre, même visite à l’église de Gorses dont le commandeur de Latronquière est curé primitif. Les commissaires sont accompagnés de M. Lafon, recteur dudit lieu.
Il a été dépensé 1,700 livres en réparations à ladite église.
Le mobilier inventorié consiste en : un autel garni de trois nappes fines et paré d’un devant en cuir doré, un grand tableau où est peinte l’image de deux petits corporaux. Une autre nappe pour servir aux communiants, deux aubes, deux chasubles, l’une de damas blanc, l’autre de camelot rouge avec leurs étoles et manipules, plus deux surplis, un calice d’étain doré, fonts baptismaux avec bassin en cuivre, une crémière, deux missels, une croix, une lampe.
Les commissaires sont assistés de Antoine et Jean Vieilcanet, de Gorses.
Le soir, retour à Latronquière.

Eglise de Bouxal
Département: Lot, Arrondissement et Canton: Figeac, Commune: Montet-et-Bouxal - 46

Le lendemain, voyage-à Bouxal, « distant d’une lieue » Me Jean Lafargue est recteur. Visite détaillée comme à Latronquière et Gorses de l’église de Bouxal. Le commandeur en est curé primitif.
Poids de la cloche : deux quintaux et demi.
Voir sur la page de Wikipedia l’église de Bouxal

Castreneau ou Castelnau-Bretenoux
Département: Lot, Arrondissement: Figeac, Canton: Souillac, Commune: Prudhomat - 46
Le 25 octobre les chevaliers commissaires se rendent à Castreneau (1) où le commandeur de Latronquière possède certaines rentes de blé, de même qu’à Loubressac, Altouyre (2), Bretenoux, Freinies (3), Saint-Michel, Jaignac (4) et Saint-Martin-du-Bost (5).
Le montant total de ces rentes s’élève à la quantité de soixante septiers de tous grains, mesure de Castreneau, avec quelques noix et feboes et quelque peu d’argent, « le dit membre s’arrentant communément à cent cinquante livres »
Le commandeur y jouit aussi de droits de lods, d’acaptes, etc., sur diverses terres mais non sur aucune vigne.
Le sieur d’Aluys a fait renouveler les recognoissances de la commanderie par Udreyt, notaire à Latronquière, Molinier, notaire à Bretenoux, et Saupy, notaire à Saint-Céré.

Le même, au courant des recherches que ce travail a occasionnées, a trouvé de vieux titres de rentes qui n’avaient pas été payées depuis longtemps. Il les a fait renouveler, ce qui a augmenté le rendement dudit membre de Castreneau « de plus de quatre ou cinq septiers de bled annuellement »
1. Castelnau-Bretenoux.
2. Autoire.
3. Félines, commune de Prudhomat, canton de Bretenoux.
4. Sans doute Gagnac.
5. Saint-Martin-des-Bois, commune de Prudhomat.


Lugan
Département: Lot, Arrondissement et Canton: Figeac, Commune: Bagnac-sur-Célé - 46
Le jour suivant, 26 octobre, la vérification se poursuit a Lugan (5) « distant de Latronquière de cinq grandes lieues » Les commissaires sont toujours accompagnés du procureur et d’un notaire pris pour greffier.
5. Lugan, près de Montbazens, aujourd’hui dans l’Aveyron.

« Aluys a dit que son oncle, comme commandeur, est seigneur temporel et spirituel de Lugan, et en cette qualité prend la dixme de tous grains, carnelages et vin du lieu de Lugan, ensemble de Rulhe, annexe dudit Lugan ; qu’il est prieur primitif de l’un et l’autre et met aux dits lieux les recteurs ou vicaires perpétuels lorsque les cures viennent à vaquer, desquelles il a le droit de présentation à M. l’évêque de Rodez ; qu’il donne de pension au recteur cinq septiers bled froment, vingt septiers bled seigle, trois barriques de vin, le tout mesure de Lugan et vingt livres d’argent ; de plus il prend sur les paroissiens le droit de prémice (1).
1. Voir à la fin de l’histoire de la Commanderie, la définition des divers droits dont il est question au courant de notre étude.

Et, moyennant ce, le recteur est tenu d’avoir un autre prêtre et de faire le service divin, administrer les saints sacrements à ses paroissiens. Le commandeur donne en pension au recteur de Rulhe cinq septiers bled froment, vingt septiers seigle et trois barriques de vin, le tout mesure de Lugan ; et par-dessus sa pension le recteur prend la dixme des agneaux et quelque peu de foin que les habitants lui donnent gratuitement.
L’église de Rulhe est sous le titre de Saint Etienne, celle du Lugan sous le titre de Nostre Dame.

« Le commandeur est seigneur dudit lieu de Lugan, a toute juridiction, juge lieutenant et procureur d’office, greffier et bailli. Il lève plusieurs rentes sur Lugan tant en froment, seigle, avoine qu’en argent, le tout conforme aux recognoissances du lieu, vieilles et modernes ; il possède un jardin avec une petite terre joignant, de la contenance de deux restivaires (?) mesure de Lugan, un pré appelé lou Claous, contenant environ huit journées à faucher, plus un autre pré appelé lou prat long, contenant deux journées, plus un autre pré appelé de la Tourelle, de trois journées, plus autre pré appelé du Catals, de deux journées et demie, plus un bois appelé le bois du Lugan pour le chauffage, plus un étang appelé de Lugan lequel fait moudre un moulin appelé d’Yranauve. Ce moulin est possédé par Hugues Pégourié, qui donne une rente annuelle de onze septiers seigle et est obligé de moudre tout le bled pour le commandeur ou son fermier. Déplus, pour la conservation du poisson, le moulin doit chômer trois mois de l’année, au temps des eaux plus basses. Le commandeur est tenu d’entretenir la chaussée. Près du château, il y a une belle grange et au-dessous une écurie, plus une maison qui sert d’habitation au recteur. »

« Dans la juridiction de Malaville et Narines, le commandeur prend quelques rentes et censives avec le droit de lods, desquels il jouit paisiblement, plus quelques autres rentes au lieu de Gerboules. »
Sources : F. DE LAROUSSILHE : Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot. Tome 17. Cahors 1893. BNF

Latronquière, tome 18
Dénombrement des rentes
Les archives de Toulouse ne renferment aucune pièce relative aux rentes à payer au Commandeur par les divers fiefs de son bénéfice. Nous avons vu que le document volumineux où nous pouvions les retrouver a été perdu.

Heureusement, un registre des Ordinaires de Latronquière (1) renfermant les décisions rendues de 1741 à 1753, par les juges de la Commanderie, nous a permis de reconstituer en partie l’état des rentes incombant aux tenanciers des fiefs. Là, en effet, sont consignées les quantités exactes de grains, les sommes, etc., que les fermiers exigeaient des débiteurs retardataires. Or leurs réclamations étaient appuyées sur les copies authentiques de reconnaissances féodales.
1. Communication due à l’obligeance de M. Lavernhe, notaire à Saint-Cirgues.

Il est peut-être bon de rappeler ici, afin d’expliquer l’intervention de ces fermiers, que le Commandeur, au lieu de poursuivre en personne ou au moyen de son fondé de pouvoirs, le recouvrement des redevances, aimait mieux, le plus souvent, s’en décharger sur autrui grâce à un traité à forfait passé pour une période d’années variable et qui lui garantissait un revenu déterminé.

Les fermiers se mettaient ainsi aux lieu et place du Seigneur. A son exemple, ils obligeaient au besoin l’un des tenanciers d’un fief, à leur choix, à payer les redevances de tous les autres, quitte à celui-ci d’avoir recours en justice contre ses codébiteurs afin de rentrer en possession de ses avances.

Le dénombrement que nous allons placer sous les yeux du lecteur ne renferme, il est à peine besoin de le dire, que l’indication des rentes dues au Commandeur. En dehors de ces redevances, il existait encore un certain nombre d’impôts à la charge des habitants, tels que le rôle des tailles de la communauté dressé annuellement par les consuls, le rôle extraordinaire qui les grevait parfois hors mesure lorsque les troupes royales étaient envoyées parmi eux en quartier d’hiver, etc.

Un fait à remarquer c’est que les rentes déterminées dans les reconnaissances sont restées les mêmes, depuis les temps les plus anciens de la féodalité jusqu’à la Révolution, ou du moins elles ne nous ont nullement paru, malgré quelques modifications de détails dans leurs renouvellements, s’aggraver dans une mesure quelconque ; en sorte que grâce à la dépréciation ascendante sinon des denrées, tout au moins du numéraire, les charges des tenanciers ont dû s’alléger d’une manière appréciable avec l’écoulement des siècles.

Enfin, pour permettre au lecteur qui désirerait se rendre compte des quantités actuelles auxquelles correspondent les anciennes mesures agraires consignées dans notre relevé, et comparer la valeur de la monnaie d’autrefois à celle d’aujourd’hui, nous extrayons les données suivantes de la Métrologie française de M. Duc-Lachapelle.

Mesures des grains de Figeac
Le setier équivalait à 144 litres.
Le carton à 18 litres.
Le penne à 4 litres et 50 centilitres.
Le pennon à 1 litres et 12 c.l.
La pugnère (indéterminé).

Mesures des grains de Saint-Céré
Le setier équivalait à 80 litres 72 c. l.
La carte : à 20 litres 18 c. l.
La pugnère à 2 litres 88 c. l.

Monnaie (1)
La livre valait : 0 franc, et 98 centimes, 77.
Le sol : 04 francs c. 94.
Le denier : 0 c. 41.
1. Il est inutile de faire observer que cette appréciation de la valeur de la monnaie n’est exacte qu’en tant qu’on l’applique aux derniers jours de la monarchie, soit à la veille de la Révolution.

Poids de Figeac
La livre équivalait à 489 grammes 506 milligrammes.
L’once à 30 grammes 504 milligrammes.
Le galion (indéterminé).
Voir le tableau : BNF

Les Rentes
Exposons maintenant, par paroisses telles qu’elles existaient en 1789, le relevé des rentes dues par chaque fief au Commandeur.

Paroisse de Latronquière
Les mesures employées dans toute l’étendue de cette paroisse étaient celles de Figeac.
Balaguié (tènement de) : un setier et six cartons de seigle, cinq setiers d’avoine, six sols de quinze deniers chacun et une geline.
Boudet (village et tènement de) : un setier et quatre cartons de seigle, cinq setiers et deux cartons d’avoine, cinq sols de quinze deniers, deux gelines et une manœuvre à faucher.
Braconnac (tènement de) : deux setiers de seigle, un setier et six cartons d’avoine et six sols de quinze deniers.
Faradou (tènement de) : quatre cartons de seigle et quatre deniers.

Goutteredonde (village et tènement de) : quatre setiers de seigle, quatre setiers d’avoine, une livre de cire, deux gelines, une manoeuvre à faucher et dix sols de quinze deniers.

Le Fau et Suquet (village et tènement de) : quatre setiers de seigle, quatre setiers d’avoine, sept sols de quinze deniers, une livre de cire, deux gelines, une journée à faucher.

Lescure del Mas (tènement de) : deux setiers et quatre cartons de seigle, trois sols tournois valant chacun quinze deniers.

La Majorie (village et tènement de) : trois setiers de seigle, deux setiers et quatre cartons d’avoine, sept sols de quinze deniers, deux gelines et une demi-livre de cire.

Maniols (village et tènement de) : deux setiers six cartons de seigle, autant d’avoine, douze sols de quinze deniers et six deniers, une geline et une manœuvre à faucher.

Le Méjas (village et tènement de) : trois setiers et deux cartons de seigle, deux setiers d’avoine, trois sols de quinze deniers et une geline par feu.

Le Palier (tènement de) : quatre setiers de seigle, quatre cartons et une pugnère d’avoine, six sols de quinze deniers, une livre de cire.

Prégalaye, près Tarenques (tènement du) : un setier d’avoine, un sol de quinze deniers, une manœuvre.

Puechservier (village et tènement de) : un setier et six cartons de seigle, un setier et six cartons d’avoine, trois sols de quinze deniers et une geline.

Le Sirayol (village et tènement de) : neuf setiers de seigle, neuf setiers d’avoine, vingt-quatre sols de quinze deniers, une livre et demie de cire, six gelines et une journée à faucher.

Moulin de Tarinques : trois setiers et un carton de seigle, un carton d’avoine, deux gelines.
Tènement : Terre tenue d’un seigneur moyennant le paiement d’une redevance.
Je pense que tous ces tènements étaient des terres qui appartenaient aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Je n’ai pas le temps de rechercher ces lieux sur les cartes de l’IGN et Cassini.


Latronquière (village et tènement)
De tous les documents consultés par nous, aucun ne fait connaître la rente que payaient au commandeur les habitants du lieu même de Latronquière. Il est probable que le fermier percevait en personne et sans difficultés les redevances individuelles. Du moins au courant des treize années dont nous avons pu examiner les décisions des Ordinaires, nul tenancier de l’endroit n’a été poursuivi soit à titre d’indivis, soit comme débiteur personnel.

Paroisse de Gorses
Le village de Malpuech est le seul où la mesure de Saint-Céré fût adoptée. Partout ailleurs l’on appliquait celle de Figeac.

Ar mandiès (tènement de) : six cartons de seigle, six cartons d’avoine, deux sols de quinze deniers et trois deniers.

Le Bousquet (village et tènement de) : Un setier et six cartons de seigle, un setier et six cartons d’avoine, six sols de quinze deniers, deux gelines et une bouade.

Cahuac (voir Labrousse).

Campendut (village et tènement de) : huit setiers et deux cartons de seigle, huit setiers d’avoine, dix-sept sols de quinze deniers quatre deniers et une bouade.
Une partie de cette rente était attribuée à la fabrique de Gorses.

Canet (village et tènement de) : quatre setiers de seigle, quatre setiers d’avoine, quinze sols de quinze deniers, une geline par feu et une bouade.

Clicagnes (village et tènement de) : neuf setiers de seigle, neuf setiers d’avoine, vingt-cinq sols de quinze deniers, une livre de cire, quatre gelines et une bouade.

Combard (village et tènement de) : cinq setiers de seigle, cinq setiers d’avoine, dix sols de quinze deniers, deux gelines et une bouade.
Le fief de Combard comprenait : Combard, Lasbarengues et Mergouliac.

Corn (village et tènement de) : indéterminé. Fait maintenant partie de la paroisse de Lacamdourcet, commune de Lentillac. Relevait pour la justice de la vicomté de Turenne.

Coussilles (tènement de) : deux cartons de seigle, deux cartons d’avoine, six deniers et une bouade.

Estal (village et tènement de) : indéterminé. Est aujourd’hui rattaché à la commune de Lentillac, et relevait, pour la justice seulement, de la vicomté de Turenne.

Frèges (village et tènement de) : un carton et deux pugnères un quart de seigle, deux cartons d’avoine, dix-neuf sols de quinze deniers et un denier.
Le village de Frèges payait une rente plus élevée que celle que nous indiquons. L’énumération ci-dessus représente simplement la part d’un fort tenancier de ce fief.

Gorses. Les redevances du fief de Gorses étaient la propriété de l’oeuvre de l’église du lieu ainsi que les rentes des villages de Renac et du Touron. Faute de documents, il ne nous a pas été possible d’en établir le chiffre.

Groussezet (village et tènement de) : rentes indéterminées. Ce village formait peut-être un fief avec l’un des tènements ou lieux habités voisins.

La fabrique de Gorses percevait une partie de sa redevance.
Au sieur de Naucaze appartenait le droit de justice de Groussezet.

Labrousse et Cahuac (villages et tènements de) : cinq setiers cinq cartons et une pugnère de seigle, quatre setiers, deux cartons et deux pugnères d’avoine, huit sols de quinze deniers, une geline et deux bouades.

Lantuéjoul (village et tènement de) : cinq setiers de seigle, quatre setiers d’avoine, six livres et six deniers, deux gelines et une bouade.

Lasbruyères (village et tènement de) : indéterminé. La fabrique de Gorses possédait une part de cette rente.

Larode (tènement de) : voir Le Theil.

Lavergne (village et tènement de) : deux setiers de seigle, deux setiers un carton et deux pugnères d’avoine, cinq sols de quinze deniers, une geline, demi-livre de cire, et une bouade de trois livres.

Malpuech (village et tènement de) : trois setiers de seigle, six cartons d’avoine (mesure de Saint-Céré), une geline et cinq sols de quinze deniers. Dépend maintenant de la paroisse de Lacamdourcet ; relevait pour la justice de la vicomté de Turenne.

Mialet (village et tènement de) : deux setiers de seigle, quatre cartons d’avoine, cinq sols de quinze deniers et une geline.
La redevance de Mialet appartenait à l’église de Gorses.
Ce village n’est plus dans cette paroisse mais bien dans celle du Montet.

Les Pommiers (village et tènement de) : rentes indéterminées. La fabrique de Gorses jouissait en partie des redevances dues par ce fief.

Poutiac (village et tènement de) : rentes indéterminées. Ce fief relevait, pour la justice, du sieur de Naucaze et non des ordinaires de Latronquière.

Pressoires (village et tènement de) : deux setiers de seigle, quatre cartons d’avoine, cinq sols de quinze deniers et une geline.

Le Puech (village et tènement de) : cinq setiers et quatre cartons de seigle, cinq setiers et quatre cartons d’avoine, douze sols de quinze deniers, cinq gelines et une bouade de trois livres.

Puech la Vieille (tènement de) : un setier de seigle.

Renac (village et tènement de) : trois setiers de seigle, un setier d’avoine, six sols de quinze deniers, une geline. (La fabrique de Gorses prélevait cette rente.)

Salacroup (village et tènement de) : quatre setiers quatre cartons et deux pugnères de seigle, quatre setiers et quatre cartons d’avoine, onze sols, une bouade et deux gelines.

Le Sirey (tènement de) : trois cartons et deux pugnères trois quarts de seigle, autant d’avoine.
Les quantités ci-dessus ne représentent qu’une partie de la redevance due par le tènement du Sirey.

Le Theil et Larode (village et tènements de) : six setiers deux cartons deux pugnères et demie de seigle ; six setiers cinq cartons deux pugnères et demi d’avoine, neuf sols de quinze deniers, une geline et une bouade.
Une reconnaissance du 7 juillet 1743 modifia, ainsi qu’il suit, la rente prélevée sur ce fief : six setiers trois cartons deux pugnères et demie de seigle ; six setiers cinq cartons deux pugnères et demi d’avoine, une geline, douze sols de quinze deniers et deux deniers.
L’église de Gorses jouissait d’une partie de cette rente.

Les Tillets (village et tènement de) : indéterminé. Ce village est aujourd’hui dans la commune de Montet-Bouxal. Les rentes en étaient payées au Commandeur qui n’exerçait pas sur ce fief le droit de justice.

Le Touron (village et tènement de) : vingt cartons de seigle, seize cartons d’avoine, cinq sols de quinze deniers, une geline et une bouade. (A la fabrique de l’église de Gorses).

Trémoulettes (tènement de) : deux cartons de seigle, un sol de quinze deniers, une geline.

Le Tronquet (village et tènement) : cinq cartons de seigle, cinq cartons d’avoine et six deniers.

Verdal (chapelle de) : elle était autrefois dans la paroisse de Gorses. Actuellement elle se trouve dans celle de Lacamdourcet.
Les revenus se composaient seulement des offrandes des fidèles, qui servaient à l’entretien de la chapelle.

Vespié et Lagardelle (villages et tènements de) : quatre setiers et cinq cartons de seigle, autant d’avoine, treize sols de quinze deniers, une livre de cire, une demi geline.

Vielcanet (village et tènement de) : cinq setiers, cinq cartons et une pugnère et demie de seigle ; cinq setiers un carton et une demi-pugnère d’avoine, douze sols de quinze deniers, trois gelines et demie et une bouade de trois livres.

Paroisse de Bouxal
Il n’est resté aucune trace des redevances à la charge des habitants de cette paroisse, bien que le Commandeur exerçât sur eux le droit de justice haute, moyenne et basse et qu’il jouît de la directe.

Paroisse de Montet
Pens (village et tènement de) : quatre setiers de seigle, trois setiers quatre cartons d’avoine, huit sols de quinze deniers, une geline.
Mesures adoptées : celles de Figeac.

Paroisse de Sainte-Colombe
Liais (tènement de) : quatre setiers de seigle, deux setiers d’avoine, douze sols de quinze deniers, mesure de Figeac, une demi livre de cire et deux gelines.

Paroisse de Saint-Cirgues
Le Bos (village et tènement de) : quatre setiers seigle, trois setiers deux cartons d’avoine, mesure de Figeac, quinze sols de quinze deniers et une geline.

Paroisse de Sababel
Mesures de Figeac

Cabridens (village et tènement de) : trois setiers quatre cartons de seigle, quatre cartons d’avoine, dix sols de quinze deniers, une demi livre et et quinze galions de cire.

La Gineste (tènement de) : deux setiers quatre cartons de seigle, un setier quatre cartons d’avoine, six sols de quinze deniers et trois deniers, une geline.

La Sudrie (tènement de) : un setier six cartons de seigle, autant d’avoine, trois gelines et cinq sols de quinze deniers.

Paroisse de Prendemies (Prendeignes)
Mesures de Figeac
Brugayries (village et tènement de) : deux setiers, deux cartons de seigle, deux cartons d’avoine, six sols de quinze deniers, et quatre gelines.

Labié (tènement de) : dix cartons de seigle, autant d’avoine grosse ; trois sols de quinze deniers et neuf deniers, une geline par feu.

Ladomine (village et tènement de) : trois setiers de seigle, un setier quatre cartons d’avoine, un setier et deux cartons de froment, quatre sols de quinze deniers et six deniers, une geline.

Rabanel (tènement de) : trois cartons de froment, cinq setiers de seigle, cinq setiers d’avoine, douze sols de quinze deniers, deux poules (sic).

Paroisse de Lauresses
Mesures de Figeac

Bénech (village et tènement de) : les redevances de ce village semblent se confondre avec celles de Lavernhe-Haute.

Galméjane (village et tènement de) : huit setiers de seigle, cinq setiers quatre cartons d’avoine, seize sols de quinze deniers, une geline par feu et une manœuvre.

Castelrenac (tènement de) : deux setiers de seigle, un setier, six cartons d’avoine, quatre sols de quinze deniers, une journée à faucher.

Fonpeyre (village et tènement de) : trois setiers seigle, autant d’avoine, soixante œufs et une manœuvre à faucher.

Lacam (village et tènement de) : quatre cartons un penne deux pennons de seigle ; quatre cartons un pennon d’avoine, dix sols de quinze deniers et trois gelines.

Lalie (village et tènement de) : douze cartons de seigle, un setier d’avoine et ..... Sols de quinze deniers (énumération incomplète).
Nous pensons, mais sans pouvoir l’affirmer, que le fief de Lalie dépendait de la Commanderie. Notre doute provient d’une difficulté à lire le manuscrit où cette rente figure.

Las Costes (village et tènement de) : deux setiers quatre cartons de seigle, deux cartons d’avoine, six sols de quinze deniers, cinq gelines et deux manœuvres.

Lascroux (village et tènement de) : deux cartons une pugnère de seigle, autant d’avoine.
Cette quantité ne représente qu’une part de la rente.

Lauresses (bourg de) : les rentes perçues sur les habitants de Lauresses étaient la propriété du curé, lequel relevait de l’abbé de Figeac, gros décimateur dans la paroisse.

Lavernhe-Haute (village et tènement de) : cinq setiers de seigle, autant d’avoine, dix-sept sols de quinze deniers, une geline par feu.

Lavernhe-Basse (village et tènement de) : quatre setiers de seigle, trois gelines, six sols caorsens (Cahors).

Perpigne (village et tènement de) : paraît se confondre avec Lavernhe-Haute.

Peyratel
— tènement d’un setier et quatre cartons de seigle, un setier et deux cartons d’avoine, quatre sols de quinze deniers, une bouade.

Puéchuzal
— village et tènement de trois setiers de seigle, autant d’avoine, sept sols de quinze deniers et une manoeuvre de rente.

Séquarelles ou Sêquaresses
— tènement d’un setier de seigle, deux sols de quinze deniers.
Teyssedou
— tènement de deux cartons deux pugnères et un demi quart de seigle, autant d’avoine, six deniers et un tiers de geline.

Paroisse de Sanaillac
Mesures de Figeac

Le Bex
— village et tènement d’un setier de seigle, trois sols de quinze deniers et six deniers d’argent, une geline.

Cassagnouse-Haute
— village et tènement de deux setiers de seigle, deux setiers d’avoine, trois sols de quinze deniers, une geline, une manœuvre à faucher.

Cassagnousse-Basse
— village et tènement de deux setiers quatre cartons de seigle, autant d’avoine, quatre sols de quinze deniers, une geline, une manœuvre.
Ces deux fiefs ne forment aujourd’hui qu’un seul village : Cassagnouse.

Lasbareilles
— village et tènement de quatre setiers de seigle, un setier d’avoine, sept sols de quinze deniers, deux gelines.

Lagardelle (voir Vespié, paroisse de Gorses).
Pratoucy (voir fief de Pratoucy).

Paroisse de Lentillac
Mesure de Saint-Céré
Cassagne
— Tènement d’un setier six cartons de seigle, autant d’avoine, quatre sols de quinze deniers, une geline.

Nous n’avons pu établir la quantité des rentes que le Commandeur prélevait sur chacun des villages de Bray, Lacamdourcet, transformé depuis lors en chef-lieu de paroisse, Courbou, Marroufin, Aubiès, Lagarrigue et le Cassan.

Toutefois nous savons que, de 1765 à 1768 inclusivement, les rentes en grains des divers villages de la paroisse avaient été sous-affermés pour cent trente-deux setiers de seigle, mesure de Saint-Céré, portables annuellement au château de Latronquière, et qu’en 1770, ces mêmes fiefs avaient été abandonnés à de nouveaux sous-fermiers pour une somme annuelle de douze cent quatre-vingt cinq livres, payables la moitié au 8 décembre, et le reste au dimanche de la Passion.

Nous avons pu constater, en outre, qu’en l’année 1769, le sieur Géraud Lacroix, fermier de la Commanderie, avait sous-affermé pour la somme de quatre-vingt-dix livres la dîme des agneaux des villages ci-après : le Bray, Lacamdourcet, Courbou, Marroufin, Aubiès, Lagarrigue, Corn, Malpuech, Estais, le Cassan, las Bruyères, le Bousquet, Martabriol, Salacroup, Canet, Vielcanet, et tous les hameaux situés au-dessous de Vielcanet et Estais, à l’exception de Labartheredonde, Pisseloup et Cahuac.

Lacroix se réservait dans le bail la dîme des porcs sur tous les villages ci-dessus désignés, qui appartenaient aux paroisses de Lentillac et Gorses.

Castelnau-Bretenoux
1750
Nous rappelons ici que, suivant l’état des améliorissements de 1750, les rentes prélevées sur ce membre s’élevaient à :
54 setiers de seigle.
5 setiers et un demi quart d’avoine.
1 setier de noix.
1 setier de fèves.
4 livres, 4 sols et 6 deniers d’argent.

Boussey le Félixhoux (Auvergne)
Suivant une reconnaissance du 6 février 1715 (1), renouvelée au village de Cavanhié (Saint-Cirgues), d’après les précédentes, en faveur de Messire Jacques Georges de Taraud, commandeur de Latronquière, le membre de Bouysset le Félichou, surnommé le coquin (2), se composait des hameaux ou tènements de la Combe del Four, la Borde, Lastourguie, Germes et Silvestre.
Les tenanciers de ces fiefs devaient une rente annuelle d’un setier de froment et six deniers caorsens. Ils étaient astreints, durant un jour de l’année, au droit d’auberg ou de gîte et nourriture envers le seigneur Commandeur, sa suite, quatre chevaux, le faucon, chiens courants, lévriers et tout l’attirail de chasse. Ils payaient aussi un droit d’acapte, à la mort du grand maître de Malte et de l’emphytéote.
Le froment était portable au château de Latronquière, à la fête de St-Julien, et l’argent à la St-André.

Enfin ils étaient tenus aux droits de lods et ventes, investitures, prélation, us et exercice de ladite justice, avec bans, sang, clameurs, amendes, aspeiges, vigiles vade, manœuvres, tout comme les tenanciers ordinaires de la Commanderie de Latronquière.
1. La plus ancienne reconnaissance de Bouysset le Félichou est de 1401. Les suivantes connues sont de 1433, 1600, 1689, 1715 et 1760.
2. Le nom de Bouysset le Félichou était, en 1401, Soubeyras ou Sobiras, puis mas de Salvestre au XVIIe siècle. Il porte actuellement celui de Boisset et a conservé le surnom de Coquin depuis un temps reculé.
Voici d’ailleurs un extrait de lettre adressée, le 2 mai 1745, par M. Prat, notaire à Figeac, au Commandeur de Latronquière, qui l’avait chargé de renouveler des reconnaissances sur le point de tomber en caducité. Elle confirme notre opinion :
« Après quatre voyages à Bouysset le Félichou, dit M. Prat, je suis parvenu à faire la vérification exacte de ce fief et â dresser le, plan pièce par pièce. Il n’y a qu’une maison habitée par un paysan, le plus mutin de tous, quelques masures, des jardins, chènevières, petits prés, des bois à châtaignes, une petite vigne et des terres labourables. Le fief n’est chargé que d’un setier de froment et six deniers tournois. Il y a pour le moins soixante ans que cette rente n’a pas été payée, les fermiers n’en ayant jamais pu rien tirer. Ce village est habité par des gens qu’on peut appeler sauvages. On ne le nomme pas Boysset le Félichou mais Boysset le Coquin Je sais que si M. le Commandeur prenait possession de ce bien, comme il lui est possible, et qu’il en expulsât ces mutins, d’honnêtes gens, qui ont des domaines au voisinage, contigus au même fief, le prendraient sous la même rente. Le sieur Baget fondé de pouvoirs du Commandeur ; et moi avons donné commission à un huissier de faire des saisies sur tous ces gens-là pour le paiement des frais et arrérages. Je crains qu’il ne trouve pas grand-chose à prendre. »

Revenus généraux et charges de la commanderie de Latronquière
Nous avons déjà fait observer que les rentes payées par les tenanciers n’avaient jamais subi d’aggravation et qu’elles étaient les mêmes à la veille du grand mouvement de 1789 qu’aux jours de l’époque féodale. Toutefois la valeur intrinsèque du numéraire ayant diminué à mesure qu’il s’est répandu davantage, il devait en résulter une augmentation relative, plutôt apparente que réelle, des revenus de la Commanderie. En d’autres termes, on ne saurait être surpris que la vente des grains, agneaux, volailles, etc. prélevés sur les habitants ait insensiblement atteint un chiffre de plus en plus élevé.

Au reste, en parcourant le relevé chronologique des revenus de la Commanderie depuis la dernière partie du XVIIe siècle, — car nous ne pouvons remonter que vers le milieu du règne de Louis XIV, — on remarquera combien la dépréciation du métal monnayé a été rapide.

Exposons maintenant les données que nous possédons.
1676 Revenus
En 1676, l’ensemble des fiefs de Latronquière et Castelnau sont affermés 4000 livres, 4000 livres.
Drulhe et ses dépendances 2100 livres, 2100 livres.
Total : 6100 livres, 6100 livres.
A reporter 6100 livres.

Charges
Les charges du Commandeur sont alors les suivantes :
Il doit verser à la caisse de l’Ordre, comme responsions 1402 livres.
Au Trésor royal 262 livres.
Aux recteurs paroissiaux et vicaires de la Commanderie 420 livres.
Total. 2084 livres.
Il reste en revenus nets 4016 livres.

1686
La situation est la même.

1708
Revenus
Latronquière et ses dépendances sont affermés 4000 livres : 4000 livres.
Drulhe 1900 livres : 1900 livres.
Total : 5900 livres.

Charges
Décimes au roi : 262 livres.
Responsions : 1102 livres.
Pensions : 420 livres.
Total 1784 livres.
Revenus nets : 4116 livres.


Revenus (1720)
Latronquière et ses dépendances sont affermés 4800 : livres.
Drulhe : 1900 livres.
Total : 6700 livres.

Charges
Décimes au roi : 259 livres, 11 sols, 3 deniers.
Responsions : 1072 livres, 4 sols.
Capitation : 121 livres.
Taxe des vaisseaux : 120 livres, 2 sols, 1 denier.
Caisse commune : 12 livres, 2 deniers.
Gages de l’archivaire : 9 livres.
Au vicaire de Gorses : 30 livres
Total : 1624 livres, 10 sols.
Revenus nets : 5076 livres.

Revenus (1750)
Le membre chef de Latronquière et Gorses sont affermés au sieur Laborie au prix de 6000 livres.
Le membre de Bouxal au sieur Pontié pour 1200 livres.
Le membre de Drulhe au sieur Coudercet pour 4800 livres.
Les censives de Villefranche au sieur Puechourtres 100 livres.
Total : 12100 livres.

Charges
Responsions : 1072 livres, 4 deniers.
Capitation : 125 livres, 6 sols, 5 deniers.
Taxe des vaisseaux : 120 livres, 2 sols, 1 deniers.
Décimes au roi : 150 livres, 7 sols, 8 deniers.
Dixièmes : 208 livres, 17 sols, 6 deniers.
Caisse commune : 12livres, 2 deniers.
Archives : 9 livres.
Pension au chevalier de Gardouch : 649 livres, 5 sols.
Pension au Com. de Balesta... 381 12 10
Au secondaire de Gorses : 60 livres.
Total : 2188 livres, 12 sols.
Revenus nets 931 livres 8 sols.

Revenus (1764)
« Pierre Loudes, bourgeois du lieu de Gorses, et Géraud Lacroix, marchand à Latronquière, prennent en ferme la Commanderie, Drulhe excepté, pour une somme de 8600 livres.

« Au-dessus de ladite somme et sans diminution d’icelle, les preneurs seront tenus de payer toutes les charges annuelles et locales dudit membre de Latronquière, savoir : 20 setiers de seigle, 4 setiers d’avoine, 4 agneaux, 71 livres d’argent à M. le Vicaire perpétuel de la paroisse de Latronquière ; 150 livres à monsieur son vicaire ; plus 20 setiers de seigle, 4 setiers d’avoine, et 4 agneaux à M. le vicaire perpétuel de la paroisse de Gorses, et 150 livres à Monsieur son vicaire ; plus 20 setiers de seigle, 4 setiers avoine, 4 agneaux et 86 livres argent à M. le curé de Bouxal ; plus six setiers seigle à M. le Juge, 2 setiers seigle à monsieur son lieutenant, 3 setiers seigle à M. le Procureur d’office et 2 setiers au garde bois du château.
Le Commandeur se réserve, en outre, 12 setiers de seigle pour les pauvres de la paroisse de Latronquière, 4 setiers seigle pour les pauvres de la paroisse de Bouxal, 3 setiers seigle pour les pauvres de Lauresses. »

A cette date (1764), le setier de seigle, mesure de Figeac, se vendait, au marché de cette ville, 23 livres ; l’avoine 12 livres ; les agneaux 1 livre et demie ; en sorte que, si l’on ajoute au produit de la vente des denrées et des animaux réservés le montant du fermage, on obtient un chiffre minimum de 2735 livres.

Nous ne connaissons pas le montant du fermage de Drulhe et des censives de Villefranche. Mais admettons que ce chiffre soit resté le même jusqu’en 1750, bien que celui du membre chef se soit sensiblement élevé ; il nous donne 4900 livres.
Total du revenu brut. 16235 livres.

Charges
Nous ne savons pas à quelle somme étaient fixées les charges. Si l’on admet qu’elles sont les mêmes qu’en 1750, elles donnent 2788 livres.
Il faut y ajouter le montant des réserves énumérées ci-dessus, après en avoir déduit 60 livres remises au vicaire secondaire de Gorses, soit 2728 livres.
Total : 5516 livres.
Il resterait en revenus nets : 10719 livres.

Revenus (1769)
La Commanderie, Drulhe excepté, est affermée pour six années aux sieurs Obscur, Bonnet et Pascal, négociants à Villefranche en Rouergue, pour une somme de 10000 livres.
Nous n’avons pas d’autres renseignements.
Mais si nous nous aidons de ceux que nous fournit l’état de 1764, nous arriverons à combler approximativement cette lacune.

En 1764, disons-nous, les fermiers devaient verser, en dehors du prix ferme convenu, une certaine quantité de grains destinés à diverses œuvres et dont la valeur représentait environ 2735 livres.

En outre, Drulhe, en adoptant même le chiffre minimum, (celui de 1750) était affermé avec Villefranche 4900 livres.
Total présumé : 17635 livres.

Charges
Redevances en grains et en argent (voir ci-dessus) 2735 livres.
Responsions, etc. (en prenant l’année 1750 pour base et après en avoir déduit 60 livres du secondaire de Gorses) : 2728 livres.
Total 54631 livres.
Reste approximatif en revenus nets 15172 livres.

Toutes compensations opérées et si l’on considère qu’en l’année 1769, le gain réalisé par les fermiers, fut, d’après leurs propres mémoires, de 2433 livres, l’on peut évaluer, même en restant au-dessous de la vérité, à la somme de vingt mille soixante-huit livres le montant des revenus bruts de la Commanderie de Latronquière, alors qu’en 1708, soixante ans auparavant, il pouvait atteindre 7000 livres à peine.


Le Château de Latronquière
Depuis longtemps déjà, les derniers vestiges du château de Latronquière ont disparu. C’est à peine si les contemporains de la Restauration se souviennent d’avoir vu une grande tour carrée élevée au nord de cette lourde construction. En outre, il n’est resté, aux archives du Grand Prieuré de Toulouse, aucun plan qui nous permette d’en faire une description détaillée et sûre, en un mot de reconstituer exactement la forteresse détruite.

Il est certain cependant qu’elle restait debout aux premiers jours de la Révolution, puisqu’elle a servi jusqu’à cette époque à recevoir les grains provenant de la dîme.

D’un autre côté, nous observons, dans un « arpentement » de 1740, des renseignements de nature à seconder nos recherches.
« Nous avons trouvé, disent les notaires experts (1), que ledit château et les patus qui l’entourent et en dépendent, et dont partie compose une espèce de terrasse et partie un ancien fossé, confrontent, du septentrion, avec maison du sieur Vermande, marchand, maison et petit jardin de Jean Fenouil, charpentier.
— Du levant, avec rue publique rendant de la place publique de Latronquière à l’église du lieu et avec le patus ou place qui est devant l’église.
— Du midi, avec autre rue rendant de l’église à la place publique.
— Et du couchant, avec fourniol (fournil), de Pierre Lacroix, maitre chirurgien, certain terrain abandonné, jardin et maison d’Antoine Brunies, maitre maçon, et maison dudit sieur Géraud Vermande.
1. Maitre Mage, notaire à Sainte-Colombe, et M. Prat.

« L’assiette du château contient quinze perches et demie, et les pattus en forme de terrasse et fossés qui l’entourent, dix-neuf perches et demie ; en tout trente-cinq perches. »

En jetant un coup d’oeil sur l’emplacement et les abords du château disparu, on est frappé de l’ancienneté de la plupart des habitations environnantes, si bien qu’il est permis d’affirmer que ces maisons ont une existence supérieure à deux siècles. La chapelle des Commandeurs, qui, depuis le départ des Réformés (1571), servait d’église aux paroissiens, a un aspect moins fatigué par l’usure des temps, moins délabré surtout que les bâtisses dont nous parlons, et pourtant elle remonte à plus de trois cents ans.
Il est donc certain que notre appréciation sur leur âge ne laisse de place à aucun doute. Par suite elles étaient déjà bâties en 1740, époque à laquelle eut lieu « l’arpentement », où il est aisé de les reconnaître. C’est pourquoi elles nous tiennent lieu de premier point de repère.
Mais nous avons des indices autrement certains.

La tour carrée a été rasée après la Révolution. Toutefois on aperçoit les traces de sa base quadrangulaire indiquée par des pierres taillées affleurant le sol (1). On peut voir, également marquées de la même manière, les fondations de deux autres tours rondes aux pieds de la terrasse qui existe encore, bien que découronnée de ses travaux de défense.
1. Les deux tours rondes couvrent soixante-trois mètres de surface, la tour carrée exactement un are.

D’après nous, l’entrée du château devait faire face au nord, ayant pour abri la puissante tour carrée et s’ouvrant sur un pont-levis.
Un fossé, la plupart du temps étanche, mais armé d’engins meurtriers, tels que des chausse-trapes, cernait un quart environ de l’enceinte totale, mais plus particulièrement ce côté septentrional, moins élevé que les autres.
Quant au château lui-même, nous inclinons à croire qu’il était détaché des remparts et enclos dans leurs murailles. La présence de la galerie aérienne en bois mentionnée aux améliorissements de 1750 semble le démontrer. D’ailleurs bon nombre d’anciens repaires féodaux, surtout lorsqu’ils étaient assis sur une proéminence aussi peu accusée, offraient cette particularité.

L’enceinte affectait une forme très sensiblement carrée. A son angle nord, se dressait la tour carrée ou donjon ; aux angles sud et ouest, deux tours rondes (celles dont on retrouve les fondations), et enfin, à l’angle est, quelque tour ou bastion qui n’a pas laissé de vestiges (2), mais dont l’existence paraît d’autant plus sûre que ce point n’est pas protégé plus que les autres par un de ces escarpements naturels inaccessibles aux assauts.
2. Des travaux de terrassement ont sans doute caché les indices.

Ces diverses tours étaient, cela va sans dire, reliées entre elles par de hautes murailles à créneaux et mâchicoulis où tout du long courait un chemin de ronde.

Telle était sans doute la physionomie générale de la forteresse qui, en y comprenant la cour intérieure et les remparts, occupait une surface moyenne de vingt-trois ares.

Nous n’avons découvert nulle part, ni chapiteaux ni pierres sculptées permettant de croire qu’elle a pu présenter un aspect artistique. Elevée à une époque barbare, elle offrait sans doute, cette analogie avec la grande majorité des monuments dont elle était contemporaine.

En 1740, elle était déjà démantelée. Les remparts abattus laissaient émerger la terrasse qui avait été la cour intérieure. Les fossés étaient à demi comblés.
Assurément, les Réformés qui l’avaient occupée pendant les guerres de religion, y avaient marqué leur passage par la dévastation et l’incendie.

En outre, il est juste de rappeler qu’à cette date, la résidence baronniale comptait au moins cinq siècles d’existence et que certaines de ses parties avaient pu, faute d’entretien suffisant, tomber en ruines. Or, du jour où la monarchie absolue avait, en réalisant l’unité de la France, mis un terme aux guerres de seigneur à seigneur, à quoi bon les Commandeurs, qui n’habitaient plus guère leurs bénéfices, auraient-ils sacrifié des sommes considérables à rafraîchir leurs châteaux pour leur conserver leur vieille allure menaçante ?

Au moment de la Révolution, le château de Latronquière était donc dans un état de délabrement avancé. Le fondé de pouvoirs y habitait quelques pièces, et le surplus des salles, comme nous l’avons déjà dit, servait de greniers aux fermiers de la Commanderie.

Au reste, si nous rappelons que quarante ans auparavant, en 1750, le mobilier ne consistait plus qu’en une table, treize chaises et une armoire, on comprendra sans peine qu’il avait perdu tout au moins le large confort de jadis.

La Révolution n’a pas, que nous sachions, achevé la destruction du monument féodal, car, s’il en avait été ainsi, la tradition en aurait gardé le souvenir. Nous avons comme témoignage de notre opinion la présence, après ce grand orage social, du donjon au sommet duquel était la prison seigneuriale. N’est-ce pas ici que se serait d’abord appesantie la main de ceux que poussait la haine de l’ancien régime ?
Quoi qu’il en soit, tout cela a subi une transformation complète.
Là où s’élevait la forteresse, on a bâti une maison d’apparence modeste qui servit longtemps d’école et où celui qui écrit ces lignes a appris à lire.
Eglise de Latronquière
L’église paroissiale avait été bâtie au milieu du cimetière.
Détruite vers 1575 par les bandes des Réformés à la tête desquels marchait le fameux Bessonias, sa reconstruction fut entreprise en 1630, à la suite d’une réclamation présentée par les habitants à l’évêque de Cahors. Mais la population locale, partagée en deux camps très marqués, les catholiques et les protestants, n’y contribua pas dans la mesure voulue, et la toiture resta en souffrance.
Aussi elle ne paraît pas avoir été terminée, en sorte que l’église, inachevée, n’a jamais dû servir à l’exercice du culte.
Cinquante-six ans après, en effet, en 1686, nous voyons que le Commandeur en a muré les portes, « le chœur et la nef étant découverts. »

Depuis longtemps on n’aperçoit aucune trace de cette construction, dont les ruines ont pu attirer le regard jusqu’aux premiers jours de notre siècle.
Chapelle des Commandeurs
Bâtie en dehors des remparts, dont elle n’était séparée que de cinq à six mètres, la chapelle de la Commanderie existe encore.
Elle est en style roman, mais dépourvue de ces sculptures qui donnent un caractère intéressant aux monuments anciens. En un mot, elle ne se distingue en rien des édifices religieux les plus pauvres de la campagne.
Le chœur seul est couvert en maçonnerie. La nef est plafonnée en planches. Le clocher, à pignon, avait deux cloches.
Pendant une durée de trois siècles, elle a tenu lieu d’église aux habitants, qui, en retour, avaient charge de l’entretenir (1).
1. Voir améliorissements de 1708.

Il y a une dizaine d’années, une nouvelle église ayant été édifiée au chef-lieu de Latronquière, la chapelle est maintenant transformée en grange, et l’on peut voir la toiture du clocher d’où les tuiles ont été enlevées, montrer à nu sa vieille charpente.

Le bois du Château
A deux kilomètres environ du château de Latronquière, le Commandeur possédait une forêt qui portait autrefois et a conservé le nom de Bois du Château.

Mesurée en 1700 par les soins de M. de Sales, escuyer, seigneur de Boisse, conseiller du roi, maître es eaux et forêts de Rouergue et de Quercy, elle est déclarée occuper une contenance de 105 arpents et demi, mesure de Paris, soit 36 hectares.

En 1337, Me Jean Mage, notaire a Sainte-Colombe, l’évalue à 55 arpents seulement, mesure de Paris, mais en augmentant le nombre des pieds de roi contenus dans la perche, en sorte que, toutes compensations opérées, il reste à peu près d’accord avec le précédent expert.
En 1740, nouveau mesurage ; évaluation absolument conforme à celle de 1700.

En 1760, le sieur Igence, féodiste à Sainte-Radegonde en Rouergue, n’estime l’étendue de la forêt qu’à 75 arpents 52 perches, soit 25 hectares 81 ares. Il est vrai qu’il n’a pas dû tenir compte du quart de réserve (1), dont la superficie ne s’étendait pas, suivant son calcul, à moins de 8 hectares 60 ares, ce qui rehausse le chiffre total à 34 hectares 41 ares.
1. Par ordonnance royale de 1699, un quart des forêts seigneuriales devait être réservé pour les besoins de la marine française. Cette part portait le nom de quart de réserve.

« L’arpentement » de 1700 donne pour limites à la forêt : au nord, le bois de Gabrielle Martine (2), de Cassagnouse ; à l’ouest, un pré de Pierre Méja ; au midi, le ruisseau de Tolerme, et, à l’est jusqu’au nord, les terres d’habitants de Lescure del Mas.
2. De ce côté se trouvait le quart de réserve.

Le chemin allant de Latronquière à Barrés détachait à droite la neuvième partie environ des bois du château.

A cette date (1700), le pourtour de la forêt fut marqué par trois bornes (1) portant la croix de Malte et qui venaient s’ajouter aux bornes ordinaires déjà existantes.
1. « La première à deux perches (mesure de Paris), du ruisseau de Tolerme, le long d’un rajol, sur un rocher immobile ; la deuxième sur un autre rocher immobile ; la dernière entre deux rochers immobiles. »

On indiqua le quart de réserve par quatre autres pierres à la croix de Malte avec la lettre R. Celles-ci faisaient face au bois réservé.
En 1740, le nombre des bornes à la croix de Malte fut élevé à vingt une.
Nous n’avons pu en découvrir aucune ; nous supposons néanmoins qu’un certain nombre a survécu, perdues qu’elles sont dans l’épaisseur des taillis.

Malgré les coupes partielles que, morcelée entre divers propriétaires, l’ancienne forêt de la Commanderie subit parfois, elle conserve encore un aspect imposant. Peuplée de grands chênes et de hêtres aux magnifiques ramures où s’ébattent librement les hôtes ordinaires des bois, il n’est pas téméraire de dire qu’elle rappelle sans désavantage les profondeurs ombreuses où les poètes antiques aimaient à chercher leurs idylles, au bord des sources fraîches.
Le Carcan
La peine du carcan consistait à fixer le condamné à un poteau au moyen d’un collier de fer et à l’exposer ainsi aux regards du public. Elle était considérée comme un accessoire, une aggravation du châtiment. Les condamnés aux travaux forcés étaient attachés au carcan avant d’être envoyés au bagne (2).
2. Chéruel. — Dictionnaire des institutions de la France.

Le Commandeur Georges Jacques de Taraud « a fait un poteau à la place et y a mis le carcan », disent les améliorissements de 1708.
Cet instrument de flétrissure publique se dressait sur la place actuelle qui s’étend en face de la nouvelle église de Latronquière et est limitée entre autres par les maisons Girles et Brugidou, le jardin Taurand, les chènevière et pré situés en contre bas et à l’ouest.
Le carcan était donc à portée du regard des châtelains, à quelques pas du donjon et de l’entrée de la forteresse.

Les fourches patibulaires
Au faîte de plusieurs piliers en maçonnerie bâtis généralement sur une colline était assujettie une lourde poutre transversale à laquelle on pendait les condamnés à mort. C’étaient les fourches patibulaires.

Le même Commandeur avait, en 1708, redressé ces colonnes que sa qualité de baron lui permettait d’élever au nombre de quatre (1).
1. Les seigneurs avaient droit à trois seulement, les comtes à six, etc.
Sources : F. DE LAROUSSILHE. La tradition place celles de Latronquière aux abords du village de Puéchuzal, au nord-est du chef-lieu de la commune. BNF
La commanderie de Latronquière et le vicomte de Turenne
Le Commandeur de Latronquière était tenu de rendre hommage au vicomte de Turenne dans le domaine duquel il possédait un certain nombre de rentes.

Nous avons vu, en effet, notamment dans les améliorissements de 1750, qu’il prélevait l’entière dime de quelques villages de la paroisse de Lentillac et des droits partiels sur maints masages de Lacamdourcet (1), comme aussi dans les dépendances de Saint-Céré (2).
1. La carte féodale des Châtellenies du haut et bas Limousin, dressée par M. Champeval en 1889, fait figurer à tort Latronquière dans les limites de la vicomté de Turenne. Cette paroisse et celle de Gorses dépendaient directement et exclusivement de la Commanderie.
Le vicomte n’y exerçait aucun privilège ni droit seigneurial.
Nous ne connaissons pas, il est vrai, de cartes présentant avec une netteté suffisante la physionomie géographique de la vicomté. Celle qui figure en tête de la publication de M. l’abbé Marche, bien que tracée d’après un document de la Bibliothèque nationale, laisse beaucoup à désirer surtout en ce qui concerne les dépendances du membre de Saint-Céré.

2. L’acte de transaction de 1301 portant foi et hommage, qui fut passé entre le vicomte de Turenne et le Commandeur de Latronquière, désigne plusieurs villages de la paroisse de Lentillac, situés à l’extrême limite de la vicomté. Nous y voyons notamment que le masage de Lacamdourcet avait été acquis par l’Ordre à une dame Bertrande de Valon ; que d’autres villages non désignés avaient été aliénés au profit des mêmes chevaliers de Malte par les frères Carmes et un Bertrand de Terrou, et qu’enfin la moitié du hameau de Salacroup provenait de la donation d’une Pierre de Bonafous.


C’est pourquoi chaque fois qu’un nouveau vicomte prenait possession de son immense bénéfice, ou bien que l’Ordre nommait un grand maître ou désignait un Commandeur à Latronquière, ce dernier était tenu de se rendre au château de Turenne où il était reçu avec un cérémonial de circonstance.

Dans une grande salle du château, le vicomte, entouré des dignitaires de sa maison, était assis sous un dé, dans un fauteuil de velours frangé d’or. Le Commandeur, introduit, se mettait à genoux, sans chapeau, ni manteau, ni ceinture, ni épée, ni éperons.
Il plaçait ses mains jointes dans celles du suzerain et confessait tenir de lui, jouir et posséder les fiefs qu’il énumérait en détail.
Puis, retirant ses mains, il les imposait sur les Evangiles que lui présentait le vicomte et promettait par serment d’être bon et fidèle vassal du seigneur et de ses héritiers, de protéger et défendre sa vie, son honneur, ses biens et ses privilèges, de le respecter, l’honorer, lui donner tous aides, conseils et secours dont il pourrait avoir besoin.

Le Commandeur se relevait alors sur l’invitation de son suzerain « qui l’embrassait au lieu du baiser de paix porté par les anciens usages (1). »
1. Nous avons puisé ces détails dans les hommages de 1600 et 1644. Au Moyen-Age, au lieu d’être embrassé, le vassal donnait le baiser de paix qui consistait à baiser la chaussure du suzerain.

L’on dressait incontinent le procès-verbal détaillé de la cérémonie en y consignant la prise d’hypothèques sur l’ensemble des biens de la baronnie.

Toutefois le Commandeur avait la faculté d’envoyer un fondé de pouvoirs rendre l’hommage à sa place, et il est à peine besoin de dire qu’il y recourait le plus souvent afin de se soustraire à un acte de soumission qu’environnait un apparat de nature à flatter médiocrement son amour propre.

En 1765, le chevalier de Gardouch s’efforça de réaliser l’abolition de cet usage cinq fois séculaire. Voici à quelle occasion. Le roi Louis XV, qui avait acquis, en 1738, du duc de Bouillon, la vicomté de Turenne, en avait, par acte du 29 février 1748, rétrocédé, au prix de cent mille livres, au duc de Noailles (1), la châtellenie de Saint-Céré à titre de propriété incommutable, avec les hommages qui y étaient attachés.
De son côté, le duc de Noailles avait fait don de cette châtellenie à son fils, le duc d’Ayen.
1. Le duc de Noailles était chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, capitaine de la première compagnie des gardes du corps et gouverneur de Saint-Germain en Laye.

Le 15 janvier 1765, le duc d’Ayen avait obtenu du Conseil d’Etat royal un arrêt enjoignant de lui rendre hommage aux dames religieuses de l’abbaye de Leyme, au comte de Saignes, au marquis d’Aynac, aux religieuses de Carennac, aux possesseurs de terres ou fiefs de Maniagues, Loubressac, Gramat et Latronquière (2), qui tous prélevaient des rentes sur le territoire de la châtellenie de Saint-Céré, de l’ancienne vicomté.
2. Cet arrêt frappait aussi les tenanciers des fiefs de Dalou, Carbonnières, Besse et Creysse, dépendants de l’ancienne châtellenie de Martel.

Pressé par le duc d’Ayen de se conformer à la décision du Conseil d’Etat, le Commandeur de Latronquière voulut au préalable consulter le grand prieuré de Saint-Gilles, auquel il exposa les motifs qui lui paraissaient concluants pour opposer un refus à la sommation qui lui était faite.
« Il invoquait les privilèges accordés à l’Ordre, qui déchargeaient les Commandeurs des hommages, serments de fidélité, aveux et dénombrements, tant envers le roi qu’envers les autres seigneurs. »
« Le roi n’avait réservé que l’hommage et le serment de fidélité que lui rendait l’Ordre en corps par le ministère de ses ambassadeurs, les grands prieurés et les Commanderies étant considérés comme de grands fiefs de la couronne. Quant aux seigneurs particuliers, l’Ordre de Malte ne leur devait que la déclaration des héritages et des biens sujets au cens ou aux redevances. »
« Ces privilèges remontaient au XIe siècle. Ils avaient été renouvelés et confirmés de règne en règne, et les cours souveraines s’y étaient conformées. Une série de lettres patentes montraient la continuité de leur existence. »

« Il ne pouvait convenir, au reste, de laisser les Commandeurs assujettis à un hommage qui, en les exposant à un service personnel envers ces seigneurs, pouvaient ainsi les distraire du service militaire, auquel ils étaient soumis par leurs vœux pour la défense de la religion. »

Le Conseil de l’Ordre, après un examen de ces divers motifs longuement exposés, décida néanmoins qu’il y avait lieu de se soumettre à l’arrêt rendu en faveur du duc d’Ayen. Sa décision était basée sur les considérations suivantes : L’Ordre de Malte, il est vrai, jouissait de privilèges spéciaux qui le dispensaient de l’hommage quand les seigneurs qui les demandaient relevaient du roi. Mais le cas présent était tout autre, Il existait, en effet, un acte constitutif de droit remontant à 1301 en faveur du vicomte de Turenne, acte qui, renouvelé notamment en 1460, 1600 et 1644, avait maintenu sa force à travers, les siècles. Or la châtellenie de Saint-Céré, dont dépendaient quelques fiefs du Commandeur, ne faisait pas et n’avait jamais fait partie du domaine de la couronne, puisque le roi, en acquérant du duc de Bouillon la vicomté, propriété exclusive de ce seigneur, l’avait rétrocédée au duc de Noailles avant de la rattacher au domaine. C’est pourquoi elle ne pouvait être assimilée aux fiefs ordinaires. Le Commandeur devait, par suite, l’hommage demandé.
Les Procès
De volumineux dossiers restés aux archives de Toulouse ou retrouvés dans les papiers d’un ancien fermier de la Commanderie (1), nous montrent combien étaient à la fois nombreux et onéreux les procès entre le seigneur ou ses fermiers et les tenanciers de ses fiefs.
1. Papiers du sieur Lacroix, fermier de 1760 à 1768. Lacroix habitait Latronquière, à proximité du château. Nous devons à M. Taurand, instituteur, communicateur de ces documents.

C’étaient parfois dix, quinze, vingt villages qui refusaient en même temps le paiement de la dîme, sous prétexte que les reconnaissances avaient été soit falsifiées soit majorées.

En 1474, le premier président de la Cour de Toulouse est obligé de se rendre à Latronquière pour faire en personne une enquête où il interroge les habitants de vingt-trois masages. A la vérité, il ne donne pas sur tous les points raison aux réclamants, mais sa décision ne renvoie pas indemne le Commandeur, qui est contraint de réduire le chiffre des redevances exigées sur plusieurs fiefs, entre autres Combard et Lantuéjoul, paroisse de Gorses.

En 1739, un sieur Murat (1), avocat, résidant à Lantuéjoul, entame un procès avec le baron de Latronquière. Six sous tournois de rente sont l’origine de ce différend dont la solution n’est obtenue que deux ans après la mort de Murat. Le procès dure cinq années et ne coûte pas moins de deux mille trois cents livres à ses héritiers.
1. Cette famille émigra à Saint-Céré où ses descendants existent encore.

En 1773, le fermier de la Commanderie est l’objet de voies de fait de la part du sieur Bouscarel, des Méjas, qui le qualifie publiquement de voleur après l’avoir frappé. Il s’en suit un long procès. Le dossier, incomplet renferme quarante-huit pièces sur papier timbré.

Nous pourrions multiplier les exemples de cette espèce ; mais ils sont trop fastidieux pour nous y arrêter.

C’est tantôt — le moins souvent — le Commandeur, qui est traduit ou envoie autrui en justice, tantôt les fermiers — c’est le cas le plus fréquent, — tantôt les tenanciers, puis les desservants, au point qu’il n’est pas exagéré de dire que l’esprit de chicane, particulier d’ailleurs à la région du Haut-Quercy, était avant 1789, l’une des plaies du pays.

En ce qui concerne la Châtaigneraie, nous pouvons ajouter, après Delpon, qu’elle n’est pas encore guérie de cette tendance funeste.
Les Fermiers
De 1741 à 1749 les fermiers ou sous fermiers de la Commanderie ont été successivement :
Jean Pauliac, marchand à Cours, Saint-Cirgues, sous fermier.
Brugous, notaire royal à Goutteronde, fermier, ainsi que les suivants.
Antoine Loudes, de Gorses.
Pierre Lafage, marchand à la Vitarelle.
Bonnet et Obscur, de Villefranche de Rouergue.
Géraud Lacroix, de Latronquière.
Pascal, habitant le château de Ginouillac, Rouergue :
Etienne Mage, de Latronquière.

* * *

Nous avons déjà vu ce que l’on entendait par fermiers. Du reste, la signification de ce mot n’a pas changé, même de nos jours où maintes propriétés sont données en ferme.

Sans vouloir faire allusion à ceux que nous venons de désigner et dont, les descendants de quelques-uns sont connus pour très honorables, disons que les fermiers étaient les tyranneaux les plus redoutables des tenanciers. En général, si dans le nombre certains se montraient bienveillants envers les débiteurs de la dîme, la plupart au contraire faisaient preuve d’une exigence parfois excessive. Forts de leurs traités, qui leur conféraient les droits des seigneurs, ils traînaient sans pitié devant les tribunaux les malheureux en retard pour le paiement des redevances. Peu leur importait que la grêle, la gelée, les orages, eussent dévasté les moissons. Ils restaient sans pitié devant le spectacle des misères accumulées, et souvent, sous prétexte de donner des exemples, ils obtenaient des juges l’incarcération des paysans qu’ils avaient choisis, à raison d’un par village, comme victimes expiatoires.

Ces abus se produisaient aussi bien dans les Commanderies de Malte que dans les seigneuries ordinaires, les unes et les autres ayant des fermiers qui jouissaient de privilèges semblables. C’est pourquoi il n’est pas téméraire de croire que si l’ancienne noblesse a été chargée de la malédiction des paysans quand la Révolution a éclaté ; si à partir de 1787, c’est-à-dire même avant cet événement historique, les travailleurs de la terre avaient, dans le Quercy et le Rouergue notamment, commencé le pillage des châteaux ; si enfin il existe des légendes où la vérité a subi un travestissement sensible, il faut en chercher la cause dans la rapacité inexorable des fermiers.

Car — il faut le remarquer, — plus d’un siècle avant l’époque qui a si profondément modifié les bases de la société française, à partir surtout du milieu du règne de Louis XIV, tandis que les seigneurs de la province, attirés dans les grandes villes soit pour y jouir d’une existence plus agréable, soit afin de servir dans les armées du roi ou simplement vivre dans le milieu séduisant de sa cour, avaient fui les vieux donjons où ne les retenaient plus la crainte de convoitises des gentilshommes voisins, sauvegardés qu’ils étaient par la protection naturelle d’un monarque absolu, les Commandeurs, de leur côté, étaient possesseurs d’innombrables résidences qu’ils n’habitaient guère depuis le commencement du dix-septième siècle.

En attendant, les terres étaient livrées à la nuée néfaste des fermiers, qui, obligés de verser annuellement entre les mains du seigneur une somme déterminée et fixe, quelle que fût l’abondance fut la pénurie des récoltes, se refusaient, dans les années mauvaises, à adoucir le régime des redevances établi par les titres dont ils étaient armés.

De là les abus criants que nous signalons, et contre lesquels la justice du temps était impuissante à réagir. Le seul remède à appliquer eût été une modération du prix de fermage à laquelle le seigneur aurait librement consenti. Mais le seigneur vivait loin de ses fiefs. Les Commandeurs étaient à Toulouse, à Paris, à Malte, à Malte surtout, et les seigneurs laïques, qu’ils fussent à l’armée ou à la cour, étaient pressés du besoin d’argent. Entraînés dans le tourbillon ou dominait la noblesse des grandes maisons de France, il fallait bien y paraître dignement. Or beaucoup trouvaient là le gouffre qui absorbait plus que leurs revenus, leur fortune tout entière.

Dans un tel état de choses on devine sans peine ce que devenait le tenancier au cours des années frappées de disette.

En ce qui concerne la Commanderie de Latronquière, tout porte à croire que les fermiers les plus rapprochés de nous n’ont pas dû soulever la réprobation qui s’était attachée à quelques-uns de leurs prédécesseurs, car le château, bien que sans défense, ne paraît pas avoir subi l’assaut des révolutionnaires, et — répétons-le — la tour qui servait de prison a été la dernière à disparaître.
Sources : F. DE LAROUSSILHE. La tradition place celles de Latronquière aux abords du village de Puéchuzal, au nord-est du chef-lieu de la commune. BNF
La commanderie pendant et depuis les Croisades
Ainsi que nous l’avons déjà dit, les premiers religieux de St-Jean de Jérusalem qui habitèrent Latronquière portaient la robe noire et le manteau de même couleur orné de la croix à huit pointes, l’armure et les vêtements de guerre n’étant de mise que devant l’ennemi ou dans le cas de siège du château.

C’était alors l’époque chevaleresque, celle où la forteresse était hospitalière au voyageur égaré, au pèlerin fatigué de sa longue route, au malheureux pressé de la faim ou poursuivi par la clameur publique.

Alors une certaine poésie, digne d’un temps où la foi était si vive, régnait dans ces murs aujourd’hui disparus et transformait en résidence aimable l’enceinte fermée de remparts menaçants et de tours massives.

Le château de Latronquière, perdu au milieu d’un pays de châtaigniers et de bruyères, à sept lieues de la ville la plus rapprochée, avait une vie intense qui rayonnait alentour. Là, le troubadour vagabond, en cours de visiter les seigneurs de Sousceyrac, Comiac, Parlan, Saint-Céré, Castelnau, Turenne, Lacapelle, Assier, Cardaillac, voyait s’abaisser le pont-levis et s’ouvrir devant lui comme une hôtellerie confortable et jamais coûteuse. Il recevait l’accueil le plus engageant de la part des jeunes novices, friands d’apprendre de sa bouche les nouvelles du pays, les querelles des gentilshommes, les aventures d’amour. Puis, quand il avait terminé ses récits émaillés de vives saillies, de réflexions piquantes, le poète errant, délassé, restauré, était conduit dans la grande salle à cheminée monumentale ; et pendant que d’énormes bûches flambaient dans l’âtre, il chantait aux futurs soldats du Christ ses vibrantes chansons de guerre.

D’autres fois, si l’approche de Routiers était signalée, si l’ennemi se présentait sous les murs de la demeure féodale, les chevaliers se précipitaient aux créneaux, les plus âgés dirigeant la défense, les jeunes courant au péril. Les novices faisaient ainsi le dur apprentissage des armes avant d’aller se battre et mourir sur cette terre de Palestine, qui a bu tant de sang français et tant plongé de mères dans le deuil. Le jeu de la guerre exerçait sur eux une fascination singulière. Ils étaient naturellement braves jusqu’à la témérité. La plupart aimaient le danger d’un amour étrange, le recherchaient et se disputaient l’honneur d’y être les premiers.

Quand fut venue la fin des Croisades, le château de Latronquière perdit cette physionomie originale des anciens jours de la Chevalerie. La présence des novices n’ayant pas sa raison d’être, il n’y résida plus qu’un Commandeur, à qui devait plaire médiocrement une existence de solitaire dans ces grands murs vides. C’est pourquoi il n’y a pas lieu d’être surpris de le voir, dès le XVIIe siècle, abandonner son donjon, s’enfuir à Malte et installer à sa place un intendant chargé de la surveillance de ses intérêts matériels.

A partir de cette époque, la Commanderie n’est plus comparable qu’à une vaste ferme que le maître visite rarement, en toute hâte, et que parfois il ne connaît même pas, aimant mieux s’en rapporter aux commissaires que l’Ordre y envoya à de longs intervalles.

Cependant, tandis que le repaire baronnial est depuis longtemps abandonné à un fondé de pouvoirs dépourvu de prestige, l’aspect général de la Commanderie a gagné en attrait. Lorsque sont passés les mauvais jours des guerres anglaises et du Calvinisme, une petite noblesse sans château ni donjons et une bourgeoisie active sont insensiblement venues se fixer sur divers points du territoire de Latronquière.

Notaires, avocats, chirurgiens, répandus dans les hameaux, ajoutent des éléments nouveaux de mouvement et de vie à ceux qu’on y observait déjà. Leur qualité de vassales du Commandeur empêchant les familles titrées d’exercer une tyrannie sur les paysans, au cas où les y entraînerait un penchant naturel, elles n’ont d’autre ambition que celle d’entretenir entre elles des relations qui ne portent ombrage à personne, et où elles admettent sans peine ceux de leurs voisins dont l’éducation est susceptible d’en augmenter les agréments. Il n’en est pas qui possède de grosses fortunes, mais, toutes jouissent d’un léger superflu qui se dépense en réceptions et en fêtes, car on se fréquente souvent. Un anniversaire heureux, une naissance, un mariage, une partie de chasse, le carnaval, sont le prétexte de repas copieux suivis de soirées passées à la danse.

Il n’est pas de routes dans la contrée, mais on y supplée par de larges chemins sablonneux, pailletés de mica, et coupés de passerelles pittoresques jetées sur les ruisseaux. D’énormes chênes aux branches moussues, des hêtres aux frais feuillages, des bouleaux, qui laissent pendre leurs milliers de tiges flexibles pareilles à des chevelures, ombragent ces voies rurales, où passent les chars des paysans, et à côté de leurs maris les dames à cheval, aussi agiles que des amazones.

Le sort du colon n’est pas malheureux. Si les récoltes ont atteint leur maturité, si aucun fléau naturel ne lui a ravi les fruits de la terre, — or les orages violents sont rares dans la contrée, — il a, à son tour, sa part de plaisirs et de fêtes.
La dime payée, il lui reste encore, à part une abondante provision de vivres, du cidre dans la cave et assez de sols caorsens pour aller, de temps à autre, au cabaret, puiser, dans le vin des vignobies voisins, la force et la gaîté auxquelles lui donnent bien droit ses fatigues quotidiennes.

D’ailleurs, contrairement aux terres calcaires, grasses et dures, pierreuses, hérissées de ronces, celles de la Commanderie sont légères et douces à travailler. Les animaux de labour ouvrent en courant, pour ainsi dire, les sillons où sera répandue la semence ; et les troupeaux, ce capital qni produit sans peine, ont plus de pâturages qu’ils n’en sauraient brouter.

Tel est le tableau que présente la Commanderie jusqu’aux premiers jours de la Révolution.

Il y a mieux. Même après cet événement, le bien être se maintient, l’aménité des relations persiste. La plupart des anciennes familles ont disparu, il est vrai, mais la bourgeoisie est restée, qui s’attache à continuer la tradition.

Depuis une trentaine d’années seulement, d’un côté l’appauvrissement de la natalité ou l’extinction des souches, de l’autre l’émigration des frères trop nombreux, l’attraction des villes, ont en vidant les maisons, brisé des relations séculaires.

Le paysan, à son tour, abandonne la terre dès sa jeunesse. Intelligent, ardent au travail, il va au loin, le plus souvent à Paris, amasser un petit pécule, au risque d’y compromettre sa santé.

Mais lui au moins, revient un jour, quand les économies amassées lui permettent d’arrondir son enclos ; et une prospérité relative réjouit son foyer, alors que d’autres, moins heureux que lui et qu’il jalouse peut-être, ont quitté le leur pour ne plus s’y asseoir.
Evènements divers survenus dans la commanderie
Nous classons ci-après, par ordre chronologique, les faits présentant quelque intérêt historique et qui n’ont pas trouvé place au courant des pages précédentes.
Nous avons volontairement omis de surcharger cette sorte de mémento. C’est ainsi qu’il nous a paru sans utilité, par exemple, d’y consigner les dates de renouvellement des reconnaissances et les particularités par trop secondaires.
En d’autres termes, nous avons voulu éviter d’être prolixe tout en recueillant jusqu’aux bribes que nous avons jugées mériter leur petite place dans cet opuscule.

XIIIe Siècle - 1255
— Donation, par noble Géraud de Vaze au précepteur de Latronquière, du mas de Contensonzas (1), paroisse de Gorses.
1. Contensonzas. Village de Combard, commune de Gorses.

— 1259. Sentence arbitrale entrer le précepteur et Hugues de Fage, damoiseau, à raison de leurs contestations relatives aux bornes et limites des masages de Méjanacalm, Lalue et Donats (2), paroisse de Lauresses.
2. Méjanacalm n’est autre que Calméjane, commune de Lauresses. Lalue et Donats nous sont inconnus.

— 1285. Reconnaissance par Jean Teissère au profit du Commandeur de Latronquière, du mas de Piganiol (1), paroisse de Sénaillac.
1. Piganiol est actuellement sur le territoire de la commune de Sousceyrac.

— 1298. Guillaume de Villaret, dit l’abbé Vertot, était dans son prieuré de Saint-Gilles quand il fut nommé grand maître de l’Ordre de de Malte. Il avait un frère aussi chevalier et des premiers de l’Ordre ; en outre, le monastère des Hospitaliers de Saint-Jean de Fieux (2) était administré par Jourdaine de Villaret, sa sœur.
2. Fieux, près de Miers (Gramat).

Le nouveau grand maître voulut visiter par lui-même tous les prieurés des langues de Provence, d’Auvergne et de France. Au cours de ses voyages, il rétablit la discipline régulière qu’il affermit encore par un Chapitre qu’il convoqua dans la Commanderie de Latronquière.

Parmi plusieurs règlements très utiles qu’il fit, ce fut dans ce Chapitre qu’il soumit les maisons hospitalières de Beaulieu (3), de Martel et de Fieux, occupées par des dames religieuses de l’Ordre, à la visite du grand prieur de Saint-Gilles et de ses successeurs. La supérieure de Beaulieu est élective et perpétuelle, prend le titre de grande prieure et porte la grande croix.
3. Beaulieu, aujourd’hui Issendolus (Gramat).

En même temps, Guillaume de Villaret donna l’habit et la croix de l’Ordre à plusieurs filles de qualité qui s’étaient dévouées dans cet hôpital au service des pauvres, et il établit prieure Aigline de Thémines, fille des fondateurs. Le grand maître fit plusieurs autres règlements, auxquels se soumirent Aigline et quatre autres dames, députées de la Communauté, et qui s’étaient, rendues à Latronquière.

XIVe Siècle 1301.
— Acte constitutif souscrit à Raymond, vicomte de Turenne, par le chevalier Pierre de Raymond, établissant les rapports entre la vicomté et la Commanderie.

— 1309. Première reconnaissance connue des habitants de la paroisse de Bouxal en faveur du Commandeur de Latronquière.

— 1313. Les tenanciers du village de la Rabelanie (1) reconnaissent en faveur du Commandeur tout le campmas de la Rabelanie, sis dans la paroisse de Prademie de Basse, sénéchaussée de Cahors, viguerie de Figeac.
1. Rabelanie, aujourd’hui Rabanel, commune de Prendeignes.

— 1315. Le Parlement de Paris condamne le bailli ou lieutenant de la maison de Saint-Jean de Jérusalem de Latronquière à une amende de 300 livres tournois. Guillaume Bastide, sergent du roi, avait arrêté à Gorses, baillage de Fons, Bernard Astorg, banni pour plusieurs méfaits et se disposait à le conduire à la prison royale de Fons. Soudain accourut Foulques de Falto, homme d’armes du château de Latronquière, qui arracha au sergent un grand couteau que l’agent du roi avait enlevé au banni et en frappa le sergent à la tête. Le bailli, qui était présent, non seulement ne s’opposa pas à ces violences, mais encore adressa des propos injurieux au sergent.
Tels avaient été les motifs de la condamnation prononcée par le parlement de Paris (Recueil des Olim).

— 1350. Jacques Deltheil, de Lauresses, reconnaît en faveur du Commandeur Sicard de Latour une maison appelée la salle Deltheil, ainsi que tout le terroir et bois appelé Lou Batut (juridiction de Latronquière).

— 1357. Bernard et Raymond, de Calméjane, reconnaissent en faveur du même Commandeur le mas de Calméjane, paroisse de Lauresses.

XVe Siècle 1401.
— Géraud Salvestre, Jean Sobeyra et Pétronille Lacombe, femme de Pierre Corbos, reconnaissent en faveur du commandeur Bérenger d’Alon le mas de Soubeiras de Boisseto ou Félécho (2) (paroisse de Maurs).
2. Il s’agit de Boisset-le-Félichou, dit le Coquin.

— 1415. Le Commandeur approuve l’acquisition faite par Jean de Bordes de certaines terres sises aux masage et appartenances du mas del Vespié (1).
1. Vespié, aujourd’hui dans la commune de Gorses.

— 1425. Première reconnaissance connue du mas de Vespié.

— 1432. Première reconnaissance connue du mas de Lantuégol (2).
2. Hameau de Lantuéjoul (Gorses).

— 1433. Pierre Delcayro reconnaît en faveur du commandeur Folquet de Caritat la moitié par indivis du mas del Puech Sobira (3) (paroisse de Lauresses).
La même année, reconnaissance au même Commandeur de l’autre moitié du mas.
3. Le mas del Puech (Lauresses).

— 1447. Me Pierre Filsac, prêtre, agissant tant pour lui que pour André Filsac, son frère, reconnaît en faveur du commandeur Pierre de Montlezun le fief de Bonnes, paroisse de Saint-Julien, près Capdenac.

— 1449. Le commandeur Pierre de Montlezun baille à cens à Jean Motigas le mas de la Placette, situé sur la paroisse de Banhiars (4), diocèse de Cahors.
4. Béars, près Bretenoux.

— 1474. Le premier président du parlement de Toulouse se rend à Latronquière pour régler un différend entre le Commandeur et les tenanciers de plusieurs fiefs.

— 1480. Sentence rendue, du consentement mutuel des parties, par le juge ordinaire de Latronquière, concernant les droits seigneuriaux dus au Commandeur par les tenanciers du village de Peyre (5), alors sous la dépendance de Pierre Salles.
5. Lapeyre (Lauresses).

— 1494. Transaction entre le Commandeur et Guillaume Goteilh, à raison d’un différend relatif à l’acquisition faite par le dit Goteilh d’une châtaigneraie sise à Lascombes (6).
6. Lascombes (Sabadel).

XVIe Siècle 1520.
— Déclaration et consistance de la Commanderie. Ce document est tiré du Catalogue des Maladreries et Commanderies de France déposé à la Bibliothèque nationale (Manuscrits, volume 883).
En 1520, la baronnie de Latronquière possède, pour le membre chef, tous les fiefs qu’elle a conservés dans la suite, et de plus : A Drulhe : les droits détaillés aux améliorissements de 1750.

A Narine : une chapelle, une terre, le dîmage sur ce lieu, des rentes foncières.
A Lugan : l’église, dont le Commandeur est prieur primitif, avec nomination du recteur, la maison claustrale de ladite église, le château et maison forte dudit lieu, un moulin en forme de tour carrée à deux mouline, la dîme générale sur le dit lieu, les directes, censives et rentes foncières, la justice moyenne et basse sur Lugan et autres lieux circonvoisins.

A Ruine : l’église paroissiale, dont le Commandeur est curé primitif et nomme le vicaire, — dîme générale sur le lieu, quelques directes et cens, etc. Rulhe était une annexe de Lugan.

Lagan, Rulhe et Narine étaient, en 1676, détachés de la Commanderie. Du moins, ils ne figurent plus sur les procès-verbaux de visite à dater de cette année.

— 1540. Le Commandeur prend part aux délibérations des Etats du Quercy assemblés à Cahors, le 11 décembre, en compagnie des abbés de Figeac, Rocamadour, Marcillac, Aurillac et Souillac. Le Commandeur occupait toujours le troisième rang aux Etats du Quercy.

XVIIe Siècle 1609.
— Une saisie est opérée contre le recteur de Bouxal, qui ne payait pas les décimes au roi. Le Commandeur adresse aux commissaires députés du roi une supplique en faveur de ce curé et demande la mainlevée de la saisie.

La même année, sentence rendue par le Sénéchal du Quercy contre le seigneur de Lacapelle-Marival, qui détenait un prisonnier justiciable de la Commanderie de Latronquière et refusait de le livrer aux juges du Commandeur.

— 1611. Le Commandeur Jean de Liniers rend hommage au roi entre les mains de Pons de Lozières-Thémines-Cardaillac, seigneur et baron des dits lieux et premier capitaine de 50 hommes d’armes, lequel est chargé de recevoir l’hommage des gentilshommes tenant fiefs nobles et seigneuries.

— 1650-1651. Une compagnie de chevau-légers du régiment de Saint-André-Monbrun, deux compagnies du régiment de Candale et, deux compagnies du régiment d’infanterie du régiment de Périgord passent leur quartier d’hiver au membre chef de la Commanderie.
(Les Communautés de Latronquière, Gorses, Bouxal, Labathude et Cardaillac furent extraordinairement pressurées par ces garnisons. Bouxal emprunta 200 livres à dame Elisabeth de Pluvines marquise de Lacapelle, Gorses 500 livres à M. Lestournel, juge de Fons).

— 1654. Trois compagnies d’infanterie du régiment de Vendôme passent leur quartier d’hiver à Latronquière, du 13 janvier au 12 juillet. Quelques communautés voisines aident celle de Latronquière à supporter cette dépense. Saint-Simon fournit 300 livres, Terrou et Saint-Médard 240 livres, Fourmanhac 280 livres, Calviac et Pontverny 204 livres.

Au mois de septembre de la même année, les Consuls sont mis en demeure de loger, pendant 11 jours, deux compagnies d’infanterie du régiment de Gramont.

— 1661. Le receveur du grand prieuré de Toulouse fonde de pouvoirs Jean de Cancès, juge à Latronquière, pour recevoir les documents, titres et obligations contenues dans la dépouille du commandeur de Mons-Lavasse, et qui sont aux mains de Maitre Garric, notaire à Sainte-Colombe.

— 1664. Le Commandeur fait refaire, pour 17 livres, par les sieurs Robert et Fau, menuisiers, la toiture de l’église de Bouxal.
Les paroissiens devront fournir le bois nécessaire et descendre les vieilles tuiles du toit.

— 1680. Le commandeur Jean-Louis de Caminade baille à cens à Antoine Labro un petit pré appelé d’Aubesaigues, sur le ruisseau de Tolerme, et le moulin de Latronquière, composé de deux bâtiments, l’un pour l’habitation, l’autre pour le moulin. Ce dernier à deux meules à froment et deux meules à seigle. Il était délaissé depuis quarante ans. Le preneur devait payer une rente annuelle de 3 setiers de seigle, mesure de Figeac, portable au château à la Saint-Julien, et de plus moudre gratuitement pour le service du seigneur.

— 1697. Le Commandeur envoie le sieur Antoine Francoual, sergent à Broussoles, faire sommation aux curés de Latronquière, Bouxal et Gorses de prendre la croix de l’Ordre et de faire les vœux d’obédience.

XVIIIe Siècle 1701.
— Le Commandeur achète au roi les droits d’échange, honorifiques, de prééminence, etc., dans les paroisses et taillables de Latronquière, Gorses, Bouxal et Drulhe.

— 1744. Sentence du premier président du parlement de Toulouse qui déboute de leur demande les habitants de Gorses, le Theil, le Bousquet, Lavergne, Clicagne, Vespié, Canet, Vielcanet, Lauresses, Boudet, Cayrols, Maynials, Sirayol, Tarenques, le Bruel, Lantuéjoul, le Puech, Mazarguil et mas del Prat, qui, par l’organe de Maitre Murat, avocat à Lantuéjoul, leur fondé de pouvoirs prétendaient que les reconnaissances avaient été surchargées en faveur du commandeur Guillaume de Ricard.

— 1745. Demoiselle Louise Mialet et les autres tenanciers de Bouysset le Félichou prient le bailli d’Auvergne d’obliger le Commandeur à leur communiquer les reconnaissances de 1433 et 1600.

— 1747. Me Géraud Brugidou, curé de Prendemies, porte plainte devant la justice des ordinaires de Latronquière, contre la femme Mazet, cabaretière à Rabanel, dont la conduite constitue un scandale public. Il requiert le juge du Commandeur de lui appliquer la peine que comporte son immoralité et de la faire emprisonner pour le reste de ses jours, conformément aux édits royaux.

— 1752 (30 mai). La chambre des requêtes de Toulouse condamne Antoine Descargues, Pierre Rouquette et Jean Venries, de Poutiac, paroisse de Gorses, à payer au Commandeur la somme de 281 livres 18 sols 4 deniers, pour les divers frais d’un procès engagé contre ce seigneur, et de plus la dîme annuelle du blé noir.

— 1762. M Cérède, curé de Lauresses, intente un procès à Messire Claude-Mathieu-Joseph de Barral, abbé d’Aurillac, pour le contraindre, conjointement avec l’abbé de Figeac et Messire Marc-Antoine de Redon de Fontanille, abbé de Maurs, et le Commandeur de Latronquière (1), tous codécimateurs de la paroisse de Lauresses, à entretenir le sanctuaire de l’église, à fournir les vases sacrés, les livres, un clerc, le pain, le vin, le luminaire, le blanchissage et généralement tout ce qui est nécessaire pour le service divin et les sacrements. Il exige 80 livres du Commandeur pour administrer les paroissiens domiciliés dans les fiefs qu’il possède sur Lauresses.
1. Le Commandeur opposait aux prétentions du curé de Lauresses que celui-ci était suffisamment doté puisque ses revenus s’élevaient à 1,600 livres et qu’il aurait dû, avant d’engager le procès, se réduire à la portion congrue dé 300 livres. Il ajoutait que, lors d’un ancien partage intervenu entre les décimateurs de la paroisse, le curé primitif ou collateur de la cure avait vraisemblablement pris à sa charge le service de l’église et que tous ensemble avaient donné une pension de 100 setiers, adjugé une partie des fruits décimaux, tels que le carnelage, et accordé un fond de terre et autres droits.

Par jugement du 15 mai de la même année, le Sénéchal de Figeac condamne les codécimateurs à participer aux dites dépenses, conjointement avec Me Cérède, suivant estimation d’experts et en tenant compte de la dîme de carnelage que ce dernier perçoit.
(Me Dufau, lieutenant général ; d’Arnaldy, lieutenant général de police).


Définition de certains termes et droits seigneuriaux
Acaptes, arrière acaptes.
— Le droit d’acapte était dû par le tenancier à la mort du seigneur, et l’arrière acapte à la mort du tenancier. Ces droits doublaient la rente à payer au seigneur.

Albengue ou auberg
— Droit qu’avait le seigneur de loger chez son vassal, avec ses amis, domestiques et équipages.

Amendes
— Le seigneur avait droit d’employer et de percevoir une amende pour crimes et délits.

Carnelage
— Dîme prélevée sur les bestiaux.

Cens, censives
— Rente due au seigneur qui, propriétaire du fonds, abandonne la domanialité au vassal. Le censitaire était le débiteur du cens.

Clameurs
— Par le droit de clameurs on entendait le droit qu’avait le seigneur de retirer un fief au tenancier.

Foncier
— Le seigneur foncier était propriétaire du sol occupé par le tenancier.

Justice haute, moyenne et basse
— Le seigneur haut justicier nommait les officiers qui rendaient en son nom la justice dans son bénéfice. Ce droit lui était commun avec le justicier moyen et bas, et chacun pour ce qui le concernait.

Lods
— Le droit de lods était le prix de l’approbation ou du consentement que donnait le seigneur au changement de mains, quand le tenancier vendait son fonds.

Manoeuvre
— Droit de corvée manuelle.

Prélation
— Faculté qu’avait le seigneur de retirer ou retenir par préférence le fief vendu au vassal.

Prémices
— Droits sur les premiers fruits de la terre.

Pulvérage
— Droit perçu sur les troupeaux de passage, à cause de la poussière qu’ils soulevaient.

Sang
— Droit de rechercher et punir les meurtriers et assassins.

Ventes
— Droit payé au seigneur pour l’aliénation d’une terre dépendant de son bénéfice. Il correspondait au droit de mutation de nos jours.

Vigile
— Droit de garde auquel était assujetti le cerf.

Vade
— Droit d’infliger une peine.
Sources : Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot. Tome 18. Cahors 1893. BNF

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