Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Barfleur - 50
Domus Hospitalis Valcanville
Il nous reste seulement la charte par laquelle un sieur Hugues de Agre leur concéda l'église de Valcanville, eclesiam de Valcanvilla avec le patronage et tous les droits y attachés, ainsi que le confirmait d'ailleurs Guillaume, évêque de Coutances, vers l'année 1213, et comme le mentionne en outre un terrier de la commanderie de 1759.
Près de l'église de Valcanville, se trouvait l'hôtel de la commanderie. Il en était séparé seulement par un chemin qu'on appelait anciennement rue de Calais. L'enclos de l'hôtel s'étendait du côté du midi jusqu'à la rivière de Gère.
Les terres et prairies qui dépendaient de la commanderie comprenaient environ 52 vergées en plusieurs pièces, nommées la Couture, le Clos-Sorel, la Couture au Tellier, les Prés de Launay, le Pré seigneurial et le Grand-Pré.
Le Commandeur avait à Valcanville deux moulins banaux sur la rivière; l'un, nommé le Grand-Moulin, et l'autre, le Petit-Moulin. Comme seigneur foncier du village, il y possédait la moyenne et basse justice (2); il nommait à la cure, et jouissait dans l'église de tous les droits honorifiques, ainsi que de toutes les dîmes de la paroisse. Cet avantage l'obligeait à entretenir et à réparer l'église, lorsqu'il y avait lieu de le faire. Le clocher, qui menaçait ruine en 1426, fut reconstruit cette année-là par les soins du Commandeur, frère Gérard Christophe.
2. Le village de Valcanville auquel a environ IIIIxx feuz, desquelz les L sont hommes de la religion subjects a moyenne et basse justice. (Visite de 1495).
Il appartenait à la commanderie un assez grand nombre de cens et de rentes foncières à Valcanville et dans ses environs. Le Commandeur pouvait seul pêcher dans la rivière et se servir des eaux de la fontaine de Canteloup et de celle du Buisson, en les faisant passer par la rue Gallien et la Couture-au-Tellier, dans les douves ou fossés de son manoir seigneurial.
Sous les Hospitaliers, les hommes de la commanderie étaient exempts à Valcanville de tout logement de gens de guerre, comme aussi de la contribution des étapes. Pour cela, ils devaient placer au haut de leurs maisons la croix à huit pointes, marque distinctive de l'Ordre.
La commanderie avait pour membres les fiefs nobles et seigneuries de Canteloup, Vesly, Sauxetourp, Mont-de-Saint-Cosme, Hemevez, les Bouhours, Fierville, Equerdreville et Ancteville.
Canteloup
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Barfleur - 50
Domus Hospitalis Canteloup
Comme seigneur spirituel, le Commandeur jouissait de toutes les dîmes de Canteloup et des droits honorifiques dans l'église du lieu, aux fenêtres de laquelle on voyait les armes de l'Ordre.
Le jour de la Noël, les hommes et vassaux de la seigneurie étaient tenus de venir chercher la chaule en l'hôtel de la commanderie.
Il y avait plusieurs fiefs qui relevaient de la seigneurie de Canteloup :
Paroisse de Canleloup
Le fief au Comte, qui appartenait, en 1651, à Georges Oger, écuyer, seigneur de la Haulle.
Le fief Bachelier, sur le chemin de la Petite-Lande de Valcanville, allant à l'église de Canteloup.
Le fief Blanchet, au chemin de l'église de Canteloup à Barfleur et à Clitourps.
Le fief du Guert, qui appartenait vers le milieu du XVIIe siècle à Bon Hervé Castel, marquis de Saint-Pierre-Eglise.
Vesly
Département: Manche, Arrondissement: Coutances, Canton: La Haye - 50
Domus Hospitalis Vesly
Vesly comptait, en 1495, cent cinquante maisons, dont la plus grande partie se trouvait dans la censive de la commanderie, qui y avait la moyenne et basse justice comme à Valcanville et à Canteloup.
Il n'y avait pas de domaine non fieffé, mais il dépendait de cette seigneurie plusieurs tènements et vavassoreries, auxquels on donnait le nom de fiefs.
Ces fiefs étaient situés à Vesly, à Gerville (6), à Mobecq (7) et à Sainte- Opportune (8).
6. 7. 8. Département: Manche, Arrondissement: Coutances, Canton: La Haye - 50
Paroisse de Vesly
Le fief Carrière, appartenant en 1759 à Louis de Saint-Germain, seigneur du Buisson.
Le fief de Jandon, au chemin des Prêtres.
Le fief Vaussy.
Le fief Bertrand.
Le fief à la Grande.
Le fief aux Guillots, au chemin du Pont-Patrice au Mesnil.
Le fief Tocque.
Le fief David, au chemin des Prêtres.
Le fief Corbin, au chemin de la Croix-d'Anneville.
Le fief Vimard au ruisseau de la Fontaine-Bourdon.
Le fief Marguerite-la-Comtesse, dans la rue du Pont-David, allant au village des Bazire.
Le fief Pommier, à la Voie du Mesnil.
Le fief Burée, au chemin de Huppelande à Lessey.
Le fief Denis-Revel, au chemin de Lidhaire à Lessey.
Le fief Burnel, au chemin du château de l'Aulne.
Le fief à la Posture, au chemin des Prêtres.
Le fief Hardy, au chemin de l'Estoc du Quesne.
Paroisse de Gerville
Le fief de Glatigny, au chemin du château de Glatigny au presbytère.
Le fief Vimont-Bimond, au Doué-de-Pezeville, fluant au moulin de Vesly.
Paroisse de Mobecq
Le fief Bobillard, à la Voie du Pont de la Petite-Broche au moulin de Bot.
Paroisse de Sainte-Opportune
Le fief aux Diesnis, sur le chemin de Lessey à Coutances.
Le revenu de la seigneurie de Vesly était:
En 1757, de 400 livres.
En 1783, de 610 livres.
Sauxetourp
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Saint-Pierre-Eglise - 50
Domus Hospitalis Sauxetourp
Nous lisons dans le rapport de la visite prieurale de 1495: Y a ung villaige, nommé Chaussetrot, de XII à XV feuz, tous hommes de la religion. Possessions à Sauxetourp (Manche) aveux. 1453-1679. France-Archives
Le revenu de la seigneurie ne dépassait pas 150 livres au siècle dernier.
Saint-Côme-du-Mont
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Carentan, Commune : Houesville - 50
Domus Hospitalis Saint-Côme-du-Mont
Au XVIIe siècle, la diminution des revenus de cette prévôté et la difficulté de les recevoir décidèrent l'Ordre à en faire la vente ; et, par un acte du 13 mai 1630, le commandeur de Valcanville fut autorisé à concéder la prévôté de Sainte-Marie-du-Mont de Saint-Côme-du-Mont et de Carentan, à Messire Jean-François de la Guiche, maréchal de France, pour la tenir en fief de la commanderie, au relief d'un quart de haubert, et à charge de foi et hommage au Commandeur, en lui payant en outre, chaque année, une rente de 40 livres.
De la prévôté du Mont-de-Saint-Cosme, relevait la terre et seigneurie du Vas, située dans la paroisse de Sainte-Colombe (14) et lieux environnants ; laquelle appartenait, en 1759, à Messire Osbert, écuyer, seigneur de Saint-Martin.
Hemevez
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Montebourg - 50
Domus Hospitalis Hemevez
Il comprenait le patronage de l'église de Sortosville, la seigneurie foncière d'Hemevez, le droit de pêche dans la rivière du Merderel, depuis les moulins de Chef-de-Fer jusqu'à ceux du Ham et le domaine non fieffé de 1,500 vergées de terre, divisées en quatre tènements.
Premier tènement : le château et la ferme d'Hemevez avec les terres en dépendant, borné vers midi par la rivière du Merderel ; et tenant vers couchant au chemin de Montebourg.
Deuxième tènement : la terre et seigneurie de Goudange, réunie et incorporée d'ancienneté au fief d'Hemevez et d'Anneville, consistant en un manoir seigneurial, terres et prairies situées en la paroisse d'Hemevez, quartier de Goudange, tenant au marais d'Hemevez et à l'eau de Sinople.
Troisième tènement : la ferme de l'Archerie, sur le territoire d'Hemevez, dont une partie des terres se trouvait sur Saint-Cyr.
Quatrième tènement : la Baronie, se composant de maison, terres et prés, située également au territoire d'Hemevez, avec deux moulins : l'un, sur la rivière du Campion ; et l'autre, sur celle du Merderel.
On ne sait comment ni à quelle époque ce fief de haubert cessa d'appartenir à la commanderie de Valcanville. Il était possédé, en 1759, par Messire Philippe-Antoine-François de la Motte-Ango, qui n'était tenu à aucune rente ni redevance envers le Commandeur, mais à qui il devait rendre foi et hommage, quand le cas échéait.
Les Bouhours
Département: Manche, Arrondissement: Coutances, Canton: La Haye, Commune : Marchésieux - 50
C'était le nom d'un fief situé dans la paroisse de Marchesieux, et dans lequel le commandeur de Valcanville avait droit de moyenne et basse justice. Tout le domaine était fieffé et avait été converti en cens et rentes foncières, reposant sur un certain nombre de terres.
En 1759, le fief des Bouhours était tenu par Jean-François de Bray, écuyer, seigneur de Hautquesney, pour lequel il payait chaque année au Commandeur une redevance de vingt livres par an et un relief, quand il y avait lieu, d'un huitième de fief de haubert.
Fierville
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Saint-Pierre-Eglise - 50
Fief noble qu'on appelait la Verge et prévôté de Fierville, et qui consistait en cens et rentes seigneuriales qu'on percevait à Fierville, ainsi que dans les paroisses des environs, à Saint-Maurice, à la Haye-d'Ectot, au Mesnil-Gohy, à Sauveur-le-Vicomte, à Rauville, à Hautmesnil, en la sergenterie de Beaumont, ainsi qu'à Saint-Germain et à Saint-Martin de Varreville.
En 1621, le chevalier d'Hervey, commandeur de Valcanville, voulant éviter les peines et les frais qu'exigeait le recouvrement de toutes ces rentes, se fit autoriser par le Chapitre provincial de l'Ordre, pour accorder en arrentement perpétuel le fief de Fierville à Messire François de la Luthumière, seigneur et baron de Gutteville, moyennant une redevance annuelle de quinze livres tournois, pour sûreté de laquelle ce dernier hypothéqua sa terre de Gatteville.
Equerdreville
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Equeurdreville-Hainneville - 50
Le fief ou la seigneurie d'Equerdreville n'avait qu'un domaine fieffé, et consistait presque entièrement en cens et droits seigneuriaux qui se percevaient au dit lieu et dans d'autres villages des environs de Cherbourg. Mais l'éloignement de ce fief et la perte de ses titres pendant les dernières guerres engagèrent, en 1621, le commandeur d'Hervey à accorder la seigneurie d'Equerdreville à rente perpétuelle à Messire Jacques Grimonville, seigneur châtelain de Nacqueville. La redevance annuelle qu'il devait payer à la commanderie était fixée à 30 livres tournois.
Ancteville
Département: Manche, Arrondissement et Canton: Coutances - 50
Comme les fiefs précédents, et sans doute pour les mêmes raisons, le fief d'Ancteville (23) fut aliéné, au XVIIe siècle, par le commandeur de Valcanville. Celui-ci, avec l'autorisation du Chapitre provincial de l'Ordre, l'arrenta à perpétuité en 1630 à Messire François Jahel, seigneur de la Jocasserie, moyennant 36 livres tournois par an, avec droit à l'arrentataire de réunir ce fief à un tènement à lui appartenant, nommé la Pellaudiere, et tenu de la commanderie dans la paroisse d'Ancteville ; et en outre, d'y faire bâtir un colombier, à charge de foi et hommage au Commandeur, et au relief d'un huitième de fief de haubert.
Les anciens terriers de la commanderie mentionnent encore un grand nombre de petits fiefs que la commanderie possédait à Valcanville, savoir :
Le fief au Comte, situé au hameau des Moulins.
Le fief à la Bourienne.
Le fief Cottentin, au hameau de ce nom, dans la rue Gallien.
Le fief Mancel, au hameau de ce nom, sur la voie des Prés.
Le fief Savary, près du Pont-Savary.
Le fief Cardo-Brune, dans la rue de Doncanville.
Le fief aux Durant, au chemin d'Annéville à Sainte-Geneviève.
Le fief au Courtois, hameau de Cotentin.
Le fief Floré, au chemin de Valcanville au Vast.
Le fief Samson-Guillot, au chemin du Pont-de-Ceres à Trouville.
Le fief Royer, au triage de Trouville et des Bretonnières.
Il y avait aussi d'autres fiefs qu'on désignait sous le nom de Bordiers ou Bordages.
C'étaient :
Le bordage de la Fauconnerie, au chemin allant de la rue de Calais au pont de Gères.
Le bordage de Mariavilla, touchant aux chemins des prés de Launay.
Le bordage au Maître.
Le bordage Binot, près du cimetière.
Le bordage nommé la Digosvillerie, près de l'église.
Le bordage Bastard, au triage des moulins de l'Hôpital.
Le bordage Marest et le bordage de Quedalleu, au chemin allant à la Lande.
Ceux qui tenaient ces bordages étaient obligés envers la commanderie, d'aller chacun leur tour, un jour par semaine, chercher dans la banlieue et aux marchés des environs, les provisions du Commandeur, en pain, vin, viande, poisson, huile, etc.; faire le foin du petit pré de la commanderie, nettoyer les écuries du manoir seigneurial, peller les pommes, et tirer le cidre au pressoir; enfin balayer l'église à Pâques et à la Noël.
Le revenu général de la commanderie de Valcanville était:
En 1495, de 307 livres.
En 1583, de 1,500 livres.
En 1690, de 2,500 livres.
En 1757, de 4,000 livres.
En 1783, de 7,118 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Valcanville
Département: Manche, Arrondissement: Cherbourg, Canton: Quettechou - 50
Origine templière
Acien diocèse de Coutances.
Propriété privée
La fondation
On ne sait rien de certain concernant l'installation des Templiers à Valcanville. Certains érudits ont fait remonter la fondation de la commanderie au XIIe siècle et, plus précisément encore, sous le règne de Henri Ier Beauclerc, mais sans étayer ces affirmations de preuves solides.
La documentation touchant la présence de l'Ordre du Temple dans le Cotentin est extrêmement succincte et ne permet que des hypothèses. Ainsi n'avons-nous trouvé qu'un seul acte intéressant la période templière à Valcanville. Ce document, non daté, émane de Guillaume, évêque de Coutances et porte confirmation de la possession, par le Temple, de l'église paroissiale.
Les archivistes de Malte lui ont attribué, a posteriori, la date de 1213. Dans quel dessein l'Ordre s'était-il fait donner cet édifice ?
S'agissait-il simplement pour lui de percevoir les revenus qui y étaient attachés ?
Ou bien, joignant la commodité au profit, les Templiers avaient-ils trouvé avantageux, plutôt que de construire une chapelle dans l'enceinte de la commanderie, d'utiliser pour leurs cérémonies l'église paroissiale toute proche ?
S'il n'est pas possible de trancher dans un sens ou dans l'autre, notons cependant qu'il n'est question de chapelle ni dans le procès-verbal de dévolution de la commanderie, dressé en mai 1313, alors que les « manoirs » et les moulins y sont mentionnés, ni dans le « Livre vert », rédigé soixante ans plus tard. Quoi qu'il en soit, on ignore à quelle époque les Templiers se sont installés à Valcanville. On sait en revanche que l'Ordre possédait des biens dans le Cotentin dès le XIIe siècle, tels ceux que Richard de Bohon, évêque de Coutances (1151-1179), leur avait donnés à Saint-Lô.
Les terres et les revenus à l'époque du Temple
A Valcanville, comme ailleurs, les Hospitaliers ont hérité des biens du Temple : hommes, fiefs, redevances, sans y rien ajouter. Si, dans le procès-verbal de dévolution, seul le membre de Hémevez est cité, il est incontestable que les autres dépendances de la commanderie :
Canteloup, Vesly, Théville (Hameau de Sauxetourp), Saint-Côme-du-Mons, Marchésieux (fief des Bouhours), Fierville, Equeurdreville, Ancteville, etc. sont elles aussi d'origine templière.
Aucun document ne vient toutefois préciser à quel moment, ni de quelle manière, les terres et l'ensemble des revenus furent acquis.
Sources : Michel Miguet, Les Templiers et Hospitaliers en Normandie. Edition du CTHS, 1995. - Suite