Département: Aube, Arrondissement et canton de Troyes — 10
Domus Hospitalis Troyes
Le Grand-Maître du Temple reçut dans cette circonstance les témoignages de la plus vive sympathie de la part des hauts personnages qui assistaient au concile. Un d'entre eux, Raoul le Gros, « Crassus », s'empressa de donner à l'Ordre une terre qu'il possédait aux portes de la ville de Troyes.
Cette donation est rappelée dans une charte très-remarquable de Haton, évêque de Troyes, de l'année 1143, dans laquelle ce prélat, énumère et confirme tous les dons faits jusqu'alors aux Templiers dans son diocèse. On y voit que le seigneur Raoul leur avait donné, sous réserve d'usufruit, une maison qu'on appelait La Grange, « domum quam Grangiam vocamus », située devant Troyes, « ante Trecas », avec la terre de Preize, « terrain de Praeria (Preize, faubourg de Troyes) » à partir du chemin de la Rivière, « a via que dicitur de Riveria (La Rivière de Cors, près Preize) », avec les prés, vignes et bâtiments en dépendant, y compris tous les animaux domestiques qui pourraient s'y trouver au jour de son décès.
La donation eut lieu dans la maison ou Grange dont nous venons de parler, en présence d'Hugues de Payns, Maître, « Magistri », du Temple, et des frères qui l'accompagnaient, Gaudefroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, et deux autres chevaliers.
La charte de Haton mentionne que le dit seigneur Raoul avait en outre concédé aux Templiers, toute la terre qui s'étendait depuis le Grand-Chemin, « a magno chemino », jusqu'à un autre chemin, « usque ad alium cheminum », qu'on ne désigne pas.
La terre de Preize devint le fondement de la commanderie de Troyes, qui ne tarda pas à recevoir de nouveaux dons. Thibaut, comte Palatin de Troyes, donna aux Templiers une rente de sept marcs d'argent. Le comte Henri, son fils, y ajouta, en 1159, trois autres marcs; en tout dix marcs d'argent, pour lesquels les frères du Temple eurent 48 livres de Provins à prendre chaque année, savoir: 24 livres sur le tonlieu de Troyes, 12 livres sur la foire de Saint-Rémi, et le restant sur celle de Saint-Jean.
En 1171, un seigneur du pays, Clerambaut de Chappes, « de Capis », leur accorda une rente de 100 livres tournois sur la vicomté de Troyes; et en 1186, Raoul le Pesant, « Ponderosus », leur fit donation d'une maison sise à Troyes, rue Composte, « Trecis in vico Coopoto », nommée depuis rue du Temple, avec six arpents de pré à Lecheroles, « apud les Cherulas », et un arpent de vigne à la butte de Jupiter, « apud Monticulum sacratum Jovis. »
Ce n'était pas la seule maison que les Templiers avaient à Troyes. Ils en acquirent un assez grand nombre qui furent ensuite accordées à cens ou à rente perpétuelle à diverses personnes. Ces maisons, au nombre de plus de cinquante, se trouvaient, d'après un terrier de 1598, dans les rues « du Temple, de la Grande-Massecrerie, de la Pye, de l'Espicerie, de la Bourcerie, de la Grande-Tannerie, de la Corderie, de Notre-Dame, du Haulne, des Bûchettes, du clos de la Magdeleine, de la Vieille-Pouillalerie, des Bains-aux-Femmes, près du Guey-aux-Chevaulx, etc. »
Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem possédaient aussi à Troyes plusieurs maisons qui dépendaient de leur commanderie d'Orient. L'une d'elles, qu'on a appelé le « Petit-Hôpital », et ensuite « l'Hôtel de la Grimacière », était située derrière l'église de Saint-Rémi, et leur avait été donnée en 1265, par Thibaut, comte Palatin de Troyes.
De toutes ces maisons, tant du Temple que de l'Hôpital, trois seulement restaient au siècle dernier: la maison de la Commanderie, rue du Temple, avec sa petite église dédiée à saint Jean-Baptiste, que le commandeur Bouslard de Sillery avait fait rebâtir vers le milieu du XVIIe siècle (Topographie de Troyes par Courtalon. Tome 2, page 206);
Une autre maison, même rue, à trente pas de la précédente;
Et une troisième, appelée « l'Hôtel du Sauvage », dans la rue de Notre-Dame, connue aussi sous le nom de « Maison de Montauban », parce que les marchands de Montauban avaient coutume d'y descendre dans les jours de foire (Les Rues de Troyes par Corrard de Breban, page 59).
Le jardin de la commanderie allait jusqu'au Jeu-de-Paume, dans la rue de la Corderie, et était séparé de l'hôtel par un bras de la Seine. On voyait encore dans la cour, à la fin du XVIe siècle, les ruines d'un grand bâtiment en pierres de taille. C'est ce qui restait de l'ancien hôtel du Commandeur, qui avait été brûlé en 1524, lors du fameux incendie qui dévora une grande partie de la ville de Troyes.
Le domaine de Preize qui dépendait du Temple de Troyes, avait sa maison située au bout de Preize, au finage de la Chapelle-Saint-Luc, près du chemin des Vassauldes. Cette maison n'existait plus au XIVe siècle. Il en restait les terres au nombre d'une trentaine d'arpents, et un assez grand nombre de censives à Preize, à la Chapelle-Saint-Luc, aux Vassoles, à Barberey, à la Rivière-de-Cors, etc.
Le revenu de la maison de Troyes était, en 1782, de 2,640 livres.
Les membres qui composaient d'abord la commanderie, étaient les terres et seigneuries de Sancey et de Ménois, le fief de Verrières, le domaine de Bouilly, l'ancienne maison du Temple de Cérès, et la terre d'Errey.
Au XIVe siècle, les Hospitaliers, en prenant possession des biens du Temple, réunirent à la commanderie de Troyes celle de Payns, qui en était voisine.
Les guerres du XVe siècle, par les ruines qu'elles avaient semées dans le pays, avaient rendu des commanderies bien improductives, tellement qu'on fut obligé, comme nous l'avons déjà dit, d'en supprimer un certain nombre pour en réunir les biens à d'autres plus importantes ou qui avaient moins souffert.
C'est ainsi qu'on réunit à la commanderie de Troyes celles de Bonlieu, d'Orient, et de Rosnay en partie. En 1469, on y adjoignit la commanderie de Coulours (Yonne 89); et en 1471, celles de Barbonne (Marne 51) et de la Chapelle-Lasson (Marne 51). Vers la même époque, on y ajouta encore la maison de l'Hôpital du Perchoir (Aube 10).
Par suite de ces annexions et de l'importance donnée à la commanderie de Troyes, l'Ordre jugea à propos de faire de celle-ci une chambre prieurale, c'est-à-dire une commanderie attachée à la dignité de Grand-Prieur de France.
Cet état de choses dura jusqu'en 1598, c'est-à-dire jusqu'au moment où la commanderie de l'Hôpital, autrement dit de Saint-Jean-de-Latran, à Paris, fut substituée à celle de Troyes comme chambre prieurale.
On rétablit en même temps la commanderie de Coulours (Yonne 89). Ses anciennes possessions lui furent rendues, moins toutefois la maison de Sivrey (Aube 10); et en compensation, on lui accorda les biens des anciennes commanderies de Barbonne (Marne 51) et de la Chapelle-Lasson (Marne 51), avec la maison de Rosnay.
Cette nouvelle organisation réduisit la commanderie de Troyes au nombre des membres dont nous allons parler.
Noms des Commandeurs de Troyes
1345. Le chevalier Guillaume de La Motte.
1354. Le chevalier Hebert de Montferrant.
1357. Le chevalier Henri de Saint-Thron.
1363. Le chevalier Jacques de Gien.
1366. Frère Nicheaumes.
1370. Frère Antheaumes de Walluis, alias de Wailly.
1391. Frère Lambert d'Estinehoult.
1406. Le chevalier Henri Rempart.
1411. Le chevalier Adam de Saint-Jean.
1442. Frère Jehan Moreau.
1450. Le chevalier Guillaume Vasselin.
1460. Le chevalier Jacques Serpe.
1486. Le chevalier Pierre de Dynteville.
1503. Le chevalier Philippe de Villiers-l'Isle-Adam.
1532. Le chevalier Pierre de Cluys, Grand-Prieur de France.
1537. Le chevalier Jacques de Bourbon, Grand-Prieur de France.
1542. Le chevalier Philippe Carleau, Grand-Prieur de France.
1547. Le chevalier Claude d'Ancienville, Grand-Prieur de France.
1549. Le chevalier François de Lorraine, Grand-Prieur de France.
1563. Le chevalier Pierre de La Fontaine, Grand-Prieur de France.
1579. Le chevalier Henri d'Angoulême, Grand-Prieur de France.
1598. Le chevalier Juvenal de Lannoy.
1602. Le chevalier René Bulart.
1637. Le chevalier Noël Bouslard de Sillery.
1642. Le chevalier Charles de Clinchamps.
1673. Le chevalier Jacques de la Motte-Houdancourt.
1700. Le chevalier de Louviers.
1732. Le chevalier Nicolas-Edouard Razan de Flamanville.
1749. Le chevalier Jean-François de Calonne d'Avesnes.
1764. Le chevalier de Gauville.
1782. Le chevalier Jacques Laure le Tonnelier de Breteuil, ambassadeur de l'Ordre près la Cour de France.
Maison du Temple de Sancey ou Saint-Julien
Département: Aube, Arrondissement et canton de Troyes — 10
Domus Hospitalis Saint-Julien
L'acte de donation, ainsi que celui de confirmation, par Oudart, maréchal de Champagne, en date du mois de février 1205, sont délivrés en forme de vidimus, en 1254, par l'official de Troyes.
Parmi d'autres donations faites aux Templiers, pour augmenter leur domaine de Sancey, nous citerons celle du mois de décembre 1233, par laquelle Guillaume, seigneur de Rouillerot « de Ruilereto », de toute la dime, ainsi que de la terre que ce seigneur avait au finage de Sancey, au lieu-dit La Wassonnière, « in loco qui dicitur à La Wasonire »
La maison de Sancey, autrement dite la Ferme de Saint-Julien, était située près de l'église du lieu, sur un chemin allant du village à la Seine. Il en dépendait au siècle dernier, 45 arpents de terre arable, et 65 arpents de pré; le tout affermé avec les dîmes, cens et droits seigneuriaux, 1,200 livres en 1757, et 2,000 livres en 1782.
Domus Hospitalis Ménois
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Lusigny-sur-Barse, commune: Rouilly-Saint-Loup — 10
Domus Hospitalis Ménois
Parmi les fiefs qui relevaient de la seigneurie, il y avait celui de Chaussepierre qu'une noble dame, Ermangard de « Chaucepierre », veuve du chevalier Thomas de Bussy, à qui il appartenait, engagea en 1247, pour une somme de 260 livres et 60 sols de Provins qu'elle reçut des Templiers, sous la condition qu'après sa mort, ce fief reviendrait à ces derniers.
La terre de Ménois fut en grande partie aliénée ou donnée à rente perpétuelle vers le milieu du XIIIe siècle, par les Templiers. Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem n'y possédaient plus, au XVIe siècle, qu'un petit nombre de terres et une assez grande quantité de censives.
Domus Hospitalis Verrières
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Lusigny-sur-Barse — 10
Domus Hospitalis Verrières
Le Commandeur avait toute justice et seigneurie à Verrières. Cette terre valait en revenu 900 livres, en 1757, et 2,200 livres en 1782.
Domus Hospitalis Bouilly
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bouilly — 10
Domus Hospitalis Bouilly
La maison n'existait plus au XIVe siècle, et les rentes des terres qui avaient été données à cens perpétuel, se percevaient encore au siècle dernier.
Domus Hospitalis Cérès
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bouilly, commune: Montceaux-lès-Vaudes — 10
Domus Hospitalis Cérès
Une sentence du bailli de Troyes, du 10 juillet 1581, prononça en faveur de Henri d'Angoulême, alors Grand-Prieur de France, l'annulation d'un acte d'arrentement fait en 1521, par renouvellement d'un autre, de l'année 1476, de la terre et seigneurie de Cérès qui dès lors redevint un membre de la commanderie de Troyes.
Le Commandeur avait à Cérès toute justice haute, moyenne et basse. Le domaine comprenait une maison avec une chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste. La maison était située sur le chemin menant au bois de Rumilly, près de la Voie aux Asniers. La maison de Cérès, appelée l'Hôpital sous les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, est indiquée au sud de Cérès sur la carte de Cassini.
Les terres qui en dépendaient, au nombre de plus de 300 arpents au siècle dernier, étaient affermées, en 1598, seize écus sol; en 1738, 800 livres; en 1777, 1,000 livres; et en 1782, 3,000 livres.
Domus Hospitalis Errey
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Estissac, Commune: Messon — 10
Domus Hospitalis Errey
Les terres, divisées en plusieurs pièces, étaient situées aux lieux dits:
Devers Prugny,
A La Croix,
Au-dessoubs des vieilles vignes,
A la Voie de la Garenne,
Au Champ de la Brebis,
Au Chauffour,
A la Haie Saint-Benoit,
A Vauthiery,
A la Pierrière,
A la Corroyure,
Au Chemin de Villarcer,
En Vau-Regnard,
A Torvillers,
Au Chemin de Cheingy.
Elles étaient au nombre d'environ 130 arpents, affermées en 1532, dix setiers de grains, froment, orge, seigle et avoine; et en 1757, 240 livres.
Domus Hospitalis Payns
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Troyes 4e Canton — 10
Domus Hospitalis Payns
Thibaut, roi de Navarre et comte Palatin de Champagne et de Brie, accordait en août 1263 des lettres d'amortissement aux Templiers, pour des terres qu'ils avaient achetées de Pierre Grubele de Payens, situées partie devant le Temple de Payns, au-dessus de l'Orme de frère Audelle, « ante Templum de Paiens supra ulmum fratris Audelli », et partie dans les plantations de Payens.
Payns n'a été un chef-lieu de commanderie que sous les Templiers. Les Hospitaliers, après en avoir pris possession, avaient jugé à propos de l'adjoindre à la commanderie de Troyes, dont il devint un membre. Malgré cela, on lui conserva encore longtemps le titre de commanderie. Aux XIVe et XVe siècles, on avait coutume d'appeler la commanderie de Troyes, commanderie de Troyes et de Payens.
D'après une ancienne déclaration du temporel de la maison de Payns:
1. — on voit que l'hôtel de la commanderie et la chapelle n'existaient plus au XVe siècle. Il restait les terres, au nombre de 500 arpents, situées au finage du Pavillon-Sainte-Lucie et lieux voisins, appelés l'Hôpital de Payens; 2. — quarante arpents de pré, aux finages de Savières et de Saint-Mesmin, nommés « le Pré-Caïn » et « les Prés de Grosley »;
3. — les grosses et menues dimes du Pavillon;
4. — les dîmes de Savières et du Champ-Rotien;
5. — un labourage à Payns, nommé « le Carroy »;
6. — les terres du Grand et du Petit Champeau en la Vieille-Chaux.
Le revenu de Payns était, en 1645, de 750 livres; il était de 2,200 livres en 1782.
Domus Hospitalis Bonlieu
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton et commune: Piney — 10
Domus Hospitalis Bonlieu
Ce n'est pas seulement à l'aide des dons qu'ils recevaient, mais encore par des acquisitions qu'ils faisaient de leurs propres deniers, que les Templiers augmentèrent leur maison de Bonlieu. Gauthier, comte de Brienne, pour récompenser un de ses seigneurs, Bernard de Montcuc, « Bernardus de Montecuco », lui avait fait don en avril 1228, de 400 arpents de bois, appelés le Bois de « Bateis », entre Piney, Aillefol (de nos jours Geraudot) et Brévonne, « inter Pigni et Aillefou et Bevrone, quod nemus dicitur Bateiz », avec l'usage de tous ses bois, situés entre l'Aube et la Seine, « inter Albam et Secanam », et aussi le droit de pâturage dans ses terres. Cette donation était faite à la charge de payer chaque année au comte de Brienne ou à ses héritiers, un denier par chaque arpent de bois donné; et il était convenu que le donataire pouvait disposer de ces bois comme il l'entendrait, les défricher, y bâtir, les vendre même ou les donner, soit aux chevaliers du Temple, soit à ceux de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, aux mêmes charges et conditions qu'il les avait reçus.
Deux ans après, Bernard de Montcuc vendait aux Templiers, ainsi qu'il appert d'une charte du bailli de Troyes, de l'année 1230, tout ce qu'il possédait à Rosson, « in villa de Roysson », à Aillefol, « in villa Ayllefo », et sur ces territoires, plus son essart de Piney, et un autre, situé entre Piney, Aillefol et Brévonne; le tout avec l'approbation de Thibaut, comte de Champagne et de Brie, qui en confirma la vente.
En 1232, le même seigneur de Montcuc cédait encore aux Templiers, 120 arpents dans le bois de Bateis, situés près de l'essart du cédant, et tenus en fief du comte de Brienne, par Gaudefroy de La Caucharde ou Cauchade.
Une autre acquisition plus importante, est celle faite en 1239 par les chevaliers du Temple, de Gauthier, comte de Brienne, qui leur vendit, pour le prix de 2,000 livres tournois, mille arpents de bois de sa forêt de Bateis, située dans le comté de Brienne, « in comitatu Brene », et touchant à la terre achetée de Bernard de Montcuc.
Une charte de Guy de Milly, « de Milliaco », du mois de juillet 1254, constate encore une cession faite par ce seigneur, au profit des frères de la chevalerie du Temple, de 600 arpents de terre et de bois, qu'on appelait Bois de Bateis, « nemora que dicuntur Bateiz », situés entre Brevonne, le Temple de Bonlieu et la grande foret d'Orient, « inter Beveronem et domum Templi que vocatur Bonus Locus et magnam forestam d'Oriant », pour le prix de 1,700 livres tournois.
Mais l'acquisition la plus considérable, est celle faite en août 1255, de Bernard de Montcuc, dont il est ci-devant parlé; lequel céda aux Templiers, pour le prix de 5,500 livres tournois, 2,500 arpents de bois avec les maisons, grange, tuilerie, étangs qu'ils renfermaient, situés dans la forêt de Der, châtellenie de Vendeuvre délimités de la manière suivante:
Depuis le nid de l'Aigle, « a nido Aquile (« Aquile nidus », peut-être Aillefol) »;
Jusqu'à la profonde Fosse, « ad profundam Foveam »;
De la profonde Fosse à la Laie des Convers « de Larrivour, ad Loiam conversorum de Rippassorio »; De là au tertre Roland, « ad collem Rolandi »;
Du tertre Roland à la Riclaie, « ad Ricloiam »;
De la Riclaie au bois de Dienville, « ad nemus de Dianvilla »;
De ce dernier point à Lesperour de Froaces, « ad Lespereour de Froaces »;
En revenant par la forêt de Froaces et celle d'Orient, « per forestam de Froaces et per forestam de Orient (près d'Aillefol, carte de Cassini) »,
Jusqu'au dit nid de l'Aigle.
Cette vente fut confirmée et amortie en août 1255, par Marguerite, comtesse de Navarre, de Champagne et de Brie, et par le comte Thibaut, son fils (6).
Les Templiers défrichèrent et mirent en culture une grande partie des bois qu'ils avaient acquis. Ils en formèrent des domaines, des fermes qui devinrent des membres de leur commanderie de Bonlieu. C'étaient les fermes de: Maurepaire, de Rosson, de La Milly, de La Picarde, de la Loge-Bazin, auxquelles ils réunirent la terre et seigneurie de la Loge-Lionne.
Anciens Commandeurs de Bonlieu
1254. Frère Hugo.
1255. Frère Jobert.
1346. Frère Pierre Bruiant.
1386. Frère Vincent Colet.
1408. Le chevalier Henri Rempart.
1411. Le chevalier Adam de Saint-Jean.
1414. Le chevalier Nicaise de La Haye.
1421. Le chevalier Jehan de Beauregard.
Domus Hospitalis Maurepaire
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Piney — 10
Domus Hospitalis Maurepaire
Domus Hospitalis Rosson
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Piney — 10
Domus Hospitalis Rosson
Domus Hospitalis La Milly
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Piney, Commune: Brevonne — 10
Domus Hospitalis La Milly
Domus Hospitalis La Picarde
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Piney, Commune: Geraudot — 10
Domus Hospitalis La Picarde
Domus Hospitalis Loge-Bazin
Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Soulaines-Dhuys — 10
Domus Hospitalis Loge-Bazin
Le sire de Noyers, châtelain de Vendeuvres, réclamait en 1346, dans les mêmes bois, la haute et moyenne justice, en ne reconnaissant aux Hospitaliers, successeurs des Templiers, que la basse justice dans leur maison de la Loge-Bazin. Il n'est plus parlé de la Loge-Bazin au XVe siècle, sans doute parce que la maison avait été démolie, et les terres réunies au domaine de la commanderie.
Domus Hospitalis Loge-Lionne
Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Soulaines-Dhuys — 10
Domus Hospitalis Loge-Lionne
Le revenu de la Loge-Lionne était, en 1757, de 990 livres; et en 1782, de 2,050 livres.
La commanderie de Bonlieu eut à souffrir beaucoup des guerres du XVe siècle. Le procès-verbal de la visite prieurale de 1456, nous montre la maison du Commandeur « qui comprenoit nagueres plusieurs biaulx et grans édiffices, complètement en ruine et inhabitée, les terres incultes, en haies et buissons. »
La chapelle seule avait été épargnée, et se trouvait en assez bon état. Toutefois on n'y disait plus la messe, et on avait transporté à Troyes les ornements et les autres objets du culte.
C'est alors qu'on jugea à propos de supprimer cette commanderie, et d'en faire un membre ou une dépendance de celle de Troyes.
Le Commandeur était seigneur de Bonlieu, et y avait la haute, moyenne et basse justice.
Les terres de la maison de Bonlieu comprenaient, avec les bois, plus de 500 arpents, divisés au siècle dernier en trois petites fermes qu'on avait bâties près de la chapelle et sur les ruines de l'ancienne maison de la commanderie. Elles étaient affermées en 1757, 1,200 livres; et en 1782, 3,000 livres.
Commanderie de l'Hôpital d'Orient
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Piney, Commune: Geraudot — 10
Domus Hospitalis Hôpital d'Orient
La chapelle d'Orient fut fondée par Jean de Brienne; cela résulte des lettres de Hugues de Brienne, son frère, par lesquelles celui-ci approuve et confirme en 1270 cette fondation, pour laquelle Jean avait donné vingt livres de rente à prendre chaque année sur le péage ou sur les halles de Brienne.
La commanderie d'Orient qui avait été dévastée pendant les guerres du XVe siècle, fut supprimée comme celle de Bonlieu, et réunie à la commanderie de Troyes.
En 1486, le commandeur de Troyes, qui était Pierre de Dinteville, afferma la commanderie d'Orient pour 12 livres tournois par an; mais à la charge de rebâtir la maison qui était en ruines, et de faire desservir la chapelle.
Le revenu du domaine d'Orient était, en 1757, de 1,050 livres; et en 1782, de 2,350 livres. La maison n'existait plus au siècle dernier. Il y avait encore la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, où le curé de Geraudot disait la messe un jour par semaine. Les terres, au nombre de 402 arpents, étaient partagées presque également en deux fermes bâties près de la chapelle. Il en dépendait un moulin à vent, appelé « l'Heurtebise », un bois de 102 arpents, et une dizaine d'étangs, dont les noms suivent:
L'étang de Geraudot (6 arpents);
L'étang des Souchères, au finage de Rosson (14 arpents);
L'étang le Batard, touchant aux terres de Bonlieu (20 arpents);
L'étang des Cinq-Deniers, au-dessus du précédent (15 arpents);
L'étang Musse-Putain, au-dessus du Grand-Maurepaire (15 arpents);
L'étang de Maurepaire, au-dessous de Musse-Putain;
L'étang de Foeullade, tenant aux terres de Maurepaire (13 arpents);
L'étang Amelie (10 arpents);
L'étang Prompt, touchant aux terres de la Loge-Lionne, et;
L'étang du Moulinet, bordant la Loge-Lionne.
Ces étangs, avec, ceux du Perchoir dont nous parlerons ci-après, étaient affermés en 1757, 1,400 livres; et en 1782, 2,204 livres.
Anciens Commandeurs d'Orient
1346. Frère Guy de Pringi.
1394. Frère Jehan le Chevron, dit de Bourgogne.
1404. Frère Ferry de La Ferté.
1409. Frère Jean de La Haye.
1425. Frère Aubert de Cors.
1458. Frère Oudin Mangot.
Domus Hospitalis Trouans
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Ramerupt — 10
Domus Hospitalis Trouans
Les Templiers possédaient au Grand-Trouans une partie de la justice et de la seigneurie du lieu, par indivis avec d'autres seigneurs qui en avaient le surplus. Ils y avaient la dime, quelques terres avec des censives, et un moulin sur la rivière de Sézanne.
C'était une acquisition qu'ils avaient faite des religieux de la Charité-sur-Loire, en 1209, comme on le voit dans l'acte d'achat qu'on trouvera à la commanderie de Laigneville.
La maison de Trouans n'existait plus au XVe siècle. Les 167 arpents de terre qui en dépendaient étaient, avec la dîme et les droits seigneuriaux, affermés en 1456, 15 livres tournois; en 1646, 150 livres, en 1757, 650 livres; et en 1782, 1,700 livres.
Domus Hospitalis Chapelle-Vallon
Département: Aube, Arrondissement: Nogent-sur-Seine, Canton: Méry-sur-Seine — 10
Domus Hospitalis Chapelle-Vallon
Eudes Ragoz, chevalier, seigneur de Saint-Sépulcre, par ses lettres du mois de novembre 1231, accorda aux frères de la chevalerie du Temple et à leurs hommes de la Chapelle-Wallon, le droit de mener paître leurs bestiaux dans la prairie de la Chapelle-Wallon, « de Capella Walonis », depuis le chemin conduisant de l'église de Sainte-Maure, « a monasterio de Sancte Maure », jusqu'à Saint-Savinien, « usque ad Sanctum Savinianum », vers la Chapelle-Wallon.
Il y avait à la Chapelle-Wallon une maison qui fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Les terres qu'elle comprenait, étaient au nombre de 170 arpents. Elles étaient affermées avec la justice du lieu et les revenus seigneuriaux, 100 livres; en 1646 et en 1782, 260 livres.
Domus Hospitalis Arcis-sur-Aube
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Arcis-sur-Aube — 10
Domus Hospitalis Arcis-sur-Aube
En 1467, un différend s'éleva au sujet des offrandes et oblations de cette chapelle, entre le Grand-Prieur de France, Bertrand de Cluys, et le curé de l'église paroissiale d'Arcis. Une sentence du bailli de Troyes, du 4 juillet de la même année, débouta le curé d'Arcis de ses prétentions.
La maison d'Arcis n'existait plus en 1574. La chapelle seule restait. Au siècle dernier, les cordeliers d'Arcis, moyennant une rétribution de 15 livres par an, y disaient la messe un jour par semaine.
Il dépendait de l'ancienne maison d'Arcis une soixantaine d'arpents de terre, en plusieurs pièces, au finage de Villette et de Chesne.
Domus Hospitalis Sivrey
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Ervy-le-Châtel, Commune: Auxon — 10
Domus Hospitalis Sivrey
La maison de Sivrey fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Elle se trouvait dans le village même, tout le long de la voie commune, et aboutissait à une ruelle qui conduisait de Sivrey à La Garenne. Elle était rebâtie en 1543. Auprès de la maison, il y avait une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Vertus.
Avant d'appartenir à la commanderie de Troyes, la maison de Sivrey avait été un membre de la commanderie de Coulours, dont elle fut détachée en 1598.
Le domaine de Sivrey rapportait, à la fin du XVIe siècle, 200 écus sol.; en 1757, 2,000 livres; et en 1782, 4,000 livres.
Domus Hospitalis Perchoir
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Ervy-le-Châtel, Commune de Saint-Phal — 10
Domus Hospitalis Perchoir
On trouve sur la carte de Cassini la Commanderie de l'Hôpital entre Sainl-Phal et Le Perchoir.
Dans les terres à labour, situées le long de la « Haye aux Filles », on voyait plusieurs étangs, nommés:
L'étang de la Vieille-Tuillerie, près du chemin de Tonnerre
L'étang de Dos-d'Ane, à la suite du précédent
L'étang de Renouillat, près du « Pont-aux- Verrières »
L'étang Robin, au-dessus de ce dernier
L'étang de la Jeune-Tuillerie, près du Château
L'étang Fagot
L'étang Jaquot et
L'étang des Fourches.
Le revenu du Perchoir était, en 1598, de 333 écus un tiers, sans les bois. Il s'élevait en 1757, à 3,000 livres; et en 1782, à 5,000 livres.
Domus Hospitalis Forêt-Chenue
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Ervy-le-Châtel, Commune de Saint-Phal — 10
C'était un autre domaine que l'Hôpital possédait dans la même paroisse de Saint-Phal, et où le Commandeur avait, comme au Perchoir, la haute, moyenne et basse justice. Il se composait de deux métairies, consistant en 216 arpents de terre, au chemin de La Perrière. Le revenu de la Forêt-Chenue montait, en 1757, à 250 livres; et en 1782, à 450 livres.
Celui de toute la commanderie de Troyes était, en 1495,de 542 livres; en 1583, de 5,250 livres; en 1734, de 12,852 livres; en 1757, de 21,000 livres; et en 1782, de 46,124 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
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