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Commanderies de l’Ordre de Malte
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Sélestat

Département: Bas-Rhin, Arrondissement et Canton: Sélestat-Erstein - 67

Domus Hospitalis Sélestat
Domus Hospitalis Sélestat

L'ORDRE DE SAINT-JEAN A SELESTAT (1265)
La Commanderie de chevaliers (1265-1399)
Schœpflin et Grandidier placent en l'an 1265 la fondation de la Commanderie de Sélestat. Trois ans après, en 1268, la communauté de chevaliers est déjà bien organisée.
En cette année, saint Albert le Grand y séjourna deux fois. Le célèbre Dominicain, qui venait de donner sa démission comme évêque de Ratisbonne, était revenu comme Lecteur au Studium theologiae de Strasbourg. Il éprouvait une prédilection spéciale pour l'Ordre de Saint-Jean qui s'était couvert de gloire au cours des Croisades et continuait à porter presque seul le lourd fardeau de la lutte contre les Musulmans en Méditerranée orientale.

Le lundi de Pentecôte 1268, il bénit à Sélestat la chapelle de la Commanderie et accorda une indulgence d'une année et de quarante jours à tous ceux qui visiteraient cette chapelle le jour même de la bénédiction et les trente jours suivants, et aideraient les Frères par leurs aumônes. De plus il bénit dans cette chapelle un autel en l'honneur des saints Jean, Nicolas et Georges, et accorda la même indulgence d'un an et de quarante jours à ceux qui prieraient devant cet autel aux fêtes de ces trois saints. On sait qu'au cours de ce premier séjour il accorda également des faveurs spirituelles aux Dominicaines de Sylo.

Il revint à Sélestat au cours de la même année, probablement en octobre. Il bénit dans la Commanderie le cimetière et un deuxième autel, et accorda une nouvelle indulgence à ceux qui feraient des aumônes aux chevaliers et visiteraient le sanctuaire le jour anniversaire de sa Dédicace, et aux fêtes de la Sainte-Croix, de la Vierge et des saints Jean-Baptiste, Jean l'Evangéliste, Nicolas et Georges. Les indulgences, qui étaient de un an et de quarante jours, concernaient également « les péchés oubliés, les vœux non exécutés à condition qu'on fût décidé de les exécuter dès que possible, les offenses des parents sauf s'il s'agissait de coups et blessures, et les serments, à condition qu'ils ne fussent pas prêtés en touchant des reliques. » Enfin quarante jours d'indulgences pouvaient être gagnés en toute occasion par ceux qui viendraient en aide aux Frères par leurs aumônes.

Dans les années suivantes, la Commanderie obtint d'autres indulgences.
Fin 1299 dix archevêques et évêques de la Curie romaine, désirant « que l'église des Frères de l'hôpital de saint Jean de Jérusalem à Slezestat, qui a été fondée en l'honneur de saint Jean, soit davantage fréquentée », accordent quarante jours d'indulgences à ceux qui la visiteront en de nombreux jours de fête mentionnés, et a ceux qui « l'aideront à acquérir et à réparer les ornements liturgiques et le luminaire », et enfin à ceux qui, à la fin de leur vie lui légueront une partie de leurs biens. »

Le 7 juin 1302, l'évêque Frédéric Ier de Lichtenberg confirme cette indulgence et en général toutes celles que la communauté a reçues dans le passé ; il en accorde à son tour quarante jours.

L'Ordre de Saint-Jean était divisé en trois classes : les chevaliers, tous nobles, destinés à concourir par les armes à la défense de la chrétienté ; les prêtres d'obédience qui desservaient les églises, et enfin les Frères servants chargés, soit de soigner les malades et les blessés dans les nombreux hospices entretenus par l'Ordre, soit d'accompagner les chevaliers à la guerre.

Jusqu'en 1399 la Commanderie de Sélestat était occupée par des chevaliers. En 1549 un chevalier de Malte, qu'intéressaient les par revenus de la maison de Sélestat, demanda au Grand-Maître de l'Ordre de la lui céder « sous prétexte que le couvent avait été fondé primitivement par les chevaliers. »

Dans le premier Obituaire de la Commanderie, terminé avant 1404, on trouve les noms de nombreux Frères nobles, issus de familles d'Alsace et surtout de Sélestat.
Les Rathsamhausen sont Frater Frentzelinus de Rathsamhusen.
Les Muntzer par Frater Johannes monetarius (fils de de Hesso, le grand bienfaiteur les des Dominicains) et Frater Frytzmannus monetarius.
Les Schurpfesack par Frater Johannes Schurpfesack.
Citons encore :
Frater Frater Rodulfus de Andelah (Andlau).
Frater Burckardus de Sancto Upolita.
Frater Henricus de Geyssboltzheym et Frater Conradus Bockelin « qui nous a donné un moulin à Scherwiller et d'autres biens ».

Ainsi la noblesse alsacienne, qui avait participé avec tant d'éclat aux Croisades continuait à associer à l'effort de défense de la chrétienté. Après avoir accompli à Sélestat une sorte de noviciat, les jeunes nobles étaient ensuite dirigés par mer « au front. »
Ceux qui en étaient empêchés, semblent avoir desservi un hospice, destiné surtout à recueillir les pèlerins : dans l'Obituaire on signale un frater Henricus medicus.

Comme les autres maisons religieuses de Sélestat, la Commanderie a pu être construite grâce aux offrandes des fidèles, et surtout de la noblesse.
Les Rathsamhausen possédaient de vastes terrains au nord-ouest et à l'ouest de la ville, en dehors des remparts de 1216. Ils en donnèrent une partie pour permettre la construction de la Commanderie, à côté de la grange du prieuré de Lièpvre.
Le 1er obituaire déclare, au 18 juillet : « est décédé le noble Hartmannus de Ratsamhusen qui nous a donné un jardin près du fossé d'enceinte de la cité, et qui a donné à notre Ordre de nombreux autres biens »

Les nouveaux remparts de la fin du XIIIe siècle, plus vastes, englobèrent les bâtiments de la Commanderie qui put s'étendre à son aise entre les deux lignes de fortifications. On comprend donc que Hertzog ait pu vanter sa situation exceptionnellement salubre, due au voisinage des remparts qui lui assuraient l'air vivifiant de la campagne.

Les autres familles nobles et patriciennes imitèrent l'exemple des Rathsamhausen, et firent de nombreuses donations, surtout à l'occasion d'anniversaires qu'elles fondèrent.
En 1294 Henri Ritter de Sélestat légua de nombreux biens qu'il détenait dans le ban d'Epfig à sa fille ; à la mort de celle-ci, ils devaient revenir à la Commanderie.
En 1317, Marguerite Sigel et sa fille donnent aux Frères une rente d'une livre assise sur des maisons à Bergheim et à Sélestat.
Agnès de Wasselnheim fit don, en 1349, d'une maison à Sélestat « à l'autel de la Sainte Vierge chez les Frères »
En 1349, Wernher, Henri et Frédéric de Hadestatt (Hattstatt) remirent au commandeur Egene de Furstenberg une somme de 67 marks d'argent.

L'obituaire cite de nombreux autres bienfaiteurs :
Dietmar et Hartmann Snell (Schnell)
Le chevalier Berthold Brunner.
Henri de Matzenheim.
Conrad Ritter.
Hugo de Ratsamhusen dictus Onrue « qui a donné de nombreux biens à cette maison »
Ulric et Heilwig de la même famille.
Burkard d'Andlau, etc.

D'autres donateurs fondaient des messes perpétuelles. C'était l'époque où des prébendes ou chapellenies, desservies par des prêtres séculiers, se fondaient à l'église paroissiale, à Sainte-Foy, à Sylo et à l'hospice des pauvres.
Le 9 juin 1334, Maître Reinbold Susse, avocat à la Cour de l'évêque de Strasbourg, fonda à la Commanderie une prébende double, à desservir par les Frères de l'Ordre.
Avec le consentement de son épouse Uote, il remit deux maisons, dont l'une, le Marquartin Hof, touchait la Commanderie par derrière, et de nombreuses lettres de cens au commandeur Ruodolf de Masemunster.

Dans l'acte de donation il déclare qu'après sa mort « deux prêtres de cet Ordre... seront désignés dans ce couvent pour dire la messe sur les deux autels de la Sainte Vierge et de sainte Catherine ; ils y célébreront chaque jour et a perpétuité deux messes, à moins qu'une maladie ou une cause raisonnable ne les en empêche ; une messe sera célébrée en l'honneur de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, la seconde en l'honneur de sainte Catherine et de saint Nicolas. » A chaque fête de la Sainte Vierge et aux fêtes des saints précités les deux prêtres se partageront une somme de dix schillings (60 frs or) a prélever sur les cens annuels. Les deux prêtres célébreront l'anniversaire du donateur et de sa famille « avec messes, vigiles et oraisons » ; ils se partageront à cette occasion dix schillings dont ils disposeront a leur gré « pro pictantia et refectione speciali. » Si l'un des deux prêtres meurt, l'Ordre désignera un successeur.
Enfin la Commanderie s'engage a entretenir une lampe perpétuelle à huile « qui brûlera jour et nuit devant l'autel de la Vierge »

Pendant plus d'un siècle et demi, l'Ordre de Saint-Jean avait combattu en Terre-Sainte côte à côte avec les Templiers. En 1307, ceux-ci furent persécutés en France par Philippe le Bel dans des conditions particulièrement atroces. Le concile de Vienne (1312) supprima l'Ordre et en attribua les biens aux Frères Hospitaliers de Saint-Jean.
La Commanderie de Bergheim qui avait été fondée vers 1220 et était consacrée à Saint-Georges, passa ainsi à la maison des chevaliers de Sélestat avec tous ses biens qui étaient assez considérables.

La Commanderie de chevaliers devient Prieuré de prêtres (1399).
Malgré les nombreuses donations qui lui furent accordées, la Commanderie de Sélestât ne fut jamais prospère au point de vue matériel. Faute de moyens, elle ne put pas remplacer la modeste demeure primitive par des bâtiments qui auraient permis de loger décemment les nombreux chevaliers et frères servants.
Dans l'Acte de fondation des deux prébendes en 1334, Reinbold Süsse déclare : « la maison de Sélestat des Frères de Saint-Jean manque de bâtiments conventuels et le service divin y est pauvrement organise à cause du poids de ses dettes » La guerre menée par l'Ordre de Rhodes coûtait cher ; le Grand-Maître exigeait des maisons de l'Ordre des contributions qui les ruinaient peu à peu.

A la fin du XIV. siècle, la situation de la Commanderie de Sélestat était angoissante : elle avait dû contracter des emprunts de 800 guldens et de 52 marks d'argent qui lui coûtaient annuellement, en rentes échues, 60 guldens et 4 marks d'argent. D'autres dettes se montaient à 310 guldens. L'ensemble du passif se montait ainsi à la somme considérable de près de 50.000 francs or. Avec ses seuls revenus, la Commanderie ne pouvait pas espérer s'en sortir. Fallait-il donc vendre ou engager les corps de biens afin de satisfaire les créanciers ?

Devant cette situation tragique, le grand-prieur d'Allemagne, Hesso Schlegelholtz s'adressa à la Commanderie de prêtres de Strasbourg
Le 5 janvier 1371, le riche banquier strasbourgeois Rulman Merswin avait donné à l'Ordre de Saint-Jean les bâtiments d'un ancien prieuré bénédictin au Grünen Wörth ; le commandeur de Sélestat, Wernher Schurer avait signé le contrat en tant que témoin. La Commanderie de Strasbourg, qui resta sous le contrôle de l'habile homme d'affaires qu'était Rulman, prospéra.

Elle accepta de venir en aide à la maison des chevaliers de Sélestat. Le grand-prieur pria le commandeur de Strasbourg, Erhart Thoman et les Frères « de se charger de la maison de Sélestat avec tous ses biens et appartenances, de payer les dettes, de prendre dorénavant la maison en main et de la gouverner »
Le Conseil provincial, réuni dans la Commanderie de Heymbach près de Landau au début de juillet 1399, donna son accord à cette incorporation. Il fut stipulé que le Grünen Wörth entretiendrait à Sélestat deux prêtres « qui feraient les offices et mèneraient une bonne vie religieuse »
Le 17 novembre 1417, le Maître-Général de l'Ordre, Philibert de Nailhac, approuva la transaction.
En 1433 une bulle d'Eugène IV ratifia l'incorporation.

L'accord de 1399 faisait rétrograder l'établissement de Sélestat au rang d'un simple prieuré ; le supérieur du Grünen Wörth portait désormais le titre de « commandeur des maisons de Strasbourg et de Sélestat » Mais l'incorporation lui apporta en échange une prospérité matérielle qu'elle n'avait jamais connue jusqu'alors. La maison de Strasbourg paya les dettes de celle de Sélestat et assigna à celle-ci plusieurs rentes qu'elle possédait à Rhinau.

Les donations affluèrent de toutes parts. Frère Jean Ron « qui fut le premier prieur à entreprendre la réforme de cette maison en 1404 » put donc réaliser de grands travaux. Il construisit la nouvelle église qui était achevée en 1407 ; elle était parallèle au rempart (contrairement à ce qu'indique Merian). La nef était accompagnée d'un clocher terminé par une élégante flèche de pierre.

L'ancienne chapelle, dédiée à saint Michel, servait désormais de chœur. Dans les années suivantes on remania complètement les bâtiments claustraux et on acheta plusieurs maisons voisines pour agrandir le domaine.
Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque humaniste de Sélestat, page 107 à 113. Sélestat 1966. BNF

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