Commanderie de Renneville (Haute-Garonne)
§ 1. — Renneville (H).Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais - 31
Domus Hospitalis Renneville
Aussi, quand après la prise de Béziers suivie de celle de Carcassonne, le comte Simon de Montfort eut soumis à son autorité la plus grande partie du Lauragais, il y trouva matière à de nombreuses confiscations, comme on peut sen convaincre en parcourant les quelques registres de lInquisition, qui sont parvenus jusquà nous. A la place des anciens possesseurs des villes et du sol, on voit surgir à cette époque une nouvelle noblesse. Cétaient les guerriers du Nord, qui avaient reçu leurs parts de la conquête et le prix des prouesses quils avaient accomplies.
Renneville appartenait, au commencement de la guerre, à Aymeric de Castelnau, dit lancien, qui, poursuivi, ainsi que sa femme, pour le crime dhérésie, fut dépouillé de tous ses domaines. Ce seigneur est sans doute le même personnage que cet Aymeric, seigneur de Montréal et de Laurac, qui, après avoir vu ses biens confisqués, sétait jeté dans la place de Lavaur, dont dame Guiraude sa sœur était châtelaine et où il devait périr misérablement avec elle sous les coups des Croisés (1).
1. Dom Vaissette, livre XXI.
Simon de Montfort se hâta de disposer de ces riches fiefs pour récompenser les services de ses compagnons darmes et Renneville fut dévolue par lui à Hugues de Lasces ou de Lates, quil créa seigneur de Lauragais. La première campagne terminée par la bataille de Muret, ce dernier se hâta de témoigner sa gratitude au ciel pour la protection quil lui avait accordée ; dans ce but il se présenta dans la maison de lhôpital de Toulouse, où il demanda dêtre reçu comme donat pendant sa vie et à être enseveli après sa mort, accompagnant la donation de sa personne de celle de sa place de Renneville, de ses habitants, et de toutes ses dépendances. Le prieur Bernard de Capoulège, lui accordant ses demandes, le rendit « participant de toutes les bonnes œuvres qui sétaient faites « ou se feraient dans lOrdre depuis son origine jusquà la « fin du monde. » Ceci se passait vers lan 1213 (2).
2. Pièces justificatives, XXVI.
Peu de temps après, Simon de Montfort ratifiait lacte de piété de son vassal et consacrait la fondation du nouvel établissement des Hospitaliers. Ceux-ci ne tardèrent pas à accroître leur domaine en se faisant céder soit par donation, soit par achat, une partie des terres confisquées sur les hérétiques du voisinage. La possession dun des principaux fiefs acquis de la sorte, celui dont avait été dépouillée dame Titburge, veuve de Sicard de Noville, fut disputée à lhôpital par Alphonse de Poitiers. Nous avons déjà vu comment il se désista de toutes ses prétentions à ce sujet par la charte de privilèges octroyée en 1270 (3). Ce fut vers cette époque que la maison de Renneville qui avait formé dans le principe une dépendance de celle de Toulouse fut érigée en commanderie séparée.
3. Chap. I.
Après la réunion de la province à la couronne, la haute juridiction du lieu de Renneville passa des comtes de Toulouse au roi de France : le précepteur ny exerçait que la basse justice. Ce dernier droit lui fut môme disputé par Réginald de Dunhes, procureur du Roi, au nom de ce dernier. Le procès intenté à ce sujet par-devant le juge de Lauragais, se termina en 1282, par une composition à lamiable dans laquelle le Grand-Prieur de Saint-Gilles, G. de Villaret, consentit à acheter au Roi, le droit contesté au prix de 1000 livres tournois (4).
4. Archives de Renneville, L. I.
Les Hospitaliers profitèrent bientôt après du repos quils venaient de se procurer de la sorte pour octroyer des libertés communales à leurs vassaux de Renneville. Cette charte noffrant aucun caractère bien saillant, nous nous contenterons dy noter la défense faite aux habitants dexporter de Renneville pour les marchés voisins « leurs poules, oies, « œufs, fromages, agneaux et autres denrées comestibles « avant de les avoir présentées au précepteur, afin que, si « lentretien de la maison lexigeait, il put les acheter au prix quils en auraient trouvé à lextérieur, » la prohibition de la pêche depuis le pont de lHers jusquau moulin de lhôpital, le partage entre les Hospitaliers et les Fabriciens (operarii) de léglise des droits perçus sur les ventes. Lacte de ces coutumes fut dressé le 5e jour du mois de mai de lannée 1291 (5). En étudiant ce document et en le comparant à ceux du même genre, qui se trouvent dans les archives dun grand nombre dautres maisons de lOrdre, on peut remarquer que les libertés qui y sont concédées sont relativement peu étendues ; ce qui sexplique aisément par ce fait que, la haute juridiction de Renneville appartenant au roi, lautorité du précepteur y était alors fort limitée, ainsi que les privilèges quil pouvait concéder à ses vassaux.
5. Archives de Renneville L. I.
A peine créée par la charte précédente, la magistrature municipale de Renneville signale tout dabord son existence par ses luttes contre les Hospitaliers. On voit les consuls tantôt refuser de payer les messiers, ou gardes des moissons, tantôt protester contre les criées, ou ordonnances de police que le précepteur avait fait publier dans les rues et les places publiques de leur ville, sans les avoir consultés et y avoir fait figurer leurs noms à la suite du sien. En 1319, nous les voyons traduits par le commandeur, Olivier de Penne, devant maître Raymond Johanis, juge du tribunal de Saint-Jean de Jérusalem dans toute la sénéchaussée de Toulouse, pour les obliger à subvenir, avec largent de la communauté, à lentretien dun enfant de 4 mois, qui avait été trouvé devant la porte de léglise (6).
6. Archives de Renneville, L. I.
Pendant la seconde moitié du XIVe siècle, le Lauragais eut à subir plus dune fois les désolations de linvasion étrangère. A plusieurs reprises, les Anglais le traversèrent, répandant partout la désolation et la terreur. En 1355, le Prince de Galles, débarqué à Bordeaux, se précipita, à la tête de son armée, sur le Toulousain, franchit la Garonne à Portet et savança jusquà Narbonne, laissant derrière lui, comme marques sinistres de son passage, les ruines fumantes de Carbonne, Miramont, Montgiscard, Baziège, Villefranche, Mas-Saintes-Puelles, etc. (7).
7. Dom Vaisaette, livre XXXL.
Quoique Renneville ne figure pas dans cette triste nomenclature, elle nen partagea pas moins, selon toute probabilité, le sort de ces villes ; car elle se trouvait sur le passage de ce torrent dévastateur, qui ne put être arrêté que par les citadelles formidables de Carcassonne et de Narbonne. Peu dannées après, en effet, le précepteur et les habitants songeaient à relever de ses ruines la partie de lenceinte qui avait le plus souffert et qui portait le nom caractéristique de mur de la bataille. Il fallait se hâter, tous sentaient limpérieuse nécessité de mettre promptement leurs personnes et leurs biens à labri, non de linvasion dune armée tout entière, mais au moins des entreprises de ces innombrables bandes de partisans, qui profitaient du désordre général pour achever la dévastation du pays. Mais ici se présentait une difficulté : du précepteur ou des consuls, qui allait être obligé de subvenir aux frais de cette entreprise à laquelle chacun était également intéressé ?
Daprès la coutume généralement admise dans nos contrées et énoncée dans la plupart des chartes de fondations de villes, le seigneur était tenu de faire entourer dès le principe sa bastide de murailles et de veiller en tout temps à sa défense de concert avec les habitants ; ceux-ci se chargeaient par contre de faire exécuter à leurs dépens toutes les réparations que la suite des temps pourrait nécessiter dans ces fortifications. Or, dans le cas présent, aucune des parties ne voulant céder, un arbitrage devint nécessaire. Le précepteur Bérenger de Gozon et les consuls de Renneville convinrent de remettre leurs discussions au jugement de Bernard André, bourgeois de Villefranche et châtelain pour le roi delà ville de Montréal. Ce dernier, après une enquête minutieuse faite sur les lieux mêmes, décida que les consuls auraient à faire construire avec les deniers de la communauté, les fortifications dans la portion de lenceinte désignée et quils devraient y faire faire des gardes de jour et de nuit « dans les temps de nécessité, sous peine de leurs corps » ; le précepteur se chargea de la défense du château et de la partie avoisinante de lenceinte, ainsi que de la garde dune des barrières des lices (cloturae) ; « En cas de guerre les habitants pourront se servir du patus ou place située entre léglise et le château et appartenant au commandeur, pour y mettre en sûreté leur bétail et leur mobilier, sans avoir néanmoins lautorisation dy rien construire » (1366) (8).
8. Archives de Renneville, L. II.
Malgré cette convention, les ressources faisant sans doute défaut aux habitants pour cette construction que Bérenger de Gozon les sommait inutilement dexécuter, le même arbitre fut encore appelé deux ans plus tard, à intervenir dans cette affaire. Sa sentence, rendue le 28 avril 1368, donne des détails assez intéressants sur les enceintes fortifiées des petites villes de nos contrées à cette époque et à leur mode de construction. « Le commandeur, sera tenu de faire élever à ses frais, par des maîtres habiles en des sortes dœuvres (per magistros in talibus expertos), la paroi qui doit avoir 10 pans de large et 30 de haut à partir du sol et en avant un mur de briques avec des créneaux... Au-dessus de la porte qui doit également être refaite à neuf, il doit également faire élever une tour de guet bien haute, suffisante et couverte dune toiture en charpente et en tuiles. » Dans cette tour, les consuls devront entretenir deux hommes de garde en temps de guerre seulement ; ils devront en outre payer 40 deniers dor au franc versés directement aux maîtres et aux ouvriers, moyennant quoi ils seront quittes de tous autres frais (9).
9. Archives de Renneville, L. II.
De ces fortifications quil eut été intéressant détudier sur place, il ne reste plus de traces que dans les archives ; peut-être de nouveaux assauts livrés à ses murs pendant les guerres religieuses vinrent-ils en hâter la destruction. Ces guerres incessantes, la famine et la peste qui en étaient alors les tristes et presque inévitables corollaires, avaient désolé le pays ; sa richesse avait disparu pour longtemps et sa population avait sensiblement diminuée. Nous en trouvons la preuve dans une bulle que Pierre de Montlezun, Grand-Prieur de Toulouse, adressa le 4 juin 1453, à Bérenger de Castelpers commandeur de Renneville, et dans laquelle il déclarait que « accédant aux vœux des consuls de cette localité, et prenant en considération sa misère et sa dépopulation » il abaissait à 5 livres tournois le droit dalbergue dû par les habitants aux Hospitaliers ; le Grand-Prieur se réservait de rétablir lalbergue entière de 10 livres, dans le cas ou des temps plus propices reviendraient pour le pays, et que le nombre des feux de Renneville atteindrait le chiffre de 60. A cette bulle est attaché le sceau en plomb du Prieur avec son blason entouré de la légende, S PETRI DE MONLAZVN (10).
10. Archives de Renneville, L. II.
Par une bulle du 28 août 1523, le grand-maître Philippe de Villiers de lIsle Adam, donna la commanderie de Renneville au chevalier Philippe Giraud du Broc, déjà précepteur dHomps, en récompense de la part glorieuse quil avait prise à la défense de Rhodes (11). Ce commandeur traita quelques années plus tard avec la couronne au sujet du droit de haute justice de Renneville, pour mettre un terme à ce partage dautorité, qui amenait bien souvent des conflits entre les officiers royaux et les chevaliers de Saint-Jean. Par un acte daté du 13 mars 1534, François Ier lui cédait ce droit et en recevait en échange les censives, rentes et oblies que lhôpital de Renneville possédait au Mas-Saintes-Puelles (12).
Dès lors, Renneville appartint en entier aux commandeurs qui, malgré cela, furent troublés plus dune fois dans lexercice de leur autorité. Jen citerai comme preuve lépisode assez singulier, qui se trouve mentionné dans un procès intenté par-devant le Parlement par le commandeur François de Panisse Montfaucon contre les consuls. Il sagissait dune des prérogatives attribuées aux commandeurs de Renneville, et dont ceux-ci avaient joui depuis lors sans interruption ni conteste : je veux parler du choix des 4 consuls sur une liste de 8 candidats, présentée par ceux qui sortaient de charge. Vers le milieu du XVIe siècle, les habitants voulurent profiter du désordre des guerres civiles pour se délivrer par la violence de cette immixtion de leurs seigneurs dans leurs affaires municipales.
11. Archives de Renneville, L. X.
12. Archives de Renneville, L. II.
Profitant de labsence du chevalier de Montfaucon, le 13 janvier 1568, ils réussirent à tromper la vigilance des gardiens du château, sy introduisirent par surprise et, après lavoir livré au pillage, ils se retirèrent emmenant prisonnier le frère Grimoard de Marmara, procureur du commandeur et quatre de ses soldats ; les mutins poussèrent même laudace jusquà les conduire enchaînés dans les prisons de Toulouse et à les poursuivre devant le Parlement sous linculpation davoir voulu les opprimer et porter atteinte par la violence à leurs franchises municipales. A la nouvelle de ces méfaits, François de Panisse demanda justice au Roi qui ordonna de le remettre en possession de ses droits et de poursuivre les coupables auteurs de la rébellion (13).
13. Archives de Renneville, L. X.
La paix étant rétablie, les habitants ne renouvelèrent plus leurs tentatives pour enlever au commandeur le droit de choisir leurs consuls. Ayant renoncé à lespoir den venir à leurs fins, ils se contentèrent de veiller avec sollicitude au maintien de leurs privilèges. Cest ainsi, quen 1645, ils assignèrent devant le sénéchal du Lauraguais le commandeur Jacques de Lancegue, pour le forcer « à donner, suivant la coutume, à chaque habitant, grand ou petit, le jour de Noël, le repas (defructus) consistant en un pain, un morceau de fromage et du vin, et à offrir, le même jour, à souper aux consuls sortant de charge et à leurs successeurs (14) »
Les dernières liasses de documents ne contiennent plus que les procès-verbaux des visites de la commanderie, faites pendant les XVIIe et XVIIIe siècles. Nous pouvons y lire la description de la belle et grande église de Renneville, avec la chapelle du commandeur, due aux libéralités du chevalier Philippe du Broc ; ils nous montrent « tout à costé de lesglise, le chasteau du commandeur tout basty en pierres de taille et de forme carrée. » Sa grosse tour carrée fort antienne, haulte, nayant an dedans aulcun logement. »
Membres de Renneville
Saint-Sulpice-de-Léze
Département: Ariège, Arrondissement: Saint-Girons, Canton: Le Fossat, Commune: Lézat-sur-Lèze - 09
Soucale (Soucate carte de Cassin)
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais, Commune: Nailloux - 31
Ils nous promènent enfin à travers les membres de la commanderie, Fonsorbes, Saint-Sulpice-de-Lézat, Arfonds, Puylaurens, Marquefave, Avignonet, Soucale, etc.
En 1723 les revenus du commandeur de Renneville, étaient de 9927 livres et ses charges de 2615 livres.
14. Archives de Renneville, L. XV.
§ 2. Fonsorbes
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Muret - 31
Domus Hospitalis Fonsorbes
15. Pièces justificatives n° XXIX.
Suivant lusage, trop général à cette époque, la charte qui nous occupe nest pas datée ; cherchons si nous ne pouvons suppléer au moins en partie à cette lacune. Dom Brugelle, dans sa chronique dAuch, nous apprend quon ne trouve plus de traces de Sanche Ier dAstarac à partir de 1085 ; mais je crois que, malgré lopinion de ce savant historien, le fait dont il sagit et par suite, la mort de Sanche, ne doivent pas être antérieurs aux dernières années du XIe siècle. Nous voyons figurer, en effet, aux côtés du noble comte, Raymond, archevêque dAuch. Or, dans le courant du XIe siècle, le siège archiépiscopal dAuch ne fut occupé que par deux prélats de ce nom : le premier qui mourut en 1052, et le second qui gouverna le diocèse depuis 1096 jusquen 1118. Cest évidemment de ce dernier quil est question ici ; car pendant lépiscopat de Raymond Ier, Gérard nétait pas encore prieur de lhôpital de Jérusalem, quil devait diriger jusquen 1118, et Bernard dAstarac neut sans doute pas figuré dans la donation si elle eût été antérieure à lannée 1066, époque où son père lassocia à son autorité. Dun autre côté, le grand âge de Sanche 1er ne permet pas de supposer quil ait pu vivre au-delà de lannée 1100. Il est donc à croire que ne pouvant pas prendre part à la croisade, il fit cette donation pour compenser sa non-participation à la sainte expédition. La fréquence des voyages de Forton de Hautefage à Jérusalem semblerait nous indiquer que les faits en question ont dû se passer pendant le cours de la première croisade, alors que la Méditerranée était sillonnée de vaisseaux chrétiens et que les moyens de transports vers la Terre-Sainte étaient singulièrement facilités, cest-à-dire vers les quatre dernières années du XIe siècle.
La même charte contient plusieurs autres donations faites en môme temps à lHôpital : ainsi un autre membre de la famille comtale, Arnaud dAstarac, donne en franc-alleu la Salvetat de Sainte-Foy et, se repentant bientôt de cet excès de générosité, revient sur cette donation pour se réserver les droits daccapte et dagrier de ce territoire. Dautres seigneurs des environs, entraînés par lexemple de leurs suzerains, Raymond de Pibrac, Ither de Mazerolles, Wilhelm de Marca, Peleguy dArgumbal, et Galvet de Saysses font cession à lHôpital de tous les droits quils avaient sur les fiefs en question (16).
16. Archives de Fonsorbes, L. I.
Quelques années plus tard, deux donations importantes vinrent accroître le domaine des Hospitaliers à Fonsorbes. Folpier de Fajard et sa famille donnèrent à lHôpital de Jérusalem, à frère Gérard, hospitalier, le fief de Diosovol, portion du territoire de Fonsorbes, ainsi que toutes ses dépendances. Cette donation fut faite entre les mains dAmélius, évêque de Toulouse, qui permit aux Hospitaliers de faire élever une église dans leur nouvelle possession ; autorisation dont ils ne durent pas profiter, car on ne retrouve pas de traces déglises dans les environs immédiats de Fonsorbes. Ce nom poétique, imposé peut-être par le donateur en souvenir de la croisade et du cri de guerre des chevaliers gascons dans leurs expéditions doutre-mer, disparût même complètement et se perdit dans lappellation générale delà commanderie de Fonsorbes (17). Au mois doctobre de lannée 1135, lun des seigneurs qui partageaient jadis avec les comtes dAstarac la juridiction de Fonsorbes, Bertrand de Roquefort se dessaisit de ses droits sur cette ville en faveur de lHôpital, moyennant une redevance annuelle de deux sols morlans (18).
17. Pièces justificatives, n° XXX.
18. Archives de Fonsorbes, L I.
La maison de Saint-Jean de Toulouse ayant été fondée dans cet intervalle, la commanderie de Fonsorbes lui fut réunie et neut à enregistrer dans la première période de son existence que des donations successives qui rendirent en peu de temps les Hospitaliers les plus puissants seigneurs de la contrée. Ils ne partagèrent bientôt plus leur autorité sur ce territoire quavec Bernard dOrbessan ; cest ce même seigneur que les historiens nous montrent soutenant avec ses seules forces une lutte acharnée contre les milices communales de Toulouse et signant, le 15 avril 1204, avec les Capitouls, un traité de paix dans lequel il promettait de ne plus faire de rapines, comme par le passé, sur leur territoire, et de servir désormais dans leur armée avec 4 chevaliers (19). Il était seigneur haut justicier de la ville de Fonsorbes, et il est probable que la prise et la destruction de cette dernière furent un des épisodes de la guerre dont nous venons de parler. Toujours est-il quaussitôt après la conclusion de la paix, Bernard dOrbessan se mit en devoir dédifier sur le même emplacement une nouvelle ville. Les archives de la commanderie nous ont conservé la charte que ce seigneur octroya aux futurs habitants le 12 avril 1205. Il commence par énumérer les censes légères auxquelles seront tenus ses vassaux de Fonsorbes ; il leur concède à chacun, moyennant une faible redevance, la possession de toutes les terres quils défricheront. Il sengage ensuite à faire entourer au plutôt la nouvelle ville dun mur denceinte avec son chemin de ronde et ses fossés ; les frères de lHôpital et les autres chevaliers de Fonsorbes devant se charger de faire élever les fortifications sur leurs portions de terrain, les habitants devront pourvoir dans la suite à lentretien et aux réparations des murailles et des fossés. Le fondateur promet de ne pas sopposer au départ de ceux qui, ayant établi leur résidence dans la nouvelle ville voudraient sen retirer plus tard et même de les faire transporter, eux et leur mobilier « jusquà Toulouse ou ailleurs, à une distance de 3 lieues de Fonsorbes. » Après avoir promulgué son code de justice civile et criminelle, le seigneur Bernard déclare que les simples amendes seront recueillies par 4 probes hommes de la localité, qui dépenseront ces sommes au commun profit des habitants (20).
19. Dom Vaissette, livre XIX.
20. Archives de Fonsorbes, L. IV.
La ville construite, il ne pouvait manquer de sélever bientôt des compétitions dautorité entre son fondateur et ses puissants voisins, les chevaliers de Saint-Jean. Nous trouvons, en effet, en lannée 1208, des discussions engagées entre Bernard dOrbessan et Pierre Baravi, Prieur de Toulouse, au sujet de la juridiction de Fonsorbes, se terminer par une composition à lamiable. Après avoir examiné les titres des deux parties, les arbitres décidèrent que les Hospitaliers posséderaient en toute propriété les emplacements quils occupaient à Fonsorbes (propersam et locares), léglise, les dîmes, les prémisses dans le fort et dans la ville et devaient partager avec leur compétiteur les droits de leude, de boucherie, de garde des portes et de justice, excepté pour le cas dhomicide où tout revenait au seigneur dOrbessan (21).
21. Archives de Fonsorbes, L. I.
Grâce à cette sentence, la bonne harmonie ne tarda pas à se rétablir entre les deux rivaux et nous voyons en 1229 Pierre dOrbessan, fils de Bernard, sur le point de partir pour Rome donner, dans le cas où il viendrait à mourir en voyage, « à Dieu, à la Vierge Marie, à frère Sanche de lÉpée, Prieur de Toulouse, et à frère Guillaume de Barège, précepteur de Fonsorbes, » tous les droits quil avait encore sur cette ville ou son territoire (22).
22. Archives de Fonsorbes, L. I.
Ces disputes terminées, lHôpital eut à en soutenir encore de très vives avec une autre famille puissante des environs. Raymond de Villemur et ses frères Arnaud-Raymond et Raymond de Rabastens voulaient enlever à frère Guillaume de Serre, précepteur de Fonsorbes et de Gavarni, par des moyens souvent peu pacifique une portion du territoire de la commanderie sur laquelle ils prétendaient avoir des droits. Pour obtenir la paix, le Précepteur, qui navait pas alors des ressources suffisantes pour continuer la lutte, se résigna à transiger avec ses redoutables adversaires, qui renoncèrent à leurs prétentions moyennant 800 sols toisas (juin 1255) (23).
23. Archives de Fonsorbes, L. I.
Après avoir assuré par ces accords et divers achats leur autorité contre toute compétition, les chevaliers de Saint-Jean en usèrent, peu de temps après, pour le bien de leurs vassaux. La charte de privilèges, octroyée par Bernard dOrbessan en 1205, assurait plutôt le bien-être matériel des habitants de Fonsorbes que leurs franchises municipales. Aussi nest-il pas étonnant quau bout dun demi-siècle ces derniers aient senti le besoin dobtenir des modifications dans le régime sous lequel ils vivaient et aient voulu profiter de la facilité avec laquelle les seigneurs, tant laïques quecclésiastiques, et en particulier les chevaliers du Temple et de Saint-Jean accédaient, durant la seconde moitié du XIIIe siècle, aux aspirations de leurs vassaux vers les libertés communales.
Le troisième jour des calendes de juin (29 mai) de lannée 1279, le Grand-Prieur de Saint-Gilles, Guillaume de Villaret, avait réuni, au château de Fronton, son chapitre provincial, lorsque, devant lassemblée des chevaliers de lHôpital, se présenta une députation des .habitants de Fonsorbes qui, « fléchissant les genoux et joignant les mains », supplient le Grand-Prieur de leur octroyer « une charte « de commune, sous laquelle ils puissent vivre tranquilles « et apprendre ce quil leur faut faire. » Guillaume de Villaret prenant en considération leur requête, demande aux députés sils veulent sen rapporter à lui pour le choix de la constitution qui va leur être octroyée. Sur leur réponse affirmative, il leur concède des coutumes analogues à celles quil vient doctroyer à la petite ville dAigne (membre dépendant de la commanderie de Thor-Bolbonne,) et promet de leur en faire délivrer au plus tôt une charte authentique revêtue de son sceau (24).
24. Archives de Fonsorbes, L. I.
En effet, quelques jours après, le 17e jour des calendes de juillet (14 juin) de cette même année, dans la maison de lhôpital Saint-Jean de Toulouse, le Grand-Prieur de Villaret, entouré de son chapitre provincial, promulguait la charte de commune, octroyée aux habitants de Fonsorbes. Après avoir aboli les droits dalbergue, de taille, de queste et demprunt forcé, le Grand-Prieur énumère les libertés quil leur accorde et parmi lesquelles je signalerai les suivantes : Ils pourront marier librement leurs filles partout où ils voudront et nauront pas dempêchements pour faire entrer leurs fils dans la cléricature. La prison préventive est abolie, sauf les cas de meurtres, de blessures mortelles, etc. Les testaments faits en présence de témoins dignes de foi, par devant lassemblée des consuls ou, à leur défaut, un frère de lhôpital, seront valables, « quand même ils ne seraient pas faits suivant la solennité des lois, » et les actes passés par le notaire-greffier de la ville auront la même valeur que des actes publics. Un accusé ne sera pas tenu de prouver son innocence au moyen du duel judiciaire et son refus de se battre ne prouvera pas sa culpabilité. Après quoi, le Prieur règle ladministration de la ville ; tous les ans, le Précepteur, assisté de quelques probes hommes de Fonsorbes, choisira quatre consuls catholiques, qui après avoir juré de gouverner la ville avec fidélité et de naccepter ni présents ni services à cause de leur charge, recevront le serment dobéissance et dassistance de leurs administrés; ils auront à veiller à lentretien des voies publiques, des fontaines et des ponts, et, avec laide et le contrôle de quatre personnes élues directement par le peuple, à répartir entre les habitants les dépenses nécessaires à cet effet. La charte contient ensuite le code de justice, la composition du tribunal, où figurent, sous la présidence du Précepteur ou de son juge, les quatre consuls de Fonsorbes. Ne dédaignant pas dentrer dans tous les détails elle fixe les prix que le chapelain pourra réclamer pour les mariages et les enterrements. Le Prieur termine en confirmant aux habitants la donation faite jadis par Bernard dOrbessam, de toutes les terres quils défricheront, sous la redevance de la dîme, des prémisses et de lagrier, et en concédant à la ville quatre nouveaux arpents de terre, pour servir de pâturage communal (25).
25. Archives de Fonsorbes, L. I.
La reconnaissance des habitants de Fonsorbes pour leurs seigneurs fut de courte durée, et cette modeste institution communale se vit, peu de temps après sa fondation, troublée par des orages qui faillirent en compromettre lexistence. Une plainte, portée par les Hospitaliers au tribunal du juge de Rivière, nous apprend que le dimanche avant la fête de lAnnonciation, en lannée 1308, les consuls de Fonsorbes, après avoir organisé une troupe armée sur la place publique, sétaient rués à lassaut de la maison Saint-Jean, quils envahirent aux cris de : « A feu I à feu ! meurent les meurtriers ! » Ils semparèrent de la personne du précepteur, frère Bernard de Saint-Amans; après lavoir accablé dinjures et de mauvais traitements, avoir mis en pièces son manteau dHospitalier ils le traînèrent ignominieusement enchaîné à travers les rues et les places de Fonsorbes et lenfermèrent dans la maison dun des consuls, où il resta prisonnier pendant deux jours. La répression de cette émeute ne se fit pas attendre ; les consuls eurent beau en appeler dune juridiction à une autre, la ville de Fonsorbes fut condamnée à payer 1,400 livres tournois damende au trésor royal, et 50 livres de dommages au précepteur de Saint-Amans, et fut privée à perpétuité de son consulat et de ses privilèges. Cette sentence fut prononcée dans la ville de Sainte-Foy, le 5 janvier 1311 (26).
26. Archives de Fonsorbes, L. I.
Au bout dun laps de temps plus ou moins long, les habitants de Fonsorbes, ayant sans doute prouvé leur repentir et donné des gages de leur ferme propos de se conduire moins insurrectionnellement à lavenir, durent obtenir la rémission dune partie de la peine prononcée contre eux et le rétablissement de leurs coutumes. Nous retrouvons, en effet, vers la fin du XVe siècle, cette ville administrée par ses quatre consuls, et cest encore par leurs discussions avec les commandeurs que nous pouvons constater le rétablissement de la magistrature municipale ; mais, instruits par lexpérience du passé, ils nemployèrent plus que des moyens légaux et pacifiques. Le 22 septembre 1483, dans léglise paroissiale de Fonsorbes, le bailli, les consuls et les prudhommes de la localité se présentaient devant le commandeur Bernard de Montlezun, et lui exposaient que le four banal ne pouvait leur servir à cause de la distance où il se trouvait de la ville ; « prenant en considération le bien-être de ses vassaux, » le chevalier leur accorda lautorisation de construire des fours particuliers, chacun dans sa maison, à la condition de payer annuellement pour chaque feu (pro quolibet lari sive foco), 3 pugnerées de blé passé à deux cribles (27). Cette concession nempêcha pas le même commandeur davoir à transiger de nouveau, quelques années plus tard, avec les prétentions sans cesse renaissantes de ses vassaux de Fonsorbes, sur les droits de dîmes et de fournage (1506) (28).
27. Archives de Fonsorbes, L. I. Bis
28. Archives de Fonsorbes, L. I. Bis
Veut-on savoir comment se faisait la police dune petite ville au moyen-âge ? Ecoutons les cris et ordonnances du seigneur de Fonsorbes, prononcés le 16e jour du moys de novembre de Van 1545, à la place publique de Fonsorbes, par Dominique Saubaterre, lieutenant du juge de Saint-Clar :
« Par mandement du seigneur du présent lieu de Fonsorbes et en suyvant les ordonnances du Roy Saint-Loys et arrestz de la court souveraine du Parlement de Thoulouse, est faicte inhibition et deffence à loutz les habitans du dict lieu, de quelque estat ou condition quilz soyent, maistres ou serviteurs, demeurant au dict lieu, mariez ou non mariez, de ne aller aux tabernes ou cabarets pour manger ou boyre, et aux taberniers ou cabaretiers de ne iceulx recepvoir en leurs maysons et tabernes, sur peine ausdicts taberniers ou cabaretiers de 6 livres pour chascune fois el ausdicts habitans de 2 livres. Et ce pour esviter plusieurs escandales et inconveniens à la république, blasphèmes contre lhonneur de Dieu, la Vierge Marie, saincts et sainctes du Paradis, malladies pour rayson de gormandise et de desbauchements provenant dicelle, qui est cause que plusieurs prodigues, jureurs, blasphémateurs deviennent pouvres et indigens; que les deniers qui follement sont despendus ausdictes tabernes soyent pour la deppense de leurs maysons, pour la nourriture et entretainement deulx et de leurs familles (29) »
Si la lecture de ces naïves ordonnances peut exciter quelques sourires, en présence du nombre effrayant quont atteint de nos jours ces établissements que le chevalier du XVIe siècle proscrivait si rigoureusement de la ville de Fonsorbes, et de la contagion des maladies morales qui en sont la conséquence, on est bien forcé davouer que ces mesures, que les taverniers avaient peut-être le droit de trouver oppressives, étaient, en définitive, une sauvegarde pour le bonheur et la prospérité des habitants.
29. Archives de Fonsorbes, L. V.
Pendant toute cette période, la commanderie de Fonsorbes avait subi plusieurs modifications successives. Dans les premières années du XIIIe siècle, elle fut distraite de la maison de Toulouse pour être réunie à celle de Gavarni. Mais en 1257, le Précepteur de Toulouse la réclama de nouveau devant le chapitre provincial. Une enquête fut ordonnée; les délégués Guillaume LEcrivain, précepteur de Montpellier, et Pierre de Villeneuve, vice-prieur de Toulouse, se transportèrent à Fonsorbes, où ils furent assaillis par les plaintes de tous les frères de la maison, contre le commandeur de Gavarni : les étables étaient vides, ainsi que le garde-manger, le mobilier avait disparu, « et tous les frères, sauf le chapelain « et le portier, étaient nus et mal vêtus, à ce point que le « signe de la croix apparaissait à peine sur leurs vêtements, « ce qui était à grand déshonore pour lOrdre (30). » Aussi, malgré les réclamations du précepteur de Gavarni, le chapitre provincial adjugea-t-il Fonsorbes à son compétiteur (31). Lors de la création du Grand-Prieuré de Toulouse et du remaniement des circonscriptions administratives de lOrdre qui en fut la suite, Fonsorbes fut érigé en commanderie séparée. Vers 1520 il fut réuni au domaine direct des Grands-Prieurs de Toulouse ; état quil ne conserva pas longtemps, car nous avons déjà vu comment en 1539, le Grand-Prieur Pierre de Grasse céda à Philippe du Broc, commandeur de Renneville, Fonsorbes, et en reçut en échange Léguevin (32).
30. Archives de Gavarni, L. I.
31. Archives de Toulouse, L. X.
32. Chap. II.
§ 3. — Saint-Sulpice de Lézat
Département: Ariège, Arrondissement: Saint-Girons, Canton: Le Fossat, Commune: Lézat-sur-Lèze - 09
Domus Hospitalis Saint-Sulpice de Lézat
Dans le principe, lantique abbaye bénédictine de Lézat possédait tout le pays. Ce fut un des abbés de ce monastère, Odon de Bajas, qui appela les frères de lHôpital, en donnant à Dieu, au Saint-Sépulcre, au prieur Gérard, léglise de Saint-Pierre de Bélac (33) et le village de ce nom « pour en faire une Salvetat. » Il faut se reporter à lépoque des croisades et à lenthousiasme quexcitaient alors les guerres saintes, pour sexpliquer les donations faites de la sorte par des monastères au profit des ordres de lHôpital et du Temple. Délivrer le tombeau du Christ et le berceau de la religion des profanations des musulmans était dans lesprit des hommes de ce temps la manière la plus parfaite dhonorer Dieu ; cétait lœuvre pie par excellence. Les abbés, cédant à lentraînement général et ne pouvant prendre une part plus active aux saintes expéditions, sen dédommageaient en enrichissant, aux dépens de leurs couvents, les milices qui sétaient vouées à la croisade perpétuelle. A cette donation sassocièrent avec empressement les autres seigneurs du pays, Gélébrun de Pins, Calvet de Bélac, Roger et Dodon son frère, en abandonnant à lHôpital les fiefs et les agriers quils possédaient dans ce territoire « jusquaux limites désignées par des croix (34). » La date de cette charte nest pas indiquée ; mais elle se trouve comprise entre les années 1110 et 1114, période pendant laquelle Odon de Bajas gouverna labbaye de Lézat (35).
33. Cest sans doute le petit hameau, appelé aujourdhui et même pendant une partie du moyen-âge, Saint-Pierres-des-Monts et situé dans les environs de Saint-Sulpice.
34. Pièces justificatives, n° XXXI.
35. Gallia Christiana, tome XIV.
A partir de cette époque les archives de la Commanderie, qui font du reste complètement défaut pour toute la durée du XIIe siècle, ne parlent plus de cette possession de lHôpital. Il est donc permis de supposer que par suite dun échange, conclu dans cet intervalle avec les Bénédictins, les Hospitaliers obtinrent de ceux-ci léglise et le dîmaire de Saint-Sulpice, au lieu de ceux de Saint-Pierre, que nous retrouvons plus tard parmi les dépendances de labbaye. Quoiquil en soit, lHôpital de Saint-Sulpice existait au commencement du XIIIe siècle : nous trouvons, en effet, une donation qui lui fut faite en lannée 1214 (36). Mais son importance était encore très peu considérable, lorsquun riche seigneur des environs, Bertrand de Fraxines, donna à lHôpital, à Guillaume de Barèges, Prieur de Toulouse, le dîmaire de Sainte-Marie de Azenrelède, les bois de Salvatosa et de Garambot, les hommes quil avait à Castaignac, etc. (16 novembre 1246) (37). Quelques jours après, Bertrand de Fraxines recevait des mains du prieur lhumble manteau dHospitalier, et il occupa dans la suite plusieurs charges importantes dans le Prieuré de Toulouse.
36. Archives de Saint-Sulpice, L I.
37. Archives de Saint-Sulpice, L I.
Grâce à ces différentes libéralités, les biens de lHôpital de Saint-Sulpice avaient acquis une grande importance et, cultivés convenablement, ils eussent pu rapporter des revenus considérables à lOrdre de Saint-Jean ; mais il fallait des bras pour défricher ces pays encore incultes et couverts de forêts. Or, pour avoir des bras, pour attirer autour de soi des vassaux en grand nombre, le moyen le plus sûr était doffrir aux paysans, épars dans la campagne voisine, des demeures où, protégés par do solides fortifications contre les ennemis du dehors, ils pussent jouir en paix dune condition sociale préférable à celle quils avaient chez eux ; il fallait en un mot recourir au moyen si fréquemment employé à cette époque, construire une bastide. Mais ce nétait pas petite chose que de créer ainsi une ville, que de lentourer de murailles suffisantes pour sa sécurité ; pour mener à bien une telle entreprise, qui devait, il est vrai, rapporter beaucoup plus tard, il fallait dépenser beaucoup tout dabord. Les ressources des Hospitaliers ne leur permirent pas de la tenter. Dans cette difficulté, ils firent comme beaucoup de seigneurs de cette époque, ils sadressèrent à plus puissant queux. Le précepteur de Toulouse, frère Jacob, proposa à Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, de lui céder pour toujours la haute juridiction de Saint-Sulpice, sil voulait se charger de construire une bastide sur leur territoire. Cette proposition rentrait trop bien dans la politique du prince pour quil nacceptât pas avec empressement. Bientôt après, au mois de mars 1257, il faisait publier, à Saint-Sulpice, la charte des privilèges octroyés aux futurs habitants, ce qui, comme on le sait, était le premier acte de la fondation dune bastide, et accompagnait la plantation du pal et le tracé de lenceinte. Les archives ne nous fournissent que des extraits de ce document ; ils sont suffisants pour nous permettre de constater, dans ce cas, la justesse de lobservation faite par M. Boutaric, dans sa remarquable étude sur ladministration dAlphonse de Poitiers, que toutes les coutumes octroyées par lui lors de la fondation des bastides étaient pour une même province identique de fond et de forme (38). Par suite de la cession entière, faite par les Hospitaliers, de leur haute juridiction sur ce territoire, il nest pas question deux dans les coutumes de Saint-Sulpice, dont le comte pouvait à bon droit se considérer comme lunique seigneur justicier (39).
37. Saint-Louis et Alphonse de Poitiers, Livre V, chapitre III.
38. Archives de Saint-Sulpice, L. I
Grâce aux immenses ressources de son fondateur, la nouvelle ville séleva en peu de temps, entourée de sa ceinture de murailles. Son étendue, sa situation dans un pays naturellement fertile, le nombre des habitants qui sétaient empressés de répondre à lappel du comte Alphonse, en faisaient, dès son origine une place importante et destinée à une grande prospérité. Aussi, à la vue de lœuvre si promptement accomplie devant eux, les Hospitaliers ne tardèrent-ils pas à éprouver des regrets pour la facilité avec laquelle ils sétaient dépouillés entièrement de la haute juridiction de Saint-Sulpice. Ils cherchèrent à contester la validité de la transaction conclue par le précepteur de Toulouse et adressèrent leurs réclamations à ce sujet au comte dont ils cherchaient à provoquer les scrupules. Mais, malgré son zèle religieux, sa sympathique bienveillance pour lHôpital de Saint-Jean de Jérusalem, il refusait absolument de se rendre à leurs instances. Cest quen effet la possession exclusive de toutes ces bastides, semées avec profusion dans toutes les parties de son comté de Toulouse, lui tenait dextrement à cœur, car elle lui facilitait lassimilation pacifique des provinces méridionales à lunité française. Aussi sa résolution dans ce cas-ci paraissait-elle inébranlable et les démarches des Hospitaliers, condamnées davance à un échec. Mais Alphonse venait de se mettre en route avec la comtesse Jeanne, sa femme, pour suivre son frère dans sa seconde expédition doutremer. Nous avons vu plus haut (40) comment arrivés à Aymargues, après avoir fait leur testament, les deux nobles époux voulurent octroyer, comme dernière marque de leur faveur, une charte de privilèges au Grand-Prieur de Saint-Gilles. Nous y voyons quen présence des affirmations des Hospitaliers au sujet de la bastide de Saint-Sulpice, suivant cette maxime bien digne du frère de Saint-Louis, « quil vaut mieux renoncer à son propre droit que de retenir ce qui est à autrui » le comte consentit à posséder par indivis avec le Grand-Prieur « la seigneurie, la juridiction, les franchises et les usages de la bastide Saint-Sulpice et de son territoire, » excepté pour les droits spirituels que les frères de Saint-Jean continueraient à exercer en seuls. Il y aura le bailli du comte et celui du Prieur, qui prêteront leur serment, le premier au sénéchal de Toulouse, le second, au précepteur de Saint-Sulpice. Ces deux derniers se concerteront pour le choix des consuls, des juges, des gardes, des sergents et des autres officiers (41).
40. Chapitre I.
41. Pièces justificatives, XXVIL.
Apres la réunion du comté de Toulouse à la couronne, Philippe III se hâta, à la requête des Hospitaliers, de confirmer par lettres patentes la libéralité de son oncle (Châtillon, mai 1277) (42). Malgré ces actes solennels, les officiers royaux firent, de temps à autre, des tentatives pour ressaisir h part de juridiction quils avaient été obligés de céder aux chevaliers de lHôpital et il semblerait que les habitants se prêtassent assez volontiers à leurs desseins. Nous voyons, en effet, en 1332, le juge de Rieux révoquer à la requête de Guichard de lOngle, précepteur de Saint-Sulpice, le serment que les consuls avaient prêté entre les mains de lofficier royal (43) seulement et quelques années après, le précepteur Vital de Garnier, obtenir du roi Philippe V la confirmation du paréage de Saint-Sulpice contre les empiètements des officiers de la couronne (1335) (44) .
42. Archives de Saint-Sulpice, L I.
43. Archives de Saint-Sulpice, L I.
44. Archives de Saint-Sulpice, L I.
La guerre contre les Anglais, leurs invasions désastreuses dans la province avaient répandu partout la désolation et leffroi. Lhabitant des campagnes abandonnait, découragé, la culture de sa terre, quil avait vu dévastée si souvent et qui pouvait lêtre à tout moment encore ; séloignant de sa demeure, il se réfugiait avec tout ce dont il pouvait se faire suivre, dans quelque lieu plus sûr. Les villes se hâtaient à lenvi de réparer leurs fortifications, soit quelles eussent déjà été entamées par les ennemis, soit simplement pour les rendre plus propres à leur résister. Cest ainsi que Saint-Sulpice dût à cette époque, par mandement du gouverneur du Languedoc, soccuper de compléter ses fortifications ; nous trouvons une ordonnance adressée par Jean, comte dArmagnac, lieutenant du roi en Languedoc, au juge de Rieux, pour lui enjoindre dobliger les consuls et la ville de Saint-Sulpice à payer au précepteur les propriétés et les maisons dont il avait été exproprié pour lachèvement des fortifications (28 novembre 1356) (45).
45. Archives de Saint-Sulpice, L I.
Dans les premières années du XIVe siècle, la commanderie de Saint-Sulpice fut réunie à celle de Renneville, dont elle devint le membre le plus important.
La prospérité de Saint-Sulpice avait toujours été en croissant depuis sa fondation. Ses consuls étaient des personnages importants dans la contrée. Citons un extrait de la déclaration faite par ces magistrats aux commissaires du Roi...
« Le Roy et le précepteur ont droict à la création consulaire qui est faicte chaque année à la feste de Saint-Caprais, de quatre personnages de qualité requise, qui prestent le serment èz mains du lieutenant du commandeur, ayant la faculté de porter le chaperon de rouge et de noir selon la liberté du Roy. La ville de Saint-Sulpice est une ville maîtresse du diocèse de Rieux et les consuls sont appelés à avoir scéance en assiette particulière « dicelle... » (12 février 1610) (46).
Une sentence du sénéchal, du 11 août 1690, leur reconnaît le droit dexercer la justice criminelle par prévention, avec les officiers du Roi et du commandeur, dans le territoire de Rieux et fait défense à ce dernier de les troubler désormais à ce sujet (47). Nous trouvons enfin dans le procès-verbal de la visite de Renneville, en 1723, que ses commandeurs « députent de six en six ans un des « consuls de Saint-Sulpice pour porter le cayer de la ville aux estats du Languedoc (48). »
46. Archives de Saint-Sulpice, L I.
47. Archives de Saint-Sulpice, L II.
48. Archives de Renneville, L. XVII.
Le comte Alphonse de Poitiers et les Hospitaliers navaient eu garde domettre dans leur bastide la création dun de ces établissements charitables que réclamait impérieusement la fréquence des épidémies pendant le moyen-âge : je veux parler de la léproserie de Saint-Sulpice, dont nous pouvons constater lexistence dès lorigine de la bastide ; elle figure, en effet, sur la liste des établissements pieux auxquels le comte distribuait annuellement ses riches aumônes (49). Dans la suite, les maladies contagieuses étant devenues plus rares, on lui avait enlevé sa destination spéciale et on lavait transformé en simple hôpital. En 1654, une personne charitable, G. Durand instituait pour son héritier universel la Maison-Dieu et hospital de Saint-Sulpice, et demandait que le curé, le juge et les consuls fissent choix de « deux « hommes prudents et sages » pour surveiller ses biens, dont le revenu devait être intégralement employé à la nourriture des pauvres. Nous trouvons, en 1714, le commandeur Joseph de Rolland-Reauville occupé à réglementer ladministration des biens de cet « hôpital qui, grâce à la précédente donation, « se trouvait en mesure de pouvoir soulager tant les pauvres « malades que les mendiants. »
49. M. Boutaric, Saint-Louis et Alpha, livrre V, Chap. I.
§ 4. — Arfond. — Puylaurens.
Département: Tarn, Arrondissement: Castres, Canton: Revel - 81
Domus Hospitalis Arfons
Lhistoire et les archives sont muettes sur ce point, et nous ne pouvons que la mentionner, sans chercher à en préciser la nature ou la date.
Avec la ville finit aussi la première commanderie dOrfonds. Les chevaliers séloignèrent du théâtre de la catastrophe et abandonnèrent avec découragement ces mornes solitudes. Profitant de leur absence et des troubles qui désolaient le Midi à cette époque, les seigneurs du voisinage trouvèrent dans les domaines de lHôpital une vaste proie qui tenta leur cupidité. Chacun sempressa de sy tailler sa portion, suivant sa convenance, comme en un pays conquis. Quand, au sortir de cette crise, les chevaliers de Saint-Jean voulurent relever de ses ruines leur établissement dOrfonds, ils se trouvèrent en présence denvahissements et dusurpations déjà anciennes dont il leur devenait bien difficile davoir raison. Mais ici se présente à nous un spectacle bien digne darrêter nos regards. Ce quauraient tenté inutilement la persuasion ou la puissance, la foi religieuse en vint à bout ; les deux sanctions de la loi divine sur la terre, le remords et la crainte des punitions éternelles étaient des moyens de réparation efficaces dans ces siècles de fer, mais de foi, où la religion avait conservé son empire sur les âmes et réussissait à opposer sa barrière bienfaisante aux entreprises de la violence et aux prétentions de la force. Ces fiers seigneurs, qui accueillent avec un sourire de dédain les menaces et les sommations de restitution, qui sont tout disposés à repousser par la force toute tentative faite pour leur enlever leur proie, voient avec terreur approcher le terme de leur existence, le moment où il leur faudra aller rendre leurs comptes au souverain juge ; dans le calme de la vieillesse, le remords, et, à sa suite, le repentir semparent de leurs âmes; leurs fronts altiers sinclinent; ils vont se jeter aux pieds de ces religieux, quils ont jadis dépouillés, demandant merci pour leurs violences passées, les suppliant de prier pour eux et dobtenir leur pardon de la miséricorde divine; on les voit même quelquefois, après avoir fait leurs restitutions, demander à entrer dans cet Ordre quils molestèrent jadis et à se revêtir de lhabit monastique comme dun bouclier contre les traits de la vengeance céleste.
Des spectacles de ce genre sont plus dune fois mis sous nos yeux, si nous étudions les archives do la commanderie dOrfonds. Elles nous introduisent en premier lieu dans le cloître de Saint-Remy de Toulouse, où elles nous font voir le 17° jour des calendes de juillet (15 juin) de lannée 1236, un puissant et fier seigneur, Raymond de Dourgne, venant courber devant le Prieur de Saint-Jean sa tête blanchie par les années, avouer que tout ce quil possédait dans le territoire dOrfonds il lavait usurpé sur le domaine de lHôpital, et après avoir fait sa restitution, demander à revêtir lhumble habit de donat de lOrdre. Cette scène imposante avait pour témoin « Hugues dAuduze, bailli du comte de Toulouse, et Huguet dAlfar, amis du seigneur Raymond, quils avaient amené par leurs conseils » à cet acte de justice et de réparation (1).
Puylaurens
Département: Tarn, Arrondissement: Castres, Canton: Saïx - 81
Domus Hospitalis Puylaurens
1. Archives dArfonds, L. I.
2. Archives dArfonds, L. I.
Parmi les nombreuses restitutions du même genre qui furent faites à cette époque, citons lacte par lequel Gilabert de Rosilles rend à lHôpital ce quil lui avait enlevé, reconnaît au territoire dOrfonds ses anciens privilèges de salvetat et déclare que ceux de ses vassaux qui iront y fixer leurs demeures seront à labri de toute poursuite de sa part (1140) » (3)
A côté de ces actes de réparation, nous trouvons un grand nombre de donations par lesquelles dautres seigneurs des environs témoignèrent à lHôpital leur sympathique protection. Cest ainsi que le noble chevalier Sicard, seigneur de Puylaurens, donna au Prieur de Toulouse ses droits sur les territoires dOrfonds, de Saint-Germier et de Squilles (1237) (4), donation que son fils, Jourdain de Sayssac, disputa aux Hospitaliers pendant une partie de son existence, mais quil leur reconnût par son testament de 1280, en leur laissant en même temps, comme témoignages de sa bienveillance et de son repentir, « deux jeunes chevaux entièrement recouverts « de leurs armures de fer, pour être employés par eux dans « leurs guerres contre les infidèles (5). » Citons enfin la donation que fit, dans le siècle suivant, dame Constance, femme du chevalier Hugues Gérard, de sa seigneurie du lieu de Naoumas (6), située dans la partie la plus montagneuse de la contrée. Les domaines de lHôpital sétendirent également sur plusieurs autres territoires voisins. A partir du XIVe siècle nous voyons les précepteurs dOrfonds ajouter au titre de cette commanderie celui de Puylaurens, où leurs possessions étaient assez étendues.
3. Archives dArfonds, L. I.
4. Archives dArfonds, L. I.
5. Archives dArfonds, L. II.
6. Archives dArfonds, L. II.
Le retour des chevaliers de Saint-Jean dans leur vieux donjon, les prérogatives accordées ou plutôt restituées à cet établissement par les seigneurs du voisinage rendirent à la commanderie dOrfonds son ancienne importance ; les habitants revinrent peu à peu sétablir dans ces solitudes et la vieille ville ne tarda guère à sortir de ses ruines. Aussi voyons-nous en 1321 le précepteur, Arnaud de Jori, occupé à passer avec ses vassaux un accord pour régler les coutumes de cette nouvelle communauté et faire revivre lancienne charte en y apportant les modifications nécessitées par la marche des temps. Nous y pouvons constater, entre autres choses, la transformation complète des vêtements des habitants ; fait signalé par Dom Vaissette, qui remarque, daprès le témoignage des auteurs contemporains, que les habitants du Languedoc abandonnèrent durant le XIIIe siècle leurs vêtements primitifs, dont lampleur était le caractère distinctif, pour adopter des habits serrés contre le corps. A la vaste tunique qui, daprès lancienne charte, devait revenir au commandeur dOrfonds à la mort de chacun de ses vassaux, laccord de 1321 substitue « lhabit avec ou sans fourrures, le capuchon, les souliers, les sabots, la ceinture et pour une femme sa meilleure robe et « une de ses coiffures, à lexception de sa guirlande (7) »
7. Archives dArfonds, L. III.
Ici comme dans presque toutes les autres commanderies, nous trouvons les chevaliers de Saint-Jean en discussion avec les maisons religieuses et les autorités ecclésiastiques des environs. Cest dabord lévêque de Lavaur qui leur dispute la possession des dîmes du lieu de Naoumas, procès long et dispendieux que le prélat, Roger dArmagnac et le Grand-Prieur de Toulouse Pierre de lOngle terminèrent en 1331 par un partage à lamiable de leurs prétentions respectives (8). Mais ce fut surtout avec le monastère de Prouille que la bonne intelligence fut difficile à rétablir. Il sagissait de la forêt de Ramondens, qui dépendait de la commanderie et dont les religieuses réclamaient une partie. Ce procès, qui était commencé depuis le XIIIe siècle et qui semblait avoir été terminé en 1292 par la plantation de grandes bornes en granit entre les deux territoires voisins, se ralluma peu de temps après et durait encore dans le XIVe siècle (9).
8. Archives dArfonds, L. III.
9. Archives dArfonds, L. III.
Marquefave
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Carbonne - 31
Domus Hospitalis Marquefave
De cette dernière catastrophe, la ville et lhôpital dOrfonds ne se relevèrent jamais. Cet établissement végéta encore pendant la durée du XVe siècle ; mais dans le siècle suivant toutes ses parties furent successivement réunies à la commanderie de Renneville, et, cessant davoir une existence propre, elle constitua jusquà la fin un simple membre de cette importante circonscription.
1° Liste des Commandeurs de Renneville.
-----1236. Raymond Aicart.
-----1240. Dominique de Caniac.
-----1253. Raymond Tolsan.
-----1254. Pierre de Cayane.
-----1258. Pierre de Montbrun.
1265-1270. Bernard dAure.
-----1273. Pierre de Tournel.
-----1279. Bernard de Miramont.
-----1282. Pons de Corneillan.
-----1286. Raymond Prévost.
1295-1298. Bertrand de Jucom.
-----1300. Jacques Cigot.
-----1308. Guillaume Sarrade.
1309-1314. Bernard de Villar.
1319-1328. Olivier de Penne.
1365-1398. Bérenger de Gozon.
-----1402. Pierre Bollé.
1406-1410. Bernard dArpajon.
1411-1419. Antoine de Montardy.
-----1421. Guillaume de Prunet.
1423-1424. Jean de Laurac.
1437-1473. Bérenger de Castelpers.
1476-1477. Pierre de Garrigues.
1480-1502. Jean de Rolhac, lieutenant du Grand-Prieur.
1507-1512. Jean Salomon.
-----1516. Robert de Pagèze dAsas.
-----1520. Pierre de Foncelles.
1520-1523. François de Glaudevès.
1523-1545. Philippe du Broc, Receveur du Grand-Prieuré.
1547-1557. Jean de la Vallette Cornusson élu grand-maître en 1557.
1557-1566. François de Doulcet Massaguet, Receveur du Grand-Prieuré.
1568-1570. François de la Panisse Montfaucon.
1576-1593. Pierre de Roquelaure Saint Aubin.
1604-1608. Jean des Comtes de Vintimille.
-----1617. Marianne de Tresemanes ChastueL
1635-1565. Jacques de Lancègue, prêtre de lOrdre
1670-1673. Louis dEstuard de Besaure.
-----1679. George de Castillon Saint Victor.
1689-1694. Philippe dAlamadd de Chasteauneuf.
1695-1704. François-Louis de Bourbon dOraison.
1704-1709. Jacques de George de Taranne.
-----1713. N. de Fontanille.
1714-1726. Joseph de Rolland Réauville.
-----1737. Vincent Sauveur de Collongue Foresta, Grand-Prieur de Saint Gilles.
1742-1745. Jean Jacques R. B. de Roux-Gausbert.
1753-1767. Antoine dAlbertas Saint Mayme. Grand-Commandeur, Grand-Prieur de Toulouse.
1783-1789. N. de Gallean.
2° liste des Commandeurs de Fonsorbes.
-----1096. Forton de Hautefage.
-----1135. Bernard de Puysuiran.
-----1157. Arnaud de Puysuiran.
-----1169. Eschafred.
1205. Pons le Chapelain.
1229-1233. Guillaume de Barege.
« Vers cette époque réunion, de Fonsorbes à Gavarus puis à Toulouse, de 1257 jusquen 1330. »
1260-1267. Dominique de Caniac.
-----1274. Raymond du Bourg.
-----1275. Bernard de Roux.
-----1279. Raymond du Faur.
1308-1312. Bernard de Saint Amans.
-----1316. Bernard de Gironde.
1331-1333. Arnaud de Serre.
1338-1390. Bertrand Claustra: Receveur du Grand-Prieuré.
1474-1519. Bernard de Montlezun,
3° Liste des Commandeurs de Saint-Sulpice de Lézat.
1260-1275. Pierre du Port.
-----1279. Raymond Prévost.
-----1303. Marquès dEscornebœuf.
1329-1332. Guichard de lOngle.
-----1335. Vital de Garnier.
-----1359. Pons de Rafaud.
1387-1398. Pierre de Magnier.
4° Liste des Commandeurs dArfonds
-----1170. Raymond Clewel.
-----1298 Elle de Rossac.
1305-1308. Pierre de Caylus.
-----1315. Arnaud de Boren.
1318 1332. Arnaud de Jori.
-----1334. Jean de Paul.
1390-1395. Arnaud de Marquefave.
-----1395. Ithier de Poncet.
-----1506. Raymond Rolis.
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