Commanderie de Maisonnisses
Département: Creuse, Arrondissement: Guéret, Canton: Saint-Dizier-Masbaraud - 23
Domus Hospitalis Maisonnisses
— Bajulus de Maysonissas (1299) (chapitre de la Chapelle-Taillefer)
— Granerium de Maisonicis (1378) (chapitre des Ternes)
— Granerium de Mesonicis (1392) (chapitre des Ternes également)
— Meysonnisses et Horreum de Meysonicis (1447) (chapitre de la Chapelle-Taillefer)
— Prœceptoria de Meysonnissas (1468) (terrier de Bellecliassaigne)
— Maisonisses (1481) (chapitre des Ternes).
A partir de cette époque, la forme actuelle semble définitivement fixée.
Maisonnisses, avant la Révolution, faisait partie de la Généralité de Moulins, de la Sénéchaussée de Guéret et de lArchiprêtré de Bénévent.
La Commanderie de Maisonnisses
Ce qui semble essentiel dans le passé de Maisonnisses, cest quancien établissement du Temple, il fut ensuite une Commanderie de lOrdre de Malte, qui avait le patronage de léglise.
Eglise et château étaient donc la possession de lOrdre. Le château, dont il ne subsiste actuellement aucun vestige extérieur reconnaissable, aucun document figuré en dehors dun plan cadastral dont linterprétation pourrait être hasardeuse, aucune description complète, et dont jai tenté une reconstitution approximative à laide dindications relevées dans les procès-verbaux des visites prieurales, était fait en forme de forteresse, comprenant un corps de logis flanqué de grosses tours « marchacoligées » et était entouré de fossés secs.
Son aspect densemble devait le rapprocher du château de la Chezotte.
Il se complétait dun jardin, dune garenne, dun pré de vingt-cinq journaux (lactuel « pré du château » nest peut-être pas autre chose quune partie de ce dernier), dune grange, dun moulin et, plus loin, des bois du Toureau et du Fourchaud, des étangs de Maisonnisses (qui se situait en contrebas du cimetière actuel), de la Genette et de
Chez-Peynoux (deux hameaux de la commune de Maisonnisses), enfin de Savennes.
Le Commandeur était dîmier général des paroisses de Maisonnisses, Savennes, Peyrabout, Lépinas et de quelques villages de celle de Sardent. Il levait, à ce titre, environ trois ou quatre cents setiers de blé - ou seigle, ainsi que « le charnage de couchons » sur dautres villages.
Il était seigneur direct et foncier, ayant droit de mainmorte des paroisses et villages de « Savennes, Badant, le Bosduchier, le Méry, Reillat, les Vergne, Peyrabout, Pétillats, le Feyle, Larnade, lEpinas, la Terrade, Cisternier, la Conche, le Mas-Pommier, la Chapelle-Saint-Martial, Drulhettes, le Breuil, Lescure, Sardent, la Cheminade, le Masrougier, la Chaumette, Chassouille, la Jarige, Villejaleix, la Faye-au-Bost, Nouallet, la Ronze, Tressagne, la Vedrenne, Serre, Maisonnisses, les Lignes, les Châtres, les Rivaux, Chez-Penioux, etc. »
Il levait des rentes sur ces villages, sur celui de Mailleret (paroisse de Janaillat) et sur ceux de la Vauzelle, des Farges, du Masgiral, de Saint-Yrieix-les-Bois, etc., et ces rentes produisaient quatre-vingts setiers de froments, six cents setiers de seigle, deux cent soixante setiers davoine, cent livres et des poules et des vinades autant quil y avait de feux, suivant la coutume de la Marche.
En 1616, les revenus de la commanderie de Maisonnisses sélevaient à 3.600 livres ; les charges à 894 livres. Elles laissaient donc au Commandeur 2.706 livres.
Le Commandeur de Maisonnisses avait la justice haute, moyenne et basse sur la paroisse et la faisait exercer par ses officiers dont les gages sélevaient à 36 livres.
La Commanderie comprenait quatre annexes :
Savennes, Peyrabout, Conat ou Counat (hameau de Vidaillat) et Monbut (de Saint-Sulpice-le-Guérétois).
Les Mémoires de notre Société renferment deux de mes études sur la Commanderie de Maisonnisses ; « Visite prieurale » (Tome XXXII, 1er fascicule).
« Regards sur la Commanderie de Maisonnisses au XVIIIe siècle »
(Tome XXXII, 3e fascicule).
Commandeurs de Maisonnisses
Les Commandeurs dont les noms nous sont connus sont :
Pierre dAubusson de la Borne (1464)
Jean Grimeau (1480)
Guy de Blarchefort (1483)
Jean de Bonneval (1509)
Emery de Payaulx (1532)
Claude de lHermite (1540)
Germain de Bridiers (1579)
Pierre de la Porte (1606)
Aimé de Menthon (1623)
Antoine de Vauldray (1628)
Jacques de Saint-Maur (1660)
Antoine de la Rive (1669)
François de Montgontier (1681)
Antoine de Riddes (1698)
Joseph de la Val dIzère (1719)
Charles de la Marche de Parnac (1721)
Pierre de Langon (1731)
Joseph dUssel de Châteauvert (1760)
Charles-Joseph de Groslier (1775)
Jean de Montagnac (1783)
Antoine de Ligondès (1787).
Léglise de Maisonnisses
Léglise de Maisonnisses, datée du XIIIe siècle par quelques-uns (dont Vayssière) et du XIVe par dautres (dont Louis Lacrocq), après avoir été sous le vocable de saint Jean, a pris plus tard saint Sébastien comme second patron.
Elle est à nef unique. Sa longueur intérieure est de 17 m. 15 et sa largeur intérieure de 5 m. 50. Ces dimensions étaient notées au XVIIe siècle (1616) : 11 cannes sur 3 et, au XVIIIe 50 pieds sur 18.
Elle comprend trois travées, la dernière formant chœur à chevet droit. Les trois travées étaient autrefois voûtées dogives. La voûte ne subsiste que pour le chœur. Quelques départs seulement en ont été conservés dans les autres travées. Les nervures retombent sur des consoles à masques humains (trois à chaque console). Après la disparition de la voûte aux deux premières travées, celles-ci ont été lambrissées, mais, à la première travée, le lambris lui-même a été supprimé à cause de sa vétusté.
La voûte du chœur est décorée de peintures murales représentant les quatre évangélistes accompagnés de leurs attributs (saint Mathieu et son ange, saint Marc et son lion, saint Luc et son taureau, saint Jean et son aigle).
Lédifice est éclairé par quatre baies. Celle du chevet, seule, est en arc brisé, longue et étroite. Les trois autres sont en plein cintre. Deux sont placées au sud. La plus proche du chevet, de beaucoup la plus longue, est fortement ébrasée. Aucune nest placée à même hauteur et toutes ont des proportions différentes.
Le mur nord, comme en tant de sanctuaires creusois, ne comporte aucune fenêtre.
Comme on a déjà pu sen rendre compte, les quelques caractéristiques concernant le plan et léclairage de cette église suffisent à la classer parmi les chapelles de Templiers telles que les a reconnues M. Laborde au cours de sa récente étude sur cet Ordre.
Extérieurement, seuls émergent du rectangle formé par lédifice la minuscule sacristie et les contreforts. Ceux-ci sont au nombre total de 12, dont 8 soutiennent les murs gouttereaux, chaque angle de la construction se trouvant pourvu de 2 contreforts perpendiculaires entre eux. Les 12 sont semblables, à 1 seul rampant. Ils présentent une largeur de 1 m. et une épaisseur de 1,5 mètre.
Les deux contreforts situés à langle nord-ouest ont été renforcés et réunis de telle sorte quau premier regard, ils semblent navoir jamais formé quun seul et très puissant support dont la présence peut se justifier tout simplement par la très insuffisante solidité des murailles qui, nous apprennent les visites prieurales, menaçaient ruine depuis des siècles.
La sacristie est comprise entre les deux contreforts placés au nord du chœur.
Le portail est placé au Nord. Il est en tracé brisé, à deux voussures avec boudins, comporte quatre colonnettes surmontées de chapiteaux formant frise. Il est surmonté de trois masques.
Sur le même mur se voit encore lencadrement de la porte secondaire, actuellement murée. Lexistence dune porte secondaire est mentionnée notamment dans le procès-verbal de la visite prieurale de 1616.
Le clocher
Le clocher, de construction relativement récente, puisque, en cette même année 1616, léglise étant dépourvue de clocher, les cloches étaient suspendues sur des piliers de bois placés devant la porte principale, est entièrement édifié en charpente et comporte une première partie sensiblement cubique, percée, sur chaque face, de deux petites baies jumelles rectangulaires, et une flèche en pyramide octogonale que je suis tenté de qualifier de proportions harmonieuses parce quelle se tient, en quelque sorte, dans un juste milieu entre dautres clochers de très faible hauteur de flèche par rapport à la largeur de leur base (tels Ars, Azerables, Gentioux, Ladapeyre, Saint-Martin-Château, Saint-Pardoux, Lavaux) et dautres très effilés (tels Bonnat, Evaux, Nouzerines).
Ce clocher ne renferme plus quune seule cloche. Léglise en possédait deux au XVIIe siècle, lune « de deux cents pesans ; lautre de cent cinquante pesans »
Mobilier
Bénitier en granit du XVIIIe siècle. De forme circulaire, à pied cylindrique, sa partie supérieure est ornée dune rangée de godrons placée entre deux bourrelets.
— Vierge à lEnfant, en bois, du XVIe siècle, peut-être même du XVe (placée dans une crédence du mur nord).
— Deux statues du XVIIe siècle saint Jean et saint Sébastien, qui faisaient partie du retable placé derrière le maître-autel.
— Dans le mur nord, dans un enfeu en tracé brisé, statue funéraire dun chevalier, en pierre, pièce remarquable classée par les Beaux-Arts Templier XIIIe siècle, qui nous conduit à parler des récentes fouilles et transformations effectuées dans cette église.
Fouilles et transformations
En août 1955, lenfeu, qui était entièrement comblé depuis de longues années, a été déblayé depuis le sommet jusquà la base de son arc brisé et ce déblaiement a permis de constater que tout le fond était garni dune fresque qui sest malheureusement effritée dune manière complète au fur et à mesure de sa découverte. Seule en subsiste actuellement, vers le centre de lenfeu, une toute petite parcelle dans laquelle on peut reconnaître, tout au plus, une croix à branches égales.
Les fouilles pratiquées dans et devant lenfeu ont permis la mise au jour dun sarcophage dun type très rare en Creuse, à parois très épaisses, à extrémité céphalique très grossièrement taillée et, par suite, dissymétrique, à largeur extérieure constante, mais à largeur intérieure décroissante vers le pied et pouvant être très approximativement daté du VIIe siècle. Ce sarcophage demeure à la place même où il a été découvert, mais à une profondeur moindre. Une pierre qui le recouvrait partiellement est actuellement placée verticalement à son pied et porte une croix à branches égales. Toujours dans cet enfeu a été trouvée, placée alors horizontalement, la grande pierre rectangulaire marquée dun écu et dune épée, vraisemblablement du XIVe siècle. Ces fouilles terminées, la statue du Chevalier, qui était demeurée fort longtemps debout contre le mur sud, face au portail, a été mise dans cet enfeu, très probablement sa place historique. Ce personnage, dâge relativement avancé, au visage creusé de rides, mais empreint de sérénité, yeux clos, mains croisées, repose, tête appuyée sur un coussin, drapé dans son long manteau marqué dune croix de son Ordre, et constitue une œuvre justement admirée et renommée.
Parallèlement aux fouilles, furent opérées certaines modifications de laspect intérieur de léglise. Les murs, jusqualors entièrement recouverts de plâtre, ont été mis à nu et les joints refaits en ciment.
Tombeau dun chevalier de Malte
Eglise de Maisonnisses. Tombeau dun chevalier de Malte (XIIIe Siècle)
Dans une crédence murée depuis une époque indéterminée, a été mise au jour une curieuse pierre sculptée ornée notamment dune croix de Malte encadrée de quatre fleurs de lis, pierre demeurant désormais visible dans cette même crédence, non loin de lautel, dans le mur sud (que jai décrite, tome XXXI, 3e fascicule de nos Mémoires).
Exactement au centre du chœur a été placée une belle pierre tombale retirée du cimetière actuel et ne recouvrant ici aucune sépulture.
La tribune placée sous le clocher et la partie en bois de lescalier qui lui servait daccès ont été supprimées à cause de leur trop mauvais état. De cet escalier seules subsistent les premières marches, qui sont en pierre.
La toiture du clocher a été complètement restaurée et le coq destiné à la surmonter a été mis en place, remplaçant une croix provenant du cimetière.
La Crypte
Léglise de Maisonnisses est construite sur une crypte (décrite tome XXII, page 454, par A. Mayeux).
Léglise au long des siècles
En 1616, Anne de Naberat sétonne que léglise, qui tant de fois menaça ruine, soit encore debout.
Sil a été parfois constaté que létat dentretien de léglise était satisfaisant, il est hors de doute que lédifice souffrit très souvent, très longuement, dun abandon tel que sa chute était redoutée.
Et il se trouve, dabord dans les visites prieurales, ensuite dans les registres des délibérations du Conseil municipal, de fréquents témoignages de ce lamentable état de choses. En 1841, « il pleut presque partout ; le crépi est tout dégradé à cause de lhumidité et il a besoin dêtre refait tout à neuf, tant à lintérieur quà lextérieur ; le pavé est dans un très mauvais état et a aussi besoin dêtre refait »
En 1862 : « Un éboulement grave est à craindre, car lorsquon sonne la cloche à la volée, le clocher sébranle, comme sil allait tomber, un morceau du mur sest éboulé. »
En 1911 ; « Des réparations sont indispensables pour la conservation de léglise, une souscription est ouverte parmi les fidèles, »
Plan
Eglise de Maisonnisses. — Plan de la Crypte
Le maître-autel
Le maître-autel actuel, acquis à loccasion du passage à Guéret dun fabricant dornements déglise dAngoulême, moyennant la somme de 600 francs, le 1er avril 1842, a succédé à un autel dont la mise hors service a été décidée par une délibération du Conseil municipal du 10 août 1841 constatant que « lautel où se célèbrent les saints mystères est tout vermoulu, ainsi que les boisures » et rappelant que le Curé a fait observer que cet autel était « dans le cas dinterdiction » Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le maître-autel se décrivait ainsi : « lencaissement de lautel est en bois de chêne, au milieu duquel est un cadre dans lequel il y a un devant dautel de cuivre doré. Le marchepied est également en bois de chêne »
Au-dessus de la table dautel court une guirlande entièrement dorée, comme lest aussi le tabernacle sur la porte duquel sont une croix incrustée et un Christ en communion.
Colonne
Eglise de Maisonnisses, — Colonne de la Crypte
Le tabernacle est flanqué à droite des statues de saint Luc et sainte Catherine et, à gauche, de celles de saint Jean et saint Léonard. Il est surmonté dun reposoir.
Le retable
En bois sculpté, derrière le maître-autel, il recouvrait sensiblement toute la surface du chevet de léglise. Il présentait deux niches symétriques. Celle du côté de lévangile contenait une statue de saint Sébastien « en carnassion et dorée en partie », à laquelle faisait pendant du côté de lépître celle de saint Sébastien. (Ces deux statues sont celles actuellement placées sur les consoles.) Elles étaient flanquées de colonnes ioniques au-dessus desquelles courait une corniche. Plus haut, de part et dautre de la baie, sétalaient deux tableaux symétriques, à partie supérieure cintrée, représentant respectivement : côté évangile, sainte Madeleine au pied de la Croix ; côté épître, sainte Apollonie.
Au-dessus de la baie et de ces deux tableaux, une seconde corniche, surmontée de la représentation du Père Eternel, formait
la partie terminale de ce retable, peint en imitation marbre, avec certaines parties dorées et qui, en état de grande vétusté, a été supprimé en 1955.
Les deux tableaux sont actuellement conserves à la sacristie.
Les autels secondaires
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, adossé au mur nord, sélevait un autel dédié à N.-D. du Rosaire. Au milieu de lautel était placée la statue de la Vierge tenant lEnfant-Jésus dans ses bras. Cette jolie statue de bois, alors peinte, est celle placée dans une crédence très près du point même où sélevait lautel.
Derrière cet autel était un retable entièrement peint en blanc et dans lequel était inclus un tableau représentant dans sa partie supérieure une Vierge à lEnfant et, dans sa partie inférieure, sainte Thérèse (côté épître) et saint Dominique (côté évangile).
Au XVIIe siècle, vis-à-vis de cet autel, était placé un autre autel secondaire « de même forme que le précédent », sans autre garniture quun marbre, « par conséquent interdit de droit et très indécent. »
Au début du XVIIIe siècle, cet autel a été dédié à saint Sébastien et, dans la seconde moitié de ce même siècle, à saint Roch.
Les fonts baptismaux
Ces fonts baptismaux, actuellement disparus, se trouvaient encastrés dans le mur nord, proches à la fois du portail et de lautel de Notre-Dame du Rosaire. Ils étaient fermés « à deux battants de bois » et renfermaient « une piscine en pierre, une bassine de cuivre, une burette détain, une boîte de plomb et quatre petits vases dargent. »
Le banc de chœur
Cétait un banc à dossier dont le siège « formait deux armoires fermant à clef. »
Les reliquaires
Au XVIIe siècle, ils étaient au nombre de cinq :
1° Croix en cuivre jaune, avec Christ, sur pied renfermant les reliques de saint Sébastien.
2° Pyramide en cuivre jaune, dun pied de haut, surmontée dune croix renfermant, dans un cristal, les reliques de saint Jean-Baptiste.
3° Ciboire (cuivre jaune) reliques de sainte Apollonie.
4° Croix dargent sur pied de cuivre : reliques de la Vraie Croix.
5° Reliquaire de forme non précisée avec reliques de saint Etienne dans un cristal.
A partir du XVIIIe siècle, on ne trouve plus mention des deux derniers et, actuellement, tous sont disparus.
Les objets du culte
Leur examen ne semble pouvoir être intéressant quautant que leur nombre et leur description permettent de juger, dans une certaine mesure, de la richesse de leur ensemble, partiellement révélatrice à son tour du degré daisance et de charité des fidèles.
Nous trouvons entre autres objets :
Vases sacrés : Un calice et sa patène, un ciboire, un porte-Dieu, un soleil (le tout en argent doré).
Chandeliers : Six chandeliers de cuivre, quatre de fer et deux de bois verni.
Vêtements sacerdotaux : Aucune chape, aucun voile huméral nest signalé. Quant aux chasubles, elles sont de satin, exceptionnellement de camelot.
Les Commandeurs ont fait, à loccasion, des dons intéressants, tel celui consistant en « une chasuble de soie, rouge et blanche, avec toute une garniture brodée dune petite dentelle dor fin », le tout augmenté dune chasuble violette.
La présence de quatre dalmatiques laisse supposer la célébration doffices de quelque solennité.
Bannières : Elles comprenaient : une bannière de la Vierge, une bannière de saint Jean et saint Sébastien en damas rouge avec frange dor et figure de soie.
Cérémonies
Les visites prieurales donnaient lieu à une petite cérémonie dun caractère particulier : La visite de léglise précédait celle du château et de ses dépendances. Elle avait lieu en présence du vicaire perpétuel de la paroisse, qui devait dabord prêter serment sur les saints évangiles ; car devant guider les visiteurs et leur présenter tous les éléments de cette église, il jurait de fournir la vérité sur toutes choses.
En second lieu, le vicaire devait montrer ses provisions et son approbation pour les sacrements. Ces provisions étaient signées par les visiteurs et scellées de leur sceau ordinaire.
Il était immédiatement procédé à la visite du tabernacle. Dès louverture de celui-ci, avait lieu ladoration du Saint-Sacrement, à laquelle faisait suite la visite proprement dite de léglise, puis de la sacristie, avec présentation détaillée de tous les objets du culte.
Au cours de ces mêmes visites, qui avaient lieu, en principe, tous les cinq ans, les visiteurs, toujours au nom de lOrdre, faisaient subir une sorte dinterrogatoire rituel au curé dépendant de la Commanderie.
Voici, à titre dexemple, comment sest déroulé linterrogatoire de 1700 :
QUESTIONS POSÉES AU « SIEUR CURÉ »
— Quel est le Saint de léglise ?
— Saint Sébastien.
— En vertu de quoi jouissez-vous de ladite cure ?
— En vertu des provisions à moi accordées par M. le Bailly de Grossin, lesquelles sont en date du 12 juin 1668.
— Quels sont les revenus de votre cure ?
— Ses revenus consistent en la pension congrue suivant les lettres patentes accordées par Sa Majesté en faveur de lOrdre et que M. le Commandeur me donne pour pain, vin, luminaire et « estampinage » : 25 livres.
— Avez-vous des fondations ?
—Un pré, à titre de fondation faite par feu M. Jacques de Saint-Maur. Commandeur de Maisonnisses, par laquelle je suis chargé de célébrer deux messes chaque mois, avec une absolution à chacune des quatre fêtes annuelles, le tout pour le repos de son âme, par acte en date du 22 mai 1665, par lequel il est dit que le Sieur Commandeur avait acquis le dit pré de M. du Touraud, par contrat passé par devant le notaire royal quelques jours avant ladite donation.
— Montrez-moi vos registres de baptêmes, mariages, sépultures.
— Les voici.
—Quels sont vos fonds pour la fabrique ?
—Ce sont des offrandes.
—Quel est votre fabricien ?
—Jean Verguet.
Les cures de Maisonnisses
Ils recevaient, au début du XVIIe siècle, une pension de 24 setiers de seigle, mesure de Drouilles, et de 5 livres.
Ils furent nommés par le Commandeur durant, semble-t-il, toute la longue époque où la Commanderie subsista. Cest ainsi que lon retrouve comme dates de ces nominations : 1512, 1558, 1559. 1694, 1731 et 1762.
M. Pilon, curé de Maisonnisses, mourut, en janvier 1754.
M. N. Gorsse en 1780.
M. Marin Gorsse en 1788.
Pierre-François Pichon lui succéda le 5 septembre 1788.
Etienne Nanot, qui avait souffert pour la foi dans, la déportation maritime par Bordeaux, fut nommé en 1802 et mourut en 1805.
N. Druillette du Ceilloux fut curé jusquen 1830.
Léonard Chaussal jusquen 1844.
Nous relevons enfin :
Barny en 1844
Seine en 1852
Léger en 1861
Antoine Cognet en 1864
Amable-Mathieu Marsallon en 1886
Rouquette en 1890
Lascaux en 1893.
Aumône dominicales
Il était dû, tous les dimanches, une aumône générale à raison de 3 setiers et demi, mesure de Drouilles. Les visiteurs de la Commanderie ont déploré le grand abus présidant à cette aumône, « daultant que les riches allans et venants se présentent pour la recepvoir plustost que les pauvres, à quoy est de besoing remedier. »
Conclusion
Malgré sa grande simplicité et ses dimensions des plus modestes, léglise de Maisonnisses offre un double intérêt : elle est édifiée sur une crypte ; elle constitue un exemplaire de ces chapelles que les Templiers ont élevées dans maints lieux de la Marche, mais elle présente sur toutes ses sœurs le précieux privilège de renfermer la seule statue-gisant existant en Creuse de lun des membres de lOrdre qui représenta, au Haut Moyen-Age, une si grande puissance, notamment dans notre région.
A Maisonnisse et en dehors de léglise
Une belle hache en pierre polie, de 22 cm. de long, a été trouvée non loin du hameau du Marais.
La Pierre Fade
Entre les deux hameaux des Châtres et de Chez-Peynoux samoncellent les rochers dont lensemble est connu sous le nom de Pierre Fade, Pierre Fée, Pierre Folle, ou en langage local : « lo péiro de las fadas », et dont une partie affecte la forme de sièges qui sont des restes de bassins détruits par les agents atmosphériques. Jadis, on y remarquait neuf bassins, dont quatre disposés en cascade. Lensemble a été mutilé à la fin du XIXe siècle.
Sépultures gallo-romaines
Quatre de ces sépultures à incinération sont actuellement visibles : deux, de dimensions très inégales, vers la sortie du bourg en se dirigeant sur Sardent, ont été trouvées au lieudit Le Barry, à quelques centaines de mètres ; la troisième, conservée au hameau dOutrelaigue, a été découverte sur le bord du chemin qui de là, conduit à Lépinas ; la quatrième est visible près du hameau du Rivaud.
Le château sélevait sensiblement où se place actuellement la Poste, dominant ainsi le vallon des Châtres.
Les étangs et moulins, tous actuellement disparus, étaient tous propriété de la Commanderie. On trouvait étang et moulin à la Genette, ainsi quà Chez-Peynoux. Le grand étang se plaçait au bas de la pente occupée actuellement par le cimetière, entre les chemins de Lépinas et de Mazeimard, quil bordait, tous deux, sur une longueur de 130 mètres. Le moulin faisant suite à ce dernier étang se situait tout à côté du pont qui franchit la Gartempe entre le bourg et Outrelaigue. Ce moulin banal comportait « une petite chambre dhabitation pour meunier. » Quelque peu plus en aval était un « petit moulin à chanvre. »
La Fontaine Saint-Jean se situe à la sortie du bourg, à droite en allant vers les Châtres. Autrefois, on y portait des roses le jour de la fête de ce Saint (24 juin).
Le presbytère fut longtemps placé dans la partie haute du bourg, à quelque cinquante mètres de la mairie actuelle, à droite de la voie conduisant au hameau de Mazeimard. Le local quil occupait alors, depuis longtemps tombé en ruines, dont jai fait une description dans ma note « Parmi des ruines, à Maisonnisses » (Mémoires de notre Société, Tome XXXII, 3e fasc.), et qui renfermait notamment un bloc de pierre avec croix de Malte sur écusson et un autre bloc, avec monogramme du Christ, na été démoli que tout récemment ; mais cest dès 1838 quil fut désaffecté et, depuis cette date, le presbytère se plaça dans le local occupé actuellement par les P.T.T. Lacquisition de ce dernier immeuble comme presbytère a coûté à la commune 2.000 francs, brut et 2.303,60 francs tous frais et intérêts compris. Cest à partir de 1904 que ce bâtiment fut cédé aux P.T.T.
« Le gros tilleul »
Cest ainsi que lon désigne à Maisonnisses le magnifique tilleul placé à lintersection des chemins de Lachaud et de Mazeimard et de la route de Sardent, et dans lequel la tradition populaire ne veut pas voir autre chose quun de ces « Sully » qui jalonnent notre région.
Les Croix anciennes
Très nombreuses autrefois, deux seulement dentre elles sélèvent encore actuellement :
Sur le bord de la route qui longe la place, se dresse la vieille croix de lancien cimetière qui, jusquen 1877, sétendait sur le terrain situé derrière elle. Portant la date 1804, étendant ses bras des plus minuscules au sommet de son haut fût grêle et octogonal, avec son Christ sommairement taillé, elle est typiquement creusoise.
Une seconde croix de granit, beaucoup moins haute, mais aux bras plus larges, avec un Christ assez semblable à celui de la première, se rencontre à lentrée du hameau dOutrelaigue.
Enfin, le XXe siècle a déjà ajouté à cette liste déjà longue, non seulement le traditionnel et modeste obélisque perpétuant le souvenir des morts de la première guerre mondiale, mais, plus récemment encore, sur cette colline de Timbaudoux, ancienne propriété de la Commanderie, limposant mémorial des premiers maquisards de la Creuse.
Cette énumération des témoignages du passé, par sa diversité autant que par son ampleur, ne permet-elle pas de conclure, en quittant la terre de Maisonnisses, que larchéologie, lhistoire et la légende lont aussi fortement marquée que lensemble de la terre marchoise ?
Sources : P. LOURADOUR. Maisonnnisse. Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse. Guéret 1958. BNF
Voir à la BNF une autre études sur Maisonnisses
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