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Commanderie de Gavarnie

Département: Hautes-Pyrénées, Arrondissement et Canton: Argelès-Gazost - 65

Commanderie de Gavarnie
Commanderie de Gavarnie

La sauvage et splendide vallée de Saint-Sauveur n’offre pas seulement à l’admiration de celui qui la visite son gave mugissant au fond d’abîmes vertigineux, les majestueuses désolations du chaos de Gèdre, et enfin les éblouissantes merveilles du cirque qui la termine. Elle emprunte aussi à l’architecture ses magnificences, aux vieilles légendes, la magie des souvenirs.
Le touriste ne peut s’empêcher de s’arrêter pour admirer la vénérable et si curieuse église de Luz, sa sévère ornementation romane, s’harmonisant si heureusement avec les tours, les mâchicoulis et autres défenses qui en faisaient jadis une véritable place de guerre, et de jeter en passant un coup d’œil sur l’humble mais intéressant sanctuaire de Gavarnie ; il doit entendre son guide repeupler pour lui la contrée des sombres et légendaires souvenirs des Templiers, et s’attendrir avec lui sur leur fin tragique, en contemplant au fond d’une armoire, près de la porte de l’église de Gavarnie, une demi-douzaine de crânes humains, qui seraient les restes des malheureux seigneurs de ces lieux, décapités sous Philippe-le-Bel, lors de l’hécatombe de tout leur Ordre.
Quelquefois, un sourire d’incrédulité accueille les récits enthousiastes et convaincus du montagnard, qui cherche à obtenir de votre sensibilité ou de votre indignation un pourboire proportionné à son intensité. Il faut avouer que le cadre est admirablement choisi ; ils devaient se plaire dans ces sites sauvages et déserts, ces mystérieux chevaliers du Temple ; l’imagination croit voir sans peine flotter derrière les créneaux de la majestueuse et sombre église de Luz leurs longs manteaux blancs à croix rouge, et s’étonne de ne plus apercevoir l’extrémité de son donjon couronné par les plis de leur fief Beaucéant. Malheureusement, tout poétique qu’il puisse être, le récit du guide n’est qu’une légende et ne repose sur aucun fondement. Je me vois forcé d’y substituer la simple histoire de ces deux établissements, telle qu’elle nous est fournie par leurs archives.
Ni Luz, ni Gavarnie n’échurent aux Hospitaliers parmi les dépouilles de l’Ordre du Temple, par la bonne raison que ces deux maisons leur appartinrent depuis leur origine.

Quand et par qui le territoire de Gavarnie fut-il donné à l’Ordre de Saint-Jean ? C’est une question que les archives laissent absolument sans réponse. Mais la fondation de cet hôpital doit être fort ancienne, car, vers le milieu du XIIe siècle, il recevait des bienfaits de seigneurs éloignés, qui n’eussent pas soupçonné son existence sans l’importance qu’il avait déjà. Nous avons vu ailleurs la donation faite à Dieu et à Sainte-Marie de Gavarnie, en 1148, de la seigneurie de Saint-Marcel (1) et l’établissement à une époque antérieure d’une dépendance de cet hôpital à Moncassin (2).
1. Chapitre X, chapitre 4.
2. Chapitre XI, chapitre 6.


Dans la suite, lors de l’érection de ce dernier membre en une Commanderie séparée, le commandeur de Gavarnie obtint en échange l’adjonction à son hôpital de celui de Fonsorbes. Quoique perdue au milieu des neiges et inabordable une partie de l’année, la maison, dont nous étudions l’histoire, ne laissait pas que d’être florissante à cette époque ; elle était composée en 1213 de quinze Hospitaliers, chevaliers, chapelains ou frères servants.
Le treizième jour des kalendes (calendes) de novembre de cette année-là, Guillaume de Sertz, précepteur, avait réuni tout son couvent pour le faire assister à la cession qu’il faisait, en son nom, de la tour de Serrelate, située dans la Littère, entre les tours Ferrière, de la Comtesse, de l’Hôpital-Rouge, d’Agrafals et d’Aimaterne, à Raymond Bérenger, maître du Temple en Provence, et à Bernard d’Ayguebelle, précepteur de Monson, moyennant une rente de dix cophisses de blé. Les deux partis présentèrent pour garants de leur foi les deux frères, Arnaud et Marc de Castro, fils de dame Sancie d’Alcala, qui donnèrent leur parole l’un pour le Temple et l’autre pour l’Hôpital (3).
3. Archives de Gavarnie, L. I.

Une inscription lapidaire encastrée dans les murs du porche de l’église de Luz nous apprend qu’elle fut consacrée en l’an 1260 ; date d’autant plus intéressante à noter que le style de l’ensemble du monument semblerait lui assigner une origine beaucoup plus ancienne. Or, cette année-là même, l’église de Saint-André de Luz et son dîmaire étaient donnés à l’hôpital par l’abbé de Bergot (1), dame Benatrix deu Pii de Sazos, et par le seigneur Jourdain de Vielet, probablement ses fondateurs ; c’est ce que nous trouvons indiqué sur un vieux parchemin, où sont mentionnés sommairement en langue vulgaire les principales donations et les privilèges concédés à la maison de Gavarnie pendant les XIIIe et
XIVe siècles.
1. Peut-être Bertag, du diocèse de Lescar.

Ce même document nous apprend qu’en 1262, dame Marie de Saint-André donna au commandeur de Gavarnie le droit de présentation à la rectorerie de cette église, droit dont sa famille (son hostiu) avait joui jusqu’alors.
A cheval sur la frontière, l’hôpital de Gavarnie étendait ses possessions des deux côtés des Pyrénées. Parmi ses bienfaiteurs et ses protecteurs, les rois d’Aragon se faisaient remarquer par la fréquence de leurs libéralités.
Ainsi nous voyons en 1268 Jacmes, roi d’Aragon, comte de Barcelone et seigneur de Montpellier, accorder aux Hospitaliers le privilège d’exhiverner 1500 têtes de brebis sur les montagnes qui lui appartenaient en 1270, il déclara qu’il prenait tous les frères de l’hôpital sous sa sauvegarde.
La même faveur leur fut accordée par l’évêque d’Huesca dans toute l’étendue de sa juridiction (1284), et plus tard, par Jean, roi d’Aragon (1387).
Cette sorte de cartulaire nous montre enfin Alphonse, gouverneur de l’Aragon, au nom du roi, leur permettant la dépaissance dans les ports communs de Gascogne et de Barège (1325) (2).
2. Archives de Gavarnie, L II.

Nous avons vu ailleurs le chapitre provincial tenu en 1257, enlever au précepteur de Gavarnie, pour la donner à celui de Toulouse, la maison de Fonsorbes. Guillaume de Sère, précepteur de Gavarnie, eut beau exposer au chapitre l’état misérable où se trouvait sa Commanderie au milieu des attaques incessantes dont elle était l’objet de la part des seigneurs du voisinage, et la représenter « comme un vaisseau sans pilote et près de sombrer (1) » l’assemblée fut inflexible mais lui accorda comme compensation le membre de Moncassin, ainsi que nous l’avons dit tout à l’heure.
1. Archives de Toulouse, L. X.

Le patronat de l’église de Saint-André de Luz fut disputé aux commandeurs de Gavarnie par les évêques de Tarbes ; les deux parties en appelèrent au Saint-Siège ; une bulle du pape Clément VI vint maintenir le chevalier Loup de Salies et ses successeurs dans la possession du droit contesté (2). Les commandeurs possédaient près de cette église, quoique n’ayant pas la seigneurie de la ville, une sorte de citadelle ou de château fort ; c’est là qu’ils résidaient, quand ils venaient visiter leurs domaines des montagnes, ne laissant à leur sauvage maison de Gavarnie que les frères servants, chargés de la surveillance, et les bergers de leurs troupeaux. Mais ils préféraient en général habiter dans un pays plus civilisé, et comme nous l’avons vu ailleurs, la plupart de leurs actes sont datés de leur château ou hôpital de Saint-Marcel.
2. Archives Gavarnie, L. I.

La Commanderie de Gavarnie avait, outre les possessions que nous avons déjà énumérées, des dépendances plus ou moins considérables à Lourde, à Barèges et dans la plupart des vallées avoisinantes. L’hôpital de Saint-Gaudens lui fut adjoint pendant la durée du XIVe siècle et n’en fut détaché que lors de la réunion de Gavarnie à Boudrac, qui eut lieu vers 1400. A partir de cette époque, les archives ne nous fournissent plus de faits à noter dans le passé de cet ancien établissement.

Eglise Notre-Dame-du-Bon-Port de Gavarnie

Liste des Commandeurs de Gavarnie
Vers 1150. Wilhelm de Arzillis.
1213-1268. Guillaume de Sertz.
1310. Rostang de Gavarret,
1325. Olivier de Cucurèse.
1332-1340. Benoît de Caussade.
1356-1367. Loup de Salies.
1378-1337. Bernard de Rigaud.
Sources : Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France. BNF

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