Maison du Temple de Carentoir et lhôpital de Quesnoy, son annexe
Préliminaires. Le Temple de Carentoir et ses annexes Malansac, Villenart, le Pont dOust et la Coëffrie. LHôpital de Quessoy et ses annexes La Croix-Huis, Port-Stablon et Roz-sur-Couasnon.— Visite de la commanderie de Carentoir en 1745.
Revenus et juridictions.
Suite chronologique des commandeurs.
Carentoir est une des plus anciennes paroisses du diocèse de Vannes. Au IXe siècle elle formait un plou breton gouverné par un mactiern et habité par une population parlant la vieille langue celtique (1).
1. Voyer le Cartulaire de Redon.
Lorsquau milieu du XIe siècle les Templiers vinrent sétablir en Bretagne ; ils fondèrent sur le territoire de Carentoir une maison qui prit deux le nom de Temple. On ignore la date précise de cette fondation due, daprès la tradition, à la pieuse munificence des ducs de Bretagne, mais la charte de 1182 mentionne sous le nom de « Karentoe (2) », le Temple de Carentoir parmi les possessions des Templiers en Bretagne.
2. Geslin de Bourgogne et de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne VI, 139.
Nous ne savons rien par ailleurs du séjour à Carentoir des Chevaliers du Temple. Le peuple a néanmoins conservé souvenir de la lamentable fin de ceux quil appelle encore les Moines Rouges : ils furent tous massacrés, dit-il, au pied dun gros chêne, près la chapelle de Fondelienne, à mi voie entre leur manoir du Temple et le bourg de Carentoir.
Il fallait bien que dès cette époque reculée, le Temple de Carentoir eût une certaine importance, puisque les Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, héritant des biens des malheureux Templiers, firent de cet établissement le chef-lieu dune commanderie de préférence à leurs propres hôpitaux quils y réunirent.
En 1566 lHôpital de Quessoy fut annexé au Temple de Carentoir, et le tout ne forma plus quune seule commanderie portant le nom de Temple de Carentoir. Trente ans plus tard le manoir du Temple de Carentoir fut tellement ravagé par la guerre civile que ses commandeurs furent forcés de labandonner ; ils allèrent alors fixer leur résidence au Temple de la Coëffrie, en la paroisse de Messac, dans le diocèse de Rennes.
Par suite nous étudierons tout dabord le Temple de Carentoir et ses premières annexes puis lHôpital de Quessoy le Temple de la Coëffrie enfin la juridiction et les revenus de la commanderie.
Chapitre — I
La commanderie du Temple de Carentoir se composait dune douzaine de membres qui tous se trouvaient au diocèse de Vannes sauf un seul, le Temple de la Coëfferie, situé en lévêché de Rennes. Ils formaient au XVIe siècle cinq groupes : le Temple de Carentoir proprement dit ; lHôpital de Malansac et ses annexes ; lHôpital de Villenart ; le Pont dOust et le Temple de la Coëffrie ; nous allons nous occuper successivement de chacun deux.1 — Le Temple de Carentoir
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Domus Hospitalis Carentoir
Chanceau : Partie du chœur entourant le maître-autel et quune grille isole du reste des fidèles « Pendant que cet établissement fut habité par des Chevaliers prêtres, les paroissiens de ce quartier shabituèrent à trouver dans la vaste église du Temple la satisfaction de leurs besoins religieux. Mais comme dans la suite il arriva souvent quaucun des Chevaliers nétait prêtre, pas même le commandeur, on se vit dans lobligation, à une date qui nous est inconnue (3), dériger ce quartier en paroisse démembrée de Carentoir et den fixer le siège au Temple même. Dans la transaction qui créa ce nouvel état de choses et mit léglise conventuelle à la disposition du clergé paroissial et des fidèles, le commandeur se réserva le droit de présenter le vicaire perpétuel, auquel il se chargea de fournir un presbytère et une portion congrue. Plusieurs aveux nous montrent cette réserve, naturelle dailleurs, comme autorisée et confirmée par les Souverains Pontifes et les ducs de Bretagne. En retour de cette concession, le vicaire perpétuel devait, chaque dimanche, au prône de la messe, prier à haute voix pour le Grand-Maître de lOrdre et pour le commandeur du Temple de Carentoir. On ajoute même quil était tenu de porter lhabit de frère chapelain dobédience de lOrdre et de se faire croiser au premier chapitre qui suivait la date de ses provisions. »
3. On na la liste des vicaires perpétuels du Temple de Carentoir que depuis 1608 (Pouillé de Vannes, 885), mais la paroisse du Temple remonte plus haut et elle se trouve mentionnée en 1574.
« Dans toute létendue de la nouvelle paroisse, les dîmes perçues à la 10° et à la 15e gerbe, appartenaient au commandeur, ainsi que les oblations faites à léglise paroissiale et les prémices sur les bêtes à laine. Une partie de ces revenus était parfois abandonnée au vicaire perpétuel pour lui tenir lieu de pension. Dans les derniers temps, ce vicaire était même assez souvent fermier de tous les revenus de la commanderie. »
« A différentes reprises, comme en 1641 et 1683, la visite canonique de la paroisse du Temple de Carentoir par larchidiacre et les délégués de lévêque de Vannes, fut contestée par les commandeurs, qui ne voulaient reconnaître ce droit quau Grand-Prieur dAquitaine et à lévêque en personne (4). »
4. Abbé Luco, Pouillé historique de lancien diocèse de Vannes, pages 884 et 885.
Le manoir, résidence du commandeur, se trouvait au bourg du Temple de Carentoir, près de léglise paroissiale mais pendant les guerres de la Ligue, les partisans du duc de Mercœur pillèrent et ravagèrent ce bourg en 1596, puis mirent le feu au manoir après lavoir dévalisé tout cela en haine du commandeur Jean Le Pelletier qui combattait alors vigoureusement dans le parti des Royaux (5).
5. Archives de la Vienne, 3 H. 300.
« Aussi en 1643 ne voyaiton plus Temple de Carentoir, vers amont », que de « vieilles mazières où estoit autrefois le logix et manoir du Commandeur, qui a esté desmolli par linjure des guerres civilles, fors une grange pour serrer les gerbes de la dixme qui appartient du tout en ladite paroisse du Temple audit commandeur, qui se lève pour la pluspart à la dixiesme, tant de grains que de fillaces (6). »
6. Etat des améliorissements de la commanderie du Temple de Carentoir en 1643 (Archives paroissiales du Temple).
A la même époque, « à côté dudit logix » (la grange du Temple), se trouvaient des jardins appelés le Clos, « plantés darbres fruitiers », un petit bois de haute futaie et une prairie, « le tout se joignant ensemble et pouvant contenir environ huit journaux, le tout bien mesnagé. » Enfin un vivier et une garenne complétaient le pourpris de lancien manoir de la Commanderie (7).
7. Déclaration du Temple de Carentoir en 1677.
Non loin de là et également près de léglise, le vicaire perpétuel du Temple avait son « logix presbytéral composé de chambres haultes et greniers au-dessus, et au-dessoubs un appart qui sert de cuisine au costé de laquelle est un cellier et daultre costé un étable le tout couvert dardoise en bon estat. Il y a un petit jardin au-devant, cerné de vieilles murailles dont jouit ledit recteur avec les oblations pour tout salaire (8). »
8. Etat de la commanderie en 1643.
Cette rétribution trop aléatoire fit naitre bien des procès aux derniers siècles entre les commandeurs curés-primitifs du Temple et leurs vicaires perpétuels ou recteurs. Ceux-ci exigeaient quon leur abandonnât la jouissance des dîmes de la paroisse ou une pension dau moins 300 livres, ce que refusaient dadmettre les Chevaliers de Malte. A lorigine les oblations du Temple de Carentoir pouvaient être assez considérables pour faire vivre le pasteur, mais il nen était plus ainsi au XVIIe siècle ; toutefois les commandeurs — dont les revenus étaient extrêmement modiques — avaient peine à en convenir.
En dehors de sa dîme le commandeur de Carentoir ne recueillait, en effet, dans sa paroisse du Temple que 16 livres « tant par argent que bleds » plus deux corvées que lui devait chaque tenancier (9).
9. Etat de la commanderie en 1643.
« A une mousquetade dudit bourg du Temple sélevait un moulin à vent bâti par le commandeur Gilles du Buisson ; tous les hommes de la commanderie étaient obligés dy porter « moudre leurs bleds à debvoir de mouture qui est le saiziesme, à peine damende (10). Ce moulin existe encore sur la lande au nord du Temple de Carentoir au-dessus de sa porte sont les restes dune vieille inscription et deux écussons portant probablement jadis les armoiries de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem. Du pied de ce moulin lon jouit dun admirable coup dœil sur la vallée de lAff.
10. Etat de la commanderie en 1643.
Au bourg du Temple le commandeur de Carentoir avait un four à ban ce four était bâti dans la rue du Chauffault qui en tirait son nom, mais en 1643 il se trouvait « ruisné parce quil ny a point de bois en ce cartier-là pour le chauffer, et aussy que les habitants ont fait accord avec un commandeur de certaine rente de bled pour avoir licence de faire des fours chez eux (11). »
11. Etat de la commanderie en 1643.
Notons que le cimetière paroissial du Temple de Carentoir nentourait point léglise comme cétait alors partout lusage ; on sy rendait par la rue du Chauffault et il devait se trouver là où il est encore aujourdhui. Quant à léglise même du Temple elle était divisée en deux parties : le chanceau appartenant au commandeur et la nef concédée par lui aux paroissiens reconstruit aux derniers siècles, cet édifice, subsistant encore, noffre dantique que larcade ou voûte unissant la nef au chœur. « Est ladite église parochiale et son cimetière — dit une déclaration de 1677 — fondée en lhonneur du glorieux patron de lOrdre, Monsieur Saint Jean-Baptiste. Pour le service de laquelle églize le commandeur substitue un vicaire parce quil arrive quelquefois que le dit commandeur nest pas prestre et peut estre homme portant les armes. Auquel commandeur appartiennent les honneurs et prééminences en ladite églize, au hault de laquelle et à costé du maistre autel est le banc des commandeurs, et les armes de leur Ordre et les leurs sont dans les principales vitres. Et prend ledit commandeur ou son vicaire toutes les oblations qui tombent journellement en ladite église (12). »
12. Archives de la Loire-Inférieure, B, 184.
Le bourg du Temple de Carentoir se composait alors de trois principales rues « la rue dAval » descendant au Midi vers le manoir du Val, « la rue du Chaffault » conduisant vers lOuest au cimetière, au four banal et au manoir de Rollienne, et « la rue de Marsac » se dirigeant au Nord vers cet antique village de Marsac près duquel le roi gallo-romain Eusèbe avait au VIe siècle son camp reconnaissable encore de nos jours.
Il est vraisemblable quau moyen-âge la population du Temple de Carentoir jouissait dune certaine prospérité ; elle possédait, en effet, de beaux privilèges malheureusement négligés au XVIIe siècle. Car, — dit la déclaration de 1677, — « avoit le commandeur du Temple de Carentoir droit et privilège que tous et chacun ses hommes estoient francs et exempts de tous debvoirs de coustumes, péages et guetz et mesme portoient une croix cousue sur leurs vestements, comme plusieurs anciens affirment, et mesme encore de présent il y a presque sur toutes les portes des maisons tenues de ladite commanderie une croix gravée dans la pierre pour marque des franchises, lesquels privilèges et franchises se discontinuent presque partout, tant par la négligence des subjets que par celle des officiers (13). »
13. Archives de la Loire-Inférieure, B, 184.
Nous avons retrouvé dans plusieurs villages du Temple de Carentoir, des maisons du XVIe siècle présentant sur leurs façades cette croix de la Commanderie, signe de franchise ; le logis du Grand Hôtel, au village de la Gillardaye, est particulièrement remarquable ; cétait au siècle dernier la demeure de Jean Bouschet, sénéchal de la juridiction du Temple ; sur sa cheminée sont sculptés deux écussons portant la croix de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem et une inscription de 1516.
La tradition a également gardé souvenir du droit dasile du Temple de Carentoir ; on y montrait encore naguère lemplacement dun arbre appelé le chêne de la Sauvegarde nul ; navait le droit de saisir laccusé qui se réfugiait à lombre de cet arbre protecteur et en embrassait le tronc.
Mais si les sujets du commandeur de Carentoir étaient privilégiés, celui-ci avait cependant bien des droits sur eux. Outre ceux que nous avons déjà signalés, on peut encore noter le suivant : « Par tous les lieux de la commanderie où il y a assemblée, à quelque feste de lannée que ce soit, ledit commandeur a droit et est en possession de prendre un pot par pipe sur les vins et cildres, plus les debvoirs de coustumes sur les aultres marchandises et menues denrées qui sy vendent et debitent (14). »
14. Déclaration du Temple de Carentoir en 1677.
Enfin, le Temple de Carentoir jouissait dun trait de « dixme à la 36e gerbe sextendant en la paroisse de Plélan, au fief et frairie du Tellin ; laquelle dixme se depart annuellement entre ledit commandeur, le recteur dudit Plélan et le prieur de Saint-Barthélemy, tiers-à-tiers (15). »
15. Déclaration du Temple de Carentoir en 1677.
Telle était la physionomie du Temple de Carentoir proprement dit aux XVIe et XVIIe; siècles le commandeur le tenait prochement du roi « à debvoir de prières et oraisons. »
2. — LHôpital de Malansac et ses annexes
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Domus Hospitalis Malansac
2. D. Morice. Preuves de lhistoire de Bret, tome 1, page 638.
Unie, dès en 1416, à la Commanderie du Temple de Carentoir, cette aumônerie de Malansac est ainsi décrite dans lAveu de 1677 : « A lHospital de Malansac, il y a une chapelle fondée de Monsieur Saint Jan-Baptiste, dans laquelle tombent quelques aumônes qui sont recueillies par le commandeur (de Carentoir). Et dudit lieu dépendent sept villages ou tenues sur lesquelles sont deubs nombre de rentes seigneuriales et debvoirs, tant par deniers et avoine que poulailles plus sur les terres subjectes audit lieu la dixme à la sixte de tous grains qui se depart avec le recteur de Malansac et les prieurs de la Gresle (3) et de la Mongée (4), sçavoir quand il y a sept gerbes, le commandeur en prend quatre et les prieurs et recteur prennent les trois autres (5). »
3. Saint-Michel-de-la-Gresle, prieuré de Redon.
4. Sainte-Madeleine de la Mongée, prieuré de Marmoutier.
5. Déclaration du Temple de Carentoir en 1677.
LEtat de la commanderie de Carentoir en 1643 va nous faire connaître plus amplement le membre de Malansac : « Auquel lieu (de lHospital de Malansac) il y a une chapelle couverte dardoizes, fondée de Saint Jan-Baptiste, où y a un autel avec la garniture pour y faire le service divin avec un calice et platenne dargent. »
« Au devant de ladite chapelle est le chapitrel, sur lequel est un clocher avec une cloche de moyenne grosseur lesdits chapelles et chapitrels en bon et deub estat, bien pavés et blanchis. »
« Et vis à vis ladite chapelle est le Logix composé dune salle dans laquelle il y a un four, au costé de laquelle est un cellier et au-dessus une chambre haulte avec le grenier ; à laquelle chambre haulte il y a pour monter un degré de pierre, avec une garde-robe au costé dudit logix, le tout couvert dardoizes en bon et deub estat pour avoir esté reparé depuis peu par le commandeur Gilles du Buisson. »
« Au-devant duquel logix y a un petit jardin, et aux environs y a une pièce de terre tant en labour et bois que pasture, le tout en un tenant et peut contenir trois journaux tournés de haies, fossés et vieilles murailles. »
« Oultre et proche ledit lieu y a deux petits prés contenant tous deux environ trois journaux, nommés les prés de lHospital. Et cest tout le domaine du lieu. »
« Item aux environs dudit lieu il y a plusieurs tenues dhéritaiges, maisons et villages, sur lesquelles sont deub quelques rentes féodales, tant argent, avoines que poulailles, et la dixme à la sixte (6). »
6. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Au XVIIe siècle, le commandeur du Temple de Carentoir exerçait une juridiction à lHôpital de Malansac, et à cette époque étaient unis à cet établissement huit autres membres de la commanderie dont nous allons parler à linstant ; ils se nommaient : le Guerno, Questembert, Limerzel, Fescal, Lantiern, Le Gorvello, la Vraie-Croix et le Cours de Molac. En 1643 ils se trouvaient affermés tous ensemble avec lHôpital de Malansac « à dom Jan Texier la somme de 241 livres tournois (7). »
7. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Au siècle dernier lHôpital de Malansac perdit beaucoup de sa relative importance. Il y eut procès entre le commandeur Bouchereau et le seigneur de Rochefort « pour la mouvance de partie du fief dudit Hospital puis entre le commandeur et M. de Montalembert, prieur de la Gresle, au sujet des dîmes. » La chapelle Saint-Jean fut elle-même négligée car on constate quà cette époque il ne sy trouve plus « dornements en estat de servir. » Enfin la déclaration de 1755 sexprime comme il suit « Le membre de lHôpital de Malansac consiste en une chapelle, une petite maison vieille et caduque et trois petites pièces de terre, avec un fief, rentes et dixme sétendant en les paroisses de Malansac et de Limerzel et aux trêves de la Vraie-Croix et du Guerno (8). »
Cétait, paraît-il, tout ce qui restait de lHôpital de Malansac et de ses annexes.
La vieille chapelle de Saint-Jean existe encore au village de lHôpital en Malansac, mais noffre pas dintérêt le commandeur de Carentoir lentretenait jadis et y faisait dire deux messes par semaine.
8. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Parlons maintenant des huit établissements unis à lHôpital de Malansac.
1. — LE GUERNO
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Domus Hospitalis Le Guerno
10. D. Morice, Preuves de lhistoire de Bret, tome I, page 638.
Après la suppression de lOrdre du Temple, laumônerie du Guerno fut annexée au Temple de Carentoir et prit elle-même par extension le nom de Temple du Guerno.
En 1570 existait une « petite chapelle fort ancienne et caduque qui se nommoit la chapelle du Temple du Guerno, quelle chapelle et appartenance dicelle appartenoient au commandeur de Carentoir auquel appartenoit la seigneurie des terres et maisons adjacentes ; les habitants desquelles terres et maisons payoient rentes annuelles audit commandeur selon le rolle ancien fait de temps immémorial ; et ledit commandeur, à cause de son Temple du Guerno, avoit fief et juridiction, laquelle se tenoit le lendemain de la feste Sainte-Anne par les officiers dudit commandeur (1). »
11. Déposition de Simon Bonic en 1609 (Archives paroissiale de Noyal-Muzillac)
Mais à cette époque, les « oblations que les gens de bien faisoient en ladite chapelle » permirent de la reconstruire à peu près tout entière, sauf une partie où se retrouve encore une porte de style roman le nouvel édifice fut achevé en 1580, date qui apparaît gravée sur les sablières de la nef (12).
12. Rosenzweig. Répertoire archéologique du Morbihan, 192.
Le commandeur du Temple de Carentoir jouissait à Le Guerno en 1574 de la tierce partie des aumônes et oblations de ladite chapelle, au joignant de laquelle il y a une tenue dhéritages, contenant 23 journaux (13). »
13. Déclaration du Temple de Carentoir.
Un autre aveu de 1664 ajoute que dans cette église « se font toutes fonctions parochiales, y ayant croix, bannière, fonts baptismaux et enterrages ; » que le commandeur de Carentoir y est seigneur spirituel et temporel, quil prend un tiers des oblations, en laissant un autre tiers pour le service divin et le dernier tiers pour les réparations de lédifice ; « quautour de la chapelle il y a plusieurs tenues sur lesquelles il y a rente féodale, droits seigneuriaux, dîme à la onzième gerbe et justice haute, moyenne et basse, sexerçant sous le chapitrel de ladite église (14). »
14. Le Mené. Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome I, page 300.
Le Guerno a été érigé en trêve dassez bonne heure on possède encore un registre de baptêmes commencé en 1608. A la fin de ce registre on lit cet avis facétieux : Si quis librum par adventure. Invenerit en son chemin. Reddat mihi la couverture. Quea facta est de parchemin (15).
15. Le Mené. Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome I, page 300.
Voici la description de léglise du Guerno en 1643, faite par les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eux-mêmes : « Dans la paroisse de Noyal-Muzillac il y a un autre temple fondé de Monsieur Saint Jean-Baptiste notre patron, vulgairement appelé Saint-Jean-du-Guerno, en lequel il y a sept autels, quatre portes et nombre de fenestres bien vitrées en la principale desquelles, à droite du grand autel, sont les armes de notre Ordre et au costé et en mesme hauteur dicelles est lescusson des ducs de Bretagne nos bienfaiteurs, et est aussy le banc des commandeurs en lieu prééminant. »
« Et au bas de ladite église du Temple y a une tour forte, bastie en pierres de taille, fermée de deux fortes portes, lune de bois et laultre de fer avec quatre serrures ; en laquelle tour il y a une petite croix dargent doré longue dune palme, enrichie daméthistes, dans laquelle il y a du bois de la Vraye-Croix. Plus dans ladite tour sont tous les ornements qui sont cinq calices dargent dont lun est doré, une grande croix dargent que lon porte aux processions et nombre de beaux ornements tant de soye que autres estoffes, enrichis de broderies tant dor, dargent que de soye, le tout bien soigneusement gardé par les frairiens, lesquels ornements ont esté donnés des aumosnes et oblations qui tombent audit Temple (16). »
16. Etat de la commanderie du Temple de Carentoir (Archives paroissiales du Temple de Carentoir)
Comme lon voit, cette tour du Guerno avait été construite et fortifiée pour recevoir le trésor de léglise et surtout cette précieuse Vraie-Croix apportée probablement de Terre-Sainte par les Chevaliers Hospitaliers. Cette relique attirait au Guerno une grande affluence de pèlerins « des religieux de Vannes, de Rennes et dautres villes y venaient prêcher le Carême ; le Vendredi-Saint la foule était si grande que léglise ne pouvait la contenir ; alors on prêchait la Passion dans la chaire du cimetière (17). »
17. Cayot-Delandre, Le Morbihan et ses monuments, 233.
Cette chaire extérieure qui nest pas une des moindres curiosités du Guerno est en pierre et terminée inférieurement en nid dhirondelle elle fait saillie sur la façade méridionale de léglise ; le prédicateur y entrait de lintérieur du temple par une porte aujourdhui maçonnée.
Reprenons la description du Temple du Guerno, au temps du commandeur Gilles du Buisson, en 1643 : « Est à noter que depuis quelques temps le recteur de Noyal-Muzillac sest ingéré de troubler le commandeur, tant sur les droits de patronage que sur les oblations, et y ayant eu sentence à Vannes en faveur dudit recteur, ledit commandeur fut appelant au parlement de Rennes et le 3 mai 1642 prit fin le procès et fut accordé ce qui suit : le commandeur, reconnu supérieur audit lieu du Guerno et maintenu-en ses droits de patronage et prééminence en ladite chapelle, reconnaît ledit recteur (de Noyal-Muzillac) recteur du Temple et lui laisse le tiers des oblations à la charge dentretenir le service divin dû audit Temple et chapelle du Guerno ; lautre tiers est pris par les frairiens pour entretenir les réparations et le dernier tiers par le commandeur. »
« Audit lieu du Temple du Guerno il y a charge dasmes et pour ce sur le grant et principal autel de ladite chapelle il y a un tabernacle auquel repose le précieux corps de Nostre-Seigneur, en bon et deub estat, et fonts baptismaux, croix et bannières. »
« Et sont pareillement sur icelluy autel et aultres les images de plusieurs saints, le tout bien deubment orné et entretenu, ladite chapelle bien blanchie et couverte dardoizes avec un campanier sur le mitan où sont deux cloches. »
« Au devant et sur la grande porte est un chapitrel aussy basty de pierres de taille, où sexerce la juridiction quand besoing y est et sans estre à présent empeschée par aucun. »
« Oultre au costé de ladite église vers Midy est le cimetière clos de murailles avec une croix de pierre au milieu sur un grand perron de douze degrés, ladite pierre ou calvaire longue denviron vingt pieds. »
« Plus, ès environs de ladite église est la bourgade presque toute tenue dudit lieu et nombre dhéritages qui y doibvent des rentes que ledit commandeur a bien fait recognoistre et sen est fait rendre nombre de nouveaux adveux, oultre la dixme à la onziesme gerbe (18). »
18. Etat de la commanderie du Temple de Carentoir (Arcives paroissiale du Temple de Carentoir).
La Déclaration de la commanderie de Carentoir en 1667 signale « la chapelle du Guerno en laquelle se font toutes les fonctions curiales pour la commodité des frairiens (19). » Un état de la même commanderie au commencement du XVIIIe siècle ajoute ceci : « Le Guerno, trêve de la paroisse de Noyal-Muzillac, consiste en un fief affermé 15 livres et une rente de 18 livres, payable par la fabrice de ladite trêve et quon croit estre pour le tiers des oblations de ladite chapelle tréviale, ou il y a un banc armorié des armes du commandeur du costé de lEvangile, touchant au balustre, avec les armes dudit commandeur en la vitre principale ; on lui donne (audit commandeur) les prières nominales. Léglise est bien entretenue à lexception de la tour où est une relique de la Vraie-Croix, dont la voulte prend leau par-dessus (20). »
19. Archives de la Loire-Inférieure B, 184.
20. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Enfin la déclaration de Carentoir en 1755, signale les dîmes recueillies dans la trêve du Guerno et unies à cette époque à lHôpital de Malansac.
Actuellement, lantique église tréviale Saint-Jean du Guerno est devenue paroissiale et dédiée à sainte Anne, dont le culte y est fort ancien, concurremment avec celui de saint Jean-Baptiste. Cest une construction originale, en forme de croix latine, avec un chœur en hémicycle.
« Edifice religieux. La chapelle ou léglise dune trève est appelée chapelle tréviale ou église tréviale »
« A laisselle du bras Nord se trouve une sorte de tour basse et carrée couverte en ardoises. Du même côté, vers lOuest, est une autre tour en belles pierres de taille de forme cylindrique, amortie en pierre et présentant laspect dune poivrière (21). » Cest la tour forte qui renfermait jadis le trésor de léglise. La principale pièce de ce trésor subsiste encore, objet, comme au moyen-âge, de la vénération des fidèles, mais placée aujourdhui dans un tabernacle du transept septentrional.
21. Abbé Le Mené. Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome I, page 308.
« Cest une croix en argent doré, haute de 20 centimètres environ, chargée de dessins gravés, figures et fleurons ; elle porte cinq pierres précieuses et son centre renferme une parcelle de la Vraie Croix. Ses extrémités sont terminées par une sorte de trilobé allongé, mais le pied est moderne. Cette croix est appelée dans le pays la petite sœur de la Vraie-Croix de Suniac (22). »
22. Rosenzweig. Répertoire archéologique du Morbihan, 192.
Il faut encore remarquer dans léglise du Guerno les anciennes verrières du chœur, représentant diverses scènes de la vie et de la passion de Notre-Seigneur, avec les écussons de lOrdre de Malte, des ducs de Bretagne et de plusieurs seigneurs du voisinage, tels que les sires de Rochefort, de Rieux et de Carné (23).
23. Rosenzweig. Répertoire archéologique du Morbihan, 192.
La chaire extérieure apparaît toujours au sud de léglise ainsi que le beau calvaire de granit signalé en 1643 et formé dune colonne cannelée denviron cinq mètres de hauteur, avec un riche chapiteau orné de volutes que surmonte le Christ en croix. Mais lancien « chapitrel » — auditoire du sénéchal rendant la justice au nom du commandeur — ne se retrouve plus ; cétait en réalité un porche précédant le portail occidental de léglise et sous lequel passait la voie publique il a été renversé de nos jours.
2. — QUESTEMBERT
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Domus Hospitalis Questembert
1. Rosenzweig. Répertoire archéologique du Morbihan, 192.
2. D. Morice. Preuves de lHistoire de Bret, tome I, page 638.
La chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, selon lusage, est située dans un village portant le même nom, à quelques kilomètres au sud de la petite ville de Questembert. Cet établissement fut annexé, à une date inconnue, à lHôpital de Malansac, uni lui-même au Temple de Carentoir ; cest grâce à cette union que la dénomination de Temple a été improprement donnée à Saint-Jean de Questembert (3).
3. Abbé Le Mené, Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome II, page 243.
Dans laveu de la commanderie de Carentoir, en 1574, nous trouvons signalé « le Temple de lHôpital, en la paroisse de Questembert, » avec cette donnée que le commandeur jouissait du tiers des oblations faites à sa chapelle et laissait les deux autres tiers pour lentretien de lédifice. Laveu de 1624 ajoute « le Temple de Saint-Jean de Questembert, paroisse de ce nom, autour duquel sont plusieurs tènements dhéritages sur lesquels sont dus au commandeur rentes féodales, obéissance et autres devoirs seigneuriaux (4). »
4. Abbé Luco, Pouillé de lancien diocèse de Vannes, 626.
LEtat de la commanderie, dressé en 1643, est plus explicite : « En la paroisse de Questembert, dit-il, il y a une chapelle ou Temple, aussi fondée de Monsieur Saint Jean-Baptiste, avec un chapitrel au-devant de la grande porte et sur le pignon une cloche, le tout couvert dardoises, en bonne réparation. » « Proche et ès environ dicelle il y a quelques maisons et héritages sur lesquels sont deubs quelques rentes par deniers, obéissance et dixmes qui peuvent valoir environ six livres. »
« Des oblations qui tombent en ladite chapelle, les deux tiers sont employés à lentretien des ornements, du service et des réparations, et lautre tiers est pris par ledit commandeur (5). »
5. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Un siècle plus tard, la condition de ce petit bénéfice ne sétait point améliorée, comme nous le prouve le passage suivant dun état de la même commanderie de Carentoir dressé en 1740 « La chapelle de Saint-Jean du Temple, près Questembert, consiste en un dixmereau dune seule pièce de terre et le tiers des oblations, le tout affermé 11 livres. La chapelle est assez bien réparée mais sans ornements (6). »
6. Abbé Luco, Pouillé de lancien diocèse de Vannes, 627.
La chapelle Saint-Jean de Questembert existe encore et appartient à la paroisse on y retrouve un écusson portant la croix pattée de lOrdre de Malte et une inscription présentant le nom du commandeur François Thomas (7).
7. Abbé Le Claire, Lancienne paroisse de Carentoir, 335.
Daprès certaines traditions recueillies par M. Rosenzweig (8), les Templiers auraient eu deux chapelles en Questembert lune à Bréhardec, dédiée à Notre-Dame, et lautre près du vieux château de Coët Bihan. On croit reconnaître ce dernier établissement dans le « Coëbation » des biens possédés en 1182 par lOrdre du Temple, mais on nen sait pas autre chose, quoique le peuple assure que les Chevaliers du Temple habitèrent Coët Bihan.
8. Répertoire archéologique du Morbihan, page 203 et 204.
3. — LIMERZEL
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Rochefort-en-Terre - 56
Domus Hospitalis Limerzel
Ces sanctuaires se trouvaient à trois kilomètres lun de lautre le premier était dédié à saint Jean-Baptiste (1) et le second à sainte Marie-Madeleine.
1. Mais saint-Julien en est aujourdhui le patron.
Au dernier siècle les Temples de Limerzel se trouvaient unis avec celui de Questembert à lHôpital de Malansac, mais cétait bien peu de chose : « Les Temples de Haut et Bas Limerzel, dit lEtat de la Commanderie de Carentoir en 1740 consistent en un petit fief, une petite dixme et le tiers des oblations des deux chapelles, le tout affermé 15 livres. »
« La chapelle de Haut, qui est frairienne, est bien entretenue, mais celle de Bas est abandonnée faute de réparations, ne sachant qui les doit faire (2). »
2. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Aujourdhui la chapelle du Temple-Vieux nexiste plus elle a été démolie au commencement de notre siècle, mais celle du Temple-Neuf se voit encore. Elle paraît une construction de la fin du XIVe siècle. Le fond de lautel se compose dun retable en granit grossièrement sculpté mais curieux néanmoins ; il est divisé en quatre compartiments surmontés darcades trilobées dans chacun de ces compartiments sont représentées la naissance et la mort de Jésus-Christ, alternées avec deux saints personnages. Sur les murs est cinq fois répété et peint à fresque un écusson de gueules à la croix dargent dans un collier dOrdre, surmonté dune couronne ducale avec croix de Malte : derrière cest le blason de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem.
Près de la chapelle est un calvaire de granit au sommet carré à pignon et colonnettes reposant sur une torsade dun côté apparaît le Christ et de lautre une piéta. Une autre croix à bras pattés et en granit grossier avoisine ce calvaire (3).
3. Cayot-Delandre, Le Morbihan et ses monuments, 292. Rosenzweig, Répertoire archéologique du Morbihan, 210.
4. — FESCAL
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Questembert, Commune: Péaule - 56
Domus Hospitalis Fescal
1. Abbé Luco, Pouillé de lancien diocèse de Vannes, 468.
Aussi à cette époque le commandeur de Carentoir navait-il que peu de chose au village du Temple de Fescal : « En la paroisse de Péaule y a un temple fondé de Monsieur saint Jean-Baptiste, appelé le Temple de Fescal, lequel est couvert dardoises et a une cloche de moyenne grosseur le service et les réparations y sont entretenus (au moyen des deux tiers des oblations). Et ny a ny maison ny demeure du propre de la commanderie, fors quelques tenues dhéritages sur lesquelles sont deubs quelques 24 sols monnaie de rente et la dixme à la 11e, tout quoi peut valoir 6 livres (2). »
2. Etat de la commanderie du Temple de Carentoir en 1643.
Remarquons encore quà cette époque il se tenait au village de Fescal « une assemblée à la Saint-Jean » où certains droits seigneuriaux appartenant à lorigine au commandeur se trouvaient usurpés par le seigneur du Pont dArmes.
La chapelle Saint-Jean du Temple de Fescal, aujourdhui délaissée, est de style ogival et présente une fenêtre à meneaux rayonnants, à trilobés et quatre feuilles. A peu de distance de ce petit sanctuaire on voit une ancienne croix de pierre et à côté deux pierres tombales grossièrement taillées chacune delles est accompagnée à ses extrémités de deux pierres debout dont celles plus voisines de la croix présentent une croix pattée sculptée en relief. Il existe sur ces tombes deux légendes suivant lune ce serait la sépulture de deux Chevaliers du Temple suivant lautre celle de deux personnages, lun catholique, lautre protestant, qui se battant en duel en cet endroit se seraient tués mutuellement, ce qui aurait mis fin dans le pays aux guerres de la Ligue (3).
3. Abbé Le Mené, Histoire du diocèse de Vannes, tome II, page 75.
— Rosenzweig. Répertoire archives du Morbihan, 199.
5. — LANTIERN
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Muzillac, Commune: Arzal - 56
Domus Hospitalis Lantiern
« Est dans la paroisse dArzal, dit la Déclaration de Carentoir en 1677, — un temple fondé de Monsieur Saint-Jean Baptiste, appelé Saint-Jean de Lantiern, dans lequel se font les enterrages autour diceluyil y a un grand tènement sur lequel le commandeur (de Carentoir) prend la dixme à la coutume (1). »
1. Archives de la Loire-Inférieure, B, 184.
LEtat de la commanderie du Temple de Carentoir en 1643 donne quelques détails: « En la paroisse dArzal il y a une très belle église et Temple avec quantité de chapelles et sept autels, une croix dargent avec des reliques de la Vraie-Croix, un calice dargent et deux destain. Autour duquel Temple il y a quelques tenues qui doibvent des rentes et dixmes, et sappelle Saint-Jean de Lantiern ; la chapelle est couverte dardoizes avec trois cloches, le tout en bon et deub estat, et il ny a aucune habitation ny domaine du propre de la commanderie, et safferme ledit lieu 18 livres (2). »
2. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Enfin « léglise tréviale de Lantiern proche le passage de la Roche-Bernard, distante du Temple de Fescal dune bonne lieue et de labbaye de Prières de deux lieues » rapportait encore au commencement du siècle dernier « un dixmereau et le tiers des oblations, le tout affermé 18 livres, » mais il nen est plus question dans la Déclaration de Carentoir en 1755, pas plus quil ny est fait mention des Temples de Questembert, de Limerzel et de Fescal.
Chapelle frairienne dArzal, Saint-Jean de Lantiern subsiste encore ; « cest un édifice de lépoque romane de transition, réédifié extérieurement en 1627, mais conservant à lintérieur tout le caractère de sa construction primitive. Elle na quun bas-côté au Nord, qui se compose de deux arcades romanes. Deux autres arcades, placées de chaque côté du chœur, sont de style ogival. »
« De lancienne verrière qui ornait la fenêtre ogivale du chevet, il ne reste que lécusson du duché de Bretagne et celui des seigneurs de Brouel. »
« Cette curieuse petite église renferme, outre le maître-autel, sept autels latéraux presque tous fort anciens. Lancienne tribune seigneuriale est placée au-dessus de la porte de lOuest, et on y accède par un escalier pratiqué dans lépaisseur du mur. »
« Il est à remarquer que les maisons du village de Lantiern ont, pour la plupart, un aspect bourgeois qui diffère totalement de larchitecture ordinaire des habitations rurales. Un pavé partant de léglise et se dirigeant au Nord conduit à lune de ces maisons qui est fort ancienne. Tout annonce que ce petit village eut jadis quelque importance : il y avait là autrefois des marchands, un notaire, une juridiction... Les moines de labbaye de Prières sy rendaient en procession deux fois par an, parce que la chapelle possédait un fragment de la Vraie-Croix (3). »
3. Cayot-Delandre. Le Morbihan et ses monuments, 230.
6. et 7. — LE GORVELLO ET LA VRAIE-CROIX
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Elven, Commune: Sulniac - 56
Domus Hospitalis Le Gorvello
1. D. Morice. Preuves de lhistoire de Bret, tome I, page 638.
Suivant un aveu de 1575, le commandeur de Carentoir percevait au Gorvello le tiers des oblations, lautre tiers était réservé au recteur de Sulniac, et le reste employé à lentretien de la chapelle les fonctions ecclésiastiques y étaient remplies par un curé nommé et rétribué par le recteur de Sulniac.
Un aveu de 1624 ajoute « Au Temple Saint Jean du Gorvello se font toutes fonctions curiales, baptêmes, grandes messes, enterrages avec croix et bannières. Autour du Temple sont trois tenues qui doivent rentes féodales, droits seigneuriaux, et dixme à la 11e gerbe (2). »
Enfin dans lEtat de la commanderie de Carentoir en 1643 on lit « Le Temple de Gorvello est une fort belle chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, en laquelle il y a nombre de beaux ornements qui sont en la garde des frairiens ladite chapelle bien et deubment vittrée ayant deux cloches de moyenne grosseur, un tabernacle où repose le Saint-Sacrement et des fonts baptismaux, est une trêve où il y a charge dâmes. »
2. Abbé Le Mené. Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome I, page 252.
Ces deux cloches subsistent avec leurs inscriptions lune est de 1532 et lautre de 1608.
Léglise du Gorvello, aujourdhui paroissiale, bâtie en forme de tau, est une œuvre du XVIe siècle avec fenêtres ogivales, portes à anses de panier et accolades à crochets. Les lambris sont à clefs pendantes et les entraits à tête de crocodiles sur les sablières apparaissent des sculptures grotesques, telles quun animal ayant une tête humaine, un autre avalant un moine, un troisième portant une hallebarde, dautres enfin jouant du biniou, puis trois têtes sous un même bonnet, un moine avec des oreilles dânes tenant une marotte terminée par une tête semblable, etc., le tout entremêlé dinscriptions gothiques de 1523 et 1547 (3).
3. Rosenzweig, Répertoire archives du Morbihan, 178.
Sur un angle de la balustrade se voit sculptée la tête de saint Jean-Baptiste dans un plat ; les pèlerins viennent la baiser pieusement sur les deux joues.
La Vraie-Croix
Département : Morbihan, Arrondissement et Canton : Vannes - 56
Domus Hospitalis La Vraie-Croix
On lit aussi dans un Aveu de 1624 : « Le Temple de la Vraie-Croix où il y a croix, bannière et enterrage. Autour de ce temple est un grand village qui dépend presque en entier de la commanderie de Carentoir, et les hommes subjets doibvent rentes féodales, debvoirs seigneuriaux et dixme. Les pieds généraux sy tiennent le lendemain de la Sainte-Croix et lon y fait venir les hommes du Temple du Gorvello et du Cours de Molac. »
Les oblations faites à la Vraie-Croix se partageaient comme celles du Gorvello. Dans les temps reculés ; il y avait aussi un étang et un moulin qui dépendaient de la commanderie de Carentoir, mais ils nexistaient plus au commencement du XVIIe siècle, époque à laquelle lévêque de Vannes « sestoit déjà saisy du droit de dixme (1). »
1. Abbé Luco. Pouillé de lancien diocèse de Vannes, 876
Deux sanctuaires sélevaient et subsistent encore au bourg de la Vraie-Croix ; le premier, jadis église tréviale de Sulniac sous le patronage de Saint-Sauveur et de Saint-Jean, est devenu de nos jours église paroissiale dédiée à saint Isidore ; cest elle quon appelait le Temple de Saint-Jean, possédé par les Chevaliers Hospitaliers ; — le second est à proprement parler la chapelle de la Vraie-Croix disons un mot de chacun deux.
La chapelle du Temple de saint Jean reconstruite au XVIe siècle et restaurée au XVIIe siècle, affectait la forme dune croix à double croisillon sur le modèle du reliquaire de la vraie croix dont nous parlerons à linstant. On y trouve une cloche en bronze de 1523.
— Lautre chapelle remonte en partie au XIIIe siècle et sélève à lextrémité du village opposée à léglise du Temple. Elle offre cette singularité dêtre bâtie au-dessus dune voûte sous laquelle passe la voie publique ; son portail composé de cinq voussures ogivales reposant sur des colonnettes romanes se trouve sous le côté de la voûte correspondant à la nef du sanctuaire. Un escalier — intérieur remplacé de nos jours par deux escaliers extérieurs conduisait de ce beau portail au sanctuaire lui-même.
Mais pourquoi ces deux chapelles dans le même village ?
Ecoutez la légende: Un seigneur breton venant des croisades, — un Templier ou un Hospitalier peut-être, — rapportait de son lointain voyage une relique de la Vraie Croix. Il sendormit un jour dans la paroisse de Sulniac, et pendant son sommeil la précieuse relique quil portait pieusement sur sa poitrine disparut tout à coup. A son réveil craignant de lavoir perdue en route, il revint sur ses pas, mais bien en vain ; il lui fut impossible de retrouver son trésor sacré et il quitta le pays. Après son départ, des enfants aperçurent une vive lumière dans une aubépine au pied de laquelle le chevalier sétait endormi lun deux grimpa dans larbrisseau et trouva au fond dun nid, jetant un merveilleux éclat, le reliquaire quavait perdu le chevalier croisé. On résolut délever à côté une chapelle et dy placer cette insigne relique alors fut construite la chapelle du Temple sur le modèle du reliquaire de la Vraie-Croix. Le saint fragment y fut solennellement déposé, mais le lendemain la relique avait disparu de nouveau et le nid dans laubépine avait repris sa mystérieuse clarté. On comprit alors que Dieu voulait que la relique fut honorée non à quelques pas de larbre où elle reposait, mais sur son emplacement même et à la hauteur précise où se trouvait le nid. Une seconde chapelle fut donc construite en cet endroit et cest là quaujourdhui encore lon vénère le fragment de la Vraie-Croix.
Cet objet sacré est renfermé dans un reliquaire en forme de croix à double branche en cuivre doré ; une guirlande de feuilles de chêne gravée en creux court sur le pied et sur les croisillons, et une torsade forme bordure ; neuf pierres précieuses ornent cette croix dont toutes les branches sont pattées. Honorée en ce lieu depuis bien des siècles, cette sainte relique donne depuis lors son nom au bourg de la Vraie-Croix.
8. — LE COURS DE MOLAC
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Questembert, Commune: Molac - 56
Domus Hospitalis de Molac
Nous sommes mieux renseignés sur lHôpital du Cours de Molac: « En la paroisse de Molac il y a un Temple fondé de saint Jean-Baptiste — dit lEtat de la commanderie de Carentoir en 1643 — en lequel le service divin est fait et entretenu ; ladite chapelle couverte dardoizes en bonne réparation, sans aucun logement ny domaine du propre de ladite commanderie, fors quelques rentes et dixmes qui sont levés sur certains héritages situés autour de ladite chapelle, avec obéissance.
Les frairiens y font faire le service aux festes et dimanches et celui qui y sert va quester par le village dudit lieu (1). »
1 Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Daprès laveu de 1574, le commandeur de Carentoir jouissait du tiers des oblations faites à la chapelle du Cours de Molac, le recteur de la paroisse percevait lautre tiers et le surplus était laissé aux frairiens pour lentretien du sanctuaire. Plus tard, le recteur abandonna sa part au prêtre chargé de desservir ce quartier; enfin une chapellenie ayant été fondée en ce lieu et dotée dune maison et dun jardin, un prêtre desservant sy établit dune manière permanente (2).
2. Abbé Le Mené. Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, tome I, page 189.
La chapelle du Cours de Molac remplacée de nos jours par une église paroissiale moderne était un édifice de forme rectangulaire avec un seul bas-côté au sud. Les fenêtres de style ogival avec meneaux en quatre-feuilles et en fleurs de lys présentaient les écussons des sires de Molac, de la Chapelle et de Rosmadec (près de Pont-Aven).
3. — LHôpital Le Villenard en Ploërmel
Département : Morbihan, Arrondissement : Pontivy, Canton : Ploërmel — 56
Domus Hospitalis Saint-Jean de Villenard
1. D. Morice, Preuves de lHistoire de Bret, tome I, page 638.
« Cette désignation convient parfaitement à la commanderie de Saint-Jean de Villenart, près Ploërmel, qui fut jusquà la Révolution à lOrdre de Malte, et il ne faut point chercher ailleurs laumônerie de Ploërmel. Cest aujourdhui une chapelle paroissiale et la tradition affirme que dans le trésor de cette chapelle figurerait ou aurait autrefois figuré, singulière relique, un des deniers de Judas (3). »
3. Ropartz. Notice sur la ville de Ploërmel, 87.
Voyons ce quétait cet Hôpital en 1677 : « Dépend de la commanderie de Carentoir un membre appelé Saint-Jean de Villenart en la paroisse de Ploërmel, consistant en une chapelle fondée de Monsieur Saint Jean Baptiste, en laquelle tombent quelques aumosnes et oblations que le commandeur prend et perçoit ou son chapelain pour luy ; et à cause dudit fief sont deubs nombre de rentes et debvoirs seigneuriaux par les hommes et subjets demeurant tant au village dudit Saint-Jean que de la Villenart, la Bretonnière, lHospital, Bizon et Crancastel, une maison au village de Loyal en la paroisse de Néant et un autre village appel lHospital de Néant (4). »
4. Archives de la Loire-Inférieure. B, 184.
Outre ces biens en la paroisse de Néant, les Hospitaliers avaient également uni à leur aumônerie de Villenart ce que possédaient avant eux les Templiers dans les paroisses de Guillac et de Saint-Servant (5).
5. Département: Morbihan, Arrondissement: Ploërmel, Canton de Josselin — 56
Guillac : Département : Morbihan, Arrondissement : Pontivy, Canton : Ploërmel — 56
Cétait le Temple de Guillac, en la paroisse de ce nom, mentionné en 1182 et consistant en 1574 en « une tenue dhéritaiges denviron 40 journaux à debvoir de 6 livres de rente, dobéissance et de dixme au 12e des grains » et « en la paroisse de Saint-Servant, un hameau nommé lHospital-aux-Robins et un autre petit hameau appelé le Temple, où sont deubs quelques rentes féodales. »
Mais ces biens furent « usurpés sous prétexte déchange avec le commandeur Le Pelletier qui nen avoit aucun pouvoir (6). »
6. Déclarations de 1574 et de 1677.
Vers 1740 le commandeur de Carentoir plaidait encore pour recouvrer le fief de Guillac que tenait alors M. de Gachon.
Le commandeur Gilles du Buisson soccupa de la chapelle de Villenart comme le prouve lEtat de la commanderie de Carentoir en 1643 : « A Villenart il y a une chapelle fondée de Saint Jean-Baptiste, sur la grande porte de laquelle il y a un chapitrel refait tout de neuf par ledit du Buisson, en laquelle il y a la garniture dun autel pour y faire le service divin avec une cloche dans un arbre au-devant dicelle chapelle, autour de laquelle est un cimetière tourné de murailles ladite chapelle couverte dardoizes, carrelée et vitrée est en un bon et deub estat il y a un coffre à serrer les ornements acheptés par ledit du Buisson. »
Vers la même époque, lHôpital de Villenart se trouvait affermé « à Jean Marchand, fermier du Temple de Carentoir » pour la somme de 45 livres par an.
On voit daprès cela que Saint-Jean de Villenart nétait point un bénéfice important ; aussi la Déclaration du temple de Carentoir en 1755 lappelle-t-elle : « le petit membre de Hospital de Villenart consistant en fiefs, rentes et dixme. » Ce sont, dit un autre titre contemporain du précédent, « quatre petits fiefs situés en plusieurs paroisses aux environs de Ploërmel. » On y ajoute quil sy exerçait une petite juridiction, que les vassaux payaient 25 livres au commandeur de Carentoir « pour nestre assujétis à aucun moulin » et que la chapelle de Villenart était alors « étayée aux dedans et dehors », ce qui prouve quelle menaçait ruine (7). Elle est, en effet, tombée ; les paroissiens de Ploërmel lont rebâtie de nos jours et elle continue dêtre régulièrement desservie chaque dimanche.
7. Archives de la paroisse du Temple de Carentoir.
4. — Le Pont-dOust
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: La Gacilly, Commune: Les Fougerêts - 56
Domus Hospitalis Le Pont-dOust
1. Ogée, Dictionnaire de Bret, nouvelle édition, voyer Les Fougeretz.
En 1574, le Pont dOust était « une tenue dhéritaiges contenant environ 35 journaux de terre, sur laquelle est deub 30 sols de rente et la dixme. » Voici ce quen dit la Déclaration du Temple de Carentoir de 1677 : « Le Pont dOust consiste en une chapelle, fondée de saint Jean-Baptiste et de saint Jacques, où le commandeur (de Carentoir) prend un tiers des oblations qui y tombent, laultre tiers le prend le recteur des Fougerets à la charge dy entretenir et célébrer le service divin, et le dernier tiers est pris par les hommes dudit commandeur qui pour ce font les reparations nécessaires à ladite chapelle. Et à cause dudit lieu sont deubs nombre de rentes féodales sur les maisons et terres qui sont dans ledit fief avec la dixme à la 11e sur les grains et fillaces (2). »
2. Archives de la Loire-Inférieure, B. 184.
Au temps du commandeur Gilles du Buisson (en 1643), il y avait dans la chapelle du Pont dOust « trois autels avec les ornements pour faire le service divin, deux calices dargent et un destain, » et M. Jean Danet desservait le sanctuaire.
En 1745, le Pont dOust nétait affermé que 25 livres et ne consistait plus quen un fief « sétendant le long de la rivière dOust », une pâture et le tiers des oblations de la chapelle. Celle-ci bâtie dans le fief était alors « armoirie dans sa vitre des armes des commandeurs de Carentoir (3). »
3. Archives paroisse du Temple de Carentoir.
Saint-Congard
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Rochefort-en-Terre - 56
Domus Hospitalis Saint-Congard
Il ny avait point de chapelle à cette époque au Temple de Saint-Congard. Le commandeur Gilles du Buisson nous dit seulement y posséder (en 1643) « quelque peu de rentes et la dixme à la 11e sur les grains et filaces. » II ajoute néanmoins ce qui suit « Auquel lieu du Temple de Saint-Congard se sont bastis depuis quelques années plusieurs beaux logis, ce qui augmentera le casuel du lieu, qui est à présent affermé à M. Claude Le Mauf pour la somme de 20 livres tournois ; et ny a audit lieu aucun manoir ni domaine du propre de la commanderie fors une pasture qui fourche la rivière, dont les hommes jouissent et poient un escu de rente et sappelle le pré de la Caze (1). »
1. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
5. — Le Temple de la Coëffrie
Département: Ille-et-Vilaine, Arrondissement: Redon, Canton: Bain, Commune: Guipry-Messac, Hameau: Malon - 35
Domus Hospitalis La Coëffrie
1. Archives de la Loire-Inférieure, H, 460.
— D. Morice, Preuves de lHistoire de Brest, tome I, page 836.
Il semble probable que telle fut lorigine du Temple de la Coëffrie en la paroisse de Messac sise au territoire de la Mée, mais dans le diocèse de Rennes.
Lordre du Temple ayant été détruit en 1312, la Coëffrie passa entre les mains des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui lunirent à leur commanderie du Temple de Carentoir ; le fait de cette union est constaté dès 1391 (2).
2. Archives de la Vienne, 3 H, 300.
Les guerres civiles de la fin du XVIe siècle ruinèrent complètement les manoirs du Temple de Carentoir et de lHôpital de Quessoy quhabitaient les commandeurs Hospitaliers. En 1604 le Grand prieur dAquitaine députa en Bretagne plusieurs chevaliers de son Ordre pour constater ce triste état des lieux (3).
3. Archives de la Vienne, 3 H, 301.
A la suite de cette enquête le commandeur de Carentoir fixa sa résidence au manoir du Temple de la Coëffrie ses successeurs limitèrent jusquau temps de la Révolution.
Voici ce quétait la Coëffrie en 1574 :
« Le Temple de la Coëffrie en la paroisse de Messac avec le manoir dudit lieu contient tant en cours, jardins, prairies, bois de haulte fustaye, etc., environ 15 journaux de terre. »
« Léglise et chapelle dudit lieu de la Coëffrie est située au joignant de ladite maison ; le commandeur de Carentoir jouit du tout des aumosnes et oblations faites en ladite chapelle sans que le recteur de Messac y prenne aucune chose. »
« Il y a un moulin à grain avec lestang diceluy et un moulin à fouler draps, avec leurs destroits et moutaux, iceux moulins et estang situés au joignant de ladite maison de la Coëffrie. »
« Révérend Père en Dieu, Mgr lEsveque de Saint-Malo doit de pension audit commandeur, sur les dixmes quil lève ès paroisses de Guipry et Messac, le nombre de 28 mines de grain, savoir 14 mines de bled seigle et 14 mines davoine grosse, le tout mesure de Lohéac. »
« Les seigneur et dame de Chasteaubriand doibvent à ladite commanderie, au jour et feste de saint Jean-Baptiste, la somme de 7 livres monnaie (4). »
4. Archives de la Loire-Inférieure, B, 184.
Soixante-neuf ans plus tard, le commandeur Gilles du Buisson fit faire en 1643 dans lEtat des améliorissements de commanderie de Carentoir une description fort détaillée du Temple de la Coëffrie.
« Despend de la commandrye de Carentoir un membre vulgairement appelé le Temple de la Coëffrie, séjour ordinaire des commandeurs, distant du Temple de Carentoir denviron cinq lieues. »
« Auquel lieu de la Coëffrie il y a une chapelle fondée en lhonneur de Monsieur saint Jean-Baptiste nostre patron, laquelle est présent servie par Dom Pierre Collin, prestre de la paroisse de Messac, en laquelle chapelle (sont) des ornements pour faire le service divin accoustumé, lesquels ont esté donnés par le commandeur Gilles du Buisson et lesquels sont bons et convenables et en la garde dudit dom Pierre Collin qui est salarié par ledit du Buisson. »
« Laquelle chapelle (est) reparée tout de neuf, tant de couverture qui est dardoizes que de charpente et partie de la muraille, avec des vitres aux vittraux et commencée à blanchir, se proposant ledit du Buisson la faire achever de blanchir, et ès principales vittres sont les armes de lOrdre. »
« En laquelle chapelle il y a quatre autels, sur le principal desquels est un beau buffet en menuiserie fait faire par ledit du Buisson pour honorer une image de la Vierge qui y a été donnée par lui ; et sur le pignon de la chapelle il y a une bretesche ou campanier faict en maçonnail, auquel il y a une cloche de moyenne grosseur. »
« Au costé de ladite chapelle, vers le Nord, est le logix ou manoir dudit lieu, où lon entre par un grand portail, sur lequel il y a un colombier et entrant dans une cour carrée, au bas de laquelle est un corps-de-Iogix composé dune cuisine, deux petits celliers et sur iceux deux chambres hautes dans lune desquelles y a une cheminée, avec des grilles de fer à deux croisées, et les greniers au-dessus et au costé y a une garde-robe joignant laquelle est un cabinet sous lequel y a un four et pour monter auxdites chambres y a un degré de bois fait à jour. »
« Et proche ledit logix est un autre grand corps-de-logix au bout duquel est une chambre haute à cheminée et sous icelle un cellier, à la suite duquel logix sont les estables à loger les bestiaux de la mestairie. » Dautres écuries et un fagottier sont encore mentionnés dans cette cour, laquelle est renfermée de murailles de bonne hauteur et en laquelle y a un puits. »
« Autour desquels logix sont les jardins et vergers en lun desquels jardins y a un réservoir à garder du poisson, avec une petite sauldrayé près doù passe un canal deau vive que ledit du Buisson a fait faire tout à neuf. »
Viennent ensuite plusieurs pièces de terre avoisinant les jardins ; « plus, au-devant de ladite entrée et portail, est une basse-cour renfermée de paliz, et au-devant de ladite basse-cour est une chesnaye plantée de rabines de chesnes et chasteigners, contenant environ deux journaux. »
Il est ensuite fait mention de plusieurs autres terres en labour, parmi lesquelles figure une pièce appelée « la Justice », où devait à lorigine se trouver un gibet ; puis on parle dune autre « petite chesnaye de haute futaye avec un petit bois taillis, pouvant contenir le tout environ trois journaux, dans lequel ledit du Buisson a fait faire des mottes à lapereaux. »
Enfin, « autour desdits bois, domaines et jardins est la prée dudit lieu, qui aboutit à la chaussée et qui autrefois estoit un estang qui peut contenir environ seize journaux, par le milieu duquel et au costé vers Nord passe un ruisseau qui autrefois faisoit moudre deux moulins, lun à bled, lautre à draps ; mais la prairie vaut aujourdhui quatre fois. Néanmoins, ledit du Buisson a fait faire tout de neuf un moulin à draps, sans que cela détériorisse ladite prée, qui pourra valoir, estant en estat, 25 ou 30 escus de rente (5). »
5. Archives paroissiales du Temple de Carentoir.
Après cette description du manoir de la Coëffrie et lénumération des terres constituant son pourpris et sa métairie vient le relevé des autres dépendances de cette maison seigneuriale : « En la paroisse de Fougeray, évesché de Nantes, à une lieue dudit lieu de la Coëffrie est un petit bailliage appelé lHostel-Ferré ou la Ruantaye où est deub 45 sols de rente et obéissance par les estaigiers qui sont au dit lieu et dépendent de la commanderie. »
« Plus, au bourg de Messac, à une petite lieue de la Coëffrie et proche le cimetière de Saint-Jacques (6) est une tenue où il y a quatre ou cinq estagiers qui doibvent 3 sols de rente et obéissance. »
6. La chapelle Saint-Jacques, au bourg de Messac, pourrait bien avoir à lorigine appartenu aux Templiers.
« En la dite paroisse de Messac est deub un trait de dîme au lieu appelé le Plessix-Tenet, qui se lève ès domaines appelés Soubs-le-Bé, la Sagoussinaye, et la Croix de la Roberdaye, et est affermé avec la dixme du bourg le nombre de 11 bouexeaux de bled, mesure de Bain, 6 à la charge. »
« La dixme qui se lève sur les sujets dudit lieu du Temple de la Coëffrie, à la 10e des grains et fillaces, peut valoir, bon an mal an, 30 bouexaux de bled, dite mesure. »
« Les rentes par deniers peuvent valoir 10 livres tournois. »
« En la mestairie se peuvent recueillir par chacun an six vingt bouexeaux de bled, dite mesure. »
« Plus dépend dudit lieu une maison située en la ville de Rennes, en la rue de la Haulte Baudrairie et doibt 5 sols de rente et obéissance. » « En la ville de Baulon, à quatre lieues dudit lieu de la Coëffrie sont deux maisons, avec deux jardins, appelées le Temple ; lesquelles estoient de temps presque immémorial presque aliénées de la commanderie et néanmoins ledit du Buisson les a retirées a grands frais et réunies à ladite commanderie au membre de la Coëffrie, et doibvent 7 deniers de rente et obéissance. »
Cet Etat des Améliorissements (de 1643), mentionne encore : la juridiction du Temple de la Coëffrie — la rente de 7 livres due par le baron de Châteaubriant, mais qui « ne se paie plus faute de titres » — et la rente de grains due par lévêque de Saint-Malo, évaluée alors « 220 livres dargent. »
Enfin, le commandeur Gilles du Buisson dit quil affermait à Pierre Duval sa terre de la Coëffrie 80 écus (7).
7. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Il faut ajouter à ce qui précède un renseignement fourni par la Déclaration de la commanderie de Carentoir en 1677 : il y est question de « quelques redevances ès paroisse de Saint Jacut, Ruffiac, Tréal et Guer (dues au Temple de la Coëffrie), mais dont le commandeur ne peut plus avoir « jouissance ny parfaite cognoissance. » Plus au faubourg de Malestroit, près la Magdeleine, est une maison sur laquelle est deub par chacun an de rente féodale une livre de cire et obéissance (8). »
8. Archives de la Loire-Inférieure, B 184.
De sorte quà lorigine le Temple de la Coëffrie sétendait dans au moins dix paroisses Messac, Fougeray, Guipry, Saint-Germain de Rennes, Baulon, Saint-Jacut, Ruffiac, Tréal, Guer et Malestroit.
Nous reparlerons de la Coëffrie, résidence des dernierscommandeurs de Carentoir, lorsque nous relaterons la visite de cette commanderie faite en 1745 par les Chevaliers de Malte.
Chapitre II — Quessoy
Département: Côtes-dArmor, Arrondissement: Saint-Brieuc, Canton: Moncontour - 22
Domus Hospitalis Quessoy
La charte de 1160 mentionne comme propriété des Chevaliers Hospitaliers, laumônerie de Quessoy « Eleemosina de Kessoe (1). »
1. D. Morice. Preuves de lhistoire de Brest, tome I, page 638.
La commanderie de Quessoy remonte donc à larrivée des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne au XIIe siècle ; elle acquit de bonne heure une certaine importance, comme nous le prouvera à linstant le grand nombre de paroisses sur le territoire desquelles elle sétendit, mais au XVIe siècle elle se trouvait réduite à peu de choses.
A cette époque cependant on lui avait uni trois antres petits établissements ayant dû à lorigine avoir une existence indépendante ; la Croix-Huis, Port-Stablon et Roz-sur-Couasnon ; le tout ne formait pas encore une commanderie suffisamment dotée, mais offrait ce cachet particulier que la commanderie tout entière ne se composait que de biens dHospitaliers, sans aucun mélange de Temples.
Il y avait dans le Grand prieuré dAquitaine sept commanderies concédées aux servants darmes de ce prieuré de ces sept commanderies, deux appartenaient à la Bretagne, cétaient celles dont nous nous occupons présentement, le Temple de Carentoir et lHôpital de Quessoy.
Longtemps indépendantes lune de lautre, ces commanderies furent réunies en mêmes mains lan 1566 ; nous allons le voir à linstant, mais il nous faut dabord faire connaître les commandeurs de Quessoy dont le nom est venu jusquà nous.
Frère Geoffroy Berthou, vivant en 1312, est le plus ancien commandeur de Quessoy que nous connaissions (2).
Frère Guillaume Faruau, était en même temps commandeur de Clisson et de Quessoy en 1395 ; il rendit aveu au duc de Bretagne pour cette dernière commanderie le 24 septembre 1409 (3).
Frère Pierre Beaupoil, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, fit la déclaration au duc de sa commanderie de Quessoy en 1444 (4).
Frère Jacques Joubert, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, rendit aveu au roi pour le Quessoy le 29 avril 1506 (5).
Frère Christophe de la Touche, chevalier de Rhodes, se trouvait en février 1516, commandeur de Quessoy (6).
Frère Jean Courault, mourut le 2 juin 1544 ; Jean Tournemine, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et commandeur de Villedieu, se trouvant à Cicé près Rennes, château appartenant à sa famille, fit connaître à Poitiers le décès de ce commandeur de Quessoy (7).
Frère Victor Ricordeau, religieux de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem, succéda au précédent ; il rendit aveu au roi le 5 octobre 1551 et prêta le lendemain serment à S. M. pour sa commanderie de Quessoy (8).
2. Anciens Evêchés de Bretagne, tome VI, page 109.
3. Archives de la Vienne, 3 H 311 et 729.
4. Archives de la Loire-Inférieure, B 909.
5. Archives de la Loire-Inférieure, B 909.
6. Archives de la Vienne, 3 H, 311.
7. Archives de la Vienne, 3 H, 311.
8. Archives de la Vienne, 3 H, 303.
— Archives de la Loire-Inférieure, B, 1008.
Vers 1565, probablement à linstigation de Jean Le Pelletier, commandeur de Carentoir, les servants darmes du Grand prieuré dAquitaine adressèrent au Grand Maître de lOrdre, Jean de la Valette ; la requête suivante: « Illustrissime et révérendissime Monseigneur et Sacré Chapitre Général, vos très humbles et obéissants religieux et serviteurs, les frères servants darmes de votre prieuré dAquitaine remontrent comme des sept commanderies qui leur sont ordonnées pour récompense des services quils sefforcent journellement faire à vostre Religion, il y en a deux entre autres, appelées lune de Carentoir et lautre de Quessoy, estant de si petite valeur quil na été possible par le passé et encore moins à présent aux possesseurs dicelles, après avoir satisfait aux charges qui y sont fort haultes, se réserver aucune chose pour vivre ou employer aux réparations nécessaires, si bien que à ceste cause et par lindigence des commandeurs elles sont demeurées jusques aujourdhui en continuelle décadence et sans pouvoir estre améliorées de quoy cognoissant lesdits exposants quel intérest recevroit votre Religion à ladvenir et que pour y remédier plus belle occasion ne se voit, situées comme elles sont près lune de lautre, que de les unir ensemble et en commettre ladministration à un seul qui les pourra plus facilement remettre en valeur beaucoup plus grande et payer les droits de vostre commun trésor plus aisement. »
« Pour avoir licence de votre Seigneurie Illustrissime a esté fait preuve et communiqué aux seigneurs assistants de la vénérable langue tenue en votre prieuré dAquitaine auxquels auroit semblé chose fort raisonnable, y donnant leur consentement sous le bon plaisir de vostre Seigneurie Illustrissime et Sacré Chapitre auquel lesdits exposants recourrent ; suppliant très humblement considérer que cest un grand bien à vostre Religion, (quil) soit ordonné que toutes fois lune ou lautre des susdites commanderies viendra à vacquer soit par mort, cession, renonciation et autre manière que ce soit, que dicelles soit faite une seule commanderie de laquelle Carentoir sera et demeurera chef, et ce sans préjudice de ceux qui les possèdent pour le présent, et que sur ce bulles, en soient expédiées en votre chancellerie ; ce faisant lesdits suppliants seront tenus à prier Dieu pour longue vie et prospérité de Vostre Seigneurie Illustrissime et augmentation de la Religion (9). »
9. Geslin de Bourgogne et de Barthélémy, Anciens évêchés de Bretagne, tome VI, page 255.
Le Grand maître de Malte, Jean de la Valette, accueillit favorablement la supplique des servants darmes du prieuré dAquitaine et par bulles datées du 18 février 1566, il unit les deux commanderies de Carentoir et de Quessoy en un seul bénéfice sous le nom de commanderie du Temple de Carentoir (10).
10. Geslin de Bourgogne et de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, tome VI, page 256.
Comme nous connaissons déjà Carentoir, il nous reste à étudier ce quétait Quessoy à lépoque de son union à Carentoir nous allons donc parler des quatre membres déjà réunis alors sous le nom dHôpital de Quessoy, cest-à-dire Quessoy, la Croix-Huis, Port-Stablon et Roz-sur-Couasnon.
1. — LHôpital de Quessoy
On lit ce qui suit dans lEtat de la commanderie de Carentoir en 1648, du temps du commandeur Gilles du Buisson:« A lHospital de Quessoy il y a une chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, laquelle a été réparée tout à neuf, tant en maçonnail, charpente que couverture, à laquelle réparation ont contribué les hommes voisins tant subjects que aultres ; sur le pignon de laquelle chapelle il y a deux cloches de moyenne grosseur, avec plusieurs ornements et un calice dargent et un destain pour y célébrer le divin service, et est desservie par dom Jacques Cornu, prestre résidant près le dit lieu. »
« Au-devant de ladite église est le cimetière et au derrière sont nombre de mazières où autrefois estoit les logix et manoir dudit lieu qui ont esté ruisnés par linjure des guerres civiles ; joignant lesquelles mazières est un petit jardin avec un réservoir et un pasty au-dessoubs où il y a quelques chesnes. »
« Plus, proche de la dite chapelle est le logix de la métairie, lequel logix est réparé tout à neuf. »
« A une arquebusade dudit lieu il y a un ruisseau sur lequel ledit commandeur du Buisson a fait bastir un moulin à bled tout à neuf, où les subjets sont obligés de porter moudre leurs bleds à debvoir ordinaire de mousture et à peine damende (11). »
11. Archives paroissiales du Temple de Carentoir.
Enfin le domaine proche de la commanderie de Quessoy se complétait par la métairie des Granges en Yffiniac et par une dîme à la 12e gerbe au village de lHôpital de Quessoy.
Yffiniac: Département: Côtes-dArmor, Arrondissement et Canton: Saint-Brieuc - 22
La chapelle Saint-Jean de lHôpital de Quessoy appartenait au XIVe siècle. « Elle avait dans son pavé plusieurs dalles funéraires armoriées qui ont disparu. Elle contenait les enfeus des seigneurs dUzel, de la Houssaye, du Bouais-Armel, de la Roche-Durant, de la Ville-Tanet et de la Ville-Rabel (12). » Cette chapelle vient dêtre nouvellement reconstruite et rien ny rappelle plus le séjour des Chevaliers Hospitaliers.
12. Gaultier du Mottay, Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, page 202.
Le commandeur de Quessoy jouissait dune haute juridiction et avait sa justice patibulaire à deux poteaux au village même de lHôpital. Enfin, il recueillait quelques dîmes et rentes fort modiques dailleurs dans les paroisses voisines de Plouguenast, Saint-Aaron, Saint-Gouéno et Plaintel. Il se trouvait en Plouguenast une chapelle dédiée à Saint Jean (13) et en Saint-Aaron un village appelé lHôpital.
13. Gaultier du Mottay, Géographie des Côtes-du-Nord, page 809.
2. — La Croix-Huis
Département: Côtes-dArmor, Arrondissement: Dinan, Canton: Matignon, Commune: Saint-Cast-le-Guildo - 22
Domus Hospitalis La Croix-Huis
« En la paroisse de Saint-Gast près Matignon, évesché de Saint-Brieuc, nous apprend lEtat de la commanderie de Carentoir en 1643, — est un aultre membre dépendant de ladite commanderie, appelé la Croix-Huis, où il y a une chapelle fondée de Saint Jean-Baptiste, desservie par dom Guy Gourneuff, lequel pour tout salaire reçoit les oblations et charités des voisins, et il y a audit lieu ornements suffisans pour y faire le service, lesquels sont audit Gourneuff qui y entretient pareillement les réparations de ladite chapelle, et sur le pignon dicelle est une moyenne cloche.
1. D. Morice, Preuves de lhistoire de Bretagne, tome I, page 638.
« Et il ny a audit lieu aucun domaine ny logement du propre de ladite commanderie, fors quelques rentes, dixmes et obéissances sur quelques maisons et héritages situés aux environs de ladite chapelle. »
Comme aussi sur certains héritages qui sont ès paroisses de Henan-Bihan, Pléboulle, Pléhérel, Saint-Germain-de-la-mer, Erquy, et se pourvoist toute juridiction à lHospital de Quessoy (2). »
2. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Le village Saint-Jean existe encore en Saint-Cast, mais sa chapelle a été renversée. On voyait aussi jadis en Pléboulle, Saint-Germain-de-la-mer, Quintenic et Henan-Bihan des villages avec chapelles sous le vocable du même Saint Jean patron des Hospitaliers on croit même que le village de la Croix, entre Pléboulle et Saint-Cast, est lancienne Croix-Huis.
En Henan-Bihan la chapelle Saint-Jean sélevait au bord dun chemin gallo-romain, et dans cette même paroisse les Hospitaliers possédaient en 1160 les aumôneries du Tertre-Conan et de la Grand-Fontaine. « Eleemosine de Tertre-Conan et de Grandifonte. »
LHôpital en Pléhérel est un gros village dont la possession fut également assurée aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1160, il est appelé alors « Eleemosina de Pleherel (3) »
3. D. Morice. Preuves de lHistoire de Bretagne, tome I, page 638.
On retrouve en Erquy le village des Hôpitaux et lon dit quau temps des croisades cette paroisse possédait une léproserie à lusage des soldats atteints de la lèpre et revenant de Terre-Sainte. « La chapelle de cet hôpital est aujourdhui en ruines, mais elle a conservé la dénomination de chapelle du Saint-Sépulcre (4). »
4. Jollivet, les Côtes-du-Nord, tome I, page 314.
Il est vraisemblable que ces divers hôpitaux et chapelles devaient à lorigine dépendre de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem.
Notons encore quelques petites rentes que recueillait le possesseur de la Croix-Huis dans les paroisses de Collinée, Matignon et La Bouillie.
En Matignon le village de lHôpital était à lorigine aux Hospitaliers qui y rendaient, dit-on, la justice au pied dune croix subsistant encore. LAumônerie de la Bouillie et ses dépendances leur appartenaient aussi elle est mentionnée dans la charte de 1160 sous le nom de « la Bollie cum appendiciis, » comme étant leur propriété.
3. — Le Port Saint-Jean ou Port-Stablon
Département: Ille-et-Vilaine, Arrondissement: Saint-Malo, Canton: Châteauneuf-dIlle et Vilaine - 35
Domus Hospitalis Port Saint-Jean
En 1160 le duc de Bretagne confirma les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans la possession de leur aumônerie de Stablon, « Eleemosina de Stablehon (1). »
1. Jollivet, les Côtes-du-Nord, tome I, page 314.
En 1244 le commandeur des Hospitaliers, Pierre de Villedieu approuva la rente faite à labbaye de Saint-Aubin des Bois dun hébergement et dune vigne situés à lHôpital de Port-Stablon, « in Hospitali de Portu Estableon (2). »
2. Geslin de Bourgogne et de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, tome III, page 103.
En 1574 Jean Le Pelletier, commandeur de Carentoir et de Quessoy, déclara posséder « La chapelle de Saint-Jehan, sise en la paroisse de Saint-Suliac, auprès de laquelle il y a masse et emplacement de fuie et colombier caduc avec debvoir de dixme sur les fiefs, valant environ 2 bouexeaux de bled et le bailliage du Port, en ladite paroisse, auquel est deub, par chacun an, de rente en juridiction, seigneurie et obéissance, par deniers 22 sols, 9 deniers, par avoisne ; mesure de Châteauneuf, au terme de Noël, 23 bouexeaux et par poules 6 poules (3). »
3. Archives Nationales, Page 1708.
Le commandeur Gilles du Buisson plus explicite sexprime ainsi en 1643 : « Dépend de lHôpital de Quessoy un membre appelé Saint-Jean de Port-Stablon, à environ trois lieues de Dinan et dix lieues dudit Quessoy, où il y a une chapelle couverte dardoises, fondée de saint Jean-Baptiste, en laquelle il y a la garniture dun autel pour y faire le service divin qui y est entretenu par les oblations qui y tombent journellement et sur le pignon de ladite chapelle il y a une cloche de moyenne grosseur. »
« Es environs de laquelle chapelle il y a plusieurs tenues dhéritaiges, sur lesquelles sont deues plusieurs rentes, tant par argent, bled que volailles. »
« Et il ny a ny maison ny domaine (appartenant au commandeur) fors lemplacement dun colombier (4). »
4. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
On voit par ce qui précède que dès le XVIe siècle il ne restait plus debout que la chapelle de lHôpital primitif de Port-Stablon. Cependant les ruines dun colombier prouvent que jadis les chevaliers avaient eu en ce lieu un petit manoir aliéné ou plutôt détruit dans la suite des temps.
Quant à la juridiction seigneuriale de Port-Stablon, elle subsistait encore, sétendant assez loin en treize paroisses Hillion, Plaine-Haute, Pleslin, Plaintel, Plouër, Taden, Hénon, Planguenoual, Saint-Aaron, Pléneuf, Caulnes, Pleudihen et Evran; esquels lieux il ny a ny maison, ny domaine qui soit du temporel de ladite commanderie (de Quessoy) mais sont deues sur nombre de villages quelques rentes, avec droit de lods et ventes et les hommes qui y sont estaigers dudit commandeur dépendent de sa dite jurisdiction de Saint-Jean dEstablon (5). »
5. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
De la même juridiction relevaient aussi deux maisons situées à Dinan « près lHostel-Dieu (6) » et quelques droits en la paroisse de Saint-Judoce.
6. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
Remarquons quaujourdhui des villages nommés lHôpital se retrouvent dans les paroisses de Planguenoual, Saint-Aaron, Plaine-Haute et Pleudihen ; en cette dernière paroisse, le commandeur de Quessoy avait encore en 1574 le bailliage de Pont-de-Terre signalé en 1160 sous le nom de de « Eleemosina de Ponteterre. » En Plouër et en Taden existent aussi des villages de Vildé qui sont danciennes Ville-Dieu « Villa Dei » possédées par les Hospitaliers et où ils avaient encore des fiefs en 1574 ; de plus en Taden se retrouve également le village de la GrandVille qui est laumônerie de ce nom signalée en 1160 « Eleemosina de Grandivilla (7) » comme appartenant lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem.
7. D. Morice, Preuves de lHistoire de Bretagne, tome I, page 638.
Mais lHôpital de Stablon, quoiquayant eu originairement une importance relative, était tombée de bonne heure. Actuellement la chapelle Saint-Jean a elle-même disparu et il ne reste que le petit village de Port Saint-Jean, gracieusement assis sur les rives de la Rance, à rappeler le nom du vieil établissement des Chevaliers Hospitaliers.
4. — Roz-sur-Couesnon
Département: Ille-et-Vilaine, Arrondissement: Saint-Malo, Canton: Pleine-Fougères, Commune: Roz-sur-Couesnon - 35
Domus Hospitalis Roz-sur-Couesnon
1. Archives nationales, Page 1708.
Auprès de cette chapelle se trouvait « un petit logix avec jardin et pièce de terre » affeagé en 1574 moyennant 20 sols de rente.
Le commandeur de Quessoy jouissait dun trait de dîme « tant de bled que de fillaces ayant cours ès paroisses de Roz-sur-Couasnon et de Saint-Marcan, quelle dîme vault, commun an, de 10 à 12 bouexeaux de bled, mesure de Dol. »
« Oultre en la paroisse de Roz-sur-Couasnon, il y a un village appelé la Poultière ès environs duquel sont pareillement deues quelques rentes, dixmes et obéissances tant par bled, argent et sel, le tout de peu de valeur, sans aucun domaine (2). »
2. Etat de la commanderie en 1643.
Nous croyons que les biens suivants dépendaient également à lorigine de lHôpital de Roz-sur-Couasnon les tenue et fief de la Villaze-Chartrain, en la paroisse de Pleine-Fougères, — le bailliage de lHôpital, en Pleugueneuc, sétendant autour dun grand village qui porte encore le nom de lHôpital, — un petit baillage en Bécherel, au village de la Barre — et un dernier petit fief en la paroisse de la Chapelle-Chaussée.
Tout cela était peu considérable la chapelle Saint-Jean de Roz-sur-Couasnon acheva de tomber en ruines en 1681 et il ne demeura plus que le nom dHôpital au village quavaient possédé les Chevaliers Hospitaliers.
En résumé, si le Temple de Carentoir seul nétait quune médiocre commanderie, lHôpital de Quessoy seul était un pauvre bénéfice (affermé seulement 330 livres par an, en 1643) ; les deux établissements réunis ne formaient même quune commanderie, assez étendue, il est vrai comme territoire, mais dun revenu bien modique.
Chapitre — III
Nous avons dit quil était dusage dans lOrdre de Malte, de faire faire de temps en temps la visite des commanderies et den dresser procès-verbal si lon y constatait des « améliorissements », cela procurait de lavancement au commandeur qui les avait faits.Pour faire connaître comment sopéraient ces visites, nous allons résumer ici le procès-verbal de lune delles, faite en 1745 cela achèvera de nous faire connaître la commanderie de Carentoir.
Le 3 mai 1745, le Chapitre provincial du Grand prieuré dAquitaine se tenant à Poitiers en lhôtel du Grand prieuré, sous la présidence du bailli de Choizy, Grand prieur dAquitaine, frère Louis-Jacques Frin des Touches, commandeur de Carentoir, fit « dire et remontrer aux Chevaliers ses frères, que depuis quil étoit pourvu dicelle commanderie de Carantoir, il avoit fait de beaux et grands améliorissements, augmentations et réparations, lesquels, suivant lusage et coustume de la Religion, il désiroit faire apparoistre authentiquement pour sen aider et prévaloir à future promotion. » Sa requête fut entendue et une commission Jean de Montenay, chancellier au Grand prieuré dAquitaine et scellée du grand-sceau à laigle fut donnée à frère René de Brilhac, chevalier commandeur dAmboise, et à frère Jacques Guinebault de la Grostière, chevalier commandeur dAnsigny et de la Guerche et receveur général au Grand prieuré dAquitaine, de visiter, selon les règles de lOrdre, la commanderie de Carentoir tout entière.
Le 25 mai suivant, le commandeur de Carentoir se réunit aux commandeurs dAmboise et de la Guerche « dans la ville de Moncontour à lauberge de lImage Saint-Jean. » Il avait amené avec lui, pour dresser le procès-verbal de létat de sa commanderie « Maistre Jean-Baptiste Janvier, procureur fiscal de la baronnie de Bossac et la Thébaudaye. »
Ce fut donc de Moncontour que partirent nos trois Hospitaliers, après avoir « pris serment entre les mains lun de lautre sur leurs croix (3) » de bien exactement vaquer à lexécution de la commission.
3. Outre la croix blanche cousue sur leurs vêtements, les Chevaliers de Malte portent une croix dor suspendue sur leur poitrine.
Ils se rendirent tout dabord « à la chapelle de lHôpital de Quessoy, distante de deux lieues et demye de Moncontour et y rencontrèrent « Messire Pierre Morin, prestre chapelain dicelle, qui leur présenta de leau béniste, et après avoir fait leur prière à Dieu, ils remarquèrent sur le milieu de lautel une statue de sainte Anne, du costé de lévangile une statue de saint Jean, et du costé de lépitre une autre statue sans inscription. » (Suit linventaire de la décoration de lautel, des ornements et du linge de la chapelle). Ils signalèrent également « dans le sanctuaire le banc de la Commanderie au-dessous duquel il sen trouve un autre appartenant à M. de la Houssaye-Le Vicomte... tous les murs de la chapelle reblanchis à neuf, et sur lesquels est une lizière avec les armes de la Religion peintes sur icelle la chapelle pavée de briques et de plusieurs tombes. Au-dessus de la porte deux cloches bien sonnantes et vis-à-vis de ladite chapelle un cimetière entouré de murs, planté de plusieurs arbres fruitiers et en dehors de chesnes. » Ils demandèrent ensuite « audit sieur Morin, chapelain, quel service se faisoit dans ladite chapelle ; il répondit quil y disoit la messe deux fois par semaine au moyen des oblations que donnoient les voisins. »
Les commandeurs visitèrent ensuite la tenue de la Vigne, la métairie de la Rue-Cochart, le moulin de lHospital et la métairie des Granges, qui formaient le domaine de Quessoy ; puis ils sinformèrent du droit de juridiction que possédait le commandeur de Carentoir en ce lieu, et on leur répondit que cétait une haute, moyenne et basse justice, pourvue dofficiers et sexerçant tous les quinze jours. Enfin les commissaires trouvant toutes choses en bon état « remontèrent à cheval et retournèrent à la ville de Moncontour pour y coucher. »
Le lendemain 26 mai, environ les sept heures du matin, nos voyageurs reprirent leurs chevaux et galopèrent « vers la ville de la Trinité en Porhoët, distante de Moncontour de six bonnes lieues, où étant arrivés environ midi, ils descendirent à lauberge du Lion dOr ; ils y dînèrent et ensuite tous de compagnie, remontèrent à cheval, environ les deux heures de laprès-midi, et se rendirent au château de Crévy distant de la Trinité de six bonnes lieues, où ils arrivèrent environ les huit heures du soir. »
La famille de Brilhac — à laquelle appartenait le commandeur dAmboise — possédait alors le comté de Crévy, importante seigneurie en la paroisse de La Chapelle-sous-Ploërmel. Ce fut la raison pour laquelle nos cavaliers allèrent demander lhospitalité à Crévy ; ils avaient longuement chevauché toute la journée et cétait dailleurs le lendemain fête de lAscension, aussi remirent-ils la suite de leur procès-verbal au vendredi suivant.
Ce jour-là, 28 mai, ils montèrent à cheval de nouveau pour aller au temple de Carentoir « distant dudit chasteau de Crévy denviron cinq lieues et ils y arrivèrent sur les onze heures du matin. »
Entrés dans léglise paroissiale du Temple de Carentoir, ils y rencontrèrent « Maitre Jean Marot, recteur de ladite paroisse, » qui leur présenta leau bénite et leur ouvrit le tabernacle ; leurs adorations faites, ils reconnurent que « le Saint-Sacrement reposoit dans un ciboire dargent... Le tabernacle doublé convenablement et doré en dehors également que les deux gradins dautel sur lesquels sont deux statues lune de saint Jean-Baptiste du costé de lévangile et lautre de sainte Magdeleine du costé de lépitre au-dessus du tabernacle est un grand tableau de sept pieds en carré, représentant le baptême de Nostre-Seigneur... Aussi sur les gradins un crucifix avec son Christ divoire et six chandeliers de bois doré. »
Maître Marot conduisit ensuite les visiteurs à la sacristie et leur montra trois calices dargent, dont deux étaient dorés, une croix dargent « denviron deux pieds de haut, dans laquelle est une relique de la Vraie-Croix, » et une assez grande quantité dornements sacerdotaux.
Il nest point fait mention dans cet inventaire dun curieux reliquaire que possède maintenant encore léglise du Temple de Carentoir. Ce reliquaire a une grande analogie avec celui de la Vraie-Croix en Sulniac précédemment décrit. Il a la même forme, celle dune croix à double branche, et la même hauteur 20 centimètres. Cette croix est en bois revêtu de cuivre doré et gravé en creux présentant un dessin de feuillage une boucle placée au haut du reliquaire prouve quil est destiné à être suspendu. Le Christ est couronné et a les bras étendus sur la plus grande traverse ses membres sont grêles et il est revêtu dune robe tombant jusquaux genoux, ses yeux et la robe sont émaillés. Au milieu du petit croisillon est un reliquaire de forme ovale. Des cabochons verts, sortes démeraudes, ornent le pied et le sommet de la croix ainsi que chaque extrémité des branches. Le revers du reliquaire est décoré de fleurons au repoussé. Cette croix qui semble du XIIIe siècle, comme celle de Sulniac, a été ouverte à une époque postérieure et cest probablement de son reliquaire aujourdhui vide que provient la Vraie-Croix qui orne maintenant la grande croix dargent mentionnée plus haut.
Revenons à nos commissaires.
En sortant de la sacristie, ces derniers notèrent le banc du commandeur, du côté de lévangile, dans le sanctuaire, mais ils ne mentionnèrent point dans leur procès-verbal un tombeau voisin qui méritait un peu plus dégards. Ce tombeau, subsistant encore près du maître-autel, est vraisemblablement celui dun chevalier de Saint-Jean de Jérusalem ; il est probable quà lorigine il existait une arcade ou labe dans le mur septentrional du chanceau, mais ce chanceau ayant été entièrement reconstruit en 1744 par le commandeur Frin des Touches, celui-ci se contenta de replacer la statue tumulaire dans la niche grossière où elle gît encore aujourdhui, au-dessus dun caveau récemment découvert. Cette statue en chêne, longue dun mètre 80 centimètres, représente un personnage couché sur une planche en biseau : il a le corps enveloppé dune longue robe, les mains jointes sur la poitrine, la tête nue appuyée sur un coussin, les cheveux longs et bouclés ; il porte une épée fixée à sa ceinture, mais ses pieds sont mutilés.
Dans ce même chanceau, outre « le banc tenant lieu de chœur aux prestres et devant lequel est un pupitre », on voyait en 1745 plusieurs autres bancs et plusieurs tombes concédés par les commandeurs de Carentoir à des seigneurs du voisinage, tels que ceux du Val, de la Chouasnière, de la Villerolland et de la Poupinaye.
Après avoir noté « un grand vitrail dans lequel sont les armes de la Religion », les commissaires entrèrent dans la nef où se trouvaient « cinq autels avec leurs pierres sacrées et à chaque autel différentes statues de saints... une chaire, des fonts baptismaux, et au-dessus du milieu de la nef un clocher où sont deux cloches bien sonnantes. » Actuellement léglise du Temple conserve encore une petite cloche datée de 1490 (4).
4. Rosenzweig, Répertoire archives du Morbihan, 182.
Les commandeurs visitèrent aussi la grange, le moulin seigneurial et les quelques pièces de terre formant le domaine proche de la commanderie, dont le titulaire déclara, en outre, posséder « droit de dixme sur tous les vassaux, un rolle montant à 18 livres, une livre de cire due à Malestroit, et de plus haute, moyenne et basse justice sexerçant tous les quinze jours et pourvue dofficiers. »
Cet examen terminé, nos chevaliers se rendirent au presbytère du Temple, chez messire Marot, pour y dîner ; le repas fut probablement frugal et court, car, arrivés au Temple à onze heures, comme nous lavons vu, ils en repartirent leur visite faite, leur procès-verbal signé et leur dîner couru, à deux heures de laprès-midi le même jour.
Remontés à cheval, ils se rendirent au Pont dOust, « distant du Temple de Carentoir dune lieue et demye, où estant arrivés environ trois heures, ils entrèrent dans la chapelle. » Ils remarquèrent seulement dans ce petit sanctuaire « un tableau peint sur bois, où il y a un escusson armorié dune croix de Malte, au-dessus du maistre autel les statues de saint Jean et de saint Jacques, et au-dessous de la voulte deux autres autels. » On leur dit que cette chapelle était « entretenue par les habitants du lieu et la messe, célébrée fêtes et dimanches, payée par les frairiens. »
Les commissaires apprirent du commandeur Frin des Touches que tout le revenu de Pont dOust nétait affermé que 25 livres, puis ils remontèrent à cheval et gagnèrent la ville de Rochefort, où ils trouvèrent un repos bien mérité à lauberge de la Croix-Blanche, vers huit heures du soir.
Le lendemain matin, samedi 29 mai, nos voyageurs étaient en selle de bonne heure et chevauchaient de compagnie « pour aller au Temple de Malensac, distant dudit Rochefort dune lieue. » Arrivés et ayant mis pied à terre, ils allèrent à la chapelle dont ils examinèrent lautel décoré des statues de la Sainte Vierge et de saint Jean. Ils signalèrent au-dessus de cet autel « une grande vitre où sont les armes de la Religion » et quittèrent la chapelle pour aller visiter la maison du fermier.
Le commandeur de Carentoir dit alors à ses compagnons de route quil affermait son domaine de Malansac 84 livres, quil était « obligé à deux messes par semaine desservies par Messire Louis Chevreuil, auquel il payoit par an la somme de 50 livres » et quil y faisait enfin exercer régulièrement la justice.
Cela fait, nos commissaires — qui ne perdaient point de temps, comme lon voit — remontèrent à cheval et vinrent dîner au manoir de la Chouasnière, en Carentoir, à quatre lieues de Malansac. Cette maison appartenait alors à Jean-Victor de Marnière, voisin et ami du commandeur du Temple de Carentoir, dans léglise duquel il reçut plus tard la sépulture en 1755.
Après avoir pris leur repas chez le seigneur de la Chouasnière, les chevaliers — quaccompagnait toujours maître Janvier — repartirent à deux heures de laprès-midi pour se rendre au Temple de la Coëffrie, en Messac. Ils y arrivèrent à sept heures du soir et purent prendre un peu de relâche le lendemain qui se trouvait être un dimanche.
Le lundi 31 mai, dès huit heures du matin, commença linspection du manoir de la Coëffrie, résidence ordinaire du commandeur de Carentoir.
On visita dabord la chapelle — édifice assez intéressant subsistant encore aujourdhui, mais sécularisé — composée dun rectangle avec une aile méridionale en équerre. Tout le monument appartient au style ogival, sauf le campanier à double arcade, que reconstruisit au XVIIe siècle le commandeur Gilles du Buisson. Au-dessus du grand autel et au bas de la nef souvrent de longues fenêtres ogivales qui rappellent le XIIIe siècle ; une large arcade de même style fait communiquer avec la nef la chapelle du Midi réservée peut-être aux commandeurs, mais qui semble moins ancienne que le corps de lédifice.
Les commissaires remarquèrent en cette chapelle « lautel entièrement boisé, garni dun gradin avec les statues de la sainte Vierge et de sainte Anne, de six chandeliers, dix bouquets et un crucifix divoire... trois autres statues de saint Jean, saint Fiacre et saint Etienne... et au-dessus de lautel une niche où il y a une autre statue de la sainte Vierge... puis une chaire à prescher, des deux côtés de lautel deux escussons des armes de la Religion... une cloche bien sonnante et deux pierres tombales. »
Ces deux tombeaux se retrouvent encore dans la chapelle, mais on ma assuré quils ne présentaient plus dinscriptions lisibles ; ce doit être les dalles funéraires des commandeurs de Carentoir, Gilles du Buisson et François Coupperie de Beaulieu, décédés à la Coëffrie, le premier le 29 janvier 1644 et le second le 23 novembre 1721.
Le commandeur de Carentoir dit ensuite à la Commission quil nétait « tenu quà une messe par semaine en sa chapelle de la Coëffrie, et la faisoit dire par le curé de Guipry auquel il payoit pour cet effet 34 livres par an. »
Frère Frin des Touches introduisit alors les commandeurs de la Guerche et dAmboise dans son manoir, modeste logement compose dune cuisine avec son office, dune salle et dun salon au rez-de-chaussée, et de trois chambres avec un cabinet « servant darchivier » à létage supérieur. Mais les commissaires, voyant lheure de midi arriver, descendirent au salon « pour prendre la réfection » que leur offrait leur hôte.
A deux heures ils remontèrent lescalier, visitèrent les greniers et le cabinet « servant à coucher les domestiques, cabinet blanchi à neuf, bien carrelé et ouvert de deux fenestres. » Puis revenus dans la cour, ils parcoururent la boulangerie, les celliers, les écuries « contenant cinq chevaux », les fanneries, etc., et remarquèrent « au-dessus du grand portail un pavillon servant de colombier et au-dessus dudit colombier une horloge en bon estat (5). »
5. On y lit encore cette inscription : Faict rebastir ce coulombier en 1668.
Les chevaliers se promenèrent ensuite dans les trois jardins réservés au commandeur et entrèrent chez son fermier Guillaume Voland, habitant « une grande chambre » à laquelle on parvenait par un escalier de pierre. Puis ils visitèrent les écuries, granges, fanneries, greniers, fours et autres dépendances de la métairie, sans oublier « à une portée de fusil une petite chambre à ramasser les moutons, appelée sans doute par dérision le Grand Chasteau. »
Le fermier, interrogé par les commissaires, leur dit quil payait au commandeur « 100 boisseaux de seigle, 50 boisseaux de bled-noir, 78 livres dargent, 50 livres de beurre grand poids et 400 fagots. » Quant aux chevaliers, ils terminèrent leur journée en visitant les bois de haute futaie et de taille, ainsi que les prairies composant la retenue de messire Frin des Touches.
Le lendemain mardi, 1e juin, les commissaires demandèrent au commandeur de Carentoir, après avoir pris de lui le serment sur sa croix, sil leur avait fait voir toutes les maisons, terres et dépendances de sa commanderie de Carentoir. Il leur répondit affirmativement, mais ajouta quil dépendait de sa commanderie « plusieurs fiefs et bailliages sur lesquelles sont plusieurs chapelles, entretenues par les habitants des lieux et où il ne doit aucun service ni entretien, nayant sur lesdits lieux aucune maison ni domaine ; sur lesquels fiefs son dus seulement à sa commanderie plusieurs rentes tant en deniers, bleds que volailles et droits de dîme, lods et ventes avec plusieurs autres droits seigneuriaux et droit de justice sur les vassaux habitant dans lesdits fiefs et bailliages. »
Le commandeur de Carentoir, entrant ensuite dans les détails, ajouta quil lui était dû sur ces fiefs et bailliages : « par deniers 170 livres ; en froment 95 boisseaux ; en seigle 15 boisseaux ; en avoine 120 boisseaux ; en volailles 9 chapons, 42 poules et 2 poulets. »
Il mentionna aussi 3 livres 10 sous dus par le baron de Châteaubriand, et la rente payée par lévêque de Saint-Malo et consistant alors en « 100 boisseaux de seigle, 100 boisseaux davoine et 24 boisseaux de froment, le tout, mesure de Lohéac, rendu sur le bout du pont de Guipry. »
Il dit ensuite que douze chapelles dépendaient de Carentoir, mais quil ny en avait que trois à sa présentation : la cure du Temple de Carentoir et les chapelles de Malansac et de la Coëffrie ; il termina en mentionnant quil lui était dû un rachat sur la chapellenie de Baulon.
Après ces déclarations, les commissaires firent linventaire du mobilier de la Coëffrie dont nous dispenserons nos lecteurs.
Puis ils firent venir quelques paroissiens de Messac qui rendirent le meilleur témoignage du commandeur Frin des Touches, disant que le service divin se faisait très décemment dans la chapelle de la Coëffrie, que le commandeur résidait en son manoir tout le temps quil nétait pas appelé ailleurs par ses supérieurs, et « que mesme depuis le mois daoust quil est revenu de Malte il y a toujours fait sa résidence. »
Les commissaires terminèrent alors leur procès-verbal, certifiant « à Son Altesse Eminentissime Monseigneur le Grand-Maître de Malte, et à Nos Seigneurs de la vénérable langue de France au Grand prieuré dAquitaine... avoir travaillé le plus exactement possible conformément à la commission donnée... et estre davis que les améliorissements faits par ledit commandeur de Carentoir soient reçus pour bons et valables. »
Les commandeurs dAmboise et de la Guerche signèrent ensuite, ainsi que maître Janvier, puis apposèrent leurs sceaux et datèrent lacte « de la Coëffrie en Messac, Ier juin 1745. »
Le 9 novembre suivant « en lassemblée provinciale du Grand-prieuré dAquitaine tenant à Poitiers sous la présidence dIllustrissime frère Philippe de Lesmerye, bailli de Choizy et Grand prieur dAquitaine, » le chevalier de Martel, commandeur de Loudun, et le chevalier du Chaffault déclarèrent avoir examiné le précédent procès-verbal de létat de la commanderie de Carentoir et lavoir trouvé bon et valable en conséquence ce procès-verbal fut reçu et copie en fut envoyée à Malte une autre copie fut également déposée aux archives du Grand-prieuré et lacte original remis en celles de la commanderie de Carentoir cest cette dernière pièce que nous venons de résumer (6).
6. Archives du Temple de la Coëffrie.
Chapitre — IV
Lon voit daprès ce qui précède que la commanderie de Carentoir sétendait au XVIe siècle en 66 paroisses disséminées dans les six diocèses de Vannes, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dol, Rennes et Nantes. Elle comprenait une église paroissiale, quatre églises tréviales et seize chapelles ; elle avait trois manoirs et une demi-douzaine de moulins.Mais nous venons dapprendre quau siècle dernier, elle ne possédait plus quun seul manoir et navait que douze chapelles debout, dont trois seulement étaient à la présentation du commandeur.
Nous avons pu remarquer aussi dans cette étude combien minimes étaient les revenus de chaque membre de la commanderie ; nous ne serons donc pas étonnés dapprendre que le commandeur Frin des Touches affermait tout son bénéfice seulement 1630 livres à Léonard Rozy, par bail du 24 février 1745 ; son successeur Claude Le Normand fit au même Rozy, neuf ans plus tard, un bail de la même commanderie au prix de 1700 livres. Nous navons pas vu les baux postérieurs, mais si le dernier commandeur de Carentoir louait 3000 livres son bénéfice, il devait se trouver trop heureux.
Sur ce petit revenu, il fallait cependant que le commandeur payât chaque année 440 livres à lOrdre de Malte, 500 livres pour lentretien des bâtiments et le service des chapelles, 200 livres pour les visites procurales et la confection du papier terrier, etc., aussi ne lui restait-il que bien peu de chose pour vivre, une fois toutes ses charges acquittées. En 1750, le revenu net de la commanderie de Carentoir était de 300 livres (1).
1. Archives Ille-et-Vilaine, C, 2156.
Une source de dépenses était la multiplicité des juridictions quentraînait le vaste territoire sur lequel sétendait la commanderie ; il fallait fournir des émoluments aux sénéchaux, procureurs, notaires, sergents et greffiers de chacune delles.
Dans tous ses fiefs — si nombreux et si petits — le commandeur de Carentoir exerçait, en effet, une « haute, moyenne et basse justice. » Au siècle dernier, des anciens tribunaux de la commanderie ; il subsistait encore quatre juridictions en exercice, savoir celle de Carentoir, exercée au bourg du Temple, et dont les fourches patibulaires sélevaient à lorigine sur une lande au bord du chemin de Ploërmel — celle de Malansac, exercée en lauditoire de Rochefort — celle de la Coëffrie, ayant eu son gibet dans un champ appelé pièce de la Justice — et enfin celle de lHôpital de Quessoy.
Il ne reste plus quun vague souvenir des commandeurs de Carentoir. Le Temple de ce nom est une bourgade sans importance, le manoir de la Coëffrie une maison délabrée, les chapelles des Hôpitaux sont presque toutes ruinées. Néanmoins, on revoit avec intérêt ces lieux qui rappellent lOrdre de Malte : On visite volontiers la vieille résidence de la Coëffrie, si bien posée dans les vertes prairies quarrose la Vilaine ; on erre émotionné dans cet antique bourg du Temple de Carentoir, rempli danciens hôtels fortifiés, de maisons blasonnées, de manoirs ruinés. Sous les voûtes de son église repose toujours dailleurs le chevalier inconnu dont nous avons décrit la statue tumulaire ; les paysans dalentour appellent cette figure dhomme couché le Saint dormant, naïve expression qui semble résumer tout le passé des commandeurs représentés par lun dentre eux. Ne dort-il pas, en effet, du suprême sommeil dans son ancienne église seigneuriale, perpétuant parmi nous le souvenir déjà lointain des Chevaliers ses frères, ce dernier des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dont la figure nous soit restée ?
Chapitre — V
Nous terminons par la liste des commandeurs Hospitaliers du Temple de Carentoir.GUILLAUME GASTEAU
Il figure en 1391 et 1392 avec le titre de « mestre et commandeur de la baillie et des maisons de lHospital de Carantoir, aultrement appelé le Temple de la Coëffrie (1). »1. Archives de la Vienne, 3 H, 300.
BERTRAND DE LA ROGERAYE
Il reçut des aveux en 1416 en qualité de « commandeur des Hospitaux de Carentoir et Malansac (2). »2. Archives de la Vienne, 3 H, 310.
MICHEL LE ROY
Il précéda le suivant et mourut commandeur de Carentoir (3).3. Archives de la Vienne, 3 H, 300.
GUILLAUME DE LA ROCHE
Nous ignorons à laquelle des nombreuses familles de la Roche appartenait ce commandeur qui figure en 1429 et 1433 ; Potier de Courcy le met au nombre des chevaliers de Rhodes (4).4. Archives de la Vienne, 3 H, 300.
JEAN DE LA ROUSSIÈRE
Ce commandeur de Carentoir donna une quittance signée de lui en 1443 (5).5. Archives de la Vienne, 5 H, 300 et 310. — Nobiliaire de Bretagne.
RAOUL DIVET
Le 18 avril 1469, dom Guillaume Tréluyer, prêtre, rendit aveu à ce commandeur de Carentoir pour sa maison du Temple de Baulon (6).6. Archives de la Vienne, 3 H, 304.
JEAN GORY
En qualité de commandeur de Carentoir, il reçut des aveux en 1480 (7).7. Archives de la Vienne, 3 H, 300.
ALAIN HOCHET
Le 8 juin 1491, ce commandeur fit une transaction avec lévêque de Saint-Malo au sujet de la rente que ce prélat devait au Temple de la Coëffrie (8).8. Archives de la Vienne, 3 H, 304.
JEAN BRIOLUS
Il rendit aveu au Roi en 1520 pour sa commanderie de Carentoir et reçut lui-même des aveux en 1532 ; il prenait le titre de chevalier de Saint-Jean de Jérusalem (9).9. Archives de la-Vienne, 3 H, 300.
— Archives de la Loire-Inférieure, B, 184.
FRANÇOIS SOREAU
Chevalier de Malte, il traita en qualité de commandeur de Carentoir, lan 1536, avec Vincent du Boberil, seigneur dudit lieu (10).10. Archives de la-Vienne, 3 H, 300.
FRANÇOIS PICAULT
Ce commandeur reçut des aveux en 1555 (11).11. Archives de la-Vienne, 3 H, 300.
JEAN PELLETIER vel LE PELLETIER
Religieux de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem, frère Jean Pelletier en 1564 se trouvait commandeur de Carentoir en place de François Picault décédé ; plus tard, à la mort de Victor Ricordeau, il fut pourvu de lHôpital de Quessoy dont la commanderie avait été en 1566 unie à celle de Carentoir. Il prêta serment au roi en 1573 et lui rendit aveu lannée suivante. Il prit part à la guerre de la Ligue du côté des Royaux, fut nommé capitaine de Hennebont et Blavet en 1579, puis capitaine de la Bretesche en Nivillac en 1589 ; le prince de Dombes lui commanda en 1592 doccuper la tour de Cesson près Saint-Brieuc et de la garder au nom du roi. Le duc de Mercœur, pour se venger, ruina sa commanderie et il mourut presque dans la misère en juin 1598, à Rennes, dans la maison de la Butte près le Champ-Jacquet (12).12. Archives de la Loire-Inférieure, B, 1009.
— Archives de la Vienne, 3 H, 300 et 303.
LOUIS LE BRETON
Il était commandeur en 1600 et se trouvait à la Coëffrie en 1602 ; il reçut des aveux de 1602 à 1609 (13).13. Archives de la Vienne, 3 H, 304 et 311.
FRANÇOIS ROGERON DE LA MARCHE
Il quitta lîle de Malte en 1617 et prit possession, le 3 avril de lannée suivante, de la commanderie de Carentoir ; il prêta serment au roi le 8 juillet 1619, et obtint de lévêque de Rennes, en 1620, un monitoire pour découvrir les malfaiteurs qui sétaient « emparés des biens tant meubles quimmeubles de la commanderie de Carentoir, comme des maisons et terres, et avoient emporté des toiles, draps, serges, tant de laine que de soye et papiers de ladite maison, grande somme dor et dargent, vin, huile, orge, froment et grande quantité dautres blateries et ustensiles dudit logix. » Il est probable quil sagissait en tout cela des excès commis au temps de la Ligue et des pertes dont le commandeur de Carentoir navait point été indemnisé (14).14. Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
— Archives de la Vienne, 3 H, 301.
— Archives de la Loire-inférieure, B. 1010.
GILLES DU BUISSON
Il obtint son congé de Malte en 1620 et prit possession le 15 juillet de lannée suivante de la commanderie de Carentoir. En 1621 aussi, il obtint du parlement de Bretagne la mainlevée des meubles de son prédécesseur feu François Rogeron. Il fit de fréquents séjours à la Coëffrie et en reconstruisit en partie la chapelle où son nom est encore gravé sur la charpente. Il soccupa également avec soin de tous les membres de sa commanderie, relevant les édifices qui menaçaient ruine, faisant rentrer les rentes injustement aliénées et recueillant avec soin les titres de son bénéfice. Il mourut au manoir de la Coëffrie le 29 janvier 1644 et fut inhumé le lendemain dans sa chapelle. Le 12 février suivant, René du Bailleul, commandeur dAngers et receveur du Grand prieuré dAquitaine, accompagné de Gilles Peschart, commandeur de Guellian et de Jacques Coustard du Moullinet se disant assuré dêtre nommé commandeur de Carentoir, se trouva à la Coëffrie et régla tout ce qui concernait les affaires du défunt ; il paya même 10 livres au recteur de Messac pour les obsèques de Gilles du Buisson (15).15. Archives de la Vienne, 3 H. 301.
— Archives du Temple de la Coëffrie.
JACQUES COUSTARD DU MOULLINET
Celui-ci ne reçut néanmoins ses bulles que le 29 juillet 1645. Il eut quelque différend avec Jean Coué, recteur du Temple de Carentoir, au sujet des dîmes de cette paroisse. Retiré à Angers, il y mourut en sa maison du Tertre-Saint-Laurent, le 14 septembre 1649 (16).16. Archives de la Vienne, 3 H. 301.
— Archives du Temple de la Coëffrie.
CHARLES LAURENCIN
Armes Dazur au chevron dor, accompagné de trois étoiles de même.Devise Lucet in tenebris.
Prêtre religieux de Saint-Jean de Jérusalem, il fut pourvu le 14 novembre 1649 et prêta serment au roi par procureur à Nantes, le 16 décembre 1651 ; il prit possession de sa commanderie le 1er novembre 1652, se trouvant alors « grand vicaire au spirituel pour son Ordre de Monseigneur le Grand prieur dAquitaine. » Il rendit aveu au roi en 1652 et 1673 et mourut en 1675 (17).
17. Archives de la Vienne, 3 H. 300 et 301.
RENÉ CHEVRIER
Reçu en 1666 « Chevalier magistral de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem ; il fut pourvu sur la renonciation de frère Isaac Gravier, nommé dabord commandeur de Carentoir ; ses bulles furent datées du 23 février 1676 et il fit serment au roi le 12 juillet de lannée suivante. Il rendit aveu en 1677 et 1681 à cette dernière époque ; il habitait « ordinairement en la ville dAngers, paroisse de Saint-Aaron », mais venait souvent visiter la Coëffrie ; il fit faire en 1682 de notables agrandissements à ce manoir, et soutint des procès contre les paroissiens de Messac relativement à leurs dîmes, ainsi que contre lévêque de Saint-Malo et le recteur du Temple de Carentoir ; nommé pour sa plus grande tranquillité commandeur de Perret et Launay, il ne se décida à abandonner la commanderie de Carentoir quen 1699 (18).18. Archives de la Loire-Inférieure, B, 1010 et 1011.
— Archives de la Vienne, 3 H, 301.
— Archives paroissiale du Temple de Carentoir.
JACQUES ARNAULT
Armes Dazur à la bande dor, chargée de trois losanges de gueules et accompagnée de trois étoiles dargent rangées en bande vers le chef. Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, il fut pourvu du Temple de Carentoir dès 1696 ; il habitait en 1708 à Tours en la paroisse Saint-Laurent (19).19. Archives de la Vienne, 3 H, 303 et 315.
FRANÇOIS COUPERIE DE BEAULIEU
Armes De gueules au chef dargent, chargé de deux étoiles de sable.Seigneur de Mareuil, il était prêtre, religieux et servant darmes de lOrdre de Malte ; il reçut des aveux en qualité de commandeur en 1712. En juillet 1717 Gabriel du Chilleau, commandeur de la Guerche, fit la visite priorale de la commanderie de Carentoir, ordonnée par les statuts de lOrdre. François Couperie décéda à la Coëffrie, âgé de 50 ans, le 23 novembre 1721 et fut inhumé dans la chapelle de ce manoir (20).
20. Archives de la Vienne, 3 H, 318.
— Registre des sépultures de Messac.
SIMON BOUCHEREAU
Religieux de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem, il reçut des aveux rendus à sa commanderie de Carentoir de 1726 à 1735 ; il dut mourir à la fin de 1738 ou au commencement de 1739, car le 29 janvier 1739 on procéda, après son décès, à la vente de ses meubles (21).21. Archives de la Vienne, 3 H, 303.
— Archives du Temple de la Coëffrie.
JACQUES-RENÉ FRIN DES TOUCHES
Né le 17 août 1696, il fut reçu servant darmes le 8 mai 1716 ; il succéda au précédent et fit faire en 1745 le procès-verbal de létat des améliorissements de sa commanderie. Parrain cette année-là à Messac, il y prit le titre de « chevalier magistral de Saint-Jean de Jérusalem. » Il jouissait encore de la Coëffrie en 1750 (22).22. Archives du Temple de la Coëffrie.
— Arcives de Vienne, 3 H, 303.
CLAUDE LE NORMANT
Né le 1er mars 1726, il fut reçu le 2 juin 1735 « prêtre conventuel de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem. » Pourvu de la commanderie de Carentoir vers 1752, il afferma le temporel de ce bénéfice en 1754 ; il fit dresser des procès-verbaux de ses améliorissements en 1757 et 1775. Lannée suivante, il est qualifié de chancelier de son Ordre au Grand prieuré dAquitaine ; il vint néanmoins au mois de septembre 1776 visiter sa commanderie de Carentoir (23).23. Archives du Temple de la Coëffrie.
— Archives de Vienne, 3 H, 303.
FRANÇOIS THOMAS
Le nom de ce commandeur avec la date 1780 figurent dans une inscription de la chapelle Saint-Jean de Questembert (24).24. Abbé Le Claire. Lancienne paroisse de Carentoir, pages 335 et 341.
N. DES VALETTES
Commandeur du Temple de Carentoir en 1790, il fut le dernier à jouir de ce bénéfice (25).25. Abbé Le Claire. Lancienne paroisse de Carentoir, page 341
Sources : LABBÉ GUILLOTIN DE CORSON, Chanoine Honoraire. Bulletin archéologique de lAssociation bretonne, troisième série, tome quinzième, page 43 à 104. Saint-Brieuc 1897. — BNF
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