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Commanderies de l’Ordre de Malte
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Commanderie de Bordeaux

§ 1. — Temple de Bordeaux
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Bordeaux - 33

Domus Hospitalis Bordeaux
Domus Hospitalis Bordeaux

Bordeaux était jadis le chef-lieu d’une importante circonscription de l’Ordre du Temple, qui paraît du reste avoir rencontré de nombreuses et puissantes sympathies dans la contrée, si nous pouvons en juger par le nombre des établissements qu’il y possédait. Les archives se taisent sur les origines du Temple de Bordeaux. Vers le milieu du XIIe siècle, les religieux de la sainte milice étaient établis au quartier de Pech-Paulin, dans le centre même de la ville, non loin de la cathédrale Saint-André. Déjà à cette époque, l’importance de leurs possessions dans les environs les avait engagés à les placer sous la direction d’un maître du Temple dans le Bordelais. Mais comme nous avons pu le constater ailleurs si la ville servait de centre à leur administration, c’était surtout en dehors que s’étendaient leurs domaines et que s’exerçait leur influence. Au moment de la suppression de l’Ordre, outre divers fiefs dans l’intérieur de la cité, la Lande du moulin, les Temples de Santuges, de Planquetorte, de Forteyron, etc., et sur l’autre rive de la Gironde, la Grave d’Ambarès, Arveyres, Saint-Pierre-des-Vaux, etc., dépendaient du Temple de Bordeaux. Aussi grâce à son influence prépondérante, resta-t-il le centre de la nouvelle commanderie, à laquelle il légua son nom.


Grâce à cette fusion de deux circonscriptions importantes, la commanderie de Bordeaux devint une des plus considérables du midi, et bientôt après cette époque, la nécessité du morcellement de cette circonscription s’imposa aux déterminations des supérieurs de l’Ordre qui créèrent la commanderie d’Arcins. Cette mesure fut loin d’être du goût du chevalier Arnaud-Bernard Ebrard, Commandeur de Bordeaux, qui ne s’y soumit qu’avec la plus grande difficulté. L’exemple d’insubordination donné ainsi par un des dignitaires de l’Ordre, semble avoir été contagieux : aussi voyons-nous ce commandeur obligé de réclamer à son tour l’autorité du Grand-Maître, Fernand de Hérédia contre un religieux de l’Ordre, frère Bernard de Bocard, qui avait usurpé sur la commanderie le membre du Bouchet, situé dans le diocèse de Dax, occupé de vive force le château, et refusait de le rendre à son légitime propriétaire. Une bulle du Grand-Maître, datée d’Avignon, le 10 du mois de septembre 1875, enjoignit au chevalier récalcitrant de restituer au commandeur de Bordeaux ce qu’il lui avait enlevé et de comparaître devant le conseil suprême de l’Ordre pour y rendre compte de sa conduite (1).

Une discussion du même genre se produisit dans le courant du XVe siècle. Le Grand-Prieur de Toulouse, P. de Raffin, ayant prononcé la réunion à la commanderie de Cazalis des membres de Cunctis et Parentis, Saint-Geniez et Billos, qui dépendaient jusqu’alors de celle de Bordeaux, le commandeur de cette dernière, Guyot de Montarnal, réclama énergiquement la restitution de cette partie de ses domaines. Le Grand-Prieur, Pons de Maleville, transigea avec lui et, pour calmer son mécontentement, consentit à lui rendre les membres enlevés à sa commanderie, et, accorda en échange à son compétiteur Asques et Barbefère, qui avaient été joints quelque temps auparavant à la circonscription de Bordeaux (4 juin 1485) (2).

Les commandeurs de l’hôpital Saint-Jean, à peine en possession de l’héritage des Templiers, s’empressèrent d’abandonner leur modeste habitation du Bout du Pont, pour venir s’installer dans la magnifique résidence qui élevait ses puissantes murailles auprès de l’église du Temple. Peu à peu cependant, comme les occupations guerrières des chevaliers au-delà des mers et leur prédilection pour les donjons féodaux, qu’ils possédaient dans la campagne, rendaient très rares leurs séjours dans le Temple de Bordeaux, ils négligèrent de veiller à l’entretien et à la conservation de ces vieux bâtiments. A la fin du XVIIe siècle, le commandeur Emmanuel de Chabaud Tourette, Receveur de son Ordre au Prieuré de Toulouse, fit construire sur les ruines de la demeure féodale des Templiers un somptueux hôtel, qui servit définitivement de demeure aux chevaliers de Saint-Jean jusqu’à la Révolution (3).

Non loin de là, sur un terrain, dépendant de l’ancien Temple de Bordeaux, un chevalier d’Absac de la Douze obtint du chapitre provincial de Toulouse l’autorisation de faire construire à ses frais une chapelle, qui fut placée sous le vocable de Sainte-Catherine (1594) (4). Dans cette église, qui n’existe plus de nos jours, mais qui a donné son nom à une des principales rues de la ville, nous voyons, peu d’années après, venir s’établir la confrérie des maistres tapissiers et contrepoinetiers de Bordeaux Le chevalier de Chabaud-Tourette, Procureur du commandeur de Mélignan, leur avait accordé l’autorisation d’exercer leur dévotion et piété dans la dicte chapelle, à la condition de se charger de son entretien et de son luminaire, il leur avait même permis d’y ensevelir les confrères décédés, s’ils consentaient à y faire placer une cloche à leurs frais (18 mars 1631) (5).

Les dépendances de la commanderie étaient très nombreuses, soit dans le Bordelais, soit dans les contrées limitrophes. Diminué dans le principe par la création de la commanderie d’Arcins, leur nombre s’accrût peu à peu dans la suite par la suppression de plusieurs petites circonscriptions qui vinrent se fondre successivement dans leur importante voisine. Ses principaux membres étaient :
Le Vigean, Blanquefort, Eysine, Martignas, Salles, Billos, Cunctis, Parentis, la Grave d’Ambarès, Arbeyre, avec son annexe Saint-Pierre-de-Vaux, Cadarsac, la Lande, Pomeyrols et Chalauze près de Libourne.
Marcenays, Queynac, Mayrigue, dans le Fronsadais.
Salebruneau, Puch, Mauriac, Frontenac, Buch, Saint-Léger, en Bazadais.
Bénon en Médoc et ses dépendances La Grayanès, Pellecahut, Saint-Germain d’Esteuil, Mingot, Marcilhan, Castelnau-de-Médoc, Saint-Sauveur, Verteuil, etc.
En 1752, la commanderie de Bordeaux était affermée 16.500 livres ; les charges s’élevant à la somme de 3.165 livres, réduisaient son revenu net à 13.335 livres.

2. — Hôpital Saint-Jean de Bordeaux.
Si l’établissement des Hospitaliers de Saint-Jean dans la ville de Bordeaux était moins important que celui des Templiers, il n’en est pas moins vrai que le nombre de ses dépendances dans la contrée avoisinante témoigne pourtant d’une assez grande prospérité. Du reste, un vieux cartulaire dont nous aurons l’occasion de reparler dans la suite, mentionne que les plus anciennes donations leur furent faites dans le pays au temps du Prieur Gérard, c’est-à-dire aux premières années du XIIe siècle. Avaient-ils à cette époque un établissement dans la ville même de Bordeaux ? C’est ce dont nous doutons fort, sans pouvoir néanmoins rien affirmer. On les trouve, au commencement du XIIIe siècle, occupés à s’y créer une résidence.
En l’année 1224, le doyen et le chapitre de la cathédrale Saint-André étaient vivement irrités de la construction d’un oratoire, que venaient d’élever les chevaliers de Saint-Jean, sur le territoire de leur paroisse, au bout du Pont-Neuf de Bordeaux L’affaire soumise au jugement du Saint-Siège, fut renvoyée de Rome à la décision de trois commissaires, Ranulphe, évêque de Périgueux, A. de Sammathie, archidiacre du chapitre de Saint-Front, et l’abbé de la Peyrouse. Ceux-ci, après avoir examiné les droits des deux parties, rendirent leur jugement à Bordeaux, le mardi après Pâques de l’année 1224 : pour réparer envers les chanoines les dommages que devait leur causer l’érection de la chapelle du bout du Pont, les Hospitaliers, devaient leur payer une rente annuelle de 60 sols ; s’ils refusaient de s’acquitter de cette redevance dans les délais fixés, le doyen du chapitre avait le droit de confisquer la clef et les ornements de l’oratoire et d’y faire célébrer les offices à son profit, jusqu’à ce qu’il se fut complètement indemnisé. Si les Hospitaliers bâtissaient à l’avenir une autre chapelle dans la ville de Bordeaux, ils s’engageaient à partager avec les chanoines tout ce qu’ils recueilleraient, à l’exception des chevaux, vêtements, armures, etc., donnés pour le service de la Terre-Sainte. Ils devaient également partager les frais de sépulture de toute personne qui, malade hors de la maison de Saint-Jean, mourrait revêtue du manteau de l’Ordre ; à moins qu’elle ne se fût transportée à l’hôpital à pied, sans s’appuyer sur le bras de personne ou à cheval, sans y être soutenue et sans avoir été aidée pour y monter ou pour en descendre ; auquel cas elle était considérée comme faisant partie de la maison et les Hospitaliers ne devaient rien au chapitre. Le Grand-Maitre Guérin de Montaigut, comme nous le lisons dans Vertot, parcourut cette année-là les différentes circonscriptions de son Ordre, pour y recueillir des subsides ; à son passage à Bordeaux, il confirma cet accord et apposa au bas de cette charte son sceau, à côté de ceux du commandeur, P. de Loupe, du Doyen et du chapitre de Saint-André (6).

Dans la suite, un des commandeurs de Bordeaux tenta de s’affranchir de ce tribut, d’autant plus onéreux que la translation de la résidence des Hospitaliers dans la maison du Temple leur rendait la chapelle du bout du Pont, moins indispensable pour leur usage et peu productive en revenus. Mais, leur charte en main, les chanoines réclamèrent énergiquement le maintien de leurs droits. Peu versé dans la jurisprudence, dédaignant de jeter les yeux sur le vieux parchemin, le chevalier Jacques de Brion répondit par des menaces, déclarant que, si on osait le poursuivre devant les tribunaux, il saurait bien s’adresser aux conservateurs des privilèges de l’Ordre pour leur créer des embarras et se débarrasser de leurs importunités. Malgré les paroles arrogantes du commandeur, le Doyen remit sa plainte au sénéchal de Guyenne, lorsque la mort de Jacques de Brion vint donner une solution pacifique à cette affaire ; son successeur, le chevalier Salvat de Sorhocle consentit à reconnaître la justice des réclamations des chanoines et promit de se conformer à la transaction de 1224 (20 juin 1467) (7).

Si nous revenons un peu sur nos pas, nous trouvons, au milieu du XIVe siècle, les Hospitaliers en discussion avec une autre autorité ecclésiastique de la ville, Arnaud Gérard, Prieur de l’hôtel Saint-Jacques de Bordeaux. En 1353, le commandeur Arnaud-Bernard Ebrard, fit exposer à vénérable seigneur Ratier, abbé de Moissac et conservateur des privilèges de l’Ordre des Hospitaliers, que, d’après un ancien usage, un prêtre de l’hôpital Saint-Jean se rendait chaque année, le jour de la fête de la chaire de Saint-Pierre, à l’église Saint-Jacques, y disait la messe et recevait du Prieur quatre livres de bonne monnaie bordelaise ; que cet usage, le Prieur Arnaud Gérard refusait de le continuer et que, depuis plusieurs années, il n’avait pas payé la rente accoutumée. Le Révérend Seigneur, Hélie, abbé de Saint-Sauveur de Blaye, à qui l’abbé de Moissac avait remis le soin de l’enquête et du jugement, se prononça en faveur du commandeur et l’official de Bordeaux donna aux chapelains de Saint-Michel, de Saint-Eloi et de Sainte-Colombe l’Ordre d’obliger le Prieur à se soumettre à cette sentence. Toutefois, ce dernier ayant soulevé de nouvelles difficultés et formulé de graves griefs contre le commandeur, une transaction fut conclue, par laquelle les Hospitaliers devaient continuer à faire dire la messe annuelle de la fête de Saint-Pierre, se contentant pour cela d’une rente de 20 sols bordelais (1365) (8).

Ayant abandonné, ainsi que nous l’avons vu plus haut, leur modeste établissement du Pont-Saint-Jean, les Hospitaliers durent par négligence le laisser tomber en ruines ; il n’est plus fait mention que de la chapelle dans les procès-verbaux de visites de la commanderie. Le nom de Saint-Jean, que porte encore le quartier de la ville est le seul souvenir qui subsiste aujourd’hui de la demeure des chevaliers de l’Hôpital.

S 3. — La Grave d’Ambarès
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Bordeaux, Commune: Ambarès-et-Lagrave - 33

La Grave d’Ambarès
Domus Hospitalis La Grave d’Ambarès

Dans cette langue de terre enserrée entre la Dordogne et la Gironde, non loin de leur confluent, les chevaliers du Temple possédaient jadis la ville de la Grave-d’Ambarès et son territoire. Les archives, sans nous dire la donation qui dût en être faite par un seigneur de Montferrand, fournissent en premier lieu une transaction, conclue au sujet de la juridiction de cette petite ville.
En l’année 1321 le commandeur Pierre d’Arbussac et noble Amalvin de Barès, seigneur de Montferrand, se disputaient le droit de justice sur les habitants de la Grave d’Ambarès. Grâce à l’intervention d’ecclésiastiques, amis de la justice et de la concorde, les deux parties consentirent à terminer leurs débats par une transaction amicale : le commandeur devra avoir la moyenne et la basse justice et son tribunal ne pourra connaître que des causes inférieures à 5 sols bordelais, la haute justice revenant de plein droit au seigneur de Montferrand ; les habitants devront se rendre aux monstres ordonnées par ce dernier et le suivre en guerre, partout où il les conduira, excepté contre le duc d’Aquitaine ou l’Eglise ; le commandeur et les Hospitaliers auront le droit de chasser, avec des chiens, des oiseaux et des furets, les lièvres, les lapins, les perdrix, les renards et les loups, partout où ils voudront, dans la châtellenie de Montferrand. Les articles de ce traité furent jurés par les deux chevaliers qui promirent de les observer à perpétuité sous peine de 1,000 livres tournois (9).

Sur le verso du parchemin, on trouve cette note écrite de la main de quelque archiviste du Prieuré de Toulouse pendant le XVIIIe siècle : « Ne faut monstrer cette transaction parce que maintenant le commandeur a toute la justice. »
En effet, soit qu’ils l’eussent acheté régulièrement des seigneurs de Montferrand, soit qu’ils s’en fussent emparés, les chevaliers de Saint-Jean parvinrent à se la faire reconnaître légalement. Au commencement du XVIIe siècle, la baronnie de Montferrand fut acquise par le maire et les jurats de la ville de Bordeaux, qui la payèrent 40.500 livres et laissèrent la justice au Roi : le commandeur de Bordeaux protesta contre ce traité et fit reconnaître par le Parlement la validité de son titre de seigneur haut justicier de la Grave-d’Ambarès (10), que nous voyons figurer jusqu’à la fin sans conteste dans les procès-verbaux de visites. Les chevaliers possédaient dans cette localité un ancien manoir féodal, que la suite des siècles avait transformé en une simple maison seigneuriale.

§ 4. — Arveyres. — Cadarsac. — Fargues.
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Libourne - 33

Domus Hospitalis Arveyres
Domus Hospitalis Arveyres

La petite commanderie templière d’Arveyres, située près de la Dordogne, date de l’année 1170. Bertrand, archevêque de Bordeaux, cédant aux désirs et aux prières de ses très chers fils en Jésus-Christ, Wilhelm Panet, Maître du Temple dans le Bordelais et Raymond Wilhelm de Fronzac donna cette année-là à leur Ordre du Temple l’église de Saint-Pierre d’Arveyres (aujourd’hui Saint-Pierre de Vaux, annexe d’Arveyres). Cette charte fut signée en présence d’Aimart, évêque de Saintes et frère de l’archevêque de Bordeaux, et d’une nombreuse réunion d’ecclésiastiques (11)

A cette première donation vint s’ajouter plus tard celle de la seigneurie complète du lieu d’Arveyres ; nous ne trouvons que la simple mention de cette charte dans un ancien inventaire. Le jour de la fête de Saint-Félix, en l’année 1231, Raymond Gombaud, seigneur de Vayres, donna à l’Ordre du Temple le territoire d’Arveyres, situé dans sa châtellenie ; il se réservait qu’en cas de guerre les Templiers viendraient le secourir de tout leur pouvoir (12). Quelques années après Guitard du Borg, gendre de Raymond Gombaud, voulut disputer aux chevaliers du Temple la juridiction d’Arveyres ; mais, ayant reconnu ses torts, il leur offrit, comme réparation, la cession du bois de Tilhède et la faculté de faire embarquer, sans pajer de droits, leurs denrées à deux ports voisins qui lui appartenaient sur la Dordogne (12).

Cadarsac
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Libourne - 33

Domus Hospitalis Cadarsac
Domus Hospitalis Cadarsac

Après la suppression de l’Ordre du Temple, Arveyres fut joint à Cadarsac, seigneurie que les Hospitaliers possédaient dans les environs ; augmentée de la chapellenie de Saint-Jean de Fargues et de Mauriac, elle forma une petite commanderie distincte et vint se fondre, après une courte existence, dans celle de Bordeaux.

En 1369, le cadavre d’un étranger fut trouvé sur le territoire de Cadarsac, où les Hospitaliers possédaient un château féodal et dont ils étaient seigneurs hauts justiciers. Le bailli du commandeur venait de faire procéder à son ensevelissement, lorsque le Prévôt royal du Pays d’entre-deux-mers crut l’occasion favorable pour chercher à s’emparer de la haute justice de Cadarsac, sur laquelle il élevait des prétentions peu justifiées ; il se présenta avec ses hommes d’armes, pour exhumer ce cadavre et faire acte de haute juridiction, en procédant lui-même à sa nouvelle sépulture. Mais le Commandeur proteste hautement en faveur du maintien de ses droits et parvint à triompher de son adversaire (13).

Fargues
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Libourne, Commune: Langon - 33

Domus Hospitalis Fargues
Domus Hospitalis Fargues

Sur d’autres points, la lutte fut plus longue et plus difficile. Les Hospitaliers, à peine entrés en possession du domaine des Templiers à Arveyres, furent obligés, comme ces derniers l’avaient été précédemment, de défendre les droits, qui venaient de leur échoir, contre maintes prétentions rivales. C’est ainsi qu’en 1353, le noble et puissant baron, Bérard d’Albret, entre les mains de qui se trouvait alors la châtellenie de Vayres, reprit la discussion dont nous parlions tout à l’heure et, malgré le désistement consenti jadis par Guitard du Borg, il essaya d’enlever aux chevaliers la haute justice d’Arveyres. Après de longs pourparlers, une transaction fut conclue entre les deux parties : le commandeur devait avoir la haute justice, avec cette réserve que, s’il s’agissait, d’une peine de mort, le coupable devait être remis aux officiers du seigneur de Veyres, lesquels devaient procéder à l’exécution, en dehors des croix de la commanderie ; les habitant d’Arveyres étaient exempts du service de garde et de guet au château de Vayres ; chacune des deux parties s’engageait de plus à ne pas recevoir dans ses terres les vassaux de l’autre (14). Malgré cette transaction, qui paraissait définitive, nous voyons les mêmes difficultés suscitées de nouveau en 1480, aux commandeurs par dame Jehane de la Tour, veuve du baron de Vayres, comme tutrice de ses enfants, Jehan et Gabriel d’Albret ; une enquête faite à ce sujet par le sénéchal de Guyenne démontra la validité des droits des chevaliers et, quelques années plus tard, nous trouvons le commandeur, Pierre de Ribon, et messire de Ladouze, gouverneur du château de Vayres, occupés à replanter les croix de limites, qui séparaient les deux juridictions (15). Pendant cette période, d’autres voisins du lieu d’Arveyres tentaient de leur côté d’arracher quelques portions de ce riche domaine aux Hospitaliers. Les dîmes de cette paroisse leur furent inutilement disputées, successivement par l’abbé de la Faize (1353), par celui de la Sauve Majeure (1372) et enfin par les Chartreux du monastère de Notre-Dame de Beauclère (1498) (16).
Le château des commandeurs à Arveyres était un sombre manoir féodal, qui avait conservé jusqu’à la fin son aspect guerrier, « entouré de hautes murailles, garnies de créneaux, et l’abord de son pont-levis protégé par un ravelin (17). »

§ 5. — Lalande-de-Pomerol (Lalande). — Pomerol (Pommeyrols)
Département: Gironde, Arrondissement et Canton: Libourne - 33

Domus Hospitalis Pomerol
Domus Hospitalis Pomerol

En franchissant la Dordogne, nous trouvons à peu de distance de la ville de Libourne, les deux petites localités de Lalande et de Pomerol. Elles formaient jadis, avec quelques dépendances voisines, une des plus anciennes possessions de l’Ordre de Saint-Jean dans la contrée. Ses origines nous seraient inconnues sans un vieux cartulaire qui nous raconte l’établissement des chevaliers de l’Hôpital dans la châtellenie de Puynormand. On y lit tout d’abord comment les chevaliers Aychard et Bernard de Seilles donnèrent leurs terres situées entre Brettes et le ruisseau de Comparras, aux chanoines de Saint-Etienne du Peyrat et comment ces derniers, ne voulant pas s’y établir, cédèrent leur nouveau domaine aux Hospitaliers, Adhemar et Ayquelin de Gesta. Cette donation eut lieu du temps du Prieur Gérard, c’est-à-dire dans les premières années du XIIe siècle, elle eût pour témoin le vicomte de Castillon qui s’empressa de l’approuver et de la confirmer. Après avoir énuméré les territoires que l’Ordre reçut successivement de Raymond et de Pierre d’Abzac, de Pons de Montaigne, de W. de Segur, le vieux manuscrit nous apprend que l’Hospitalier Adhémar, administrateur de ces domaines pendant quarante ans, en donna une partie à des cultivateurs, moyennant certaines redevances. Nous voyons ensuite le seigneur Ayz de Puynormand confirmer, en prêtant serment sur les Saints Evangiles, les largesses que son père avait jadis faites à l’Hôpital ; Pierre de Saint-Seurin se rendre à l’église de Saint-Denys, pour donner à Hélie de Broliol et aux autres Hospitaliers ses droits sur le ruisseau de Maurias ; W. Arnaud de Seilles et dame Orgolose, sa femme, céder leur alleu de Saint-Denys ; W. de Montrebet, damoiseau, fils d’Arnaud Faidit, chevalier de Fronzac, se dessaisir de certaines redevances que lui payait l’hôpital de la Lande (18).

Comme tout le reste du Bordelais, cette contrée fut le théâtre de luttes sanglantes, pendant les guerres des XIVe et XVe siècles. Dans les dernières années du règne de Charles V, chassés d’une partie de cette contrée, les Anglais n’y conservèrent plus que quelques places fortes, hors de l’enceinte des quelles ils n’osaient guère s’aventurer. Le 22 novembre 1380, dans la salle capitulaire du couvent des Frères Mineurs de la ville anglaise de Libourne, se présanta frère Jehan Former, religieux de l’Ordre de Saint-Jean. Il venait avec une bulle du Grand-Maître, qui le nommait à la commanderie de la Lande, requérir, au nom du Grand-Prieur de Toulouse le Commandeur de Queynac, frère Bernard Bacquart, de le mettre en possession de ses nouveaux domaines. Or ce dernier, compromis sans doute par le parti anglais, avait jugé prudent d’abandonner son château de Queynac pour se réfugier dans le couvent de Libourne, et se trouvait en présence d’une situation étrangement embarrassante. La Lande et Pomeyrols étaient au pouvoir des ennemis de son très-souverain seigneur, le Roi d’Angleterre, et ces terribles Français étaient bien capables de lui faire un mauvais parti, s’il venait à tomber entre leurs mains. Pour se tirer de ce mauvais pas, le commandeur réunit dans la salle du couvent quelques habitants de la Lande et de Pomeyrols comme lui, réfugiés dans la ville de Libourne, et les somma de reconnaître frère Jean Former pour leur seigneur. Cette première installation achevée, le commandeur de Queynac chargea un religieux donat de la Maison Lande, moins connu et moins compromis que lui, et pouvant sans danger s’aventurer dans la campagne, d’aller accomplir à sa place la mission qui lui souriait si peu (19).

Mais la guerre était encore bien loin de sa fin : la France était destinée à traverser, avant d’arriver à sa délivrance providentielle, une longue période de désolation. Aussi cette contrée, où la lutte fut plus ardente qu’ailleurs, se trouva-t-elle à la fin complètement anéantie et ruinée. Si nous voulons connaître l’état de ce malheureux pays, même longtemps après la fin des hostilités, écoutons le commandeur de Bordeaux, Antoine de Murat, faisant, en l’année 1470, le dénombrement de ce qu’il possédait aux environs de Libourne, à messire Charles d’Albret, seigneur de Sainte-Baseille, Gensac, Villefranche, Puynormand, Vayres, et vicomte de Castelmauron ; après avoir énuméré ses droits et ses privilèges, le chevalier exposa « que, par les grans guerres et stérilités qui furent au pays bordelois mesmement en la chastellenie de Puynormand, la paroisse de Saint-Johan de la Lande est demeuree longtemps vacante et totalement destruicte, en telle manière que icelle paroisse et la plus grande part de la dicte chastellenie de Puynormand et autres parties circonvoysines sont tombées en ruines et totalement inhabitables (20) »

Après s’être relevés avec difficulté de cette crise terrible, les commandeurs de la Lande eurent encore des orages à supporter, Ils durent soutenir des luttes acharnées pour la conservation de leur droit de haute justice dans cette localité. Avaient-ils ce droit depuis l’origine, ou s’en étaient-ils emparés à la suite de cette période troublée, c’est ce que nous ignorons ; toujours est-il que, vers la fin du XVe siècle, nous voyons le chevalier Odet de las Graulas, commandeur de Bordeaux, porter ses doléances à la chancellerie du Parlement de cette ville, et exposer qu’à l’exemple de ses prédécesseurs, il avait toujours joui sans conteste des droits et prérogatives de seigneur haut justicier de Lalande, que ses vassaux avaient toujours été exempts des services de guet et de garde au château de Puynormand ; que, malgré cela, Jean Bonnemin et Richard du Fraël, juge et procureur du seigneur de Puynormand, avaient revendiqué pour ce dernier la haute juridiction de Lalande, dépouillant le commandeur de ses prérogatives, entraînant de force ses vassaux devant leur tribunal et faisant plusieurs auprès extorsion et nouvelletés indues. Malgré les lettres qu’Oddet de las Graulas obtint de la chancellerie et qui le maintenaient dans ses droits (1489) (21), il ne paraît pas que ses successeurs aient pu conserver les prérogatives qu’il leur avait léguées. Nous voyons en effet, lors de la vente de la terre de Puynormand par les commissaires de Sa Majesté, le commandeur B. de Mélignan se contenter de la déclaration que dans cette vente n’était compris aucun des droits des chevaliers, mais seulement celui de justice de la Lande, qui appartient au Roi, comme seigneur de Puynormand (1602) (22).

Il arrivait aussi que de temps à autre les commandeurs de la Lande abandonnaient leur rôle de victimes pour devenir agresseurs à leur tour. Le commandeur Pierre de Ribon, qui avait, sinon des droits, au moins des prétentions, sur les dîmes de la petite chapelle de Bussac, située sur les confins du Périgord et dépendant de l’abbaye de Cellefraix en Augoumois, résolut d’employer à défaut de titres, la violence pour s’en rendre maître. A la tête d’une troupe de gens armés d’arbalètes et d’épées, il se transporta devant la porte de la chapelle et en enleva les gerbes de la dîme, qui y avaient été déposées. Le Parlement saisi de la plainte de l’abbé de Cellefraix, dût rendre un arrêt contre le commandeur pour cette expédition violente (23) ; il n’est plus fait mention de cette prétention dans la suite.

§ 6. — Marcenais. — Queynac. — Saint-Michel-de-Rivière.


Marcenais
Département: Gironde, Arrondissement: Blaye, Canton: Saint-Savin - 33

Domus Hospitalis Marcenais
Domus Hospitalis Marcenais

Non loin de l’hôpital de la Lande, dans la vicomté de Fronsac, les Templiers possédaient une petite commanderie qui comprenait les seigneuries de Marcenais et de Queynac, avec les paroisses de Larrivau, Magrigne et Chalauze. Si nous ne pouvons préciser l’origine de cette circonscription de l’Ordre du Temple, les archives nous fournissent les chartes de quelques-unes des donations qui lui furent faites dans le cours du XIIIe siècle.
En 1232, Guillaume Erra, chevalier du Bourg, s’était rendu dans l’église de Marcenais, où se trouvait réunie, sous la présidence d’A, abbé de Saint-Vincent du Bourg, une nombreuse assemblée, composée de seigneurs du voisinage et de chevaliers du Temple ; il venait donner à la maison de Marcenais le moulin du Peyrat qu’il possédait sur la Saye ; pour assurer plus de validité à sa donation, G. Erra fit apposer, au bas du parchemin, les sceaux de l’archevêque de Bordeaux, de l’abbé du Bourg et des principaux seigneurs présents à la cérémonie (24).
En 1250, le Temple de Marcenais recevait encore de la libéralité d’un autre seigneur, Hélie Wilhelm, chevalier de Villegoriges, le moulin Vielh, situé également sur la rivière de la Saye (25).

Peu de temps après avoir pris possession de la commanderie de Marcenais, les Hospitaliers la supprimèrent, en la fondant dans celle de Bordeaux. Dans le courant du XIVe siècle, messire Raymond, vicomte de Fronsac, avait obtenu des habitants de Marcenais, qui relevaient de lui, un secours extraordinaire en blé, vin et argent, pour faire face à certains besoins pressants, où il se trouvait. Mais les vassaux craignant que leur seigneur fût tenté d’abuser de la situation, en transformant le don gratuit en redevance ordinaire, vinrent le prier respectueusement de déclarer qu’il ne se prévaudrait pas à l’avenir de leur bonne volonté et ne leur réclamerait pas la subvention qu’ils avaient consenti à lui accorder. Le vicomte de Fronsac accéda à ces justes désirs et leur octroya, le 14 juillet 1347, une charte solennelle constatant leurs droits et revêtue du sceau de ses armes (26).

Queynac
Département: Gironde, Arrondissement: Libourne, Canton: Galgon - 33

Domus Hospitalis Queynac
Domus Hospitalis Queynac

Un des caractères les plus frappants, qui distinguent les hommes de cette époque, c’est le contraste existant entre leurs dehors souvent rudes et impitoyables et l’excessive sensibilité de leurs cœurs. Qui n’a lu, dans notre vieux Joinville, comment ces hommes de fer savaient, après la bataille, s’apitoyer sur les infortunes d’autrui et pleurer moult tendrement à quelque récit émouvant. Ce caractère nous le retrouvons partout. Si parfois la rigueur de la législation du moyen-âge peut surprendre, on voit souvent aussi la pitié des juges venir la tempérer avec une mansuétude, à laquelle un fréquent usage donnait presque force de loi. Voici un épisode, à la fois naïf et touchant, recueilli dans les registres du tribunal de Queynac. En l’année 1340, tout le pays avait été dévasté par une de ces terribles bandes de routiers, qui tuaient les habitants, pillaient les récoltes, incendiaient les maisons, malheurs fréquents dans ces temps troublés. Grâce aux forces dont put disposer le commandeur, ces redoutables malfaiteurs furent cernés, pris et jetés dans les cachots du donjon de Queynac. Quelques jours après, nous voyons le chevalier Sobiran de Rivalz, commandeur, entouré de ses religieux et des autres membres de son conseil, dans la salle du Consistoire, siégeant sur son tribunal ; devant lui sont déposés les coutumes de la ville et le livre des saints Evangiles, « afin, dit le manuscrit, de se placer en la présence de Dieu, source de toute justice et de toute miséricorde » Après avoir fait le signe de la croix, il ordonna à ses hommes d’armes d’introduire les accusés. Voici tout d’abord le capitaine de la bande, Ranulphe Guilbaud ; sa culpabilité est trop évidente et le sort qui l’attend, trop certain, pour qu’il songe à recourir à des dénégations mutiles. Aussi la sentence est-elle promptement rendue et le coupable livré à l’exécuteur qui le conduit immédiatement aux fourches patibulaires de Queynac. Puis vient le tour du second accusé ; c’est un jeune homme, le frère du capitaine, que ce dernier avait entraîné par ses conseils et ses mauvais exemples, et dont il avait fait son lieutenant : accablé par l’évidence il n’essaie pas, lui non plus, de nier la longue liste de meurtres et d’incendies, dont on l’accuse. Aussi, malgré la compassion qu’il ressent pour la jeunesse du coupable, le tribunal se dispose à prononcer contre lui la terrible sentence et à l’envoyer partager le sort de son frère ; lorsque se précipite dans la salle une pauvre jeune fille, âgée d’une vingtaine d’années et orpheline de père et de mère. Elle se jette à genoux et, étendant les bras en croix, elle supplie avec des larmes et des sanglots, le tribunal de lui accorder la vie d’Arnaud Guilbaud, qu’elle demande à prendre pour son légitime époux. La foule des spectateurs, attirée par ce procès de tous les environs, s’émeut à ce spectacle ; tous, les nobles chevaliers comme les simples vassaux, joignent leurs prières à celles de la pauvre orpheline, et intercèdent pour le coupable. Le commandeur, touché de son côté à la vue de la grande pitié de cette jeune fille, désirant satisfaire aux vœux de tout ce peuple et persuadé que la miséricorde est, dans le cas présent, agréable à Dieu, et conforme à ses lois, ordonne de délivrer Arnaud de ses liens et de le remettre aux mains de celle qui venait de l’arracher à la mort (27).

Saint-Michel-de-Rivière
Département: Dordogne, Arrondissement: Périgueux, Commune: La Roche-Chalais - 24

Saint-Michel-de-Rivière
Domus Hospitalis Saint-Michel-de-Rivière

Comme nous l’avons vu plus haut, de ce même membre de Marcenais dépendaient plusieurs petites paroisses. Le peu d’importance de celle de Magrignes avait suggéré à un des commandeurs de Bordeaux l’idée d’économiser le traitement d’un vicaire perpétuel, en réduisant cette église au rang de simple chapelle ; mais les habitants protestèrent vivement, disant que, puisque leur seigneur percevait les dîmes de leurs récoltes, il était juste qu’il s’acquittât de ses devoirs envers eux ; malgré l’évidence de leur droit, ils ne purent obtenir que bien tardivement gain de cause et l’affaire traîna en longueur de 1686 à 1731. L’église de la Rivaux, qui formait jadis une dépendance de Marcenais, sous le nom de Saint-Michel-de-Rivière, n’était dans les derniers temps qu’une simple chapelle desservie par le curé de Saint-Michel.
Enfin, sur le territoire désigné sous le nom de Chalauze, on voyait les ruines d’un ancien édifice : c’était jadis l’église paroissiale de cette localité ; l’enceinte des murs en démontre encore l’importance. Elle fut dévastée pendant les guerres de Religion et le procès-verbal de la visite de la commanderie, en 1752, nous apprend que l’on n’avait conservé que la chapelle de Saint-Jean, à cause de la dévotion des habitants de la contrée pour ce sanctuaire.

§ 7. — Sallebruneau
Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Canton: Sauveterre-de-Guyenne, Commune: Frontenac - 33

Domus Hospitalis Sallebruneau
Domus Hospitalis Sallebruneau

Grâce sans doute aux libéralités de quelques-uns des seigneurs de Bénauges, les Hospitaliers possédaient encore, depuis une époque que nous ne pouvons préciser, une assez vaste circonscription, au centre de laquelle s’élevait le donjon de Sallebruneau. Les archives ne nous en font connaître l’existence que vers la fin du XIIIe siècle. A cette époque, nous trouvons le commandeur en discussion avec le descendant des anciens bienfaiteurs de la maison, noble Jean de Greilly, chevalier, seigneur de Bénauges et de Castillon : il s’agissait là encore de la juridiction du lieu de Sallebruneau. S’étant enfin rendu à Toulouse, où le Grand-Prieur de Saint-Gille, Guillaume de Villaret, tenait dans ce moment là son chapitre provincial, le baron bordelais, considerant l’affection que les chevaliers de Saint-Jean avaient toujours eue pour lui et pour sa race et mû par ses sentiments pieux, consentit à faire le sacrifice d’une partie de ses prétentions. Une transaction fut conclue et signée au milieu de l’assemblée des religieux de l’Ordre. Le sire de Benauges, après avoir fait cession complète d’un droit d’albergue de 15 livres qu’il voulait prélever sur les habitants de Pomerol, s’engagea à ne jouir, que sa vie durant, de la juridiction de Sallebruneau ; à sa mort, elle devait revenir aux Hospitaliers ; à partir de ce moment, le commandeur serait seigneur haut justicier, à la réserve que les exécutions capitales seraient faites par les officiers du baron, en dehors des croix de la commanderie ; une seule marque de vassalité lui était imposée, c’était l’offrande d’une lance, lors du décès de chaque seigneur de Benauges (14 janvier 1280) (28).
Quelques années après, devançant l’époque fixée par cet accord, le sire Jean de Greilly cédait de son plein gré à son ami, G. de Villaret, devenu Grand-Maître de l’Ordre, la haute juridiction de Sallebruneau. Celte charte, scellée par le noble donateur, est datée d’Avignon, le 7 avril 1297. (29).

A peu près à la même époque la commanderie s’accrût par suite des libéralités de quelques seigneurs du voisinage :
Antoine de Gordon donna, en 1280, sa terre de Buxs (30).
Le sire de Rauzan, en 1283, son moulin de Frontenac et le territoire de La Motte-Lucran, en se réservant une messe de requiem, chantée tous les ans le jour de Notre-Dame de Mars, pour le repos de son âme (31).
Dans les premières années du siècle suivant, nous voyons Bertrand de Savignac, commandeur des maisons de l’Hôpital dans le Bordelais, occupé à régler avec les nobles barons, Sans et Amanieu de Pommiers, l’exercice de la justice à Buxs ; il fut convenu que la haute juridiction reviendrait à ces derniers et la basse aux commandeurs.

Après la réunion du domaine des Templiers à ceux de l’Ordre de Saint-Jean, l’envie, excitée par cet immense héritage et la haine provenant des espérances déçues, suscitèrent contre ce dernier des attaques, que nous avons eu déjà l’occasion de signaler ; elles semblent s’être manifestées dans ces contrées avec un redoublement de violence. Les maisons de Villemartin, de Mauriac, de Roquebrune et de Sallebruneau furent longtemps en butte à des actes d’hostilités de la part de puissants personnages : pour s’en garantir, le chevalier G. de Ferrand, procureur de R. d’Olargues, lieutenant du Grand-Maître, réclama et obtint la sauvegarde royale pour ces différentes maisons de son Ordre (1313) (32).

La suite des archives va nous apprendre que, malgré cette précaution, la période de troubles n’était pas terminée pour Sallebruneau. Cette seigneurie était environnée de puissants voisins qui ne laissaient guère de repos aux commandeurs.
La situation de ces derniers finit même par devenir si critique qu’en l’année 1477, nous voyons l’un d’eux, frère Jean Taren, se rendre à la maison du Temple de Bordeaux et supplier le commandeur, Antoine de Murat, de vouloir bien accepter Sallebruneau, qu’il ne se sentait plus le pouvoir de défendre contre les attaques de nombreux gentils seigneurs et gentils hommes (33). Plus à même que le frère Taren, de tenir tête à l’orage, soit par les ressources fournies par ses immenses possessions, soit par l’influence personnelle que lui assurait sa noble origine, le chevalier de Murat consentit à se charger de la commanderie de Sallebruneau et de la continuation de la lutte. Malgré cet acte de cession, l’union définitive de Sallebruneau à Bordeaux n’eut lieu que quelques années plus tard ; car nous trouvons encore plusieurs commandeurs de la circonscription de Sallebruneau.

A la tête de ses adversaires les plus acharnés se trouvaient les seigneurs de Rauzan ; ils voulaient enlever de vive force aux chevaliers de Saint-Jean, la juridiction de cette localité, en dépit des chartes qui devaient trancher la question. Les archives sont remplies du récit des expéditions que ces terribles voisins entreprirent dans ce but. Voici d’abord messire Jacques Angevin, chevalier, baron de Rauzan, Pujols et Blandignac, qui, accompagné de son capitaine, de ses serviteurs, de ses laquais et d’une foule de gens sans aveu, dévaste toutes les terres du commandeur, enlève ses vassaux, les emmène dans les prisons de son château et ne les relâche qu’après avoir exigé d’eux une forte rançon. La plainte, déposée par le chevalier B. de Gros, nous montre cette troupe s’emparant de tout le bétail, ou bien incendiant pendant la nuit les maisons habitées, aux cris de : Vive Rauzan ! Le Parlement ordonna une enquête sur ces faits criminels (1494) (34). Mais il paraît que la répression ne fut pas suffisante, puisqu’en l’année 1500, nous retrouvons ce même baron, à la tête de 60 ou 80 hommes d’armes, dévastant de nouveau les domaines du commandeur (35).

Quelques années après, la lutte, suspendue par la mort du seigneur Jacques Angevin, est reprise par ses successeurs : Dame Catherine da Biron, mère et tutrice de noble Symphorien de Durfort, seigneur de Rauzan, noble Gaston de Roux, capitaine du château et maître Perrin, juge de leur tribunal, prennent un des vassaux de Sallebruneau et, après l’avoir jugé, le font mourir aux fourches patibulaires (1531) (36). Le commandeur Oddet de Massas obtient enfin une sentence du Parlement qui, le déclarant seul en possession de la justice de Sallebruneau, semble avoir mis un terme à cette lutte si acharnée (37).

En 1606, le chevalier de Mélignan, qui venait d’être pourvu de la commanderie de Bordeaux, s’était rendu à Sallebruneau pour en prendre possession et recevoir les reconnaissances de ses vassaux. Ecoutons ces derniers déclarer, dans un style prétentieux, que, « comme il n’y a chose plus vilaine et détestable parmi les gens de raison que l’ingratitude, ny plus belle et digne d’un homme raisonnable que la recognoissance des biens réçus, pour monstrer qu’ils ne sont taichés du vice d’ingratitude, ils recognoissent messire frère B. de Mélignan-Trignan, commandeur de Bordeaux, pour vray seigneur foncier, direct, justicier en toute justice et curé primitif de la commanderie, seigneurie et paroisse de Sallebruneau (38). »

Pendant les guerres de Religion, le lieu de Sallebruneau fut pris et dévasté. Les visiteurs de la commanderie n’y retrouvèrent plus, pendant le XVIIIe siècle que les masures d’un ancien château seigneurial qui fut destruit par les guerres civiles (39).
De ce membre dépendaient Puch, annexe de Sallebruneau, la seigneurie spirituelle et temporelle de Buch et de son annexe Mauriac, des fiefs situés à Aubèze, Frontenac, Saint-Léger, etc.


§ 8. — Bénon, — La Grayanès.
Département: Gironde, Arrondissement: Lesparre-Médoc: Canton: Saint-Laurent-Médoc - 33

Domus Hospitalis Bénon
Domus Hospitalis Bénon

Ce fut vers le milieu du XIIe siècle que les Hospitaliers s’établirent dans cette partie du Bordelais, comprise entre la Gironde et l’Océan, et composée presque généralement de landes infertiles. A l’époque de la croisade, un seigneur bordelais, le chevalier de la Marque, plus riche que la plupart de ses compagnons d’armes, fournit de l’argent à l’un d’entre eux, et reçut en échange la terre et seigneurie de Benon ; son fils, Garsias de la Marque, voulut donner à Dieu ce dont son propriétaire primitif s’était dépouillé pour son service et l’offrit à l’hospitalier Etienne Ayquelin Ceci se passait, lisons-nous dans un fragment de vieux cartulaire, qui nous donne toutes ces indications, sous Louis, roi de France (1139-1180), Henri roi d’Angleterre (1154-1189) et Galfred archevêque de Bordeaux (1136-1158) ; c’est-à-dire entre les années 1154 et 1158 (40).
Peu après les deux frères Robert et Wilhelm de Somolin se dépouillaint en faveur de l’hôpital de Bénon de leur fief d’Artigues (41).
Voici plus tard le chevalier Olivier de Hennerac, qui offre au Précepteur Ranulphe tous ses droits sur le moulin et l’étang de la Font et la dame Contors de Castelnau, qui lui cède ses vassaux de Somoion et de Coilan (42).
Le huitième jour des kalendes de juin de l’an de grâce 1221, Arnaud d’Avasac, chevalier de Lesparre, se rend dans l’église d’Artigues et, en présence d’une nombreuse assemblée, s’engage à fournir à l’hôpital une rente annuelle de 15 sols bordelais (43). La charte de cette donation fut remise à Hélie de Marignac, précepteur des maisons de l’hôpital en Bordelais, après que le sire Bernard de Lesparre l’eût approuvée et n’ayant pas sur lui son sceau, y eut fait apposer celui de son fils aîné Wilhelm Ayquelin (44).

D’autres donations, dont les charte ne nous ont pas été conservées, étendirent dans presque tout le Médoc les dépendances de l’hôpital de Bénon ; il possédait des dîmes ou des fiefs dans un grand nombre de localités voisines : Verteuil, Saint-Sauveur, Marcillan, Artigues, Saint-Germain d’Esteuil, Pellecahut, etc.

Vers le milieu du XIVe siècle, dans cette petite commanderie vint se fondre celle de l’hôpital de La Grayanès Cette dernière devait sa fondation aux seigneurs de Lesparre, qui continuèrent à en être les bienfaiteurs.

La Grayanès
Département: Gironde, Arrondissement: Lesparre-Médoc, Canton: Grayan-et-l’Hôpital - 33
Probablement Grayan-et-l’Hôpital - 33

Grayan-et-l’Hôpital
Domus Hospitalis Grayan-et-l’Hôpital

Le 2e jour de novembre de l’année 1168, le noble seigneur Sénebrum, sire de Lesparre, dame Aupays sa femme, et leur fils Ayquelin Wilhelm, donnèrent à l’Ordre de Saint-Jean leur terre et seigneurie de La Grayanès ; ils accordaient aux Hospitaliers et à leurs futurs vassaux les exemptions du service militaire, du péage, pontonage, fouage, aides tailles et corvées de toutes sortes, ajoutant enfin à la liste, de leurs libéralités le droit d’usage dans les bois et landes du territoire des Mons, ils investirent les chevaliers de Saint-Jean de tous les privilèges dont ils jouissaient eux-mêmes dans cette seigneurie (45). À cette donation qui eût pour témoins les plus illustres chevaliers du pays, le généreux sire de Lesparre en ajouta bientôt une nouvelle : en présence de Guillaume, abbé de l’Isle et de Guillaume abbé de Verteuil, il donna à frère Michel, précepteur de la nouvelle circonscription, son fief de Formentar (46).
Un peu plus loin nous trouvons son petit-fils Cenebrun de Lesparre, confirmant solennellement les libéralités de sa famille envers la commanderie de La Grayanès, dans la maison de l’hôpital du Pont-Neuf de Bordeaux, ou se trouvaient rassemblés sous la présidence de Bernard-Jourdain, commandeur du Bordelais, une foule considérable de chevaliers et de chapelaines de l’Ordre de Saint-Jean (1238) (47).

Comme nous l’avons vu maintes fois se produire ailleurs, les descendants des fondateurs de cet hôpital devaient s’en montrer les adversaires et tenter de reprendre ce dont leurs ancêtres s’étaient jadis dessaisis. Dans les premières années du XIVe siècle, le noble Baron Nayquem Guillaume sire de Lesparre, disputait au commandeur de La Grayanès ses droits de seigneur haut justicier. Effrayé de la puissance de son adversaire et redoutant pour l’avenir de l’hôpital les conséquences de ce voisinage, le commandeur frère P. Guifre préféra transiger et signa, le 11 novembre 1311, un accord, en vertu duquel le sire de Lesparre devait avoir la haute justice dans le territoire limité par les croix, tandis que la basse justice resterait indivise entre lui et les Hospitaliers (48).
Une autre transaction dut être signée en 1356 entre frère R. de Lacombe et le nouveau seigneur de Lesparre, messire Sénebrun, pour fixer d’une manière définitive les limites de la commanderie (49).

§ 9. — Cunctis. — Parentis
Parentis : Département: Landes, Arrondissement: Mont-de-Marsan, Canton: Parentis-en-Born - 40

Domus Hospitalis Parentis
Domus Hospitalis Parentis

Ce membre de la commanderie de Bordeaux était situé dans le pays de Born, la plus misérable partie des Landes, tout à fait sur la côte de l’Océan. Il se composait d’un certain nombre de fiefs et des dîmes de quelques pauvres paroisses : ainsi, les Hospitaliers possédaient dans la paroisse de Lit, la seigneurie de Cunctis, dans celle de Sainte-Eulalie, le territoire de Gessis, dans celle de Saint-Paul, le domaine de Leys, dans celle de Salle, le fief de Billos ; ils percevaient les dîmes de Parentis et de Sanginet, petite localité « dont les terres sont sujettes aux sables de la mer, » lisons-nous dans les procès-verbaux de visite ; ils avaient enfin la petite chapelle de Burgaud, bâtie au milieu des bois, sur la paroisse de Pontens.
A ce membre avaient été adjoints pendant un certain temps ceux de Geys et de Bouchet, situés en pays de Bigorre et nous avons eu l’occasion de parler des difficultés que ces possessions créèrent au commandeur de Bordeaux.

Nous avons vu plus haut comment cette petite circonscription, fondue dans celle de Bordeaux, en avait été disjointe au XVe siècle, réunie à celle de Cazalis et comment enfin elle fut restituée à son premier état par le Grand-Prieur Pons de Maleville (1485) (50).


1° Liste des commandeurs du Temple de Bordeaux. Templiers
1167. Pierre de Saint-Jean.
1170. Raymond-Wilhelm de Fronsac.
1294. Hélie Amanieu.
1298. Guillaume de Mayrenetz

Hospitaliers :
1321-1353. Pierre d’Arbussac.
1370-1377. Arnaud-Bernard Ebrard.
....-1330. Dorde Ymbard.
1385-1392, Arnaud de la Col.
1399-1423. Gaillard de Montet.
1426-1439. Folquet de Valat.
1441-1467. Jacques de Brion.
1467-1470. Salvat de Sorhocle.
1473-1480, Antoine de Murat.
1482-1486. Guy de Moutarnal.
1487-1492. Oddet de las Graulas
1496-1516. Jean de Valon.
1521-1522. Raymond de Riol.
1526-1533. Oddet de Massas.
1540-1547. Claude de Gruel Labourel, Grand-Prieur de Toulouse.
1558-1574. François de Gozon-Mélac.
1582-1597. Gabriel d’Abzac de la Donze.
1599-1603. Pierre de Roquelaure Saint-Aubin.
1606-1626. Bernard de Mélignan-Treignan.
1626-1636. Pierre de Merles-Bauchamp.
1640-1642. Jean d’Arpajon.
1661-1665. Jacques de Pichon.
1669-1688. Jean de Montet.
1690-1692. Alexandre de Villeneuve-de-Vence-Grolière.
1695-1696. Jacques de Noailhan.
1697-1710. Claude de Moreton-Chabrillant.
1737-1752. François de Piolenc, Grand-Prieur de Saint-Gilles.
1759-1765. Pons-François de Rosset-Rocozel.
1780-1789. Le bailli de la Tour.

2° Liste des Commandeurs du l’Hôpital Saint-Jean de Bordeaux
1100-1140. Adhémar. (Environ)
....-1192. Pierre de Saint-Cyrice.
1222-1229. Pierre de Loupe.
....-1236. Bertrand de Saint-Julien.
....-1295, Raymond de Savigmac.
1303-1307. Wilhelm Faur.

3° liste des commandeurs du membre de Cadarsac
....-1319. Guillaume-Pierre Ossonis.
1390-1392. Borde Ymbard.
....-1451. Jean Mersey.
1467-1492. François de Gardère.
1498-1512. Pierre de Ribon.

4° Liste des Commandeurs de Lalande
11... Adhémar.
1192. Pierre de Saint-Cyrice.
1200. Hélie, prêtre.
1202. Gancelin du Borc.
1318 1324. Guillaume de Chavanon.
1377-1380. Guilham-Arnaud de Grézinhac.
1380-1389. Jean Fornier.
Réunion de Lalande à Bordeaux

5° Liste des Commandeur du membre de Lalande
1499-1506. Pierre de Ribon.

6° Liste des commandeurs de Marcenais
1239. Raynaut.
1250-1279. Wilhelm de Pairessac.
1322-1340. Jean de Tortorel.
1340-1341, Soubiran de Rivalz.
1365. Robert de Vilarès.
1379-1380, Bernard Bacquart.
1415-1421. Amaniou de Montbrun.

7° Liste des Commandeurs du membre de Saint-Michel-de-Rivière
1223. Arnoul.
1232. Hélie de Barzac.
1318-1338. Stulte de Riaterio

8° Commandeur du membre de Queynac
1232. Wilhelm Blenz.


9° Liste des Commandeurs de Sallebruneau
1303-1315. Pierre-Raymond de Savignac.
1325-1326. Wilhelm-Pierre d’Orsière.
1349-1356. Bertrand de Gaïlargues.
1359-1360. Bernard d’Orsas.
1370-1392. Arnaud de Ranulphe.
1397-1416. Gaillard de Montet.
....-1151. Hélie du Luc.
1470-1477. Jean Taren.
1477-1480. Antoine de Murat.
1480-1494. Bernard de Gros.

10° Liste des Commandeurs du membre de Buchs
1280. Arnaud de Saverdun, prêtre.
1315. Raymond de Migunh.
1329. Pierre de la Font, prêtre.
1385. Jean de Quamhiac.

11° Liste des commandeurs de Bénon
Vers 1160. Wilhelm de Lume.
Vers 1180. Wilhelm d’Artigues.
1215. Ranulphe.
1219. Hélie de la Rivière.
1221. Bernard des Mons.
1332 1335. Guillaume Argentiers.
1376-1379. Arnaud Carbat.

12° Liste des Commandeurs de La Grayanès
1190. Michel.
1295. Raymond de Sert.
1311. Pierre Guifre.
1356. Raymond de Lacombe.

13° Commandeur du membre de Benon
1511. Jacques de Lauzière.

14° Commandeur de Cunctis et Parentis
1328. Guillaume Ferrand.

Commanderie d’Arcins

§ I. — Arcins
Département: Gironde, Arrondissement: Lesparre-Médoc, Canton: Listrac-Médoc - 33

Domus Hospitalis Arcins
Domus Hospitalis Arcins

De l’hôpital Saint-Jean de Bordeaux dépendait jadis une seigneurie importante, située dans cette partie du Médoc, enserrée entre l’Océan et le large lit de la Gironde, qu’on désigne sous le nom de pays d’entre d’eux mers. C’était Arcins. Les origines de cet établissement nous sont inconnues et les archives ne commencent à en parler que lorsque l’étendue de la commanderie de Bordeaux, après la suppression de l’Ordre du Temple, força à la fractionner, en créant celle d’Arcins.

Le premier chevalier pourvu de cette commanderie, Arnaud de Sicard, eut tout d’abord à soutenir une lutte assez sérieuse pour le maintien de ses droits. Il s’agissait de la juridiction de la ville d’Arcins, dont les Hospitaliers, avaient joui dès le principe, et que voulait leur disputer un de leurs plus puissants voisins, le chevalier Ponset, seigneur de Castillon.
Pour mettre fin à de longs débat, les deux parties conclurent, le 25 mars de l’année 1335, à Bordeaux, une transaction, par laquelle le commandeur consentait à exercer, par indivis avec son compétiteur, la haute justice à Arcins, au moyen d’un juge et d’un bailli communs, et à partager les amendes et les confiscations ; mais il se réservait expressément la moyenne et la basse justice, les honneurs, les prérogatives, le monopole de la vente du vin pendant un mois de l’année, et le droit de fixer les poids et les mesures dans cette juridiction : le seigneur de Castillon promettait en outre de n’exiger des habitants d’Arcins, ni service militaire, ni serment de fidélité et de ne faire bâtir ni château, ni forteresse, ni prisons sur ce territoire. Cette transaction, soumise par le commandeur au chapitre provincial, fut approuvée et confirmée par le Grand-Prieur Aycard de Miramont, qui apposa son sceau au bas de cette charte (1).

Pendant que les chevaliers étaient occupés à fixer aussi leurs droits respectifs, les habitants d’Arcins crurent l’occasion favorable pour faire consacrer les privilèges dont ils jouissaient à cette époque, soit par coutume, soit par suite de concessions ; ils en dressèrent une déclaration qu’ils présentèrent à leurs seigneurs. Nous y voyons, entre autres choses, qu’ils ne devaient que deux journées de corvées pour les travaux de la vigne et les réparations du château ; que toutes les affaires, portées devant le tribunal, devaient être soumises à un jury choisi parmi les habitants. Les seigneurs, accédant aux désirs de leurs vassaux, ratifièrent la précédente déclaration et confirmèrent tous ces privilèges (2).

La création de la commanderie d’Arcins souleva, peu de temps après, un assez violent orage au sein même de l’Ordre. L’un des chevaliers pourvus de la nouvelle circonscription étant mort et le Grand-Prieur de Toulouse n’ayant pas nommé immédiatement son remplaçant, l’occasion dût sembler favorable au commandeur de Bordeaux, Arnaud-Bernard Ebrard, pour s’insurger contre une mesure qui avait diminué l’importance de ses domaines ; profitant de cette vacance, il ressaisit la seigneurie d’Arcins. Cette usurpation ne fut pas réprimée immédiatement, et le chevalier Arnaud-Bernard commençait déjà à se flatter d’un succès définitif lorsqu’arriva un des chevaliers les plus considérés du Grand-Prieuré, Jean des Affaires, qui, sa bulle de nomination à la main, prit possession du château et de toute la commanderie d’Arcins, malgré les efforts de son compétiteur. Ce dernier, se confiant aux protections nombreuses et puissantes qui lui étaient acquises au sein de la cour pontificale, vint porter l’affaire aux pieds du pape Grégoire XI, exposant qu’il avait été dépouillé violemment par son adversaire de cette commanderie, don il jouissait depuis plusieurs années et qui avait de tout temps dépendu de Bordeaux. Le Pontife, cédant aux sollicitations du cardinal Guillaume et de plusieurs autres prélats, chargea maître Robert de Staccon, chanoine de Lincoln, chapelain et auditeur des causes du Palais apostolique de faire une enquête à ce sujet ; il ordonna, en attendant, à l’abbé de Sainte-Croix, de Bordeaux, et au doyen de Saint-Sernin, de Toulouse, gardien des privilèges de l’Ordre dans le Grand-Prieuré de Toulouse, de remettre provisoirement le plaignant en possession de la commanderie d’Arcins. Cette bulle est datée d’Avignon, le 15e des kalendes de septembre, 7e année du Pontificat (19 août 1377) (3). En présence de cet ordre, le chevalier Vital de Batz, procureur de Jean des Affaires, fut obligé, malgré ses protestations, de rendre le château d’Arcins au délégué d’Arnaud-Bernard (4). Mais ce ne fut pas pour longtemps ; les prétentions du commandeur de Bordeaux ne purent résister à l’évidence du droit de son compétiteur, que nous retrouvons dans la suite gouvernant paisiblement la circonscription d’Arcins.

Les archives de cette commanderie, peu riches en documents intéressants, ne nous permettent de mentionner que les attaques dirigées contre les droits de l’Ordre à la fin du XVIe siècle, par un homme puissant du voisinage ; messire de Barraud, capitaine de 50 hommes d’armes et sénéchal du Bazadois, voulut arracher de vive force au commandeur les dîmes de Lugaignac et de Saint-Aubin. Trop faible pour lutter, le chevalier René de Chabaud-Tourette, porta ses plaintes au Parlement de Bordeaux, qui, par un arrêt rendu le 8 juillet 1596, défendit au turbulent sénéchal de molester à l’avenir le commandeur dans la perception de ses dîmes, sous peine de
1,000 livres d’amende (5).

Le château d’Arcins dût subir quelque désastre pendant le cours du moyen-âge ; depuis fort longtemps il ne servait plus de résidence aux commandeurs, qui habitaient de préférence leur citadelle de Montarouch. Les procès-verbaux de visites ne nous signalent dans la ville qu’une habitation assez modeste, où était établi le vicaire perpétuel.

D’Arcins dépendaient plusieurs membres importants situés assez loin du chef-lieu de la commanderie, soit sur l’autre rive de la Gironde, soit dans les déserts des Landes, provenant pour la plupart, des anciennes circonscriptions du Temple de Bordeaux et de l’hôpital Saint-Jean de la même ville.
1. Archives de la commanderie d’Arcins, L. II.
2. Archives de la commanderie d’Arcins, L. II.
3. Archives de la commanderie d’Arcins, L. I.
4. Archives de la commanderie d’Arcins, L. I.
5. Archives de la commanderie d’Arcins, L. III.


§ 2. — Montarouch
Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Canton: Targon, Commune: Saint-Léon - 33

Domus Hospitalis Montarouch
Domus Hospitalis Montarouch

Dans cette fertile portion du Bazadois, comprise entre la Gironde et la Dordogne, se trouvait jadis une petite place forte dominée par un sévère donjon, au sommet duquel flottait l’étendard des chevaliers de Saint-Jean ; elle dépendait de la commanderie d’Arcins, malgré la distance qui séparait ces deux localités. Les Hospitaliers avaient construit cette forteresse, et elle était devenue leur résidence de prédilection dans le Bordelais. Mais tout ce que nous savons de la première période de l’histoire de Montarouch, se borne à ces indications sommaires, la plus grande partie des anciennes archives ayant péri dans un désastre, qu’eût à subir cette petite place au début de son histoire.

Au commencement du XIVe siècle, cet établissement fut en butte à une violente agression. Noble Pierre de Greyhn, vicomte de Bénauges, descendant, peut-être, d’anciens bienfaiteurs de l’Ordre, voulut se rendre maître de cette place, sur la seigneurie de laquelle il élevait les prétentions les plus ardentes et les moins justifiées. A la tête de la troupe nombreuse de ses hommes d’armes, il surprit la faible garnison de Montarouch, envahit la ville, le donjon, qu’il livra au pillage ainsi que l’église. A la nouvelle de cet attentat, Pierre d’Arbussac, Commandeur de Saint-Jean de Bordeaux, s’empressa de déposer une plainte contre son puissant adversaire. Mais, retenu, par des relations amicales avec l’accusé, ou par la crainte des représailles de ce fougueux baron, l’official de Bordeaux refusa de recevoir la plainte du commandeur et de poursuivre le coupable. Voyant qu’il ne pouvait obtenir justice, Pierre d’Arbussac s’adressa au pape Clément V. Ce dernier, par une bulle, datée d’Avignon, le 3e jour des Nones de juin de la 2e année du pontificat (2 juin 1306), chargea les abbés de Sainte-Croix, de Bordeaux, et de Saint-Sauveur, de Blaye, d’aller excommunier, en son nom, le terrible vicomte de Benauges (1). L’absence complète de documents relatifs à la période antérieure vient confirmer les détails fournis par cette bulle ; car ce doit être dans l’incendie et le pillage du château des Hospitaliers que furent détruites les anciennes chartes de Montarouch.

Cette tentative ne fut pas la seule que les membres de cette famille firent contre la seigneurie des Hospitaliers à Montarouch. Seulement, instruits par l’expérience, les descendants du vicomte Pierre de Bénauges se gardèrent de recourir aux moyens violents employés par leur ancêtre. Leurs efforts furent vains et les commandeurs continuèrent à exercer leurs droits de seigneurs hauts justiciers de Montarouch, tout en reconnaissant une sorte de suzeraineté à leurs voisins ; ainsi les habitants, condamnés par le tribunal des Hospitaliers à une peine corporelle, devaient être remis aux officiers des comtes de Bénauges, qui procédaient à l’exécution en dehors des croix de la commanderie (2).

Peu de temps après ces évènements, lors de la nouvelle organisation de leurs vastes possessions du Bordelais, les chevaliers de Saint-Jean établirent à Montarouch le chef-lieu d’une commanderie, ayant comme dépendances Saint-Genys-du-Bois, le Temple de Blézignac, Cantois et à laquelle fut réunie dans la suite celle de Villemartin
Vers la fin du XIVe siècle, les commandeurs de Montarouch, en lutte avec l’autorité diocésaine, recoururent contre elle au Saint-Siège. Il s’agissait de l’église de Blézignac, que, contrairement aux prérogatives de l’Ordre, l’archevêque de Bordeaux avait visité
dans le cours d’une de ses tournées pastorales. Le Précepteur, ayant protesté contre cette infraction et refusé au prélat le droit de visite qu’il réclamait, une sentence d’excommunication fut fulminée contre lui. Mais le chevalier ne s’en émut guère et le Grand-Maître, saisi de l’affaire, porta sa plainte au pape Urbain V, qui, confirmant les immunités accordées à l’Ordre de Saint-Jean par ses prédécesseurs, leva l’excommunication lancée par l’Archevêque et donna l’absolution au Précepteur (1390) (3).

Nous ne nous arrêterons pas sur les procès continuels que les commandeurs de Montarouch eurent à soutenir contre leurs voisins, les abbés de la Sauve. La fin du XVe siècle vit la suppression de la commanderie de Montarouch, qui fut adjointe avec toutes ses dépendances à celle d’Arcins.

Quels étaient les ennemis qui inspiraient de l’ombrage et de la crainte à Pierre de Montluc, commandeur d’Arcins ?
Nous l’ignorons : nous savons seulement que, « par doubte de plusieurs personnes, ses hayneulx et malveillans, » il demanda et obtint pour Montarouch la sauvegarde royale. Par lettres de la chancellerie de Bordeaux du 13 juillet 1538, François Ier prenait le commandeur et la commanderie sous sa protection spéciale et ordonnait à tous ses justiciers de les défendre de toutes injures, griefs, menaces, oppressions, molestations, de force d’armes, de puissance de lays et de toute autre inquiétation ou nouvelletés induees (4). Il est probable que, grâce à ces précautions, l’orage redouté fut conjuré, si on en peut juger par le silence des archives à ce sujet.

La forteresse de Montarouch était du reste une position importante sous le rapport stratégique, grâce à ses solides murailles et à son assiette, commandant la plaine fertile qui s’étendait à ses pieds. Le maréchal de Biron, chargé par le Roi de défendre la Guyenne contre les Huguenots, comprit l’importance de ce poste et le prix qu’il devait attacher à sa conservation. Les chevaliers de Saint-Jean, retenus loin de leurs commanderies, ne pouvaient être d’aucune utilité dans ce moment-là et le château de Montarouch, ainsi abandonné sans défense, ne devait pas tarder à être enlevé par les protestants, qui s’y seraient créé un posteavancé très inquiétant pour toute la contrée voisine. Par ses lettres datées de Bordeaux, du 16 mai 1580, le maréchal nomma au commandement du château de Montarouch Guillaume, Mandollet, marchand de la ville, en qui il avait reconnu une fidélité à toute épreuve et une aptitude militaire suffisante, en lui allouant la somme de 13 escus 1/3 par mois, à prendre sur les revenus de la commanderie, pour la solde de 4 hommes d’armes.
Le nouveau capitaine de la place de Montarouch se montra à hauteur de la mission qu’on lui avait confiée et la remplit avec zèle et dévouement. Averti de l’approche et des projets des Huguenots, il entretint à ses dépens une nombreuse garnison et protégea Montarouch contre toute surprise, jusqu’au 1er janvier 1581, jour où la signature de l’Edit de Pacification vint suspendre les hostilités. Ces détails nous sont transmis par une déclaration publique de ses états de service, que se fit donner le belliqueux marchand avant de reprendre sa vie pacifique dans sa calme boutique de Bordeaux (5).

Si, grâce à ces précautions, la ville de Montarouch put être préservée pendant toute la durée des guerres de religion, elle a pourtant un désastre militaire à enregistrer dans la dernière période de son histoire. C’était en 1650, pendant les troubles de la Fronde, alors que le prince de Condé avait levé l’étendard de la révolte et fait de son gouvernement de la Guyenne le centre de l’insurrection. À la tête d’une armée nombreuse, un de ses lieutenants vint occuper tout le pays compris entre la Garonne et la Dordogne ; après avoir passé le mois de juillet à Brane, il avait au mois d’août transporté son quartier général à Créon, localité voisine de Montarouch.

Comme il arrivait toujours en pareille occasion, la désolation de toute la contrée était la conséquence de cette réunion de troupes ; les gens de guerre, les picoreurs, faisaient des courses dans les environs, pillant et ravageant tout. Pour sauver ce qui leur restait, les paysans de la campagne environnante vinrent supplier le chevalier de Mervila, commandeur de Montarouch, de leur permettre de se réfugier dans son château avec leurs bestiaux et leurs meubles. La permission leur ayant été accordée, la solitude se fit dans toute la campagne et les coureurs de picorée, se trouvèrent ainsi frustrés du riche butin qu’ils convoitaient. Trompés dans leurs espérances, ils se réunirent en grand nombre contre la place de Montarouch.

Les forces des assaillants étaient trop considérables pour que la petite garnison put défendre pendant longtemps les murailles de la ville et elle dût se replier dans l’intérieur du château.

Les picoreurs attaquèrent la citadelle de plusieurs côtés à la fois ; pendant qu’une partie mettait le feu à la porte principale, d’autres pénétrant par l’église découvrirent une poterne dérobée qui conduisait au château et par où ils firent irruption, prenant ainsi les défenseurs entre deux feux. Ce fut le signal d’un pillage général. Après avoir ramassé tout le butin qu’ils purent trouver, dépouillé même de leurs vêtements les habitants et les soldats et laissé en chemise le chevalier de Mervila,
qui avait été blessé d’un arquebusade à la main pendant l’action, les ennemis se retirèrent, semant après eux la ruine et la désolation (6).

Toutefois il ne paraît pas qu’ils aient détruit les défenses de la place, puisque nous lisons dans les procès-verbaux des visites de la commanderie, au XVIIIe siècle, que « le chasteau de Montarouch estoit basti de bonnes murailles en pierre de taille avec basse-cour environnée de murailles à crénaux fermant par un grand portail vis-à-vis le pont (7) » Le commandeur de Montarouch possédait aussi dans le principe une autre demeure féodale à Saint-Genis-du-Bois en Bénanges ; mais ce n’était qu’une ruine sans importance au XVIIIe siècle.
Voici la description que nous en donne le procès-verbal de la visite de 1707.
« Le commandeur possède à Saint-Genis une maison peu considérable sur un terrain eslevé, appelé la Motte, qui estoit environné de fossés ; il n’y a point de danger d’usurpation ; à cause que ce lieu est fort eslevé, cette maison n’est pas habitée, ni guères habitable (8). »
1. Archives de la commanderie de Moutarouch, L X
2. Archives de Moutarouch, L IX.
3. Archives de Montarouch, L. X.
4. Archives de Montarouch, L.
5. Archives de Moutarouch, L. III.
6. Archives de Moutarouch, L. III.
7. Registre des visites générales.
8. Archives de la commanderie d’Arcins, L. VI.


§ 3. — Villemartin
Département: Gironde, Arrondissement: Libourne, Canton: Castillon-la-Bataille, Commune: Mouliets-et-Villemartin - 33

Domus Hospitalis Villemartin
Domus Hospitalis Villemartin

C’était un des plus anciens établissements de l’Ordre de Saint-Jean dans cette contrée. L’histoire de ses origines nous est fournie par un vieux et remarquable cartulaire, conservé dans ses archives. L’écriture de ce manuscrit semble lui assigner pour date le milieu du XIIIe siècle. Malheureusement, si nous y trouvons des indications précieuses, celles des dates y font absolument défaut ; quoiqu’il soit impossible de combler cette lacune d’une manière précise, nous allons tâcher d’y suppléer par induction en nous aidant des renseignements fournis.

Dans la première partie du XIIe siècle, la paroisse de Villemartin dépendait du prieuré de Bellefont situé dans le voisinage.
Ainsi que nous avons eu l’occasion de le faire observer ailleurs, on vit fréquemment à cette époque les moines ou les prêtres, désirant témoigner leurs sympathies envers ces chevaliers consacrés à la délivrance du Saint-Sépulcre, se dépouiller en leur faveur d’une partie de leurs biens ou de leurs bénéfices et participer ainsi, autant qu’il était en eux, aux charges de la guerre Sainte. Raymond Martin, Prieur de Bellefont et le chapitre de ce monastère suivirent cet exemple et donnèrent à Wilhelm de Beliac, religieux de l’Ordre de l’Hôpital, leur chapellenie de Villemartin, avec tout ce qu’ils possédaient dans la paroisse de Molieds (1).

Bientôt après les Hospitaliers purent ajouter un domaine temporel au pouvoir spirituel qui venait de leur être donné sur cette paroisse. Le seigneur Pierre Arnulphe, se trouvant à Jérusalem, probablement pendant une des croisades, n’ayant peut-être plus de ressources pour continuer cette expédition et entretenir ses hommes d’armes, donna ou plutôt vendit pour la somme de 125 sols aux chevaliers de Saint-Jean son fief de Villemartin. L’un des témoins de la donation précédente, Vigarous de Villemartin, fils sans doute du seigneur Pierre Arnulphe, vint à son tour donner à l’Ordre de Saint-Jean, avec toute sa terre, sa personne et celle de sa femme, qui consentait à devenir soeur de l’hôpital : nous le retrouvons dans la suite à la tête de la commanderie, dont ses libéralités avaient assuré la prospérité. Les Hospitaliers s’occupèrent de leur côté a arrondir leur domaine de Villemartin, en cédant aux moines de Bellefont certains fiefs éloignés, en échange de ceux qu’ils possédaient encore dans ce territoire.

Les possessions de l’Hôpital ne tardèrent pas à s’étendre dans tout le voisinage. Voici d’abord la noble dame, Na Pélegrine, qui donne entre les mains du précepteur Marestanz les terres et les bois qu’elle possédait à Poujols, se réservant le droit d’être reçu dans l’Ordre, quand elle s’y présenterait, et de fixer alors sa résidence à Paulhac ou à Sallebruneau ; elle promettait encore de léguer, à sa mort, la dîme et le moulin de Frontenac
Après elle, une autre bienfaitrice de l’Ordre, dame Marie Flama, donnait tout ce qu’elle possédait dans la paroisse de Mouliez et recevant des mains du précepteur la somme de 410 sols.
Pendant que, d’un côté, Aymeric de Castillon cédait aux Hospitaliers toute sa seigneurie d’Auriole, un autre baron de la contrée, Sénébrun de Laviniag, leur donnait le quart de la dîme de Julliac.

Citons encore la charte, par laquelle Peirud et sa femme Pétronille se déclarent vassaux de l’Hôpital, à qui ils font donation d’une partie de leurs terres, à la condition que leur fils sera gratuitement reçu dans l’Ordre, quand il aura atteint l’âge de discretion.
Et celle où Arnaud de Verneuil se donne à l’Ordre, avec ses terres et ses biens, « en se réservant toutefois de jouir de ces derniers tant qu’il le voudra et d’être reçu dès qu’il en manifestera le désir, pourvu qu’il soit catholique. »

En parcourant la suite de ce cartulaire, nous voyons des orages interrompre cette prospérité et la maison de Villemartin être en butte aux attaques violentes de quelques seigneurs du voisinage. Ces attaques, nous les connaissons par les réparations que venaient faire peu de temps après leurs auteurs ; poussés par les remords, ils finissaient par avouer leurs crimes et par implorer le pardon de leurs victimes. Transportons-nous tout d’abord dans l’église de l’abbaye de Saint-Frémier, vers les premières années du XIIIe siècle, nous y trouvons le noble et puissant baron Helie de Rudel, seigneur de Bergerac et de Gensac, en présence de l’abbé et des religieux de ce couvent, venant reconnaître « qu’il s’est rendu coupable envers l’Ordre de Saint-Jean de beaucoup d’injustices et de violences, qu’il lui a fait tort pour au moins 10 mille sols » ; en réparation, il donne au « chevalier Wilhelm-Amanieu de Bouglon, précepteur des maisons de l’Hôpital dans le Bordelais, la dîme entière de la paroisse de Poujols ; il promet de plus, pour lui et ses descendants, de protéger cet établissement contre tous ses ennemis ; ce serment, il le prononçe la main étendue sur les reliques de Saint-Fremier.
Un peu plus loin, le cartulaire nous montre dans l’église de l’hôpital Saint-Machaire, hors des murs. Pierre de Gavared, vicomte de Bédaunès, reparer les torts et les depredations dont il s’était rendu coupable envers les Hospitaliers de Villemartin, en leur donnant la jouissance d’une rente de 50 sols, que lui faisaient annuellement les habitants d’Auleds, jusqu’à concurrence de 730 sols ; il jure de plus, sur les saints Evangiles, sur l’autel de l’apôtre saint Jacques et sur l’étendard de la Croix, de les défendre et de les protéger à l’avenir. Cette réparation solennelle avait pour témoins W. de Gombaud, abbé de Sainte-Croix de Bordeaux, Raymond de Ségur, abbé de Blasimont, Raymond de Bédad, abbé de Saint-Fremier, Sans, Prieur de la Réolle, W. Amanieu de Bouglon, précepteur du Bordelais, et Arnaud de Loissag, précepteur de Villemartin. La présence de ces différents personnages nous permet de conclure, d’après le Gallia Christiana, que la cérémonie dont il s’agit eut lieu vers l’an 1220 (2).

Enfin, nous lisons à la page suivante que Pierre, vicomte de Castillon, vint, comme les précédents, avouer ses torts envers la maison de Villemartin et implorer son pardon du Précepteur, auquel il remit à titre de réparation, la somme de 100 sols.

Mentionnons également la donation de l’église de Saint-Sernin de Mauriac qui fut faite à l’hôpital de Villemartin, par G. évêque de Basas, assisté de son chapitre. Comme le cartulaire ne nous fournit que l’initiale du nom du donateur, nous ne pouvons parvenir à le désigner d’une manière plus précise, quatre prélats, dont les noms commencent par cette lettre, ayant occupé le siège de Bazas pendant le XIIe siècle (3).

Les Hospitaliers ne possédaient à Villemartin que de simples bâtiments d’exploitation. Ils songèrent à se procurer un lieu de refuge en temps de guerre. Pour éviter les dépenses de la construction d’une demeure féodale, ils acquirent un emplacement dans l’intérieur de la forte place de Castillon, dont ils n’étaient séparés que par la Dordogne, et l’inféodèrent à un habitant qui s’engagea à y construire une demeure dont ils lui fourniraient les matériaux et où ils se réservaient la faculté de se retirer, si, par suite des hostilités, la campagne ouverte devenait inhabitable (1222) (4).

Malgré toutes les donations que nous venons de rapporter, les Hospitaliers ne possédaient pas en entier la seigneurie de Villemartin. Les seigneurs de Pujols en avaient conservé une partie, ce qui amenait de temps à autres des conflits. Au commencement du XIVe siècle, une lutte existait à ce sujet entre le Guillaume-Raymondde Gensac, damoiseau, seigneur de Pujols et Bertrand de Savignac, chevalier, précepteur du Bordelais. Pour mettre un terme à tous ces débats, les deux parties résolurent de profiter du passage à Toulouse du Grand-Prieur de Saint-Gilles, Draconet de Montdragon, pour demander son arbitrage et en arriver à une transaction définitive. En effet, le 29 septembre de l’année 1305, ce dernier leur soumit un projet d’accord, d’après lequel la juridiction devait être indivise et exercée par des baillis et des sergents communs, les amendes et les confiscations partagées également entre eux ; si un habitant était condamné à une peine corporelle, il devait être livré aux officiers du seigneur de Pujols, qui devaient exécuter la sentence en dehors des limites de la Commanderie. Ces conditions, ayant satisfait les deux parties, furent consignées dans une charte solennelle où le baron et le précepteur apposèrent leurs sceaux à côté de celui du Grand-Prieur (5).

Cette transaction régla en effet pendant longtemps les droits respectifs des deux conseigneurs de Villemartin. Dans la suite, soit par négligence, soit par générosité envers l’Ordre de Saint-Jean, la famille des seigneurs de Pujols laissa tomber les siens en désuétude, comme nous l’apprennent les procès-verbaux des visites de la Commanderie.
De sorte que les chevaliers se trouvèrent à la fin seuls seigneurs temporels et spirituels de cette localité et de son territoire.

Ici, comme partout ailleurs, les questions de limites de territoires formèrent une inépuisable source de procès et de débats. Malgré un premier arbitrage qui fut prononcé en 1404 entre l’abbé de la Sauve, le doyen du chapitre de Saint-Emilion, le chantre, de celui de Basas, le prieur de Pont-d’Aurat, le recteur de Moliedz et le précepteur de Villemartin, à ce sujet (6), ces mêmes difficultés durent se reproduire peu de temps après ; car nous voyons Barthélémy de la Fage, prévôt de
Pujols pour le roi d’Angleterre
, venir, le 21 février 1431, à la requête du commandeur Pierre de la Coste, planter les croix et bornes de la terre et seigneurie de Villemartin (7).

Comme nous l’avons vu par ce qui précède, les Hospitaliers avaient établi, dès le XIIe siècle, une commanderie à Villemartin. Cette circonscription subsista jusqu’au milieu du XVe siècle, époque où elle fut fondue dans celle de Montarouch, pour passer peu de temps après, avec cette dernière, dans la commanderie d’Arcins.
1. Pièces justificatives n° LXXXVI.
2. Ce qui précède nous permet de compléter les indications fort sommaires que nous fournit le Gallia Christiana sur les deux abbés de Blasimont et de Saint-Frémier.
3. Pièces justificatives.
4. Archives Villemartin, cartulaire, L I.
5. Archives de Villemartin, L. III.
6. Archives de Villemartin, L. IV.
7. Archives de Villemartin, L. IV.


§ 4. — Saint-Avit de Soulège
Département: Gironde, Arrondissement: Libourne, Canton: Pineuilh, Commune: Saint-Avit-de-Soulège - 33

Saint-Avit de Soulège
Domus Hospitalis Saint-Avit de Soulège

Sur les limites occidentales du diocèse d’Agen, dans la sénéchaussée de Libourne, à une lieue de Sainte-Foy-la-Grande, se trouvait une dépendance de la petite commanderie de Villemartin. Si nous la mentionnons à part, c’est parce que ses archives nous font connaître une lutte très vive, que sa possession souleva dans le sein de l’Ordre et dont il n’est pas sans intérêt de dire un mot ici.
Plusieurs fois, dans le cours du moyen-âge, les Souverains Pontifes, protecteurs naturels de l’Ordre de Saint-Jean, avaient tenté de disposer de ses bénéfices et de les conférer à des religieux de leur choix. Par respect pour le Saint-Siège, par reconnaissance pour les bienfaits qu’ils en avaient reçus et pour ne pas s’aliéner leur faveur dans l’avenir, quelques Grands-Maîtres avaient subi en silence ces tentatives contraires à leurs propres droits et aux statuts de l’Ordre ; mais souvent aussi le conseil suprême avait fait entendre de respectueuses et fermes protestations et pris ses mesures pour mettre un terme à ces abus. Plus d’une fois l’on put voir des bénéfices disputés par les concurrents qui tenaient chacun leur nomination de l’une de ces deux autorités. C’est ce qui se produisit en 1519 pour Saint-Avit de Soulège.
Le chevalier Gaillard de Chasteauneuf avait obtenu de l’autorité pontificale sa nomination à la commanderie de Saint-Avit ; le commandeur d’Arcins, voulant mettre un terme à ce qu’il regardait comme une usurpation, fit approuver par le chapitre provincial le choix qu’il avait fait pour ce poste de frère Jean Arnaud, prêtre de l’Ordre. Ce dernier, après avoir pris possession de son bénéfice, n’en jouit pas longtemps tranquillement ; car le chevalier de Chasteauneuf n’entendait pas céder ce qu’il considérait comme son droit et recourut même à la violence pour dépouiller son compétiteur. L’affaire fut portée devant le sénéchal de Guyenne, qui, en consacrant les droits de frère Jean Arnaud, donna gain de cause à l’Ordre de Saint-Jean contre la cour de Rome dans cette question de la collation des bénéfices (1).
1. Archives de Saint-Avit, L. I.

§ 5. — Pécorade
Département: Landes, Arrondissement: Mont-de-Marsan, Canton: Saint-Sever - 40

Domus Hospitalis Pécorade
Domus Hospitalis Pécorade

Franchissons maintenant le pays désolé des Landes et transportons-nous dans la partie méridionale du diocèse d’Aire.
On trouve, à une petite distance de cette dernière ville, la paroisse de Pécorade qui, avec son annexe de Castelnau-en-Chiusan, formait jadis une dépendance de la commanderie d’Arcins. Les documents ne disant rien des origines de cet établissement des Hospitaliers, nous devons nous contenter d’une courte note écrite en tête de l’inventaire de ses archives.
Nous y lisons que l’Ordre de Saint-Jean jouissait des dîmes et des prémisses du territoire de Pécorade depuis plusieurs siècles ; que les terres, situées autour de cette église, étaient le patrimoine de l’Hôpital, et qu’elles furent données par les religieux en emphytéose aux habitants des campagnes avoisinantes, qui vinrent s’y fixer Telle fut l’origine de la paroisse de Pécorade.

Ce premier essai ayant réussi et Pécorade ayant été érigée en commanderie, un des chevaliers pourvus de cette circonscription, Arnaud de Clarac, résolut, vers le commencement du XIVe siècle, de continuer à marcher dans cette voie. De son domaine dépendait une seconde église, située dans un territoire encore désert et inculte. Ces terres, il les distribua aux habitants du voisinage, qui consentirent à y transporter leur résidence ; et, en peu de temps, l’église de Castelnau devint le centre d’une assez importante agglomération de feudataires de l’Ordre. Mais, soit que le chevalier de Clarac eût négligé de stipuler avec assez de soin les redevances qu’il exigeait, soit qu’il n’eût pas fait approuver par ses supérieurs cet acte d’inféodation, valable seulement à cette condition, un nouveau commandeur, Vital de Saint-Salvi refusa de reconnaître ce qu’avait fait son prédécesseur comme étant illégal et contraire aux statuts de l’Ordre. Grâce à la médiation d’amis communs, qui s’interposèrent entre les religieux et les habitants de Castelnau, ces derniers obtinrent de continuer à jouir des terres en question, en s’engageant à payer annuellement au commandeur de Pécorade la redevance de quatre deniers merlans pour chaque roture de terre plus la dime des foins fauchés (1321) (1).

Par suite d’un accord conclu entre le même chevalier Arnaud de Clarac, précepteur de Pécorade, et les habitants ou quelque seigneur du voisinage, la bastide de Geaune s’éleva vers les premières années du XIVe siècle, sur les terres de l’Hôpital. Il ne parait pas du reste que les Hospitaliers aient conservé quelques droits sur cette ville, le fondateur ou les habitants ayant dû se libérer à prix d’argent, vis-à-vis d’eux, de toute redevance. Mais ils avaient conservé la propriété d’une portion du territoire entourant la ville.
En 1321, nous voyons les consuls de Geaune se rendre auprès du commandeur, et lui demander de vouloir bien céder à leur communauté, pour être distribués aux habitants ces 80 journaux de terre Vital de Saint-Salvi accéda volontiers à cette requête et, par un acte passé dans la bastide de Geaune, au mois de février, 1321, il inféoda aux consuls et aux habitants cette portion du territoire sous la censive annuelle de 4 sols par journal (2). Du reste cette ville, quoique indépendante de l’autorité des commandeurs se trouvait souvent dans la nécessité de recourir à eux, à cause de leur voisinage. C’est ainsi que, le 28 août 1380, nous voyons les jurats de la bastide de Geaune venir trouver les commissaires députés par le chapitre provincial de Toulouse et leur exposer que le moulin de la ville avait été détruit pendant les dernières guerres et que, ne pouvant le reconstruire ailleurs que sur les terres de l’hôpital, la population les avait envoyés pour solliciter l’autorisation nécessaire des chevaliers de Saint-Jean. Ces derniers consentirent à l’accorder, mettant pour condition que le commandeur aurait la faculté d’y faire moudre gratuitement son blé et n’aurait pas à payer dans l’avenir de tailles pour les biens qu’il possédait dans le lieu de Geaune (3).

La seigneurie temporelle de Pécorade et de Castelnau appartenait, non aux Hospitaliers, mais aux sires de Bahus, dont le donjon s’élevait dans le voisinage. Ce partage d’autorité ne devait pas manquer de susciter des difficultés aux commandeurs. Vers le milieu du XVe siècle, nous voyons Raymond, du Puy, précepteur de Pécorade, se présenter à la cour de Gaston, par la grâce de Dieu, comte de Foix, seigneur de Béarn, comte de Bigarre, vicomte de Marsan et de Gavardan, pour implorer sa protection contre François, seigneur de Bahus ; ce dernier venait de s’emparer par force et par violence des dîmes que l’hôpital possédait à Bahus et aux Arrotz ; prétendant qu’elles appartenaient à son hostau de Bahus comme tout le reste de la seigneurie. Après avoir fait faire une enquête sur les droits des deux parties et sur leurs allégations réciproques, le comte Gaston rendit justice au commandeur ; par sa sentence prononcée à Pau le 25 janvier 1452, il prescrivit à ses baillis de remettre ce dernier en possession de ce qui lui appartenait et enjoignit à son turbulent vassal de restituer immédiatement les dîmes enlevées, à peine de 20 marcs d’amende (4). Quelques années après, Jean de Vernède seigneur de Bahus, porta cette affaire en appel à la cour du Grand Sénéchal de Guyenne, qui, par sa sentence du 17 juin 1464, confirma la précédente. Malgré tous ces arrêts, il fallut qu’en 1690 une transaction vint mettre un terme à ces mêmes difficultés entre le commandeur Joseph Thomas de Merles-Beauchamp et Henri de Talazac, baron de Bahus (5).

La petite commanderie de Pécorade cessa d’exister vers la fin du XVe siècle et fut fondue dans celle d’Arcins. Exposé sans défense aux attaques des ennemis du dehors, son territoire fut ravagé, pendant les guerres de religion, par les Huguenots qui détruisirent de fond en comble la petite église de Saint-Jean de Morgans, annexe de cette paroisse.
1. Arhives de Pécorade.
2. Archives de Pécorade, L. II.
3. Archives de Pécorade, L. II.
4. Archives de Pécorade, L. I.
5. Archives de Pécorade, L. I.


§ 6. — Sautuges, Planquetorte ?
Sauturges : Département: Gironde, Arrondissement: Lesparre-Médoc, Canton: Le Temple - 33

Domus Hospitalis Sautuges
Domus Hospitalis Sautuges

Les Templiers possédaient, dans les solitudes de la Grande-Lande et à proximité de la mer, trois petits établissements de peu d’importance, qui, d’abord membres de la commanderie de Bordeaux, furent réunis après la suppression de leur Ordre à la nouvelle commanderie d’Arcins.

A Sautuges, les chevaliers n’avaient que la seigneurie spirituelle de la paroisse, la perception des dîmes, etc., la juridiction de cette localité appartenant au seigneur des Arretz.

Le Temple de Planquetorte ? et son annexe, Forteyron, situés dans une position analogue, constituaient une dépendance fort peu prospère de la commanderie d’Arcins.
Leur ancienne église paroissiale devint, dans la suite des temps, une simple chapelle, où le curé de Vensac était tenu, moyennant une redevance annuelle, de venir célébrer les offices divins (1).
1. Registre de visites générales.

1° Liste des Commandeurs d’Arcins
1135-1338. Arnaud de Sicard.
1357-1376. Arnaud-Bernard Ebrard.
1376-1380. Jean des Affaires.
....-1435. Menaud d’Ortier.
1477-1490. Oddet de las Graulas
1500-1501. Gabriel de Lestang de Pomeyrol.
1521-1534. Philippe de Montlezun.
1534-1535. Antoine de Pélagrue.
1535-1550, Pierre de Mansencôme de Montluc.
1530-1555. Jean de Targes.
1556-1567. Jean de Maignant de Montaigut.
1567-1579. Hélie de Cugnac-la Caussade.
1580-1590. Mathurin de Lescout-Romégas.
1590-1617. René de Chabaud-Tourette.
1624-1626. Claude de Castellane-Montméjean.
1634-1635. Jean Flottes de l’Abbadie
1638-1644. Jean-Blaise des Mons.
1649-1634. Jean-Gilles de Fongasse de la Barthalasse.
1654—1668. François de Béon-Masses Cazeaux.
1672-1676. César de Villeneuve-Beauregard.
1683 1690. Joseph de Merles-Beauchamp.
1690-1692. Louis Lebrun de Castellane de Rougon.
1694-1698. François de Glandevès-Montblanc.
1700-1712. Laurens d’Urre de Brette.
1718-1720. François de Crou Lincet.
1731-1735. Alexandre de Garnier-Saint-André.
1744-1765. François de Glandevès-Niozelles.
1780-1784. Bailli de Revel.
1785-1789. Chevalier de Montouroux.

2° Liste des Commandeurs de Montarouch
1318-1328. Guillaume de Chavanon.
1354-1371. Arnaud-Bernard Ebrard.
1403-1407. Etienne Compte.
1409-1412. Gauvainh de Latran.
1434-1435. Folquet de Valat.
1435 1436. Menaud d’Ortier.
1436-1470. Jean Morcey.

3° Liste des Commandeurs du membre de Moutarouch
1491-1504. Pierrre de Bruch.
....-1516. Raymond de Roi, Grand-Prieur de l’Eglise de Saint-Jean.
1520-1521. Jean Arnaulin.
1522-1523. Didier de Saint-Jal.
1648 1651. N. de Mervila.

4° Liste des Commandeurs de Villemartin
11.. Wilhelm de Béliac.
11.. Etienne de Sallebruneau.
11.. Bernard Jourdain.
11.. Boson de Montripla.
11.. Marestanz.
11.. André Chapelain.
11.. Donat.
1198-1200. Vigoroux de Villemartin.
1222-1225. Arnaud de Laissac.
1228-1229. Arnaud-Bemaul de Damaud.
....-1236 Bernard Bocha.
....-1295. Bernard de Maurin.
1301-1305. Pierre de Savignac.
1325 1340. Martin Olit.
1343-1362. Bertrand Vacquart.
1364-1380. Arnaud de Cazaux.
1383-1384. Arnaud Faur.
1389-1391. Vital del Bosc.
....-1397. Bernard de Seyches.
1401-1417. Raymond du Rieu.
1429-1448. Pierre de la Coste
1448-1449. Menaud de Ruthie.

En 1450, réunion de Villemartin à Arcins.

5° Liste des Commandeurs du membre de Saint-Avit-de-Solèges
....-1397. Jean Cabrol.
1473-1478. Laurens de la Salle.
1487-1519. Gailhard de Chasteauneuf.
1519-1524. Jean Arnaud.

6° Liste des Commandeurs de Pécorade
1299-1300. Arnaud de Clarac.
1320-1321. Vital de Saint-Salvi.
....-1346. Bernard de Cossin.
1431-1453. Raymond du Puy.
1461-1484. Fortanier de Merlan.

En 1490, réunion de Pécorade à Arcins.

7° Commandeur du membre de Planquetorte
....-1401. Bernard de Tasses.
Sources : Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France : avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Toulouse 1883 BNF

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