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Commanderies de l’Ordre de Malte
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Commanderie d'Arfons

Département: Tarn, Arrondissement: Castres, Canton: Revel - 81

Domus Hospitalis Arfons
Domus Hospitalis Arfons

Sur un plateau désolé et sauvage de la Montagne-Noire, le petit village d'Arfonds, ou plutôt d'Arfons, entoure les débris d'un vieux château féodal, de quelques humbles chaumières et de nombreuses ruines. On se sent, en contemplant ce sévère paysage, en présence du théâtre de quelque grand cataclysme. C'est qu'en effet sa position isolée et sauvage au milieu de sa ceinture presque inabordable de rochers abruptes, n'a pu sauver cette localité de dévastations successives qui en ont détruit sans retour la primitive importance et n'en ont laissé subsister que des restes insignifiants.
Les Hospitaliers avaient reçu dans le courant du XIIe siècle, ce territoire érigé par leurs bienfaiteurs en salvetat et limité par des croix de pierre qu'on retrouve encore dans certaines portions de la contrée. Le château fort qu'ils y construisirent devint peu de temps après le chef-lieu d'une commanderie. Bientôt après, les habitants commencèrent à affluer des environs et le donjon des chevaliers de Saint-Jean forma le noyau d'une ville florissante ; prospérité que les commandeurs favorisèrent par l'octroi d'une charte des privilèges, qui n'est pas parvenue jusqu'à nous, mais que nous trouvons mentionnée dans des documents postérieurs. Là se bornent du reste tous les renseignements que nous avons pu recueillir sur cette première période de l'histoire d'Arfons.

A la fin du XIIe siècle, ou au commencement du siècle suivant, dût se produire un évènement formidable qui détruisit complètement cette petite ville et ne laissa à sa place qu'une solitude désolée, parsemée de ruines et dominée tristement par le donjon solitaire des chevaliers de Saint-Jean. Cette catastrophe fût-elle due à une commotion terrible de la nature ou fut-elle une épisode de la guerre des Albigeois ? L'histoire et les archives sont muettes sur ce point, et nous ne pouvons que la mentionner, sans chercher à en préciser la nature ou la date.

Avec la ville finit aussi la première commanderie d'Arfons.
Les chevaliers s'éloignèrent du théâtre de la catastrophe et abandonnèrent avec découragement ces mornes solitudes.
Profitant de leur absence et des troubles qui désolaient le Midi à cette époque, les seigneurs du voisinage trouvèrent dans les domaines de l'Hôpital une vaste proie qui tenta leur cupidité. Chacun s'empressa de s'y tailler sa portion, suivant sa convenance, comme en un pays conquis.
Quand, au sortir de cette crise, les chevaliers de Saint-Jean voulurent relever de ses ruines leur établissement d'Arfons, ils se trouvèrent en présence d'envahissements et d'usurpations déjà anciennes dont il leur devenait bien difficile d'avoir raison. Mais ici se présente à nous un spectacle bien digne d'arrêter nos regards. Ce qu'auraient tenté inutilement la persuasion ou la puissance, la foi religieuse en vint à bout ; les deux sanctions de la loi divine sur la terre, le remords et la crainte des punitions éternelles étaient des moyens de réparation efficaces dans ces siècles de fer, mais de foi, où la religion avait conservé son empire sur les âmes et réussissait à opposer sa barrière bienfaisante aux entreprises de la violence et aux prétentions de la force.

Ces fiers seigneurs, qui accueillent avec un sourire de dédain les menaces et les sommations de restitution, qui sont tout disposés à repousser par la force toute tentative faite pour leur enlever leur proie, voient avec terreur approcher le terme de leur existence, le moment où il leur faudra aller rendre leurs comptes au souverain juge ; dans le calme de la vieillesse, le remords, et, à sa suite, le repentir s'emparent de leurs âmes ; leurs fronts altiers s'inclinent ; ils vont se jeter aux pieds de ces religieux, qu'ils ont jadis dépouillés, demandant merci pour leurs violences passées, les suppliant de prier pour eux et d'obtenir leur pardon de la miséricorde divine ; on les voit même quelquefois, après avoir fait leurs restitutions, demander à entrer dans cet Ordre qu'ils molestèrent jadis et à se revêtir de l'habit monastique comme d'un bouclier contre les traits de la vengeance céleste.

Des spectacles de ce genre sont plus d'une fois mis sous nos yeux, si nous étudions les archives de la commanderie d'Arfons. Elles nous introduisent en premier lieu dans le cloître de Saint-Rémy de Toulouse, où elles nous font voir le 17e jour des calendes de juillet (15 juin) de l'année 1236, un puissant et fier seigneur, Raymond de Dourgne, venant courber devant le Prieur de Saint-Jean sa tête blanchie par les années, avouer que tout ce qu'il possédait dans le territoire d'Arfons, il l'avait usurpé sur le domaine de l'Hôpital, et après avoir fait sa restitution, demander à revêtir l'humble habit de donat de l'Ordre. Cette scène imposante avait pour témoin « Hugues d'Auduze, bailli du comte de Toulouse, et Huguet d'Alfar, amis du seigneur Raymond, qu'ils avaient amené par leurs conseils » à cet acte de justice et de réparation (1).
1. Archives d'Arfonds, L. I.

L'année suivante, le même seigneur, accompagné de deux autres de ses contemporains, se rendait devant Guillaume de Puylaurens, juge de l'évêque de Toulouse, pour raconter les faits qu'ils ont vus dans leur jeunesse et dont ils restent les seuls témoins. Ces vieillards exposent que jadis, à la place du modeste village d'Arfons, s'élevait une ville populeuse (villa populosa), qui appartenait ainsi que son territoire aux chevaliers de Saint-Jean, et dont le dernier commandeur avait été le chevalier Raymond de Clavel (2). Nous trouvons ce même R. de Clavel à la tête de l'Hôpital de Toulouse en l'année 1170. Ce serait donc dans les environs de cette époque que nous pourrions placer la destruction mystérieuse de la ville et de la commanderie, ce qui concorde du reste avec l'âge avancé de ses derniers témoins survivant en 1236.
2. Archives d'Arfonds, L. I.

Parmi les nombreuses restitutions du même genre qui furent faites à cette époque, citons l'acte par lequel Gilabert de Rosilles rend à l'Hôpital ce qu'il lui avait enlevé, reconnaît au territoire d'Arfons ses anciens privilèges de salvetat et déclare que ceux de ses vassaux qui iront y fixer leurs demeures seront à labri de toute poursuite de sa part (1140) (1).
1. Archives d'Arfonds, L. I.

A côté de ces actes de réparation, nous trouvons un grand nombre de donations par lesquelles d'autres seigneurs des environs témoignèrent à l'Hôpital leur sympathique protection.

C'est ainsi que le noble chevalier Sicard, seigneur de Puylaurens, donna au Prieur de Toulouse ses droits sur les territoires d'Arfons, de Saint-Germier et de Squilles (1237) (2), donation que son fils, Jourdain de Sayssac, disputa aux Hospitaliers pendant une partie de son existence, mais qu'il leur reconnût par son testament de 1280, en leur laissant en même temps, comme témoignages de sa bienveillance et de son repentir, « deux jeunes chevaux entièrement recouverts de leurs armures de fer, pour être employés par eux dans leurs guerres contre les infidèles (3). »
3. Archives d'Arfonds, L. I.

Citons enfin la donation que fit, dans le siècle suivant, dame Constance, femme du chevalier Hugues Gérard, de sa seigneurie du lieu de Naoumas (4), située dans la partie la plus montagneuse de la contrée. Les domaines de l'Hôpital s'étendirent également sur plusieurs autres territoires voisins. A partir du XIVe siècle nous voyons les précepteurs d'Arfons ajouter au titre de cette commanderie celui de Puylaurens, où leurs possessions étaient assez étendues.
4. Archives d'Arfonds, L. I.

Le retour des chevaliers de Saint-Jean dans leur vieux donjon, les prérogatives accordées ou plutôt restituées à cet établissement par les seigneurs du voisinage rendirent à la commanderie d'Arfons son ancienne importance ; les habitants revinrent peu à peu s'établir dans ces solitudes et la vieille ville ne tarda guère à sortir de ses ruines.

Aussi voyons-nous en 1321 le précepteur, Arnaud de Jori, occupé à passer avec ses vassaux un accord pour régler les coutumes de cette nouvelle communauté et faire revivre l'ancienne charte en y apportant les modifications nécessitées par la marche des temps. Nous y pouvons constater, entre autres choses, la transformation complète des vêtements des habitants ; fait signalé par Dom Vaissette, qui remarque, d'après le témoignage des auteurs contemporains, que les habitants du Languedoc abandonnèrent durant le XIIIe siècle leurs vêtements primitifs, dont l'ampleur était le caractère distinctif, pour adopter des habits serrés contre le corps. A la vaste tunique qui, d'après l'ancienne charte, devait revenir au commandeur d'Arfons à la mort de chacun de ses vassaux, l'accord de 1321 substitue « l'habit avec ou sans fourrures, le capuchon, les souliers, les sabots, la ceinture et pour une femme sa meilleure robe et une de ses coiffures, à l'exception de sa guirlande. (1) »
1. Archives d'Arfonds, L. III.

Ici comme dans presque toutes les autres commanderies, nous trouvons les chevaliers de Saint-Jean en discussion avec les maisons religieuses et les autorités ecclésiastiques des environs. C'est d'abord l'évêque de Lavaur qui leur dispute la possession des dîmes du lieu de Naoumas, procès long et dispendieux que le prélat, Roger d'Armagnac et le Grand-Prieur de Toulouse Pierre de l'Ongle terminèrent en 1331 par un partage à l'amiable de leurs prétentions respectives (2).
2. Archives d'Arfonds, L. III.

Mais ce fut surtout avec le monastère de Prouille que la bonne intelligence fut difficile à rétablir. Il s'agissait de la forêt de Ramondens, qui dépendait de la commanderie et dont les religieuses réclamaient une partie. Ce procès, qui était commencé depuis le XIIIe siècle et qui semblait avoir été terminé en 1292 par la plantation de grandes bornes en granit entre les deux territoires voisins, se ralluma peu de temps après et durait encore dans le XVIe siècle (3).
3. Archives d'Arfonds, L. III.

Pendant cette période, un nouveau désastre était venu frapper la petite ville d'Arfons et l'arrêter dans son travail de reconstitution. La terrible invasion anglaise de 1355, après être venue se briser contre les murs de Narbonne, avait étendu dans son mouvement de retraite ses ravages jusque dans ces contrées sauvages et misérables.
Un document de 1390 nous montre le précepteur Arnaud de Marquefave occupé dans son château de Caucalières, où il avait été obligé de transporter sa résidence, à aliéner certaines parties de son domaine afin de pouvoir relever de ses ruines cette malheureuse commanderie complètement dévastée dans cette période désastreuse.

De cette dernière catastrophe, la ville et l'hôpital d'Arfons ne se relevèrent jamais. Cet établissement végéta encore pendant la durée du XVe siècle ; mais dans le siècle suivant toutes ses parties furent successivement réunies à la commanderie de Renneville, et, cessant d'avoir une existence propre, elle constitua jusqu'à la fin un simple membre de cette importante circonscription.

Commandeurs d'Arfons
xxxx-1170. Raymond Clewel.
xxxx-1298. Elie de Rossac.
1305-1308. Pierre de Caylus.
xxxx-1315. Arnaud de Boren.
1318-1332. Arnaud de Jori.
xxxx-1334. Jean de Paul.
1390-1395. Arnaud de Marquefave.
xxxx-1395. Ithier de Poncet.
xxxx-1506. Raymond Relis.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883 - BNF

Commanderie d'Arfons
En 1256, Raymond de Dourgne reconnaît par acte public, que « le village d'Arfons, avec tout le terroir limité par des croix de sauvement, était et avait toujours été du domaine des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. » Il s'avoue coupable d'usurpation, et, « en vue de la rémission de ses péchés, » il renonce à toute prétention, se dépouille de tout ce qui pourrait lui revenir, et en fait hommage plein et entier « à Dieu notre Seigneur, à la bienheureuse Vierge Marie, au bienheureux Saint-Jean, et en particulier à frère Guillaume, commandeur de l'hôpital Saint-Remy de Toulouse. »

Les croix de sauvement qui dominaient ces quartiers de la montagne noire, annonçaient la présence des religieux hospitaliers, garantissaient leurs droits, et assuraient un accueil charitable à tous les voyageurs, particulièrement à ceux qui venaient visiter les reliques vénérées de Saint-Vincent le Lévite, dans le monastère de Castres. Les commandeurs militaires devaient non seulement recevoir tous ceux qui réclamaient leur assistance, mais encore veiller à la sûreté, pendant leur route, des pèlerins, en faveur desquels les capitouls de Toulouse et les consuls de Castres avaient dressé des ordonnances et fait des règlements spéciaux.

Le 9 mars 1237, sur la demande de Jacques, frère de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Toulouse, Guillaume, prieur de Puylaurens, juge épiscopal Toulousain, fait une enquête pour constater l'état d'Arfons, avant les malheurs qui viennent de l'accabler.
Cette enquête établit que « là où est le village d'Arfons, existait autrefois une ville populeuse, qu'un commandeur militaire de l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, nommé frère Raymond Clavel, y faisait sa résidence, et tenait en propriété domaniale le territoire de la commanderie que bornent les croix de sauvement. »

Comment avait disparu cette ville populeuse ? Tout porte à croire que c'est au milieu des guerres sanglantes provoquées par l'hérésie des Albigeois. Il est peu d'endroits sur les passages de la montagne noire qui ne conservent quelque lugubre souvenir de ces terribles agitations, de ces luttes au milieu desquelles il est rare de rencontrer un mouvement d'humanité.Partout où les deux partis en étaient venus aux mains, les ruines s'étaient accumulées, et si le temps les a fait disparaître aujourd'hui, quelques tristes désignations suffisent pour ramener la pensée sur ces scènes de désolation et de mort. Un quartier d'Arfons porte encore le nom de La Tour, et l'on retrouve dans le voisinage, des traces de constructions qui permettraient de supposer que là s'élevait le château du commandeur. Une des parties de la forêt de Sanes baude, aujourd'hui Sagne-Bande, porte le nom de Carrière des morts : n'est-ce pas assez pour que l'imagination ressuscite tous ces souvenirs éteints, et qu'elle s'attriste en songeant à toutes ces scènes de désolation et de meurtre, par lesquelles l'homme trop souvent signale son passage sur la terre ?

Les renonciations en faveur de l'ordre de Saint-Jean d'Arfons furent nombreuses. Celles de Gilabert de Rossilles et de Pierre Barran ou Barrau, de Sorèze, sont particulièrement remarquables. Elles prouveraient que les dévastations de la localité d'Arfons et la retraite des commandeurs avaient servi à l'ambition de plusieurs habitants de la contrée.
En 1257, Sicard, seigneur de Puylaurens, fit des dispositions testamentaires en faveur de l'ordre. Il lui abandonna les droits réels et honorifiques qu'il avait dans les limites de cette communauté, le lieu de Saint-Germier et celui de Squilles, avec leurs dépendances territoriales, les hommes, les femmes et tout ce qui appartient aux seigneurs. La raison qu'il donnait dans son testament était toute religieuse. De même que l'eau éteint le feu, ainsi l'aumône efface le péché, dit-il dans cet acte, en empruntant cette parole aux livres saints. Les deux fils de Sicard, lzarn de Dourgne et Jourdain de Saissac, ratifièrent solennellement, quelques mois après, la dernière volonté de leur père.

Quelques années plus tard, les trois frères Raymond, Benoît et Pierre Bonnet, et leur neveu Limose, avec son fils Raymond, donnaient à la commanderie d'Arfons leurs droits sur les forêts de la Villette et d'Izar-Cardon. Cette charte indique les limites des possessions des religieux hospitaliers à Arfons. Elles vont de la Calm de Pech Louvine, jusqu'à la tête sainte du Sor et de la fontaine de Déodat Fournier, jusqu'à la tète sainte d'Aiguebelle.

Jourdain de Saissac, coseigneur de Puylaurens, avait été longtemps en procès avec la commanderie d'Arfons. Dans son testament fait en 1280, il essayait de réparer ses torts ou de faire oublier son animosité, en ordonnant de vendre son cheval et d'en consacrer le prix à deux jeunes chevaux qui, entièrement revêtus de leur armure de fer, doivent être livrés aux religieux de Saint-Jean de Jérusalem. En 1284, Pierre de Florent, précepteur de l'hôpital Saint-Jean de Toulouse, poursuivait l'accomplissement de cette clause testamentaire.

Une charte du 14e siècle, dans laquelle sont énumérées les possessions de la commanderie d'Arfons, renferme quelques indications sur un point d'un intérêt spécial pour l'ancienne histoire du pays Castrais. La voie de Castres à Saissac y est formellement mentionnée, sous le nom de strade antique « Ainsi lorsque cette partie des Gaules était soumise à la domination romaine, à l'époque où existait le Castrum, établi sur le soi où la ville de Castres en consacre le souvenir, une large voie était ouverte aux communications de ce point central d'opérations militaires. Ce camp était relié dans la direction de Narbonne et vers les Tolosates, dont Arfons faisait partie, avec les parties les plus abruptes de la montagne noire qui en formait, dans cet aspect comme la ceinture horizontale. »

Cette voie dans la montagne noire se reliait, sans doute, à celles dont on trouve des traces entre Castres et Labruyère, dans la partie appelée le Causse, et qui réaparait entre Caucalières et Aiguefonde. Elle se continuait dans un autre sens, du Castrum sur les bords de l'Agoût, vers Saint-Jean-de-Vals, d'où elle se dirigeait d'un côté vers le nord, et de l'autre sur Lacaune dont le voisinage pourrait offrir encore quelques traces. Il ne serait pas du reste impossible de retrouver des vestiges encore intacts, et des désignalions ou des souvenirs qui permettraient de rétablir, sinon, complètement, du moins pour un assez grand espace, quelque chose de ce système de communications qui jouait un si grand rôle dans la conquête, et plus tard dans l'occupation romaine

Après ces épreuves, la commanderie d'Arfons voyait renaître sa première splendeur. Elle avait successivement reconquis les domaines démembrés, et recevait des donations qui lui constituaient de nouveaux fiefs et lui assuraient des redevances plus considérables.

En 1298, elle avait pour précepteur Élie de Rosat ; en 1608 Pierre de Castlux, de concert avec frère Dast qui en était chapelain ; en 1315, Arhald de Boren qui recevait du domaine Royal la faculté de faire abattre, dans les forêts d'Izar-Cardon, de la Villette et de haut Nuage, vulgairement Hautaniboul, un certain nombre d'arbres à haute futaie, en compensation de ceux que le roi avait pris dans des possessions dont il ne jouissait que conjointement avec la commanderie d'Arfons. Déjà en 1307, les religieux avaient obtenu des concessions de ce genre, de la part d'un roi dont le nom reparait souvent dans l'histoire du pays Castrais, pour des donations, des privilèges et des avantages de toute sorte, à des abbayes, a des collégiales et à des prieurés.

En 1327, le commandeur militaire Arnald de Jori, s'accordait avec la communauté d'Arfons et tout ce qui en dépendait, relativement aux anciennes coutumes. La charte définitive, résultat d'un arbitrage, a été écrite par Barthélémy de Broil, notaire royal du lieu de Lautrec.

D'après cette charte, tous les habitants d'Arfons doivent payer à perpétuité la dime annuelle des toisons des brebis, des chèvres, des agneaux, des chevreaux et des jeunes porcs. Ils sont dispensés de donner cette vieille tunique due au précepteur d'Arfons, d'après les droits établis, à la mort de tout individu, et la robe et les ornements de tête de toute femme défunte. Ils ont le droit de faire paître leurs troupeaux dans les terres de la commanderie, et particulièrement dans les bois et les montagnes de Naoumas et du Fajal.

Avant ce dernier accord, la dame Constance, femme du seigneur Chevalier Hugues-Gérard, avait fait don au commandeur d'Arfons de la partie du lieu de Naoumas et de la montagne de ce nom qu'elle possédait par indivis avec lui.
Les évêques de Toulouse avaient autrefois joui de certains droits sur ce quartier, et les évêques de Lavaur dans le diocèse desquels il passa plus tard, élevèrent des prétentions qui amenèrent des débats judiciaires.

A cette occasion, Arnald, bailli royal des montagnes de l'Hautpoullois, se rendit à Arfons, pour signifier au commandeur Arnald de Jori, une sentence qui lui enjoignait de réconnaître et de respecter les droits de l'évêque de Lavaur.

Le commandeur en appela à l'archevêque de Toulouse qui rendit un avis favorable à ses prétentions : enfin un règlement arrêté en 1331, fixa la limite des droits respectifs, et rétablit l'harmonie. L'évêque de Lavaur put percevoir en seul là dîme dans le territoire de Naoumas, qui lui avait été anciennement affecté ; mais il n'avait droit qu'à la quatrième partie dans la donation de Constance ; et les terres cultivées directement par le percepteur, en étaient affranchies.

La dîme des Carneaux ou des bestiaux, devait être également répartie entre l'évêque et le précepteur. Enfin les difficultés relatives à la juridiction spirituelle sont également terminées : les offrandes pieuses doivent appartenir à celui qui a charge d'âmes, c'est-à-dire au précepteur ; les hommes et les femmes ont à remplir leurs devoirs religieux dans l'église paroissiale d'Arfons qui dépend de la Commanderie, et le prêtre qui la dessert est soumis à l'institution canonique de la part de l'évêque. Il reste par conséquent, sous la direction de l'évêque qui, de son côté, promet déférence et respect pour les privilèges et immunités de l'ordre.

Une autre difficulté s'élevait en même temps entre le commandeur d'Arfons et l'official de Lavaur, qui réclamait, pour la cour de Rome, des redevances auxquelles avait été taxé l'hôpital de St-Jean. Les nombreuses immunités dont, jouissait l'ordre, par rapport à l'évêque, dans la juridiction desquelles se trouvaient ses propriétés, et particulièrement une bulle expresse du pape Grégoire XII, firent triompher les prétentions des religieux.

Le monastère des religieuses de St-Dominique, situé à Prouilhe, dans l'évêché de St-Papoul, avait des droits de propriété et de juridiction dans le quartier de Ramondens, situé non loin d'Arfons. On sait le souvenir pieux que révèle le nom de Prouilhe ; et les bienfaits des filles de St-Dominique, vivent encore dans la mémoire des habitants de ces contrées.
Ramondens leur assurait des redevances considérables et leur permettait d'accomplir ces œuvres de charité. Ce nom de Ramondens ne rappellerait-il pas celui des comtes de Toulouse, qui auraient eu au milieu de ces forêts, quelque rendez-vous de chasse ? Il y a de nombreux motifs pour le supposer, et l'analogie entre la désignation vulgaire en langue romane de ces illustres seigneurs, et celle qui est restée à la forêt, permettrait de le supposer avec quelque raison.

Cette forêt donna lieu à des contestations entre le monastère de Prouilhe et la commanderie d'Arfons. A la suite d'un acte intervenu en 1292, de grandes bornes de granit furent placées et plusieurs existent encore. Cependant, les difficultés continuèrent jusqu'à la fin du 16e siècle. Elles furent très vives sous Philippe du Bourg, successeur de frère Budroc.

En 1580, Eléonore de Bourbon abbesse de Prouilhe, revendiquait ses droits avec vigueur et, « ayant obtenu lettres royaulx et reprinse, elle aurait fait assigner frère François de Panisse, commandeur de Renneville et d'Arfons, et Pierre Albert, recteur perpétuel de l'église du dict lieu. »

A cette époque, la commanderie d'Arfons devait être bien-loin de son ancienne splendeur, puisqu'elle était rattachée à une autre. Les épreuves ne lui avaient pas manqué. Dès les premiers jours de son existence, elle avait été chassée, et puis obligée de lutter avec énergie et persévérance pour reconquérir ses possessions. Redevenue ensuite belle et florissante, sans qu'il soit possible de constater le nombre des chevaliers qu'elle renfermait, elle disparait presque subitement, sans qu'un événement important, un changement considérable, une catastrophe se rattachent à ce fait. Aussi doit-on rechercher les causes de cette ruine subite. Un acte de 1390 rappelle que tout a été entièrement bouleversé. A cette époque, il y avait encore un commandeur d'Arfons, mais il avait quitté la montagne noire, était descendu dans la vallée, et avait sa résidence à Caucalières. La décadence de la commanderie d'Arfons se place donc entre l'année 1551, où un acte constate que rien n'est changé à l'état ancien, et 1590, où un document authentique parle d'une ruine complète.

Quels événements s'étaient donc accomplis dans notre contrée pendant cette période ? Les règnes de Philippe VI, de Jean II et de Charles V, furent particulièrement désastreux pour le midi. L'anarchie et les Anglais le désolèrent, et dans cette longue succession de malheurs, on vit compromettre l'existence de tous les corps, détruire la fortune et les châteaux des seigneurs, ravager les villes, piller les villages, les maisons religieuses et laisser partout des ruines. Cette époque a été jusqu'ici peu étudiée pour le pays Castrais ; et cependant à quelque point de vue que l'on se place, pour l'histoire d'une commune, d'un couvent, pour la recherche des monuments antiques, on se trouve toujours en présence de lacunes que de grandes catastrophes peuvent seules avoir faites. Mais les détails manquent, et peut-être ne serait-il pas impossible d'en trouver quelques-uns, en reconstituant l'histoire ignorée d'un grand nombre de petites localités. Les bandes Anglaises pénétrèrent partout, et si l'on peut, avec M. Belhomme supposer que la destruction de la commanderie d'Arfons fut au nombre de ces représailles sanglantes, exercées dans la retraite du prince de Galles sur Bordeaux, après la levée du siège de Carcassonne, on doit reconnaître que le séjour des Anglais fut plus prolongé, et plus désastreux qu'on ne le croit ; car de nombreux villages de la montagne de Lacaune conservent encore, aujourd'hui, des souvenirs de ces désolantes fureurs.

A ces malheurs se joignirent pour Arfons, des dissentions intérieures dont la conséquence fut la chute définitive de cette commanderie qui paraissait capable de résister à de plus rudes épreuves. Mais à quel moment précis sont aliénées toutes les propriétés, à quelle date disparaissent les religieux ? Il n'est pas possible de l'établir. Il reste de tout cela des ruines et quelques souvenirs que l'on a de la peine à réunir et à faire concorder entre eux.

L'église actuelle d'Arfons est par son style du 16e siècle ; mais il ne sera pas difficile de trouver, dans la tour qui la surmonte, des preuves d'une construction antérieure dont quelques fragments restent encore. Dans la principale rue d'Arfons, « existe adossée à un mur de maison, une statue de la Vierge ; elle est en pierre et annonce le style du 15e siècle. Elle provient, si l'on en croit la chronique, de l'édifice anéanti de l'ancienne commanderie. »

L'existence de la maison des religieux de St-Jean de Jérusalem à Arfons peut expliquer le nombre considérable de chevaliers qu'a fournis à cet ordre le pays Castrais. Il y aura peut-être un jour intérêt à réunir leurs noms et à raviver leur souvenir, qu'il faut aller chercher dans une histoire fort oubliée aujourd'hui.
M. V. Canet. M. Belhomme. Monographie d'Arfons. Procès-verbaux des séances, page 262 et suivantes. Castre 1860. BNF

Voir les restes de l'église des Hospitaliers

Lire La Chronique de Guillaume de Puylaurens au sujet de la commanderie d'Arfons, par Yves Dossat

Arfons
Le 17 et le 23 juillet 1777, le conseil de la communauté d'Arfons s'étant réuni, le sieur Jean Cavayé, consul, exposa que les deux principales cloches de l'église étant entièrement coupées, (sic) il était nécessaire de les refondre. Il se serait présenté plusieurs fondeurs dont les offres n'ont pu être écoutées tant elles étaient extravagantes. Enfin, il serait venu un fondeur de Limoux, nommé Joly, qui aurait offert de fondre les cloches avec une augmentation de deux quintaux, et à la condition d'en faire une troisième pour servir à sonner les mésses ; des jours ouvrés, moyennant la somme de 700 livres. Le conseil, après avoir délibéré, adopta cette proposition à l'unanimité, et vota les ressources nécessaires. (Archives départementales, E, 877) (1).
1. Depuis la rédaction de ce mémoire, on nous a communiqué l'inscription d'une autre cloche d'Arfons. Elle existe encore et remonte à 1719. Nous l'a publierons ultérieurement. - Arfons

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