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Grands Prieurés de l'Ordre de Malte
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Saint-Gilles Membres Visites Inventaire Grands-Prieurs

Inventaire général des titres de la commanderie de Capette

La commanderie de Capette, autrefois dépendante du grand prieuré, en fut démembrée par délibération de la vénérable Langue de Provence du 28 juin 1645. Elle est composée de plusieurs tènements tous unis, possédés les uns par les Hospitaliers, et les autres par les Templiers, à savoir, de Tourremier, Redone, à présent bois de l'Escalle, Consehaute, Teste de Loup, Nègue Roumieu, à présent appelé Capette, Rybeyres, à présent appelé La Lobatière et Coutte, tous lesquels terroirs confrontent en corps d'une part la rivière du Rhône, d'autre part La Draye allant aux herbages de Selve Godesque et Teste de Loup, d'autre part, qui est du couchant, l'étang de Coutte et les paluds de la Souteyranne, et d'autre part le tènement de Clare Farine, tous lesdits tènements sont jouis noblement et avec toute juridiction haute, moyenne et basse.

Chapitre des titres de Capette

L'an onze cent nonante-deux, dans le mois de décembre, Guillaume Pourcellet donne au commandeur du Temple de Saint-Gilles tous les bois, prés, paluds, pâturages, terres cultes et incultes, eaux de cours, eaux chasse et pêcheries, qu'il a depuis Tourremier jusqu'à Consehaute, comme encore la terre qui fut de Raimond de Levedon et Calvière, qui s'étend depuis le Rhône jusqu'à la Palud,et le long de Venderelle, ledit acte reçu par Pierre Fulcodi (1), juge et chancelier du comte de Toulouse et coté N° 1.
1. Père de Gui Fulcodi, de Saint-Gilles, élu pape sous le nom de Clément IV, en 1265.

L'an mille deux cent trois et le septième des ides de mars, Ponse, veuve de Gilles Tarsic, vend au commandeur tout ce que son mari avait dans le tènement de Coutte ; ledit acte reçu par Etienne Graille, notaire, et coté N° 2.
L'an mille deux cent dix, le septième des calendes de septembre, Bertrand Porcellet donne au commandeur de l'Hôpital de Saint-Gilles tout ce qu'il avait tant en prés, terres cultes et incultes, eaux, paluds et pêcheries depuis Langlade de Pagan jusqu'à la cour de Raynore, et depuis Tourremier jusques à Langlade de Guillaume Béraud, et jusqu'à l'église de Notre-Dame-d'Astèles et jusqu'à Cotarget, et depuis Cotarget jusqu'à la muraille de Mora et dans toute l'Isle, ledit acte reçu par Bertrand, notaire des consuls Deurlede, et coté N° 3.

L'an mille deux cent quarante-six et les calendes de décembre, Vassal Carvarin vend au commandeur de l'Hôpital de Saint-Gilles une terre, pré et palud qu'il avait à Tourremier relevant de la directe dudit commandeur, confrontant du midi et septentrion terre du commandeur, du levant terre de Pierre de Taraud, du couchant terre de Barthelemi Bertrand, pour le prix de mille sols, ledit acte reçu par maître David, notaire, et coté N° 4.

L'an mille cinq cent cinq, et le treize février, noble Gailliardet de Montcamp, seigneur de Vauvert, donne en arrière fief à Monsieur le grand prieur de Saint-Gilles la juridiction haute, moyenne et basse, mère, mixte et impère qu'il avait, comme seigneur de Vauvert, sur le terroir de Tousque, autrement La Pinède, Teste de Loup, Roumieu, Rybeyres et Couttes ; laquelle donation comprend toute l'étendue de la commanderie de Capette, étant dit encore par cet acte que le terroir de Teste de Loup confronte du levant le terroir de Clare Farine, du couchant le terroir de Selve Godesque, du septentrion le tènement de Pannaven et le terroir de l'Iscle de Franquevaux et du midi le Rhône jusques au vieux Bourgidou, ledit acte reçu par Antoine Martin, notaire de Nîmes, et coté par N° 5.

Les grandes contestations qui étaient entre Monsieur le grand prieur et le seigneur de la Motte furent terminées par arrêt du Parlement de Toulouse du cinquième juin mil six cent dix, par lequel entre autres Monsieur le grand prieur fut maintenu en la possession du bois de Lescalle, comme encore en la possession des susdites juridictions de Pinède, Teste de Loup, Nègue Roumieu, Rybeyres et Coutte, ledit arrêt coté N° 6.

La communauté de Vauvert, ayant encadastré et mis dans leur compoids le tènement de Rybeires autrement la Lobatière et ceux de Teste de Loup et Nègue Roumieu en dépendants, supposant qu'ils étaient dans le terroir de Vauvert, et sous prétexte d'une reconnaissance, qu'ils produisaient, passée au seigneur de Roche par les Templiers, de leur portion de l'année mille deux cent nonante trois, ils prétendaient que, suivant la coutume du Languedoc, lesdits biens devaient être censés ruraux, Monsieur le grand prieur s'y serait opposé et aurait fait voir que lesdits terroirs n'étaient point dans le terroir de Vauvert, mais bien dans celui de Roche, qui est la Selve Godesque, sur lequel il a la juridiction haute, moyenne et basse, au moyen de l'acquisition faite du baron de Vauvert en l'année 1505. Et par arrêt du conseil du Roi la cause ayant été renvoyée à la cour des Aides du Dauphiné, par arrêt de cette cour du vingt-unième juin mille six cent quarante-six, ledit tènement de Rybeyres et fonds dépendants auraient été déclarés exempts tant pour le passé que pour l'avenir de toutes tailles ordinaires et extraordinaires, et aurait ordonné que lesdits fonds, terroir et tènement seraient rayés dudit compoids, ledit arrêt coté N° 7. (1)
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, petit cahier de six feuilles.

Le grand prieur, Henri-Augustin de Piolenc, mourut à l'Hôtel prieural d'Arles, le 5 mai 1773, à cinq heures du matin, pendant la tenue du Chapitre. Il avait quatre-vingt-cinq ans. Ses obsèques furent l'occasion d'un incident qui se produisait malheureusement trop souvent en pareille circonstance. Le frère Dominique de Gaillard d'Agoult, qui présidait alors le Chapitre, nomma le commandeur de Rolland-Réauville lieutenant du Grand-Prieuré, en attendant l'élection du nouveau titulaire, notifia pendant la réunion du même jour, aux chevaliers assemblés, le décès de l'Illustrissime et vénérable frère Henri-Augustin de Piolenc, décédé la nuit dernière, et leur communiqua la lettre de messire Léonard, curé de Saint-Julien, qui se plaignait de n'avoir pas été appelé pour administrer les derniers sacrements au malade et faisait ses protestations, comme ses prédécesseurs, touchant la levée du corps. On décida de faire les obsèques, le lendemain matin, à huit heures, sans pompe extérieure, en portant simplement le corps du défunt de sa chambre à la chapelle, et on chargea Joseph-Antoine Raybaud, vicaire général du Prieur de l'église conventuelle de l'Ordre, à Malte, de dresser l'acte de décès. (2)
2. Voir n° 2 aux pièces justificatives. Archive des Bouches-du-Rhône, Ordre de Malte. — Chapitres et assemblées (1751-1775). Volume XIX.

On ne tint nul compte des protestations du curé Léonard, attendu que le frère Alexis Jourdan, ayant des pouvoirs de son Ordre, avait administré le défunt. Henri de Piolenc ne fut pas enterré dans la chapelle prieurale. On commençait alors, à cette époque, à ne plus ensevelir dans les caveaux des églises. Il fut porté à Saint-Gilles dans le cimetière dépendant de la maison prieurale de cette ville. Les commissaires, nommés en 1776, pour faire la visite générale du grand prieuré de Saint-Gilles, ont consigné dans le procès de leur visite que le grand prieur Augustin de Piolenc est enterré dans le cimetière de la maison prieurale de Saint-Gilles et que son tombeau est recouvert de tuiles (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte. — Visites de 1776.
Le grand prieur de Piolenc avait grandement aimé les pauvres durant sa vie, dit l'analyste arlésien Pierre Véran.


Le grand maître Emmanuel Pinto de Fonseca, du Portugal, qui avait précédé dans la tombe le grand prieur de Piolenc, eut pour successeur François-Ximénès de Texada d'Aragon ; celui-ci lui notifia sa nomination par une lettre qu'il lui adressa de Malte, le 29 janvier 1773 et que nous donnons aux pièces justificatives, n° 1.

Frère Paul-Augustin des Rollands de Réauville 1773-1782

Paul-Augustin de Rolland-Réauville succéda, le 19 juin 1773, au grand prieur de Piolenc. La famille de Rolland, dite en latin Rolandi, et communément des Rollands, est estimée originaire de Bourgogne, d'où (comme porte la tradition) ayant passé en Dauphiné, elle y parut quelque temps avec éclat, puis elle passa au comté Venaissin et de là en Provence (2). Les armes de cette famille sont : d'azur, à un cor de chasse d'or, lié, virolé et enguiché de gueules, à trois pals retraits de même, mouvant de supports deux lions, Cimier, une renommée tenant de sa droite une épée nue, et de l'autre soutenant une trompette d'or à sa bouche. La devise est : Volat fama per orbem.
2. L'Etat de la Provence dans sa noblesse, par l'abbé Robert de Briançon, tome 2, pages 614 et 619.

Le grand prieur de Rolland avait été auparavant commandeur de Puimoisson de 1758 à 1766, mais il résidait à Arles. Il afferma cette commanderie pour la somme de 9,040 livres, le 23 juillet 1758 ; et, pour la même somme, le 19 août 1762, à Darbès et Pin, négociants, de Riez. Il arrenta le droit de chasse du fief de l'Hospitalet, pour quatre paires de perdrix jeunes, à porter à Aix ; et en 1762 il fit procéder à la vérification des bornes et limites de la commanderie de Puimoisson (1).
1. Histoire de la commune et commanderie de Puimoisson, par Maurel, page 390. — Paris, chez Picard.

Le grand prieur de Rolland-Réauville était né à Aix, le 20 août 1699, de François, président de la Cour des Comptes de Provence, et de Thérèse de l'Estang-Parade ; il avait été reçu chevalier, le 25 janvier 1704, et avait fait profession à Aix le 14 mars 1749, entre les mains du chevalier Antoine d'Albertas, commandeur de Renneville (2).
2. Antoine était fils de Marc-Antoine d'Albertas, capitaine de vaisseau, et de Madeleine Leguiran. Il naquit en 1678 et présenta ses preuves, le 7 avril 1690, servit sur les vaisseaux du Roi en qualité d'officier, fut fait bailli d'honneur, le 17 avril 1751. Il possédait la commanderie de Renneville, qui rapportait 1,150 livres, depuis mai 1748. Il fut grand prieur de Toulouse au mois de janvier 1755.

Dans sa jeunesse il avait servi le roi de France et avait été capitaine au régiment de Champagne. Il prit possession du grand prieuré, le 17 août 1773, à quatre heures du soir, et fut intronisé par Guillaume-François-Gabriel de l'Estang-Parade, en présence du chevalier Jacques-Joseph de l'Estang-Parade (3), et de Joseph-Antoine Raybaud, prêtre conventuel, commandeur de Joucas.
3. Jacques Joseph était né à Arles, le 26 mars 1731, d'Antoine Joseph, 1e consul d'Arles, et d'Elisabeth d'Eymini, de Tarascon, et fut reçu chevalier, le 21 mai 1759. (Bibliothèque municipale d'Arles. Ms. 304. — Abbé Bonnemant ; Mémoires généalogiques de la maison de Parade de l'Estang, etc., page 53.)

Le notaire, Jean-Daniel Aymar dressa procès-verbal de cette formalité. Il avait possédé, quand il parvint à cette dernière charge, diverses commanderies, entre autres celles de Sainte-Luce et de Puimoisson. Il garda celle-ci de 1758 à 1766, mais il résidait à Arles, où il fut occupé notamment au classement des archives.

Le 6 juillet 1773, le grand-maître François Ximénès de Texada donna au frère Toussaint de Vento des Pennes la commanderie de Saliers devenue vacante par la démission du frère Antoine de Blacas d'Aups. Nous possédons la bulle en parchemin, datée de Malte, avec le sceau en plomb qui porte d'un côté un sarcophage avec cette inscription : Hospitalis Herusalem, et de l'autre : un frère à genoux devant une double croix et tenant un chapelet dans ses mains avec cette inscription : Franciscus Ximenes de Texada, magnus magister.

Un des premiers actes du nouveau grand prieur de Rolland fut une mesure de rigueur, qui nous montre, en action, le pouvoir coercitif de ce haut dignitaire de l'Ordre. Le 17 septembre 1773, il rendit l'ordonnance suivante :
« Sur les plaintes qui nous ont été portées contre, frère Joseph-Gabriel d'Olivaris, chevalier profès du même Ordre, administrateur à vie de la commanderie de Nice (1), pour obvier aux inconvénients qui pourraient résulter desdites plaintes, ordonnons par les présentes, en notre dite qualité et suivant l'autorité à nous attribuée par nos statuts, et en vertu de la sainte obéissance, audit sieur chevalier d'Olivaris de se rendre, sur l'intimation qui lui en sera faite par l'un des secrétaires de notre Ordre commis par nous à cet effet, dans la maison du prieuré de Saint-Jean d'Aix, située dans ladite ville, et d'y demeurer aux arrêts sans pouvoir en sortir sous quelque prétexte que ce soit jusques à ce que par nos supérieurs il en soit autrement ordonné, voulant et entendant que notre présente ordonnance soit mise à exécution par ledit sieur chevalier d'Olivarls pour tout délay, 24 heures après l'intimation qui luy en aura été faite.
« A Arles, à l'hôtel prieural » (2).
1. Joseph-Gabriel était fils de Jean-Pierre d'Olivary, sieur de Campredon, et de l'aînée des filles de Charles de Grimaldy. Il naquit le 6 décembre 1713, et fut reçu chevalier le 5 décembre 1731. (Artefeuil, II, page 184.)
2. Archives municipales d'Arles. — Fonds Louis Mège. — Papiers relatifs à l'Ordre de Malte, non classés.


Le 23 mars 1774, le grand prieur nomma le prêtre Jean-Baptiste Gros, dont « il connaissait l'intelligence et la capacité archivaire », à la place de Joseph-Antoine Raybaud, commandeur de Joucas, « qui avait dignement rempli cette charge pendant plusieurs années, mais à qui sa santé ne permettait plus de l'exercer. » Le nouveau secrétaire était fils de Joseph Gros, bon médecin d'Arles, et de Françoise Blain, mariés le 29 novembre 1725. Il naquit sur la paroisse Saint-Laurent, le 19 novembre 1739. Il avait un de ses frères religieux comme lui.

Le grand prieur de Rolland visita lui-même, à deux reprises différentes, la chapelle de Sainte-Luce, voisine du grand prieuré, la première fois le 1er mai 1775, à quatre heures du soir, après la mort du commandeur, Joseph d'Albert du Chaîne, qui était en même temps bailli de Manosque. Il fut assisté dans sa tâche par Jean-Baptiste-Joseph Gros « archivaire », et par le notaire Joseph-Daniel Aymard, comme secrétaire ; la seconde fois, le 1er mai 1778, c'était le commandeur Antoine-Apollinaire de Moreton de Chabrillan, qui possédait cette commanderie.
La chapelle était en bon état et desservie par un père capucin. Le grand prieur fut aidé dans cette visite par les mêmes personnes.

Le commandeur était fils d'autre Antoine, lieutenant du roi en Dauphiné, et d'Antoinette de Groslée, de Viriville.
Il était né le 5 juillet 1707, et fut reçu chevalier le 25 janvier 1709. Il avait fait profession à Paris, le 11 janvier 1753, entre les mains du bailli de Saint-Simon. Il avait été nommé commandeur de la Favillane, en mai 1758, en remplacement du chevalier Paul-Augustin de Rolland-Réauville. Il fut bailli de Manosque de 1781 à 1782 (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône. — Ordre de Malte. — Chap. et ass. (1751-1755). Volume XIX. — Dossier n° 568. — Bibliothèque municipale d'Arles. — Abbé Bonnemant: Actes et mémoires pour servir à l'Histoire de Provence. Ms. 189.

Le grand-maître François Ximénès de Texada mourut en 1775 et fut remplacé par le frère Emmanuel de Rohan Polduc de France.
L'Hôtel prieural d'Arles fut inspecté le 5 février 1776, au nom de l'Ordre, par Louis Dominique de Gras-Préville, commandeur de Millau, et par Jean-Baptiste Gros, prêtre conventuel, « archivaire. »
Les visiteurs ne manquèrent pas, avant de terminer leur mission, de s'informer auprès de Jean Constant et de Joseph-César Villion, tous deux bourgeois de la ville d'Arles, de la conduite du grand prieur et s'il gardait la résidence ; ils reçurent les meilleurs renseignements sur son compte (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte. — Visites. Volume XLVII.

Le 25 juin 1776, le grand prieur de Rolland fit faire la visite générale de son grand prieuré de Saint-Gilles, visite qui est à peu près conforme à celle faite en 1762. Nous nous contentons de donner ici le résumé de la visite faite, en l'année 1776, à la maison collégiale de Saint-Gilles. Lyons, bourgeois d'Arles, secrétaire et procureur du grand prieur de Rolland, commandeur de Jalès, Saint-Jean de Trignan, Saint-André de Cruzières, Peyrolles et membres réunis, accompagne Louis-Dominique de Gras-Préville, commandeur de Millau, et Jean-Baptiste-Joseph Gros, prêtre conventuel, « archivaire » du grand prieuré, commissaires nommés pour la visite. Ceux-ci logent chez Augustin Monnier, hôte du logis, où pend pour enseigne : Le Luxembourg.

La maison et collège du grand prieur, appelé Saint-Jean, aux faubourgs de la ville de Saint-Gilles, consiste en une église collégiale, habitation des prêtres, et maison prieurale, pigeonnier et mûriers de la Tour, grand enclos vis-à-vis la maison prieurale et entouré de murailles du côté du midi, couchant et nord, maison dans la ville, isolée et située entre trois rues et une basse-cour du côté du levant.

Les commissaires font la visite de l'église, accompagnés par frère Ange Terras, collégiat, Ms Pierre Thomas, prêtre séculier, desservant pour frère Jacques Blain, infirmier, et Honoré Tourrel, aussi prêtre séculier, desservant pour frère Etienne Prévost, Ms Jean-Joseph Gontard, collégiat, Joseph Isnard, prêtre séculier, desservant pour frère Jean-Baptiste-Joseph Gros, sacristain, et François Vialar, prêtre aussi séculier, desservant pour frère André-François Raybaud, capiscol, étant absent. Le frère Terras a remis au frère Gros l'étole, lui a présenté l'eau bénite et a conduit les commissaires au pied du maître-autel, en chantant l'hymne Veni Creator et à la fin le Pange Lingua, et le frère Gros, a donné la bénédiction.

Les commissaires ont remarqué un ciboire d'argent doré aux armes du feu seigneur grand prieur de Lussan, couvert d'un pavillon en étoffe soie rouge, six grands chandeliers en cuivre aux armes du grand prieur de Piolenc ; six autres aux armes de Forbin ; un tabernacle en marbre blanc veiné avec une porte en marbre vert de Sicile, six stalles en bois d'aube, au fond un tableau de Saint-Jean-Baptiste prêchant dans le désert aux armes du grand prieur de Piolenc, prédécesseur du dernier grand prieur de ce nom ; deux tombes où sont enterrés deux grands prieurs ; le sanctuaire est éclairé par quatre fenêtres et de forme oblongue.
L'église de forme longue est pavée en pierre de bards ; de chaque côté de l'église sont placés des bancs en bois d'aube sans dossier joints à la muraille ; elle est couverte en tuiles dont la charpente est soutenue par deux arceaux en pierre, éclairée par cinq fenêtres vitrées dont deux visent au midi, deux au nord, et la cinquième située sur la porte vise au couchant.
Le bénitier est en marbre.
Du côté de l'évangile, il y a la chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste avec un tableau du Saint, aux armes et portrait du seigneur grand prieur de Quiqueran. Ladite chapelle est, voutée à croisillons, éclairée par une fenêtre ; dans cette chapelle se trouve le confessionnal ; le pavé est bien entretenu, le couvert vient d'être refait depuis peu ; elle est bien blanchie ; devant la porte d'entrée est un tambour en bois d'aube avec sa porte garnie de ses ferrements ; ladite porte d'entrée est ornée en dehors d'une frise en feuille d'acanthe fort ancienne et sa fermeture est en bois de noyer à panneaux double et garnie de ses ferrements, au-devant d'elle est un parvis pavé comme l'église, entouré d'une muraille de trois pieds de hauteur sans fermeture ; du côté du nord est le cimetière joignant les murs de l'église et de la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, entouré de murailles, sans croix, ni fermeture.

Le dernier grand prieur est enterré dans le cimetière et son tombeau est recouvert de tuiles, sans quoi on y aurait fait l'absoute ; la sacristie est éclairée par deux fenêtres (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône, Livre XLVIII, visites générales du grand prieuré de Saint-Gilles, 1775-1776.

Le grand prieur de Rolland-Réauville fit faire la visite générale de son grand prieuré, en 1776, par commission datée d'Arles, le 17 septembre de la même année, et nomma Chrysostome de Gaillard d'Agoult, commandeur de la commanderie de Poët-Laval, et Jean-Joseph Gontard, prêtre collégiat de l'église prieurale et collégiale de Saint-Jean de Saint-Gilles, commissaires et visiteurs généraux de partie de commanderies dépendantes du grand prieuré de Saint-Gilles.
Nous possédons le procès-verbal de la visite générale de la commanderie d'Aix possédée par frère Nicolas de Cabre, chevalier, bailli et grand-croix de l'Ordre, visite faite par les commissaires susnommés en compagnie de leur secrétaire, Me Jean-Antoine Delmas, et assisté du sieur Jean-Louis Constantin, procureur fondé du commandeur. Nous renvoyons à la page 88 pour l'énumération des membres de la commanderie d'Aix. Les visiteurs reconnaissent une plusvalue des revenus de cette commanderie sur les revenus de la visite faite en 1762.
Revenu de la commanderie d'Aix, en 1776 : 21.801 livres, 10 sols.
Charges : 4.038 livres, 16 sols, 1 denier.
Reste net au commandeur : 17.762 livres, 13 sols, 11 denier.

En 1778, à la réquisition d'illustre seigneur frère Toussaint de Vento Despennes, bailli, grand-croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Salliers, Louis Seguin, géomètre juré et géographe de la ville de Tarascon, est commis et nommé par M. le lieutenant général en la sénéchaussée de la ville d'Arles, pour faire l'arpentement et bornage de la commanderie de Salliers y compris les membres d'Aurisset et mas de la Vigne en dépendants.
Il assigne pour cela les particuliers voisins limitrophes de ladite commanderie, savoir : M. de Villeneuve, baron d'Ansouis, conseiller au parlement de cette province, ou la dame de Beaujeu sa femme, la dame abbesse de l'abbaye royale de Saint-Césaire, les hoirs du sieur de Perrin de Jonquières, Me Tinellis fils, avocat en la Cour, et le sieur André Brun. M. de Villeneuve seul se rend à Salliers, où les opérations commencent le 2 juin 1778. Me Jean-Daniel Aymard, avocat en la Cour, procureur fondé dudit seigneur bailli, accompagne Louis Seguin, géomètre. Toutes les contenances de la commanderie de Salliers ont été mises en grande-mesure, ou mesure d'herbages de cent dextres à la céterée et la totale se porte à celle de 6,693 céterées et 13 dextres.
Le procès-verbal est signé à Tarascon, le 8 juillet 1779, par Seguin, géomètre juré, et contrôlé aussi à Tarascon le même jour par Vidal. (1)
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier contenant 22 pages.
En 1779, le grand prieur fit faire un état des derniers arrentements de la commanderie de Trinquetaille passés en 1777 et 1778 par feu M. le commandeur de Porcellet, notaire Me Beuf.
Gimaux
Par acte du 9 juin 1777, arrenté au sieur Pierre Gilles moyennant, pour les herbages seulement, 4.000 livres.
Mas Tibert
A été affermé aux S. Boulouvard et Allès, par acte du 12 juin 1777, à rente sûre de, 8.500 livres.
Mourrefrech
A été affermé à Marie Erraud et Pierre Boulaud, par acte du 14 juin 1777, à rente sûre de 3.000 livres
Coussouls de Luquier et de Calissanne
Ont été affermés au Sr Denis Reyre fils, par acte du 16 juin 1777, à rente sûre de 3.800 livres.
Coussoul de Cougoul
A été affermé au Sr Claude Michel, par acte du 16 juin 1777, à rente sûre de 3.350 livres.
Cousouls de Moutet et Chatillon
Ont été affermés au Sr Bounaud, par acte du 16 juin 1777, à rente sûre de 4.000 livres.
Terre, Vigne et Droits Seigneuriaux
Ont été affermés au Sr Antoine Noguier, par acte du 4 septembre 1777, à rente sûre de 150 livres.
Mas Dauthier
A été affermé à Gaspard Peloux, par acte du 2 septembre 1778, moyennant la rente des herbages de 250 livres
Les blés à moitié fruit
Les droits de lods et cens sont affermés 300 livres
Le clos de Fuméras est affermé 18 livres
Total : 27 368 livres (1)
1. Papiers de la famille Beuf-de-Gorsse ; feuille volante.

Le 21 octobre 1780, à la requête de Me Toussaint de Vento des Pennes, bailli, grand-croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Salliers, Louis Seguin, géomètre juré et géographe de la ville de Tarascon, est commis et nommé par M. le lieutenant général en la sénéchaussée d'Arles pour procéder à l'arpentement et au bornage général des Coussouls de Ventillon, Les Tapies, Valeignette et Menudelle, tous dépendants de la commanderie des Salliers.
Le coussoul de Ventillon, terroir de Fos, contient : 1.517 cetérées, 65 destres.
Le coussoul dit Les Tapies, terroir de Fos, contient : 485 cetérées, 51 destres.
Le coussoui de Valeignette, terroir d'Arles, contient : 828 cetérées, 28 destres.
Le coussoul de Menudelle, terroir d'Arles, contient : 857 cetérées, 28 destres. (1)
1. Archives de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier.

Un procès-verbal, en date du 7 mai 1781, fut dressé de la visite des améliorissements de la commanderie de Salliers faits par le vénérable bailli, frère Toussaint de Vento des Pennes, commandeur de ladite commanderie à titre de grâce magistrale.
D'après ce procès-verbal, les charges envers l'ordre sont de : 6.117 livres, 16 sols, 2 deniers.
Les pensions sont de : 5.063 livres, 17 sols.
Les charges locales sont de : 3.145 livres, 10 sols.
Reste net au commandeur : 14.325 livres, 43 s. 2 d. (2)
2. Archives de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier.

Le 7 avril 1781, le grand prieur de Rolland, représenté par Jean-Joseph Gontard, prêtre collégiat de Saint-Gilles, son procureur fondé, reçoit de messire Jean-Jacques Baron, avocat, habitant de la ville de Saint-Gilles, une reconnaissance féodale de 45 cetérées de terres au terroir d'Argence par-devant Me Rocquelain, notaire à Saint-Gilles (3).
3. Etude de Me Gallois, notaire à Saint-Gilles, Registre de Me Rocquelain (1781 à 1782, folio 212).

Le grand prieur de Rolland fut précédé dans la tombe par le commandeur Honoré-François-Xavier de Grille d'Estoublon, qui mourut à Avignon, le 18 juin 1779, mais qui avait longtemps habité Arles et avait été très assidu aux réunions officielles des chevaliers de Malte. Il était fils de François de Grille, seigneur de Robiac, marquis d'Estoublon, et d'Eugénie de Riquetti. Il était né le 18 octobre et fut baptisé le 3 décembre 1705. Il fut présenté à Malte, le 14 février 1719, et 'reçu le 6 mai suivant.

Dans l'Ordre, il avait été page du grand-maître, lieutenant de galères, commandeur d'Argence et de Beaulieu en 1768. Avec le grand prieur et le commandeur Raybaud il fut un des quarante recteurs chargés de l'administration du Mont-de-Piété- d'Arles (1). 1. Baron du Roure : Inventaire analytique de titres et documents originaux tirés des archives du château de Barbegal, page 374, et Bibliothèque municipale d'Arles. Abbé Bonnemant. Ms. 160 : Communautés du diocèse d'Arles à l'article Mont-de-Piété.

Cette mort fut suivie, deux ans après, de celle du commandeur, prêtre, Joseph-Antoine Raybaud, qui décéda le 22 novembre 1781 et fut enterré dans la chapelle prieurale d'Arles.
Avant de mourir, le grand prieur, de Rolland, fit refaire, en 1781, la porte d'entrée du grand prieuré, telle qu'on la voit encore aujourd'hui, comme l'atteste l'inscription suivante, sculptée dans la partie supérieure : Le bailly de Rolland-Réauville, Grand Prieur de Saint-Gilles MDCCLXXXI. La mort surprit le grand prieur, dans son hôtel, le 6 janvier 1782. « Il fut tellement avare, dit l'analyste Pierre Véran, qu'on trouva dans ses coffres plus de 25,000 livres en or ou en argent » (2).
2. Archives municipales d'Arles. — Fonds Louis Mège. — Mémorial de Jean-Baptiste Vallière.

Frère Charles-Félix de Galéan-Gadagne 1782-1783

De Rolland-Réauville eut pour successeur Charles-Félix de Galéan-Gadagne, nommé le 30 janvier 1782. Il était fils de François-Pierre, seigneur de Vedènes et autres places, et de Louise d'Amanzé. Il naquit à Avignon le 6 septembre 1709, fut reçu chevalier le 11 octobre 1710. Il avait été enseigne, le 15 avril 1730.

Quoique la famille de Galéan ou Gallien soit avignonnaise, on la met parmi la noblesse de Provence, puisqu'elle y possède le marquisat de Salernes ; ses armes sont : d'argent à une bande de sable, remplie d'or, et accompagné de deux roses de gueules (1).
1. Etat de la Provence dans sa noblesse, tome II, pages 116 et 119.

Il avait été reçu profès dans le grand prieuré, le 24 mars 1752. Le chevalier Henri-François Xavier de Grille d'Estoublon présida la cérémonie de sa profession. « L'archivaire » Joseph-Antoine Raybaud, prêtre conventuel, ne pouvant point, à cause de ses occupations, assister à la cérémonie, et comme nul autre prêtre de l'ordre ne se trouvait à Arles, ce fut Louis Léonard, sous-chanoine de Saint-Trophime, qui vint dire la messe, à laquelle assistèrent Joseph-Paul de Gautier-Valabres (2), commandeur de Cavalès, le chevalier novice Joseph de l'Estang-Parade, Louis Achille de Grille, marquis d'Estoublon et Guillaume-Antoine, marquis de l'Espine.
2. Joseph-Paul était fils d'Antoine de Gautier de Valabres, conseiller à la Cour des comptes et puis au parlement de Provence, et d'Anne de Ricard. Il fut baptisé dans l'église du Saint-Esprit à Aix, le 9 décembre 1706. La commanderie de Cavalès, qui lui rapportait à peu près 4000 livres, lui fut donnée par grâce prieurale en mai 1737. Le grand prieur de Piolenc le choisit pour son lieutenant en 1751. Il fut un grand amateur de beaux-arts. De concert avec le bailli de Revel, il aida puissamment, de sa bourse, les artistes marseillais. E. Perrier : Les bibliophiles arlésiens, page 532.
Il fut chaussé des éperons d'or par Guillaume-François de l'Estang-Parade. L'avocat Pierre Blain, secrétaire de l'Ordre, rédigea le procès-verbal de cette solennité (3).
3. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte, chapitres collations et professions, 1668-1774, volume XXV.

Le grand prieur de Galéan n'habita jamais son hôtel prieural d'Arles ; il y présida cependant les chapitres des 4 mai 1782 et 1783. Pendant le peu de temps qu'il fut grand prieur, il fut amené à porter remède à une situation des plus onéreuses pour l'Ordre. Le bailliage de Manosque était occupé depuis plusieurs années par des chevaliers, qui non seulement n'observaient pas la résidence, mais de plus étaient avancés en âge, ce qui les empêchait d'avoir toute l'activité nécessaire pour la prospérité matérielle de ce bénéfice. A un des derniers chapitres de la vénérable langue de Provence, un vœu fut émis pour la nomination d'un bailli plus apte à gérer les intérêts du bailliage. Antoine-Apollinaire de Moreton-Chabrillan qui était en fonctions, âgé de 75 ans, n'hésita pas à donner sa démission, pour hâter la réalisation de ce désir. La lettre par laquelle il notifie sa décision existe encore, écrite, de Paris, le 6 Juillet 1782, signée de sa main, scellée de ses armes. Elle se trouve aux Archives municipales d'Arles, dans le fonds Louis Mège (1).
1. Abbé M. Chailan, Curé d'Albaron. — L'Ordre de Malte, dans la ville d'Arles, page 156-157.

Pendant son priorat, le grand prieur de Galéan passa aussi deux arrentements par devant Me Roquelain, notaire à Saint-Gilles, l'un de la commanderie du Plan-de-La-Peyre et l'autre de Porte-Arnaud, membre dépendant de la commanderie de la Favillane.
Le premier, qui fut passé le 3 juin 1782, porte que Antoine Lions, bourgeois, habitant de la ville d'Arles, en qualité de procureur fondé de Messire Honoré de Thomas Châteauneuf, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de la commanderie du Plan-de-La-Peyre, par acte de procuration reçu par Me Laurent-Paul Morini, notaire de la Valette dans l'île de Malte, en date du 4 avril 1776, dument contrôlé au bureau de la ville d'Arles, le 4 avril 1777, arrente à Jean Aurillon, ménager, habitant de cette ville de Saint-Gilles, ladite commanderie du Plan-de-La-Peyre, située dans le terroir dudit Saint-Gilles, près le port de Sylvéréal, pour cinq ans, à raison de 5,800 livres chaque année.

Le second arrentement, qui fut passé aussi le 3 juin 1782, porte que Messire Lions, bourgeois d'Arles, procureur de Messire Marie-Bruno de Foresta, chevalier profès de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de la Favillane, procureur général de l'Ordre, receveur de son vénérable commun Trésor au grand prieuré de Saint-Gilles, par acte reçu Me Bonsignour, notaire de Marseille, arrente à Denis Portal, ménager de Saint-Gilles, le mas et tènement de Porte-Arnaud, membre dépendant de la commanderie de la Favillane, située dans la Camargue, quartier de la Corrège, pour six ans, à raison de 3,600 livres, chaque année (1).
1. Etude de Me Gallois, notaire à Saint-Gilles. Minutes de Me Rocquelain (1781-1782), folios 386, 389.

On s'occupait alors, d'une manière très active, à dresser les projets et les plans de la construction du canal de Beaucaire à Aigues-Mortes, qui allait favoriser le commerce à Saint-Gilles.
Aussi, au Conseil municipal ordinaire du 3 novembre 1782, la communauté demanda-t-elle qu'on établisse le bassin du canal dans l'enclos dit des Templiers, appartenant à l'Ordre de Malte, soit pour l'utilité du commerce, soit pour l'avantage de la communauté en général.

Déjà, au Conseil municipal ordinaire du 20 décembre 1781, la municipalité avait demandé que, par suite de la création du canal de Beaucaire à Aigues-Mortes, il soit créé un port à Saint-Gilles, et que le bassin du canal formant ce port soit placé dans l'enclos des Templiers. Cette demande du Conseil municipal fut favorablement accueillie (2).
2. Archives municipales de Saint-Gilles, BB, 19e registre des délibérations du Conseil municipal depuis le 17 octobre 1775 jusques au 7 février 1790.
Le grand prieur de Galéan vit à peine commencer les travaux de la construction du canal, il mourut le 15 août 1783, à 6 heures du matin, dans la ville d'Avignon.

Frère Joseph-Guillaume-François-Gabriel de l'Estang-Parade 1783-1786

La nouvelle de la mort du grand prieur de Galéan parvint à Joseph-Guillaume-François-Gabriel de l'Estang-Parade, quatre heures après, au château du Mas-Blanc, près de Tarascon. Il devait être son successeur et fut nommé le 13 septembre 17H3. La famille de l'Estang-Parade porte d'or au lion d'azur armé et lampassé de les gueules. Le grand prieur de l'Estang naquit à Aix, le 14 janvier 1715. Il était fils de Jacques-Joseph, mort à Aix, doyen estimé et regretté du Parlement, et d'Elisabeth-Albert du Chaîne. Il servit, comme enseigne, Sur les galères du roi de France, jusqu'à la suppression de ce corps en 1748.

Il fit profession à Aix, dans l'église Saint-Jean de Malte, entre les mains du commandeur Joseph-Albert du Chaîne, le 17 octobre 1756, devint commandeur de Capette en 1766, de Palliers vers la fin de 1769, de Caubins et de Morlas en 1776. Il avait un frère, Antoine, qui était chevalier comme lui, et qui fut tué dans un combat naval livré par le Magnanime contre deux vaisseaux anglais, le 11 février 1748, étant lieutenant de vaisseau.

Le 20 novembre 1783, Messire Espérit-d'Albert Saint-Hippolyte, chevalier profès de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Capette, habitant de la ville d'Aix, arrente et baille à titre de ferme, rente sûre et prix d'argent, au sieur Etienne Marignan fils cadet, de Saint-Gilles, la commanderie de Capette, pour neuf ans, au prix de 11,800 livres, acte reçu par Me Louis Rocquelain, notaire de Saint-Gilles, dans la maison de Firmin Coriolis, doyen du Chapitre, en présence de Troudet, lieutenant de juge et Claude Chulias, maçon (1).
1. Papiers de la famille Beuf-de-Gorsse mis à notre disposition.

Nous devons faire remarquer qu'au Chapitre provincial célébré à Arles dans le courant de mai 1785, il fut question de la démolition de l'enclos des Templiers et du vieux Temple, qui s'y trouvait compris, le tout de la dépendance du grand prieuré de Saint-Gilles, mais qu'une force majeure va bientôt ordonner d'abattre pour faire place au nouveau canal, qui va de Beaucaire à Aigues-Mortes, actuellement en construction. On offrait au grand prieur d'en acheter les décombres (2).
2. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte, chapitres et assemblées (1784-1791). Volume XXI, page 373.

Le grand prieur Guillaume de l'Estang présidait habituellement les réunions canoniques des chevaliers, cependant il fut suppléé à plusieurs reprises, notamment pour une assemblée extraordinaire tenue le 14 décembre 1785. Voici la lettre qu'il adressa, à cet effet, à Joseph-François-Auguste de Porcellet.
« Au château de Mablan, le 12 décembre 1785, Monsieur et très cher commandeur et confrère, Ma santé, les chemins impraticables, m'empêchent de me rendre à Arles, je me flatte que vous voudrez bien avoir la bonté de me suppléer, et de tenir une assemblée extraordinaire pour y faire la révision des preuves de M. le chevalier de Barbentane de Beauregard.
J'ay l'honneur d'être, avec un respectueux attachement, Monsieur et cher Confrère, votre très humble et très obéissant serviteur.
LE BAILLI DE PARADE, grand prieur de Saint-Gilles (1). »
1. [C. B. Godefroy]. Etude sur une famille de Provence : Les de l'Estang-Parade, Paris, 1883, in-8° de 72 pages. Archive des Bouches-du-Rhône. — Ordre de Malte. Assemblées extraordinaires (1772-1789). Volume XXIV.

Le grand prieur de l'Estang, malgré son âge et ses infirmités, entreprit en 1785 la visite générale des commanderies du grand prieuré. Le 2 mai, il commença par la maison du commandeur de Saliers à Arles, qui joignait l'hôtel prieural. Il était accompagné de Jean-Baptiste-Joseph Gros « archivaire », de Jean-Daniel-Joseph Beuf, avocat, comme secrétaire, et de Louis Arnaud, représentant du commandeur, Toussaint de Vento des Pennes (2).
2. Toussaint était né le 6 mars 1721, d'Henri, chef d'escadres, et d'Angélique de Rolland-Réauville. Il obtint la commanderie de Saliers par grâce magistrale, le 6 juillet 1773. Il fut, jusqu'à, la destruction de l'Ordre, secrétaire du grand-maître. Sa correspondance, dénote un homme instruit et de beaucoup de jugement.

L'année suivante, le 26 mai 1786, suivi de son aumônier, Gerard Pillier, bénéficié, sous-chanoine de la Sainte Eglise d'Arles, il visita la ferme de Saliers, le lendemain « les membres » de l'Aurisset et de la Vigne qui en dépendaient ; en retournant à Arles, il s'arrêta à Port-Arnaud, propriété de la commanderie de la Favillane, appartenant au chevalier Bruno-Marie Foresta (1).
1. Bruno-Marie était fils de Jean-Paul de Foresta et d'Anne de Bruny d'Entrecasteaux. Il naquit à Marseille, le 5 février 1735. Il fut reçu de minorité, le 19 juin 1736, profès en 1770, devint capitaine de la galère capitane en 1772, commandeur de la Favillane, procureur du Trésor dans le prieuré de Saint-Gilles de 1781 à 1787. Le 22 avril 1792, il était nommé grand-croix de l'Ordre.
Le 13 janvier 1793, il fut ambassadeur de la Religion auprès du Gouvernement français et a laissé un récit émouvant et plein d'intérêt de cette ambassade. Il mourut à Paris le 27 novembre 1818.
Notice généalogique de la maison de Foresta [par E. Rey de Foresta].


Nous avons en notre possession le procès-verbal de la visite de la commanderie de la Favillane, qui nous apprend que Laurens Lions fils, bourgeois de la ville d'Arles, procureur fondé du commandeur de Foresta, donne les renseignements sur la commanderie. Elle consiste à son chef qui est la métairie de la Favillane, au membre de Port Arnaud, et finalement à un cens de 3 livres, 12 sols, que M. de Faucon, conseiller au parlement de cette province, sert à ladite commanderie pour une terre des dépendances de son mas dit du Radeau, terre appelée la Vigne, contenant 25 cetérées suivant la dernière reconnaissance du 25 octobre 1762, reçue par Me Mathieu Beuf, notaire à Arles. Le grand prieur renvoie la visite de la Favillane, quand il sera à portée de cette commanderie.
Le 29 mai, il vint voir les Jasses du Baron, et le 6 juin, de nouveau, la maison de Saliers à Arles.
Le lendemain, la commanderie de Trinquetaille, possédée par Joseph-François-Auguste de Porcellet, fut parcourue et, le 8 juin, la maison d'Arles de ce religieux. Le 12 juin, ce fut le tour du Mas-Thibert, membre dépendant de la commanderie de Trinquetaille.
Du Mas-Thibert, il va coucher à Leisselle, et il s'est rendu, le 13 au matin, en se retournant à Arles, au mas de la Favillane, cheflieu de la commanderie de ce nom, éloigné du dit Leisselle d'une lieue, de deux du Mas-Thibert et d'environ cinq de la ville d'Arles, situé au plan du Bourg, terroir de ladite ville, paroisse de Saint-Trophime, juridiction et sénéchaussée d'Arles.
La Favillane est affermée aux sieurs Joseph, Jean-Baptiste et Joseph Moulx père et fils, par acte du 15 octobre 1783, notaire Beuf de la ville d'Arles, moyennant la rente sûre, certaine et annuelle de 2.600 livres.
Le membre de Porte-Arnaud est affermé au nommé Denis Portal de Saint-Gilles par acte du 3 juin 1783, notaire Rocquelain, acte rapporté ci-dessus, au prix de 3.600 livres.
Total du revenu 6.200 livres.
Total des charges 1.594 livres, 5 sols.
Reste net au commandeur : 4.605 livres, 15 deniers.
Bénéfice un peu supérieur à celui de l'année 1762, qui n'était que de 4.443 livres, 5 sols, 85 deniers.

L'enquête faite et signée par le grand prieur de Parade auprès de Me Jean Coillet, notaire, et Louis Arnaud, bourgeois habitants à Arles, nous apprend que le commandeur de Foresta fait continuelle résidence à Marseille et vient régulièrement à Arles remplir les fonctions de sa qualité de receveur et procureur général de l'Ordre. Le grand prieur signe les ordonnances et la conclusion de la visite en date du 14 juin 1786 à Arles (1).
1. Archives de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier ln-folio de 5 feuilles.

Le 22 mai 1786, le bailli de Parade, grand prieur de Saint-Gilles, commandeur de Sainte-Luce, donne des lettres de commission signées par lui et scellées du cachet de ses armes sur cire d'Espagne rouge au frère Chrysostome de Gaillard d'Agoult, chevalier, commandeur de Poët-Laval et de Beaulieu, et à messire Jean Andrau du Clos, prêtre du diocèse de Senex, pour visiter le bailliage de Manosque, le membre d'Astros, chef de la commanderie du même nom, et les commanderies de Marseille, de Puymoisson, de Comps, de Nice et de Sainte-Marguerite de Luzeranne, situées dans la province de Provence et dans le duché de Savoie au comté de Nice, dépendants du grand prieuré de Saint-Gilles.

Ils commencent par la commanderie de Marseille possédée par frère Clément-Jérôme-Ignace de Resseguier, chevalier, bailly et grand-croix. Ils se rendent à Marseille le 14 juin 1786, où ils sont joints par Jacques-Laurent Abrard, religieux d'obédience, et l'un des secrétaires de l'Ordre, qu'ils choisissent pour leur servir en ladite qualité et ils ont tous ensemble pris retraite chez Roubaud, hôte du logis, où prend pour enseigne : « La Croix de Malte » et, avant de commencer, ils prêtent serment et font la visite de tous les membres de la commanderie énumérée ci-dessus.
Revenu de la commanderie de Marseille : 31.490 livres, 19 s. 2 d.
Charges : 12.320 livres, 16 s. 6 d.
Reste net au commandeur : 19.170 livres, 2 s. 8 d.
Bénéfice qui est supérieur à celui de l'année 1762, lequel n'était que de 13.495 livres, 4 s. 9 d.
Les ordonnances sont faites à Vidauban, le 1er août 1786 (1)
1. Archives de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier in-folio de 48 feuillets.

Un des derniers actes, comme grand prieur, de Guillaume de L'Estang fut de présider la cérémonie de profession religieuse de son neveu Gaspard-Joseph de L'Estang Parade, qui eut lieu à Arles le 5 juin 1786, dans la chapelle de Saint-Jean. Le grand prieur était assisté du chevalier Chrysostome de Gaillard d'Agoult, commandeur de Poët-Laval et de Beaulieu, et de Jean-Baptiste-Joseph Gros, prêtre conventuel. Deux représentants de la noblesse d'Arles étaient présents. C'étaient :
Anne-Joseph-Louis-Marie de Grille et Antoine de Billaut Sainte-Livière (2), ancien capitaine au régiment Barrois infanterie.
2. Décédé à Arles, dans sa maison de la place Jouvène, le 12 fructidor, an XII (30 août 1804) Il était veuf de Marie-Pierre Jouvène, fille de Marc-Antoine L. Mège.

Attendu les grandes occupations du prêtre Gros, ce fut l'aumônier du prieur, Gérard Pillier, qui célébra la messe et ce fut le chevalier de Gaillard qui mit les éperons dorés aux pieds du nouveau profès (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte. Collations et Professions (1775-1792). Volume XXVI.

Gaspard de l'Estang, frère de Jacques-Joseph, dont il est question plus haut, était né le 9 mars 1747. Il fut nommé garde de la marine, à Toulon, en 1765, et plus tard commandeur de Grezans. Il parvint jusqu'au grade de capitaine de vaisseau, qu'il occupait encore en 1792. Pendant la Révolution, il se retira à Malte. On connaît de lui deux lettres datées, l'une de Smyrne le 14 juin 1790, et l'autre de Toulon le 30 août suivant, et qui « rendent bien compte des difficultés que l'indiscipline des équipages présentait, dès 1790, à l'exercice du commandement. » Il vivait encore en 1816, époque à laquelle il parvint à se faire payer, pour ses anciens services, une pension de retraite.

« La vie du commandeur de Grézans offre bien le type de celle des cadets des familles nobles de l'époque. Ils entraient, dès l'enfance, comme chevaliers de minorité, dans l'Ordre de Malte. Leur ancienneté datait du jour de l'enregistrement du bref de nomination à la chancellerie de l'Ordre ; mais ils étaient tenus d'avoir fait leurs preuves de noblesse à vingt-cinq ans révolus, attendu que leur réception n'était consommée qu'après l'acceptation des preuves dans leurs langues respectives. »

« En attendant, ils faisaient leurs caravanes, c'est-à-dire leur éducation navale, sur les vaisseaux ou les galères de l'Ordre et souvent passaient ensuite dans la marine royale. Elle trouvait là, sans difficulté, ni dépense d'aucune sorte, une pépinière de bons officiers... Outre leur éducation maritime, les jeunes chevaliers puisaient, dans leurs relations avec les représentants des diverses aristocraties européennes faisant partie de l'Ordre, ces traditions de courtoisie et d'urbanité qui distinguaient, à un si haut degré, les officiers de l'ancienne marine française... »
Le dernier chevalier de Malte de cette famille est sans doute Jean-Joseph-Alexandre de l'Estang, qui fut reçu chevalier de Malte, le 11 octobre 1770. Pendant la Révolution il était à Malte, auprès de son oncle, le commandant de Grézans. Il s'occupait de peinture. Il exécuta un remarquable portrait de son père, Joseph Melchior, qui avait été, quelque temps aussi, chevalier de Malte, et qui fut gravé en 1813 par Marius Reinaud. « C'est une eau-forte assez finement exécutée » (1). Son hôtel, rue de l'Opéra, à Aix, renfermait une collection de tableaux et d'objets d'art.
1. Grâce à l'obligeance de M. l'abbé Chailan, curé d'Albaron, nous pouvons en reproduire ici un exemplaire.
Son frère, Joseph-Guillapme-Hercule, né à Aix le 17 mai 1767, également chevalier de Malte, mourut, garde de la marine, à Cadix (2).
2. Etude sur une famille de Prouence. — Les de l'Estang-Parade [par C.-B. Godefroy, sous-directeur au ministère de la marine en retraite]. Paris, 1883, in-8° de 72 pages.

Deux mois avant la mort du grand prieur de l'Estang-Parade, le 10 juin 1786, Me Jean-Daniel-Joseph Beuf, avocat en parlement, procureur fondé de Toussaint de Vento de Pennes, chevalier, grand-croix, commandeur de Saliers, résidant à Malte, arrente à sieur Nicolas-Charles Compan fils, bourgeois d'Arles, le coussoul dit le Ventillon, dépendant de la commanderie de Saliers, situé en Crau, pour six ans, moyennant la rente annuelle de 18.000 livres, acte reçu par Me Coillet, notaire royal d'Arles, et contrôlé en cette ville Je 19 juin 1786.

Le jour même de la mort du grand prieur de l'Estang-Parade, le 10 août 1786, le même Joseph Beuf afferme le coussoul de Valignette, dépendant de la commanderie de Saliers, situé en Crau, à dame Catherine Gravier, veuve du sieur Jean-Florent Huart, ancien lieutenant au siège d'Arles, sr Denis-Michel Huart, son fils, acceptant pour elle, pour six ans, moyennant la rente annuelle de 1.130 livres. Acte reçu par Me Coillet, notaire à Arles, et contrôlé en cette ville le 17 juin 1786. A la même date du 10 août 1786, ledit Joseph Beuf afferme les coussouls de Menudelle et Les Tapies, dépendant de la commanderie de Saint-Pierre-de-Saliers, situés en Crau, à sr Jean-Antoire Tournaire, bourgeois d'Arles, pour six ans, moyennant la rente annuelle de 2.000 livres.
Acte reçu par Me Coillet, notaire d'Arles, et contrôlé en cette ville le 17 août 1786 (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuille volante mise à notre disposition.

Le grand prieur de l'Estang-Parade n'avait pas perdu son temps. Deux mois après la visite de la Favillane, le 14 août 1786, il expirait au château du Mas-Blanc, près Tarascon, et fut enterré dans l'église champêtre de Saint-Estève, située dans les environs (2).
2. Annales de la ville d'Arles. Me Félix Pomme au pouvoir de M. E. Fassin, conseiller à la Cour d'appel d'Aix.

Frère François-Louis de Franc-Montgey 1786-1789

Le grand prieuré, vacant par la mort de l'Estang-Parade, fut conféré à François-Louis de Franc-Montgey. Il était né le 11 août 1712 et avait été reçu chevalier le 21 novembre 1715. Il avait été commandeur de Nice en 1762, de la Favillane en 1766, d'Astros au prieuré de Toulouse en 1772, de Golfech, au même prieuré, en 1781, de Sainte-Luce en 1787.
Il résidait à Toulouse, en son hôtel situé rue des Chapeliers, paroisse Saint-Etienne, où nous le voyons remplir, en 1787 et en 1788, plusieurs actes de sa haute fonction. Il prit pour son lieutenant Louis-Dominique de Gras-Préville, commandeur de Millau. Pendant son court « priorat », il ne parut point aux assemblées annuelles. Il obtint du grand-maître Emmanuel de Rohan-Polduc, par bulle expédiée de Malte le 4 mai 1787, la permission d'affermer le grand prieuré de Saint Gilles, et par acte du 22 mars 1788, reçu Me Miz, notaire de Toulouse, il donne sa procuration à Me Jean-Daniel Beuf, avocat au parlement, citoyen d'Arles, et le 3 mai 1788, celui-ci en sa dite qualité afferme à Jacques Archinard, négociant de la ville de Nîmes, le grand prieuré de Saint-Gilles tel qu'il est joui par le fermier actuel, suivant le bail qui leur en fut passé le 12 janvier 1785, reçu par nous notaire. Le grand prieuré consiste : 1° Aux terres et Segonaux dit de Ourle joignant le mas Desport.

2° Au grand mas d'Argence.
3° Au grand quartier de la maison collégiale de Saint-Jean, proche la ville de Saint-Gilles, consistant au grenier haut, à une cuisine, à la chambre attenante, une écurie, un grenier à foin, un cellier, poulailler et loge à cochon, en la terre du clos devant ladite maison, aux pasquiers joignant les terres ou prés sur le derrière, au pigeonnier et la vignasse située au grès de Saint-Gilles.
4° Aux tènements de la Fosse, Canavère, Clare Farine, du Radel, Saint-Jean de la Pinède et de Listel, aux droits de raisonnage de la Silve Godesque sous les usages et facultés énoncés au précédent bail à ferme, aux Salins de Pinède ou du Radel et de Courtès, aux roseaux et sagnes des Pobits et marais dudit Courtès de Pinède et de la Selve supérieure et inférieure.
5° Aux pêcheries dépendantes des grands herbages, avec les sagnes et roseaux de Canavère et les bois de tamaris.
6° Aux gros et menus bétails formant les meubles d'état et capital dudit prieuré.
7° Aux salicots de Saint-Jean de Peccais, droit de propriété et franc salé en dépendant.
8° En la maison située en la ville d'Aigues-Mortes.
9° En la maison située en la ville de Saint-Gilles et en la terre et seigneurie de Générac avec ses dépendances.
10° En la pension de 82 livres que sert audit grand prieuré le membre de Campublic, dépendant de la commanderie d'Astros, le tout pour neuf ans, moyennant le fermage annuel de 50,000 livres et sous les réserves indiquées dans l'acte de bail à ferme, reçu Me Gautier, notaire de Saint-Gilles (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, cahier de 20 feuillets, papier mis à notre disposition.
Outre les assemblées ordinaires, qui se tenaient au grand prieuré, il y avait à peu près, tous les ans, une ou plusieurs convocations extraordinaires. Il existe aux Archives des Bouches-du-Rhône, dans le fonds de Malte concernant le grand prieuré, un registre intitulé : Assemblées extraordinaires de 1772 à 1789, où l'on peut voir la date précise de ces réunions avec le nombre de chevaliers présents. En général, elles avaient pour but d'examiner les preuves de noblesse de quelque nouveau chevalier.
Une assemblée pareille, dite réunion d'automne, eut lieu au grand prieuré, le lundi 10 novembre 1788 ; en l'absence du grand prieur, elle fut présidée par Louis-Gaspard de Tulle-Villefranche, commandeur d'Aix. Etaient présents : Louis-Dominique de Gras-Préville, lieutenant du grand prieur, commandeur de Millau.
Bruno-Marie de Foresta, procureur général.
Chrysostome de Gaillard-d'Agoult, commandeur de Poët-Laval et de Beaulieu.
Louis-Charles-Régis de Coriolis d'Espinouse (1), commandeur de Lugan.
1. Louis-Charles-Régis de Coriolis d'Espinouse était fils de Pierre et de Renée-Charlotte-Félicité de Vintimille. Il fut aussi lieutenant des vaisseaux du Roi.

Pierre-Claude-Secret de Gueydan (2), commandeur de La Vernède.
2. Pierre-Claude était fils de Gaspard de Gueydan et d'Angélique de Simiane. Il naquit le 25 janvier 1755. Archive des Bouches-du-Rhône — Ordre de Malte. Dossier n° 223.

Jacques de Durand-Sarboux, commandeur de La Favillane.
Charles-Antoine de Guignard de Saint-Priest, commandeur de Saint-Christol.
Le chevalier Charles de Pontevès-Maubousquet (3)
3. Charles était fils de Melchior-Lazare de Pontevès et d'Anne d'Olon. Il fut baptisé à Ners (Gard), pays de sa mère, le 4 octobre 1739, idem, Dossier n° 319.

Et le prêtre Jean-Baptiste-Joseph Gros, « archivaire »
On nomma pour représentants du grand prieuré aux réunions préparatoires à l'élection des députés aux prochains Etats-Généraux : le bailli de Villefranche, le chevalier de Gaillard et le chevalier de Saint-Priest. « A cet effet, dirent les capitulants, nous leur donnons plein et entier pouvoir d'y intervenir et préalablement se concerter avec les députés des autres grands prieurés de la nation française tant sur le rang à obtenir par l'Ordre dans cette assemblée, que sur les autres objets qui l'intéressent ; les chargeant toutefois expressément d'y traiter, accepter et conclure tout ce qu'ils aviseront de mieux pour le bien, l'honneur et l'utilité de notre Ordre » (1).
1. Archives des Bouches-du-Rhône — Ordre de Malte. Chap. et ass. (1784-1791), volume XXI.
Mais cette délibération ne fut point approuvée à Malte, et les chevaliers qui avaient fait acte de présence à Aix, aux premières réunions préparatoires, durent rentrer dans leurs foyers quand la défense du grand-maître fut connue (2).
2. Voir cette défense aux pièces justificatives.
Au commencement de l'année 1789, eurent lieu les assemblées des délégués des diverses corporations pour la rédaction des cahiers de doléances à présenter aux Etats-Généraux. Le 12 mars, les députés de la ville de Saint-Gilles, réunis dans ce but, émirent le vœu qu'à l'avenir le grand prieur soit tenu de résider dans cette ville et non plus à Arles, et d'y tenir les chapitres et assemblées de son Ordre, et qu'à cet effet le grand prieuré ne soit jamais donné à une personne obligée, par sa place, de résider ailleurs (3).
3. Archives du Gard. C. 1196.
Le grand prieur lui-même, quoique absent, fut convoqué pour assister à l'assemblée des Trois Etats qui devait se tenir dans la ville d'Arles, le 30 mars à huit heures du matin, concourir, avec les autres chevaliers présents (4), à la rédaction du cahier de doléances et procéder à la nomination des députés qui seraient mandés aux Etats-Généraux, mais ni lui, ni aucun commandeur ne vint à cette réunion, ni à aucune autre de ce genre.
4. Voir aux pièces justificatives la citation adressée au commandeur de Saliers.
Les chevaliers de Malte avaient reçu ordre de n'y point paraître; cette défense fut confirmée par le Chapitre du 3 mai suivant qui décida de n'envoyer aucun commissaire aux assemblées des bailliages et sénéchaussées pour élire les députés aux Etats-Généraux.
Ce Chapitre du 3 mai fut présidé par le commandeur de Trinquetaille, Gaspard Louis de Tulle-Villefranche, et comprit seulement 11 chevaliers et 4 prêtres conventuels. Il nous donne des détails sur les événements fâcheux qui venaient de se dérouler dans Arles.
Le commandeur Bruno-Marie de Foresta prit la parole et dit : « Vous n'ignorez pas les émeutes qui sont arrivées en cette ville d'Arles, les diverses menaces qui ont été faites par le peuple, les placards affichés aux portes des riches habitants, l'incendie et le dégast qu'ils vouloient porter dans nos archives, l'hôtel prieural et nos domaines situés dans le terroir de cette ville, vous scavès aussi que les particuliers, les corps, et tous les habitants avisés et qui craignoient pour leurs possessions, donnèrent gratuitement des sommes considérables pour soulager le peuple, mes procureurs m'instruisirent de tout, et j'ay cru qu'il étoit du devoir de notre Ordre, et pour préserver nos maisons et nos biens d'incendie et de dévastation, de faire compter au receveur de cette imposition libre et généreuse la somme de 2.400 livres ; mon exemple a été imité par Messieurs l'illustrissime grand prieur de Saint-Gilles et le vénérable bailli des Pennes, commandeur de Saliers, qui ont donné en leur particulier une somme relative à leur générosité et je demande sur ce sujet votre approbation. »
« Le Chapitre déclara qu'il ne pouvoit trop applaudir à la sage conduite du Receveur, qui a été déterminée par les circonstances, et a seule produit l'heureux effet de préserver les archives, les maisons et les biens de l'Ordre, dans la ville d'Arles et son terroir, de l'incendie et de la dévastation dont ils étoient menacés publiquement par les membres de l'émeute, qui pendant assez longtemps a répandu la crainte et la terreur dans l'esprit de tous les honnêtes citoyens de ladite ville, dont plusieurs ont été pareillement menacés des mêmes violences. » (1)
1. Archives des Bouches-du-Rhône. — Ordre de Malte. Chapitres et assemblées (1784-1791), volume XXI.
Ces mesures préservatrices permirent aux chevaliers de Malte de ne pas trop ressentir les premiers effets de la Révolution. Ils continuèrent encore, pendant quelque temps, de louer les terres dépendant de l'Ordre, d'en retirer les revenus, de pouvoir se réunir comme à l'ordinaire dans le grand prieuré. Toutefois les chevaliers se faisaient rares, quelques-uns avaient déjà quitté la France et gagné Malte.
Avant la réunion de ce Chapitre, Jean-Daniel-Joseph Beuf, procureur du grand prieur de Montgey, rendit ses comptes entre les mains du bailli de Foresta, receveur de l'Ordre.
Parmi les recettes et les dépenses de sa gestion du 1er mai 1788 au 30 avril 1789, (1) il faut relever les suivantes :

40.000 livres données par Delpuech, fermier du grand prieuré.
300 livres payées à l'abbé Pillier, pour une année de service à l'hôtel prieural.
250 livres à chacun des quatre gardes terres et bois du grand prieuré.
18 livres à chacun des 14 capitulants venus au Chapitre de 1788.
54 livres à Bonnefille, marbrier, pour les armoiries du grand prieur de Montgey, apposées sur l'hôtel prieural (2).
30 livres à Lion, puiné, pour frais de deux assemblées extraordinaires tenues à Marseille, présidées par le bailli de Gaillard.
440 livres, 10 sols, pour les différents dîners donnés à l'hôtel prieural, à l'assemblée de novembre 1788, suivant le compte de Vignaud.
1. Dans l'Ordre de Malte, l'année administrative commençait le 1er mai.
2. Tous les nouveaux grands prieurs faisaient graver leurs armoiries sur le grand prieuré. Bonnefille toucha encore 54 livres le 30 décembre 1789, pour avoir placé celles de Villefranche, le dernier grand prieur.

1.296 livres données en aumônes, suivant les ordres du grand prieur, savoir 1200 livres à la Charité d'Arles et le reste à l'hôpital de Saint-Gilles.
56 livres 10 sols, à l'imprimeur Mesnier pour différentes affiches faites pour arrentement du grand prieuré ; elles furent placées à Nîmes, Montpellier, Saint-Gilles, Beaucaire, Fourques, Générac, Vauvert.
192 livres, 10 sols, pour prix d'une cafetière d'argent donnée à Gautier, notaire à Saint-Gilles, d'après les ordres du grand prieur, pour les peines et les soins qu'il a pris pour défendre l'Ordre.
84 livres, 3 sols, à Orcel, charcutier, pour deux envois de saucissons au grand prieur.
Total : 42.720 livres, 23 sols.

Il fut fortement question, pendant cet exercice financier, de refaire l'autel en marbre, Bonnefille en avait fait le devis qui se montait à 1.485 livres ; il avait même commencé cet ouvrage ; sur les ordres du grand prieur, il dut s'arrêter. Le retable en bois devait être aussi renouvelé. Le devis de cet ouvrage se montait à 830 livres et celui de la sculpture était estimé à 300 livres (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse. Feuille volante mise à notre disposition. Comptes annuels.

Le 11 septembre 1788, on demande au grand prieur deux albergues dues au roi sur la Selve Godesque.
Voici la lettre écrite à ce sujet à M. Gautier, notaire de Saint-Gilles :
« Montpellier, le 11 septembre 1788.
» Suivant les articles 154 et 155, Monsieur, d'un ancien état des cens et rentes de cette généralité, M. le grand prieur de Saint-Gilles doit au roi deux albergues annuelles, savoir : l'une de 9 livres, faisant moitié de celle de 18 livres, rachetée au denier 12, en conséquence de l'Edit de mars 1695, et celle de 8 livres, pour le droit de chasse dans la garenne.
» Le 30 novembre 1775, il lui fut fait un commandement d'en payer 12 années d'arrérages, il n'y a pas encore satisfait depuis le temps, malgré l'annonce faite par le directeur en marge de ces deux articles, que la répétition des deux rentes dont il s'agit ne pouvait souffrir aucune difficulté, parce que les titres et actes qui les établissent reposent aux archives du roi.
» Veuillez donc bien, au reçu de la présente, prévenir le régisseur ou chargé d'affaires de M. le grand prieur, à Saint Gilles, d'acquitter le plus tôt possible et au plus tard d'ici au 30 de ce mois, 25 années d'arrérages des deux rentes, autrement les poursuites seront continuées et l'on fera expédier, aux frais de M. le grand prieur, tous les actes qui prouvent que ces deux redevances sont bien réellement dues et qu'elles n'équivalent sûrement pas aujourd'hui aux revenus des objets cédés par Je roi à M. le grand prieur de Saint-Gilles et pour lesquels elles ont été créées, il est sans doute doublement intéressé à ne pas souffrir des poursuites ultérieures, parce que cette concession étant un acte synallagmatique, qui engage les deux parties contractantes, elle reviendrait résoluble de plein droit et ipso facto par le défaut d'exécution d'une seule des clauses et conditions sous lesquelles elle a été faite ; ainsi si M. le grand prieur, sans avoir racheté entièrement les rentes de 9 livres et 8 livres, se refusait aujourd'hui de les payer, le roi pourrait donc rentrer en possession et jouissance des objets pour lesquels elles lui sont dues et il en retirerait sûrement plus de 17 livres de revenu, etc...
» Je prie M. Gautier de vouloir bien communiquer cette lettre à l'agent de M. le grand prieur et de m'informer le plus tôt possible de ce qu'il lui aura répondu, parce que je suis pressé de poursuivre, en cas de refus de payer. »
Sans signature (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse. Feuille volante mise à notre disposition.
Le 27 septembre 1788, la note de deux albergues sur la Selve Godesque dues au roi par le grand prieur de Montgey fut remise à M. Beuf à Montpellier. Cette note, avec les arrérages de vingt-cinq années jusqu'au 30 novembre 1788, s'élevait à la somme de 425 livres. Cette rente était due à cause des terres et seigneurie de Canavère, la maison de Vendérel était pour 6 livres, que les Templiers faisaient au Roi (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuille volante.
Le grand prieur de Montgey mourut le 8 septembre 1789, et fut inhumé dans l'église Saint-Jean du grand prieuré de Toulouse. Les mauvais jours approchaient. Les évènements allaient se précipiter et détruire sur le sol français toutes ces belles commanderies de Malte et, avec elles, les richesses immenses qu'elles possédaient. Le grand prieuré de Saint-Gilles ne fut pas épargné ; il eut ses vicissitudes avant d'être totalement abandonné et couvert de ruines.

Frère Louis-Gaspardde Tulle-Villefranche

Le dernier grand prieur fut Louis-Gaspard de Tulle-Villefranche. (2) Il était né à Avignon, le 6 janvier 1720, de Jean-Dominique de Tulle, marquis de Villefranche, qui fut reçu page du roi en sa petite écurie, le 16 avril 1704, et de Marie-Madeleine de Pelletier de Gigondas, et avait été élu chevalier de Malte, le 18 septembre 1737.
2. La famille de Tulle-Villefranche originaire de Naples, où elle possédait des fiefs en 1187, puis établie en Piémont, vint se fixer à Avignon en 1389, sous le pape Clément VII, qui retint à sa cour, à son passage, Jacques de Tulle, accompagnant Amédée VII de Savoie auprès du roi de France. Cette famille porte d'argent, à un pal de gueules chargé de trois papillons d'argent mitraillés d'azur. Elle a fourni des premiers consuls, des viguiers, des primiciers d'Avignon, un recteur (gouverneur) du Comtat-Venaissin, trois évêques d'Orange et de Lavaur, six abbés de Saint-Eusèbe et de Blanche-Lande, des pages du Roi, des maréchaux de camp, des ambassadeurs du roi de France et de la ville d'Avignon, de nombreux chevaliers de Malte, dont deux commandeurs. Le marquis de Villefranche fut créé pair de France sous le règne de Louis XVIII. (D'après Pithon-Curt, le P. Fantoni, d'Hozier et d'autres généalogistes.)
Voir à la fin du volume la filiation de la famille de Villefranche


Entré au service du roi de France en 1733, il assista aux campagnes de 1734 et de 1735, comme cornette dans le régiment de Gesvres, passa ensuite capitaine dans le régiment de Clermont-Tonnerre et prit part à la guerre de la succession d'Autriche et se trouva aux batailles de Dettingen (1773), de Fontenoy (1745), de Raucoux (1746), et de Lawfeld (1747). Clermont d'Amboise, qui commandait un escadron dans ce dernier combat, ayant été blessé, il le remplaça et battit un détachement d'un régiment Hessois. En 1757, il fut fait aide maréchal général des logis de l'armée, et en remplit toutes les fonctions pendant la guerre de Sept-Ans (1756-1763), sous les ordres des maréchaux de France d'Estrée, de Richelieu, du prince de Clermont et de Broglie. La bataille de Rosbach (1757) est la seule des affaires, où il ne se soit pas trouvé pendant ces campagnes. En 1760, il devint colonel, en 1767, brigadier, et le 1er mars 1780, maréchal de camp. Il passa au moins seize ans de sa carrière militaire en campagne. Ces brillants états de service lui valurent une pension de plus de 4.000 livres. (3)
3. Bibliothèque ou Musée Calvet d'Avignon. Ms. 2158 : Documents concernant diverses familles de l'Etat d'Avignon, etc., folio 107.

Il avait fait profession dans la chapelle prieurale d'Arles, en 1768. Il était commandeur d'Aix et de Trinquetaille, lorsqu'il obtint le grand prieuré, le 28 septembre 1789, et il avait déjà présidé plusieurs réunions de chevaliers à Arles, notamment en 1788 et 1789. Depuis le 8 mai 1787, il avait, de plus, la charge de l'auberge de Provence à Malte, avec le titre de grand commandeur.
Il prit possession de sa fonction de grand prieur, le 1er mai 1790, et le lendemain, il ouvrit les séances du chapitre, qui ne comptait que douze chevaliers et deux prêtres. Il était encore à Arles le 15 mai, puisque, le même jour, il approuva un règlement présenté par les collégiats de Saint-Gilles. Ce fut alors qu'il se retira à Avignon, d'où, le 13 juin suivant, il partit pour l'exil. Il se réfugia quelque temps à Chambéry, puis de là à Lausanne, où il passa les plus mauvais jours de la Révolution. Il y arriva, le 24 septembre 1791, avec plusieurs membres de sa famille. Les registres de la paroisse d'Assens, dans le pays de Vaud, pour 1794, portent sa signature : « Louis-Gasp de Tulle-Villefranche, grand prieur de Saint-Gilles, de l'Ordre souverain de Malte, maréchal des camps et armées de Sa Majesté très chrétienne »
Il est parrain au baptême de Louis-Charles-Julien, fils de messire Etienne-Hyacinthe de Reidelet, d'Hernaure, province de Bugey, la marraine est Anne-Joséphine Montanier de Yens de la Chavanne, représentant Anne-Marie-Françoise-Charlotte de Gojon de Chatenain, née Balant ; le baptême est célébré par Montanier de Belmont, chanoine de Nîmes, vicaire général de Mgr Cortois de Balore, évêque de Nîmes, qui refusa à la tribune le serment schismatique (4).
4. Les émigrés en Savoie, à Aoste et dans le pays de Vaud, par François Descostes, pages 258 et 326. Chambéry 1903.

Cependant la vie ne s'éteignit pas au grand prieuré ni à la maison collégiale de Saint-Gilles, après le départ du grand prieur de Villefranche pour l'exil. Nous suivrons l'histoire du grand prieuré, pendant la révolution, d'abord à Arles, et ensuite à Saint-Gilles. M. le grand prieur écrivit lui-même de Lausanne, où il était alors, une lettre en date du 17 février 1791, à M. Beuf pour lui confier l'administration du grand prieuré. C'est M. Beuf qui nous l'apprend dans une note que nous transcrivons in extenso :
« Beuf a régi le grand prieuré pendant la jouissance de M. le bailli de Villefranche, en vertu d'une lettre missive de celui-ci, qui ne lui a jamais fait de procuration notariée.
» M. de Villefranche fut obligé de partir d'Avignon, il se refugia d'abord à Chambéry, et de là il passa à Lausanne en Suisse. C'est dans cette ville que M. Jacques Archinard, le cadet, associé avec son frère l'aîné à la ferme du grand prieuré, fut le trouver pour traiter et finir le procès des sels du grand prieuré, existant entre M. de Villefranche et les fermiers.
» Ils furent d'accord moyennant mille louis, que lui compta de suite en argent, ou en lettres de change sur Lyon, M. Archinard, et avec la condition expresse que cet accommodement serait gardé sous le plus inviolable secret, que même on ne cesserait d'écrire à M. Beuf de poursuivre le plus rigoureusement possible les srs Archinard... Tout fut exécuté, mais Beuf, qui se trouvait au milieu des orages des temps, fut exposé très souvent. Il ignorait les accords ci-dessus faits à Lausanne.
» Le dimanche 27 avril 1806, avant midi, j'ai remis au cousin Aydoux de Carpentras, chez moi, en présence de ma femme et de mon fils : » 1° Copie de mon compte avec M. le receveur pour le vacant du grand prieuré fini le 30 avril 1791, par lequel il m'est encore dû le reliquat se montant à 2,594 livres, 11 deniers.
» 2° Plus le compte courant de M. de Villefranche pour ses jouissances dudit grand prieuré. » Le tout pour me régler et finir cette affaire » (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuille volante mise à notre disposition.

Le 23 mars 1791, M. Beuf, secrétaire de l'Ordre, reçoit de M. François de Castellane, commandeur de Capette, sa procuration pour régir sa commanderie ; aussi le 21 novembre de la même année, Beuf afferme la commanderie de Capette à Pierre Marignan, ménager de Saint-Gilles, pour 9 ans, à raison de 10,000 livres, Acte reçu, Me Gautier, notaire de Saint-Gilles (2).
2. Papier appartenant à la famille Mazer-Nourrit.

La municipalité arlésienne avait décidé, le 12 mai 1790, de faire une quête pour les pauvres d'Arles. Le receveur de l'Ordre donna 1,200 livres et, le 21 mai suivant, il fut décidé que cette somme serait distribuée aux artisans ayant femme et enfants.

L'abbé Pillier remplissait toujours sa charge d'aumônier de la chapelle. Il y célébrait même avec une certaine solennité la fête de Saint-Jean-Baptiste en 1790 et en 1791, s'il faut en croire les comptes de ces deux années. Après le concierge Cordeau, un certain Bouchony le remplaça momentanément, puis Paul Cornet fut agréé. Les ouvriers de tout corps d'état travaillaient, comme auparavant, aux réparations urgentes. Voici le nom de quelques-uns : le menuisier Mure, le vitrier Vidal, le ferblantier Brunel, le tourneur Ménard, le maçon Gombert, le serrurier Estivalet, le plâtrier Bébet, le peintre Nouveau (1).
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse. Comptes de 1790 et de 1791.

Les événements extérieurs trouvaient leur écho jusque dans le grand prieuré. Le 14 juillet 1790 fut une grande fête pour Arles, c'était l'anniversaire de la prise de la Bastille, il y eut à cette occasion une grande manifestation civile et religieuse. Un autel fut dressé en plein air sur la place des Lices ; deux prêtres, le chanoine de Castellet et le père Venture, de l'Oratoire, y célébrèrent en même temps la messe, à laquelle assista une foule immense. Après la prestation du serment, on se réunit à Saint-Trophime pour chanter un Te Deum, et le reste de la journée se passa en réjouissances diverses (2).
2. Journal historique de la Révolution dans Arles, par Pierre Véran. Manuscrit déposé aux archives municipales d'Arles.

Le grand prieuré prit part à l'allégresse générale et illumina dans cette nuit du 14 juillet. On donna même 3 livres à l'homme chargé des préparatifs de décorations (3).
3. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuille volante mise à notre disposition.

Cependant les réunions des chevaliers au grand prieuré touchaient à leur fin, les dernières furent présidées par Louis-Dominique de Gras Préville, né le 9 février 1719 et reçu le 31 mars 1724. Elles furent très peu nombreuses, celles du 8 novembre 1790 ne compta que trois chevaliers et un prêtre, la suivante, qui se tint le 1er mai 1791, ne vit présents que cinq chevaliers et deux prêtres. Le lieutenant du grand prieuré annonça qu'il avait commencé les visites réglementaires par la maison de la commanderie de Saliers et de ses dépendances, et qu'il était dans l'intention de continuer. Les événements allaient lui donner un démenti. Une assemblée eut encore lieu cependant, le 7 novembre suivant. Avec le lieutenant de Préville, président, y assistèrent René-Charles de Gras-Préville, commandeur de Millau, né le 30 avril 1732 et reçu le 30 avril 1744, le chevalier Charles de Pontevès-Maubousquet, et l'archivaire Jean-Baptiste-Joseph Gros, prêtre. C'était la fin de toutes ces nombreuses et belles réunions tenues depuis le XVIe siècle dans cet hôtel prieural. Ce n'était pas sa fermeture définitive, quelques événements allaient encore s'y passer.

Le 13 mars 1791 avait été un jour de fête pour les patriotes arlésiens ; on avait inauguré ce jour-là la place Antonelle. Le grand prieuré prit part à cette réjouissance et s'illumina ce soir-là.

Plus d'un an après, le même fait se reproduisit, le 9 octobre 1792. Il y avait à cette triste époque une grande division parmi les Arlésiens. Pour y remédier, une adresse avait été rédigée par quelques membres de la Société des amis de la Liberté et de l'Egalité, priant, « au nom sacré de la religion, tous ceux de leurs frères égarés, que la crainte ou la méfiance avaient éloignés de la ville d'Arles, de rentrer dans leurs foyers, où ils trouveraient sûreté personnelle et respect pour leurs propriétés, ils vouaient à l'exécration publique tous les méchants, qui les avaient séduits et qui par des insinuations perfides voudraient les empêcher de se rendre à cette généreuse invitation. » Cette adresse fut signée de part et d'autre. On se rendit à St-Trophime pour en entendre la lecture, puis proclamation en fut faite dans la ville.
C'était la réconciliation générale (1).
1. Archives municipales d'Arles, Journal historique de la Révotion, par Pierre Véran. Manuscrits.
Le grand prieuré en témoigna sa joie en s'illuminant de nouveau (2).
2. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuilles volantes, mises à notre disposition.


Mais la paix et le bonheur ne revinrent pas, au contraire, la tempête se leva et bouleversa toutes les institutions. Le grand prieuré ne pouvait échapper à cette destruction générale. Des mesures graves allaient être prises contre cet établissement. Déjà, en effet, un arrêté du Directoire du département des Bouches-du-Rhône, du 28 juin 1791, avait prescrit la fermeture des églises et chapelles non paroissiales, « sans en excepter celles de l'Ordre de Malte, où le service divin ne pourra être fait publiquement, libre aux prêtres y desservant et frères de l'Ordre, de le faire à huis-clos, avec inhibition d'y laisser assister personne. »

L'année suivante, un décret du 19 septembre 1792 ayant prescrit la mise en vente, comme biens nationaux, de tous les domaines de l'Ordre de Malte, l'estime en fut faite pour les biens situés au terroir d'Arles. Ils atteignaient, selon une note de Pierre Véran, le chiffre ; de 1.217.568 livres et rapportaient plus de 140.000 livres.
En conséquence Jean-Daniel-Joseph Beuf, avocat, agent de l'Ordre, remit, le 19 novembre 1792, les clés des archives aux administrateurs du district d'Arles, et y apposa les scellés, ainsi que dans tout le reste de l'hôtel prieural.

La vente de tous ces biens commença presque aussitôt, mais ils furent donnés à vil prix pour la plupart.
Le 30 novembre 1792, les deux tiers des jasses d'Albaron furent vendus à Louis Avril, ancien procureur, pour 57.5000 livres.
Le 22 décembre 1792, la petite maison de Sainte-Luce, à Babaudy, fondeur, pour 1.400 livres.
Le 29 décembre 1792, le moulin à vent de Saliers, à François Villard, cardeur à laine, pour 1.950 livres.
Le 3 janvier 1793, le domaine de Saliers, à Simon Espoulier, travailleur, pour 81.064 livres.
Le 8 janvier 1793, le domaine de l'Aurisset, à Sauveplane, tonnelier, pour 34.000 livres.
Le 12 janvier 1793, la grande maison de Sainte-Luce, à Babaudy, pour 5.000 livres en assignats.
Le 14 janvier 1793, la chapelle de Sainte-Luce, au même, pour 400 livres.
Le 20 janvier 1793, le mas de la Vigne à Joseph Boujaud, travailleur, pour 42.726 livres.
Le même jour, la petite cour isolée du grand prieuré à Goubert aîné, maçon, pour 200 livres.
Le 27 janvier 1793, Port-Arnaud à Pierre Imbert, travailleur, pour 73.317 livres.
Le 14 février 1793, la maison du commandeur de Trinquetaille, sise rue du Collège, à Jean Marin, pour 3.600 livres. Le sieur Trichaud, ménager, devint, bientôt après, propriétaire de cette maison.
Le 19 février, la basse-cour, les remises et écuries du grand prieuré, estimées 3.200 livres, furent délivrées à Evrard, fils aîné, pour 3.850 livres.
Le 17 mars, le vaste Hôtel du grand prieuré, chapelle, avec ses cheminées en marbre, ses rampes en fer ne fut vendu en assignats que 13.600 livres à André Cabissolle, portefaix.
Ce n'était même pas la moitié de la valeur à laquelle ces biens avaient été estimés.

Quelques semaines avant la fin de cette vente, un arrêté du département avait nommé Claude Milhe, travailleur, et Pierre Sicard, géomètre, pour procéder à la recherche des titres généalogiques et brûler tous les nobiliaires, qui se trouveraient dans les dépôts publics. Ils eurent le bon goût de s'adjoindre Antoine Tinet, prêtre constitutionnel, qui avait fait des recherches autrefois à Barbentane, sa ville natale, et qui sauva, grâce à ses atermoiements, la partie importante des immenses documents accumulés dans le grand prieuré depuis des siècles.

Ils commencèrent cet énorme travail de dépouillement, le matin du 12 janvier 1793, après avoir visité, la veille, la bibliothèque des Frères des Ecoles chrétiennes, où ils n'avaient rien trouvé.
Un membre du Directoire, Michel Roquel, leva les scellés. Le lendemain dimanche, à 4 heures du soir, ils se rendirent sur la place Antonelle, trouvèrent un bûcher tout préparé par la municipalité et brulèrent les nobiliaires qu'ils avaient aperçus, entre autres une dizaine de volumes des œuvres généalogiques d'Artefeuil, de l'abbé Robert et probablement l'original de l'histoire des grands prieurs et du prieuré de Saint-Gilles par Jean Raybaud.

Ils continuèrent leur besogne, les jours suivants ; le 18 janvier, Pierre Sicard, appelé ailleurs, les quitta ; leur travail avançait lentement ; il ne se termina que le 22 mars au soir.
— « Ensuite nous avons réuni ensemble, écrivaient-ils dans leur rapport, une certaine quantité de papiers imprimés et inutiles, comme mémoires pour l'Ordre, Arrêts des Parlements et du Conseil, Lettres patentes que nous avons fait porter au district, d'après l'avis du citoyen, procureur général syndic [Maurin], pour être employés aux gargoutes ou à tout autre objet que le département désignera. » (1)
1. Archives des Bouches-du-Rhône. Ordre de Malte. Inventaire, tome II.

L'abbé Tinet avait demandé de nouvelles instructions à ses chefs, et le 5 avril 1793, Maurin lui écrivait de Marseille : « J'ai communiqué, mon cher Tinet, votre lettre à l'Administration qui, après avoir rendu hommage à votre zèle, m'a chargé de vous autoriser à faire l'enlèvement de ces fatras théologiques, dont trop longtemps nous avons été ennuyés, ainsi que des ouvrages séraphiques, monuments éternels de honte et d'ignorance, à condition qu'ils seront de nature, par leur format et par leur qualité, à pouvoir être utiles au service. Vous voudrez bien par voie de mer, ce qui entraînera une petite dépense, les adresser le plus tôt possible à Toulon, à l'adresse des Administrateurs du Var... » (2).
2. Archives municipales d'Arles ; Pierre Véran : Chartrier relatif à la Révolution, tome 2, pièce 94.

Mais cet ordre ne fut pas exécuté. Les archives, on le sait, occupaient un vaste local au-dessus de la chapelle ; des armoires, qui se joignaient, étaient placés le long des murs. Les papiers de chaque commanderie étaient réunis dans un ou même deux de ces placards. Pas une pièce ne sortait qui ne fût délivré par l'archiviste. L'abbé Tinet (3) se contenta de faire transporter ces archives dans un des appartements de l'ancien archevêché donnant sur le jardin.
3. Peu à près, le 25 avril 1794, il était arrêté comme modéré, condamné à mort par la Commission d'Orange et exécuté le 28 juillet suivant. Antoine Tinet était né, le 9 janvier 1755, à Barbentane, où il avait d'abord exercé le saint ministère avant de devenir curé constitutionnel de Saint-Julien d'Arles.

Ce transfert fut loin de se faire avec ordre, beaucoup de papiers disparurent alors, principalement tous ceux des commanderies vendues naguère et situées à Arles ou dans son terroir. Ces archives restèrent dans ce local probablement jusque vers 1808. On eut l'idée, un instant, de les répartir et de les distribuer entre les départements du Midi. On y renonça et avec juste raison. Une lettre du préfet, Charles Delacroix, datée du 30 messidor, an X (19 juillet 1802), invitait le maire d'Arles à lui envoyer par mer tous les livres et objets déposés à l'archevêché : il lui expédiait, en même temps, quarante caisses pour renfermer tous ces papiers : elles ne purent en contenir que le tiers. L'ancien agent de l'Ordre, Jean-Daniel Beuf, fit de vains efforts, en 1808, pour pouvoir conserver à Arles ce qui restait de tous ces documents. Voici la copie du mémoire qu'il envoya à M. Natoire, à Aix, en mai 1808 :
« Il existe encore à Arles, dans les salles du ci-devant archevêché, dans la partie qui vient d'être cédée pour logement à la gendarmerie d'Arles, les restes de ce qui n'a pas été dévasté et pillé, etc., des archives du ci-devant Ordre de Malte, au grand prieuré de Saint-Gilles.
» La gendarmerie devant occuper les logements ci-dessus, il faudra enlever lesdites archives pour les mettre ailleurs. On observe qu'elles contiennent encore plusieurs titres de propriété, papiers et autres documents, qui sont et peuvent être très utiles soit au gouvernement et aux acquéreurs des ci-devant commanderies, soit enfin à d'autres, il y a aussi une quantité d'autres papiers inutiles.
» Pour éviter des dépenses, il parait qu'il conviendrait, avant de faire le transport desdites archives, de faire choisir et mettre à l'écart tout ce qui reste de bon, parmi ce tas énorme de papiers.
» Beuf, avocat de la ville d'Arles, dernier archiviste de Malte, offre de faire, sous la surveillance de qui on jugera à propos, les recherches et choix ci-dessus, il ne demande rien pour ses peines. » (1)
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorse, feuille volante mise à notre disposition.

Voici ce que préalablement M. Beuf écrivait à M. de Grille, maire d'Arles :
« Le 19 novembre 1792, Beuf, dernier archiviste de Malte au grand prieuré de Saint-Gilles, remit aux administrateurs alors du district d'Arles, les clefs des archives, on y opposa de suite les scellés, ainsi que dans tout le reste de l'hôtel prieural.
» En 1793, ledit hôtel ayant été vendu, lesdites archives furent transportées dans des appartements du ci-devant archevêché, donnant sur le jardin, où elles sont encore.
» Le tout se fit sans ordre, sans inventaire, il y a des armoires vides, tous les papiers en ayant été pris, principalement tous ceux des commanderies situées à Arles et son terroir, qui ont été vendues.
» Les restes de ce précieux dépôt mériteraient d'être mis en règle et conservés.
» Il y a des papiers, plans, etc., nécessaires à la mairie d'Arles, qui de tout temps a eu des affaires avec l'Ordre et dont les archives respectives étaient disponibles à l'un et à l'autre, ce qui a évité de très grandes discussions et procès. » (1)
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse ; feuille volante mise à notre disposition.

Voici encore le mémoire envoyé fin décembre 1803 à Paris, pour conserver à Arles les archives de Malte, et communiqué à la mairie d'Arles les 22 et 23 juin 1806 :
« Le grand prieuré de Saint-Gilles avait sous sa dépendance cinquante-deux commanderies et un bailliage (de Manosque). Chacune de ses commanderies avait un (et la plupart deux) grand armoire rempli de papiers, titres, documents, etc., concernant chaque commanderie ; ces armoires étaient tous joints et renfermés dans un même local très spacieux, ils formaient les archives, dites du grand prieuré de Saint-Gilles, avec d'autres armoires, contenant aussi une infinité de papiers tant des commanderies que de l'Ordre de Malte.
» De tout temps ces archives ont été dans l'hôtel prieural de Saint-Gilles à Arles ; personne n'avait droit de prendre un morceau de papier, mais seulement le pouvoir de se faire expédier par l'archiviste des extraits signés par lui, qui valaient devant tous les tribunaux.
» Les commandeurs s'adressaient à l'archiviste, et à présent tous les acquéreurs desdites commanderies, qui savent que le dépôt est à Arles, s'adressent à cette mairie pour tout ce dont ils ont besoin.
» Les anciennes limites du grand prieuré de Saint-Gilles s'étendaient jadis depuis Nice jusqu'à Grenoble, actuellement département de l'Isère, et depuis les environs de Toulouse jusques dans toutes les parties méridionales et autres de la France, anciennement dites le Languedoc, le Quercy, l'Albigeois, le Gévaudan, le Rouergue, partie de l'Auvergne, etc..., elles renferment à présent au-delà de trente départements de l'Empire. Inutilement on s'était occupé de diviser les archives du grand prieuré de Saint-Gilles, pour mettre dans chaque département les papiers des ci-devant commanderies, qui en dépendent. Des préfets ont essayé cette opération, ils ont reconnu l'inutilité d'une pareille entreprise et l'avantage de laisser les choses intactes, par conséquent les archives à Arles.
» On observe de plus que le transport en tout autre lieu sera, sous tous les rapports, très dispendieux, très difficile, pour ne pas dire impossible, vu l'énormité de papiers, armoires, tables, etc., que renferment lesdites archives : Qu'elles soient à Arles, à Marseille ou ailleurs, cela est indifférent pour les propriétaires actuels ; il n'y avait que la division dans chaque département, elle est de toute impossibilité, et le gouvernement, en laissant les choses en l'état, épargne des sommes énormes, qui seraient en pure perte. (1)
1. Archives particulières de la famille Beuf-de-Gorsse, feuille volante mise à notre disposition.

Le citoyen Maréchal, un des membres du département des Bouches-du-Rhône, étant venu à Arles au mois de mars 1797, fit enlever plusieurs caisses de papier des archives, parmi lesquelles se trouvait un inventaire général et les inventaires particuliers des titres de chaque commanderie. Aujourd'hui les archives de Malte se trouvent, partie à Marseille, partie à Arles, partie à Aix et partie à Toulouse.

La famille Beuf-de-Gorsse, de Nîmes, possède deux gros volumes in-folio manuscrits des visites des cinquante-trois commanderies, dépendants du grand prieuré de Saint-Gilles de 1761 à 1762, ainsi que beaucoup de papiers relatifs au grand prieuré, de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la révolution. Cette famille a bien voulu nous confier ces précieux manuscrits auxquels nous avons fait de nombreux emprunts. Jean-Daniel Beuf, d'Arles, archivaire du grand prieuré, avait laissé en héritage ces archives à sa famille.

Nous avons déjà vu la vente des immeubles du grand prieuré, celle du mobilier ne tarda pas d'avoir lieu. Le 2 mars 1793, une commission fut nommée par les administrateurs du district d'Arles, pour faire l'inventaire des meubles et effets renfermés dans l'hôtel prieural. Elle se composa des citoyens Bebet, Bourget, Maquinet, Baudesseau fils et Babaudy. La vente fut présidée par les administrateurs, qui s'en adjugèrent la meilleure partie à des prix dérisoires. Cette vente ne produit en valeur réelle, et non en papier monnaie, qu'un peu plus de 5,000 livres.

Il y avait encore quelques objets mobiliers au grand prieuré, qui n'avaient pas été vendus en 1793. Le citoyen Couston, administrateur du district, s'y rendit le 21 février 1794, et enleva, entre autres choses, une tapisserie en damas satiné jaune avec ses baguettes dorée, douze fauteuils et une ottomane fourrés et garnis d'une belle étoffe, de plus cinq tableaux représentant cinq paysages de fleurs, une autre grand tableau figurant la décollation de Saint-Jean-Baptiste, et le boisage de l'autel. C'étaient les dernières épaves.
En mars 1795, au témoignage de Pierre Véran, « l'hôtel était jonché de débris et tout rempli de décombres. »
L'Ordre avait disparu dans la ville d'Arles, mais il existait encore à Malte et continuait, comme par le passé, à vivre de sa vie et à nommer de nouveaux chevaliers. Voici les noms des derniers Arlésiens qui figurent sur la liste qui n'a jamais été imprimée : (1)
Anne-Joseph-Louis-Marie de Grille d'Estoublon, reçu le 22 avril 1788.
Louis-Dominique de Bouchet de Faucon, reçu le 4 novembre 1792, mort à Paris le 15 octobre 1815.
Joseph de la Tour, reçu le 25 octobre 1796, mort à Paris le 19 février 1817.
Charles-Joseph de Barras-Lansac, reçu le 7 janvier 1797.
1. Nous donnons en appendice à la fin de ce volume cette liste imprimée que M. Beuf a reçue de Malte, après la prise de l'île, 1798.

C'est le dernier chevalier Arlésien inscrit dans les archives de Malte. Le grand-maître Emmanuel de Rohan-Polduc mourut à Malte en 1797 et Ferdinand Hompesch, d'Allemagne, lui succéda. C'est sous son magistère que l'île de Malte fut prise, le 24 prairial an IV, 12 juin 1798, par le général Bonaparte, qui en chassa les chevaliers.
L'ancienne organisation de l'Ordre passa dans la dépendance de l'empereur de Russie Paul Ier.

L'Ordre de Malte n'a d'autre valeur aujourd'hui que celle d'une distinction honorifique, protégée par de glorieux souvenirs. Après la mort du grand maître Jean Tommassi de Crotone en résidence à Messine et à Catane, de 1803 à 1805, qui avait succédé à l'empereur Paul Ier, la dignité de grand maître fut remplacée par celle de lieutenant du magistère, jusqu'en 1879, où N. S. P. le pape Léon XIII a daigné la rétablir en faveur de Jean Ceschi à Santa Croce. Celui-ci mourut au commencement de l'année 1905. Le 6 mars suivant, eut lieu à Rome dans le palais de l'Ordre, via con dotti, l'élection du grand maître de l'Ordre des chevaliers de Malte.

La messe, suivie du Veni Creator, fut célébrée dans la chapelle par Mgr de Montel « chapelain conventuel » Il y avait dix-sept électeurs présents, neuf italiens, huit allemands. Avec Mgr de Montel, un seul « chapelain conventuel », Mer Sanfernio.

La présidence était occupée par Son Eminence le Cardinal Rampolla, grand prieur de l'Ordre. Après la messe, dans le grand salon, Son Eminence prononça l'éloge funèbre du grand maître défunt. Puis l'élection eut lieu. Dès le second tour, 16 suffrages ont élu le comte Galeazzo-Thun-Hohenstein. Le nouveau grand maître de l'Ordre souverain, militaire, des chevaliers de Jérusalem et de Malte, a une soixantaine d'années. Il habitait le château de Bovo, près de Trente. Il est dans l'Ordre depuis 1875. Il est docteur en droit, il était secrétaire du gouvernement de Trieste.
Erudit, intelligent, il s'occupe surtout d'histoire et de numismatique. Il prit part, en 1896, au congrès antimaçonnique de Trente. Aujourd'hui l'Ordre s'occupe beaucoup d'œuvres de secours aux blessés de guerre.
A Rome, la villa de l'Aventin, à Sainte-Marie-du-Prieuré, a un dépôt général d'ambulances. Son grand maître jouit, à la cour pontificale, d'honneurs souverains. Il a le droit au titre d'Eminence, et dans les chapelles papales, une tribune lui est réservée en face de celle des princes du sang (1).
1. L'Univers et Le Monde, numéro du 7 mars 1905.

Au cours du XIXe siècle, les souvenirs des anciens religieux de Saint-Jean de Jérusalem n'étaient pas éteints dans la ville d'Arles. Parmi ceux dont le nom est resté le plus longtemps dans la bouche des Arlésiens, il faut citer Charles de Grille. Le patient collectionneur, Louis Mège, a réuni dans un de ses manuscrits, déposés à la bibliothèque d'Arles, portant le n° 390, les lettres adressées par cet ancien religieux à son notaire, Claude Vollière. Il se trouvait à Lyon pendant les dernières années de l'Empire et les premiers temps de la Restauration. Un moment même, « il fut nommé lieutenant des gardes du corps du Roi et commença son service, le 26 juin 1814, à Melun, où le corps se réorganisait. Mais trop âgé pour reprendre la carrière militaire, il demanda sa retraite dès le 15 octobre. Il retourna vivre modestement à Lyon. »
— C'est là qu'il écrivit ces nombreuses lettres pétillantes d'esprit, pleines de philosophie et qui dénotent un homme d'expérience, en même temps qu'un homme de goût. Les souvenirs arlésiens reviennent sous sa plume.
Il songe aussi aux livres et aux gravures qu'il a laissés dans ses appartements de l'hôtel de Grille à Arles, et, de temps en temps, quelques-uns reviennent à sa mémoire et il demande qu'on les lui envoie. Il vivait encore en 1823. (1)
1. M. Léon-G. Pélissier a publié quelques-unes de ces lettres dans Les papiers de Jean-Baptiste Vallière. Le passage ci-dessus entre guillemets lui a été emprunté.

Le grand prieuré a été habité, pendant le XIXe siècle, par le peintre Réattu, qui en devint possesseur en 1822 et qui y mourut, le 7 septembre 1833, à l'âge de 72 ans. Mme Grange, sa fille, y est morte également en septembre 1872, à l'âge de 76 ans. Le célèbre statuaire de Guillaume Dieudonné y est demeuré à son tour, jusqu'à son décès, après que la ville en est devenue propriétaire. Il y a professé le dessin et y est mort célibataire, le lundi 22 février 1897, à l'âge de 70 ans.
Le grand prieuré n'est plus habité aujourd'hui que par un concierge. La ville d'Arles y a installé son école municipale de dessin. La galerie réunie par la fille de Réattu, remarquable surtout par les nombreuses toiles de son père, se trouve dans l'ancienne maison du commandeur de Saliers. La ville a installé divers services accessoires dans les autres appartements du grand prieuré.

C'est en 1867 que M. et Mme Grange vendirent à la ville d'Arles le « grand et le petit prieuré » [maison de Saliers] avec tout ce que cet établissement contenait, meubles, tableaux, tapisseries, etc pour 6.000 francs de rente viagère et annuelle, payable par semestre et d'avance, sans diminution après le décès de l'un des deux époux, avec la clause néanmoins que, avec les œuvres du célèbre peintre Réattu et sa riche collection de tableaux, serait aussi conservé, à perpétuité, l'ancien prieuré de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. L'acquisition ne devenait définitive qu'après la mort du dernier survivant. Tout en continuant de loger dans l'ancien grand prieuré, M. et Me Grange devaient laisser visiter, une fois le mois, et sous la surveillance d'un agent municipal, les tableaux et objets d'art réunis par Réattu.

Tel est le passé de cette vieille maison qui mérite bien d'être conservée et intelligemment restaurée. Outre les souvenirs historiques qu'elle rappelle, elle laisse voir des restes précieux d'architecture, la chapelle surtout avec sa belle voûte ogivale. (1)
1. L'hôtel du grand prieuré de Saint-Gilles à Arles, par M. l'abbé Chailan, curé d'Albaron. Pages 29, 30, 40. — Extrait du Bulletin de la Société des Amis du Vieil-Arles, n° 3. 4. 5.

Après avoir suivi l'histoire du grand prieuré, pendant la Révolution, à Arles, nous allons la suivre à Saint-Gilles. En 1789, la collégiale de Saint-Jean à Saint-Gilles se composait de six prêtres, qui continuèrent leur service jusqu'au moment où, sous l'influence de la terreur qu'on parvint à leur inspirer, ils cessèrent l'office divin et se dispersèrent. C'étaient Jacques-Barthélemy Planchut de la Cassagne, Rouvier, Jean-Joseph Gontard, Ange Terras, Jean Malle et Villaret.

Le 18 octobre 1789, le trésorier du bureau de l'hospice rend compte de l'empressement, avec lequel M. le grand prieur de Saint-Gilles et Mrs les commandeurs du grand prieuré, dont les possessions sont au voisinage, ont concouru à la quête annuelle pour les pauvres, en envoyant chacun des charités proportionnées à leurs revenus. Ils lui ont témoigné le regret de ne pouvoir pas donner davantage. On réitère la demande au grand prieur et au commandeur. (2)
2. Archives municipales de Saint-Gilles. — Hospice E. 3. Délibérations de 1686 à 1794.

Le cahier des doléances de la ville de Saint-Gilles, rédigé par les délégués des corporations, corps et communautés, le 12 mars 1789, renferme le voeu qu'à l'avenir, M. le grand prieur de l'Ordre de Malte soit tenu de résider en cette ville, et, qu'à cet effet, le grand prieuré ne soit donné à un personnage obligé par sa place de résider ailleurs, qu'il soit tenu de tenir les chapitres et assemblées de son Ordre dans la ville de Saint-Gilles, chef-lieu dudit grand prieuré, portant son nom, (Le grand prieuré de Saint-Gilles est de produit de 50.000 livres de rente)... que les baux à ferme consentis par les ecclésiastiques et Messieurs de l'Ordre de Malte soient entretenus par leurs successeurs pendant la durée fixée par le bail. (1)
1. Archives du Gard. C. 1196.

Le 7 mai 1790, deux sections électorales, comme nous disons aujourd'hui, deux assemblées primaires comme on disait alors, avaient été établies à l'effet de désigner huit électeurs, chargés de se rendre à Nîmes, pour participer à la nomination des administrateurs du département.

Celle de Saint-Laurent fut présidée, dans l'église des Pénitents, par Senilhac, médecin, assisté de Michel, avocat, en qualité de secrétaire, et de Dugas père, marchand, Duvernet et Audoyer, comme scrutateurs. Dugas père, Duvernet, Henri Mazer, maire, et Senilhac, médecin, réunirent la majorité des suffrages.

L'assemblée primaire, dite de Saint-Martin, se tint dans l'église collégiale de l'ordre de Malte. Elle fut présidée par Jean Mathieu, curé, ayant pour secrétaire Pierre Meirieu et pour assesseurs Antoine Barthélémy, Chay et Serrier. Les opérations ne se terminèrent que le 9 mai ; elle nomma pour électeurs Couderc, médecin ; Pelautier, procureur de la commune ; Rocquelain, notaire, et Rocquelain, avocat. (2)
2. Procès-verbaux des opérations des deux assemblées primaires à Saint-Gilles. Archives du Gard. [I. L. 8. / 40]

Après avoir voté la vente des biens du clergé par le décret, en date du 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante supprima les maisons religieuses de chaque ordre, le 19 février 1790 et exigea le serment civique à la constitution civile du clergé, par décret du 12 juillet 1790, sanctionné par le Roi, le 24 août suivant.

Le Directoire du département invita les secrétaires et greffiers des villes, municipalités et justices royales à envoyer sans retard au comité ecclésiastique les originaux des déclarations déposées en exécution du décret du 13 novembre 1789, et les municipalités à dresser les états désignatifs et estimatifs des biens possédés par les curés, vicaires, chapelains et autres bénéficiers ou appartenant à des établissements et fondations ecclésiastiques, et à provoquer les déclarations exigées de ces bénéficiers et des supérieurs des dits établissements par le même décret, sous peine par les contrevenants de perdre leurs bénéfices ou les pensions dont ils jouissent. (1)
1. 8 octobre 1790, Archives du Gard [I. L. 4. / 42]

Voici les déclarations des messires Terras et Gontard, prêtres d'obédience de l'Ordre de Malte que nous avons prises du « cahier des déclarations faites devant la municipalité de la ville de Saint-Gilles par M. les bénéficiaires résidant dans ladite ville, ou ceux dont les bénéfices sont situés dans son terroir, en présence de Henri Mazer, maire de ladite ville, et écrites par Louis Boissier, secrétaire greffier dans la salle servant d'Hôtel de ville. »
« Ce jourd'hui 20 février 1790, se sont présentés frères Ange Terras et Jean-Joseph Gontard, prêtres d'obédience, profès de l'Ordre de Malte, et collégiaux du grand prieuré de Saint-Gilles, résidant dans leurs bénéfices audit Saint-Gilles, qui, pour se conformer aux lettres patentes du Roi, du 18 novembre 1787, portant sanction d'un décret de l'Assemblée nationale du 13 du même mois, ont dit ce qui suit : « La collégiale du grand prieuré de Saint-Gilles, Ordre de Malte, est composée de six prêtres titulaires, obligés à la résidence, quatre sont prêtres conventuels profès, ils ne résident pas, et font faire leur service par des prêtres, à qui ils donnent une portion de leurs revenus, les deux autres sont prêtres d'obédience, ci-dessus dénommés, ceux-ci résident dans leur bénéfice, le revenu de chaque bénéfice consiste en ce qui suit :
« Je soussigné faisant tant pour moi que pour frère Jacques Blain, infirmier, Jean-Baptiste Gros, André Raybaud, capiscol, Presvot et Ange Terras.
Signé : GONTARD, syndic. »

« 1° M. le grand prieur donne annuellement des visites prieurales et ordinaires des visiteurs généraux.
» Trois messes seront célébrées, tous les jours, par les prêtres collégiaux, pour acquitter la fondation de M. le grand prieur de Rochechinard, fondateur et restaurateur de la collégiale.
» La fondation de M. de Manas, grand prieur, d'une messe tous les jours.
» La fondation de M. le grand prieur de Lussan, de deux messes par semaine, une grand-messe et vêpres des morts, une fois l'an.
» Fondation de M. le grand prieur de Venterol, d'une grand-messe, avec absoute, une fois chaque mois, deux messes basses de mort, chaque semaine, et une grand-messe de mort dans la chapelle prieurale d'Arles, le lundi d'après le 1er dimanche de mai, jour de la célébration et tenue du chapitre de M. le grand prieur.
» Fondation par noble Laurent d'Urre de Brottin, d'une grand-messe de mort, avec absoute, sur le tombeau de son fils, à chaque dix-septième jour de juillet.
» Fondation de l'anniversaire de M. le grand prieur de Venterol, le 27 juillet.
» Fondation de Phéliber-Ravanon, d'une messe, tous les vendredis.
» Toutes lesquelles fondations sont acquittées sans autre rétribution que celles qui sont déjà nommées.
» La réparation et entretien de nos maisons, qui devaient être à la charge de M. le grand prieur, comme supérieur de ladite maison, sont pourtant à la nôtre et se portent, une année dans l'autre, à la somme de 24 livres.
» M. le grand prieur convoque son chapitre provincial, tous les ans, à Arles, le 1er dimanche de mai ; nous sommes obligés d'y aller pour faire le service dans la chapelle prieurale, pendant toute la tenue du chapitre ; notre séjour à Arles, et les deux jours qu'il faut pour y aller ou revenir après ledit chapitre, dont la durée est au moins de six jours, y compris les fériés, ce qui fait huit jours, pendant lesquels nous sommes obligés de nous loger et de nous entretenir à nos dépens, ce qui fait, pour un chacun, une dépense de 48 livres.
» Nous sommes obligés à l'entretien et aux réparations foncières du logement de notre jardinier, ce qui se porte, une année dans l'autre, à la somme de 6 livres : pour chacun, une livre.
» De sorte que de la somme de 679 livres, 10 sols, revenu annuel de chacun des titulaires, à prélever celle de 73 livres, il lui reste net à chacun 606 livres, 10 sols.
» Il est dû à tous les six collégiaux le prix de 15 dextres de notre jardin, que la Province prit pour la construction du canal d'Aigues-Mortes à Beaucaire, desquels 15 dextres nous serons obligés d'indemniser notre jardinier pour la non jouissance.
» A la mort d'un chacun, la dépouille entière, en quoi qu'elle puisse consister, ainsi que l'argent et les petites épargnes, s'il est possible d'en faire, le tout appartient à M. le grand prieur, et le titulaire ne peut absolument disposer de rien en faveur de qui que ce soit ; déclarant qu'ils n'ont aucun papier concernant leur bénéfice en leur pouvoir, mais que, par décret de la vénérable langue de Provence, ils ont été portés et déposés aux Archives du grand prieuré et ce ont dit être la vérité et ont signé. »
Signé au registre: « frère Gontard, prêtre et collégiat, frère A. Terras, prêtre et collégiat. » (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles. Série DD, n° 17. Registre des déclarations faites par les bénéficiers devant la municipalité de la ville de Saint-Gilles.

« Le 25 février 1790, s'est présenté Gontard, prêtre de l'Ordre de Malte, qui a dit ce qui suit :
» Je déclare posséder la chapellenie fondée dans l'église paroissiale du lieu de Savournon, diocèse de Gap en Dauphiné, par M. Guillaume Allier et Jacques Allier, son neveu, pour le service de laquelle ils ont, par leurs testaments du 13 décembre 1510 et du 29 mars 1549, imposé deux diverses pensions : la première de 15 florins et l'autre de 35 florins, qui font 50 florins appréciés 30 livres sur un domaine situé au terroir de Savournon, quartier appelé du Claux.

» Les juspatrons de la chapellenie, qui sont les consuls dudit lieu, l'y nommèrent, après avoir convoqué l'assemblée générale de la communauté, le 15 septembre, et le nommé Vial, possesseur actuel dudit domaine, est chargé de m'en payer la pension annuelle de 30 livres, à quoi se portent tous les revenus de la susdite fondation, moyennant ce, il est tenu d'acquitter 16 messes par an à l'intention du fondateur de la chapellenie de Notre-Dame-de-Consolation, lesquelles messes sont évaluées à 8 livres.
De payer annuellement pour les décimes : 5 livres, 10 sols.
Total : 13 livres, 10 sols.

» Laquelle somme de 13 livres 10 sols, déduite de celle de 30 livres, montant du revenu actuel de ladite chapellenie, il ne lui reste que la somme de 16 livres, 10 sols.

» 2. La chapellenie de Saint-Honoré et de Saint-Césaire, fondée dans la paroisse de la ville de Berre, diocèse d'Arles en Provence, par Isnard Romanille, le 13 février 1452, à laquelle chapellenie il a été nommé par Messire Augustin-Joseph-Alexis de Crose de Lincel, de la ville d'Arles, en sa qualité de juspatron, le 8 mai dernier, par acte reçu Me Volpellière, notaire à Arles.

» Les biens et revenus de ladite chapellenie consistent en diverses propriétés, situées dans le terroir de la ville de Berre, séparées les unes des autres, dont une partie est culte, complantée de vignes et d'oliviers ; l'autre partie est en terre à blé, pré ou jardin, de la contenance en tout d'environ 26 setérées, qui, selon l'état des revenus et charges de ladite chapellenie, qui lui a été remis, produisent annuellement la somme de. 112 livres.

» Ladite chapellenie possède encore plusieurs censives dans ledit terroir, dont une partie est litigieuse et l'autre liquide, celle-ci rend annuellement 34 livres.
Total : 146 livres.
Charges :
1° Pour les messes de fondation 54 livres
2° Décimes : 30 livres.
3° Droit d'indemnité ou demi-lods au seigneur de Berre : 10 livres.
4° Pour les honoraires du procureur : 9 livres.
Total : 103 livres.

Laquelle somme déduite de celle de 146 livres, montant du revenu actuel de ladite chapellenie, il ne lui reste net que celle de 43 livres. » Déclarant en outre ledit Gontard, dans la plus exacte vérité, que depuis le 8 mai, jour de sa nomination, jusqu'en ce jour, il n'a encore rien retiré de ladite chapellenie, quoiqu'il ait été obligé, pour pouvoir en jouir paisiblement, de faire les dépenses suivantes, comme profès de l'Ordre de Malte, savoir :
1° Pour l'acte de nomination : 16 livres, 18 sols.
2° Pour les frais de la bulle de Componende : 104 livres.
3° Pour l'annexe au parlement d'Aix : 48 livres.
4° Pour le visa : 9 livres.
5° Pour le contrôle de l'acte de possession : 9 livres, 2 sols.
6° Pour l'insinuation : 12 livres.
7° Pour mon voyage à Berre : 24 livres.
Total des dépenses : 223 livres.
» Déclarant n'avoir aucuns papiers qui doivent se trouver chez les patrons respectifs.
» Signé : GONTARD, prêtre de l'Ordre de Malte. » (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles. Série DD, n° 17. Registre des déclarations des bénéficiers.

Le 8 avril 1790, les dits frères collégiaux Ange Terras et Jean-Joseph Gontard, prêtres d'obédience, profès de Malte, font encore devant la municipalité de Saint-Gilles cette seconde déclaration :
« Ce jourd'hui, 8 avril 1790, se sont présentés les susdits profès de Malte et collégiaux du grand prieuré de Saint-Gilles, résidant dans leur bénéfice audit Saint-Gilles, qui, en exécution des lettres patentes du Roi, sur un décret de l'Assemblée nationale, données à Paris le 12 février 1790, ont déclaré, savoir le frère Terras, qu'il possède un bénéfice, Ordre de Malte, dans la collégiale du grand priéuré de Saint-Gilles, dont la résidence est à Saint-Gilles, ledit frère Gontard, un bénéfice, Ordre de Malte, dans la collégiale du grand prieuré de Saint-Gilles, en outre, une chapelle sous le nom de Saint-Honoré et Saint-Césaire, située dans la paroisse de la ville de Berre, diocèse d'Arles en Provence, plus une autre chapelle sous le nom de Notre-Dame de Consolation, située dans l'église paroissiale de Savournon, diocèse de Gap en Dauphiné et ont signé :
« Frère Terras, prêtre collégiat, et Frère Gontard, prêtre collégiat. » (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles. Série DD, n° 17. Registre des déclarations des bénéficiers.

« Du 10 mai 1790, s'est présenté M. de Coriolis, procureur fondé de M. le chevalier de Moriès de la commanderie de Cavalès, dont il est l'administrateur, commanderie appartenant à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, représenté par la personne de son Altesse Eminentissime Mgr le grand-maître et sacré conseil à Malte, en l'absence du sieur chevalier de Moriès, ledit Maitre de Coriolis remet d'office pour lui à la municipalité de Saint-Gilles la note des tènements et terres qu'il possède, pour obéir à la proclamation du Roi du 27 décembre 1789, sur l'imposition des biens des privilégiés en Languedoc et pour cette commune de Saint-Gilles.
» La commanderie de Cavalès consiste en une maison, jardin et en 175 salmées, 2 émines.
» La commanderie est affermée 9.000 livres.
» Les charges sont :
1° A l'Ordre pour la responsion : 1.100 livres.
2° Entretien des chaussées : 500 livres.
3° Frais de régie : 400 livres.
En tout : 2 000 livres.
Suit le certificat de Jean-Baptiste-Joseph Gros, prêtre conventuel de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et archivaire dudit Ordre au grand prieuré de Saint-Gilles :
il constate que « il appert par le verbal fait en l'année 1766, le 8 juillet, du rapport de révision de bornes et limites des biens et domaines de la commanderie de Cavalès, que les susdits biens contiennent en total 175 salmées, 6 émines, 21 dextres ; la dite révision faite par le sieur Imbert, géomètre et arpenteur juré, par devant Me Jean-Jacques Vergier, avocat à la cour, commissaire à ce député par M. le sénéchal de Nîmes. Signé : Gros, archivaire, et de Coriolis. »

« Du 14 mai 1790, s'est présenté Pierre Marignan, ménager de Saint-Gilles, chargé de la commanderie de Capette, en l'absence de M. le chevalier d'Albert Saint-Hippolyte, commandeur de Capette et administrateur amovible, en vertu des ordres transmis par M. le chevalier de Foresta, procureur général de l'Ordre de Malte, au nom et de la part de M. le bailli de Virieu, chargé des affaires de la religion près Sa Majesté très chrétienne, pendant la vacance de l'ambassade, remet un certificat de M. l'abbé Gros, archiviste, qui affirme ce qui suit :
» La commanderie est affermée 11.800 livres.
Charges :
1° Responsions : 1.834 livres, 13 sols.
2° Pour les chaussées : 300 livres.
3° Pour le garde-bois : 200 livres; et 2 charges de blé.
4° Pour l'aumônier : 200 livres.
5° Pour l'entretien du bâtiment : 400 livres.
Total : 2.934 livres, 13 sols.

« Du 1er juin 1790, s'est présenté sieur Laurent Lions, bourgeois, habitant d'Arles, par procuration de M. le chevalier de Tressemanes Bonnet, commandeur du Plan de la Peyre.... »
« Du dit jour, s'est présenté sieur Laurent Lions, chargé du tènement de Liviès, de dépendance de la commanderie de Barbentane, en l'absence de M. le chevalier de Castellane Grimaud, commandeur de la susdite commanderie, affirme que le tènement de Liviès est affermé par bail du 6 juin 1789 à sieur Jean Aurillon, ménager, de Générac, au prix de 2.600 livres. »
Le 6 septembre 1790, Me Beuf se présente devant la municipalité de Saint-Gilles et lui remet l'état suivant des revenus et des charges du grand prieuré de Saint-Gilles.
Revenus du grand prieuré
« Le grand prieuré de Saint-Gilles est affermé en général au sieur Jacques Archinard, négociant de la ville de Nîmes, par acte du 3 mai 1788, notaire Me Jean Coillet, d'Arles, à la rente sûre et annuelle de 50.000 livres, laquelle a été divisée membre par membre, ainsi que suit :
La Fosse et Canavère (ne faisant qu'un seul tènement)
Terres labourables : 7.000 livres.
Herbages et marais : 6.000 livres.
Preds : 100 livres.
Luzernière : 300 livres.
Bois et tamaris : 100 livres.
Total : 13.500 livres, Report : 13.500 livres.

Claire Farine
Terres labourables : 5.900 livres.
Herbages et marais : 2.000 livres.
Luzernière : 300 livres.
Preds : 200 livres.
Bois de tamaris : 100 livres.
Total : 8.500 livres. - Report : 8.500 livres.
Saint-Jean, biens, maisons, vignes, etc.
Terres labourables : 800 livres.
Herbages : 50 livres.
Luzernière : 50 livres.
Rente des maisons : 300 livres.
Vignes : 150 livres.
Jardin et colombier à : 50 livres.
Total : 1.400 livres. - Report : 1.400 livres.
Totalité : 23.400 livres.

A déduire les charges M. le grand prieur paye annuellement à MM. les collégiats tant pour leur entretien que pour ceux de l'église et sacristie sans y comprendre la réparation : 1.630 livres.
Plus aux mêmes pour la façon et charroi de 600 gerbe de bois pour leur usage : 100 livres.
Pour les gages annuels du garde de la Fosse et de Canavère : 150 livres.
Pour la part desdits membres aux charges que paye annuellement à l'Ordre le grand prieur de Saint Gilles : 1 950 livres, 5 sols, 2 deniers.
Pour celle de l'homme d'affaires concernant lesdits membres à raison de 1.000 livres, par an : 270 livres.
Pour la part des réparations qui se font annuellement aux chaussées desdits membres, ayant pris le 10 pour-cent, de toutes les réparations faites pendant les dix dernières années : 799 livres, 16 sols, 5 deniers.
Pour la part du membre de Claire Farine aux charges que paye annuellement le grand prieuré à l'Ordre : 1.227 livres, 17 sols, 18 deniers.
Pour celle de l'homme d'affaires concernant ledit membre à raison de 1.000 livres par an : 170 livres.
Pour la part des réparations, qui se font annuellement aux chaussées dudit membre, comme est ci-dessus : 502 livres, 12 sols, 3 deniers.
Pour la part aux charges annuelles de l'Ordre pour la collégiale, maison, terres et vignes, etc., : 202 livres, 5 sols, 1 denier.
A reporter : 7.000 livres, 55 sols, 29 deniers.
Pour celle de l'homme d'affaires concernant l'article ci-dessus : 28 livres.
Total : 7.028 livres, 55 sols, 29 deniers.
Balance
Revenu brut : 23.400 livres.
Charges à déduire : 7.028 livres, 55 sols, 29 deniers.
Totale : 16.371 livres, 44 sols, 71 deniers. (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles. Série DD, n° 17. Registre des déclarations des bénéficiers.

« Du 6 septembre 1790. — Déclaration du membre dit les Auriasses, dépendant de la commanderie de Sainte-Anne, situé dans la municipalité de Saint-Gilles.
« Je soussigné ayant pouvoir et charge de M, le chevalier Charles de Pontevès-Maubousquet, administrateur à vie de la commanderie de Sainte-Anne, dépendante du grand prieuré de Saint-Gilles, en vertu des ordres transmis par M. le bailli de Foresta, procureur général de l'Ordre de Malte audit grand prieuré, au nom et de la part de M. le bailli de Virieu, chargé des affaires de la religion près Sa Majesté très chrétienne pendant la vacance de l'ambassade, par lesquels il est enjoint audit chevalier de Pontevès de se conformer à l'article 8 du décret de l'Assemblée nationale du 18 juin dernier.
» Je déclare que les biens immobiliers de l'Ordre appelés les Auriasses avec un moulin à vent affermés ensemble faisant partie de la susdite commanderie dont mon dit sieur le chevalier de Pontevès-Maubousquet n'est qu'administrateur, et qui sont situés dans la municipalité de Saint-Gilles, consistent aux contenances ci-après détaillées.
Savoir :
En cinquante-quatre salmées terre.
Six salmées luzernes.
Et un moulin à vent.
Revenu annuel
La commanderie de Sainte-Anne est affermée en général par acte reçu par Me Roquelain, notaire de la ville de Saint-Gilles, au sr Granaud, ménager de ladite ville, à la rente sûre et certaine de 22.000 livres, sur laquelle je distrais celle de 6.000 livres tant pour ledit mas des Auriasses que pour le susdit moulin à vent. 6.000 livres.

A déduire les charges annuelles dudit membre.
Pour la part dudit membre pour la rente annuelle de 13.400 livres, que paye le sr administrateur à l'Ordre comptées sur les 6ooo livres, du produit : 3.654 livres, 14 sols.
Pour celle dudit membre aux charges que paye la commanderie audit ordre : 513 livres, 9 sols, 10 deniers.
Pour celle des réparations, qui se font aux chaussées, ayant pris le dixième des dépenses, fait pendant les dix dernières années : 172 livres, 19 sols, 11 deniers.
Enfin pour celle de l'homme d'affaires concernant ledit membre à raison de 800 livres par an : 218 livres, 4 sols, 2 deniers.
Total : 4.557 livres, 46 sols, 23 deniers.
Laquelle somme de 4.557 livres, 46 sols, 23 deniers, déduite de l'évaluation, de la rente ci-dessus se montant à 6.000 livres, reste audit sieur chevalier celle de 1.442 livres, 53 sols, 77 deniers.
« Je certifie le présent état véritable, l'ayant ce jourd'hui remis à la municipalité de Saint-Gilles, le 6 septembre 1790. Signé : BEUF. » (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles. Série DD, n° 17. Registre des déclarations des bénéficiers.

Ces déclarations officielles et forcées préludaient aux désordres, qui devaient s'en suivre dans toute la France, et en particulier dans Saint-Gilles, désordres dont la lettre suivante des collégiats de Saint-Gilles à M. le grand prieur de Villefranche nous donne le récit.
« Monsieur le Grand Prieur,
» Les prêtres de votre collégiale seraient sans doute répréhensibles, si gardant un silence absolu sur la multitude des abus qui font tort et dégradent votre collégiale, ils laissaient à la voix publique le soin de vous en informer.

» Cette enceinte consacrée à la religion par sa nature, son usage et ses fins, est devenue un magasin général et public. Les voies de passage sont devenues de grands chemins ; les cours sont remplies de tout ce qu'il plaît aux particuliers d'y décharger, d'y jeter, d'y mettre ; les murs servent d'appui aux planches, soliveaux, bois de barque, charbon de pierre, etc. ; les maisons de vos prêtres sont infectées par les amas de fumier qu'on rencontre çà et là. Le devant de leurs portes sont très souvent impraticables par les ornières et les dégâts qu'y occasionne le fréquent passage des charrettes. Les sous-fermiers des sous fermiers de vos fermiers au troisième et quatrième degré y exercent une souveraineté que n'oserait se permettre votre fermier en chef, et les prêtres de votre collégiale n'y sont pas seulement sur le pied de vos plus humbles valets ; ils sont obligés, pour n'être point insultés, de souffrir toutes ces incongruités et incommodités sans mot dire. Mais nonobstant la justice et la vérité de tous les inconvénients ci-dessus, votre religion sera sans doute révoltée, lorsqu'elle saura qu'une gargotière assez diffamée prétend venir s'y établir pour y exercer son infâme profession. Elle y est déjà venue pour examiner son futur domicile prétendu ; elle y a déjà jeté son dévolu pour chacun de ses usages taverniers ; et sans qu'il soit nécessaire à l'étendue de vos connaissances de vous exposer ici toutes les horreurs qui résulteraient d'une pareille cohabitation, jugés du bel accompagnement qui se ferait entendre dans le temps que vos prêtres chanteraient les louanges de Dieu. Il est naturel, d'autre part, de craindre que les amateurs intempérants de la boisson perfide, qu'on y débiterait, n'effectuassent sur la personne de quelqu'un de nous les excès et les effets de leurs vapeurs bachiques.

» Et par un usage ou un prétendu droit qui ne peut venir et dater que de la négligence et la mollesse des ci-devant prêtres desservants, les clefs du grand portail de l'enclos étant à la disposition du sous-fermier, qui sort à la Saint-Michel prochain ; elles doivent passer entre les mains de la trop vigilante gargotière. Et à quelle heure, de la nuit même, serions-nous en sûreté ?

» Voilà, Monsieur le Grand Prieur, les très humbles représentations qui devaient vous être faites sur votre collégiale ; en particulier celles qui concernent le culte divin ne sont pas moins dignes de votre attention.
» L'amour du devoir et l'édification d'un public très scrupuleusement attentif sur la conduite des personnes consacrées par état à la religion, excitent les présentes remontrances.
» L'amour de l'ordre et vos sentiments de piété vous porteront à y acquiescer.
» Nous sommes six prêtres pour le service de votre église. La psalmodie continuelle de l'office et une messe basse que chacun dit à son particulier constituent tous nos devoirs.
» Il résulte de cette monotonie, très souvent insipide, qu'il n'y a aucune différence ni par rapport à nous ni par rapport au public relativement à nos fonctions, entre le jour de Pâques et le jour de Saint-Crépin.
» La fête même de Saint-Jean Baptiste, patron et titulaire de l'ordre, et fêtée, solennisée dans toutes les églises de l'univers catholique, n'est pas différenciée des jours ordinaires dans votre collégiale, qui est la principale de la langue.
» D'où vient cette monotonie qui fait jaser le public ? Après en avoir cherché les raisons et sondé les motifs, tous, d'une voix unanime, répondent que ce train uniforme vient de ce qu'il n'y a aucun règlement pour l'extraordinaire des principales fêtes de l'année ; qui partout ailleurs sont solennellement distinguées.
» Tous, d'une voix unanime, s'offrent avec plaisir à cette religieuse distinction, et font taire par ce pieux dévouement la voix rauque d'un usage que jamais aucune loi ne peut avoir introduit.
» D'ailleurs lorsqu'un usage est condamnable, il est condamné par lui-même et le bon ordre y supplée, et lui fait succéder la sagesse et la justice de la règle et de la loi.
» Animé de cet esprit d'ordre, de sagesse, de justice et de piété, Monsieur le Grand Prieur, vous applaudirez au zèle de vos prêtres, en le secondant et le récompensant de votre approbation et de la sanction de votre autorité pour le règlement, que ce même zèle éclairé des connaissances rubricaires de l'Etat a tracé, pour être soumis à votre jugement: Et vous vous y porterez d'autant plus volontiers qu'aux raisons précédentes joint celle du bon service de votre Eglise et de l'édification du public.
» Nous ne cesserons d'adresser des vœux au ciel pour la conservation de vos jours.
» Signé : Frère Gontard, prêtre de l'Ordre de Malte et syndic de la collégiale du grand prieuré de Saint-Gilles.
» Masse, prêtre.
» De La Cassagne, prêtre.
» L'abbé de Vilaret.
» F. Rouvier, prêtre de l'Ordre de Malte.
» Nous approuvons le règlement ci-dessus, ordonnons qu'il sera exécuté et une copie de celui-ci enregistré dans le registre des délibérations capitulaires du collège.
» A Arles, ce 15 mars 1790.
» Le bailli de VILLEFRANCHE, grand prieur de Saint-Gilles. »

A peine avait-il donné son approbation que le grand prieur de Villefranche partit pour Avignon.
Le 4 juillet 1790, M. Duvernet est élu et proclamé maire de Saint Gilles. Le 11 juillet suivant, il rassemble son Conseil général, dans lequel Pierre Marignan, fermier et procureur de Maitre d'Albert Saint-Hippolyte, commandeur de Capette, dit que Vauvert réclame l'allivrement de Tête-de-Loup, sous prétexte que ce membre fait partie de son tènement. La communauté de Saint-Gilles prie celle de Vauvert de montrer ses titres et les deux communautés devront s'en remettre à la décision de MM. les Officiers du département. (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790.
1° volume, délibérations du conseil municipal du 14 février 1790 jusqu'au 2 février 1792.

Les six prêtres collégiats ne prêtèrent pas le serment à la constitution civile du clergé ; ils suivirent en cela le bon exemple de M. le curé Mathieu et de ses deux vicaires. Le procès-verbal du conseil municipal du lundi 31 janvier 1791 nous donne le récit curieux de ce qui se passa sur la place de l'Eglise, lorsqu'on voulut faire la proclamation de la loi sur la prestation du serment des ecclésiastiques.
« Le maire, M. Duvernet, dit que hier, dimanche, il a voulu faire la publication par Brunel, de la loi du 27 novembre 1790, sur la prestation du serment des ecclésiastiques fonctionnaires. Brunel avait été prévenu par un attroupement de femmes que, s'il en faisait la publication, on lui ferait comme à celui de Lunel. Mais à peine Brunel a-t-il commencé cette publication que les femmes attroupés sonnent le tocsin environ un quart d'heure, durant lequel plusieurs femmes se jetèrent sur ledit préposé Brunel, lui enlevèrent les 24 lois, qu'elles déchirèrent par morceaux et foulèrent aux pieds, et dans leur rage lui sortirent la chemise des culotes et la lui déchirèrent. Ledit Brunel demande grâce et s'échappe. — M. le maire ne sortit pas à cause du danger. »

Pour rétablir l'ordre, un détachement de 50 hommes du régiment du Dauphiné arriva à Saint-Gilles et y tint garnison.
Le 13 février 1791, la municipalité choisit une salle dans la maison de ville, appartenant à M. le grand prieur de l'Ordre de Malte, appelée la Cour de Saint-Jean, pour y tenir les assemblées.
Le dimanche 29 mai 1791, le prêtre constitutionnel Laporte est installé comme curé, selon les formes, par M. le maire, qui le conduit dans tous les endroits de l'église paroissiale et lui fait reconnaître l'inventaire du mobilier.
Le 6 juin 1791, la municipalité se transporte aux églises, chapelles, édifices religieux, maisons de charité et d'éducation de cette ville, qui doivent être fermés conformément à l'arrêté du Directoire du département du Gard, en date du 31 mai 1791. D'après le procès-verbal que nous donnons en appendice, on ferme la chapelle appelée la chapelle des filles, la chapelle des pénitents blancs, l'église collégiale de Saint-Jean de Malte et la chapelle de l'hôpital. (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790. Délibérations du Conseil municipal, tome Ier, du 15 février 1790 au 2 janvier 1792.

Le 21 juin 1792, an IV de la liberté, Jean Coumoul, citoyen actif de cette commune, fait une dénonce contre les prêtres collégiats de Saint-Jean, accusés d'avoir enterré, au mépris d'un arrêté du département du Gard, en date du 31 mai 1791, le nommé Martin, jardinier, leur clerc. Les frères Ange Terras et Jean-Joseph Gontard, prêtres de l'Ordre de Malte et collégial du grand prieuré de Saint-Gilles, ainsi que sieurs Laty, Gabot, Malle et Plauchut de la Cassagne, prêtres desservants dans ladite collégiale, répondent qu'ils sont autorisés par des bulles des papes, homologuées au ci-devant parlement de Toulouse, à administrer et à enterrer dans le cimetière de ladite collégiale tous les prêtres soit de l'Ordre, soit les desservants, leurs domestiques et fermiers, qui meurent dans l'enceinte de ladite collégiale.
Malgré cela, les collégiats sont condamnés à une amende de 400 livres payables solidairement l'un pour l'autre. (2)
2. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790. Volume II. Délibérations du Conseil municipal du 2 janvier 1792 au 18 frimaire an II (8 décembre 1793).

Déjà M. le curé Mathieu et ses vicaires avaient pris le chemin de l'exil. Les jours devenant de plus en plus mauvais et la déportation ayant été décrétés contre les prêtres fidèles, les collégiats cessèrent l'office divin et se dispersèrent.

Jacques-Barthélemy Plauchut de la Cassagne, né le 30 juillet 1758, fut porté sur la liste officielle des émigrés, à la date du 1er brumaire an II (20 octobre 1793), avec la mention reclus ; il fut, en effet, par trois fois écroué dans la citadelle de Nîmes, où il passa les mauvais jours de la terreur. Plus tard il sacrifia en partie à l'esprit du temps et le 5 complémentaire an V (21 septembre 1797), il demanda à la municipalité de Saint-Gilles la permission de remplir les fonctions ecclésiastiques et fit serment de haine à la royauté et de fidélité à la république et à la constitution de l'an III. (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790, volume IV, délibérations du Conseil municipal du 20 germinal an IV (9 avril 1796) au 1e vendemiaire an VII (22 septembre 1798).

Ange Terras mourut au fort de Nîmes où il était détenu.
Jean-Joseph Gontard, nous ne possédons aucun renseignement sur lui.
Dominique Rouvier, prêtre de l'Ordre de Malte, émigra, et, le 11 juin 1820, il signe comme curé aux registres de catholicité des Saintes Maries, diocèse d'Aix.
Pendant sa maladie, il fut remplacé par l'abbé Sauses, recteur du Sambuc en Camargue.
Dominique Rouvier mourut, aux Saintes Maries, le 6 septembre 1821. Voici l'extrait de l'acte de sa sépulture :
« L'an mil huit cent vingt et un et le sept septembre, a été apporté en cette église [des Saintes Maries] le corps de Mr Dominique Rouvier, prêtre régulier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, curé de cette paroisse des Saintes Maries, pour y être inhumé après les prières et cérémonies de l'église, dans le cimetière de cette paroisse, en présence des sieurs André Conseil, Marc Jean, Claude Trotebas, André Roquette, fabriciens, signés avec nous.
Conseil seul a signé avec Sauses, recteur du Sambuc, chargé de cette paroisse en vacance. » (2)
2. Archives paroissiales des Saintes Maries, registre de catholicité.

Jean Malle, ancien secrétaire de Mgr de Becdelièvre, ancien prieur d'Aubord, fut incarcéré dans le fort de Nîmes, y tomba dans un pénible état d'enfance et mourut à l'hôpital général à l'âge de 96 ou 97 ans.

Villaret fut aussi détenu dans la citadelle de Nîmes, et mourut à Beaucaire où il était prêtre habitué.
Nous avons vu précédemment que Laty et Gabot étaient aussi prêtres desservants dans la collégiale du grand prieuré de Saint-Gilles ; ils avaient dû remplacer deux prêtres desservants qui avaient déjà pris le chemin de l'exil.

Mathieu Laty fut détenu dans la citadelle de Nîmes, et mourut vicaire à Saint-Gilles, en juillet 1813, à l'âge de 76 ans.

Pierre Gabot (d'Arles) devint suspect aux clubistes qui lui firent une telle frayeur, qu'il en mourut. (1)
1. Saint-Gilles, son abbaye, son grand prieuré, par M. l'abbé Goiffon, pages 146 et 158.

Une fois tous les collégiats partis de la maison prieurale, on mit les scellés sur la bibliothèque où se trouvaient tous les papiers et titres de l'Ordre de Malte et voilà pourquoi dans le Conseil municipal du 4 décembre 1792, l'an Ier de la République française, se présente le citoyen Michel du district de Nîmes, qui dit que, par arrêté du Directoire du 30 novembre dernier, il a été nommé commissaire au lieu et place du citoyen Carbonnier, à l'effet de la recherche des papiers de l'Ordre de Malte, qui peuvent exister dans le canton de cette ville, il demande qu'on nomme deux commissaires, pour, conjointement avec le procureur de la commune, assister à la mise des scellés sur les papiers de l'Ordre de Malte, qui peuvent se trouver dans l'étendue du canton de Saint-Gilles. Le Conseil municipal nomme Coustan et Audoyer, officiers municipaux. (2)
2. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790, volume II, délibérations du Conseil municipal du 2 janvier 1792 au 18 frimaire an II (8 décembre 1793).

En 1 793, le séquestre fut mis sur les biens de l'Ordre de Malte et le 13 thermidor an Il (31 juillet 1794). Le nommé Paul de Générac se présenta au conseil municipal, à l'effet d'estimer et de diviser les biens des domaines nationaux dépendant de l'Ordre de Malte. (1)
1. Archives municipales de Saint-Gilles postérieures à 1790, volume III, délibérations du Conseil municipal du 24 frimaire an II (14 décembre 1793) au 15 germinal an IV (4 avril 1796).

Le 4 fructidor an III (21 août 1795), eut lieu la vente de la maison collégiale de Saint-Jean-de-Malte, hors la ville, 2,571 toises 7 pans, dont 840 en parterre et cour, 1,190 en deux jardins clos, 122 en église et cimetière, et ses dépendances, savoir : Cour Saint-Jean (dans la ville) 41 cannes en bâtiment et 92 en cour, deux terres, une de 4,868 toises 3 pieds, une de 508 toises (2), le tout 501,000 livres, à Defferre Isaac, fabricant d'eau-de-vie ; Fabrègue Jean-Louis fils, Jalaguier Jacques, Marignan Firmin, Marignan Etienne, Brun Jean, Brun-Granaude Antoine, Aurillon Marguerite, Marignan (veuve), Granaud Jean, Gautier Jean, notaire ; Héraud Adrien, Brun Jacques, droguiste ; Chrestien André aîné, Brun - Meirargues Antoine, Mestre-Robert, Clavel Jacques, Allier Pierre, Faucher Antoine, Portier-Méjanelle Jean, Portier-Cadière Jean, Guinard Pierre, Chauvet Antoine, Villaret Pierre, Perron Etienne, Meyrargues Antoine, Ilitier Augustin, Portal Pierre, Blanc Antoine, Ventujol David, Delpuech Pierre, Goirand André neveu, Michel Jean, Lazare Pierre fils (d'Uchaud), Vally Jacques, Coumoul Jean, Brun Jacques, tailleur d'habits ; Gay Antoine père, épicier (de Nîmes), Fourmaud Daniel, Caillot Pierre et Pailloux Joseph, habitants de Saint-Gilles.
2. Suivant bail consenti à Caillot, le 15 mars 1793, il y aurait, outre les deux jardins, six terres.

Le même jour 4 fructidor an III (21 août 1795), La Vignasse de 11 carteirades, située au grès de Saint-Gilles faisant partie du sous-bail, passé au chevalier Laurent Bertaud par le chevalier Jacques Archinard, fermier du ci-devant grand prieuré, par police privée en date du 3 août 1788 (v. s.), dépendant du grand prieuré de Saint-Gilles, et un champ labourable appelé Le Pradas, confrontant le contre-canal du Rhône, contenant environ 3 salmées, sont vendus 130.168 livres 15 sols à Defferre Isaac, fabricant d'eau-de vie ; Michel Jean, cultivateur ; Marignan Firmin, cultivateur ; Fabrègue Jean-Louis fils et Grinard Pierre, agriculteur, de Saint-Gilles, adjudicataires par égale portion.

Voici d'après les archives du Gard le texte de la vente de la maison prieurale et ses dépendances :
« Vente des biens nationaux provenant du ci-devant Ordre de Malte, faisant partie du ci-devant grand prieuré de Saint-Gilles, département du Gard, district de Nîmes, canton de Saint-Gilles, municipalité de Saint-Gilles.
» N° 4, séance de première enchère.
» L'an troisième de la République Française une et indivisible, le 19 thermidor, à dix heures du matin, nous Meinadier, président, Madier, vice-président, Roussellier, Devillas, administrateurs du Directoire du district de Nîmes, département du Gard, nous sommes transportés, accompagnés du citoyen Jean Pieyre fils, procureur-syndic, dans la salle d'audience dudit Directoire, où étant, le dit procureur-syndic a annoncé qu'il allait être procédé à la réception des premières enchères pour la vente des biens ci-après désignés, indiqués par l'affiche du 9 thermidor, dont il a donné lecture ; laquelle afffiche a été bien et dument publiée et apposée dans les lieux prescrits par la loi, suivant les certificats ci-annexés des officiers municipaux des municipalités, où sont situés les biens ; lequel bien consiste :
» 1° En la maison collégiale de Saint-Jean-de-Malte, située hors la commune de Saint-Gilles, basses-cours, parterres, chapelle, appartements, caves, bucher, poulaillers, écuries et greniers
à foin en dépendant, ensemble deux jardins potagers clôturés et maison avec un seul puits à roue, un logement pour le jardinier, le pigeonnier et enclos du pigeonnier.
» 2° En un champ situé entre le grand chemin allant au pont du bassin, le quai dudit bassin et l'arête supérieure du contre-canal du côté de la ville.
» 3° En un autre champ situé entre l'arête supérieure du susdit contre-canal et le grand chemin allant de Saint-Gilles à Beaucaire.
» 4° En un autre champ situé entre le franc-bord extérieur dudit contre-canal du côté de la ville, le lopin de luzerne de Barthélemy Brignan, la petite draille longeant le jardin de Brignan, mariée à Chauvet, la petite canabière du citoyen Jacques Ferry, celle du citoyen Pierre Dugas et celle formant l'article ci-après :
» 5° En un autre champ situé entre celui formant l'article ci-dessus, le franc bord intérieur du contre-canal du côté de la ville et les canabières des citoyens Brignan et Pierre Dugas.
» 6° En un autre champ, qui confronte les deux murs du jardin potager du susdit bâtiment ou collégiale, l'arête supérieure du franc-bord intérieur du contre-canal, côté de la ville et le jardin aujourd'hui en luzerne de Barthélemi Brignan.
» 7° Enfin en un autre champ actuellement inculte, qui est au-devant de l'entrée du susdit bâtiment ou collégiale, et qui la contourne en partie, dans lequel sont comprises environ 38 cannes carrées du terrain provenant de celui que la ci-devant Province avait acquis du feu citoyen Mazer, lors de l'excavation des contre-canaux, confrontant la totalité du susdit champ, le grand chemin neuf allant de la ville au port de Saint-Gilles, le quai supérieur du grand canal, l'arête supérieure du contre-canal côté de la ville et la rampe montante au pont d'icelui, et le bâtiment appelé la Collégiale, ainsi que le tout est énoncé dans le bail de ferme consenti au citoyen Caillot, sous le cautionnement du citoyen Fabrègue, en date du 15 mars 1793 (v. s.).
» Et forme un seul lot soumissionné par Jean-Louis Fabrègue fils, négociant dudit Saint-Gilles, suivant sa soumission en date du 4 thermidor présent mois, laquelle se porte à la somme de 300.000 livres.
» Ledit bien sera adjugé à une seconde publication, qui sera faite dans quinze jours après la première enchère, au plus offrant sans exclusions d'enchérisseurs et sous les conditions, conditions ci-après. Suivent les conditions générales en sept articles...
» Personne ne s'étant présenté pour faire des offres, nous avons arrêté le présent procès-verbal de première criée, et en avons indiqué l'adjudication définitive au 4 fructidor prochain, laquelle sera annoncée en la forme ordinaire.
» Fait à Nîmes, les jours, mois et an que dessus.
» Signé : Roussellier, Peyre, Meinadier, Henri Devillas. »

Séance d'adjudication définitive

« Le 4 fructidor an III de la République française une et indivisible, à dix heures du matin, nous Meinadier, président, Madier, vice-président, Roussellier, Devillas, etc., avons ouvert les enchères définitives du cloître dit de Saint-Jean et de six champs.
Le citoyen Defferre en a offert, après plusieurs enchères, 501.000 livres et a signé.
Un septième feu surabondant a été allumé, et personne n'ayant surdit pendant que ce feu a brûlé, le Directoire a adjugé au citoyen Isaac Defferre, fabriquant d'eau de vie, de Saint-Gilles, lequel a déclaré qu'il agissait tant pour lui que pour ses amis élus ou à élire en tout ou en partie, comme dernier enchérisseur, les biens désignés en l'affiche et au présent procès-verbal pour le prix et somme de 501.000 livres, aux clauses, charges et conditions portées par ledit verbal et prescrites par les lois que ledit citoyen Defferre a déclaré bien connaître et a signé avec nous.
Fait à Nîmes, lesdits jours, mois et an que dessus.
Signé : Isaac Defferre, Meinadier, Roussellier, Henri Devillas, Peyre, secrétaire.

« Et de suite ledit citoyen Isaac Defferre, adjudicataire, a déclaré qu'il agissait tant pour lui que pour les citoyens ci-dessus nommés, Daniel Fourmaud, tous quarante pour égale portion, Pierre Caillot et Joseph Paillon tous habitants de la commune de Saint Gilles et ont signé avec nous, sauf les citoyens Daniel Fourmaud, Blanc et Clavel, qui ont déclaré être illettrés. » (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 78 et 79.

Le 7 ventôse an II (25 février 1794), il a été vendu 30.000 livres à Arnail Fornier, de Nîmes, un domaine national ayant appartenu au ci-devant Ordre de Malte, consistant en un jardin à roue, situé hors la ville de Nîmes, au-dessous de la place de l'Esplanade (1), confrontant du levant le jardin des ci-devant R. R. capucins de Nîmes, du midi Ménard (2), et Bimard, chemin entre deux, et du couchant Colomb, ledit jardin est composé de deux corps, mais comme le logement du jardinier est dans l'un et le puits à roue dans l'autre, l'on a jugé convenable de n'en former qu'un seul lot, de contenance en tout de deux salmées, une émine, onze dextres, ce jardin évalué par expert à la somme de 13.000 livres. (3)
1. C'est sur cet emplacement que se trouvent le collège de l'Assomption et les maisons qui, avec lui, forment l'île comprise entre les rues de la Servie, de la Luzerne (aujourd'hui Pradier), de Monjardin, et le côté ouest de l'avenue Feuchères.
2. De la famille du fameux historien Ménard.
3. Archives du Gard, locution cité n° 1.


Le 12 ventôse an Il (1er avril 1794), il a été vendu 61.000 livres à Chambaud, architecte de Nîmes, Duplan, Ducros, Fabre, Monot, Castillan et Gévaudan par égale portion de 23000 livres, un domaine national appelé mas de Saint-Jean, situé dans le terrain de Nîmes, près Caissargues, et faisant partie de la ci-devant commanderie de Montfrin, Ordre de Malte, consistant en champ, prés, vignes et ménagerie, de consistance en tout de 81 arpents, 12 perches, 1 toise, 3 pieds, 7 pouces en terrein et 2 perches, 8 toises, 3 pieds, 2 pouces, 6 lignes en couvert, ou bien 65 salmées, 6 sixième d'émine en terrein et 30 cannes en couvert, le tout ne formant qu'un seul et même lot, évalué par expert à la somme de 45.340 livres. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 2.

En exécution de l'arrêté du Directoire du district de Nîmes, du 7 floréal an II (26 avril 1794), il a été mis en vente un domaine national appelé la Mourade, situé sur le territoire du Cailar et d'Aimargues, et faisant partie de la ci-devant commanderie de Saint-Christol, ordre de Malte, consistant en métairie, cour, jardin et terres labourables, le tout divisé en 25 lots ainsi qu'il suit :
1e Division du domaine dit de la Mourade, contenant en total 76 carteirades, un quarton et demi, savoir 10 carteirades et demie, 20 dextres et quart en bois, 141 cannes, 5 pans en couvert, 50 cannes en cour, 140 cannes, 4 pans en jardin et le restant en terres labourables, estimée 45.500 livres, confrontant du levant la carrière venant d'Aimargues en Jouin, David Bourier et Etienne Moynier, du midi ledit Etienne Moynier, couchant les limites du terroir d'Aimargues et la cubelle, et au nord Pierre Bressangs l'aumornaire. Ladite division située sur le terroir du Cailar, a été adjugée à Paul Crémieux, marchand de Nîmes, au prix de 100.000 livres, le 7 prairial an II (26 mai 1794). (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 3 et 4.

2e Division de la Mourade, champ à la galine, contenant 2 carteirades, trois quartons, estimé 1.600 livres, confrontant du levant Antoine Roubin et Etienne Vesson, midi les hoirs de Jean Maurel, couchant Jean Pezière, nord Paul Farjon. Ladite division, située sur le territoire du Cailar, a été adjugée à Jacques Berrus, mari de Maroger, au prix de 4.100 livres, le 7 prairial an II (26 mai 1794). (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 3 et 4.

3e Division, trois champs contenant ensemble 11 carteirades, 3 quartons, 20 dextres et confrontant savoir : la terre aux Arnavesses ; du levant Jean Roussel et Silvestre Guiraud, midi le ci-devant seigneur du Cailar, couchant le chemin et du nord le dit Guiraud ;
— la terre à la Figuerasse confronte du levant le chemin des Arnavesses, midi Jacques Cauzid, couchant Jacques et Ozias
Boulet, nord Paul Verrus et Antoine Roubin.
— la terre à Pebrat confronte du levant Paul Farjon, midi le chemin allant à Saint-Pastourd, couchant hoirs de Simon Bouze et du nord Claude Fournet estimés ensemble 4.492 livres 10 sols.
Ladite division, située sur le territoire du Cailar, a été adjugée à Antoine Lambon, dit Lavolée, cultivateur du Cailar, au prix de 5.100 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 5, 6, 7, 8.

4e Division : champ à Roumevielle, situé dans la commune d'Aimargues, contenant deux carteirades, demi quartons, huit dextres, confrontant du levant Antoine Saturnin et Antoine Maroger, midi et couchant le chemin de Trois Volées, du nord Jacques Brunet, Carbonnier et Jacques Mathieu, estimés 2.550 livres, adjugé à Simon Isnard, négociant de Montpellier, au prix de 7.400 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 5, 6, 7, 8.

5e Division : deux champs à Roumevielle, terroir d'Aimargues, contenant ensemble 14 carteirades, demi quartons, 17 dextres et un quart, confrontant du levant, savoir : la pièce la plus grande, les limites du terroir du Cailar, ou première division, midi en pointe les mêmes limites, du couchant le chemin de trois, quatre et cinq volées, et du nord Antoine Maroger, Saint-Saturnin et la pièce ci-après ; la seconde pièce confronte au levant le ci-devant seigneur du Cailar, Paul et Mathieu, midi la première pièce de la présente division, du couchant Saint-Saturnin et du nord Maroger père, estimée 7.110 livres 9 sols, adjugé à Sara Crémieu, veuve Jacob de Milhaud, au prix de 26.000 livres, 7 prairial an II (26 mai 1792). (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 5, 6, 7, 8.

6e Division : champ appelé les Petites Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 4 carteirades, 2 quartons, 21 dextres, confrontant du levant Bord, et en partie le chemin, du midi la Cubelle, du couchant le vacant de la Cubelle et du nord le chemin de la Mourade, estimé 2.190 livres, adjugé à Saül Crémieu, marchand de Nîmes, au prix de 8.200 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 5, 6, 7, 8.

7e Division : 1e division, d'une terre appelée les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 8 carteirades et 3/4, 20 dextres, confrontant du levant la Cubelle, midi en pointe le chemin de Corbière, couchant le dit chemin et le n° 2, et du nord le dit n° 2 et 38, estimé 4.300 livres, adjugée à Saül Crémieu, au prix de 10.100 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794) (1).
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 9, 10, 11, 12, 13.

8e Division : 2e division, d'une terre appelée les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 8 carteirades, 29 dextres et un tiers, confrontant du levant la 1e division, du midi le chemin de Corbière, du couchant n° 5, chemin de 12 pans de largeur, entre deux, et du nord les nos 3 et 4, chemin de 12 pans de largeur, entre deux, avec le n° 4 seulement, estimé 4.220 livres, adjugée à Saül Crémieu, au prix de 10.200 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794) (2).
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 9, 10, 11, 12, 13.

9e Division : 3e division, d'une terre dite les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 7 carteirades, 2 tiers, 17 dextres et demie, confrontant du levant la Cubelle, du midi les n° 1 et 2, du couchant le n° 4, et du nord le n° 7, estimé 3 600 livres, 14 sols, adjugée à Saül Crémieu, au prix de 10.500 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794) (3).
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 9, 10, 11, 12, 13.

10e Division : 4e division de la terre dite les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 6 carteirades et demie, un tiers de dextre, confrontant du levant le n° 3, du midi le n° 2, chemin entre deux, du couchant, le n° 5, chemin entre deux, et du nord le n° 7, estimée 3.150 livres, 15 sols, adjugée à Saül Crémieu, au prix de 8.000 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794) (4).
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 9, 10, 11, 12, 13.

11e Division: 5e division de la terre dite les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 10 carteirades et demie, 11 dextres, confrontant du levant les n° 2 et 4, chemin de 12 pans de largeur, entre deux, du midi le chemin de Corbière, du couchant Vessière, et du nord le n° 6, estimé 5.250 livres, adjugée à Saül Crémieu, au prix 12.200 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794) (5).
5. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 9, 10, 11, 12, 13.

12e Division : 6e division de la terre dile les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 8 carteirades et demie, 27 dextres et 2 tiers, confrontant du levant le n° 7, du midi le n° 5, du couchant Vessière, et du nord Bord, estimée 4.253 livres, 12 sols, adjugée à Saül Crémieu, au prix de 8.000 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

13e Division : 7e division de la terre dite les Plantades, terroir d'Aimargues, contenant 8 carteirades et 3 quarts, 22 dextres et demie, confrontant du levant la Cubelle, du midi les n° 3 et 4, du-couchant le n° 6 et du nord Pierre Chaix, estimée 4.281 livres, 10 sols, adjugée à Saül Crémieu, à 12.600 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

14e Division : champ à Saint-Blancard, contenant 12 carteirades, 2 quartons et demi, 7 dextres, confrontant du levant Laporte, midi et couchant Magnier, du dit couchant Bord, du nord le chemin de Corbière, estimé 7.039 livres, 4 sols, adjugé à Saül Crémieu, au prix de 11.000 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

15e Division : champ à Saint-Blancard, contenant 9 carteirades, 3 quartons, 7 dextres et demi, confrontant du levant la Cubelle, du midi et couchant Laporte, et du nord un vacant, estimé 4.590 livres, 13 sols, adjugé à Saül Crémieu, au prix de 12.000 livres, 7 prairial an Il (26 mai 1794) (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

16e Division : 1e division, d'un champ à Saint-Blancard, contenant 4 carteirades, 1 quarton, 16 dextres et demie, confrontant du levant la Cubelle, midi le n° 4, au couchant le n° 2, et du nord Moynier et Pierre David, estimée 2.110 livres, adjugée à Jacques Mathieu et Jacques Berrus, au prix de 10.700 livres par portion égale de 5.350 livres, 7 prairial an Il (26 mai 1794). (5)
5. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

17e Division : 2e division, champ à Saint-Blancard, contenant 4 centeirades, 1 quarton, 19 dextres et demie, confrontant du levant le n° 1, du midi le n° 3, du couchant Renoux, Fabrot, et du nord Moynier et Pierre David, estimée 1.714 livres, 7 sols, adjugé à François et André Pélissier, Timothée Moynier et Charles Cabanon, tous cultivateurs d'Aimargues, au prix de 10.050 livres, 7 prairial an II (26 mai 1794). (6)
6. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 14, 15, 16, 17, 18, 19.

18e Division : 3e division, d'un champ à Saint-Blancard, contenant 5 carteirades, 20 dextres et un quart, confrontant du levant le n° 4, du midi Moynier, couchant Renoux, Fabrot, et du nord le n° 2, estimé 2.088 livres, 3 sols, adjugé à Pierre Bassaget, du Cailar, au prix de 2.675 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794). (1)
1. Archives du Gard 2. Q. 3./22 n° 20, 21, 22, 23, 24.

19e Division : 4e division, d'un champ à Saint-Blancard, contenant 5 carteirades, 1 quarton, 6 dextres et demie, confrontant du levant La Cubelle, midi Moynier, couchant le n° 3, estimé 2.099 livres, adjugé à François Bourrely, au prix de 1.850 livres, 8 prairial an Il (27 mai 1794). (2)
2. Archives du Gard 2. Q. 3./22 n° 20, 21, 22, 23, 24.

20e Division, champ aux palus ou bousquet, contenant 6 carteirades, 2 quartons, 17 dextres et demie, confrontant du couchant les palus et les autres parties Moynier, estimé 2.315 livres, adjugé à Henri Bernard, cultivateur d'Aimargues, au prix de 2.200 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794). (3)
3. Archives du Gard 2. Q. 3./22 n° 20, 21, 22, 23, 24.

21e Division, champ aux palus, contenant 15 carteirades, 3 quartons et demi, confrontant du levant et nord Moynier, midi Roussellier, couchant le chemin de la palus, estimé 6.050 livres, 5 sols, adjugé à Jacques Peyronnet, cultivateur d'Aimargues, au prix de 2.500 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794). (4)
4. Archives du Gard 2. Q. 3./22 n° 20, 21, 22, 23, 24.

22e Division, champ aux palus contenant 4 carteirades, 1 quarton, 2 dextres, confrontant du levant et du nord le chemin de la palus, midi et couchant le ci-devant Duc, estimé 2.100 livres, 15 sols, adjugé à André et François Pélissier, d'Aimargues, au prix de 2.600 livres, 8 prairial an Il (27 mai 1794). (5)
5. Archives du Gard 2. Q. 3./22 n° 20, 21, 22, 23, 24.

23e Division, champ au clos de Nazory, contenant 7 carteirades, 2 quartons et demi, 11 dextres un quart, confrontant du levant le chemin et Thouras, midi ledit Thouras et le mas de Bornier, du couchant Gabriel Contrepas, et du nord le grand Malherbe, ledit mas de Bornier, pour une autre pièce ledit Thouras et un peu ledit Contrepas, estimé 3.000 livres, adjugé à Fontanès Etienne, cultivateur à Aimargues, pour Guillaume Roussellier, propriétaire à Aimargues, au prix de 10.250 livres, 8 prairial an II (27 mai 1.94). (1)
1. Archives du Gard 2. Q. 3/22 n° 25, 26, 27.

24e Division, deux pièces terres labourables situées, l'une au Carroges et l'autre au trau de Vitou, contenant savoir : celle au Corrège 2 carteirades, 1 quarton, 14 dextres, confrontant du levant Antoine Rame, midi Tourras, couchant le grand Malherbe, au nord Louis Tourras et Valette père ; celle au trau de Vitou, contient une carteirade, 3 quartons, 15 dextres, confrontant du levant le grand chemin d'Aigues-Mortes, du midi la cidevant chapelle de Sainte-Lucie, couchant Prat-Viel et ladite chapelle, et au nord Pastreet Antoine Reynaud, contenant, les deux pièces ensemble, 4 carteirades, 29 dextres, estimées 1.610 livres, 9 sols, adjugée à Sébastien Daniel, menuisier d'Aimargues, auprix de 3.075 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794). (2)
2. Archives du Gard 2. Q. 3/22 n° 25, 26, 27.

25e Division, champ à la barque, contenant 6 carteirades, 2 quartons, 2 dextres, confrontant du levant André Bassaget et Antoine Drulhon, midi Antoine Bassaget et Louis Mazauric, couchant la veuve Daumas et Roudier, et du nord le chemin, estimé 2.500 livres, 2 sols, adjugé à Jean et Etienne Daniel, d'Aimargues, au prix de 5.100 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794).
26e Division, deux champs, l'un au Corrège et l'autre au trau de Vitou du n° 24, au prix de 2.550 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794).
27e Division, champ à la Barque, n° 25, adjugé à Etienne Savoye, au prix de 11.100 livres, 8 prairial an II (27 mai 1794). (3)
3. Archives du Gard 2. Q. 3/22 n° 25, 26, 27.

Le 12 frimaire an III, a été vendu au prix de 121.000 livres à Jean Coumoul, agriculteur, d'Héraclée (Saint-Gilles), qui a déclaré agir pour Pierre Bigot, cultivateur, de Nîmes, la 1e division du domaine dit des Auriasses, membre de la commanderie de Saint-Anne, contenant 21 salmées, 153 dextres en champ, y compris 82 cannes, 4 pans en couvert ou bâtiment servant à l'exploitation du domaine, confrontant du levant les terres du port, vendues à divers particuliers, la nature et les n° 7e, 8e et 9e, au midi la chaussée du Rhône, au couchant les divisions 2e et 6e et Durat, et au nord les 2e, 3e, 9e et 10e divisions et le chemin. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 28, 29, 30, 31.

Le même jour, a été vendu au prix de 13.100 livres à Jean Massip, négociant, d'Héraclée, qui a déclaré agir tant pour lui que pour Alexandre Bouteille, d'Héraclée, boulanger, chacun pour égale portion de 6.550 livres, la 2e division du domaine des Auriasses, contenant 2 salmées, 123 dextres, confrontant du levant et midi la 1e division, du couchant la 3e division et du nord la 6e et un peu la 5e, et des fossés au levant, couchant et au nord, et au midi une ligne tirée du jalon n° 27 distant de l'angle au levant, et au nord de 56 volées 4 pans, la volée de 9 pans longueur et de l'angle au levant, et midi de 79 volées, 6 pans au jalon n° 26 distant de l'angle, au couchant et nord de 56 volées, 4 pans et de l'angle au midi et couchant de 56 volées, 4 pans. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 28, 29, 30, 31.

Le même jour, a été vendu, au prix de 15.000 livres, à Jean Aurillon, cultivateur d'Héraclée, la 3e division des Auriasses, contenant 2 salmées, 277 dextres, confrontant du levant la 2e division, du midi la 1e, du couchant Durat, et du nord la 4e et 5e, des fossés au levant, couchant et nord, et séparée de la 1e division au midi au moyen de la ligne prolongée. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 28, 29, 30, 31.

Le même jour, a été vendu, au prix de 8.600 livres, à Jacques Brun, tailleur d'habits, d'Héraclée, qui a déclaré agir tant pour lui que pour Jacques Clavel-Sabatier, d'Héraclée, la 4e division des Auriasses contenant une salmée, 175 dextres, confrontant du levant la 5e division, du midi la 3e et Durat, du couchant ledit Durat et du nord le chemin. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 28, 29, 30, 31.

Le même jour, a été vendu, au prix de 9.000 livres, à Pierre Marignan, cultivateur, d'Héraclée, qui a déclaré agir pour Etienne Marignan, son fils, la 5e division des Auriasses, contenant une salmée, 208 dextres, confrontant du levant la 6e division, au midi les 2e et 3e, au couchant la 4e et au nord le chemin. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu, au prix de 9.2000 livres, à Pierre Marignan, fils aîné, cultivateur, d'Héraclée. la 6e division des Auriasses, contenant une salmée, 152 dextres, confrontant du levant le chemin, et un peu la grande terre de la 1e division, du midi la 2e, au couchant la 5e et au nord le chemin. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu, au prix de 7.500 livres, à Augustin Hitier, entrepreneur des chemins, habitant à Héraclée, la 7e division des Auriasses, contenant une salmée. 212 dextres, confrontant du levant la 7e division, du midi la 8e, du couchant la 1e et du nord le chemin avec des fossés au couchant et au nord. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu, au prix de 7.000 livres, à Pierre Héraud, cultivateur, d'Héraclée, la 8e division des Auriasses, contenant une salmée, 143 dextres, confrontant du levant les jalons n° 19 et 20, au midi les jalons n° 20 et 16, au couchant les jalons n° 16 et 17. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu, au prix de 6.300 livres, à Adrien Héraud, agissant pour son frère Pierre Héraud, la division des Auriasses, contenant une salmée, 96 dextres, confrontant du levant les jalons n° 20 et 15, du midi ce dernier, et l'angle au midi et couchant de ladite terre. (5)
5. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu au prix de 7.600 livres à Claude Boyer, cultivateur, d'Héraclée, agissant pour Jean Bonnefoi et Louis Potavin, cultivateurs, d'Héraclée, la 10e division des Auriasses, contenant une salmée, 177 dextres, confrontant du levant le jalon n° 14 et l'angle au levant et midi de la totalité de la pièce terre, au midi ledit angle et le jalon n° 15, au couchant les jalons n° 15 et 20, et du nord les jalons n° 20 et 14. (6)
6. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 32, 33, 34, 35, 36, 37.

Le même jour, a été vendu, au prix de 8,850 livres, à Jean Coumoul, cultivateur, d'Héraclée, agissant pour Pierre Bigot, cultivateur, de Nîmes, la 11e division des Auriasses, contenant une salmée, 282 dextres, confrontant du levant les n° 14 et 13, au midi les jalons n° 14 et 20, au couchant les jalons n° 20 et 19. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 38, 38, 40, 41, 42.

Le même jour, a été vendu, au prix de 10,100 livres, à Jean Coumoul, Cultivateur, d'Héraclée, agissant pour Pierre Bigot, cultivateur, de Nîmes, la 12e division des Auriasses, contenant une salmée, 317 dextres, confrontant au levant le jalon n° 13, au midi les j'alons n° 13 et 19, au couchant les jalons n° 19 et 18, et au nord le chemin. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 38, 38, 40, 41, 42.

Le même jour, a été vendu, au prix de 13,500 livres, à Jean Brun, boucher, d'Héraclée, agissant pour Jean Granaud cultivateur, d'Héraclée, la 13e division des Auriasses, contenant 2 salmées, 53 dextres, confrontant du levant les jalons n° 12 et 9, du midi le jalon n° 12. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 38, 38, 40, 41, 42.

Le même jour, a été vendu, au prix de 13,500 livres, à Pierre Villaret, fabricant d'eau-de vie, d'Héraclée, agissant pour Adrien Héraud, d'Héraclée, la 14e division des Auriasses, contenant 2 salmées, 24 dextres, confrontant du levant et en pointe l'angle de la totalité de la pièce terre, au midi ledit angle et le jalon n° 12, au couchant les n° 12 et 9, au nord le n° 9. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 38, 38, 40, 41, 42.

Le même jour, a été vendu, au prix de 10.000 livres, à Jean Brignand, aubergiste, d'Héraclée, la 15e division des Auriasses, contenant une salmée, 223 dextres, confronte du levant les jalons n° 11 et 10, au midi le jalon n° 11. (5)
5. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 38, 38, 40, 41, 42.

Le même jour, a été vendu, au prix de 12.000 livres, à Joseph Paillon, maçon, d'Héraclée, la 16e division des Auriasses, contenant une salmée, 334 dextres, confrontant du levant le chemin, au midi le jalon n° 11 et l'angle au levant et midi de la pièce terre, au couchant la 15e division et au nord le jalon n° 10 et la pièce terre qui forme la 17e division, dont il va être parlé, fossé entre deux, de 59 volées, 5 pans de longueur. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 14,100 livres, à Moïse Gaissac, boulanger, d'Héraclée, agissant pour Gabriel Rougnon, cordonnier, et Louis Girard, jardinier, d'Héraclée, la 17e division des Auriasses, contenant 2 salmées, 121 dextres, confrontant du levant le chemin, au midi la 16e division, au couchant les divisions 18e et 21e, et au nord les divisions 23e et 24e. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 8.700 livres, à Alexandre Bouteilles, boulanger, d'Héraclée, agissant pour lui et Jean Massip, négociant, d'Héraclée, la 18e division des Auriasses, contenant une salmée, 231 dextres, confrontant du levant le jalon n° 8, au midi la 15e et un peu la 14e division, en suivant le fossé qui le sépare avec la présente, au couchant l'angle que forme ladite division et au nord les jalons n° 7 et 8. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 9,500 livres, à Laurent Michel, maréchal, d'Héraclée, la 19e division des Auriasses, contenant une salmée, 275 dextres, confrontant du levant le jalon n° 6, au midi les divisions 13e et 14e, au couchant le jalon n° 5, et au nord les jalons n° 5 et 6. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 8,200 livres, à Jacques Clavel, sabotier, d'Héraclée, la 20e division des Auriasses, contenant une salmée, 188 dextres, confrontant du levant le jalon n° 6, au midi les jalons n° 6 et 5, au couchant le jalon n° 5, et au nord le fossé allant d'un angle à l'autre. (5)
5. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 8,600 livres, à Bernard Maleviale, la 21e division des Auriasses, contenant une salmée, 248 dextres, confrontant du levant le jalon n° 8, au midi les jalons n° 8 et 7, au couchant ledit jalon n° 7, et au nord les deux angles ou le fossé allant de l'un à l'autre. (6)
6. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 43, 44, 45, 46, 47, 48.

Le même jour, a été vendu, au prix de 13,000 livres, à Jean Coumoul, cultivateur, d'Héraclée, agissant pour Pierre Bigot, cultivateur, de Nîmes, la 22e division des Auriasses, contenant 2 salmées, confrontant du levant les jalons n° 4 et 2, au midi le jalon n° 4, au nord le n° 2. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 49, 50, 51, 75.

Le même jour, a été vendu, au prix de 13,000 livres, à André Chrestien, cultivateur, d'Héraclée, la 23e division des Auriasses, contenant une salmée, 356 dextres, confrontant du levant le jalon n° 1, au midi et couchant jalon n° 4, au nord les jalons n° 1 et 2. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 49, 50, 51, 75.

Le même jour, a été vendu, au prix de 20,000 livres, à Jeau Brun boucher, d'Héraclée, agissant pour Jean Brignan, d'Héraclée, la 24e et dernière division des Auriasses, composé d'un moulin à vent en bon état, de terre labourable et bonne qualité et d'un pré, elle contient en tout 2 arpents, 29 perches, 2 toises, 1 pied, 6 pouces, y compris le fond sur lequel est le moulin, ou une salmée, 115 dextres, confrontant du levant le chemin, du midi la 17e division, du couchant les jalons n° 1 et 3, au nord le jalon n° 1. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 49, 50, 51, 75.

Le 23 thermidor an III, a été vendu, au prix de 1.000.000 de livres, à Jean-Alexandre Vincent, négociant, de Nîmes, la commanderie du plan de la Peyre, située dans le terroir de Saint-Gilles, près le port de Silvéréal, consistant en bâtiment, terres cultes, incultes, pâturages, herbages, usages et facultés dans la Silve Godesque et tout ce qui en dépend, à l'exception de la pension de 300 livres que le ci-devant grand-prieuré payait à ladite commanderie, le tout conformément au bail de ferme passé au citoyen Jean Aurillon, par acte public du 13 octobre 1789, reçu Rocquelain, notaire. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 49, 50, 51, 75.

Le même jour, a été vendu, au prix de 500.010 livres, à Jean-Pierre Périer cadet, négociant, de Tarascon, le mas et tènemeut dit de Liviers, dépendant de la commanderie de Barbentane, consistant en bâtiments, terres labourables, herbages, bois de saules, situé le long du petit Rhône, terroir de Saint-Gilles, affermé à Jean Aurillon, ménager, de Générac, par bail public du 6 juin 1789, reçu Coillet, notaire à Arles. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 76, 77, 80, 81.

Le 24 thermidor an III, a été vendu, au prix de 2.000.500 livres, à Pierre-David Peyre, secrétaire du district de Nîmes, et à Bernard Peyron, propriétaire, de Nîmes, le domaine de Cavalès, situé dans la commune de Saint-Gilles, contenant 296 arpens, 22 perches, 3 toises, 5 pieds, ou 165 salmées, 333 dextres, consistant en champ et bâtiment et tel qu'il est désigné dans le bail de ferme passé à Jacques Grezoux, par police privée du 18 juin 1792. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 76, 77, 80, 81.

Le 23 fructidor an IIT, a été vendu, au prix de 5.000.000 livres, à Pierre Blanc-Pascal, homme de loi, de Nîmes, et à François et Jean Roux et Eustache Billon, habitant à Voiron (Isère), le domaine de Capette, consistant en bâtiment, champs labourables, herbages, pâturages, prés et bois de saules et généralement tout ce qui fait partie du bail de ferme consenti au citoyen Pierre Marignan, ménager, de Saint-Gilles, fermier actuel, le 11 novembre 1791 (v. s ) reçu Gautier, notaire. (3)
3. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 76, 77, 80, 81.

Le 1er vendémiaire an IV, a été vendu, au prix de 3.500.000 livres, à Jean-Louis Fabrègue fils, négociant, de Saint-Gilles, Robert Mestre, Pierre Guinard, Etienne Marignan, Firmin Marignan, Jean Granaud, Pérouse fils, Jacques Vally, Antoine Brun Granaude, Pierre Allier, Jean Michel, tous habitants de Saint-Gilles, et Louis Isnard, marchand, fabricant-tanneur, de Nîmes, un domaine dit de Clare Farine, composé de bâtiments, cabanes et cabanons servant à l'exploitation, champs et herbages. (4)
4. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 76, 77, 80, 81.

Le 1er brumaire an IV, les domaines de la Fosse et de Canavère, composés de bâtiments d'exploitation, terres labourables, prés, herbages et palus, en tout 1.015 salmées, 49 dextres, ont été vendus, au prix de 8.025.000 livres, à Jean-François Charamaule, négociant à Bagnols, district de Pont-Saint-Esprit, Fabrègue père et fils, Louis Sénilhac, médecin, Isaac Defferre, David Ventujol, Jean Fabrègue oncle, Jean François Pérouse fils, Pierre Villaret, Jean Brun, boucher, Joseph Pierron, Pierre Tinelly, Antoine Blanc illettré, Lazare Meirargues fils, Jacques Clavel illettré, Jeanne Raviès illettrée, Nicolas Fourmaud illettré, Augustin Hitier, Claude Durand, Antoine Brun Meirargues, Jacques Vanel, Pierre Dumas, Jean Borne, Jean Portier Cadière, Antoine Meirargues, Louis Amphoux fils, Etienne Peiron, Paul Dide, Jean Pertus Brune, Jacques Vally, Jean Coumoul, André Goiran neveu, Joseph Pailloux, Jean Lyon, Antoine Brun Granaude, Pierre Caillot, Jacques Aurillon, Louis Ginoir fils ainé, ferblantier, Jacques Brun, droguiste, Jean Gautier, notaire, tous habitants de Saint-Gilles, et Louise Isnard, veuve Archinard, de Nîmes, François Devaux, de Bagnols, Louis Romestan, de Bernis, Pierre Lauzière, Isaac Arnaud, d'Aubais, Jacques Puech-Roux, d'Uchaud. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 n° 82

Le 23 fructidor an III, a été vendu le domaine de la commanderie de Capette, consistant en bâtiments, champs labourables, herbages, pâturages, prés, bois de saules et généralement tout ce qui fait partie du bail à ferme ; les bois seuls comprennent 26 salmées. Ce domaine avait été affermé à Pierre Marignan, le 11 novembre 1791, acte reçu par Me Gautier, notaire à Saint-Gilles ; et il a été vendu au prix de 5.100.000 livres à Blanc-Pascal Pierre, homme de loi à Nîmes, Roux Jean, Roux François et Bellon Eustache de Voiron. (2)
2. Aliénation des biens nationaux, par Rouvière, pages 100 et 167.

La maison de ville de Saint-Jean à Saint Gilles (maison Saget, armurier), ayant 48 toises, 1 pied, 11 pouces carrés, avec cour de 159 toises, a été vendue, le 17 thermidor an IV, à Darlhac Marc Antoine, notaire à Nîmes, au prix de 2.772 livres. Cette vente a été faite à l'amiable. (3)
3. Aliénation des biens nationaux, par Rouvière, pages 100 et 167.

Le 28 ventôse an III, a été vendu au prix de 12.000 livres, à Jacques Chassaret, cultivateur de Générac, la 1e division du domaine du grand prieuré de Saint Gilles, Ordre de Malte, situé à Générac, appelé le Château, consistant en l'enceinte du fort, une petite portion du pré, un peu d'un champ appelé Pasquier, et un colombier, 1.945 cannes, 6 pans, 15 cannes, 2 pans en couvert, confrontant du levant la place dudit lieu de Générac, au midi et couchant le pré, et au nord un petit vacant, le cimetière et des maisons et plafond de divers particuliers, torrent ou valat entre deux.

Le même jour, a été vendu, au prix de 53.000 livres, à Henri Amphoux, berger, Jean et François Bigot, la 2e division appelée le Château, contenant 56 cannes en couvert, 58 en cour et 3 salmées, 224 dextres en champs, consistant en bâtiment composé de six pièces au rez-de-chaussée, y compris celle de la moitié de la grande salle divisée en deux parties, sept pièces au 1er étage et trois greniers, un escalier, une cour et un puits, le tout en bon état.

Le même jour, a été vendu, au prix de 36.500 livres, à Henri Amphoux, ancien berger de Générac, et à Jean et François Bigot, cultivateurs, la 3e division de Générac, contenant 50 cannes en couvert, 22 cour et 3 salmées, 155 dextres en champ, consistant en bâtiment composé de cinq pièces au rez-de-chaussée

Le 28 ventôse an III, a été vendu, au prix de 41.000 livres, à Jean Méjanelle, fabricant d'eau de vie, de Vauvert, et Mathieu Aurillon, son beau-frère, agriculteur, de Génèrac, la 4e division de Générac, consistant en le restant du bâtiment composé de deux pièces au rez-de-chaussée, trois pièces au 1er étage et deux greniers, une cave vinaire, un escalier.
Le 28 ventôse an III, 5e division de Générac vendue à Aurillon et à Henri Durand, au prix de 8.000 livres.
Le même jour, 6e division de Générac vendue à Mathieu Aurillon et Jean Méjanelle, au prix de 18.000 livres.
Le même jour, 7e division de Générac vendue à Jean Méjanelle et Mathieu Aurillon, au prix de 35.100 livres.
Le même jour, 8e division de Générac vendue à Pierre Aurillon et Jean Méjanelle, au prix de 35.000 livres.
Le même jour, 9e division de Générac vendue à Jean Aurillon, de Générac, au prix de 25.000 livres.
Le même jour a été vendue la 10e division de Générac à Baptiste Boissière et Louis Chassefière, cultivateur, de Générac, au prix de 16.300 livres.
Le même jour, a été vendue la 11e division de Générac à Jean Aurillon, de Générac, au prix de 7.200 livres.
Le même jour, a été vendue la 12e division de Générac à Jean Boudoux, au prix de 17.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 13e division de Générac à Jacques André, Louis Chassefière et Etienne Roux, au prix de 21.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 14e division de Générac à François et Louis Chassefière, au prix de 17.100 livres.
Le même jour, a été vendue la 15e division de Générac à Etienne, André et Jacques Aubert, au prix de 15.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 16e division de Générac à François André, César Billiot et Jean Ferrier, au prix de 15.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 17e division de Générac à Pierre Aurillon fils, au prix de 19.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 18e division de Générac à Pierre Amphoux, au prix de 20.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 19e division de Générac à Jacques Londès, au prix de 11.800 livres.
Le même jour, a été vendue la 20e division de Générac à Martial Mourrier, fabricant d'eau-de-vie, de Générac, au prix de 13.000 livres.
Le même jour, a été vendue la 21e division de Générac à Barthélemy Rampon, cultivateur, de Nîmes, au prix de 8.550 livres.
Le même jour, a été vendue la 22e division de Générac à Louis Chassefière, Jacques Audry, Jean Coste, au prix de 10.300 livres.
Le même jour, a été vendue la 23e division de Générac à Pierre Aurillon fils, au prix de 5.500 livres. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 3/22 du n° 53 au n° 74.

Vente du mobilier national de première origine ou d'établissements supprimés, de la ci-devant collégiale de Saint-Gilles, Ordre de Malte, faite les 19, 20 et 21 mars 1793, dont le produit brut a été de 1.175 livres, 2 sols, n° 20.
Vente du ci-devant prieuré de Saint-Gilles, Ordre de Malte, à Générac, faite le 10 prairial an II, dont le produit brut a été de 100 livres. Cet article a pour objet la vente de deux ormeaux, qui furent reconnus ne pouvoir servir au charronnage sur 40 mises en réquisition pour le service des armées. (2)
2. Archives du Gard 2 Q 5/12 n° 14.
19, 20, 21 mars 1793. — Extrait de verbal de vente des meubles et effets du ci-devant Ordre de Malte trouvé dans l'église de Saint-Jean de la ville de Saint-Gilles.

L'an 1793 et le deuxième de la République française, du mardi, 19e jour du mois de mars après-midi, par nous Jean-Louis Morlier, huissier auprès du Tribunal de commerce de la ville de Nîmes, assisté de Claude Tinte, crieur ordinaire dudit Nîmes, tous deux y habitant soussignés, à la requête du citoyen Courbis, procureur syndic du district de Nîmes et en vertu de la loi du 23 octobre 1790 et de l'arrêté du directoire du district de Nîmes, du 9 février dernier, qui ordonne que les meubles et effets du ci-devant Ordre de Malthe, qui ont été trouvés dans la maison collégiale et église y attenante, situées à Saint-Gilles, dépendant du même ci-devant Ordre, seront vendus à l'encan publié par nous dit huissier, en présence d'un membre du directoire du district de Nîmes et d'un officier municipal de la ville de Saint-Gilles, auquel effet que cette vente sera annoncée un mois d'avance par affiches, lesquelles ont été apposées en exécution dudit arrêté, et en conséquence nous dit huissier nous nous serions exprès transporté en la ville de Saint-Gilles, accompagné du citoyen Labrousse, un des membres du directoire du district de Nîmes, commissaire à ces fins nommé et sur la réquisition qui nous a été faite par ce dernier, nous nous serions transportés avec ledit licite crieur dans tous les coins, places publiques et carrefours de la ville de Saint-Gilles, où étant et à chacun desdits endroits avons par l'organe dudit licite crieur annoncé au public que ce jourd'hui 19 du courant, heures de l'après-midi, il sera procédé dans l'église, appelée Saint-Jean, à la vente des meubles et effets ayant appartenu au ci-devant Ordre de Malthe, que laditte vente sera continuée les jours suivants tant l'avant midi que l'après-midi, avec sommation de si trouver pour y faire de offres et surdittes, si bon leur semble, avec déclaration que la délivrance en sera faite au plus offrant et dernier enchérisseur et ce fait, sommes allés dans laditte église appelée Saint Jean, environ l'heure de deux après-midi, où étant avons trouvé le peuple assemblé, le citoyen Labrousse, commissaire, le citoyen Mestre, officier municipal de la ville de Saint-Gilles, et le citoyen François Sucard, gardien desdits meubles et effets et de suite ledit citoyen Labrousse nous a requis de procéder de suite en sa présence et celle d'un officier municipal à la vente des meubles et effets qui sont renfermés dans ladite église à fur et à mesure qu'ils nous serons remis par ledit François Sucard, gardien, ce que nous avons de suite fait en la forme et manière qui suit : Premièrement avons exposé en vente six napes cordat, le citoyen Levesque en a offert 20 livres, la citoyenne Mariane Mathieu 25 livres : payé 25 livres. Plus un pair chenet fer, Jourdain en a offert 4 livres, Sarasin, de Cette, 5 : payé : 5 livres.
Plus une grille, une pincette et une pelle de fer, Sarasin en a offert 2 livres, Brignon 2 livres, 3 sols : payé : 2 livres 3 sols.
Plus 4 vieilles poilles fer, un pilon bois et une vieille grille, le tout hors d'usage, Jourdan en a offert une livre, 10 sols, la demoiselle Duponne en a payé une livre 12 sols : payé 1 livre, 12 sols.
Plus un tournebroche bois, sa broche et sa chaîne fer, Gabrielle Roux en a offert 10 livres et Levesque 20 livres : payé 20 livres.
Plus un petit mortier de marbre, Levesque en a offert une livre et Jourdan une livre, 16 sols : payé 1 livre 16 sols.
Plus une vieille paire de chenets fer, la demoiselle Duponne en a offert une livre, 15 sols et Marie Freguirolle une livre, 17 sols : payé 1 livre, 17 sols.
Plus une vieille pèle et une échaufète fer, le tout très vieux, Jourdan en a offert 15 sols, Gabrielle Roux 20 sols : payé 1 livre.
Plus trois petites tringles en fer, Peyron en a offert 3 livres et Michel 3 livres, 10 sols : payé 3 livres 10 sols.
Plus six nappes cordat, Michel en a offert 27 livres, Levesque 27 livres 10 sols : payé 27 livres 10 sols.
Plus six serviettes cordat, Michel en a offert 12 livres, Brignan fils, 14 livres : payé 14 livres.
Plus six serviettes cordat, Brignan en a offert 12 livres et Peyron 13 livres : payé 13 livres.
Plus six serviettes cordat, Peyron en a offert 12 livres, 10 sols, Levesque 13 livres : payé 13 livres.
Plus six serviettes cordat, Mathieu en a offert 9 livres et Poumerol 10 livres : payé 10 livres.
Plus six serviettes cordat, Claude Mathieu en a offert 9 livres, Poumerol 9 livres, 10 sols et Mathieu 10 livres : payé 10 livres.
Plus six serviettes cordat, Claude Mathieu en a offert 9 livres, l'abbé Laty 11 livres : payé 11 livres.
Plus deux nappes cordat, l'abbé Laty en a offert 6 livres, Brignan 8 livres : payé 8 livres.
Plus six assiettes et un plat étain, Brignan en a offert 8 livres, Laurent Jourdan, 8 livres, 5 sols : payé 8 livres, 5 sols.
Plus six essuie-mains cordat, la demoiselle Rousselle en a offert 7 livres, Pagès 7 livres, 5 sols : payé 7 livres 5 sols.
Plus six essuye-mains, Pagès en a offert 8 livres, la demoiselle Gachon, 8 livres 5 sols : payé 8 L, 5 s.
Plus six essuye-mains, Pagès en a offert 7 livres, Antoine Chevalier 7 livres, 10 sols : payé 7 L, 10 s.
Plus six essuye-mains, Pagès en a offert 8 livres, la demoiselle Gachon 8 livres 15 sols : payé 8 L, 15 s.
Plus six serviettes cordat, la demoiselle Gachon en a offert 12 livres, Masier 12 livres, 10 sols : payé 12 L, 10 s.
Plus quatre serviettes, Chevalier en a offert 8 livres, 10 sols, Masier 9 livres : payé 9 livres.
Plus quatre napes, Masier en a offert 6 livres, la demoiselle Gachon 6 livres, 5 sols : payé 6 L, 5 s.
Plus quatre demi-cercles de fer, Masier en a offert 30 livres, Marcou 32 livres, Fabrègue 32, livres 15 sols : payé 32 L, 15 s.
Plus une petite table à pied de biche, Mathieu en a offert 6 livres, Sarasin 7 livres : payé 7 L.
Plus trois tringles et deux autres petits morceaux de fer formant une croix de Malthe, Sarasin en a offert 3 livres, Calliat 3 livres, 5 sols : payé 3 L, 5 s.
Plus six chaises communes, Calliat en a offert 4 livres, Brignan 4 livres, 5 sols : payé 4 L, 5 s.
Plus trois petits chandeliers leton, Sarasin en a offert 6 livres, Marcon 7 livres, 5 sols : payé 7 L, 5 s.
Plus six chaises communes, Isabeau en a offert 4 livres, Dide 5 livres : payé 5 L.
Plus six chaises communes, Dide en a offert 10 sols, la demoiselle Grassin 5 livres : payé 5 L.
Plus six chaises communes, Dide en a offert 3 livres, Isabeau 3 livres, 10 sols : payé 3 L, 10 s.
Plus six autres vieilles chaises, Bourgette en a offert 2 livres, la demoiselle Vésine 2 livres, 10 sols : payé 2 L, 10 s.
Plus six autres vieilles chaises communes, Vésine en a offert 2 livres, Jacques Paparin 2 livres, 5 sols : payé 2 L, 5 s.
Plus huit vieilles chaises communes, Jacques Paparin en a offert 2 livres, 10 sols, Vésine 2 livres, 17 sols : payé 2 L, 17 s.
Plus une vieille poille et une grille fer, Dide en a offert 3 livres, Brignan 3 livres, 10 sols : payé 3 L, 10 s.

Et plus n'a été procédé, atendu l'heure tardive et avons annoncé au public que la continuation de la présente vente sera demain, mercredi, 20 du courant, 9 heures du matin, dans la présente église de Saint-Jean, avec sommation de sy trouver et le restant desdits susdits meubles et effets ayant resté à la garde dudit François Sucard, gardien, et nous sommes signés en foi de ce :
Tinte, François Sucard, gardien, L. Mortier, Mestre, officier municipal, Labrousse, administrateur et commissaire, sont signés à l'original.
Premièrement un pendant de feu, une pinsette, une poile, une grille, une paire chenet et hors d'usage, le citoyen Brignan en a offert une livre, 10 sols, Chauvin 2 livres : payé 2 L.
Plus une paire de vieux chenets fer, Sarasin en a offert 4 livres, Chauvin 5 livres : payé 5 L.
Plus un vieux rideau de fenêtre avec sa tringle, Chauvin en a offert 7 livres, Sarasin 7 livres, 10 sols : payé 7 L, 10 s.
Plus un fer appelé potance, Sarasin en a offert 8 livres, Chaumel 8 livres, 5 sols : payé 8 L, 5 s.
Plus un vieux bois de lit, Caumoul en a offert 5 livres, Groussier 5 livres, 10 sols : payé 5 L, 10 s.
Plus 6 serviettes cordat, Groussier en a offert 9 livres, Jean André 9 livres, 5 sols : payé 9 L, 5 s.
Plus un bénitier marbre avec son support de fer, André en a offert 8 livres, Chauvin 9 livres : payé 9 L.
Plus 7 vieilles chaises rembourées, hors d'usage, Chauvin en a offert 2 livres, 10 sols, Brignan 3 livres : payé 3 L.
Plus 8 vieilles chaises hors d'usage, André en a offert 3 livres, Sarasin 4 livres : payé 4 L.
Plus une fontaine cuivre, Sarasin en a offert 16 livres, Chauvin 16 livres, 15 sols : payé 16 L, 15 s.
Plus 6 serviettes, Brignan en a offert 7 livres, Antoine Moret 7 livres, 10 sols : payé 7 L, 10 s.
Plus 7 essuye-mains, Antoine Moret en a offert 3 livres, Brignan 3 livres, 10 sols : payé 3 L, 10 s.
Plus un cabinet à 2 portes fer monté à clef, bois aube, Sarasin en a offert 25 livres, Rousselle 25 livres, 10 sols : payé 25 L, 10 s.
Plus un petit cabinet bois aube, Brignan en a offert 6 livres, Peiron 6 livres, 15 sols : payé 6 L, 15 s.
Plus le boisage formant un tambour à l'entrée de l'église, Peiron en a offert 21 livres, Augustin Hitier 21 livres, 5 sols : payé 21 L, 5 s.
Plus un prie-Dieu, Hitier en a offert 3 livres, 10 sols, Posier 3 livres, 15 sols : payé 3 L, 15 s.
Plus un petit cabinet peint en noir, Posier en a offert 6 livres, Rainard 6 livres, 5 sols : payé 6 L, 5 s.
Plus un vieux cabinet bois aube, à 2 portes fermant à clef, Hitier en a offert 5 livres, Rainard 5 livres, 10 sols : payé 5 L, 10 s.

Midi, la séance est renvoyée à 2 heures.
Plus un bois de lit, Blanc en a offert 6 livres, 10 sols, Vanel 6 livres, 15 sols : payé 6 L, 15 s.
Plus le boisage et balustre du choeur de ladite église, Vanel en a offert 40 livres, Brignan 45 livres, Antoine Blanc 48 livres : payé 48 L.
Plus une crédence de lutrin, Antonin en a offert 9 livres, David 10 livres : payé 10 L.
Plus un garniment de lit jaune et son encastre, David en a offert 14 livres, Toni 15 livres : payé 15 L.
Plus un vieux bois de lit, David en a offert 3 livres, Brignon 4 livres : payé 4 L.
Plus un vieux garniment de lit vert presque hors d'usage, Vesine en a offert 5 livres, Brunel 6 livres : payé 6 L.
Plus 4 napes cordat, Brunei en a offert 16 livres, Laurent Jourdan 16 livres, 10 sols : payé 16 L 10 s.
Plus 3 napes cordat, Laurent Jourdan en a offert 16 livres, la demoiselle Gachon 16 livres, 5 sols : payé 16 L, 5 s.
Plus une pièce de tapisserie, Jourdan en a offert 9 livres, Marguerite Vesine 9 livres, 5 sols : payé 9 L, 5 s.
Plus une autre pièce de tapisserie, Vesine en a offert 9 livres, Daumont 9 livres, 5 sols : payé 9 L, 5 s.
Plus 6 assiettes et un plat étain, Daumon en a offert 11 livres, Peiron 11 livres, 5 sols : payé 11 L, 5 s.
Plus 6 assiettes et un plat étain, Peiron en a offert 9 livres, Brunel 9 livres, 5 sols : payé 9 L, 5 s.
Plus 6 autres assiettes étain avec un plat aussi étain, Brunel en a offert 12 livres, 10 sols et Michel 12 livres, 15 sols : payé 12 L, 15 s.
Plus 6 assiettes, un plat et 2 écuelles étaing, Michel en a offert 13 livres, Posier 13 livres, 13 5 sols : payé 10 L, 5 s.
Plus deux vieux confessionnaux bois de sapin, Pasier en a offert 6 livres, Jean Bergne 6 livres, 10 sols : payé 6 L, 10 s.
Plus un prie-Dieu, Jean Bergne en a offert 6 livres, Antoine Brun 7 livres : payé 7 L.
Plus 6 assiettes, un plat et une écuelle étaing, Antoine Brun en a offert 12 livres, Peiron 13 livres : payé 13 L.
Plus les armoires d'une crédance, Peiron en a offert 10 livres, 10 sols, Pierre Vialavet 10 livres, 15 sols : payé, 10 L, 15 s.
Plus une paire chandelier leton, Noaille en a offert 11 livres, Hitier 12 livres : payé 12 L.
Plus 4 assiettes et un plat étaing, Hitier en a offert 6 livres, Noaille 6 livres, 10 sols : payé 6 L, 10 s.
Plus 4 assiettes, un plat et une sallière étaing, Peiron en a offert 6 livres, Noaille 7 livres : payé 7 L.
Plus un dessous de lampe, un bénitier avec son goupillion, le tout de leton, Noaille en a offert 21 livres, Peiron 21 livres, 5 sols : payé 21 L, 5 s.
Plus une vieille pièce de tapisserie, Sarasin en a offert 3 livres, Boujelas 4 livres : payé 4 L.
Plus 2 grands chandeliers fer, Boujelas en a offert 18 livres, Sarasin 20 livres : payé 20 L.
Plus un petit miroir de bois peint en noir, Boujelas en a offert 3 livres : payé 3 L.
Plus une vieille table, Coumoul en a offert 4 livres, Brun 4 livres, 5 sols : payé 4 L, 5 s.
Plus une autre vieille petite table, Coumoul en a offert 2 livres, Brun 2 livres, 10 sols : payé 2 livres, 10 s.
Plus 2 morceaux de fer, Brun en a offert 4 livres, Vialaret 5 livres : payé 5 L.
Plus 2 tringles de fer, Brun en a offert 4 livres, Coumoul, 4 livres, 5 sols : payé 4 L, 5 s.

Continuation demain jeudi.
Plus 3 travettes bois, Paparin en a offert 4 livres, Bourjelas 4 livres, 10 sols : payé 4 L, 10 s.
Plus une vieille table, Bourjelas en a offert 2 livres, 10 sols, Jacques Paparin 2 livres, 15 sols : payé 2 L, 15 s.
Plus une vieille table, Vésine en a offert 2 livres, Paparin 3 livres : payé 3 L.
Plus une vieille table, Roussel en a offert 1 livre, 10 sols, Paparin 1 livre, 17 sols : payé 1 L, 17 s.
Plus une vieille table, Paparin en a offert 1 livre, Roussel 1 livre, 6 sols : payé 1 L, 6 s.
Plus une petite table, Roussel en a offert 6 livres, Marguerite Vésine, 6 livres, 5 sols : payé 6 L, 5 s.
Plus un gradin bois pour reposoir, l'abbé Laporte, curé, en a offert 1 livre, 7 sols : payé 1 L, 7 s.
Plus 2 petits vieux marche-pied bois, Roussel en a offert 1 livre, 10 sols, Martin, 1 livre, 12 sols : payé 1 L, 12 s.
Plus des vieux boisages, Martin en a offert 2 livres, Grignan 2 livres, 1 sol : payé 2 L, 1 s.
Plus un prie-Dieu, Grignan en a offert 1 livre, 10 sols, Roussel 1 livre, 12 sols : payé 1 L, 12 s.
Plus un vieux bois de lit, Roussel en a offert 3 livres, Dumolard 3 livres, 5 sols : payé 3 L, 5 s.
Plus un vieux cabinet, Martin en a offert 10 livres, Roussel 11 livres : payé 11 L.
Plus 2 vieux marche-pied, Roussel en a offert 4 livres, Bourgerard 5 livres : payé 5 L.
Plus un tas de pierre qui sont dans le jardin, ensuite les pierres qui sont mouventes ou détachées des murs et autres à l'entour de l'église, plus le petit carré du mur qu'il y a en face de l'église, plus deux autels en pierre à la charge par l'acquéreur de défaire le tabernacle en marbre et de le remettre au curé de Saint-Gilles, plus la muraille qui sépare le choeur et la nef de l'église, Rouger en a offert 40 livres, Coumoul, 45 livres, Brignan 60 livres, Antoine Blanc 80 livres, Coumoul 90 livres, Antoine Blanc 95 livres, Coumoul 96 livres, Antoine Blanc 97 livres : payé 97 L.
Plus une commode à quatre tiroirs, Antoine Blanc en a offert 18 livres, Brignan 20 livres : payé 20 L.
Plus deux petits châssis couverts en étoffe rouge, Brignan en a offert 1 livre, 10 sols, Groussier 1 livre, 15 sols : payé 1 L, 15 s.
Plus 2 pièces de garniment de lit vert hors d'usage, Jeanne Grezan en a offert 2 livres, 6 sols : payé 2 L, 6 s.
Plus le dais du maître-autel, Brignan. en a offert 5 livres, 10 sols, Coumoul 5 livres, 15 sols : payé 5 L, 15 s.
Plus 3 vieux châssis et 2 vieux bancs, Chauvin en a offert 2 livres, Coumoul 3 livres : payé 3 L.
Plus 2 pupitres, Coumoul en a offert 2 livres, 10 sols, Chauvin 2 livres, 16 sols : payé 2 L, 16 s.
Plus 1 cadre de marbre avec un epicedient, Coumoul en a offert 6 livres, Tourelle 6 livres, 10 sols : payé 6 L, 10 s.
Plus 2 fers, Tourelle en a offert 30 sols, Coumoul 1 livre 15 sols : payé 1 L, 15 s.
Plus 2 pièces de tapisserie de bourrette à flamme, Marguerite Peiron en offert 60 livres, l'abbé Laporte 96 livres, Brigan, le père, 100 livres, Coumoul 120 livres, Jourdan 130 livres, Charles Guillaume 140 livres, Poncet 160 livres : payé 160 L.
Plus une vieille couverte d'autel en soie, Sarasin en a offert 10 livres, Poncet 10 livres, 5 sols : payé 10 L, 5 s.
Plus 22 pièces tapisseries, la plus grande partie hors d'usage, Charles en a offert 20 livres, Sarasin 30 livres, Rouger 40 livres : payé 40 L.
Plus un vieux marchepied et une cresselle, Sarasin en a offert 1 livre : payé 1 L.
Plus 6 chaises garnies en paille, Charles en a offert 4 livres, Catherine Gilles 4 livres, 10 sols : payé 4 L, 10 s.
Plus un morceau de fer, Sarasin en a offert 3 livres, Coumoul 4 livres : payé 4 L.
Total : 834 livres 37 sols.

Et plus avant n'a été procédé sur la réquisition qui nous a été faite par le susdit commissaire, qui nous a dit que le restant des effets invendus doivent être transportés à Nîmes pour ensuite servir aux hôpitaux de l'armée, déclarant que le montant de la première séance se porte à la somme de 307 livres 5 sols.
La seconde 95 livres 25 sols.
La troisième 291 livres 10 sols.
La quatrième, cinquième et dernière 388 livres 77 sols.
S'élevant lesdites cinq séances à la somme de 1.082 livres 17 sols.
Sur laquelle somme il faut distraire :
1° les frais de vente, c'est à-dire séances, voyages de l'huissier, du crieur, dresse du présent verbal, extrait, papier, enregistrement d'icelles se portant à 92 livres 7 sols.
2° frais de voiture au commissaire, auberge 59 livres.
3° frais de transport à Nimes des effets invendus 23 livres
Denis Rance, receveur du district, quittes Labrousse de 908 livres 10 sols. (1)
1. Archives du Gard 2 Q 5/12 n° 14.

Mais qu'était devenu le grand prieur de Villefranche à son retour de l'exil ? Il s'était retiré au château de la Nerthe que son petit neveu, le marquis de Villefranche, avait mis à sa disposition. Il dut y passer les dernières années de sa vie avant de se rendre à Châteauneuf-du-Pape, où il mourut le 15 juin 1806 et dans le cimetière duquel il fut enterré. (1)
1. Voir aux pièces justificatives l'acte de décès et l'épitaphe du grand prieur de Villefranche.

Mesures agraires
La mesure agraire se faisait par journaux
Un journal = 900 cannes carrées = 36,565 ares.
Le journal se subdivise en :
4 cartonates et 8 demi-cartonates
Carteirade : mesure de surface agraire qui éqivaut à Lambesec, à 23, 72 ares.
Nîmes : Carteirade, mesure agraire valant 30 ares.
Mesures de superficie : carteirade de 150 dextres (= 4 quartons), quarton de 4 boisseaux : 1 carteirade : 30 ares.
La seterée de Saint-Georges-Pignan et autres communes voisines de Montpellier valait 14 ares 9965. C'était les 3/4 de la seterée de Montpellier.
La carteirade de Lunel, 29 ares 99, était le double de la seterée de Saint-Georges ou 1 fois 1/2 celle de Montpellier.
Gard
Beaucaire, 8 émines ou 80 picotins = 6.768 ares.
Montfrin, 8 émines ou 64 civadiers = 66.644 ares.
Nîmes, 12 émines ou 96 boisseaux = 66.993 ares.
Saint-Gilles, 4 carterées ou 100 dextres = 79.076 ares.
Sources : Livres numériques Google
Sources: C. Nicolas, abbé et Raybaud, Jean. Histoire des grands prieurs et du prieuré de Saint-Gilles. Tome 3, Nîmes 1906 - BNF

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