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Xugney   (88)

Commanderie de Xugney
Lorsque l’on suit la route de Charmes à Mirecourt, après avoir dépassé le village de Florémont, on aperçoit à gauche la maison de ferme de Xugney. C’est une cense dépendant actuellement de la commune de Rugney.

Xugney, autrefois Suniacum, était une des nombreuses maisons que possédaient les Templiers dans le duché de Lorraine. Après la suppression de leur ordre, cette maison fut donnée aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui la conservèrent jusqu’à la Révolution.
Les seuls titres qui soient parvenus jusqu’à nous, concernant la commanderie de Xugney, ne sont pas, antérieurs à l’année 1630. On sait cependant que sa fondation par les Templiers remonte au XIIe siècle. Il en est fait mention dans un acte d’acensement passé, en 1173, entre Gérard, abbé de Senones, et un nommé Pierre, précepteur à Xugney.

Elle souffrit beaucoup des guerres du XVIIe siècle, ainsi que l’on en peut juger d’après un pied-terrier de l’année 1656, dans lequel on y lit ce qui suit (1) :« La commanderie de Xugney, située entre les villages de Rugney, Savigny et Bouxerieul (Bouxurulles), et entre les villes de Mirecourt et Charmes, est circuite de murailles tout à l’entour, ruinées et démolies en beaucoup d’endroits, consistant aujourd’hui en un bâtiment neuf y construit, contenant un corps de logis avec les granges, les étables au milieu, etc., tout cela en bon état et bâti au-dessus de la cour, du côté du bois de ladite commanderie, vers Savigny. »
1. Le fragment suivant a été publié par M. H. Lepage, dans sa Notice sur quelques établissements de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem situés en Lorraine (Annuaire de la Meurthe, 1853).

« Plus bas, du côté de Rugney, y a une tour servant de colombier.... Du même côté, une autre petite tour en partie ruinée et découverte (elle avait servi de prison), et à la suite un vieux bâtiment presque entièrement démoli, n’y restant que quelques pans de murailles qui sont encore droits, le surplus étant ruiné. »

« Joignant lequel bâtiment, et environ le milieu de la cour, est située l’église sous l’invocation de saint Jean-Baptiste, aussi ruinée, particulièrement le chœur, la nef étant couverte tout à neuf, servant d’écurie, les murailles de part et d’autre étant droites et en assez bon état. »

Au derrière dudit bâtiment, du côté du village de Florémont, y a un mur et courtille fermés de haies et murailles tout à l’entour, lesdites murailles ruinées... »

« Au dehors de ladite commanderie, y avoit un moulin avec le cours d’eau, le tout aujourd’hui ruiné, et aux environs tant de ladite commanderie que dudit moulin quelques six jours d’héritages... lesquels sont aujourd’hui en buissons et broussailles pour la plupart incultes et infertiles .... »

Voilà l’état misérable dans lequel se trouvaient les bâtiments de la commanderie de Xugney après les guerres qui ensanglantèrent la Lorraine, peu de temps après l’avènement du duc Charles IV.

Cependant il est à croire que l’on profita de quelques années de tranquillité pour faire des réparations nécessaires aux bâtiments d’exploitation et à la chapelle. Voici l’extrait d’un procès-verbal d’inventaire, dressé en l’année 1679, qui nous donne plusieurs renseignements à ce sujet : « Mil six cens septente neuf, nous commissaires susdictz, accompagnés dudit sieur commandeur et dudit Henrion notaire, en continuant nostre visitte, sommes partis de la ville de Toul pour aller de suite à Vézelize, distant de cinq lieues, en la maison ditte de Sainct Claude, dont estans sortis, nous nous sommes transportés en la maison seigneurialle de Xugny, chef-lieu de ladite commanderie, où ayant mis pied à terre, accompagnés comme dessus, serions entrés dans l’église, que nous avons trouvé être sous l’invocation de sainct Jean-Baptiste, notre patron, et après avoir fait nos prières, avons procédé à la visitte de ladicte chapelle. »

« Nous y avons trouvé un devant d’autel de satin bigarré à fleurs jaulnes, la chasuble, estolle et manipulle sont en petite estoffe blanche et rouge de mesme estoffe ; un corporal de jolie toille, le tout très-bon, y ayant peu de temps que les ornements sont faicts. Il y a aussi un calice d’estain fin, une patène et les chopinettes de mesme. Un missel, une aube, un amict et ceinture, trois nappes d’autel, le tout de bonne toille et honneste, deux chandeliers et une croix, le tout en bois..... »

Le commandeur de Xugney était haut, moyen et bas justicier à Xugney et bans voisins dépendant de la commanderie. Une pièce, datée du 6 février 1682, et intitulée : Déclaration des droits de la commanderie de Sugny, est conçue en ces termes : « ... Premièrement est composée d’une maison enceinte de murailles autour et possédée par ledit sieur frère Gaspard de Pernes, avec les usuines, bassecourt, grange, escuerie, colombier et four, et possédés avec les droits cy-dessus de haute justice, moyenne et basse, avec création et destitution des officiers pour le service d’ycelles.... »

Le commandeur avait également le droit du cri de la fête, le jour de la Saint-Jean, patron du lieu ; il faisait rendre la justice tant au civil qu’au criminel ; lorsque ses officiers avaient fait le procès d’un criminel, ils devaient conduire ce dernier, nu et son procès au cou, de l’autre côté du ruisseau de Jemenel , et le remettre au prévôt de Charmes, lequel en faisait faire l’exécution (1).
1. V. Annuaire de la Meurthe, 1853.

En l’année 1695, divers achats furent faits pour l’ornementation et l’ameublement de la chapelle. Dans une liasse ayant pour titre : Améliorissements de Xugney, nous trouvons les quittances suivantes, présentées aux commissaires chargés d’examiner l’état de la commanderie : « Quittance sous seing privé, signée François Toussaint, sculpteur à Toul, de la somme de 5 livres pour vente d’un marbre posé à la chapelle dudit Xugny, en date du 3 avril 1695.
Gy ................ 5 livres. »

« Quittance sous seing privé de la somme de 9 livres payée par ledit sieur commandeur à Nicolas Vincent, libraire à Toul, pour un missel romain posé à la chapelle de Xugny, du 25 avril 1095.
Signée N. Vincent.
Cy ............... 9 livres. »

« Quittance, par acte reçu Henrion, de la somme de 89 livres payée à François Lanty, orphebvre à Toul, pour vente et délivrance d’un calice et patenne d’argent dont la coupe et la patenne sont dorées, icelle somme payée par ledit sieur commandeur qui a destiné ledit calice pour l’usage des chapelles de sa commanderie suivant que nous l’avons remarqué dans notre procès-verbal cy-dessus en date du 9e juin 1696.
Cy .............. 89 livrés. »

« Plus nous a encore esté produit quittance par acte reçu Henrion, du 9e juin 1696, de la somme de 62 livres payée à Luc Lamoureux pour fourniture et façon d’une chasuble d’étoffe à la mode, fournye de ses manipule et étoile, voile de calice et corporalière, un parement d’autel de mesme, d’une aube avec son cordon et amict, etc.
Cy .............. 62 livres. »

On trouve ensuite une quittance relative à la desserte des chapelles, et qui est ainsi conçue : « Une quittance sous seing privé, signée N. V., chanoine régulier, procureur de St Léon, en date du 11e juin 1696, de la somme de 140 livres payée aux chanoines réguliers de son ordre et de sa maison pour la desserte de la chapelle de S Jean de Libdo, érigée dans les bâtiments étans à Toul, et ce pour les années 1692, 93, 94 et 1695 inclusivement, l’année 1696 ne devant écheoir qu’au 5e d’aoust de l’année présente, estant à remarquer que cette desserte est pour satisfaire à celle due à la chapelle de Xugny qui n’a pu être desservie jusqu’à présent pour les raisons ci-devant dites.
Cy .............. 140 livres.

Le procès-verbal suivant, daté de juin 1696, relate les différents objets mentionnés dans les quittances qu’on vient de lire, et les raisons qui empêchèrent la desserte de la chapelle pendant plusieurs années :
« .... Le lendemain huitième étant sortys dudit Sepvigny (Savigny), serions venus à Xugney, distant d’un quart de lieue dudit Sepvigny, et y estant arrivez sur les sept heures et demy du matin avons trouvé Charles Cuny, fermier de ce lieu, auquel nous nous sommes adressez pour qu’il eût à nous remettre les clefs des chapelle et bastimens affin d’en faire la visitte à laquelle avons procédé comme s’ensuit, sçavoir :
« Que nous étant présentez à la porte de la chapelle et ouverture d’icelle ayant été faitte après nos prières ordinaires, nous ont été apportez plusieurs ornements qui se conservent chez le fermier, desquels on se sert pour la célébration de la sainte messe, et premièrement :
— Un calice armorié des armes de feu M. le commandeur de Pernes, avec sa patène d’argent dont le poids peut être d’un marc et quelques onces dans son étui de bois noirci.

— Une chasuble de brocantine fournye de ses manipulle, étolle, voile de calice et corporal, de mesme estoffe, avec un parement d’autel, le tout galon d’or faux, fourny par ledit sieur commandeur.

— Une autre chasuble de futaine à fleurs, fournye d’étolle et manipule, voile de calice et deux pannes, cinq corporaux, deux essuye mains, une palle (1), deux aubes, l’une toute neuve fournye par ledit sieur commandeur, avec son cordon et amict, l’autre vieille sans cordon avec son amict seulement, quatre nappes d’autel, une de grosse toille pour mettre dessous, une seconde de toille finne, toutes les deux neuves et fournyes par ledit sieur commandeur ; les deux autres vieilles et en partye usées, un missel romain tout neuf couvert de veau gris, doré sur tranche, au dedans duquel sont escripts ces mots : In nomine Domini, amen ; le présent missel a été fourny par M. de Certaine de Vilmolin, commandeur de Xugny..........
1. On nomme pale ou palle un carton carré, garni en dessous de toile blanche et en dessus de divers ornements, qui sert à couvrir le calice quand on dit la messe.

— Deux burettes d’estain, une clochette pour la messe, qui sont tous les ornements destinez pour la desserte de cette chapelle, qui, à l’instant, ont été restituez audit Cuny.

— Et sur l’autel est un gradin à deux marches sur lequel sont deux figures en relief, l’une de la Vierge et l’autre de sainct Jean-Baptiste, notre patron, sous l’invocation duquel est dédiée cette chapelle.

— Une croix de bois noircy avec son christ et plusieurs plaques de cuivre, deux chandeliers de mesme métail, un vieil parement d’autel de damas blanc au milieu duquel est une croix de Malthe de galon de soye blanche, attaché sur un cadre de bois de chesne.

— Un marbre encastré suivant qu’il étoit énoncé par l’ordonnance prioralle, deument consacré, suivant que nous l’avons reconnu par les marques y étantes ; un marchepied d’aix de sapin tout neuf fourny par ledit sieur commandeur, de mesme que le marbre, le gradin, les crucifix et chandeliers cy-dessus énoncez, le tout conformément à l’ordonnance prioralle. »

« Et nous estant enquis du sieur de La Magdelaine, au nom dudit sieur commandeur, quelles sont les obligations de messes en cette chapelle, il nous auroit répondu y en être dit une par fête et dimanche, et pour avoir connaissance si on s’en acquittoit exactement, nous nous serions addressez audit fermier qui nous a assurez que ce n’étoit aucunement par la faute dudit sieur commandeur que la desserte ne se fait point régulièrement en cette chapelle qui se trouve éloignée de tous secours pour ce fait, attendu que les prestres et curés sont en obligation de desservir les églises les jours auxquels échet l’obligation de cette chapelle, et en même temps nous auroit ledit sieur de La Magdelaine représenté que pour en quelque manière parvenir à icelle, M. le commandeur avoit fait toutes ses diligences et par plusieurs fois auprès de Monsieur l’évesque de Tout pour qu’il luy plût accorder le binage à quelques curés voisins qui, au moyen de ce, pussent se charger de cette desserte, et n’en ayant pu rien obtenir qu’à des conditions onéreuses et préjudiciables aux droits et intérêts de cette commanderie, il auroit été obligé de faire célébrer lesdites messes d’obligation dans sa chapelle de Toul, où la chose s’exécute très ponctuellement et a ledit La Magdelaine signé avec ledit Cuny, qui nous a assuré de la mesme chose. »

Du mois de juin 1696 au mois d’avril 1711, nous n’avons rien trouvé concernant la commanderie, si ce n’est un inventaire analogue aux précédents.
En 1722, après avoir procédé à un inventaire, les commissaires délégués s’expriment ainsi : De plus, nous avons fait comparaître Louis André pour prêter serment sur le saint Evangile de dire vérité sur les demandes que nous avons à lui faire.

« Premièrement l’avons requis de nous déclarer si l’on célèbre la messe avec exactitude dans ladite chapelle ; a répondu que de temps immémorial on y avoit célébré le service divin selon l’intention des fondateurs et comme étant le chef-lieu de la commanderie, mais que par le malheur des guerres on avoit interrompu le service divin et on avoit esté obligé de le transférer à la chapelle domestique du sieur commandeur, attenante l’hôtel de Malthe à Toul, et que feu M. le commandeur Duchon, voyant la tranquillité de la guerre que jouissoit le païs, demanda au chapitre d’ordonner à frère Claude Royer, en qualité de grand-vicaire, qu’il eût, aussitôt le chapitre fini, à se transporter sur les lieux pour s’informer si ladite chapelle n’avoit pas été profanée ; y étant arrivé, non seulement François André, ancien admodiateur de la commanderie, mais aussy M. Fery Vautrin, curé de Savigny, et plusieurs autres particuliers assurèrent qu’à la vérité ce service actuel avoit été interrompu, non seulement par rapport à ce que MM. les évêques de Bissy et de Camilly n’ont jamais voulu permettre à aucun de leurs prêtres de biner, et cependant les admodiateurs jusqu’aujourd’huy n’ont pas cessé d’y faire dire la messe de temps en temps par des religieux exempts ; l’ayant donc trouvée dans cette situation, avons requis le sieur Dominique Royer, comme représentant la personne de mondit sieur le commandeur, de remettre les choses sur l’ancien état ; a répondu que les messes d’obligation se célébroient à Toul, comme il l’a déjà déclaré en l’article qui concerne la chapelle proche l’hôtel de Malthe ; mais aujourd’huy, pour suivre les intentions de nous commissaires, il les fera célébrer à Xugny qui est le chef-lieu, à l’effet de quoy tiendra la main à ce que les amodiateurs y soient exacts. Ce que ledit Louis André nous a promis par serment. Ensuitte de quoy nous avons procédé à la visite de ladite chapelle, en dehors et en dedans, que nous avons trouvée en très bon état ; et ayant remarqué qu’il n’y avoit jamais eu de barreaux aux vitrages, ce qui étoit cependant de grande conséquence, de mesme qu’une croix au pignon qui est la marque que c’est là le temple du Seigneur, le sieur Royer s’est soumis a y en faire mettre, et que la croix sera de fer en forme de croix de chevalier de Malthe... »

Ainsi qu’on a pu le voir dans les titres qui précèdent, la commanderie de Xugney était, comme beaucoup de commanderies de Lorraine, une ferme exploitée par un amodiateur ou fermier, moyennant un canon annuel.
La pièce suivante nous montre quelles étaient les diverses redevances et obligations dues par le fermier : 1696.
— Amodiations en grains.

« Acte en papier du 21 septembre 1693, reçeu D. Etienne, notaire royal à Charmes, d’un bail passé pour six ou neuf années, au choix dudit sieur commandeur, au profit de Charles Cuny, laboureur et fermier de Xugny, pour la moitié des terres et preys dépendant de ladite commanderie, moyennant la quantité de 37 paires de rezaux, par moitié froment et avoyne, mesure de Nancy, pesant le rezal cent soixante livres, en outre six chapons, trois cochons gras propres, d’un an et demy à deux ans, huit livres de chanvre, etc. ; faire exercer à ses frais la justice à Xugny et desservir la chapelle y étant, et en fournir quittance, lesdits grains, cochons chapons et autres choses devant être conduits à Toul aux frais dudit Cuny. »

« Il est à présumer qu’en 1762 des réparations importantes furent effectuées à la commanderie, car nous trouvons, à la date du 23 août de cette année, un inventaire détaillé des bois employés à la réparation de la maison de Xugney. »

« Le 25 août de la même année eut lieu la visite des commissaires chargés de procéder à l’inventaire et à l’inspection du mobilier et des bâtiments.
Le procès-verbal d’inventaire que nous trouvons en-suite est de 1780. Il est conçu dans les mêmes termes que ceux qui sont mentionnés plus haut.

Nous nous bornerons à reproduire le passage suivant :
« Enquis dudit sieur Chevalier de Fontenoy s’il y a des messes de fondation à acquiter en ladite chapelle, et si le vénérable bailly a soin de l’y faire célébrer les dimanches et festes. »

« A dit que le vénérable bailly y fait régulièrement célébrer la messe, les festes et dimanches, et qu’elles sont acquittées par le sieur Vosgin, vicaire de Rugney, que le fermier est tenu d’en acquitter la rétribution. »

« Enquis de François Toussaint, fermier dudit Xugny, si lesdites messes s’acquittent exactement, a répondu que oui, et qu’il paye annuellement pour rétribution au vicaire de Rugney la somme de cent livres de Lorraine. »

Voilà les seuls titres concernant la commanderie de Xugney que l’on possède, les archives ayant été probablement vendues ou détruites, comme bien d’autres, à l’époque de la Révolution.

La commanderie possédait des terres sur le territoire d’un grand nombre de communes, telles que : Rugney, Florémont, Bouxurulles, Ambacourt, Rapey, Jorxey, Vaubexy, Bazegney, Bouzanville, Blémerey, Fresnes, Saint-Firmin, Forcelles-sous-Vaudémont, Frenelle-la-Grande, etc., ainsi que nous l’indiquent les terriers faits en 1656, 1682, 1711, 1736 et 1763.

Le terrier de 1656 a été fait par ordre de Me Pons Renepont, commandeur de Xugney.
Celui de 1682, par ordre de Me Gaspard de Pernes, commandeur.
Celui de 1711, par ordre de messire Louis Descrot-Duchon, commandeur. En tête se trouve un lavis fort bien exécuté, représentant les armes du commandeur, et portant la mention : « Nobilis Houat fecit »

Celui de 1736, a été fait par ordre de messire Claude de Thiard de Bissy, commandeur. Ses armes, au lavis, se voient en tête du terrier, et sont évidemment de la même main que les précédentes, quoique non signées.
Enfin, le terrier de 1763 a été fait par ordre de Me Louis Robert de Bermonde, commandeur.
Voici la liste des commandeurs de Xugney dont les noms sont parvenus jusqu’à nous (1)
1. j’emprunte cette liste au travail de M. Lepage, cité plus haut.

1459. — Ferry, dit de Lunéville, fils naturel de Charles II et d’Alison Dumay.
1630. — Charles de Lorraine.
1656. — Pierre Pons de Rennepont, receveur général au grand prieuré de Champagne, commandeur de Xugney et Libdeau.
1682. — Gaspard de Pernes, commandeur de Xugney et Libdeau.
..... — Certaine de Vilmolin, commandeur.
1711. — Louis Descrot Duchon, commandeur de St-Jean-de-Toul, de Xugney et Libdeau, chef d’escadre des galères du roi.
1736. — Claude de Thiard, chevalier de Bissy, bailli, grand-croix de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
1739. — Biaise-Léopold Le Prudhomme de Fontenoy, chevalier bailli, grand-croix de l’ordre, grand prieur de Champagne, commandeur de Toul et Xugney.
1740. — M. de Vagny.
1763. — M. Louis-Robert de Bermonde, commandeur de Toul, Xugney et Libdeau.

Je terminerai cette courte notice en donnant la description des bâtiments encore debout de la commanderie de Xugney. Les bâtiments d’exploitation n’offrirent rien de remarquable, si ce n’est la tour, qui est à un angle du mur de clôture, et dont il est fait mention au commencement de ce travail. Mais la chapelle, qui subsiste encore dans son entier, quoique mutilée et séparée en deux parties par une muraille élevée en avant du chœur, mérite l’attention.
Les voûtes ont disparu, mais le portail est conservé et offre d’intéressants détails.
Il se compose de six colonnes, placées trois de chaque côté et ornées de chapiteaux variés. L’archivolte est formée de gros tores de même grosseur que le fût des colonnes, mais sans aucune sculpture.
Les chapiteaux, tous variés, sont ornés de feuilles de différente nature ; sur quelques-uns on voit des rosaces dans le tailloir et l’on remarque à la base des colonnes, sur l’angle de la partie carrée du socle, des pattes sculptées, ainsi que cela se trouve dans les monuments d’architecture romane (1).

Au-dessus du portail se voit une corniche offrant une particularité remarquable. Elle se compose de deux rangs, placés l’un au-dessous de l’autre, de petits arcs trilobés d’un effet gracieux (2).

Il existait primitivement une rosacé, malheureusement cette façade de l’édifice a été affreusement mutilée par l’ouverture de deux fenêtres carrées, l’une à la place de la rose, l’autre à la place du cintre et du tympan du portail.

La nef était percée de six fenêtres à plein-cintre avec ébrasement évasé sur les deux faces. Elle était plus élevée que le chœur, ainsi qu’on peut le voir par le profil joint à cette notice (3).

Les murs sont fortement déversés en dehors et ne se trouvent soutenus que par des constructions modernes qui y sont adossées.

Le chœur, à pans coupés, indique déjà l’époque de transition de l’architecture romane à l’architecture ogivale, c’est-à-dire la fin du XIIe siècle ou le commencement du XIII siècle.

Il est éclairé par cinq fenêtres à plein-cintre avec ébrasement évasé comme celles de la nef. A l’extérieur, les fenêtres sont décorées de grandes arcades feintes, reposant sur des pilastres formant l’angle des pans coupés. Au-dessus et tout autour du chœur règne une corniche ornée de modillons cubiques, sans ornement, mais cependant variés (4).

On voit encore l’autel, composé d’un massif de moellons, couronné par une tablette de pierre, sur laquelle on distingue la place du marbre consacré, mais qui a été enlevé. On montait à cet autel par trois marches en bois, dont il reste quelques débris.

Dans l’intérieur de la chapelle il n’y a ni inscription, ni sculpture, et on ne voit rien de remarquable qu’un chapiteau roman d’un bon style et une retombée de voûte se terminant en cul de lampe.
1. Voyer plan I, figures 1, 2, 3, 4.
2. Voyer plan II, figure 3.
3. Voyer plan I, figure 5, et plan II, figure 2.
4. Voyer plan II, figures 2 et 3.

Sources : QUINTARD. Mémoires de la société d’archéologie de Lorraine et du Musée, Historique Lorrain, troisième série, 5e volume. Nancy 1877. BNF


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