Dammartin-en-Goële (77)
Domus Hospitalis de DammartinDépartement: Seine-et-Marne, Arrondissement: Meaux, Canton: Dammartin-en-Goële — 77
Domus Hospitalis de Dammartin
Les frères de l'Hôpital avaient une maison à Dammartin, en 1227. C'est ce qui résulte des lettres de l'official de Meaux, du mois de décembre de la dite année, par lesquelles Ives La Truie, clerc de Dammartin, « de Domno Martino », déclare avoir donné aux frères de l'Hôpital de Jérusalem, sa grange, située à Dammartin, touchant à la maison des dits frères, « juxta domum dictorum fratrum », avec neuf arpents de terre situés à la Marlière. En reconnaissance de quoi Ives déclare avoir reçu de l'Hôpital quarante livres de Provins.
Cette maison était probablement celle qu'un nommé Accard Lebeuf, leur avait donnée en 1220; laquelle était située rue du Bois, et dont dépendaient une vigne et une cuve dite du Tilleul, se trouvant vis-à-vis le pressoir de Chambrefontaine.
Laurence, vicomtesse de Corbeil, fit don en 1233, à la maison de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, de cinq arpents de terre à Dammartin, au lieu dit la Croix-de-Pierre.
Dammartin était autrefois un membre de la commanderie de Monthyon. On ignore ce que devint ce petit domaine. Il ne restait plus au XVIe siècle, à Dammartin et à Saint-Mard, que des cens et renies de peu de valeur, que le Commandeur de Choisy faisait recevoir chaque année. A Villeneuve-sous-Dammartin, la commanderie possédait une dime qui lui rapportait, en 1664, 1.900 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Deluge (Le) (91)
Commanderie Le DélugeDépartement: Essonne, Arrondissement: Palaiseau, Canton: Montlhéry, commune: Marcoussis — 91
Commanderie Le Déluge
Pour Le Déluge, on ne trouve aucuns titres primordiaux sur le Déluge qui, avant de devenir un membre de Saint-Jean-de-Latran, avait été une commanderie de l'Hôpital. Mais cette commanderie avait beaucoup souffert des guerres du XVe siècle. Son revenu, réduit de beaucoup, suffisait à peine à l'entretien de son commandeur. C'est pourquoi, dans le chapitre provincial tenu à Paris en 1479, le conseil de l'Ordre prit une décision où il déclara que la commanderie du Déluge serait réunie à celle de Saint-Jean-de-Latran, « attendu sa proximité de Paris et sa petite valeur qui ne vault la vie et le chevissement d'un frère. »
La visite prieurale de 1495 constate « qu'en la commanderie du Déluge, membre de Saint-Jeban-de-Latran, a une belle chappelle, chargée de troys messes la sepmainne, bien entretenue, desservie et garnie d'ornemens. Audit lieu n'a point de maison pour le Commandeur, et y a assis habitation pour le fermier. »
Le domaine du Déluge comptait plus de 500 arpents de terre. Près de la ferme se trouvait la chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste; elle était desservie dans les premiers temps par un frère de l'Ordre, et au siècle dernier par un des Pères Célestins de Marcoussis, qui y venait dire la messe les dimanches et fêtes.
Une déclaration du temporel du Déluge de l'année 1775, nous apprend que le commandeur était seigneur et patron de la paroisse du Déluge. La cure était à sa collation, et il jouissait d'un grand nombre de censives et de rentes foncières à Marcoussis, Linas, Monthléry, Granvaux, Chevauville, Ollainville, Arpajon, Longjumeau, Marivaux, Gravigny, Savigny-sur-Orge, etc.
La seigneurie de Linas appartenait en partie à la commanderie du Déluge. L'Ordre en avait acquis le tiers en avril 1303, de messire Jehan de Choisy, chevalier, sire de Brunoy.
Beaudreville
Domus Hospitalis Beaudreville
La commanderie possédait encore à Beaudreville, (Gometz-la-Ville), à une lieue et demie de Marcoussis, un petit domaine nommé le Petit Déluge, consistant en une trentaine d'arpents de terre, sur le chemin de Chevreuse.
Voici les fiefs qui relevaient de la seigneurie du Déluge:
Marivaux
Domus Hospitalis Marivaux
La terre et seigneurie de Marivaux (commune de Janvry), qui appartenait en 1749 à André Haudry, écuyer, seigneur et châtelain de Soucy.
Flotte
Domus Hospitalis Flotte
Le fief de la Flotte, consistant en terres, dont une partie était enclavée dans le parc du château de Beljames (commune de Marcoussis), et sur laquelle existait une fontaine nommée la Flotte.
Le fief de Buisson, consistant en cent quatre-vingt-trois arpents compris dans la terre et seigneurie d'Ollainville, qui appartint à Ferdinand Mercadek de Rohan, archevêque de Bordeaux, seigneur d'Ollainville.
Le moulin de Francherel, aussi appelé « Francsureau », situé à Saint-Germain-les-Arpajon, que les frères de l'Hôpital avaient acheté en 1239 de Pierre de Chastres, et qu'ils arrentèrent en 1348 à Thomas de Faucherel. Ce moulin était possédé en 1777 par Monseigneur Philippe de Noailles, duc de Mouchy, marquis d'Arpajon et comte de Montlhéry.
Le revenu du Déluge, en domaine, droits de justice et de seigneurie était, en 1495, de 39 livres 15 sols; il était, en 1757, de 2800 livres; en 1783, de 7000 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Devesset (07)
Commanderie de DevessetDépartement: Ardèche, Arrondissement: Tournon-sur-Rhône, Canton: Saint-Agrève - 07
Commanderie de Devesset
Dès l'origine, Devesset fut une commanderie de l'Hôpital; la date de sa fondation n'est pas connue; la plus ancienne charte de cette maison est de 1246. C'est la vente par Joucerand de Bouzols au commandeur Raynaud de Lapte du village de Chaumargeais et des mas de Chomette, Maisonnettes et Loubaresses près Tence (charte 53). Cette vente fut complétée en 1301 par un accord passé entre Guigon de Bouzols, abbé de Saint-Vosi (charte 62), et le grand-prieur Pons de Fay, commandeur de Devesset, et en 1304, par une sentence arbitrale rendue entre le même grand-prieur et le vicomte de Polignac et Catherine de Bouzols sa femme (53) ; cette sentence fut suivie le même jour d'une donation par Catherine de Bouzols de tous ses droits sur Chaumargeais et Chomette à la commanderie de Devesset (54).
En 1306, un accord entre l'évêque du Puy et le grand-prieur Pons de Fay reconnut aux hommes de Devesset, de Bertoux, de Laulanhier et des Costes le droit de faire paître leurs troupeaux dans la forêt de Chaîne et les pacages communs du mandement de Beaujeu: pacages que des arbitres délimitèrent l'année suivante (charte 63).
En 1311, Artaud Elie, commandeur de Devesset, et le prieur du Chambon réglèrent les limites des paroisses de Devesset et du Chambon et la perception des dîmes des mas de Pey-Garnier, du Soulier et de Filetrame (charte 69).
En 1322, Guillaume de Poitiers, seigneur de Fay-le-Froid, et Raynaud de Fay, commandeur de Devesset, réglementèrent la justice, le guet et le droit de pacage des hommes de l'Hôpital, vassaux de Devesset dans les mandements de Fay, de Montréal et du Mézenc (charte 75).
En 1327, Armand, vicomte de Polignac, et Eustache de la Mastre, coseigneurs de Saint-Agrève, et le même commandeur firent une transaction en vertu de laquelle les frères et donats de Devesset furent exemptés de tous droits de péage et de pulvérage pour les troupeaux qu'ils amenaient de la vallée du Rhône (riparia), en passant par Saint-Agrève, afin de fumer les terres des granges de Maujour (de Malodie sive Chalfalc), d'Arcellet, du Chaulet et de Champagnes; ils furent également affranchis de tous droits de leyde à raison de la vente de leurs blés ou de leur bétail. Les hommes de Devesset, par chaque trentaine de brebis jusqu'à cinq trentaines, qu'ils allaient chercher dans le bas-pays pour l'estivage, devaient payer, à titre de péage, 3 deniers tournois. Si le nombre de cinq trentaines était dépassé, ils devaient payer, à titre de pulvérage, deux sous tournois et demi, plus un fromage pour le bailli. Mais pour le passage de leurs propres troupeaux, ils ne devaient rien (55).
En 1368, le grand-prieur Guy de la Tour de Vinay plaidait avec les hommes du mandement de Devesset, au sujet de la fortification du château; à cet effet, il avait réclamé 300 francs d'or; les hommes en avaient offert 200, puis s'étaient dédits; de là procès (56).
En 1380, un accord entre l'évêque du Puy et le grand-prieur Robert de Châteauneuf réglementa le service du guet aux châteaux de Bonnas et de Beaujeu par les vassaux de Devesset (charte 98).
En 1383, le même grand-prieur fit hommage au comte de Valentinois du château et mandement de Devesset (charte 100).
En 1404 et années suivantes, le grand-prieur Jacques Tinel était en procès avec ses vassaux des mandements de Bonnas et de Beaujeu, qu'il prétendait contraindre à contribuer aux réparations du château de Devesset (57).
En 1414, les hommes du mandement de Devesset furent condamnés par la cour des ressorts de Chalancon en Vivarais, tenue par les officiers du comte de Valentinois, à faire les corvées et manoeuvres nécessaires pour la reconstruction du donjon (turris domini) qui s'était écroulé, et pour la réparation du mur d'enceinte, des merlettes et d'une tournelle du château (58).
De 1428 à 1437, le château de Devesset fut pris deux ou trois fois et incendié par des bandes de routiers, commandées vraisemblablement par Rodrigue de Villandrando ou ses lieutenants, Salazar, Valette, Andrelin, qui ravagèrent alors le Velay (59).
Vers 1472, le grand-prieur Jean Cotet fit réédifier entièrement le château de Devesset.
La visite prieurale de 1616 (60) donne sur cette commanderie de très intéressants détails statistiques.
Le Chef consistait en un château dont l'enceinte carrée était flanquée de trois tours rondes baptisées des noms de saint Pierre, de sainte Catherine et de saint Nicolas; au quatrième angle une grosse guérite, en forme de tour, complétait la symétrie (61). Sur les quatre façades et sur les tours, on voyait gravés sur des pierres de taille la croix de l'ordre et, au-dessous, le blason du grand-prieur Cotet (trois lions rampants). Le grand portail muni d'une meurtrière à trois barbacanes offrait les mêmes armoiries. Devant le portail, un ravelin défendu extérieurement par une palissade enceignait tout le château.
Dans la cour s'élevait l'église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste, patron de l'ordre; elle était couverte à lauses.
Le grand corps de logis servait à l'habitation du commandeur; un plus petit, à celle du curé et de son vicaire.
Le domaine comprenait:
1° La réserve, composée, outre des jardins, prés et champs, de quatre bois de haute futaie essence fau ou sapin, appelés de Picheron, Ruelle, Boisnier et l'Air, et de plus de cent stérées de terres communes ou quartives, cultivées de quinze en quinze ans par les paysans du voisinage et dont le commandeur avait le droit de prendre le quart de la récolte.
2° La métairie du Maujour
Département: Ardèche, Arrondissement: Tournon-sur-Rhône, Canton: Saint-Agrève, Commune: Devesset - 07
Domus Hospitalis Maujour
3° La métairie du Chaulet
Département: Ardèche, Arrondissement: Tournon-sur-Rhône, Canton: Saint-Agrève, Commune: Chambon - 07
Domus Hospitalis Chaulet
4° La métairie d'Arcellet;
Département: Ardèche, Arrondissement: Tournon-sur-Rhône, Canton: Saint-Agrève, Commune: Saint-Voy - 07
Domus Hospitalis Arcellet
Donnée vers 1172 par Guillaume de Baffie (charte 25)
5° La métairie de Champagnes
Département: Ardèche, Arrondissement: Tournon-sur-Rhône, Canton: Saint-Agrève, Commune: Des Vastres - 07
Domus Hospitalis Champagnes
La commanderie avait, dans la majeure partie de la paroisse de Devesset, la dîme de tous blés à la 21e gerbe; elle avait la moitié de la même dîme dans la paroisse de Saint-Agrève.
Les cens, rentes féodales et directes, perçus dans les paroisses de Devesset, Saint-Agrève, Fay-le-Froid, des Vastres, de Tence et Champclause s'élevaient à 170 setiers de seigle, 100 setiers d'avoine, 3 métans de froment (les 8 métans faisant le setier), 120 livres d'argent, 100 poules, 9 poulets, 2 chapons, 6 conils, 1 livre de cire, 1 carte de noyaux. Ces rentes étaient portables, sauf 8 ou 9 setiers quérables.
Le commandeur de Devesset possédait aussi des rentes importantes sur les habitants de Saint-Fortunat, de Peyraud, des Martres et des Rochettes, dans le Haut-Vivarais, mais le recouvrement en était difficile, parce qu'elles étaient en grande partie dues par des Protestants et que, dans les Cévennes, on ne redoutait guères l'action de la justice.
Tous les justiciables du mandement de Devesset étaient manoeuvrables à la merci et volonté du commandeur.
Les lods et ventes étaient payés à raison du 4e denier.
La juridiction appartenait au commandeur en toute justice, haute, moyenne et basse, mère et mixte impère, sur les paroisses de Devesset, Saint-Agrève, Rochepaule, Saint-André des Effangeas, Tence, Saint-Voy, du Chambon, de Champclause, Fay-le-Froid et des Vastres.
Le commandeur de Devesset avait dans la forêt de Chaîne, appartenant à l'évêché du Puy et à des seigneurs laïques, le droit de prendre son bois de chauffage et les bois de construction nécessaires au château et aux métairies en dépendant.
La commanderie était chargée d'une aumône. En 1616, chaque pauvre qui se présentait à la porte du château les, dimanche, mardi et jeudi, depuis la saint Michel jusqu'à la saint Jean-Baptiste, recevait une demi-livre de pain de seigle, conformément à l'arrêt de règlement du parlement de Toulouse du 27 août 1609. En 1726 (62), cette aumône s'élevait à 22 setiers de blé seigle: elle était distribuée l'hiver, de deux en deux mois, aux véritables pauvres, d'après un rôle dressé par le curé.
Le chef de Devesset était affermé en 1658, 4,500 livres (63), et en 1726, 5,500 livres.
Notes Devesset
53. Devesset, V, n. 1.
54. Charte 67. La véritable date de cette charte est le 5 août 1304, et non 1306, comme je l'avais conjecturé.
55. Deteaset, V. n. 2.
56. Devesset, V, n. 5.
57. Devesset, V, n. 5.
58. Devesset, VI, n. 1.
59. « Cumque predictum castrum Devesseti fuisset semel, ymo bis aut ter captum per gentes armorum patriam discurrentes, que gentes armorum omnia que reperierunt in dicto castro foluagaverunt et penitus destruxerunt, ita quod ipsum instrumentum dictorum hominum fuit et extitit perditum seu combustum. » Devesset, VI, n. 1. — Notre très regretté maître, M. Jules Quicherat, n'a pas connu ces faits de guerre.
60. H 2153, pp. 948-964.
61. Derrière les murailles, des galeries en bois servaient de chemin de ronde et donnaient accès dans les tours ou corps de garde.
62. Devesset, titre de la commanderie, visite prieurale.
63. Devesset, titre de la commanderie, procès-verbal des améliorissements faits par Annet de Chaste de Gessan.
Augustin Chassaing, Cartulaire des Hospitaliers Ordre de Saint-Jean de Jérusalem du Velay. Picard Editeur Paris 1888
Deveze (la) (31)
Domus Hospitalis La DevezeDépartement: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Toulouse, Quartier: Montaudran — 31
Domus Hospitalis La Deveze
Non loin de Toulouse, dans la baronnie de Balma, Wilhelm Petit donna en 1172 à l'hôpital de Saint-Remy le territoire de « la Devèze » situé dans « l'Albarède Episcopale. »
Peu de temps après, Bernard Manadier, ce bourgeois de Toulouse, qui signala sa bienfaisance par la fondation de l'hôpital appelé de « la Mainadière », donna à Pierre d'Alsen Prieur de l'hôpital de Toulouse, tous les droits sur les dimes de Ramerville, paroisse voisine de la Devèze 1176.
Cette donation fut suivie d'un accord conclu entre Bertrand abbé de Moyssac et Raymond Garsia Prieur de l'hôpital de Toulouse; au mois de juin de l'année 1185, en présence de Guillaume abbé de Lézat, du Prieur de la Daurade, de celui de Saint-Pierre des Cuisines; le Bénédictin céda au chevalier de l'hôpital, tous les droits qu'il avait sur les fiefs donnés en 1176 par Manadier et en reçut en échange les droits que la maison de Saint-Remy avait sur l'hôpital construit près de la porte Lascrozes et donné à l'église de la Daurade. Mais, si ce traité affranchissait les Hospitaliers de la juridiction des Bénédictins sur leurs fiefs de la Devèze et de Ramerville, ils relevaient toujours de la seigneurie des Evêques de Toulouse, barons de Balma depuis la croisade des Albigeois. Ce qui amena plus d'une fois dans la suite des discussions entre les deux autorités, tantôt pour les redevances à payer, tantôt pour un hommage féodal en retard.
Rangueil
Domus Hospitalis Rangueil
D'après la carte de Cassini, ce territoire était situé à gauche du quartier de Montaudran et près du quartier de Rangueil. A cette époque, les lieux étaient des paroisses, de nos jours, ce sont des quartiers de la banlieue de Toulouse.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.
Dhuy (La) (08)
Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Dun-sur-Meuse, Commune: Landres-et-Saint-Georges - 08
Domus Hospitalis Grange de La Dhuy
La Dhuy est aujourd'hui une ferme champêtre, située sur le territoire de Landres, canton de Buzancy, au département des Ardennes ; elle est en bordure du chemin qui conduit de Landres à Dun-sur-Meuse.
L'ensemble de ses bâtiments constitue un grand quadrilatère, entourant une cour, d'où monte, parmi les instruments aratoires, l'odeur des fumiers et où picorent de nombreux volatiles. Ces constructions n'ont pas d'architecture remarquable, et elles ne gardent aucune trace de la primitive chapelle.
Les propriétés qui l'encerclent forment un vaste hémicycle, dominé à l'est et au sud par le bois de la Ronlieule et le bois de Romagne.
Gouffre de La Dhuy
Domus Hospitalis La Dhuy, Gouffre
Près de la ferme existe une source profonde qu'on a décorée du nom de Gouffre de La Dhuy. Cette source a ses légendes. On raconte qu'il y a un siècle, un homme à cheval y disparaissait totalement ; on y vit même s'engloutir un chariot attelé de six chevaux, dont on ne put jamais rien retrouver, malgré de laborieux sondages.
Les anciens du pays disent encore qu'en 1792, les Prussiens de l'armée de Brunswick, campés à Landres, emportèrent les cloches de l'église, mais que, encombrés par leur fardeau, ils les jetèrent dans le Gouffre de La Dhuy, où elles sont peut-être encore.
Aujourd'hui, ce gouffre n'est plus qu'une mare aux canards.
Le ruisseau auquel il donne naissance mène ses eaux vers l'Aisne, après avoir arrosé Landres et alimenté plusieurs moulins.
Aux premiers siècles de notre histoire, des vignes florissantes drapaient les coteaux voisins ; et il y avait en aval un moulin et un vaste étang.
* * *
Le polyptyque de Saint-Remi cite, parmi les possessions de cette Abbaye, Adloisda, que tous les historiens traduisent par Adhuy Polyptychum Sancti Remigii. X. Decimæ de abbalia Sancti Thimothei ad hospitium Sancti Remigii.....
4. In pago porcensi... De Adloisda... de Baioni Villa (1).
Ce ne fut, dès les débuts, qu'une grangia ou grange dimeresse. Les locaux étaient établis pour recueillir les redevances en grains, les droits de terrage et autres, dûs aux seigneurs, aux abbés ou à leurs voués ; ils servaient aussi à l'exploitation de leurs domaines. C'est ainsi que les sires de Landreville avaient près de Cierges (Meuse), non loin de La Dhuy, la Grange-aux-bois, dont il est fait mention dans la charte de 1277 par Gobert de Dun.
Ces terres furent sans doute données à Saint-Rémi par Clovis, qui fit tant de libéralités à cet archevêque et à ses leudes. Et au douzième siècle, elles furent cédées aux Templiers, par donation, ou par achat aux abbés de Saint-Rémi (1).
1. Mannier, Ordre de Malte, les commanderies du grand prieuré de France, 1872, page 300.
— Dr 0. Guelliot, les commanderies de Boult et Merlan, in Revue de Champagne et de Brie, Tome II, 1877, pages 1-109-165.
— Dom A. Noël, l'ordre de Malte dans le diocèse de Reims, in Alm. Matot-Braine, 1895.
* * *
Depuis la chute du royaume de Jérusalem, les Templiers s'étaient répandus en Europe. Leur immense fortune leur avait permis d'acquérir de vastes propriétés. En Champagne, ils avaient une grande situation financière, de nombreux établissements agricoles, à ce point que leur puissance avait alarmé le comte de Champagne Thibaut IV, toujours besogneux : en 1228, il voulut même saisir leurs biens, et leur contesta le droit de faire des acquisitions dans sa province, sans son consentement.
Ils s'établirent à Belleville vers 1190 ; la terre de Boult-aux-bois, dépendance de Belleville, leur fut donnée par Richard de Liron, et cette donation fut continuée par le suzerain, Richard de la Haye. Déjà ils étaient à Merlan (1166), grâce aux libéralités de l'archevêque Henri de Reims. Ils élevèrent alors le temple de Bonlt — Bodillum in Bosco — qui fut le siège de la Commanderie de Boult et Merlan. Leur fortune s'accrut chaque jour de nouvelles acquisitions territoriales. Ils avaient des dîmes dans les villages voisins : Landres, Rémonville, Bayonville, Fossé, Nouart, Sivry-les-Buzancy, Thénorgues, Sommerance, Sain-Juvin, Cornay, Fléville (2).
2. Belleville et Boult, canton du Chesne.
— Landres, Remonville, Bayonville, Fossé, Nouart, Sivry, Thenorgues, Canton de Buzancy.
— Sommerance, Saint.Juvin, Cornay, Fléville, Canton de Grandpré.
— Merlan, écart d'Aussonce, Canton de Juniville.
La Dhuy était membre de la Commanderie de Boult et Merlan. Le commandeur en était seigneur. Il y avait haute, moyenne et basse justice ; et pour exercer cette juridiction, il avait le droit de commettre et d'instituer tous officiers, tels que bailli, lieutenant procureur, greffier et sergent.
Lorsqu'ils furent propriétaires de la Grangia de La Dhuy, les Templiers saisirent toutes les occasions d'agrandir leur domaine. La cense fit place à un manoir considérable. En général, ces centres agricoles étaient la résidence de quelques chevaliers, mais surtout de frères servants, qui s'adonnaient aux travaux des champs, et à l'extraction du minerai de fer. Ces frères avaient été créés lorsque les écuyers et les valets ne suffirent plus aux divers services des Templiers. Il y avait les servants d'armes, qui étaient les plus considérés, et les servants de métier, qui faisaient valoir leurs domaines.
Le treizième siècle vit encore s'accroître les revenus de La Dhuy.
Par une charte de juin 1209, Henri, seigneur de Landres, et Mathilde, sa femme, vendent aux chevaliers du Temple le quart du moulin et de l'étang de La Dhuy, dont les Templiers avaient déjà les trois quarts ; ils leur cèdent encore le cens du blé, qu'ils prenaient tous les ans sur la grange, et en outre tout ce qu'ils pouvaient avoir sur le Sart de la Cueulle (Chehueles). Milon de Germaine, comme seigneur dominant, approuve et confirme par ses lettres, cette vente, qui fut faite au prix de 20 livres, monnaie de Reims, et en plus une vache (1).
1. Pièces justificatives, I.
Cassini place le bois de la Cueulle à une lieue et demie à l'ouest de Landres, sur l'Agron. Ce fut ensuile le bois de Taille-gueule, territoires de Champigneule et de Grandpré.
Pourquoi cette suggestive appellation ? Souis Louis XIV vivait à Grandpré un soudard querelleur, du nom de Gauthier. Au régiment, il se battait chaque jour et aimait à faire des estafilades sur la face de ses adversaires, d'où lui vint le nom de Taille-gueules.
Rentré au pays, il devint garde-chasse du comte de Grandpré. Il eut un jour maille à partir avec des soldats de passage. On alla se mesurer dans le bois. Gauthier tua deux soldais et fut lui-même blessé mortellement. Au souvenir de ce drame, le bois fut appelé le bois de Taille-Gueules (2). C'est aujourd'hui le Bois des Loges.
2. Meyrac, traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes. Charleville 1890, page 324.
* * *
Nous arrivons au XIVe siècle. Alors règne en France Philippe le Bel (1285-1314), une des plus curieuses figures de l'histoire. Guillaume de Nogaret, qui fut le Cromwell de ce roi, fait de lui un portrait idyllique : il joignait, dit-il, à la beauté physique, la douceur et la piété. Flatterie d'historiographe. Car l'histoire impartiale dira que, sous ce vernis officiel, il cachait l'âme d'un tyran impitoyable. Déjà le Dante l'accablait sous ses strophes vengeresses. Il allait exercer sur les Templiers des cruautés de Pilate ; Guillaume de Nogaret fut son conseiller et l'exécuteur de ses vengeances. Ce sombre fanatique allait mettre au service du souverain son tempérament de sectaire, et épuiser sur les Templiers toutes les cruautés de la procédure inquisitoriale (Michelet).
La milice des Templiers avait été créée pour défendre le royaume de Jérusalem ; c'étaient les gendarmes de la Palestine (1118). Alors ils avaient une règle « brève et dure » : obéissance, pauvreté, chasteté.
Lorsque tomba Saint-Jean d'Acre (1291) le royaume de Jérusalem était perdu. L'ordre du Temple n'avait plus de raison d'être.
Cependant ils rentraient en France avec une fortune colossale, et, s'ils étaient inutiles, ils restaient fiers, insolents, formidables, mais odieux. Les grandes puissances financière ont toujours été impopulaires. Ils étaient détestés du peuple qui les enviait en bas, el des grands seigneurs qu'ils obligeaient en haut, Et on les disait avides, sans pitié, refusant le morceau de pain du mendiant.
On les accusa bientôt de vices infâmes, de pratiques scandaleuses contre la religion. Peut-être leurs mœurs, primitivement rigides, s'étaient-elles altérées au contact des Orientaux. Leur valetaille, disait-on, avait des vices inavouables. Puis ils enveloppaient leur existence de mystère : ils tenaient leurs réunions la nuit, comme les sociétés clandestines dangereuses. Alors le peuple de ce siècle, à l'imagination puérile, amplifia ces récits, et déversa sur eux le torrent des injures. On les traita d'hérétiques, la plus sanglante accusation qu'on pût alors porter contre un ordre religieux. Philippe le Bel et Nogaret vont spéculer sur ces superstitions. Mais il faut bien avouer que, devant ce roi sans scrupules, ils n'avaient commis qu'un crime, c'étaient d'être trop riches.
Le royaume était épuisé par la guerre flamande. Depuis la victoire de Mons-en-Puelle (1304), les coffres du roi étaient vides — et sous les yeux de Philippe besogneux, s'étalaient les trésors des Templiers ; il fallait les perdre, c'était le seul moyen de sortir d'une situation financière désespérée. Leur prétendue hérésie allait être le prétexte officiel.
Et le matin du 13 octobre 1307, à la même heure, par toute la France, les Templiers furent arrêtés, le grand maître Jacques de Molay le premier, tandis que les hérauts lisaient au peuple une proclamation emphatique, justifiant la conduite du roi, qui semblait prendre en main la défense de la religion, devant cette hérésie abominable. Nogaret avait silencieusement préparé ce coup de filet magistral, sans se soucier des droits de la Papauté, qui s'était réservé la juridiction des Templiers. Il fit instruire la cause par les inquisiteurs. Ce procès était jugé d'avance. Les tortures furent atroces : on leur broya les membres, on leur calcina les pieds. Il en mourut un grand nombre. Quelques-uns vaincus par la douleur, avouèrent tout ce que voulait le roi. En vain des protestations exaltées retentirent dans l'ombre des prisons (1).
1. Cf. Les classiques : histoire de France d'Anquetil, Henri Martin, Duruy, Michelcl, Lavisse et Ranibeau (Tome III, 23e fascicule page 37 et suivantes).
Parmi les détenus, nous trouvons Pierre de Landres, incarcéré dans la maison de l'abbé de Lagny, près de la porte du Temple de Paris. Avec lui étaient d'autres frères ardennais : P. de Membressis, P. de Verrières, Decanus de Cholilly, J. de Poilcourt, Nicolaus de Manre, Fulco de Duno...
Tous les Templiers étaient de noble extraction, beaucoup de servants même étaient chevaliers. J'ignore si Pierre de Landres avait un blason. Il était serviens c'est-à-dire frère servant. Il fut amené devant les commissaires de Philippe le Bel le samedi 14 février 1310, dans la chambre de la cour épiscopale. On lui demanda s'il voulait défendre l'Ordre des Templiers contre les attaques dont il était l'objet. Il répondit affirmativement, et supplia instamment qu'on lui administrât les sacrements, puis qu'on lui rendît la liberté.
Nouvel interrogatoire le mercredi 18. Il voulait s'incliner devant ses supérieurs, devant la règle du Temple. Il était prêt à élire des procureurs, pris parmi les Templiers, pour défendre la milice. Parmi ces accusés, aucun n'avoua, même sous la question, les erreurs reprochées aux chevaliers.
Ils choisirent des procureurs qui rédigèrent leur défense. Le 7 avril, ils présentèrent aux seigneurs commissaires une adresse, qui est un beau morceau d'éloquence.
Leur voix fut étouffée. Le roi les fit condamner par l'archevêque de Sens, et par son ministre Enguerrand de Marigny. Le 12 mai, cinquante-quatre chevaliers montèrent sur le bûcher. Sans doute Pierre de Landres fut parmi les victimes : on n'entendit plus parler de lui.
Sans se soucier des plus véhémentes protestations, Philippe le Bel supprima l'Ordre des Templiers le 3 avril 1312. Le pape, le concile de Vienne (1311), où siégeait l'archevêque de Reims, s'associèrent à cette sanglante destruction. Le roi s'empara des biens de l'Ordre et garda les domaines jusqu'à sa mort. Alors seulement les propriétés furent transmises aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard Ordre de Malte, qui déjà possédait Saint Jean de Rametz (Villers-devant-Dun, Meuse).
Parmi ceux qui s'humilièrent, les uns se marièrent, d'autres entrèrent dans les ordres monastiques, d'autres enfin s'adonnèrent aux travaux des champs.
* * *
On ignore comment finirent les Templiers de l'Argonne. Ils n'ont laissé aucun mémoire. Ils durent s'enfuir vers la frontière. La tradition veut que quelques-uns aient cherché à demeurer dans la contrée et à se retirer au fond de la grande forêt.
Il existait, tout près de Landres et de La Dhuy, dans le bois de Romagne, en une gorge étroite appelée le Cercueil, le Cirqueu ou le Circuit, une maison perdue dans la profondeur des bois qui, au XIVe siècle, étaient des futaies impénétrables. Il en existe encore quelques vestiges. C'était un vaste bâtiment, formant un carré régulier de quatre-vingt-dix mètres de côté. Il était entouré d'un fossé de cinquante pieds de large. Dans ces fossés jaillissait une source, dite Fontaine des Capucins, et, plus bas, il y avait un étang qui portail le même nom. Aujourd'hui le sol est encore semé de tuiles courbes, d'ardoises épaisses, et de poteries diverses. On y a découvert 12 pièces de monnaie de forme quadrangulaire, de 6 lignes de largeur, où était figurées, sur l'avers une tête d'homme, sur le revers une vache. On y aurait aussi trouvé des couverts d'argent, des ustensiles de ménage et d'autres pièces de monnaie frustes.
La tradition rapporte que c'était un couvent de Templiers ; ils s'y étaient réfugiés pour fuir la persécution. Elle ajoute même que, sur l'ordre de Philippe le Bel, ils y ont été égorgés et brûlés, sous prétexte de sortilège, et que parfois encore, au souvenir de ces supplices monstrueux, les revenants viennent errer parmi ces ruines. Mais on cherche en vain, dans les mémoires du temps, la confirmation de ces faits (1).
1. Clouet, histoire de Verdun et du pays verdunois, Verdun, 1867. Tome III, page 86
— Henriquet et Renaudin, géographie du département de la Meuse, 1858.
— Biguet, monographie de Gesnes, in Journal de Montmédy du 7 avril 1896.
— Narrateur de la Meuse, 1820, Tome XXXII, page 64.
L'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard de Rhodes ou de Malte, était plus ancien que celui des Templiers. Ils prirent, simplement, aux yeux du peuple, la place des Templiers, dans tous leurs biens et droits seigneuriaux. Rien n'était changé à La Dhuy que l'étiquette. Et le domaine reprit sa vie agricole régulière.
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Les Templiers construisirent de bonne heure une chapelle dans leur manoir de La Dhuy. Nous ignorons la date exacte de son érection ; mais nous avons des détails sur elle dans les dernières visites faites par les Commandeurs, particulièrement eu 1773 et 1779 (2).
2. Archives nationales, S. 5032 et S. 5470.
Elle subit les mêmes vicissitudes que la cense, et, comme elle, fut détruite dans les guerres du XVIIe siècle. Elle fut remise à neuf eu 1693 par le grand maître Adrien de Vignacourt.
Elle était construite en pierres et avait environ 22 pieds de long sur 16 de large et 18 de haut, couverte primitivement en tuiles plates, plus tard en ardoises. Elle était adossée au mur de clôture à l'aspect du levant. Elle était planchette et plafonnée. L'autel était en bois ; sur cet autel étaient un crucifix de bois, dont le Christ était d'ébène, et deux chandeliers de bois. Le clocher n'avait plus de cloché au XVIIe siècle.
Elle était dédiée « à l'honneur de Dieu et de Saint-Jean-Baptiste » dont le tableau était dans le contre-retable.
En 1773, on y voyait, dans une armoire à ce destinée : un calice avec sa patène d'argent, doré en dedans ; deux burettes d'étain, une cuvette de faïence ; une aube avec sa ceinture ; trois amiets, deux corporaux, deux purificatoires, trois lavabos, un ornement rouge et un vert complets, deux nappes d'autel, un tapis de brocalelle rouge, blanc et vert, un missel romain, un « pipitre » de bois et un marchepied.
Les ornements étaient donnés par le commandeur. Ils étaient estimés 64 livres en 1666.
Cette chapelle était indépendante du domaine et desservie par un aumônier de l'Ordre.
En 1773, le curé de Chennery y disait une messe tous les mardis ; il recevait pour cela 47 livres 10 sols par an (1). Plus tard le curé de Landres, qui lui succéda, ne venait officier que le premier jeudi du mois, moyennant uue rétribution de 47 livres ; les autres jeudis il célébrait une messe dans son église, pour l'acquit des fondations. En 1791, il recevait 48 livres et 6 livres pour l'entretien des cierges et des linges.
Le commandeur de Boult était collateur à la Cure.
1. Chennery, écart de Bayonville, commune de Buzancy.
Cette chapelle fut détruite à la Révolution et il n'en reste plus aucun vestige. A côté de la grange dîmeresse existaient généralement un réfectoire, un dortoir et une salle capitulaire, où on observait la même discipline qu'au Temple. Nous ignorons si ces dépendances ont existé à La Dhuy.
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Les Terriers des Templiers, ou plutôt des Hospitaliers de l'Ordre de Malte, déposés aux Archives nationales, donnent diverses descriptions de La Dhuy.
A côté de ce domaine, entre le chemin qui va de Landres à La Dhuy et le chemin de Landres à Remonville, au sud de la ferme de la Bergerie, ces seigneurs possédaient encore deux fermes considérables, les Hauts Hazoirs et les Bas Hazoirs, qui furent détruites pendant les luttes de la Fronde, et qu'il faut aujourd'hui classer parmi les localités disparues.
La carte de l'état-major indique toujours les Bruyères des Hazois ; Vendol écrit plus correctement Bruyères des Hazoirs. Ce bois existe encore. On aperçoit, près de lui, une cavée boisée et les restes d'une citerne : c'est certainement l'emplacement des Hazoirs.
Dès l'année 1544, les Hazoirs avaient été donnés, par bail emphytéotique, à M. de Chamisso, seigneur d'Andevanne, et à M. de Maillart, seigneur de Landres, moyennant une redevance de 50 livres (1).
1. Claude de Chamisse, seigneur d'Audevanne, capitaine de cinquante arquebusiers à cheval.
— Ecu : d'argent à cinq trèfles de sable, 2, 1, 2, à deux mains dextre et sénestre de même en pointe renversées en pal.
— Pierre de Maillart, baron de Landres, seigneur de Fléville, Curnay, Sommerance, Sivry, Sain-Marce), Gruyères, Mézicrcs en p....
— Ecu : d'azur à l'écusson, en abysme d'argent au lion naissant de même, lampassé de gueules.
Le terrier de 1608 constate que le hameau de La Dhuy, possède 259 arpents 89 verges, plus 8 fauchées de prés 19 verges, et est loué 270 livres tournois. A cette époque la ferme des Hauts Hazoirs contenait 332 arpents et deux petites garennes, avec 14 espaces de bâtiments ; et les Bas Hazoirs, 165 arpents, outre un manoir et des bâtiments. Les fermiers des Hauts Hazoirs étaient Claude de Chamisso, seigneur d'Andevanne el Bernardine de Brun, veuve de Prudent de Chamisso (1e février 1608) ; la deuxième ferme était louée à Charles de Maillart, seigneur de Landres, qui acheta, le 20 septembre 1602, une partie des Bas Hazoirs, venant de Henri le Fauconnier (2).
2. Archives Nationales S. 5168.
— Terrier du chevalier Ogier d'Amour.
— Ecu : d'argent à trois clous de sable posés deux et un, surmontés d'un porc épic passant de même.
En 1663, les Hauts Hazoirs constituent une seigneurie où les Commandeurs de Boult ont haute, moyenne et basse justice. La ferme possède 300 arpents, dont la plupart sont en friches. Les bâtiments ont été totalement détruits. Il y a cependant encore trois censiers qui paient à Noël 100 livres tournois. A la même époque, les chevaliers de Malte possèdent le tiers des dîmes, tant grosses que menues, de Remonville, à l'exception que l'abbé de Belval en prend le tiers dans la totalité (3).
3. Archives Nationales S. 5469, page 214.
Le procès-verbal des visites de 1665, sous le commandeur Adrien de Vignacourt, donne aux domaines de La Dhuy une contenance de 225 arpents et demi de terres et 8 arpents 60 verges de prés ; il accuse en outre la propriété du 1/8 des dîmes de Landres, et le 1/3 des dîmes de Sommerance.
La Dhuy est louée 600 livres en 1666 ; les Hauts Hazoirs contiennent 300 arpents, les Bas Hazoirs 130 arpents, ce qui donne avec La Dhuy un total de 700 arpents. Tous les bâtiments de La Dhuy sont remis à neuf.
Le chevalier Louis de Blécourt de Tincourt fait rédiger un nouveau terrier en 1696 ; c'est un volume in-folio relié à ses armes : un lion d'argent sur champ de gueules (4).
4. Archives Nationales S. 5470, page 222, V°
Il est procédé en même temps à un arpentage des terres. Le premier et le deux mai, cette opération est faite aux Hazoirs, en présence de Nicolas Dardart, laboureur à Remonville, fermier du commandeur, et Guyon Ponsigilon de La Dhuy ; elle constate aux Hazoirs :
1° pièce de terre, lieudit la Rouchierce, contenant 75 arpents 40 verges 1/4.
2° pièce de terre de la Haute Hazoy, 196 arpents 89 verges.
3° garenne de la Haut Hazoy, 13 arpents 30 verges y compris le paquit de la Haut Hazoy.
4° petite garenne au même lieu, 2 arpents 37 verges.
Il y avait autrefois trois censiers et 14 espaces de bâtiments, incendiés pendant les guerres.
Basse Hazoy : 1° 263 arpents 91 verges.
Il y avait sept espaces de bâtiments également brûlés.
Le 3 et le 4 mai eut lieu l'arpentage de La Dhuy.
Description des bâtiments, granges, chapelles....
Terre du Bochel, près du bois, de Bantheville, 23 arpents 33 verges.
Terre des longues royes, près du ban de Landres, 82 arpents 75 verges.
Terre: Gozart et le Chenois, près de la Haute Hazoy, 153 arpents 23 verges 1/3.
Près de La Dhuy royé le chemin de Landres, 5 arpents 26 verges 3/4.
Le Plessis : 3 arpents 84 verges 1/2.
Pré du bourd royé Madame de Landres 130 verges.
Il y avait autrefois un moulin à eau y attenant, et qui est en ruines.
Le 15 juillet 1773, le commissaire des Hospitaliers de Boult dresse un nouvel état de ces propriétés, accompagné du vénérable Charles-Casimir de Rogres de Champignelles, plus connu sous le nom de Bailli de Champignelles, dont les armes étaient : Gironné d'argent et de gueules de 12 pièces (1).
1. Archives Nationales S. 5032. Terrier très détaillé. On y trouve encore une visite du 29 juillet 1788.
Il décrit avec détail la chapelle et les logements des deux censiers de La Dhuy, guidé par l'un d'eux, Charles Rochon. Il donne la mesure des granges, écuries, poulailler, four, baraques à porcs ; il parle des jardins et des arbres fruitiers. Il rappelle l'existence de deux garennes de 15 arpents.
Alors les fermiers avaient un bail de neuf ans, passé par les sieurs Doré et Guèrin, par devant maître Boizet, notaire, le 22 novembre 1767, moyennant 800 livres, soit 400 pour chaque censier. La Dhuy avait alors 365 arpents 25 verges, autant terres, que de prés, bois et broussailles. Les Hazoirs n'étaient pas compris dans ce bail ; ils contenaient 424 arpents 73 verges, et étaient loués à M. de Landreville pour 270 livres ; celui-ci avait demandé au commandeur de Boult à en devenir acquéreur (1773) ; il devait céder, en compensation, une partie de la Seigneurie de Chatillon.
Cet échange n'eut pas lieu, car les Hospitaliers possédaient encore les fermes en 1779.
Le Bailli de Champignelles fit d'importantes réparations à La Dhuy vers 1773.
Nouvelle visite en 1779, donnant des détails sur le mobilier de la chapelle, sur les logements des fermiers et les bâtiments de la ferme. Alors La Dhuy contenait 365 arpents de terre, 5 arpents 68 verges de prés ; les Hauts et Bas Hazoirs contenaient 424 arpents 71 verges de bois et pâturages. Le tout était affermé à Renesson pour 1.600 livres. Au moment de la Révolution, les fermes avec les dîmes de Landres rapportaient aux Hospitaliers 2.017 livres.
J'ai dit que les Hospitaliers possédaient le huitième des dîmes de Landres. On en trouve la déclaration au terrier de 1696, visite du 27 juillet. Devant les commissaires comparaît le S. Gouverneur, qui déclare qu'audit seigneur Commandeur appartient un huitième de toutes les dîmes, tant grosses que menues de tout le ban et finage de Landres ; ces dîmes se perçoivent aux champs à « raison de 13 gerbes une, et les menues dîmes à la même raison, de quoi ledit seigneur est en bonne et paisible possession sans trouble... (1) » En 1779, cette portion des dîmes valait 200 livres.
1. Archives Nationales S. 5470, page 218, V° Landres.
* * *
Il est intéressant de suivre la progression des revenus des nombreuses fermes et dîmes que possédait la commanderie de Boult.
En 1495, elles rapportaient 351 livres
En 1583, 4.800 livres
En 1757, 15.200 livres
En 1768, 19.700 livres
Et en 1788, 24.952 livres.
A la Révolution, les fermes de La Dhuy devinrent biens nationaux, comme toutes les propriétés des émigrés.
Les archives communales de Landres possèdent la déclaration de Duval, régisseur et fondé de pouvoir du Commandeur de Boult, du 27 mai 1791. Il attribue à La Dhuy une contenance de 338 arpents, 54 verges 1/2 de terres, prés et broussailles ; 26 arpents 70 verges 1/2 de terres et bois, à la Roncheule, 5 arpents 68 verges de terres et prés au pré de Landres. En outre il accuse 424 arpents 72 perches pour les Hazoirs. Le tout affermé à Charles Rennesson de La Dhuy pour 1850 livres. Le huitième des dîmes de Landres, appartenant aux hospitaliers de Boult est affermé par bail du 30 juin 1786 au curé de Landres Nicolas Poulain pour 200 livres (3).
3. Voir les détails, pièce justificative pour les dépenses (chapelle, bâtiments, garde).
Le 27 avril 1793, La Dhuy a été mise à prix et adjugée provisoirement au citoyen Nicolas Collin de Chevières pour 50.000 livres ; après de nouvelles enchères, à Louis-Joseph de Raux de Mont-Blainville moyennant la somme de 60.300 livres ; il devait payer comptant le douzième dans la quinzaine, à la caisse du district, et, après ce versement, il entrait en possession réelle desdits biens « comme propriétaire incommutable sous les charges de la cédule » Quant au surplus, il s'engageait à le payer en 12 versements, avec intérêt à 5 pour 100 (1).
1. Archives départementales des Ardennes a. 249.
Dans la suite, La Dhuy devint la propriété du citoyen Lombard, qui déjà possédait le château de Landreville et ses dépendances.
Plus tard, il revendit le tout au baron de Landres. L'acte qui confirme cette cession est au chartrier des Maillard de Landres, chez M. de Meixmoron de Dombasle, au château de Landreville, puis elle passa aux mains de divers acquéreurs.
Pièces justificatives : BNF
D. A. Lapierre. Revue d'Ardenne et d'Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique, pages 237 à 253. Sedan 1915 - BNF
Dieu-Lamant (77)
Domus Hospitalis Dieu-LamantDépartement: Seine-et-Marne, Arrondissement: Meaux, Canton: Crécy-la-Chapelle, commune: Villemareuil — 77
Domus Hospitalis Dieu-Lamant
Il nous reste peu de documents sur cet ancien établissement de l'Hôpital, qui paraît avoir été autrefois d'une assez grande importance, puisqu'il avait le titre de commanderie. Nous avons trouvé une charte du mois d'octobre 1247, par laquelle frère André Polerin, prieur en France de l'Ordre de l'Hôpital de Jérusalem, reconnaît que, comme il avait amodié à un nommé Guillaume Bottin deux cents arpents de terre qui se trouvaient autour de la maison de l'Hôpital, nommée « Dieulament », il s'est engagé à donner annuellement, pour la dîme de ces terres, qui appartenait au chapitre de l'église de Meaux, un muid de blé et un muid d'avoine, à la Noël, de telle sorte qu'après l'amodiation, et lorsque ces terres reviendraient au Grand-Prieur, celui-ci serait quitte de la dîme en continuant de payer la redevance ci-devant dite.
Plusieurs sentences du bailli de Meaux, des années 1336 et 1351, maintiennent et confirment les droits de voierie et de haute, moyenne et basse justice, qu'avaient les Hospitaliers dans leur terre de Dieu-Lamant, qui comprenait, en 1664, une maison seigneuriale avec chapelle, bâtiments d'exploitation, et 300 arpents de terre affermés alors 1.600 livres.
Le domaine de Dieu-Lamant comportait auparavant plus de terres. M. Maupetit, dont nous avons parlé, avait découvert qu'on en avait détourné et usurpé 330 arpents. Nous avons dit les raisons qui ont empêché l'Ordre de procéder à la revendication de ces terres. Les frais de procès auraient peut-être dépassé alors la valeur des biens réclamés.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Dieupentale et Grisolles (82)
Domus Hospitalis Dieupentale et fief de GrisollesDépartement: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Grisolles — 82
Domus Hospitalis Dieupentale
Grisolles
Domus Hospitalis Grisolles
Au mois de novembre de l'année 1151, Guillaume de Bruguières donnait le tiers de la dîme de l'église de Dieupentale, « à Dieu, à la bienheureuse Marie, à l'honoré Saint-Jean, à l'hôpital de Jérusalem, à Eschafre, précepteur de Fronton. » Les dépendances de la maison de Fronton s'augmentèrent encore, avant la tin du XIIe siècle, dans le voisinage de Dieupentale par la donation que lui firent en 1181 d'une partie du territoire de Grisolles, W. de Castelnau, Od-Elie de Cavaldos et Jourdain de Caraman.
Liste des Commandeurs du membre de Dieupentale
1510-1511. Louis de Solier.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883
Dijon (21)
Commanderie de la Madeleine de DijonDépartement: Côte-d'Or, Arrondissement et Canton: Dijon — 21
Commanderie de Dijon
L'établissement des frères hospitaliers de Saint-Jean à Dijon avait précédé celui de leurs antagonistes. Une charte de 1145 en fournit la preuve: suivant cet acte, l'un des vicomtes de Dijon, partant pour la Terre-Sainte, donna à l'abbaye de Saint-Etienne des terrains autour de la ville, contigus à la maison Dieu de Saint-Jean-de-Jérusalem qui alors occupait l'emplacement où, plus tard, on éleva le bastion de la porte Saint-Pierre.
En 1170, et en présence du duc Hugues III, deux Dijonnais, nommés Guibert et Martin, donnent aux frères hospitaliers de Saint-Jean des terres situées sous les murs de Dijon.
Dans la même année, le duc, en récompense des services que ces religieux lui avaient rendu en Terre-Sainte, leur concéda exemption de tous impôts et péages, et leur accorda le droit de pâturage pour leurs bestiaux dans tous ses bois et domaines.
En 1208, Humbert, de Dijon, gratifie les Hospitaliers d'une rente.
Enfin Hugues IV leur fit don, en 1252, de dix charges de sel par an à prendre sur ses puits à Muyre de Salins pour l'usage de leur hôpital de Dijon.
Sources: César Lavirotte — Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne — Membre de la Société française pour la conservation des Monuments — 1852.
Histoire de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Dijon
L'Abbé, les Chanoines et le Sacristain de Saint Etienne, celui-ci comme Vicaire perpétuel de la Paroisse de Saint Médard voyant que depuis environ trois ans la Commanderie de la Madeleine, ayant été transférée du Faubourg de Saint Pierre de Dijon, dans l'enceinte de la Ville sur la Paroisse de Saint Médard, les Commandeur et Frères Hospitaliers de cette Commanderie s'attribuaient les oblations que l'on faisait dans leur nouvelle Eglise, y formèrent oppositions, soutenants que ces oblations leur appartenaient comme Curé du lieu ; cette contestation fut remise au Jugement de Louis de la Trimouille Prince de Talemont, Gouverneur de cette Province, assisté de Claude Patarin alors second Président, de Thomas Bovesseau et d'Edme Julien Conseillers en ce Parlement, d'Etienne Jacqueron Maître en la Chambre des Comptes de cette Ville, et des Avocats des Parties, rendit un Jugement le 19 Juillet 1157 par lequel il condamna les Commandeur et Religieux Hospitaliers de la Madeleine, de payer au Vicaire perpétuel de Saint Médard la Redevance annuelle et perpétuelle de six petits blancs, chaque blanc compté à raison de cinq deniers tournois, pour toutes les oblations qui se feraient à l'avenir en leur Eglise.
« Ce jugement fut ratifié dès le lendemain par toutes les parties, avec réserve aux Abbés, Chanoines et Sacristains de Saint Etienne, Vicaire perpétuel de Saint-Médar, de tous droits de dîmes, administration des Sacrements, et autres paroissiaux, même des Sépultures de tous ceux et celles qui y feraient inhumer, excepté le Commandeur et les Religieux, leurs donnés (ou Oblats) Servants, Servantes, et les Pauvres étrangers qui décèderaient dans leur Hospitalier. »
Il faut bien que la Commanderie des Religieux Hospitaliers de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem de Dijon soit fort ancienne, puisque nous voyons par nos titres, qu'elle était déjà bâtie dès le quatorzième siècle, et quoiqu'on n'en sache pas précisément le commencement, il y a bien de l'apparence qu'elle tire sa première origine de la donation que, Hugues III, du nom, Duc de Bourgogne, fit l'an 1170, aux Frères de l'Hôpital de Saint Jean de Jérusalem, du droit de pâturage pour leurs bestiaux en toutes ses Forêts et autres lieux de ses Domaines, avec exemption de toutes sortes de péages et droits de passages, pour toutes les denrées qu'ils pourraient vendre et acheter dans les Foires et marchés de ses Pays, en reconnaissance des services que ces Frères Hospitaliers lui avaient rendus lors de son premier voyage en la Terre Sainte. Quoiqu'il en soit, il y avait plus de deux cents ans que leur Commanderie et leur Eglise sous le nom de Sainte Madeleine étaient bâties au Faubourg de Dijon, du côté du midi de l'Eglise de Saint Pierre, lorsque cette Ville fut assiégée par les Suisses au mois de Septembre 1513 et que pour l'assurer contre de pareilles insultes des Ennemis de l'Etat, le Roi François Ier ordonna à Louis de la Trimouille Gouverneur de Bourgogne de faire fortifier cette Ville, et ce fut en exécution de ses Ordres que l'on fit démolir l'Eglise de la Madeleine et tous les bâtiments en dépendants pour faire un Boulevard en la place où ils étaient.
C'est ce qui obligea le Commandeur et les Frères Hospitaliers de venir s'établir dans la Ville au lieu où ils sont à présent, et où le Roi François Ier fit bâtir de ses deniers l'an 1516 l'Eglise qui y est.
Ce lieu appartenait originairement aux anciens Vicomtes de Dijon, et ils y avaient leur logement ; mais comme dans la fuite du temps, Guillaume de Pontarlier fils de Guillaume de Champlitte Seigneur de Pontarlier céda à Robert II, du nom, Duc de Bourgogne, l'an 1176, la Vicomté de Dijon et droits en dépendants pour la Seigneurie de Magny-sur-Tille, et à condition que la Maison, la Chapelle et tout le « Meix » de la Vicomté lui demeureraient en propre et à ses descendants ; ce lieu fut depuis appelé le Meix Magny, à cause qu'il était possédé par les Seigneurs de Magny descendus de Guillaume de Pontarlier. C'est pourquoi lorsqu'au mois de Novembre 1429, Guy et Jean de Pontarlier Seigneurs de Magny, vendirent à Jean Bonnot Maître des Comptes du Duc de Bourgogne à Dijon cette même Place avec ses dépendances, ils la nommèrent le Meix Magny ; ils la vendirent cinq cents vingt livres tournois, et obligèrent l'acquéreur de fonder une Messe à perpétuité, qui ferait célébrée tous les jours dans la Tour ou Chapelle dite de Saint Bénigne.
Le 28 Décembre de l'année suivante 1430, Jean Bonnot fit donation de cette place et de ses dépendances aux Maître et Frères Hospitaliers de la Madeleine, alors établis au Faubourg de Saint Pierre de Dijon, à condition seulement de faire célébrer cette Messe quotidienne et perpétuelle dans la Tour ou Chapelle de Saint Bénigne.
Le Contrat de vente du Meix-Magny, faite à Jean Bonnot par Gui et Jean de Pontarlier porte, que ce Meix consistait en Maisons, Jardins, Cloison, et une Tour où Saint Bénigne fut mis en Chartre, et reçut son Martyre, le tout contigu aux murs, et étant enclavé dans les murs devant le Chastel de Dijon, tenant d'une part par la Tour de la Chapelle Saint Bénigne au Meix du Temple de Dijon ; d'autre part à la rue par laquelle on va à une poterne, et à la rue des Frères Mineurs, aboutissant par devant sur la rue par laquelle on va à la poterne du Bourg, autrement la portelle de Saint Etienne. Ce qui fait voir que la Tradition a toujours été que la Tour qui servait de Chapelle aux anciens Vicomtes dans le « Meix Magny », et qui reste encore aujourd'hui toute entière derrière la Commanderie de la Madeleine, est le lieu où Saint Bénigne a été emprisonné, et où il a perdu la vie pour Jésus-Christ, suivant qu'il est rapporté dans les Actes du Martyre de ce Saint. Lieu par conséquent qui pour avoir été consacré par le sang de ce glorieux Martyr Apôtre de Dijon, ne peut y être en assez grande vénération, comme l'on ne peut aussi assez louer la piété de Guy et Jean de Pontarlier, d'avoir obligé Jean Bonnot acquéreur de leur Maison et de cette Chapelle, d'y fonder à perpétuité une Messe quotidienne ; et la fidélité de Jean Bonnot, en ce que par le Contrat de l'an 1430, il a expressément obligé les Maitre et Frères de l'Hôpital de Saint Jean de Jérusalem, de célébrer cette Messe dans la même Chapelle qui serait nommée la Chapelle de la Chartre Saint Bénigne.
On voit encore par le même premier Contrat de vente, qu'outre la Commanderie des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, il y en avait une autre à Dijon qui appartenait à l'Ordre des Chevaliers du Temple, et qu'elle était située hors et prés les murs de l'ancien Dijon, au midi de la Tour ou Chapelle de Saint Bénigne, dont on vient de parler; ce que l'on voit encore mieux par plusieurs actes et traités passés dès le treizième siècle, entre les Abbés de Saint Etienne et les Commandeurs du Temple de Dijon. On voit aussi par d'autres Actes de cette Abbaye qu'il y a eu autrefois une autre Commanderie des Chevaliers du Temple, en la Paroisse de Fauverney à deux lieues de Dijon. Ces deux Commanderies du Temple ont été supprimées ensuite de l'extinction de l'Ordre des Templiers par le Concile General de Vienne, tenu l'an 1311, en sorte néanmoins que les biens appartenant à la Commanderie du Temple de Dijon, ont été unis au grand Prieuré de Champagne des Hospitaliers de Saint Jean, et ceux de la Commanderie du Temple de Fauverney à la Commanderie de la Madeleine de Dijon, laquelle pour cette raison a été souvent appelée la Commanderie du petit Temple de Dijon.
Sources: Claude Fyot de la Marche, Ressayre, Couvent des Grands Augustins. Histoire de l'Eglise abbatiale et collégiale de Saint Etienne de Dijon. Avec les preuves et le pouillé des bénéfices dépendants de cette abbaye (Livre numérique Google)
Domecy-sur-le-Vault (89)
Domus Hospitalis Domecy-sur-le-VaultDépartement: Yonne, Arrondissement et canton: Avallon — 89
Domus Hospitalis Domecy-sur-le-Vault
Les Templiers, dit M. Courtépée, auraient eu un grand établissement sur cette paroisse en un lieu aussi appelé le Sausse.
Il se trompe probablement. Le Saulce d'Island est citué à quelques kilomètres au sud-ouest.
Il ajoute: ce qu'il y a de positif, c'est que la commanderie de Pontaubert y avait une chapelle et des propriétés.
Jocelin de Vault, eut le domaine de Vault de Lugny comprenant le territoire de Pontaubert jusqu'à Avallon, avec Magny. Il le donna aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Fond commanderie d'Island, Dommercy, 1215.
Sources: César Lavirotte — Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne — Membre de la Société française pour la conservation des Monuments — 1852.
Domecy-sur-le-Vault, canton d'Avallon
— Decimiacus, VIe siècle (Bibliothèque historique de l'Yonne, tome I, page 332)
— Domeciacum, XIVe siècle (Pouillé du diocèse d'Autun)
— Dommece, 1215 (Commanderie d'Island)
— Domecy-sur-le-Vault, 1519 (Chapitre d'Avallon)
— Domecy-sur-le-Vault-de-Lugny, 1543 (Rôles des feux du baillage d'Avallon, archives de la Côte-d'Or)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Yonne, rédigé par M. Max. Quantin. Paris Imprimerie Nationale M. DCCC. LXII.
Dominipech (47)
Commanderie de DominipechDépartement: Lot-et-Garonne, Arrondissement: Marmande, Canton: Seyches, Commun: Saint-Salvy - 47
Commanderie de Dominipech
L'église de Saint-Vincent changea souvent de nom au cours des siècles, surtout pour se distinguer de Dominipech, petite commanderie hospitalière de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Les deux églises sont nées d'un échange entre l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, devenu l'ordre de Malte, (probablement de la commanderie de Nomdieu), ayant cédé ses rentes de Dominipech au duc d'Aiguillon, ce dernier fit construire les deux églises, en échange de cette concession.
Cette maison de l'Hôpital était un membre de la Maison de Brulhes et avait la haute justice sur les territoires et le village de Dominipech.
Nous n'avons pas la date de la donation ou de l'acquisition de cette importante Maison.
Une discussion contre « noble et puissant homme, Honorat de Savoie, comte de Villars et seigneur de Montpezat, » qui disputait au commandeur la haute justice de la ville de Dominipech, fut terminée par une sentence du Présidial d'Agen, qui, le 15 novembre 1557, consacra les droits de l'Ordre sur cette juridiction.
Commandeurs de Dominipech
1505. Pierre Raffin.
1509. Hugues d'Albinh.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse - Toulouse - 1883.
Dominipech
Du Temple-sur-Lot dépendait la paroisse de Dominipech, située dans la juridiction de Montpezat. Le commandeur étant prieur primitif de l'Eglise en nommait le vicaire perpétuel. L'abbé de Clairac prenait le douzieme de la dime du blé et le marquis de Montpezat faisait rente au commandeur de 20 sacs de blé, 10 d'avoine, 10 livres d'argent, cinq paires de chapons et autant de poulets.
Dans le procès-verbal de visite de 1724 (1), il est dit que le commandeur a le droit de percevoir dans toute la paroisse de Roubillon le quart de la dîme, « de toutes sortes de grains, vin, chanvre et lin. » L'autre quart était pris par le curé de Roubillon pour le service de la paroisse et, la moitié restante revenait à la chapelle de saint-sernin de Toulouse. Le 27 septembre 1767 le membre de Dominipech contient en fonds reconnus « une cartérée deux quartonats, sept picotins et demi à raison de deux quartons bled, deux quartons avoine, cinq sols argent et une paire de poules par carterée, » (Dominipech n° 1061)
1. Ordre de Malte, visites, n° 423.
Sources: Revue de l'Agenais et des anciennes provinces du Sud-Ouest, 39e année, janvier-février 1912, pages 424-425. Agen 1912 - Bnf
Dominipech, écrin de culture et fierté locale
Publié le 10/06/2017 par Jean Escodo
L'association les Amis de Dominipech, présidée par Marc Pénnicaud, autour de l'église de Dominipech superbement rénovée, vestige de plus de dix siècles de la commanderie de l'Ordre des hospitaliers, y organise aujourd'hui, une fête culturelle. « Les Amis de Dominipech souhaitent donner vie et faire découvrir au plus grand nombre de personnes ce lieu historique qui appartient au patrimoine culturel du Lot-et-Garonne. Cette église, sauvée des ronces, a été tellement bien restaurée qu'il importait pour notre petit village rural de lui donner vie régulièrement. Le Conseil municipal y avait convié la population pour la cérémonie des vœux en janvier », explique la très engagée secrétaire, Colette Visintin. Les visiteurs auront la possibilité de se procurer l'essai de l'historienne Maryvonne Girou sur Dominipech.
Sources: Journal Sud-Ouest Dominipech
Voir des images de Dominipech
Dommartin (01)
Domus Hospitalis DommartinDépartement: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Bâgé-le-Châtel — 01
Domus Hospitalis Dommartin
— Parrochia Domni Martini de Larrona, Donni Martini de Larona; Sanctus Martinus de Larona, Sanctus Martinus de la Rena; S. Martinus de Larena; Dommartin de Larenay.
— Paroisse sous le vocable de saint Blaise.
— Un pouillé de la fin du XIIIe siècle indique un prieuré à Dommartin-de-Larenay et donne aux religieux de Saint-Pierre de Mâcon le patronage de son église. Ces religieux s'étaient associés en pariage, en 1208, Ulric, sire de Bâgé, dans la possession et la juridiction de ce qu'ils possédaient à Dommartin, à la charge d'être défendus et protégés par lui. Cette association fut confirmée, en 1235, par Renaud de Bâgé. Nonobstant ces deux actes, je crois que les pouillés du XIVe au XVIIe siècle attribuent ce patronage, avec plus de raison, au prieur de Nantua, car, au mois de mai 1272, ce prieur approuva une transaction faite au sujet des dîmes de la paroisse, entre Humbert, prieur de Treffort, qui dépendait de Nantua, et Jean de Genost, damoiseau, administrateur de la maison des hospitaliers de Tessonges. Au dernier siècle, le chapitre de Bourg nommait à la cure, qui lui avait été unie.
— Au mois de juin 1239, Gilet de Saint-Cyr, damoiseau, vendit aux hospitaliers d'Epaisse les droits qu'il avait sur un mas situé à Dommartin.
— En 1340, ces mêmes hospitaliers acquirent tous les revenus, les services et les usages qu'y possédaient Gui de Chavannes, chevalier, et Catherine, son épouse.
— Cartulaire de Savigny et d'Ainay, page 928, 979, 1007 et 1016.
— Archives du Rhône, fonds de Malte, titres de Tessonges et d'Epaisse.
Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.
Dompierre-de-Chalamont (01)
Domus Hospitalis Dompierre-de-ChalamontDépartement: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Pont-d'Ain, Commune: Pont-d'Ain — 01
Domus Hospitalis Dompierre-de-Chalamont
— De Domno Petro, de Dompero, Dompierre.
— Paroisse sous le vocable des SS. Pierre et Maurice.
— Les abbés de Chassagne, les hospitaliers des Feuillets et les moines de l'Ile-Barbe jouissaient aussi de quelques droits dans cette paroisse ; les premiers par concession d'Etienne, sire de Villars, en 1474 ; les seconds par vente à eux consentie, en 1268, par Berlion de Braonna, chevalier, et les derniers en vertu d'une acquisition faite, en 1273, de Guillaume Delter.
Archives du Rhône, Inventaire de Malte, les Feuillets, tome III, page 28.
Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.
Dompierre-en-Chalamont, commune du canton de Pont-d'Ain
— De Don Pero, 1299-1369 (Archives de la Côte-d'Or, B 10455, folio 59 r°)
— Dont Piero, 1341 environ, (Terrier du Temple de Mollissole, folio 17 r°)
— Dompiero, 1314 (Ibidem, folio 26 v°)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Ain, rédigé par M. Edouard Philipon. Paris, Imprimerie Nationale MDCCCCXI.
Dompierre-les-Ormes (71)
Domus Hospitalis Dompierre-les-OrmesDépartement: Saône-et-Loire, Arrondissement: Mâcon, Canton: Matour — 71
Domus Hospitalis Dompierre-les-Ormes
Dompierre-les-Ormes, ancien établissement des Hospitaliers, fondé par le seigneur de ce lieu, avec fief et chapelle appelés l'hôpital de Bois-du-Lin.
Sources: César Lavirotte — Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne — Membre de la Société française pour la conservation des Monuments — 1852.
Bois-du-Lin
Bois-du-Lin, hameau commune de Dompierre-les-Ormes - 71
Domus Hospitalis Bois-du-Lin
— Domus Hospitalis de Bos Dolent, 1248 (Léopold Nièpce, Le Grand-Prieuré d'Auvergne, page 1243)
— Bois Dolyen, 1333 (Ibidem)
— Bost du Lain (Archives de la Côte-d'Or, C. 7443)
— Fief de Lespinasse, 1666 (Archives de la Côte-d'Or, C 2889, page 415)
— Bost du Lin, 1683 (Archives de la Côte-d'Or, C. 7433)
— Bois du Lain, 1783 (Ibidem)
— Bois du Lin, 1757 (Archives de la Côte-d'Or, C 3530, page 1180)
— Ancienne possession de la commanderie de Lespinassy, avec chapelle Saint-Jean Baptiste, membre en 1789 de la commanderie de Mâcon de l'Ordre de Malte (Niepce, page 319 et Coutépée, III, page 123)
Sources: Dictionnaire topographique de la France Comprenant les noms de lieux anciens et modernes CTHS
Donaison (La) (45)
Domus Hospitalis La DonaisonDépartement: Loiret, Arrondissement: Orléans, Canton: Châteauneuf-sur-Loire, Commune: Combreux — 45
Domus Hospitalis La Donaison
Le domaine la Donaison, situé sur la paroisse de Sury-aux-Bois, à deux lieues de Bellegarde, et trois lieues de Châteauneuf-sur-Loire, formait, au XVIe siècle, un immense parc renfermant une chapelle et deux fermes, dont l'une était appelée la Grande-Donaison, et l'autre la Petite-Donaison.
La chapelle était fort belle et avait saint Blaise pour patron.
Le parc contenait 27 arpents de pré, 700 arpents de terre labourable et 2.000 arpents de bois de haute futaie. Il était entièrement entouré de haies vives et de fossés, et tenait d'un coté à la terre du seigneur de Saint-Mesme, des autres côtés à la forêt d'Orléans.
La Donaison était probablement une portion de cette forêt qui en aura été détachée pour être donnée par quelque roi de France aux Hospitaliers, à l'effet d'en opérer le défrichement.
Le revenu de la Donaison, en 1560, ne dépassait pas 80 livres tournois. Il était, en 1662, sans y comprendre les bois, de 186 livres, et en 1788, de 600 livres.
Saint-Benoit
Domus Hospitalis Saint-Benoit
Un fief dépendait de la terre de Donaison, c'était le fief de Fourgauger, qui consistait en censives sur des terres et maisons à Saint-Benoit-sur-Loire.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Dorche (L'Hôpital de) (01)
Domus Hospitalis de DorcheDépartement: Ain, Arrondissement: Belley, Canton: Seyssel, Commune: Chanay — 01
Domus Hospitalis de Dorche
— Hospitium de Chanay; Hospitalis. L'hôpital de Dorches.
— Paroisse sous le vocable de saint Jean-Baptiste. Le commandeur de Compessière présentait à la cure.
— Cette paroisse, qui dépendait anciennement de Dorches, doit son origine à un établissement des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem mentionné dès le XIIe siècle, et auquel Guichard, sire de Beaujeu et seigneur du Valromey, fit un legs de 10 livres, vers 1195.
— Cet établissement dépendait de la commanderie Genevois ou Compessière. Je n'ai pu en retrouver les titres; je me borne donc à reproduire les renseignements consignés dans les procès-verbaux rédigés, en 1650, par les visiteurs de Malte: « Ce membre consiste en une église parrochiale dédiée soubz le tiltre de Sainct Jean-Baptiste notre patron, de laquelle le sieur commandeur est curé primitif et vray collateur...
— Ladite esglize dudit hospital de Dorche, size sur le penchant d'une colline, un peu esloignée du dict village d'Orche, de la longueur de huit cannes et deux et demi de large, le coeur voulté renfermé de barreaux de bois fermant à clef; un autel avec son tabernacle et au-dessus deux images relevées en bosse de Notre-Dame et de Saint-Jean, la nef couverte de paille, un clocher faict tout à neuf avecq une cloche que le feu sieur commandeur d'Esvieux a fait refondre à ses dépens, laquelle esglise est desservie par messire Pierre Perrinet, curé de Cratz. Les charges de ladite église sont d'administrer les sacrements aux paroissiens dudit lieu et de dire la messe les dimanches et festes de commandement, et n'y avoir que sept ou huict maisons dans ladite paroisse...
— Le revenu dudit membre arrive à 140 livres chacun an, les gages du curé payés. »
— L'hôpital relevait du fief de Chanay.
— En 1350, Amé VI de Savoie l'avait inféodé à Philippe de Bussi. Il ne comptait alors que neuf feux.
— Cartulaire de Beaujeu, page 51.
— Archives du Rhône, Visite de Malte, mss. H, 2167, fº 145.
Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.
Dorlisheim (67)
Commanderie de DorlisheimDépartement: Bas-Rhin, Arrondissement: Molsheim, Canton: Molsheim — 67
Commanderie de Dorlisheim
Fondée à peu près à la même époque que la maison de Colmar, la commanderie de Dorlisheim, ancien village des environs de Molsheim, et dont dépendait celle de Haguenau, fut moins importante. En 1367 cependant il s'y trouvait un personnel de 5 prêtres, 7 soeurs et II laïques. Au XVIe siècle à cette maison fut unie celle de Saint-Jean-de-Bassel en Lorraine.
Commandeurs
1. Philippus 1266. (Strassb. Urk.-B., I, page 457)
2. Heinrich, 1302. 1304. (Ibidem., II, page 148 et 166. de Meskirchen, 1288, 1313. (Hanauer, Cartulaire de Saint-George, page 567)
3. Hermannus dictus Juden, 1312. (Strassb. Urk.-B., III, page 219)
4. Herman de Mentze, 1314. (Hanauer.) Probablement le même que le précédent)
5. Joh. de Grumbach, 1314. (Ibidem, page 238.) 1317 (Hanauer)
6. Hug von Wasselnheifn, 1326. (Ibidem, page 342)
7. Johann de Grumbach, 1338. (Hanauer)
8. Rudolphus de Hochberg, 1330. (Hanauer)
9. Thomas de Grostein, 1331. (Urk.-B. der St. Strasburg, V, page 388) 1345. (Hanauer)
10. Eberhard de Landesberg, 1359. (Hanauer)
11. Johans von Grastein, 1371. (Urk.-B. der St. Strasburg, V, page 722.) 1360 (Hanauer)
12. Conrad de Pfaffenlapp, 1385-1386. (Hanauer)
13. Jean Schultheiss de Gebwiler, 1390. (Hanauer)
14. Jean Zuricher, 1396. (Hanauer)
15. Jean de Masevaux, 1408-1410. (Hanauer)
16. Reinbold zum Trubel, 1413-1438. (Hanauer)
17. Joa. Slader de Lachen, 1442-1457. (Hanauer)
18. Berthold Stehelin de Stockburg, 1464-1490. (Hanauer)
19. Jean Hegentzer, 1496-1506. (Hanauer)
20. Philippe Schilling. (Hanauer)
21. George de Hohenheim, 1533-1535. (Hanauer)
22. Oswald von Neuneck, mort en 1563. (Grandidier, Supplément aux Essais, page 115.)
23. Adolf von Rothenhausen, mort en 1584. (Grandidier, Supplément aux Essais, page 115.)
24. Albrecht von Rachenhausen, mort en 1595. (Grandidier, Supplément aux Essais, page 115.)
25. Frédéric baron de Schonau-Weyhr, 1782. (Almanach d'Alsace.)
26. Ferdinand baron de Hompesch, 1784-1797 (1). (Almanach d'Alsace.)
1. Dernier grand-maître de l'ordre. Cfr. la Revue nouvelle (d'Alsace-Lorraine, VII, page 241)
Nouvelles oeuvres inédites de Grandidier — Ordres Militaires et Mélanges Historiques, tome V. (Strasbourg). Edité à Colmar chez Huffel, Libraire-Editeur en M. D. CCCC.
Douai (59)
Douai et Saint-Samson
Souvenirs, quelques notes tirées des archives de la Maison du Temple de Douai et de l'Hôpital Saînt-Samson
Nous avons eu précédemment (1) l'occasion De signaler l'existence, aux Archives nationales à Paris, de plusieurs documents provenant de notre ancien hôpital de Saint-Samson, dont le souvenir n'est plus conservé chez nous que par le nom d'une rue ; nous émettions alors l'idée que les titres de cet hôpital étaient sans doute conservés dans le vaste dépôt de Paris, avec les archives de l'ordre de Malte. C'est ce qu'est venu récemment confirmer l'excellent travail publié sous le titre d'Inventaire sommaire et tableau méthodique des fonds conservés aux Archives nationales ; première partie, régime antéiieur à 1789, Paris, imprimerie nationale, 1871, in-4° ; on y voit non-seulement que les titres de propriété et les terriers de la maison de Saint-Samson de Douai se trouvent rangés dans le fonds de la commanderie de Laigneville (Oise), dont elle était en 1789 une dépendance ou un membre (colonne 570) ; mais on apprend en outre que les archives du Temple de Douai subsistent également, avec celles de la commanderie de Hautavesne (col. 572 et 573).
1. Note sur l'ancien hôpital Saint-Samson, page 167 du tome 8 de ce recueil, 1868.
L'étude de ces documents intéressants (2) pour l'histoire locale nous permet d'ajouter quelques pages à celles qui ont déjà été consacrées à la maison du Temple et à l'hôpital Saint-Samson de Douai.
2. Ils ont été explorés avant nous par M. E. Mannier, de la Bassée, pour son livre Les commanderies du grand prieuré de France, ordre de Malte, Paris, 1872, in-8.
§ I. Maison du Temple
Domaine du Temple de Douai
Quoique le fonds d'archives provenant de cette antique maison soit assez considérable, il est assurément plus curieux au point de vue de l'ensemble des renseignements qu'il donne sur l'histoire du pays et à cause de ses chartes en langue romane wallonne de la première moitié du XIIIe siècle, que pour les détails intimes relatifs à la maison de Douai, elle-même, à son origine et aux événements qui s'y sont accomplis.
Nos annalistes attribuent au comte de Flandre, Thierry d'Alsace, la fondation du Temple de Douai, qu'ils fixent au mois d'octobre 1155 ; aucun titre ne vient confirmer ni infirmer ce dire. Il y a bien deux chartes originales du XIIe siècle, émanées de ce prince : l'une, du 13 septembre 1128, à Cassel, par laquelle il donne aux Templiers son droit de relief sur les fiefs du comté de Flandre, en présence de Guillaume d'Ypres, d'Ivan de Gand, de Bauduin de Lens, sénéchal de Flandre, de Gunemer, châtelain de Gand, d'Hugues Campdaveine (comte de Saint-Pol), du comte Lambert de Montaigu, de Robert de Béthune, de Roger, châtelain de Lille, etc. (3) ; l'autre, sans date, mais postérieure à l'an 1133, et dans laquelle sont nommés : la comtesse Sibille (d'Anjou, qu'il épousa en 1134-ou 1135), le comte Lambert et son fils Conon, Ivan et son frère Raoul, châtelain de Bruges, Gilbert de Bergues, Anselme de Baliol et son frère Bauduin, Michel le connétable, Willaume de Saint-Omer, Robert de Lille, Henri de Bourbourg alii que quorum nomina non sunt scripta in libro hoc (4) ; mais le comte n'y parle que de certaines donations par lui faites aux chevaliers du Temple, notamment des reliefs des fiefs de son comté, et de manoirs situés à La Haye-lez-Lille (in Haga Insule), sans qu'il cite la maison de Douai.
3. Archives nationales, k 22, pièce n° 53. J. Tardif, Monuments historiques, cartons des rois, Paris, 1868, in-40, page 223. Cette charte est exposée dans le Musée des archives, n° 113. Elle était inventoriée dans le fonds de Hautavesne, liasse 7e n° 5.
4. Archives nationales, ordre de Malte, commanderie de Hautavesne, carton S 5209, pièce n° 12. Sceau perdu ; au dos du parchemin : » Dou reliex terre sue. »
Toujours d'après nos annalistes, le comte Philippe d'Alsace (1169-1191), fils et successeur de Thierry, à la demande de son neveu, Bauduin de Gand, commandeur de la baillie des maisons du Temple en Flandre, aurait donné, entre autres choses, les reliefs des fiefs mouvant du château de Douai ; ce qui du reste n'aurait été qu'une confirmation partielle de la donation de 1128. Les archives de la commanderie de Hautavesne ne contiennent rien de relatif à la libéralité qu'aurait faite le comte Philippe.
Le XIIIe siècle, au contraire, est largement représenté dans le chartrier de notre maison du Temple ; citons en première ligne un acte en langue romane de l'an 1220, rédigé selon ce vieux formulaire, si clair et en même temps si bref, qu'il est plus court de transcrire que d'analyser : Je Miroie, prieuse de Fosses, fac à savoir à tos ceus qui ces letres verront. Del descort qui estoit entre nos et les frères de Temple, dune rente que nos demandiens, en la rue des Wes sor les ostes del Temple, nos lor avons cuité. Là fui-je, et damoisele Ide, et damoisele Alis, et frère lehans, nos chapelains, et messire Willames, li prestres de Saint-Pierre, et frère Wallier, et frère Werinbals et Ernols Liblons. Actum : nn° m° cc° xx°. (5).
5. S 5208, n° 54 ; petite charte en parchemin, sceau perdu. Dans le fonds de Hautavesne la plupart des monuments sigillographiques sont détruits ou très détériorés.
A cette époque, on appelait rue des Wez, nonseulement la rue actuelle, mais aussi son prolongement dans la direction et le voisinage du Temple ; les ostes ou hôtes du Temple, c'étaient les tenanciers ou les propriétaires d'immeubles chargés de rentes et de redevances envers les Templiers ; l'un des témoins de l'acte, Ernoul Le Blond, appartenait sans doute à une famille dont on trouve, vers ce temps-là, plusieurs membres dans l'échevinage de notre ville. L'usage du roman wallon ou, comme on disait, de la langue vulgaire était encore si nouveau pour les actes écrits, que le scribe met la date en latin.
Les donations abondent au XIIIe siècle ; citons-en quelques-unes.
En juin 1213, Pierre Mulet ; de Douai, donne aux « vénérables frères de la milice du Temple » une rente de 12 sols, monnaie de Douai, sur la maison de Wautier de Faumont, hors la porte des Wez, extra porta Vadorum, et Godessende, veuve de Pierre Le Blonc, donne un ferton de rente sur la même maison. L'acte en latin est reçu par A., doyen de Saint-Pierre de Douai (6). Il s'agit sans doute ici d'une maison voisine du Temple. Rappelons que le ferton était la quatrième partie du marc ou de la livre ; il valait donc 5 sols douisiens.
6. S 5208, n° 53.
Au mois d'avril 1229, le chevalier Gossuin de Saint-Aubin et Agnès, sa femme, abandonnent une pièce de terre, sise en la paroisse de Coutiches, au lieu dit la Fosse Escumont, et tenue en fief du prévôt de Douai ; la terre est affranchie des charges féodales et abandonnée à un particulier qui sera tenancier du Temple (7).
7. S 5210, n° 17 ; petite bande de parchemin ; les sceaux qui pendaient, à simple queue, ont été arrachés.
En 1287, une dame nommée Isabeau, veuve du chevalier Gille de Wasiers, s'intitule consœur du Temple et obtient sa sépulture dans l'enclos de la maison, moyennant le legs d'une rente sur une pièce de terre sise à Waziers, près du Marais douaisien.
« Jou Ysabiaus de Wasiers, jadis feme à monseigneur Gillion de Wasiers, chevalier ki fu, cui Diex asoille, consuer dou Temple, ... faic me devise et men testament.... Je doune ... à le maison dou Temple de Douay, u jai demandée me sépulture, dis saus de par ...., sour deus rasières de terre ahanaule ... ki gissent tenant au Marès douesien ... Et tous les meules et les cateus, je les met ... en le main le maistre de le maison dou Temple d'Arras, Robiert d'Astices et Wautoul, men fil, et les prenc à testamenteurs (8) »
8. S 5210, n° 55 ; sceau, assez bien conservé, représentant une dame debout, tournée vers la gauche et lisant; légende: ..... e dame Isab.l. de. Wasiers.
Le gentilhomme ici choisi comme exécuteur testamentaire, Robert d'Astices ou d'Astiches, homme de fief du château de Douai, est nommé dans plusieurs titres de la maison, soit comme tenancier et surtout comme bienfaiteur du Temple. De concert avec sa femme Gillote, devenus tous deux, grâce à leurs bienfaits, lui confrère et elle consœur du Temple, il avait fondé une chapellenie en l'église Notre-Dame de la maison de Douai, où il avait obtenu d'être enterré, et sa femme auprès de lui. Dans des actes non datés, qui consacrent ces libéralités, les époux sont ainsi désignés : « Robiers d'Astices et Gillote , se femme », sans aucune qualification nobiliaire (9) ; mais peu de temps après, Robert d'Astiches étant parvenu à la dignité de chevalier, lui et sa femme reçoivent les titres de messire et de madame. Au mois de novembre 1296, alors que sa femme l'avait précédé dans la tombe, il voulut qu'un acte nouveau consacrât leurs libéralités antérieures : « ... Com il soit ensi ke me sire Robiers d'Astiches, cevaliers, et medame Gillote, sa femme ki fu, aient demandet leur chimitère à Nostre-Dame du Temple à Douway, très le vivant le devant dite me dame Gillotain, requis les orisons et les biens fais des maisons de le cevalerie dou Temple decha mer et delà mer, et parmi ces orisons requises, li devant dit me sire Robers et me dame Gillote, se femme, sont devenut comfrère dou Temple et ont juret à warder et à tenir le droit dou Temple. Il est asavoir ke li devant dis me sire Robers a donnet, pour Diu et en aumosne, a oeus une capelerie au Temple de Douway, là u il et li devant dite me dame Gillote, se femme, ont requis leur, sépulture, leur. ix. r. iij coupes et xlvj vergieles .... à Noyelle, con tient dou Temple »
9. La qualité ou le grade militaire d'écuyer n'était pas encors alors d'an usage fréquent.
Les services religieux qu'on célébrera dans cette chapelle seront dits à l'intention des fondateurs et de leurs parents trépassés, savoir : « Me dame Aelis de Helingnies, qui mère fu à Wérin, père le devant dit mon singneur Robert ; demisiele Gillotain ki mère fu à demisiele Jakemine, mère le devant dit Mgr. Robert ; Wérin et demisie Jakemine chi devant només ; Me dame Emme, castelaine de Raisce, santain ; les frères et les sereurs le devant dit Mgr. Robert; et Mgr. Gillon de Wasiers , cevalier qui fu. »
Etaient présents à l'acte de 1296, « frère Jehan de Honnechies , commandeur de le maison dou Temple de Douay, par le commandement frère Gillaume, commandeur de le maison dou Temple d'Arras, » et comme tenanciers ou tenant du Temple : « me sire Mikius, priestres dou Temple à Douway, Biernars Cateus, Jakemes Pilate et Jehans Damerin (l0) »
10. S 5210, n° 7 à 10 ; chirographes.
On retrouve, dans les chroniques de France et de Flandre, le nom du bienfaiteur du Temple : en 1297, lorsque la ville de Lille, assiégée par le roi Philippe-le-Bel, était défendue par Robert de Béthune, fils aîné du comte Guy de Dampierre, il y avait « un chevalier de Pevle (du Pevèle), qui estoit as draps (au service) Robert de Flandres et à sen conseil, et le nommoit-on Robert d'Astiches » ; celui-ci essaya de livrer la place au roi, mais il échoua, par le moyen d'une autre trahison ourdie dans le camp royal, et il fut jeté en prison par son maître. La ville s'étant rendue et les Flamands se retirant à Gand, « fist Robers de Flandres Robert d'Astiches carquier en un tonnel ; mais il crioit si fort, qu'il fut ouy des Franchois, et fu rescous (11). »
11. Recueil des histoires de France, tome XXI, pages 187-188, Paris, 1855, in-folio.
Au mois de marc 1286, c'était une bourgeoise de notre ville, Havis de Marke, qui s'était déjà faite la bienfaitrice du béguinage du Champ-Fleury (12), qui léguait une rente à Mikiel de Vilers, chapelain du Temple, par acte passé devant Bauduin, « doayns de le crestienté de Douay et curés de Saint-Aubin (13). »
12. Archives de la ville de Douai, layette 27, n° 181 de la Table chronologique.
13. S 5210, n° 47 ; sceau perdu.
A son tour, ce chapelain, « me sires Michius », légua au Temple ses maisons de la rue des Wez, « viers le Temple. » L'acte du 23 février 1300 (v. st.) est reçu par M Guillaume des Moeulins, lieutenant de Pierre de Dicy, gouverneur de l'échevinage de Douai « de par Je roy no singneur (14). » Notre ville était, en ce moment, au pouvoir de Philippe-le-Bel et les fonctions échevinales étaient remplis par un gouverneur royal.
14. S 5210, n° 40.
Nous terminerons nos citations par l'analyse d'un acte du mois de juing 1307, qui a attiré notre attention à cause des noms de Templiers qu'il relate.
Frère Guillaume, « commanderes des maisons de le chevalerie dou Temple en le baillie d'Arras, » donne en arrentement perpétuel le saut du moulin que la maison de Douai possédait à Lambres : étant présents « comme frère ; Frères Simons d'Arras, frères Denis de le Gorghe, a donc commanderes de le maison dou Temple de Douay, frères Pieres de Haynau, a donc portant les clés de le maison dou Temple de Arras, mesire Jehans Coffrenes, messire Jehans de Honnechies, a dont capelain de nos maisons d'Arras et de Douay, Jakemes de Seclin, adonc clers dou Temple, et pluiseur autre homme (15). »
15. S 5210, n° 2 : copie délivrée sous le sceau du commandeur de Douai ; ce sceau manque.
Ce qui rend d'autant plus curieux l'acte du mois de juin 1307, c'est qu'il n'est antérieur que de quelques mois à la catastrophe subie par cet ordre fameux et que par conséquent ses signataires ont du être impliqués dans le grand procés qui s'ouvrit cette année-là.
Dans ce qui a été publié jusqu'ici des pièces du procès des Templiers, on rencontre les noms dès frères Guillaume et Simon d'Arras (16). Vers l'an 1299, frère Guillaume Le Normand, commandeur de la baillie d'Arras (frater Guillermus Normannus, preceptor ballivie), aurait présidé, en la maison d'Arras (in domo Templi Attrebatensis), à l'une de ces monstrueuses cérémonies, aussi déshonorantes pour celui qui s'y soumettait par peur, que pour ceux qui les ordonnaient ou qui en étaient témoins. Frère Simon d'Arras (frater Syrnon dicte domus) aurait été l'un des assistants.
16. Michelet, Procès des Templiers, tome I, 319, Paris, imprimerie royale, 1841, in-40.
Aucun des personnages ci-dessus nommés ne se retrouve parmi les Templiers, au nombre d'environ 600, qui étaient encore prisonniers à Paris en 1310 (17). On sait d'ailleurs qu'un certain nombre avait pu se dérober par la fuite et que plusieurs de ces malheureux succombèrent dans les tortures, peu de temps après leur arrestation.
17. Michelet, Procès des Templiers, pages 102 à 111.
Il est souvent question, dans nos livres d'histoire locale (18), d'une prétendue Relation de l'inquisiteur qui aurait été l'un des commissaires chargés d'instrumenter à Douai contre les Templiers, au mois d'octobre 1309 ; or, pas un seul des frères cités en l'acte du mois de juin 1307 ne figure dans le document, que nous avons déjà considéré d'ailleurs comme le produit d'une petite supercherie historique (19) ; quant aux personnages qu'il qualifie « Templiers, des maisons de Notre-Dame et de Saint-Samson de Douai », ils sont purement imaginaires.
18. Plouvain, Souvenirs, Douai, 1822, in-12, pages 479-480. — Dubois-Druelle, Douai pittoresque, Douai, 1845, in-40, page 49, note 16, et pages 51-53. — L'abbé Dancoisne, Mémoires sur les établissements religieux, page 601-606 du tome IX, 2e série, des Mémoires de la société académique de notre ville, Douai, 1868, in 80.
19. Pages 169 note 3, 173 et 176 du tome 8 de recueil (1868).
Le Temple de Douai, après la suppression de l'ordre, était passé entre les mains des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem , et comme ceux-ci possédaient déjà, dans notre ville, la maison de Saint-Samson, ainsi que nous le verrons dans le paragraphe suivant, l'administration de l'ancienne maison du Temple fut confiée au religieux qui, depuis plusieurs années déjà, était commandeur de Saint-Samson.
Cette pratique, qui faisait du Temple, quoique bien plus richement doté, une sorte d'annexe de Saint-Samson, continua sous le commandeur subséquent ; mais plus tard, vers 1330, le Temple reprit son rang, et à son tour, il imposa, durant quelque temps, son commandeur à la maison de Saint-Samson.
Bien que nombreux, les actes de la fin du XIVe siècle n'offrent qu'un intérêt très restreint pour l'histoire intérieure de la maison de Douai, quelques noms de religieux de l'ordre, voilà tout ; ce sont en grande majorité des contrats d'intérêt privé passés devant le bailli et les tenanciers qui formaient la cour temporelle du Temple de Douai. Les religieux possédaient en effet, aux environs de notre ville, de nombreux domaines, mais comme ceux-ci étaient éparpillés dans beaucoup de villages, l'apparence seigneuriale faisait défaut aux possessions du Temple.
Le document le plus curieux du XVe siècle est l'inventaire de la maison, dressé en 1424 (20). Il y a aussi une pièce relative à un enfant de Douai, qui fut chevalier de Jérusalem, et à sa famille ; c'est le testament de Jehan du Hem, écuyer, seigneur d'Auby en partie (cinq fois chef du magistrat ou maire de notre ville, eu 1420, 1427, 1430, 1434 et 1437), passé devant échevins de Douai, le 10 novembre 1434 ; le testateur, prévoyant le cas où son autre fils mourrait sans enfant, veut que ses biens « retournent à messire Grard du Hem, son fil, chevalier de la religion de Saint-Jehan de Jherusalem, ou cas qu'il en pouroit joyr (21). »
20. Il a été publié par M. Mannier, les Commanderies etc.
21. S 5211, n° 35 ; vidimus de chirognaphe, délivré le 22 janvier 1438, vieux style, par Jean Ségard, prètre, curé d'Osircourt, notaire public du diocèse d'Arras, à la requête de noble homme Evrard du Hem, en présence de Jean Courtois, prêtre, curé de Dourges, et de noble Philippe Barré, clerc.
Un acte des archives de la ville nous apprend que ce chevalier était commandeur de Fontanet en 1443 ; il transigeait alors , « par le gré, licence et auctorité de frère Guillaume Caoursin, comme lieutenant de Mgr le grant prieur de France, » avec ses frères utérins, Jacques et Jean Picquette, écuyers, au sujet du testament de leur mère, « feue madame Marguerite Pourchel, dame de Frémicourt (22). »
22. Guilmot, premiers extraits ms, pages 200 et 201, d'après le registre aux contrats de 1412-1441, folio 90 v°, aux archives de la ville.
C'est vers le commencement du XVIe siècle que les chevaliers de Jérusalem paraissent avoir déserté la maison de Douai, d'ailleurs déchue de son titre de commanderie et réunie à celle de Hautavesne en Artois. Dès lors, simple résidence d'un bailli ou même d'un fermier, le Temple ne se distingue plus que par son aspect pittoresque et surtout par son église ; il cesse d'être, à proprement parler, une maison religieuse. Aussi quand, vers 1620, le P. Buzelin, dans sa Gallo-Flandria, énumère une à une les communautés de notre province, le passe-t-il sous silence (23) ; il constate seulement, à propos des monuments de notre ville (24), qu'il subsistait, de son temps, des vestiges du Temple, à savoir l'église et quelques édifices.
23. Douai, 1625 in-folio ; voir livre II, pages 268 à 430.
24. Voir livre 1er, page 164 B.
Voici quelques noms de préceteurs et commandeurs et de baillis tirés en grande partie des archives de la maison.
Liste de precepteurs Templiers du Temple de Douai
— Frère Jehan de Honnechies. 1296. (En juin 1307, un Jean de Honnechies était chapelain des maisons d'Arras et de Douai)
— Frère Denis de Le Gorghe. 1307, juin.
Liste de commandeurs Hospitaliers
(De 1317 à 1325, c'est le commandeur de Saint-Samson)
— Frère Leurent de Zélande, commandeur de la maison jadis du Temple de Douai. 1335.
— Frère Nichole de Buiepiont, alias de Buymont, commandeur de la maison du Temple de Douai, « de Le Haie (lez-Lille), de Haute-Avennes et des appartenances d'icelles. » 1337,1340.
— Frère Pierre Floris, commandeur des maisons du Temple et de Saint-Samson de Douai, 1368 (25).
25. Archives départementales, à Lille, fonds de l'abbaye de Flines.
Dans la première moitié du XVe siècle, réside longtemps au Temple de Douai frère Guillaume Caoursin, qui notamment dans un acte passé en notre ville, le 6 janvier 1425 (vieux style),
prend la qualité de gouverneur de la « baillie de Hault-Avesnes, pour et ou nom de Mgr. le grant prieux de France (26). »
26. Archives des hospices, fonds du S. Esprit, n° 683 de l'Inventaire de 1839 ; sceau et contre-sceau pendent à simple queue de parchemin.
Dans un autre acte, du 12 j uin 1434, il est ainsi désigné: « Religieux et honneste personne, frère Guillaume de Caourssin, de l'ordre de lospital saint Jehan de Jhlrm, commandeur du
Temple de Douai, garde et gouverneur de la commanderie de Haultavesnes, lieutenant et procureur de très honnouré et révérend seigneur, Mons. frère Hue de Sarcus, grand prieur dudit
hospital en France et commandeur de laditte commanderie de Hautavesnes (16). »
16. Archives de la ville, layette 237, n° 852 de la Table chronologiques.
Etant mort le 23 août 1452, il fut enterré dans l'église du Temple, sous une grande pierre bleue, actuellement conservée au Musée, et sur laquelle on lit ses titres de « commandeur de Mondidier, du Temple en Douay et de Dourges, gard et gouverneur de la commanderie de Hautavaines (27). »
27. Plouvain (Souvenirs, page 481) donne l'inscription d'une manière inexacte.
D'après son épitaphe et son sceau, il portait: De ... à la bordure engrêlée de ... et à la bande de ..., chargée d'une croix de Malte de ... et de trois fleurs de lys de ..., posées dans le sens de la bande.
Enfin frère Jehan Ladam est désigné dans différents actes comme gouverneur commandeur du Temple de Douai. 1491, 1494.
Liste de baillis du Temple de Douai
— Me Jehan d'Ongnies, receveur ; il était mort avant 1335.
— Gillot de Saint-Sanson. 1337.
— Jakemon de Béthune. 1340, 1344.
— Jehan Bailliu dit Le Fèvre. 1365, 1414. En 1403, il s'intitule bailli des maisons du Temple et de Saint-Samson de Douai, « membres de le baillie de Haultavesne. »
— Grardde Langle. 1455, 1473.
— Simon Turcquet. 1483.
— Roland de Le Moure. 1493, 1494. — Il fut aussi lieutenant-bailli de Douai.
— François Parmentier, conseiller en cour laye. 1508.
— Jacques Le Roy, conseiller en cour laye. 1515, 1519. — Il fut aussi procureur du roi à la gouvernance.
— Amé De le barre. 1541. — Il était greffier de la ville.
— Philippe Pinchon. 1546, 1556.
— Pierre Taffin. 1585.
— Jean Fercot. 1590, 1591. — Il fut aussi greffier du bailliage royal de Douai.
— Robert de la Fosse, écuyer. 1601.
— François Simon. 1689 (28).
— N.... Lemaire de Terriffossé. 1771 (29).
28. Archives des hospices, Saint Esprit, n° 685 de l'Inventaire.
29. Archives des hospices, Saint-Esprit, fonds de l'hôpital général, page 336 de l'Inventaite, n° 68.
§ II. Hôpital de Saint-Samson
Hôpital de Saint-Samson
L'origine de cette maison, qui remonte au commencement du XIIIe siècle, est parfaitement connue (30) ; quant à ses archives, très incomplètes et en assez mauvais état, elles n'offrent qu'un intérêt bien secondaire. Voici néanmoins l'indication de quelques actes du XIIIe siècle, passés durant le temps que les frères de Saint-Samson de Constantinople possédaient et dirigeaient l'hôpital de Douai (de 1225 environ, jusqu'en 1306).
30. Archives des hospices, Saint-Esprit, fonds de l'hôpital général, page 167 du tome 8 de ce recueil.
C'est d'abord l'inventaire des reliques qui, vers 1236, se trouvaient, dans la chapelle, renfermées dans une croix d'argent. L'acte, commençant ainsi: « Nos A., preceptor hospitalis sancti Sampsonis in Dimco, et fratres nostri » , se termine par la mention de l'apposition du sceau du chapitre (paginam istam sigulo capituli nri roboratam), lequel manque malheureusement (31).
31. Archives nationales, recueil de pièces, M M 873, n° 83.
Au mois d'octobre 1251, Marguerite , comtesse de Flandre et de Hainaut, confirme la donation (elemosina) que son cher cousin et féal Bauduin, empereur de Constantinople (imperator imperii Romanie) et comte de Namur, avait faite à la maison de Saint-Samson en Douai d'une rente de quinze livres sur les deniers qu'elle devait à son parent à Valenciennes (in concambio ville Valencen) (32).
32. Archives nationales, carton S 5042, pièce n° 16.
A propos de cette rente, nous avons relevé les mentions suivantes ; « On nos doit. xv. lib. de blans à Valencienes de no capalerie. »
Cœuilloir de S. Samson, vers 1263, petit registre en parchemin, S 5044, n° 3.
« A Valenchienes, sour les Haless, xv lb. dé blans que li quens de H.ynau a tollut, xxx ans a passés. » Cœuilloir, vers 1320, petit registre en parchemin, S 5044, n° 5.
Ce même empereur, de la maison de France-Courtenai, avait donné aux frères de l'hôpital de Saint-Samson de Constantinople la maison de l'hôpital de Namur, afin de soulager les infirmes, les pauvres et les passants ; étant en Italie, il avait écrit, le 11 juillet 1244, au maire de Namur, en le chargeant d'exécuter ses intentions (33). Nous ignorons si celles-ci ont été accomplies, et si l'on doit compter en Occident une seconde maison de l'ordre de Saint-Samson, dont celle de Douai était jusqu'ici la seule connue.
33. Bibliothèque de l'école des chartes, XXXII, 1871, page 218.
La majeure partie de la fortune de l'hôpital de Douai consistait alors, outre quelques parcelles de terre disséminées dans les environs, en rentes foncières sur un grand nombre de maisons de notre ville, et les libéralités des bourgeois venaient continuellement accroître la somme de ces rentes. C'est ainsi qu'en avril 1261, Wérin Mulet achète, « aoes le maison de Saint-Sanson, por le testament dame Ghersent Mulet, se mère, à pitance faire », une rente d'un marc sur une maison située « à Barlet » (34).
34. Archives nationales, carton S 5210, n° 36 ; ce chirographe a été placé par erreur, ainsi que plusieurs autres, dans les titres de la commaudcrie de Hautavesne.
L'hôpital avait aussi ses parts de moulins, sortes de propriété très recherchées au moyen-âge et même encore au siècle dernier ; comme l'une d'elles n'était pas bien déterminée, une transaction fut conclue, au mois de février 1262 (vieux style), entre l'hôpital et le principal propriétaire du moulin de la Poterne, l'un des deux qui existent encore aujourd'hui contre l'abreuvoir Saint-Nicolas (35). « Li frère de le maison Saint Sanson de Douay » prétendaient avoir, par an, quatre rasières de blé « sor le meulin de le Poterne derrière, ki est Baude d'Estrées » ; et ledit Baude « leur counissoit bien kil avoient le vintime à le mosnerie, sauf chou kil dévoient paier le vintime dou carpentage dou meulin, si ke coustume est. » Il fut, convenu que « li maisons aura, sor le meulin, deux rasières de bleit, sans nul coust metre », ce qui fut reconnu devant échevins, par frère Herbert, commandeur de la maison de Saint-Samson, « por lui et por tous les frères et les sereurs de le maison. » (36).
35. Plouvain, Souvenirs, page 677, n° 9 et 10.
36. Archives nationale carton S 5210, n° 39.
Nous savions déjà (37) que les femmes aussi étaient admises dans l'hôpital, du moins à cette époque.
37. Voir pages 173 et 174 du tome 8 de ce recueil.
Citons encore un échange fait, en présence d'échevins, entre notre hôpital et le couvent des frères mineurs, en 1272, au mois de june, au sujet de rentes foncières sur des maisons.
« Frère Hue de Cambray et frère Ansiaus de Cambray, frère de le maison de Saint-Sanson de Douay, ont quité et quite clamé, à le maison des fières menus de Douay, les V. (fertons) de parisis, par an, que li hospitaus Saint Sanson avoit de rente sour le maison ki fu Robiert Ki tout vent (qui vend tout), ki siet dehors le porte de Canteleu », c'est-à-dire près du couvent des frères mineurs. Et à son tour, « quite clame frère Willaumes de Courières, gardyens des frères menus de Douay, à le maison de Saint-Sanson, les v. f. de parisis de rente, que li frère menut avoient sour le maison Willaume Le Fiéron, ki siet à le fontaine au Havet (38), ki fu Biernart Criket, que Enmelos Crikès leur douna en se devise » (39).
38. Vers la rue actuelle du Gros-sommier.
39. Archives nationale, S 5210, n° 50.
Le contrat d'acquisition d'une maison joignant celle où résidaient les hospitaliers de Constantinople relate les noms de cinq d'entre eux : « Grars Li Leus et Emmelos Hadike, feme jadis maistre Baude de Le Piere, ont vendu à frère Rumack, commandeur et frère de le maison des frères de Saint-Sansson de Douay, frère Huon de Braibant, frère Jehan Caudron, frèreAnsiel de Cambray et frère Huon de Cambray, frères de l'ordène de le maison de Saint-Sansson de Douay, le maison ki fu maistre Baude de Le Piere, là u cele Emmelos maint au jour de hui, ki siet joingant le maison des frères devant dis, u il mainent, à iiij mars vj coupés d'avaine de rente par an, sour toutes rentes. » Passé devant échevins, en la Halle, l'an 1285 en octembre (40).
40. Archives nationale, S 5210, n° 45.
L'une des parties intéressantes de ce fonds d'archives, pour le XIIIe et le XIVe siècle, consiste dans cinq cœuilloirs de rente ou terriers ; l'un est en forme de rotulus (41) et les autres sont de petits registres en parchemin, dont le plus ancien a été confectionné vers 1265 (42), un autre vers 1290 (43), le troisième en 1307 (44) et le dernier vers 1320 (45).
41. Fragment en parchemin, vers 1107 ; carton S 5211, pièce n° 34 ; quoique provenant évidemment de S. Samson, il avait été inventorié, même avant la Révolution, parmi les titres de la commanderie de Hautivesne ; l'erreur de classement est donc ancienne.
42. Archives nationale, S 3044, n° 3.
43. Archives nationale, S 3044, n° 1.
44. Archives nationale, S 5044, n° 2.
45. Archives nationale, S 5044, n° 5.
Le principal mérite de ces sortes de documents se concentre d'ordinaire sur l'ancienne topographie locale ; mais les nôtres, sans être absolument dénués d'intérêt, ne peuvent rivaliser, pour l'histoire des quartiers et des rues de Douai, avec les précieux cœuilloirs des archives des Hospices ; leur mérite est d'une autre nature, il consiste dans une série de renseignements concernant l'hôpital lui-même, ses habitants, ses bienfaiteurs. Ne voulant pas multiplier outre mesure les citations, nous nous contenterons de mentionner les faits suivants.
Du terrier de 1320, il résulte que les religieux possédaient à Douai, outre l'hôpital et la chapelle, un hôtel pour le commandeur de Saint-Samson qu'on appelait la Salle, une maison affectée aux femmes, ainsi que diverses propriétés dans la ville. L'état des revenus et des charges mentionne en effet, au nombre de celles-ci : « le retenage (46) de la maison dou commandeur, de l'hospital, de le maison des sereurs, de le capièle et des maisons qui sont aval le ville de Douay »
46. Entretien, réparations.
Du terrier de 1307, il ressort qu'au mois de décembre de cette année, l'hôpital était déjà passé de l'ordre de Saint-Samson à celui de Saint-Jean de Jérusalem. Voici l'intitulé du registre: « Chest li briés des rentes, des maisons ... ke li maisons del hospital Saint-Jehan d'outremer de Douay, ki jadis fu de Saint-Sanson, a en Douay ... Si fu chis briés fais et renouvelés en lan mil. ccc. et vij el mois de décembre »
Enfin le terrier de 1320 et une addition faits vers 1303 sur celui de 1265 nous donnent le nom du dernier commandeur de l'hôpital de Douai, appartenant à l'ordre de Saint-Samson de Constantinople, dit de Corinthe au moment de sa suppression: c'était frère Jehan d'Ippre , « commanderés de Saint-Sanson », cité dans des actes de l'échevinage du « jour S. Nicholai en yvier » 1303, du « lendemain de lan renoef en lanée devant dite » (2 janvier 1303, vieux style) et du « tierch jour de march » 1303 (v. st.) ; le même « frère Jehan, de le maison de S.-Sanson », stipulait en l'an 1306 au nom de l'hôpital de Douai.
Il était remplacé, à la date du 26 mars 1307 (v. st.), par « frère Rogiers dou Four, commanderes de le maison del hospital S.-Jehan de Jhérusalem à Douay (47). »
47. Chirographe passé devant échevins de Douai ; Archives nationale, carton S 5210, n° 48. On lit, au dos de ce titre, d'une écriture du XVe siècle: « A Saint-Sanson », et d'une écriture moderne : « Lagneville, S. Samson de Douay » ; néanmoins, il a été rangé, par erreur, parmi les titres de la commanderie de Hautavesne, comme s'il fût provenu du Temple de Douai.
Il n'est plus possible, en présence de documents aussi péremptoires, de ne pas ranger parmi les héros de roman un prétendu « frère Hugues de Coligny, bourguignon, maître de la maison du Temple de Saint-Samson de Douai », qui aurait été arrêté, avec trois autres frères, dans la maison de Saint-Samson, le 13 octobre 1307, et qui aurait comparu devant des juges le 20 et le 21 octobre 1309, toujours d'après la Relation de l'inquisiteur (48).
48. Pages 602 et 603 du tome IX, 2e série, des Mémoires de la société académique de notre ville.
Ajoutons que s'il eût jamais existé, ce personnage aurait fait parler de lui, attendu qu'il niait « le reniement du Christ », tandis que ce point était avoué par le grand-maître Jacques de Molay, lui-même, ainsi que par les autres dignitaires de l'ordre, qui donnaient de cette horrible cérémonie des motifs et des explications contradictoires (49).
49. Michelet, Procès des Templiers, voir passim ; voir aussi page 173 du tome V de l'Histoire de France (Paris, Furne, 1844, in-8) de M. Henri Martin, qui analyse et résume, de la manière la plus remarquable, les pièces du plus grand procès du moyen-âge.
En renvoyant à ce que nous avons dit sur l'histoire de l'hôpital Saint-Samson, depuis sa réunion à l'ordre de Malte jusqu'à la Révolution (page 167 du tome 8 de ce recueil), nous terminerons cet article en donnant quelques noms de commandeurs.
Liste de commandeurs de Saint-Samson de Douai
Chevaliers de Saint-Samson
— A. , « preceptor hospitalis sancti Sampsonis in Duaco » Vers 1236.
— Frère Herbert. 1262.
— Frère Rumack 1285.
— Frère Jeha h de Le Landiete.
— Frère Jehan d'Ippre. 1302, 1303, 1306.
Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem
— Frère Rogier dou Four, « commanderes de le maison del hospital S.-Jehan de Jhérusalem à Douay. » 1307 (v. st.) 26 mars.
— En 1309, il est appelé « frère Rogier. »
— En 1317, le 25 mai : « Frère Rogier de Douay, commanderes de la maison jadis du Temple de Douay et de Corbry » ; il stipule « par le conseil des frères et des sereurs et de chiaus qui sont dou consel de le maison. »
— En 1318 (v. st.), au mois de mars: « Frères Rogiers, humles commanderes de le sainte maison Monsr Saint-Jehan de Jhérusalem à Douay, jadis de Saint-Sanson, et des maisons jadis dou Temple de Douay et de Corbriu. »
— Id., le 8 septembre 1322.
— Frère Mahius de Viniers, « commanderes de la maison qu'on dit de Saint-Sanson à Douay et des maisons jadis dou Temple de ce même lieu et de Corbriu ; » il stipule « par le conseil des frères et des habitants en ladite maison, qui sont du conseil de ladite maison. » 1325, avril.
(Après lui, ce sont les commandeurs de la maison du Temple qui, pendant longtemps, régissent aussi celle de Saint-Samson)
— Frère Jehan Ladam, commandeur de l'hôpital de Saint-Samton et gouverneur de la maison et seigneurie du Temple. 1494.
— Frère Pierre Le Nepveu, « entremecteur et administrateur de la commanderie de Saint-Samson. » 1564. Il eut des démélés avec les échevins, parce qu'il prétendait s'affranchir de l'obligation de tenir la maison à usage d'hôpital (50).
50. Archives de la ville, layettes 237 et 261, et n° 1601 de la Table chronologique.
— Frère Claude Le Goix, « servant d'armes, de l'ordre de Saint-Jehan de Jherusalem, commandeur de Saint-Samson » Les pièces du scandaleux procès qui lui fut intenté, pour crime contre les mœurs, sont conservées aux archives municipales ; dans l'interrogatoire du 15 novembre 1574, l'accusé déclare être « de Beaurains-en-Beauvoisis, de l'âge de 36 à 38 ans, fils de défunts Sébastien Le Goix, notaire royal, et Anne Porquet ; qu'il a servi sa religion depuis l'âge de 15 ans et qu'il a résidé à Malte 24 ans. »
Réclamé avec instances par ses frères de l'ordre, pour être jugé par eux, suivant leurs privilèges, ordre de remise fut enfin donné par le gouverneur de la province, le 16 mars 1576, « sans le pooir distraire hors dudit lieu en aultre, et aussy à condition que la justice s'en fera en ladite ville, pour meilleur exemple, lorsque son procès sera parinstruict. »
D'après les lois d'alors, et aussi d'après un projet de sentence, trouvé dans les pièces du procès que, par ordre supérieur et vu la gravité de l'affaire, lui avaient fait, « par main commune », les échevins et les officiers de la gouvernance, il encourait le supplice du feu. On ignore ce qu'il devint (51).
51. Archives de la ville, layettes 237. L'analyse donnée au n° 1680 de la Table est inexacte.
— Frère Jehan Boullet, « servant d'armes de l'ordre S. Jehan de Jerusalem, commandeur de S. Sampson. » 1584 (52).
52. Archives de la ville, layettes 261, n° 1720 de la Table.
Dans les siècles suivants, il n'y a plus, à proprement parler, de commandeurs de Saint-Samson de Douai, mais des commandeurs de Ligneville.
Sources : M. Félix Brassart. Souvenirs de la Flandre-wallonne : recherches historiques et choix de documents relatifs à Douai et à la province, publiés par une réunion d'amateurs et d'archéologues, page 58 à 82, tome treizième. Douai, Paris 1873 - BNF
Dreux (28)
Domus Hospitalis de DreuxDépartement: Eure-et-Loir, Arrondissement et Canton: Dreux — 28
Domus Hospitalis de Dreux
A trois cents mètres de la ville de Dreux, sur le chemin qui conduit à Nogent-le-Roi, les Templiers possédaient d'après le Livre-Vert, un fief nommé le fief de la Croix de la Chapelle-Saint-Denis, qui se composait d'une maison, de quelques terres et d'une chapelle dédiée à Saint-Denis, avec une place contenant en superficie trois arpents, où se tenait, le 9 octobre de chaque année, une foire appelée la foire de Saint-Denis.
La maison et les terres avaient appartenu aux Templiers, comme on le voit par des lettres de l'official de Dreux du mois de juin 1285, par lesquelles Pierre de Chauvel, bourgeois de cette ville, avait donné aux frères du Temple en France, pour leur maison de La Croix, près Dreux, quelques rentes et des vignes qui se trouvaient dans la censive du prieur de Saint-Léon.
La chapelle et le droit de foire avaient été donnés par Robert Ier, comte de Dreux, en 1179, non pas comme on l'a dit aux frères de l'Hôpital de la ville de Dreux, mais bien aux frères de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, sans aucun droit de paroisse pour la chapelle, et avec faculté pour la foire de la tenir ouverte pendant trois jours.
Le Livre-Vert résume ainsi l'état et le revenu de la maison de Dreux en 1373:
« La maison de Dreux, membre de Champaignes, de l'Ospital ancien, où y a chappelle: XIII arpens de vigne dont VII en désert pour les guerres, qui pevent valoir par an, VIII livres xv sous tournois.
La foire de Dreux, le jour de Saint-Denis, valant chascun an LX s.
III arpens de gros pré non fauché passé XII ans et baillies pour pasturaiges a bestes I demi-franc.
III arpens de petit bois qui ne vault chascun an que le cens du seigneur, néant.
Une petite disme de vin demi-franc.
Cens à plusieurs termes, LXXV sols tournois.
Somme du revenu tant en argent comme en aultres choses, XVI livres X sous t. »
Les droits de la foire de Saint-Denis rapportaient en 1539 au Commandeur, quinze livres tournois.
En 1590, on contesta au chevalier de Vigracourt, commandeur de La Villedieu et desservant de la chapelle de la Groix-Saint-Denis, le droit, pendant les trois jours de la foire, de juger ou de connaître des différents qui pouvaient s'y passer, et d'y faire exercer la justice par ses officiers et à son profit.
Ce droit lui fut retiré pendant quelques années, mais restitué ensuite sur sa plainte, en vertu d'une sentence du bailli de Dreux, rendue à la requête du procureur du Roi, le 8 octobre 1592, confirmée par arrêt du parlement de Paris le 3 octobre 1604.
L'Hôpital possédait encore à Dreux, dans la rue Perée, deux maisons que frère Jean Lemaire, commandeur de Saint-Victor, acheta le 26 février 1410, l'une de Pierre Eauqueterre, et l'autre de Jean de Postel. Une de ces maisons fut donnée en arrentement perpétuel le 12 avril 1437, par frère Chippot, commandeur de La Villedieu, à un nommé Guillet Mectret, à la charge d'un cens de quinze sols tournois par an.
La maison de Dreux ayant été détruite pendant les guerres du XVe siècle, les terres qui en dépendaient furent données à cens. Il ne restait plus au siècle dernier que le champ de foire que l'Hôpital affermait 12 livres tournois, et la chapelle de Saint-Denis, pour le service de laquelle le commandeur de La Villedieu donnait 20 livres par an au curé de Saint-Jean de Dreux.
Ancien Commandeur de la Croix-de-Dreux
1375. Frère Jehan du Tremblay.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Drudas et Puysegur (31)
Domus Hospitalis DrudasDépartement: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Cadours — 31
Domus Hospitalis Drudas
Le plus ancien acte que nous aient conservé les archives de Drudas est un acte de 1293, par lequel Bertrand Jourdain chevalier du Roi et seigneur de Launac et Armand d'Esparviers partagèrent les fiefs qu'ils possédaient par indivis dans ce territoire.
Pelleport
Domus Hospitalis Pelleport
Il est probable que le second, déjà bienfaiteur de l'Ordre, se dessaisit bientôt après de sa portion du territoire de Drudas en faveur de l'hôpital de Pelleport.
En effet, quelques années plus tard nous trouvons le précepteur de cette maison possédant Drudas en paréage avec les seigneurs de l'Isle.
La seigneurie spirituelle de cette paroisse et la perception de ses dîmes étaient partagées entre les Hospitaliers et les chanoines de Saint-Etienne de Toulouse. Aussi, quand il fut nécessaire de pourvoir à la reconstruction de cette église, le syndic du chapitre et le commandeur donnèrent ce travail à l'entreprise au prix de 1,600 livres, les habitants se chargeant des charrois et des manoeuvres (1524).
Burgaud
Domus Hospitalis Burgaud
Le commandeur du Burgaud, était aussi seigneur spirituel de la paroisse voisine de Puységur, qui ne fut pendant longtemps qu'une annexe de celle de Drudas.
Liste des Commandeurs du membre de Drudas
1532-1533. Guillaume de Grons.
1533-1534. Guillaume de la Roque.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883
Druillat (01)
Druillat, commune du canton de Pont-d'Ain.Département: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Pont-d'Ain — 01
Domus Hospitalis Druillat
— Durlies, Durrlies, Durille, Durlya, Durlia, Druylles, Drouillard, Druliat, Drulliat.
— Paroisse sous le vocable de saint Georges.
— Dès le commencement du XIIIe siècle, les Templiers y possédaient une maison appelée le Temple de Molissole, qui passa, après leur suppression, aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Archives du Rhône, titres de Malte.
Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.
Druillat, commune de Pont-de-l'Ain
— Durlies, 1250 (Pouillé de Lyon, folio 12 v°)
— De Durlia, 1341 environ (Terrier du Temple de Mollissole, folio 16)
— De Drulia, 1350 (Archives du Rhône, titres des Feuillées)
— De Druliaz, 1350 (Ibidem)
Des les premières années du XIIIe siècle, les Templiers possédaient dans cette parroisse une maison connue sous le nom de Temple de Mollissole, qui passa aux chevaliers de l'ordre de Malte après la suppréssion de l'ordre du Temple. C'était avec les Hospitaliers un membre de la commanderie des Feuillées.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Ain, rédigé par M. Edouard Philipon. Paris, Imprimerie Nationale MDCCCCXI.
Druillets (01)
Domus Hospitalis DruilletsDépartement: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Pont-de-Veyle, Commune: Saint-Jean-sur-Veyle — 01
Domus Hospitalis Druillets
— Apud li Drulley.
— Les Hospitaliers de Tessonge étaient possessionés dans ce hameau dès 1306.
Archives du Rhône, fonds de Malte, titres de Tessonges, chapitre I, nº 5.
Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.
Durbans (46)
Commanderie de DurbansDépartement: Lot, Arrondissement: Figeac, Canton: Livernon, Commune: Reilhac — 46
Commanderie de Durbans
Durbans, c'est une petite circonscription que l'Ordre de Saint-Jean possédait dans le Quercy et dont nous ignorons l'origine. Elle comprenait les châteaux et les juridictions de Durbans et de Salomès, et la seigneurie spirituelle des paroisses voisines d'Espedaillac et de Grèzes.
— 1307. Donation par noble Géraud de Sonac à l'hôpital d'Espedaillac de rentes sur le tènement de Cloup.
— 1447. Arbitrage entre Pierre de Montlezun, Commandeur de Durbans, et noble Raymond de Cardaillac, seigneur de Cardaillac et de Thémines, au sujet de certains fiefs situés dans Espedaillac.
— 1490. Coutumes octroyées aux habitants de Salomès.
— 1526. Accord entre le commandeur et les consuls d'Espedaillac au sujet des droits d'usage et dépaissance.
— 1548. Nouvel accord entre les mêmes: les consuls reconnaissent que leur communauté doit payer au commandeur une redevance annuelle de 13 setiers de froment.
Liste des Commandeurs de Durbans
1448-1456. Pierre de Montlezun.
-------1483. Antoine de Murat.
1509 1513. Claude de Poitiers.
1514-1515. Gaston de Verdusan.
1518-1519. Gabriel de Pomeyrols.
1524-1539. Bertrand du Rousset du Colombier.
1545-1547. Jacques de la Touge-Lafaige.
1548-1588. Charles d'Urre-Ventarol, Grand-Prieur de Saint-Gille.
1623-1626. Honoré de Quiqueran-Beaujeu.
-------1610. Melchior de Barras-Clamens.
1655-1656. Chrétien de Mont.
1657-1641. Marcel de Galleau-de-Casteauneuf.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883
Village de Durbans de nos jours
Durbans fait partie du canton de Livernon. C'est un petit village essentiellement rural appelé à un développement touristique certain, par la situation du terrain d'aviation de Figeeac-Livernon.
Durbans a de nombreuses possibilités de divertissement: monuments, grottes, fouilles, dolmens, circuits de randonnée, carrefour équestre.
Commanderie de Durbans — Sources: Office de tourisme intercommunal Vallée Causse Durbans
Le territoire actuel de la commune de Durbans faisait partie des terres dévolues à l'ordre des Hospitaliers dans la région. Un ordre qui possédait d'ailleurs une commanderie importante à Durbans, au lieu dit la Salle. La tour de ce qui est aujourd'hui une ferme et encore surmontée d'une croix de Malte et d'une fleur de Lys. Une manière de rappeler que c'est le roi de France, Philippe le Bel, qui fit la fortune des Hospitaliers, en leur donnant tous les biens et domaines d'un autre ordre, celui des Templiers. En effet Durbans était sur un domaine des Templiers établis ici en 1160. La commanderie passera à l'ordre de Malte (les Hospitaliers) en 1280.
Sources: Office de tourisme intercommunal Vallée Causse — Durbans