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Généalogies des Grands-Maitres Hospitaliers, Rhodes, Malte
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Hugues Revel. 9 octobre 1258 — 1 avril 1277

Hugues Revel, successeur de Guillaume de Châteauneuf, avait, avant son élévation au magistère, été successivement châtelain du Crac et grand-précepteur de l'Ordre.

Nous le trouvons, le 31 mai 1243 (1), investi de ce premier poste, qu'il semble avoir occupé de 1242 à 1247. En tous cas, le 18 novembre 1241, le châtelain du Crac était encore Arnaud de Montbrun, et le 7 août 1248 Revel était déjà remplacé par Jean de Bubie (2). C'est donc entre les dates extrêmes du 18 novembre 1241 et du 7 août 1248 que Revel peut avoir rempli les fonctions de châtelain du Crac. Que devint-il après les avoir cédées à Jean de Bubie ? On l'ignore ; mais ce qu'on sait, c'est qu'il ne quitta pas le poste de châtelain pour devenir grand-précepteur. La nomination de Revel, en effet, au grand-préceptorat n'est pas antérieure à 1250; elle se place entre le 11 février 1250, époque de la mort de son prédécesseur Jean de Ronay, qui fut tué à la seconde bataille de la Mansourah (3), et le 22 décembre 1253, date de la première mention qui le signale en cette qualité (4). Pendant cet espace de cinq années (1248-53) nous perdons absolument la trace de Revel. Il se peut que, durant ce laps de temps, il ait occupé sans interruption une dignité que nous ignorons, et à laquelle il fut appelé après avoir résigné le commandement militaire du château du Crac; il se peut aussi qu'il ait été successivement investi de la dignité dont nous venons de parler et qu'il l'ait échangée, au lendemain de la mort de Ronay, pour le grand-préceptorat. Quoi qu'il en soit, Hugues Revel figure comme grand-précepteur dans une série d'actes qui s'étendent du 22 décembre 1253 au 22 février 1257 (5). A la mort de Châteauneuf, c'est-à-dire dans le courant de l'année 1258, il devint grand-maître (6) ; son premier acte en cette qualité est du 9 octobre 1258 (7). Gomme ses prédécesseurs, Revel avait fait toute sa carrière en Orient, et l'Ordre, en fixant son choix sur lui, trouvait dans ce fait les garanties d'expérience militaire et administrative qui étaient plus que jamais nécessaires à son chef en présence de l'état menaçant et déjà presque désespéré des affaires de Terre Sainte.

Les historiens sont d'accord pour assigner au grand-maître Revel une origine dauphinoise (8). Son nom suffît à justifier leur affirmation (9), qui ne repose que sur une tradition constante. La similitude presque complète des armoiries du grand-maître avec celles de la famille dauphinoise du même nom peut également être invoquée pour fortifier l'opinion universellement admise, si toutefois — ce que nous ignorons — les armoiries du grand-maître se rencontrent sur des monuments assez anciens pour que leur présence sur ceux-ci ne puisse avoir été influencée par celles de la famille qui revendiquait l'honneur de le compter parmi ses ancêtres (10).

En prenant le pouvoir, Revel trouva la lutte entre les Vénitiens et les Génois virtuellement terminée; elle se perpétuait cependant encore partiellement, par suite des animosités qu'elle avait suscitées entre les seigneurs qui avaient pris parti dans la querelle. C'est ainsi que Bohémond d'Antioche, voulant punir les seigneurs de Gibelet de s'être déclarés contre lui, les attaqua, et retrouva naturellement ses anciens alliés, les Templiers, et ses anciens adversaires, Guillaume, sire du Botron, et l'Ordre de l'Hôpital. La campagne, commencée par un succès des partisans de Gibelet, prit fin par la mort de Bertrand, fils d'Hugues de Gibelet, que le prince d'Antioche fit surprendre et tuer par quelques paysans à ses gages aux environs de Tripoli (11). Peut-être faut-il considérer comme la suite de ces mêmes rancunes l'attaque dirigée par les Templiers, unis aux frères de S. Lazare et de S. Thomas, contre les Hospitaliers (1259), attaque qui se termina par une victoire éclatante de ces derniers et par le massacre presque complet des chevaliers du Temple (12).

Malgré cet épisode désastreux, la Terre Sainte était animée d'un réel désir de mettre fin aux discordes qui la déchiraient. Bien qu'en paix avec les Musulmans d'Egypte, les Chrétiens se rendent compte du péril de leur situation. Les Tartares s'avancent vers la Syrie; si le sultan parvient à les rejeter au delà de l'Euphrate, il redeviendra libre de diriger toutes ses forces contre les Francs, et n'y manquera pas ; si au contraire il est battu par eux, ce feront les Tartares qui envahiront la Syrie, et rien ne pourra résister à leurs hordes sauvages. Aussi voit-on se dessiner, parmi les barons de Terre Sainte, un groupement autour des seuls éléments de résistance sérieuse, c'est-à-dire autour des ordres militaires, et voit-on ces derniers, avec l'arrière pensée de s'unir contre l'ennemi commun, prendre les mesures nécessaires pour régler les conflits qui les divisent. Les premières années du magistère d'Hugues Revel sont occupées par une série d'accords et de transactions entre l'Ordre et ses voisins de Terre Sainte. En 1258, le Temple, l'Hôpital et les Teutoniques s'engagent à terminer par voie d'arbitrage leurs contestations en Syrie, à Chypre et en Arménie (13) ; cette convention porte ses fruits en mettant fin, le 23 janvier 1260, aux griefs réciproques des Templiers et des Hospitaliers au comté de Tripoli et dans la seigneurie de Margat (14). L'église de Tripoli renouvelle à l'Hôpital l'exemption de dîmes qu'elle lui avait consentie plus d'un siècle auparavant (9 décembre 1125) (15). Le prince d'Antioche confirme en avril 1259 l'accord qu'il avait conclu avec Guillaume de Châteauneuf en avril 1256, et le complète par la promesse de restituer aux Hospitaliers les maisons, terres et casaux séquestrés par lui, de leur payer une rente annuelle de 2000 anguilles, de leur reconnaître dans ses états la liberté de commerce sans droits à acquitter, et de soumettre à des arbitres la question des coutumes alléguées par eux à Antioche (16). Le premier mai 1262, ce même prince d'Antioche transige à nouveau sur les réclamations formulées par l'Ordre ; il en admet la légitimité, à condition qu'on lui reconnaisse la possession de la moitié de la seigneurie de Laodicée (17), et accepte la voie arbitrale pour résoudre toutes les difficultés qui surgiront à l'avenir entre lui et les Hospitaliers (18). Enfin la dame d'Adelon renonce à la rente que, par suite d'une convention antérieure, l'Hôpital lui servait, contre le versement d'un capital une fois payé (19).

Il n'est pas douteux que ces diverses transactions, bien que les actes qui nous les ont conservées soient muets sur le mobile qui les déterminèrent, furent inspirés par le désir des contractants de s'assurer la protection de l'Hôpital, à la veille des complications qui menaçaient d'entraîner la ruine de leurs biens et l'existence même des Latins de Syrie. D'autres actes, en effet, de teneur analogue, sont plus explicites, et ne laissent subsister aucune équivoque. Telles sont les dispositions prises par l'archevêque de Nazareth, dont le diocèse était presque entièrement aux mains des Sarrasins, et les revenus temporels par cela même gravement compromis. Nous savons qu'en juillet 1255 ce prélat avait loué pour dix ans aux Hospitaliers quatre casaux au Batouf, moyennant un loyer qui devait s'élever progressivement de 1 300 à 2 300 besants (20) ; le 24 octobre 1259, il renouvela cette location pour une durée de cinquante ans, à un prix moindre (2 000 besants), en spécifiant qu'en temps de guerre, si l'étendue des terres louées se trouvait inférieure à 170 et supérieure à 100 charmées, le prix de fermage serait réduit au prorata de la contenance cultivée, et que le bail deviendrait partiaire si l'étendue des terres exploitées descendait au-dessous de 100 charruées (21). En même temps, il affermait au grand-maître pour 14 000 besants le domaine de Nazareth avec dix-neuf casaux et gâtines, et s'engageait, si les revenus de la première année ne s'élevaient pas à cette somme, à supporter la moitié ou même la totalité du déficit; cette dernière clause montre l'embarras dans lequel il se trouvait, et son désir d'assurer à tout prix la mise en culture des terres (22). Il prenait également l'Ordre sous sa protection spéciale (23), et acceptait que la part des dîmes de Beauvoir due par l'Hôpital fût réduite au vingtième des céréales, légumes secs, vins et huiles (24). La conduite du seigneur d'Arsur fut, pour les mêmes motifs, identique à celle de l'archevêque de Nazareth. Les chroniqueurs disent qu'en 1261 Balian d'Ibelin vendit sa seigneurie d'Arsur aux Hospitaliers (25). Cette affirmation n'est pas absolument exacte, mais elle est très voisine de la réalité. Nous savons, en effet, qu'en 1261 Balian commença par abandonner à l'Ordre une rente de 4 000 besants, qu'il percevait sur divers casaux et biens, et dont la perception devait être fort aléatoire, en échange d'une rente fixe de 1 000 besants, que l'Hôpital lui assura (26) ; que, le 1 mai 1261, les Hospitaliers s'étaient substitués à lui pour recevoir le service féodal des vassaux de la seigneurie, le leur payer (27), et percevoir les amendes et confiscations dans la seigneurie (28); et qu'enfin, à une date qui se place entre le 28 octobre 1266 et l'année 1269, Hugues Revel prit Arsur à bail de Balian au prix annuel de 4 000 besants d'or (29). S'il n'y eut pas à proprement parler vente, les effets produits par cette location ne diffèrent pas sensiblement de ceux qu'eût fait naître la vente : les Hospitaliers se mirent aux lieu et place de Balian, mais ne parvinrent pas, quand Arsur fut attaquée (mars 1264) par les Musulmans, à la sauver comme l'avait espéré le bailleur (30).

Le même sentiment de concentration, en présence du péril extérieur, semble avoir inspiré les arrangements intervenus en 1262 entre l'Hôpital et le Temple. L'échec infligé près de Tibériade en 1260 aux Templiers, unis aux barons de Syrie, par une horde de Turcomans, qu'ils se proposaient de surprendre et qui les fit pour la plupart prisonniers (31), eut-il sur les dispositions des chevaliers du Temple à l'égard des Hospitaliers une influence conciliante ? Il est permis de le penser.

Devenu maître de la seigneurie de Beaufort, que Julien de Sidon lui avait vendue en 1261 (32), le Temple eut désormais pour objectif de consolider, à Beaufort et à Sidon, la position que lui créait cette acquisition, et se montra disposé à admettre les revendications des Hospitaliers partout ailleurs, pourvu qu'en échange la légitimité de celles qu'il formulait contre eux dans les territoires de ces seigneuries fût reconnue. Dans un premier accord, les Templiers renoncèrent à leurs droits sur le casal Cabor (au diocèse d'Acre), pour s'assurer la possession de biens contestés au Caymont et à la Fève, et surtout le casal Damor, à mi-chemin entre Sidon et Beirout (33); dans un second accord, ils abandonnèrent leurs prétentions sur Valénie, Margat et le casal Cafarsset, pour se faire donner en compensation trois charmées de terres à Cafarlet, un manoir à Sidon et tous les biens des Hospitaliers dans les seigneuries de Sidon et de Beaufort. Au prix de ces concessions, ils obtinrent que Hugues Revel renonçât aux réclamations que l'Hôpital formulait contre Julien de Sidon, auquel il demandait de tenir sa promesse de lui affermer Beaufort et Sidon (34). Ces points, qui leur tenaient fort à coeur, une fois réglés à leur satisfaction, les Templiers consentirent à rendre à Jean de Montfort, seigneur du Thoron, le casal d'Alma, que celui-ci leur avait échangé, mais sur lequel l'Hôpital élevait des prétentions, jusqu'à ce que la cour ecclésiastique ou la haute cour du royaume de Jérusalem eussent reconnu la légitimité des droits des parties (35); ils acceptèrent aussi l'arbitrage relatif aux moulins de Doc et de Ricordane, sur le fleuve d'Acre, qui mettait fin à un litige depuis longtemps soulevé à cette occasion entre eux et les Hospitaliers, et dont la solution, intervenue en 1235 (36), n'avait été ni acceptée ni observée par les intéressés (37).

Si les Chrétiens avaient pu, pendant cette période, prendre ces dispositions conservatoires, c'est que le péril qui les menaçait n'avait pas éclaté avec la soudaineté qu'ils redoutaient. En 1260, l'émir qui commandait les Musulmans d'Egypte, Bibars, avait réussi à battre les Tartares, à leur reprendre Damas et à les rejeter au delà de l'Euphrate. Ce succès lui avait assuré le sultanat (25 octobre 1260) et la libre disposition de ses forces contre les Francs de Syrie. Bien qu'en paix avec eux, Bibars, dès l'année suivante, commença à les attaquer, sous prétexte qu'ils n'observaient pas les conditions du traité conclu avec l'Egypte; en 1261 et 1262, il dirigea ses armes contre la principauté d'Antioche, qu'il pilla complètement et dont il réduisit un grand nombre d'habitants en captivité; mais l'approche des Mongols, appelés par le roi d'Arménie, l'obligea à se retirer; en 1263, il s'attaqua plus spécialement à la Palestine, malgré les efforts des Latins et les avances du comte de Jaffa et des Hospitaliers dans le but d'obtenir le maintien de l'état de paix. Parti du Caire en février 1263, il vint camper au Mont Thabor ; le péril qui menaçait l'abbaye et le pays environnant n'avait pas échappé à l'archevêque de Nazareth, qui, pour le conjurer, s'était plus étroitement encore rapproché des Hospitaliers, en faveur desquels il avait renoncé (8 février 1263) à tous ses droits de juridiction diocésaine (38). Mais la résistance était impossible : le sultan, après avoir fait détruire les églises de Nazareth, du Thabor et de Kaboul, ruiné toute la région entre Nazareth et la cote, apparut devant Acre en avril 1263 (39), au grand effroi des habitants, mais il n'osa attaquer la place, et regagna Jérusalem et de Là l'Egypte (40).

La campagne suivante (1264), que Bibars ne dirigea pas en personne, fut moins désastreuse pour la cause chrétienne. Si les Musulmans mirent à feu et à sang les environs de Césarée et d'Athlith (juillet 1264), ils essuyèrent quelques échecs partiels, parmi lesquels il faut signaler une razzia heureuse des Hospitaliers et des Templiers vers Leidjoun (10 janvier) (41), une autre aux environs d'Ascalon (15 juin), et une course contre Bessan (5 novembre), dans laquelle les Chrétiens, renforcés par les secours que leur avait amenés Olivier de Termes, firent un butin considérable (42).

Mais, à partir de 1265, chaque campagne est marquée par de nouveaux et importants progrès des Infidèles ; Bibars quitte chaque hiver sa résidence du Caire pour venir prendre le commandement de ses troupes, et son énergique impulsion, pendant les quelques mois qu'il passe en Syrie, inflige aux Chrétiens de sanglantes défaites. En 1265, il s'empare de Césarée (mars), et prend Arsur (26 et 29 avril) après un siège de quarante jours, malgré la défense opiniâtre des Hospitaliers, qui perdirent 90 des leurs et 180 prisonniers, emmenés en captivité au mépris de la liberté promise aux combattants par le vainqueur (43). En 1266, le sultan fait une incursion au comté de Tripoli, tandis que ses lieutenants marchent sur Tyr, sur Sidon et sur Athlith. Lui-même paraît devant Acre, puis à Montfort, et met le siège devant Safed, dont il s'empare (juillet 1266). Partout, quand une place tombe en son pouvoir, il fait raser les murailles, piller et détruire la ville, dévaster la région sans défense, et renvoie sans conditions les habitants, parfois même la garnison, à la côte. Il ruine ainsi méthodiquement le pays, et se retire après en avoir rendu la mise en défense impossible.

Les forces chrétiennes, impuissantes à résister aux attaques des Musulmans, tentent cependant, en octobre 1266, grâce aux renforts qu'Hugues III de Lusignan avait amenés à Acre, et à la coopération des ordres militaires, une démonstration vers Safed. Leur avant-garde, isolée au Carroblier (Tell el Charruba) dans la plaine d'Acre, est détruite, et le gros de leur armée subit ensuite une défaite complète (28 octobre), dans laquelle 45 chevaliers de l'Hôpital et leur grand-précepteur Etienne de Meses trouvent la mort (44). Pendant ce temps, le S. Siège ne cesse d'exhorter les Latins à se défendre et de leur annoncer la prochaine arrivée des secours de l'Occident. Saint Louis, en effet, et le margrave Othon III de Brandebourg se préparent à passer en Orient (lettre du 25 juillet 1265). Quelques mois plus tard (1 février 1266), ces assurances restant lettre morte, Clément IV écrit qu'elles ne sont que différées, et que le roi de France ne secourra la Terre Sainte qu'après avoir établi son frère Charles d'Anjou sur le trône de Sicile. Aucune de ces promesses ne se réalisant, la situation des Chrétiens devient de jour en jour plus critique et la catastrophe plus imminente (45).

L'année suivante (1267), le sultan se montre devant Acre et Safed, puis se dirige sur Tyr. Effrayé, Philippe de Montfort, seigneur de Tyr, traite, et obtient une paix de dix ans contre paiement d'une indemnité aux enfants d'un émir que ses sujets avaient mis à mort. Les Hospitaliers de Margat, à l'exemple du seigneur de Tyr, concluent également avec Bibars un traité, par lequel ils renoncent aux tributs annuels qu'ils percevaient des Musulmans d'Hamah, de Chaisar, d'Apamée, de Boukbis et d'Aintab (46). En 1268, Bibars envahit la partie méridionale du royaume de Jérusalem. Il attaque et prend Jaffa le 7 mars, malgré la paix précédemment consentie par les Sarrasins au comte de Jaffa, Jean d'Ibelin, paix que la mort de celui-ci (1266) avait, au dire du sultan, rendue caduque. Le 15 avril, Chakif Arnoun subit le sort de Jaffa. Le mois suivant, Bibars paraît au nord de la Syrie, assiège Antioche et s'en empare (15-19 mai). Satisfait de ses succès, il consent à traiter avec Hugues III de Lusignan pour les royaumes de Jérusalem et de Chypre sur les bases suivantes : paix conclue pour dix ans, reconnaissance du statu quo ante pour Acre, son territoire et trente bourgades dépendantes, maintien de Caifa avec trois bourgades et d'Athlith avec cinq bourgades aux Chrétiens, le reste de ces territoires étant partagé entre eux et lui, attribution aux Musulmans de toute la région de Koraïn sauf dix bourgades laissées aux Francs, partage du Carmel par moitié, abandon de la plaine de Sidon aux vaincus, la région montagneuse restant aux vainqueurs (47). Il consent également à traiter avec le seigneur de Safita, auquel il impose la condition que les Hospitaliers renonceront à Gibelet (48), et enfin avec Bohémond VI d'Antioche, qu'il affecte de ne considérer que comme comte de Tripoli, la principauté d'Antioche étant tombée et devant rester aux mains des Musulmans.

La situation des Chrétiens à ce moment était presque désespérée. Ils occupaient encore Acre, Château Pèlerin, Tyr et Sidon, et avaient une trêve avec les Musulmans pour Beirout ; mais autour de ces localités ils ne possédaient plus qu'un territoire restreint. La perte de la principauté d'Antioche avait reculé la frontière chrétienne au sud de celle-ci; les châteaux de Margat, du Crac et de Belda (Baldeh), devenus les points d'appui de cette nouvelle « marche », protégeaient les possessions de la côte. Les Hospitaliers en avaient assuré la défense et y consacraient des sommes considérables. A Acre, ils avaient également fait d'importantes dépenses pour mettre la ville en état de résister aux attaques de l'ennemi ; pour les couvrir, Hugues Revel, en exposant les malheurs de la Terre Sainte, fit un pressant appel à la générosité de ses chevaliers du prieuré de S. Gilles et un tableau complet de sa détresse financière. L'Arménie, ruinée par la sécheresse, évacuée par ses habitants que le sultan menaçait, ne lui fournissait plus rien ; d'Espagne il ne recevait que quelques bestiaux; en Italie, et surtout en Pouilles, l'attitude prise par Philippe d'Egly avait amené la ruine des maisons de l'Ordre. Cet ex-prieur de France, dont les malversations avaient compromis les finances de ce prieuré, avait, en se prononçant en faveur de Charles I d'Anjou, attiré sur l'Hôpital dans le royaume de Naples les représailles des ennemis du régime nouveau et amené la destruction des établissements des Hospitaliers dans le sud de la péninsule italique. L'état de guerre qui régnait en Toscane avait produit pour les commanderies de cette région un résultat analogue. Le prieuré de France, endetté par Egly, éteignait ses dettes et n'envoyait aucun subside ; les responsions d'Angleterre étaient fort diminuées par les guerres qui désolaient le pays. Seules les ressources tirées des prieurés de S. Gilles et d'Auvergne, du bailliage d'Allemagne et, pour une faible part, d'Angleterre, devaient faire face à toutes les dépenses de l'Ordre. Peut-être cet exposé était-il, au moins en ce qui concerne la pénurie du trésor de l'Hôpital, trop poussé au noir. Il n'en révèle pas moins l'état précaire de la cause chrétienne, les difficultés de toute nature que traversait l'Hôpital, et l'imminence pour les Latins d'une crise décisive (49).

Le sultan, en accordant aux princes chrétiens la paix qu'ils avaient sollicitée, n'entendait pas être lié par elle, et comptait la rompre à la première occasion favorable, un incident de frontière devant toujours lui fournir un prétexte suffisant pour reprendre les armes. Il trouva ce prétexte dès l'année suivante, et se mit à ravager les environs de Tyr,' assez mollement cependant, car les mouvements projetés des Mongols et l'annonce de la croisade du roi Jacques I d'Aragon l'inquiétaient.

A la fin de 1269, ce double péril était dissipé ; les Mongols n'avaient pas bougé, et l'expédition du roi d'Aragon, dispersée sur les côtes du Languedoc par une tempête, se réduisait à l'arrivée à Acre de quelques croisés espagnols. Bibars fit alors attaquer et battre les Chrétiens aux environs d'Acre par ses émirs, et dirigea contre Margat, défendu par les Hospitaliers, deux démonstrations infructueuses (fin décembre) (50). Le mois suivant (28 janvier 1270), il parut avec 200 cavaliers devant le château des Kurdes (Hisn el Acrad), repoussa une sortie de la garnison, dévasta tout le pays environnant, mais se hâta de regagner le Caire (25 mai) pour défendre l'Egypte, que le départ imminent de la croisade de saint Louis semblait menacer. On sait que le roi de France, au lieu de se diriger sur l'Egypte, fit voile vers Tunis, où il mourut le 25 août 1270. Bibars connut, le 23 septembre, la mort de saint Louis; mais, ignorant encore si de Tunis l'expédition ne se dirigerait pas vers les côtes de Syrie, il se porta sans retard vers Ascalon, qu'il détruisit, et dont il rendit le port inutilisable (25 septembre 1270). Quand il apprit, quelque temps après, la retraite définitive des croisés en Sicile et de là dans leur patrie, il quitta de nouveau le Caire (24 janvier 1271) pour recommencer la campagne contre les chrétiens de Syrie.

Résolu à la pousser vigoureusement, il ravage le comté de Tripoli, met le siège devant Safita (Castel Blanc), que les Templiers évacuent sans être inquiétés, et devant le Crac (Qalaat el Hosn) (23 mars 1271) (51) ; les forces des princes de Hamah et de Sahoun et du chef des Assassins se joignent aux siennes pour assiéger le château. Les Hospitaliers se rendent le 30 mars, et se retirent à Tripoli (7 avril). L'émir Sarem ed Din Kafour, nommé commandant de la citadelle, est chargé d'en relever les ouvrages de défense (52); les écrivains arabes nous ont conservé la lettre méprisante qu'il adressa à Hugues Revel : « Puisse le Seigneur te mettre au nombre de ceux qui ne se raidissent pas contre le destin et qui craignent de résister au maître de la victoire ! Nous lui mandons ce que Dieu vient de faire pour nous en cette occasion : tu avais fortifié cette place, tu en avais confié la garde à l'élite des frères de ton ordre. Eh bien ! Tout cela n'a servi de rien, tu n'as fait qu'avancer la mort des tiens, et leur mort sera ta perte » (53). La prise du Crac eut un grand retentissement en Orient; la place, dans une position naturelle déjà très forte, était devenue, grâce aux fortifications qu'y avaient élevées les Hospitaliers, un château qui semblait défier les attaques des Musulmans; la courte résistance qu'il leur opposa trompa les prévisions des Chrétiens. Avec le château du Crac tombait le point d'appui le plus solide des établissements qu'ils étaient parvenus à conserver dans la partie septentrionale de la Syrie ; sa chute livrait à l'ennemi le comté de Tripoli. Ce fut pour les Hospitaliers un désastre irréparable, tant au point de vue de leurs possessions personnelles, désormais sans défense, qu'au point de vue du prestige que leur Ordre s'était acquis en Terre Sainte; perdant le Crac, ils trahissaient la confiance que les Latins, en abandonnant à leur vaillance le soin de le défendre contre les Infidèles, avaient placée en eux.

En présence de cette catastrophe, Hugues Revel et les Templiers de Tortose comprirent que, n'ayant plus rien à espérer d'une diversion des Mongols et des secours de l'Occident, il ne leur restait qu'à solliciter la paix. Elle leur fut accordée pour les districts de Margat et de Tortose, mais refusée pour celui de Safita. Le sultan reprit aux Latins toutes leurs conquêtes antérieures, exigea qu'ils renonçassent à tous droits et redevances sur les contrées soumises à l'Islam, qu'à Margat aucune construction nouvelle ne fût élevée, et que le territoire et les revenus de cette ville et de ses environs fussent partagées par moitié entre lui et les Hospitaliers (54).

La campagne de 1271 se termina par de nouveaux succès de Bibars : siège et capitulation d'Accar (29 avril-11 mai), — prise d'Aleïka, forteresse des Assassins (23 mai), — siège et prise de Montfort (Koraïn), que les Teutoniques durent abandonner, (5-12 juin), — paix imposée au seigneur de Tyr, auquel on ne laissa que 15 bourgades autour de Tyr, le reste du territoire étant soit abandonné aux Musulmans, soit partagé entre eux et Jean de Montfort. Du côté des Mongols, les armes des lieutenants de Bibars furent également heureuses, et amenèrent l'année suivante (1272) la conclusion de la paix avec eux. Seule une attaque, tentée par la flotte du sultan contre l'île de Chypre, échoua (mai-juin 1271), mais cet échec était loin de compenser les pertes irréparables subies par les Latins.

Le prince Edouard d'Angleterre (55), qui avait abordé à Acre le 9 mai 1271 avec un assez grand nombre de croisés anglais, dut assister impuissant aux progrès de Bibars ; à peine put-il, dans l'automne de 1271, avec son frère Edmond, qui l'avait rejoint en septembre, surprendre un parti de Turcomans et lui infliger de graves pertes en hommes et en bétail. La faiblesse des Chrétiens étant évidente et l'alliance mongole incertaine, les habitants d'Acre firent des ouvertures de paix, que le sultan, toujours préoccupé des Mongols, agréa pour une période de dix ans. Le traité exemptait la plaine d'Acre, les localités et terres des alentours et la route de Nazareth de tout impôt et contribution de la part des Musulmans, et permettait aux pèlerins de visiter en sécurité les lieux saints de Nazareth et de Bethléem (22 avril 1272). On avait jusqu'ici cru que le prince Edouard n'avait pas adhéré à ces conventions, que son zèle belliqueux n'avait pu s'accommoder d'y souscrire, et on remarquait que son nom n'avait pas été prononcé par les historiens qui les avaient relatées. 11 semble bien cependant qu'il les ratifia ; une lettre postérieure (30 septembre 1275) de Hugues Revel à Edouard, devenu roi d'Angleterre, dit expressément que la trêve, consentie par lui, était encore en vigueur en septembre 1275, et enlève tout doute à cet égard (56).

Les années suivantes marquent un temps d'arrêt dans les conquêtes du sultan, dont l'activité se déploya ailleurs, contre les Assassins et la Cilicie. La campagne cependant, menée contre ce dernier pays en 1275, eut sur Laodicée une répercussion qu'il importe de signaler. Bibars réclama la moitié de Laodicée, et apparut devant Arkah pour soutenir ses prétentions ; effrayés, les habitants demandèrent la méditation du roi Hugues III, dont les bons offices obtinrent du sultan la conclusion d'un traité (6 juillet 1275) sur la base de la restitution de 200 prisonniers musulmans et du paiement par les Laodicéens d'un tribut annuel de 20000 dinars. En même temps, Bibars s'emparait après un long siège (14 novembre 1275) de la forteresse de Kosaïr (Caesara, Cursarium, Cursatum), située sur la route d'Antioche au Pont de fer, qui appartenait au patriarche d'Antioche et dont le S. Siège s'était efforcé de faire le centre de la défense dans cette région (57). Ce fut sa dernière conquête sur le territoire chrétien ; d'autres soucis et d'autres guerres attirèrent son attention ailleurs (58). Jusqu'à sa mort (30 juin 1277), les Chrétiens jouirent d'une tranquillité relative et s'appliquèrent à panser les blessures, malheureusement mortelles, que pendant quinze ans le fanatisme belliqueux du sultan n'avait cessé d'infliger à leurs établissements de Terre Sainte.

Au milieu de ces tristes événements, Hugues Revel ne cessa, par tous les moyens, de fortifier la position déjà très ébranlée de son ordre en Syrie. A Acre et aux environs, il acheta, échangea ou se fit donner des terres, des maisons et des rentes, dont l'ensemble ne laisse pas d'être important (59). A Tyr, il échangea à Philippe de Montfort une porte, que l'Hôpital possédait devant la maison conventuelle de Tyr, contre le casal Maron, une maison à Tyr et l'usage de l'eau de la fontaine Notre-Seigneur (juillet 1269); par ses soins ces avantages furent confirmés, d'abord par le roi de Jérusalem Hugues III (juin 1270), et après la mort de Philippe de Montfort, par le fils de celui-ci Jean de Montfort (1 janvier 1271) (60). Il obtint en même temps du nouveau seigneur la reconnaissance de toutes les possessions de l'Ordre dans la seigneurie (61), et la confirmation du casal Torciafé dans la seigneurie du Toron, dont Jean de Montfort était titulaire (62). A Gibelet, Guy II de Giblet lui donna le casal du Maouf (janvier 1274) (63), et, par son testament, plaça sa personne, ses biens et ses héritiers sous la protection directe de l'Ordre

(10 octobre 1274) (64). Profitant d'un prêt qu'il avait fait à Amaury Barlais, pour permettre à celui-ci de dégager des mains des Templiers le casal Arrabeh, Revel, en renonçant à sa créance, se libéra d'une rente de 2084 besants, que ses prédécesseurs avaient jadis consentie comme prix de la cession de Margat (3 mars et 9 novembre 1266) (65).

Près du Crac, il afferma à l'évêque de Bethléem le casal de Sikanie, qu'il était mieux en état de faire cultiver, sous la protection du châtelain, que n'eût pu le faire le prélat (21 décembre 1265) (66). Enfin, il profita de l'avènement de Bohémond VII au comté de Tripoli pour se faire confirmer une rente de 300 besants, contractée envers l'Hôpital par Bohémond VI, et pour prendre avec lui des arrangements relatifs aux fortifications élevées à Tripoli, du temps de Bohémond VI, sur des voûtes et fondations appartenant à l'Hôpital (10 mars 1276 et 1 avril 1277) (67).

En Occident, les progrès des Hospitaliers sont, comme sous le magistère précédent, sinon arrêtés, du moins presque insensibles, sauf dans les pays allemands qui, ne s'étant ouverts à l'influence de l'Ordre qu'à la fin du xne siècle, continuent, sous Hugues Revel, à suivre l'élan que ses prédécesseurs leur ont imprimé. La Suède, par la donation de Karleby (16 juillet 1266) , faite par le duc Berger Jarl aux Hospitaliers d'Eskilstuna (68), dont l'existence nous est connue depuis 1231 (69), prend rang parmi les nations de l'Europe septentrionale qui favorisent le développement de l'Hôpital. Dans la péninsule italique, si le zèle prématuré de Philippe d'Egly pour la cause de Charles I d'Anjou, frère de saint Louis, amena la ruine momentanée des maisons de l'Ordre au royaume de Naples, en revanche, l'appui que le nouveau roi de Naples ne cessa de trouver auprès des Hospitaliers porta ses fruits : ce prince, devenu maître incontesté de son royaume, leur témoigna sa reconnaissance en leur facilitant l'importation en Terre Sainte des céréales, vins et bétail qu'ils avaient coutume de tirer de l'Italie méridionale. En Provence une importante transaction (28 juillet 1262) intervint entre l'Hôpital et Charles I d'Anjou, alors simple comte de Provence, et réglementa les droits et les possessions réciproques de l'Ordre et du comte (70). En Quercy enfin, il convient de signaler la fondation de la commanderie des religieuses Hospitalières de Beaulieu (19 juillet 1259) (71), et en Savoie celle des Echelles (8 novembre 1260) (72).

Hugues Revel mourut en 1277, entre le mois d'avril et le mois d'août. Cette approximation nous est fournie par la date du 1 avril 1277, à laquelle il figure en qualité de grand-maître (73), et par la date du 3 août 1277, que porte un acte dans lequel Nicolas Lorgne, successeur de Revel, ne figure plus en qualité de commandeur de Tripoli (74), poste que nous savons qu'il occupa immédiatement avant son élévation au magistère (75). C'est donc dans cet espace de quatre mois que se place la mort de Revel et la transmission de ses pouvoirs à Nicolas Lorgne (76).

Les historiographes de l'Ordre ont porté, sur le magistère de Hugues Revel, un jugement favorable (77). Ils ont loué l'énergie avec laquelle, à la différence de ses prédécesseurs, qui s'étaient bornés à maintenir les bons usages de la maison, il réforma l'Hôpital en édictant des ordonnances nouvelles et utiles. Ces réformes sont, en effet, la caractéristique du gouvernement d'Hugues Revel; en huit années, de 1262 à 1270, six chapitres généraux furent, par ses soins, tenus à Acre (78), et chacun d'eux promulgua une série de décisions disciplinaires et réglementaires, qui témoignent du désordre qui s'était introduit dans l'Ordre et justifient l'épithète de « réformateur », donnée à ce grand-maître. Ces mêmes historiographes auraient pu également rapporter à Revel l'honneur, qu'ils attribuent à Nicolas Lorgne, d'avoir obtenu du S. Siège l'autorisation pour les chevaliers de porter en temps de paix un manteau noir, et à la guerre un surtout rouge avec une croix blanche (79). On ne peut que souscrire à ce jugement dans son ensemble : Hugues Revel, dans le désarroi intérieur et extérieur auquel l'Ordre était en proie, sut, par une direction énergique, ramener la discipline dans son sein et atténuer, dans la mesure du possible, la gravité des catastrophes dont l'Hôpital fut, de la part des Musulmans, la victime.
Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
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Les Notes
1. Cartulaire, II, nº 2296.
2. Cartulaire, II, nº 2280 et 2482.
3. V. plus haut, p. 196.
4. Cartulaire, II, nº 2662.
5. Cartulaire, II, nº 2662 et 2857.
6. V. plus haut, page 201.
7. Cartulaire, II, nº 2902.
8. Un seul généalogiste, S. Allais (L'ordre de Malte, 17), prétend que Hugues Revel appartenait à une maison illustre d'Auvergne.
9. Il y a trois localités de ce nom dans le département de l'Isère.
10. Le grand-maître portait : d'or au demi-vol de sable, et la famille Revel : d'azur à une étoile d'or, surmontée d'un demi-vol d'argent (Guy Allard, Nobiliaire du Dauphiné, 299 ; N. Chorier, Nobiliaire de la province de Dauphiné, III, 496 et IV, 282).
11. Gestes des Chiprois, 158-9. Il est assez difficile de rattacher Hugues et Bertrand de Gibelet à la généalogie très incertaine de cette famille telle qu'elle figure dans du Cange (Familles d'Outre-mer, 316-36). Il est encore plus difficile de faire concorder avec elle et avec la filiation de Hugues et de Bertrand, indiquée ici, les données d'un acte du 14 avril 1259 (Cartulaire, II, nº 2915), par lequel Hugues, fils de Bertrand de Gibelet, vend à l'Ordre son casal Boutourafig, et dans lequel Henri, seigneur de Gibelet, figure comme premier témoin. Ce qui cependant ressort de ce document, ce sont les bonnes relations, déjà signalées par les Gestes des Chiprois, qui régnaient à cette époque entre les Hospitaliers et les seigneurs de Gibelet.
12. Matthieu de Paris (Chronica Majora, V, 745-6) ne dit ni où ni à quelle occasion se produisit cette tentative des Templiers et le succès des Hospitaliers.
13. 9 octobre 1258. Cet acte fut confirmé par Grégoire X, le 13 mars 1270 (Cartulaire, II, nº 2902, et III, nº 3565).
14. Cartulaire, II, nº 2943.
15. 17 juillet 1259 (Cartulaire, II, nº 2921-2. Cf. Cartulaire, I, nº 72).
16. 19-21 avril 1259 (Cartulaire, II, nº 2916-7).
17. Cartulaire, III, nº 3020.
18. Cartulaire, III, nº 3022.
19. Cartulaire, II, nº 2732; 6 mars 1259 ou 1260 (Cartulaire, II, nº 2914).
20. Cartulaire, II, nº 2748.
21. Cartulaire, II, nº 2934.
22. 25 oct. 1259 (Cartulaire, II, nº 2936).
23. 24 oct. 1259 (Cartulaire, II, nº 2935).
24. 25 oct. 1259 (Cartulaire, II, nº 2937).
25. Estoire d'Eracles, 446; Annales de Terre Sainte, 450 (en avril 1261).
26. Cartulaire, III, nº 2972.
27. Cartulaire, Ili, nº 2985.
28. 5 septembre 1263 (Cartulaire, III, nº 3071).
29. Nous avons exposé (Cartulaire, III, nº 3037) les raisons pour lesquelles ce document non daté doit se placer entre 1263 et 1269. Arsur étant tombé entre les mains des Infidèles en avril 1264, il semblerait que cette date dût être resserrée et fixée à 1263 ou aux premiers mois de 1264, avant l'occupation musulmane. Rohricht (Heg. regni Hierosolymitani, nº 1313) propose la date de 1261 on s'appuyant sur le témoignage des chroniqueurs; mais il est impossible de l'admettre. Il est également impossible de placer cet acte avant la conquête de la ville par Bibars, puisqu'il est contresigné par le grand-commandeur Boniface de Calamandracen, dont le prédécesseur, Etienne de Moses, mourut le 28 octobre 1266. Quelque bizarre que puisse paraître cette location, faite postérieurement à l'occupation musulmane, elle ne peut cependant être fixée qu'entre le 28 octobre 1266 et l'année 1269.
30. Les Hospitaliers ayant continué à payer à Balian d'Ibelin le fermage de 4000 besants qu'ils lui avaient consenti, obtinrent en 1269 de celui-ci, à titre d'indemnité, la promesse d'une rente de 700 besants, assise sur le casal des Loges, quand la seigneurie d'Arsur serait rentrée sous la domination chrétienne. En même temps Balian renonça pour l'avenir à percevoir les 4000 besants, la possession des lieux loués ne pouvant plus être assurée aux locataires (Cartulaire, III, nº 3323 et 3326).
31. Gestes des Chiprois, 163-4; Estoire d'Eracles, 445 ; Annales de Terre Sainte, 450 ; El Aini (Ilist. orient, des crois., II, 1) 217.
32. Estoire d'Eracles, 445.
33. 27 et 31 mai 1262 (Cartul., III, nº 3026, 3027 et 3028).
34. 31 mai 1262 (Cartulaire, III, nº 3029).
35. 18 déc. 1262 (Cartulaire, III, nº 3044).
36. 25 juillet 1235 (Cartulaire, II, nº 2107 et 2117).
37. 9 juillet et 19 décembre 1262 (Cartulaire, III, nº 3032 et 3045).
38. Cartulaire, III, nº 3053.
39. Nous trouvons dans cette lettre, adressée par le légat en Terre Sainte, les chefs des trois ordres militaires et Geoffroy de Sargines, bail du royaume de Jérusalem, au roi d'Angleterre Henri III, le 4 avril 1263, la confirmation des progrès de Bibars, débarrassé du péril tartare, et de son apparition devant Acre (Rymer, Foedera, I, n, 54).
40. Voir, pour les campagnes de Bibars, Rohricht, Etudes sur les derniers temps du royaume de Jérusalem ; le lecteur trouvera là l'indication de toutes les sources que nous n'avons pas indiquées spécialement.
41. Cette localité est appelée le Lizon, Ligon et Lilion dans les récits occidentaux (Annales de Terre Sainte, 451 ; Marino Sanudo, 222). Les Chrétiens ne perdirent que deux ou trois hommes dans cette affaire.
42. Estoire d'Eracles, 449; Marino Sanudo, 220; Ann. de Terre Sainte, 451.
43. Estoire d'Eracles, 450; Marino Sanudo, 222 ; Makrizi, Histoire des sultans Mamlouks, I, n, 9-10; Chronica minor Erphordensis (Mon. Germ, hist., script., XXIV), 204; Annales de Terre Sainte, 452. Ces sources donnent les chiffres de 80 et 410 Hospitaliers ; ce dernier chiffre est certainement une erreur pour 90; il faut lire « IIIIxx et X » et non « IIIIc et X » Cf. sur la campagne de 1265 deux lettres de Clément IV (Cartulaire, IIII, nº 3128 et 3173).
44. Estoire d'Eracles, 445; Ann. de Terre Sainte, 453 ; Marino Sanudo, 222; Gestes des Chiprois, 182; Amadi, 208.
45. Cartul, III, nos 3172 et 3206.
46. Makrizi, Hist. des sultans Mamlouks, 1,11, 42-3. Le même auteur (ibid., 32) place vers 1266 une démarche analogue des Hospitaliers pour leurs territoires des environs d'Emesse et des montagnes des Assassins, démarche accueillie par Bibars aux conditions suivantes : la paix pourra toujours être rompue après dénonciation préalable; l'Hôpital renoncera aux tributs annuels qu'il tirait d'Hamah (4 000 pièces d'or), du canton de Boukbis près de Chaisar (800 pièces d'or), et des Assassins (200 pièces d'or et 100 boisseaux de blé et orge par personne). Il semble bien que dans les deux passages Makrizi ait voulu faire allusion au même traité, tant les conditions de l'un sont voisines de celles de l'autre, ou qu'à tout le moins la seconde convention soit la confirmation de la première.
47. Makrizi, Hist. des sultans Mamlouks, I, II, 56; El Aïni (Histor. orient, des crois., II, I, 236).
48. Reinaud, Extraits des historiens arabes relatifs aux guerres des croisades, 515. Les Hospitaliers, quoique en paix avec Bibars, consentirent à cet abandon dans l'intérêt général.
49. Cette lettre se place entre le 27 mai et le 30 juin 1268 (Cartulaire, IV, nº 3308).
50. Makrizi, Histoire des sultans Mamlouks, I, n, 78 et 80.
51. Weil, Gesch. der Chalifen, IV, 69-70; Makrizi, I, n, 85; El Aini (Hist. orient, des crois., II, i), 237; Aboul Fcda (Hist. orient, des crois., II, 153).
52. Les Gestes des Chiprois, 199, Marino Sanudo, 224, les Annales de Terre-Sainte, 445, disent que le siège dura du 18 février au 8 avril ; d'après Amadi (Chronique, 212), il se prolongea jusqu'au 18 avril. D'après Ibn Ferat (Rey, Etude sur les monum. de Varchit. militaire des croisés en Syrie, 66), le siège commença le 19 février, la ville basse se rendit le 4 mars, le bombardement fut ouvert le 21 mars, et la citadelle capitula le 30 mars. — La prise du Crac est également mentionnée dans l'Estoire d'Eracles, p. 460, dans Aboul Faradj, Chron. Syriacum, 547, dans Chronica minor Erphordensis (Monum. Germ. hist., script., XXIV, 209), dans Chronicon Sampetrinum Erfurtense, 101, et dans Jean d'Ypres (Martène, Thes. anecdoty III, 750); ce dernier chroniqueur confond le Crac des Chevaliers avec Karak dans la Moabitique.
53. Reinaud, Extr. des hist. arabes relat. aux guerres des crois., 525-6.
54. Makrizi, I, n, 85.
55. Pour tout ce qui concerne cette croisade d'Edouard, voir Rohricht, Etudes sur les derniers temps du royaume de Jérusalem, dans Revue de l'Orient Latin, I, 617-32.
56. Cartulaire, III, nº 3584.
57. Makrizi, I, n, 268. En 1256, le pape Alexandre IV avait affecté, pour une durée de trois années, la dîme des revenus ecclésiastiques de la province d'Antioche aux dépenses de fortification de cette forteresse. (Cartulaire, II, nº 2788).
58. Voir la lettre de Hugues Revel du 30 septembre 1275 (Cartulaire, II, nº 3584).
59. Dons à l'Ordre de biens et d'un cens annuel au Montmusard par Jean Grip d'Acre (14 avril 1260) ; de maisons à Acre par Gille, veuve d'Ildebrand (18 décembre 1261) ; par Saliba, bourgeois d'Acre (16 septembre 1264) ; par Isaac et Jacob, fils de Quemoine (28 août 1271) ; d'une rente par Marguerite, fille de Reynier de Confortanze (8 juin 1268) — (Cartulaire, II, nº 2949, et III, nº 3001 et 3105. Cf. nº 3263, 3429 et 3322). Achat par l'Ordre de maisons à Acre : de Matthieu Marmera (23 février 1266) ; de Richard l'Anglais, bourgeois d'Acre (9 et 25 août 1273) ; de Jean Anselme de Pise (28 octobre 1274) — (Cartulaire, III, nº 3207, 3254, 3522, 3227). Accord entre l'Ordre et l'église d'Hébronpour des maisons et des fours sis à Acre (janvier 1226) — (Cartulaire, III, nº 3202).
60. Cartulaire, III, nº 3342, 3393, 3408.
61. Cartulaire, III, nº 3408. Cet acte est particulièrement intéressant parce qu'il énumère les biens des Hospitaliers dans la seigneurie de Tyr.
62. Cartulaire, III, nº 3409. Ce casal avait été donné à l'Hôpital par la princesse Alix d'Antioche, en septembre 1232 (Cartulaire, II, nº 2223).
63. Cartulaire, III, nº 3526.
64. Cartulaire, III, nº 3550.
65. Cartulaire, III, nº 3213-4 et 3236.
66. Cartulaire, III, nº 3198.
67. Cartulaire, III, nº 3595 et 3621.
68. Cartulaire, III, nº 3226.
69. Cartulaire, II, nº 1995.
70. Cartulaire, III, nº 3035.
71. Cartulaire, II, nº 2923.
72. Cartulaire, II, nº 2965.
73. Cartulaire, III, nº 3621.
74. Cartulaire, III, nº 3628.
75. Cartulaire, III, nº 3571.
76. Si on admet le témoignage d'Amadi (Chronique, 214), qui signale, le 7 juin 1277 (date confirmée par les Annales de Terre Sainte, 456), la présence de Hugues Revel à Acre, la mort du grand-maître serait postérieure au 7 juin. Nous n'osons cependant pas faire absolument fond sur ce renseignement, ce chroniqueur, en relatant un fait survenu précisément au moment où la grande maîtrise changea de titulaire ayant pu confondre le nom de Revel avec celui de son successeur. D'autres sources (Estoire d'Eracles, 478; Gestes des Chiprois, 206), placent la mort de Revel en mai et en septembre.
77. Dugdale, Monast. Anglic, VI, 797. V. plus haut, p. 34, notre 3.
78. Chapitres généraux du 19 septembre 1262, du 30 septembre 1263, du 8 septembre 1264, du 26 septembre 1265, du 30 septembre 1268 et du 15 juin 1270 (Cartulaire, III, nº 3039, 3075, 3104, 3180, 3317 et 3396).
79. Bulle du 11 août 1259 (Cartulaire, II, nº 2928). Déjà, le 1 juillet 1248, Innocent IV avait permis aux Hospitaliers le port de manteaux larges, plus appropriés au maniement des armes que les capes étroites alors en usage, et sur lesquels, à hauteur de la poitrine, devait figurer une croix (Cartulaire., II, nº 2479).

Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
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