Gilbert d'Assailly. Janvier 1163 — [après juin] 1170.
Caste de Murols. Vers 1170 — mort avant 20 juin 1172.
Gilbert d'Assailly, probablement investi du magistère dans les derniers mois de l'année 1162, nous est absolument inconnu avant son élévation à la suprême magistrature de l'Ordre. Nous savons seulement qu'il était déjà vieux quand celle-ci lui fut conférée (1), et la désinence de son nom permet de supposer qu'il était d'origine française.
Faut-il reconnaître dans un commandeur de Tyr, appelé Gilbert de Tyr, qui figure dans deux actes datés respectivement de 1146 et du 6 février 1149 ou 1150, notre grand-maître (2) ? Cette hypothèse, conforme à l'avancement hiérarchique en usage chez les Hospitaliers, n'est pas inadmissible (3).
Au moment où Gilbert prit le pouvoir (4), l'avènement au trône de Jérusalem du roi Amaury, qui succédait à son père Baudouin III, mort le 11 février 1162, avait donné à la politique du royaume une orientation nouvelle ; l'idée maîtresse des Latins était désormais d'attaquer et de frapper la puissance musulmane en Egypte. Les compétitions des émirs Chaver et Dargham, qui se disputaient la possession de ce pays, semblaient favorables à une intervention chrétienne ; on pouvait espérer que, grâce à ces révolutions intérieures, les Egyptiens seraient empêchés de s'unir aux Musulmans de Syrie, qui menaçaient la domination latine au nord et à Test, et dont le chef redouté Nour-ed-Din n'attendait qu'une occasion propice pour renouveler ses attaques contre elle.
L'expédition d'Amaury en Egypte, sous prétexte d'exiger le paiement du tribut annuel jadis promis à Baudouin III, fut la première manifestation de la nouvelle politique. Amaury parut devant Belbeis le 1 septembre 1163, et battit Nacer el Moslemin, frère de Dargham; mais, paralysé dans ses opérations par la rupture des digues du Nil, il dut, l'automne suivant (1164), regagner son royaume sans avoir pris la ville. Faut-il, en l'absence de témoignages formels, admettre la coopération des ordres militaires du Temple et de l'Hôpital à cette campagne ? Elle n'est, à coup sûr, nullement incompatible avec ce que nous savons de leur rôle comme défenseurs de la Terre Sainte, et paraît d'autant plus vraisemblable que par la suite l'opinion publique accusa le grand-maître des Hospitaliers d'avoir été le principal instigateur de la politique à laquelle Amaury fut redevable d'échecs successifs en Egypte.
Pendant que ces événements se déroulaient en Egypte, Nour-ed-Din attaquait, à la frontière septentrionale du royaume de Jérusalem, le comté de Tripoli. Battu dans une première rencontre à la Boquée (El Bukeia), il n'échappait que par la fuite à la captivité (printemps de 1164). Mais quatre mois après, reprenant l'offensive, il infligeait à Harran aux Chrétiens une sanglante défaite (10 août 1164). A cette bataille prirent part, avec la fleur de la chevalerie franque, un contingent important de Templiers et d'Hospitaliers ; en même temps que Bohémond III d'Antioche, que Raymond III de Tripoli, que le comte Josselin III d'Edesse, que Hugues de Lusignan, que Constantin Calaman, duc grec de Mamistra, beaucoup d'entre eux tombèrent entre les mains du vainqueur (5). Nour-ed-Din, poursuivant ses succès, s'emparait ensuite de Banias, clef du passage entre Tyr et Damas (18 octobre 1164), et consentait à traiter avec les Chrétiens sur la base du partage par moitié du territoire de Tibériade.
Les années suivantes marquent un répit dans les attaques des Infidèles. En janvier 1167, Chircouh, réfugié auprès de Nour-ed-Din, obtient de celui-ci l'autorisation de reconquérir l'Egypte contre l'usurpateur Chaver, rassemble une armée en Syrie, et, évitant Montréal qu'il laisse à sa droite, s'enfonce dans le désert du Sinaï, gagne l'Egypte et vient camper à Giseh, en face du Caire, sur la rive gauche du Nil. Amaury, prévenu, avait espéré arrêter à Cadesbarne (Kades Barnea) la marche de Chircouh ; mais, arrivé trop tard pour lui couper la route du désert, il se replia sur Ascalon, y compléta son armée, et, le 30 janvier 1167, se dirigea sur Belbeis (6) par Gaza et El Arich. Chaver, en présence du danger, n'hésita pas à unir ses forces à celles d'Amaury contre l'envahisseur, et les Chrétiens entrèrent au Caire en alliés. Mais l'armée franco-égyptienne, battue à El Babeïn le 18 mars 1167, regagna le Caire sans être trop inquiétée, et assiégea Alexandrie ; après 75 jours d'un siège vigoureux, Amaury accueillit les ouvertures de paix que Chircouh lui fit faire, sur les bases suivantes : Chircouh était autorisé à rentrer librement en Syrie avec son armée ; en échange, Amaury recevait une indemnité pécuniaire importante, la promesse d'un tribut annuel de 100 000 pièces d'or et l'autorisation de laisser une garnison et d'établir un consul chrétien au Caire. Le roi, heureux de terminer de la sorte cette longue et stérile expédition, se hâta de regagner Ascalon (20 août 1167).
Les Hospitaliers avaient-ils, cette fois encore, suivi Amaury en Egypte ? La réponse est embarrassante. Un document nous apprend bien qu'en 1167 Gilbert d'Assailly était « outremer » (7), mais cette expression vise-t-elle l'Egypte ou l'Occident? La question mérite d'être envisagée à ce double point de vue. En faveur de la présence du grand-maître en Egypte, nous ne pouvons invoquer que des arguments de vraisemblance, très plausibles il est vrai.
En faveur d'un voyage en Occident, nous connaissons un acte, non daté il est vrai, dans lequel le projet de départ de Gilbert est formellement indiqué (8); c'est une lettre de créance d'Amaury de Nesle, patriarche de Jérusalem, destinée à solliciter les secours de l'Europe en faveur de la Terre Sainte et recommandant le grand-maître au bienveillant accueil des prélats et des princes. A quelle date peut-on placer la confection de cette lettre? Nous avons d'abord cru qu'elle se rapportait au voyage que Gilbert, quand il se fut démis du magistère, entreprit pour exposer en cour de Rome les motifs de sa résolution, c'est-à-dire vers 1169 (9). Un examen attentif du texte ne permet pas de maintenir cette hypothèse. Le patriarche, qui fut personnellement mêlé à cette résignation, eût-il continué à donner le titre de grand-maître à Gilbert démissionnaire et régulièrement remplacé (10) ? D'autre part, en exposant les malheurs de la Terre Sainte, le rédacteur raconte une série d'événements dont le plus récent est du mois d'octobre 1164. Si la lettre avait été écrite en 1169, elle eût certainement contenu le récit des faits, également lamentables, qui, à partir de 1167, se produisirent en Orient, et dont la plupart étaient aussi capables que ceux qui y figurent d'émouvoir la pitié de l'Occident. Sous le bénéfice de ces observations, la date la plus naturelle qu'il convienne d'adopter est celle de la fin de l'année 1164 ou des premiers mois de 1165; on peut même la reculer jusqu'en 1167, les années 1165 et 1166 n'ayant été marquées d'aucun événement « pitoyable » en Terre Sainte. Mais est-il vraisemblable que le patriarche ait attendu si longtemps pour exploiter, en faveur de la cause chrétienne, l'émotion causée par les désastres des années 1161 à 1164? Si la lettre est de 1167, il faut conclure que l'absence de Gilbert avait pour cause son séjour en Occident; l'existence de divers actes de 1165, 1166 et 1167, rendus en Terre Sainte « in manu Girberti, magistri Hospitalis » (11), corrobore cette conclusion en attestant la présence du grand-maître en Orient pendant ces trois années.
Mais, ici encore, il ne faut pas attacher une importance absolue à ces formules protocolaires ; elles n'impliquent pas nécessairement la présence effective de celui qui en était l'objet. Si la lettre est de la fin de 1164 ou du commencement de 1165, deux hypothèses sont à considérer : ou bien le grand-maître renonça à son projet de voyage, et la lettre, dont la remise aux destinataires est hors de doute, leur fut présentée par un autre que par lui; ou bien le voyage eut réellement lieu, et alors les mentions contenues dans les actes des années 1165 à 1167 n'ont que la valeur de simples formules de chancellerie.
Tout ceci n'apporte pas une lumière décisive sur la question, et nous sommes réduits à nous contenter des conclusions hypothétiques suivantes :
Dans le cas où Gilbert aurait entrepris son voyage en Occident en 1165, il est probable qu'il n'était pas de retour en 1167, au moment de l'expédition d'Egypte, et que, lui du moins, n'y participa pas; si ce voyage doit être reculé jusqu'en 1167, il paraît certain que l'expression « outre mer » s'applique à l'Occident et non à l'Egypte. Mais si la lettre fut remise en 1165 aux destinataires par un autre que par Gilbert, ou si même on admet que Gilbert, après l'avoir portée en Occident, ait pu être de retour en Orient avant 1167, — il est légitime de se prononcer en faveur de la présence du grand-maître en Egypte aux côtés d'Amaury.
Le résultat négatif de ces deux campagnes n'avait pas dégoûté Amaury de la politique égyptienne. Dès qu'une occasion s'offrit de l'appliquer à nouveau, il la saisit avec empressement. Pour lui, comme pour la plupart de ses contemporains, la conquête de l'Egypte devait porter au Croissant un coup décisif. En théorie, la perspective d'assurer par elle la sécurité de la frontière méridionale du royaume était séduisante; à ces avantages politiques se joignait l'espoir des avantages commerciaux que l'ouverture de ce pays au trafic européen ne pouvait manquer de susciter et de développer. En fait, les compétitions dynastiques affaiblissaient la force militaire de l'Egypte ; les Chrétiens entrevoyaient la possibilité d'une alliance avec l'un ou l'autre des compétiteurs, et, par suite, d'une intervention heureuse. Aussi n'est-il pas étonnant que, malgré les mécomptes du passé, le roi et ses conseillers aient eu foi dans le succès final, accueilli avec empressement le projet d'alliance, en vue d'une descente en Egypte, que pendant l'été de 1168 l'empereur Manuel leur avait fait soumettre, et préparé une nouvelle expédition contre ce pays, dans lequel la garnison, laissée au Caire, avait permis de conserver pied.
Parmi les plus chauds partisans d'une nouvelle campagne, Guillaume de Tyr place en première ligne les Hospitaliers et leur grand-maître Gilbert d'Assailly. Furent-ils aussi favorables qu'il le dit aux projets du roi ? Assurément il est possible, et même probable, qu'ils partageaient au sujet de l'Egypte l'opinion générale des Latins de Terre Sainte ? Assurément aussi, comme l'insinue Guillaume de Tyr, ils pouvaient n'être pas indifférents à leurs intérêts personnels, que le roi avait assurés par de très larges avantages, comme on le verra plus loin, et cette considération a dû influer sur les conseils qu'ils lui ont donnés ? Mais, d'autre part, s'ils ont pris, comme cela n'est pas douteux malgré le silence des sources contemporaines, part aux premières expéditions égyptiennes d'Amaury, ils se sont rendu compte que la conquête de l'Egypte était irréalisable sans la ruine complète du pays, et qu'en cas de succès comme en cas d'échec, les concessions, dont ils étaient les bénéficiaires, deviendraient soit illusoires, soit tellement restreintes qu'elles seraient hors de proportion avec les sacrifices que leur imposerait la coopération promise à Amaury. Dans ces conditions, leur enthousiasme s'explique mal, et mérite de n'être accueilli qu'avec réserve.
Ce qui est certain, c'est que le noyau du corps expéditionnaire fut fourni par les Hospitaliers. Nous savons qu'une convention militaire intervint entre eux et le roi à la veille du départ de l'armée franque (11 octobre 1168) (12). Elle fixait à 500 chevaliers et à 500 turcoples le contingent que l'Ordre mettait à la disposition d'Amaury et concentrait à El Arich, poste frontière du royaume du côté de l'Egypte.
En échange de leur concours militaire, les Hospitaliers devaient avoir en pleine propriété la ville de Belbeis, et, au nord de celle-ci, entre la Syrie et la mer, un territoire suffisant pour leur assurer avec les revenus de Belbeis un revenu annuel total de 100 000 besants vieux. En outre, on leur promettait une rente annuelle de 50 000 besants, gagée sur dix localités d'Egypte : le Caire (Babilo, plus exactement Fostat), Tanis (San), Damiette, l'île de Djezireh Ezgeheb (île d'Or), Alexandrie, When (peut-être Medinet el Fayyoum), Fouah (Fun), et en Haute Egypte Qous (Chus), Assouan (Suana) (13) et Ahideph (Atfiet). Dans chaque cité ils devaient recevoir la meilleure maison et le meilleur palais après ceux du roi, et percevoir la dîme de toutes les terres conquises par les armes chrétiennes. Ils avaient droit à leur part de butin selon les règles du code militaire, après prélèvement de la moitié revenant au roi, et dans les mêmes conditions aux indemnités de guerre versées par l'ennemi. Le butin, fait dans les chevauchées dans lesquelles leur gonfanon était seul engagé, leur appartenait sans partage ; le roi seul, s'il était présent à la chevauchée, était admis à le partager avec eux. Ces conventions supposaient l'armement intégral par l'Ordre du contingent promis ; en cas d'insuffisance ou d'excès dans le nombre des combattants fournis par les Hospitaliers, les chiffres et quantités, stipulés dans les divers cas prévus au traité, devaient être diminués ou augmentés au prorata de l'effectif mis à la disposition du roi.
On pourrait s'étonner de la précision avec laquelle Amaury partageait par avance l'Egypte, si on ne savait qu'au cours de ses expéditions précédentes il avait pu se rendre un compte exact du pays, et qu'il avait fait faire le relevé de tous les bourgs et villages avec l'état de leurs revenus. Le fait est attesté par un historien arabe, qui affirme même que le roi avait, avant son départ, distribué, par les soins de son intendant, à ses chevaliers les villages et les terres de sa future conquête (14). Le fait n'a rien de surprenant, et, puisqu'il s'est produit pour les Hospitaliers, rien n'empêche d'admettre que cette distribution anticipée ait été étendue à tous les barons qui devaient prendre part à la campagne.
Le roi se mit en marche à la fin d'octobre 1168, sans attendre l'appui que le traité avec l'empereur Manuel lui promettait, mais que les circonstances ajournaient à l'année suivante. Dix jours après, il était devant Belbeis, dont il s'emparait le 4 novembre, et qu'il pillait de fond en comble. Le prétexte de l'invasion était le refus de paiement du tribut que lui avait consenti Chaver, mais que le calife avait refusé de ratifier; la vraie raison était toute autre. Amaury, informé que Chaver et Nour-ed-Din négociaient une alliance contre les Chrétiens, voulut frapper un coup décisif avant la conclusion de celle-ci.
L'événement lui donna tort ; le danger commun coalisa contre lui Nour-ed-Din, Chircouh et Chaver. Quand il parut devant le Caire, le 13 novembre, la place était résolue à se défendre énergiquement, et il n'osa l'attaquer. Sa flotte, de son côté, après avoir pris et pillé Tanis, ne put remonter le Nil et reçut l'ordre de se replier. Amaury chercha alors à se faire payer sa retraite au plus haut prix possible ; après de longs et laborieux pourparlers, il accepta de Chaver la promesse d'une somme d'un million de besants, payable en partie comptant et pour le reste à échéances échelonnées; mais l'approche de Chircouh, en hâtant la retraite du roi, obligea celui-ci à modérer ses exigences et à renoncer à la moitié du tribut qui restait à acquitter (fin décembre 1168). Le 2 janvier 1169, après avoir rallié la garnison laissée à Belbeis, il reprit la route de ses états.
Devant cet insuccès, le roi renouvela son appel aux princes d'Occident, et leur envoya en 1169 une ambassade. Elle se composait de l'archevêque de Tyr, de l'évêque de Valénie, d'Arnoul de Landas et du grand-précepteur de l'Hôpital, Guy de Mauny. Le choix de ce grand dignitaire de l'Ordre mérite d'être signalé ici ; il atteste que l'Hôpital jouait alors, dans les conseils de gouvernement du royaume aussi bien que dans la conduite des opérations militaires, un rôle prépondérant. Nous constatons la présence des ambassadeurs en juillet 1169 à la cour pontificale (15), en septembre et octobre à Paris, où l'évêque de Valénie meurt (12 octobre 1169) (16), et plus tard en Angleterre où le roi la retint longtemps.
Mais partout elle échoue dans sa mission; ni Louis VII, ni Henri II ne lui promettent le secours espéré. Après deux ans d'absence, elle rentre découragée en Orient (17).
L'automne suivant (1169), une dernière tentative contre l'Egypte fut encore tentée par les forces combinées d'Amaury et de l'empereur grec Manuel, en exécution du traité conclu entre les deux princes l'année précédente. Elle eut pour objectif Damiette, devant laquelle les flottes grecque et chrétienne parurent à la fin d'octobre, et qu'elles investirent par terre et par mer. Le siège, mollement mené, se prolongea durant cinquante jours; au moment où les Grecs, sous la conduite d'Andronic, se décidaient à tenter seuls l'assaut, la ville, avec laquelle Amaury -avaient entamé des négociations, ouvrit ses portes, et les assiégés l'évacuèrent sans être inquiétés. L'expédition avait échoué; Amaury et Andronic regagnèrent Tyr (7 décembre), s'accusant réciproquement de cet insuccès.
Quel rôle jouèrent les Hospitaliers dans cette dernière campagne? Nous savons que le roi, le 20 août 1169, — et le même fait se reproduisit plus tard en 1176, à un moment où une invasion de l'Egypte occupait à nouveau les esprits (18), — renouvela à Gilbert d'Assailly les avantages, ou plutôt une partie des avantages, qu'il lui avait accordés le 11 octobre 1168(19). Dans cette nouvelle donation il n'était plus question des conquêtes à faire en Egypte et de la rente à constituer sur les villes égyptiennes; l'expérience avait démontré que de pareilles promesses étaient hypothétiques et ne pouvaient plus leurrer les donataires; mais Belbeis et le territoire adjacent étaient, comme l'année précédente, donnés à l'Ordre, jusqu'à concurrence d'une rente non plus de 100 000, mais de 150 000 besants vieux.
Cette augmentation du chiffre de la rente compensait celui de la rente promise précédemment sur les villes d'Egypte.
Le grand-maître avait-il voulu, pour dégager sa responsabilité, faire gager sur des territoires plus faciles à conquérir sa créance restée impayée? Amaury avait-il encore, au moment où il faisait cette donation, l'illusion qu'elle était réalisable, ou cédait-il aux réclamations de l'Ordre mécontent d'avoir été déçu, avec l'intime conviction qu'il donnait ce qu'il ne posséderait jamais ? Il semble que le roi de Jérusalem ait conservé jusqu'au dernier jour une confiance robuste et aveugle dans le succès final, et qu'il ait été de bonne foi en abandonnant Belbeis aux Hospitaliers. En tous cas, rien dans les termes de l'acte ne peut faire supposer que Belbeis ne fût plus alors aux mains des Chrétiens. Peut-être, en fait, la ville et ses environs étaient-ils, sinon en leur possession, du moins dans une situation transitoire et mal définie, qui permettait aux Latins, aussi bien qu'aux Musulmans, de s'en proclamer les maîtres.
La donation d'Amaury est muette sur le concours militaire de l'Hôpital. Le roi pouvait-il l'exiger de nouveau, quand la précédente intervention, loyalement effectuée, n'avait pu être rémunérée comme elle aurait dû l'être d'après les termes de la convention du 11 octobre 1168. Il est fort probable que les Hospitaliers avaient perdu toute envie de se joindre à l'expédition. D'autre part, la perspective, quelque chimérique qu'elle pût paraître aux esprits pessimistes, de reconquérir Belbeis devait particulièrement les préoccuper; n'avaient-ils pas un intérêt direct, en coopérant à la campagne, à seconder les efforts d'Amaury, dont ils étaient appelés à recueillir personnellement les premiers fruits ? Il n'est donc pas impossible qu'ils aient, une fois de plus, joint leurs forces à celles du roi et de l'empereur grec.
Le magistère de Gilbert d'Assailly, quelques critiques qu'il ait encourues de la part de ses contemporains, ne semble pas avoir été pour l'Ordre aussi désastreux qu'ils se sont plu à le dire, au moins dans son développement territorial. Nous constatons, pendant que Gilbert détenait le pouvoir, en faveur des Hospitaliers, en Occident comme en Orient, un élan semblable à celui dont ils furent les bénéficiaires sous Raymond du Puy. En Terre Sainte surtout, dans toutes les parties du royaume de Jérusalem, leurs possessions s'accrurent notablement; mais ces accroissements sont particulièrement sensibles du côté d'Antioche et de Tripoli. Aux confirmations des concessions antérieures viennent s'ajouter de nouvelles donations. Un acte de janvier 1168 et un acte de 1170 (20) méritent, par leur importance, d'attirer l'attention. Dans le premier, à l'occasion de l'abandon fait à l'Ordre par Bohémond III, prince d'Antioche, de nombreux territoires et casaux de sa principauté, d'intéressantes dispositions sont à signaler : à la propriété des biens cédés le donateur ajoute le domaine éminent sur ces biens, renonce à prendre sa part du butin fait par les Hospitaliers, leur reconnaît le droit de faire la guerre et celui de conclure des trêves que lui-même s'engage à respecter et à faire respecter. Il s'interdit, par contre, de contracter des trêves avec les Sarrasins ou avec les Chrétiens alliés aux Sarrasins sans l'avis des chevaliers de l'Hôpital, et, s'il passe outre à leur avis, les trêves ainsi consenties n'engageront ceux-ci que s'ils le veulent bien. Le second acte, émané du roi Amaury, administrateur du comté de Tripoli pendant la captivité du comte Raymond III, donne aux Hospitaliers Archas (Aarka) et Jibel Akkar, et stipule, comme l'avait fait précédemment Bohémond, que le butin leur appartiendra en entier, sous la réserve que le roi, s'il est présent à l'expédition, aura droit de prélever sa part (21).
Ce qui est intéressant dans ces stipulations, c'est qu'elles nous font voir l'Ordre prenant, dans le nord du royaume, une situation différente de celle d'un simple propriétaire. Il devient en quelque sorte souverain des territoires qu'il reçoit, et on lui reconnaît des privilèges militaires supérieurs au droit commun. Il n'est pas difficile de soupçonner les raisons auxquelles obéirent le prince d'Antioche et le régent du comté de Tripoli en consentant cette diminution de leurs attributions. En présence des dangers qui menaçaient la frontière septentrionale du royaume, il importait d'en assurer la défense contre les Musulmans; personne n'étant mieux qualifié que les Hospitaliers pour mettre un frein aux invasions des Infidèles, on songea naturellement à faire appel à leur concours, et à leur donner dans ces régions une influence territoriale et une autorité politique capables de leur permettre de jouer avec succès le rôle qu'on leur assignait. Tel est le sens des deux actes dont nous venons de parler; ils témoignent des progrès militaires de l'Hôpital en Palestine et du cas qu'on faisait de la force de ses armes.
Les Hospitaliers, mécontents de la conduite tenue par leur grand-maître dans les affaires d'Egypte, nourrissaient depuis lors contre lui une hostilité sourde. Ils reprochaient à Gilbert, au point de vue stratégique, l'établissement de châteaux et de postes fortifiés trop voisins des frontières, et partant trop exposés aux attaques des Sarrasins, et, au point de vue pécuniaire, des dépenses exagérées et inutiles. Ils l'accusaient aussi d'avoir, en maintes circonstances, engagé l'Hôpital de son propre chef sans consulter le chapitre (22). Gilbert avait été, au dire de ses ennemis, le principal instigateur de l'expédition d'Egypte d'octobre 1168, et, en mettant au service du roi l'épée de ses chevaliers, avait compromis l'Ordre dans cette malheureuse entreprise (23).
En présence de ces récriminations, Gilbert songea à résigner le magistère et à vivre en solitaire. Malgré les instances du roi, malgré l'intervention des grands officiers de l'Hôpital, qui s'opposaient à une résolution prise sans que le chapitre de l'Ordre et le souverain pontife eussent été consultés, Assailly, persistant dans son dessein, déposa les insignes du pouvoir, délia les Hospitaliers du serment d'obéissance et se retira dans une grotte. L'Ordre se trouva, par le départ de son chef, dans un grand embarras ; ses principaux dignitaires prirent, avec l'appui des évêques de Bethléem, de Lydda et de l'abbé de N.-D. de Josaphat, l'initiative de nouveaux pourparlers, dont ils chargèrent le patriarche de Jérusalem Amaury de Nesle. Celui-ci fut assez heureux pour réussir ; il ramena Assailly à Jérusalem, et le décida à reprendre le pouvoir. Ce rapprochement ne fut pas durable ; auprès du grand-maître, le patriarche insistait pour que ce retour fut définitif, auprès des frères, pour qu'ils oubliassent leurs griefs et s'engageassent à l'obéissance.
Mais les ennemis du grand-maître, à l'instigation du grand-précepteur Pons Blan, loin de désarmer, exigeaient des garanties pour l'avenir. « Je ne veux, disait Assailly, que justifier ma conduite, et me retirer justifié ; je ne puis accepter les conditions qu'on met à ma rentrée en charge » ; et il se démit à nouveau du magistère. Mais, avant de se retirer, il assembla le chapitre, et fit élire, dans les formes statutaires, son successeur. Le choix des électeurs se porta sur le trésorier de l'Hôpital, Caste de Murols, et désigna en même temps un grand-précepteur, dont l'initiale 0 nous est seule connue (24). Il semblait alors que les choses dussent rentrer dans l'ordre ; Caste était régulièrement élu, et les inconvénients d'une vacance dans le magistère étaient conjurés. Il n'en alla pas ainsi. Pons Blan et ses partisans, persuadés qu'un grand-maître ne pouvait résigner son office sans l'autorisation du S. Siège, en appelèrent au souverain pontife, et refusèrent d'obéir à Caste. Pons Blan se prépara à porter lui-même l'affaire à Rome, mais, avant son départ, il dut, conformément aux statuts, résigner entre les mains du nouveau grand-précepteur, ses équipages et harnais (25) ; celui-ci lui fit alors défense de se présenter devant le pape. Il semble bien que l'hostilité de Pons Blan, masquée sous les dehors d'une infraction aux statuts, cachait une ambition personnelle déçue, qu'il avait intrigué pour obtenir le magistère, que la nomination de Caste, en lui enlevant non seulement l'espoir de succéder à d'Assailly, mais aussi sa charge de grand-précepteur, l'avait complètement rangé du côté des dissidents, et que sa rébellion avait nécessité les mesures de rigueur prises contre lui.
Assailly, cependant, apprenant dans sa retraite les dissensions dont l'Ordre était le théâtre, fut pris de scrupules; persuadé qu'il était l'auteur de tout le mal, il se prit à douter qu'il eût le droit de démissionner sans l'autorisation du souverain pontife, auquel il devait le pouvoir, et que le chapitre, qu'il avait présidé pour se faire donner un successeur, eût légalement élu Caste de Murols. Il fit part de ses hésitations à une assemblée générale, tenue à Jérusalem sous la présidence du patriarche, assisté des prélats de Terre Sainte, des dignitaires et frères de l'Hôpital, du grand-précepteur du Temple, des barons et prudhommes du royaume. Celle-ci, après délibération, décida d'exposer au pape la question, et en fit rédiger le récit circonstancié. Assailly quitta la Terre Sainte, afin de se justifier en cour de Rome (26) ; il ne devait pas revenir en Orient.
On ne connaît du séjour de Gilbert d'Assailly en Occident que sa fin tragique. Voulant passer en Angleterre, où l'appelait la bienveillance du roi Henri II, il s'était embarqué dans le port de Dieppe, le 19 septembre 1183, sur un navire réparé à la hâte et incomplètement radoubé ; à trois milles de la terre le bâtiment, faisant eau de toutes parts, coula à pic ; tous les passagers, à l'exception de sept ou huit, périrent dans ce naufrage, et parmi eux Gilbert d'Assailly (27).
A quelle époque se produisit la retraite de Gilbert; l'hésitation est permise entre la fin de l'année 1169 et l'année 1170. Nous avions nous-mêmes fixé la résignation du grand-maître à 1169, sur la foi de la cote inscrite au dos de l'acte qui en raconte les péripéties, alors que la plupart des historiens la placent en 1170 (après le mois de juin), en s'appuyant sur un acte daté de 1170, dans lequel Assailly figure encore comme grand-maître, et dont un des synchronismes (tremblement de terre de juin 1170) confirme cette date (28).
Mais, bien que cet acte porte une indiction fautive, qui empêche de l'accepter sans réserve, comme, d'autre part, Amaury I, roi de Jérusalem, auteur de cet acte, étant mieux que personne renseigné sur les phases de cette affaire, à laquelle il avait été personnellement mêlé, n'aurait pas attribué à Gilbert d'Assailly un titre que ce personnage n'aurait plus eu le droit de porter, — nous reconnaissons qu'à tout prendre il y a des présomptions plus sérieuses pour l'année 1170 que pour l'année 1169, cette dernière ne se justifiant que par une cote inscrite au dos de la renonciation. Il n'est peut-être pas impossible toutefois de concilier les deux opinions. Rien n'empêche que la première démission du grand-maître ne se soit produite à la fin de l'année 1169, peu de temps après le 17 septembre (29), et la seconde après le mois de juin 1170. Tout dépend de la longueur des négociations entamées pour faire revenir Gilbert sur sa détermination. Elles peuvent fort bien avoir duré sept ou huit mois, — le récit avouant quatre mois pour une des phases de celles-ci.
Il est assez difficile de porter un jugement d'ensemble sur Gilbert d'Assailly. Guillaume de Tyr nous le dépeint comme un homme fier, prodigue, sans fermeté ni suite dans les idées. Il se peut qu'il ait eu ces défauts, mais à coup sûr le reste du portrait qu'il trace du grand-maître est trop poussé au noir, trop manifestement inspiré par la malveillance pour qu'il faille accepter sans réserve les allégations de l'archevêque de Tyr. N'insinue-t-il pas que Gilbert dissipa le trésor de l'Ordre pour ses besoins personnels, et que sa mauvaise gestion financière le força à se démettre du pouvoir? Cette insinuation semble absolument gratuite. Assurément le grand-maître dépensa beaucoup d'argent pour l'expédition d'Egypte et obéra les finances de l'Hôpital.
Assurément aussi ces dépenses exagérées mécontentèrent les chevaliers, et on dut critiquer la participation de l'Ordre à une entreprise lointaine, qui détournait les Hospitaliers du but pour lequel ils avaient été institués. Mais il ne s'en suit pas que le grand-maître ait détourné à son profit les ressources pécuniaires dont il avait l'administration, et rien n'autorise à épouser sur ce point les rancunes de Guillaume de Tyr.
Ce qui est certain, c'est que sous Gilbert les Hospitaliers se créèrent dans le royaume de Jérusalem une situation prépondérante.
Très appréciés pour les services militaires qu'ils rendaient, ils furent chargés de la réorganisation et de la défense des forteresses les plus importantes ; quand on voulut conquérir l'Egypte on ne crut pas cette conquête possible sans leur concours. Les donations, en Terre Sainte comme en Occident, affluèrent entre leurs mains. Cet élan, résultat de l'estime en laquelle on les tenait, se serait-il maintenu si l'opinion publique avait jugé Gilbert indigne de la charge qu'il occupait? Aurait-on vu surtout, au moment où il songea à quitter le pouvoir, le roi, les barons, les bourgeois, et surtout le clergé, qui était en hostilité permanente avec l'Hôpital dont il jalousait les prérogatives, le supplier unanimement de conserver le magistère ? Quel que fut pour le royaume le danger d'un changement de grand-maître, l'intérêt politique n'aurait pas été assez puissant pour faire taire les animosités personnelles, si Gilbert avait aussi mal mené les affaires de l'Ordre que Guillaume de Tyr s'est plu à le dire. On peut reprocher à Gilbert des défauts, même graves; mais, à tout prendre et malgré eux, son gouvernement doit être considéré comme une période heureuse de développement politique, militaire et territorial pour les Hospitaliers.
Caste de Murols, successeur de Gilbert d'Assailly, était originaire d'Auvergne (30). On ignorait jusqu'à présent à quelle famille il appartenait; deux actes, l'un de 1162 et l'autre de 1167, dans lesquels il est désigné sous son nom complet, enlèvent toute hésitation (31). Lorsqu'il fut promu au magistère, il remplissait les fonctions de trésorier de l'Ordre, fonctions auxquelles il avait été appelé postérieurement à 1163, succédant à Géraud de S. André, et antérieurement au mois de mars 1167 (32). Humble, bienveillant, compatissant aux malheureux, d'une probité et d'une réputation sans tache (33), il ne désarma pas, malgré tant d'éminentes vertus, l'hostilité de ses adversaires.
Son élection ne fut reconnue que par une partie des chevaliers, et ne modifia pas la situation. Nous savons par des preuves indirectes que son arrivée au pouvoir, loin d'apaiser les esprits, fut l'occasion d'un schisme, et que les dissidents se rangèrent sous l'obéissance, d'un frère nommé Rostang (34). Quel était ce personnage? A quel moment et jusqu'à quelle époque joua-t-il le rôle d'anti grand-maître? Autant de questions auxquelles on ne saurait répondre.
Cette scission ne semble pas avoir été de longue durée. Caste mourut peu de temps après son élévation au magistère, certainement avant le 20 juin 1172 (35), peut-être dès 1171 (avant le 11 mars), s'il convient d'accepter un acte de cette date qui désigne Jobert comme grand-maître (36). Ce document, dont l'authenticité ne semble pas discutable, ne laisse pas de nous embarrasser. L'ordre, en effet, donné par le pape de nommer un successeur à Caste décédé, est du 20 juin 1172. Faut-il supposer que la cour de Rome n'enjoignit que plus de quinze mois après l'époque à laquelle Jobert occupait le magistère, d'élire un successeur à Caste ? Malgré la distance qui séparait Rome de la Terre Sainte, malgré la sage lenteur mise par la curie romaine à étudier le dossier soumis à son examen, ce délai paraît bien long. Faut-il admettre que, tant que Caste vécut, le pape considéra tout autre grand-maître comme un intrus, Jobert aussi bien que Rostang ?
Quoi qu'il en soit, la bulle d'Alexandre III dut être exécutée dès qu'elle parvint en Terre Sainte, et l'élection avoir lieu à l'automne de l'année 1172. A ce moment, Jobert fut élu ou confirmé dans ses fonctions par le chapitre, puisqu'à partir de 1173 nous le trouvons sans contestation investi des fonctions magistrales.
Il semblerait que le gouvernement éphémère de Caste de Murols n'eût pas dû laisser dans la mémoire de la postérité de très vifs souvenirs, et que les conditions spéciales dans lesquelles il se produisit ne fussent pas de nature à retenir l'attention. Il n'en fut rien cependant. A rémunération des qualités que les historiographes officiels de l'Ordre se plurent à signaler chez Caste et dont nous avons parlé plus haut, ils ont ajouté que son passage aux affaires fut marqué, dans tout l'univers, par d'importants accroissements territoriaux. Quelle que puisse être l'exagération de ces éloges sous la plume de panégyristes intéressés à les prodiguer, il n'en subsiste pas moins que le rôle de Caste, si favorablement apprécié, dut, au moins dans une large mesure, répondre à la réalité et mériter l'enthousiasme dont ils se firent les échos.
Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
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Les Notes
1. Dugdale, Monastère Ariglic., VI, 797.
2. Cartulaire, I, nº 166 et 184.
3. Pauli (Cod., dipi, I, 232) et Herquet (Chronologie der Grossmeister des Hospitalordens wdhrend der Kreuzzuge, 9) avaient cru pouvoir, faute d'avoir exactement daté le premier de ces actes, assimiler Gilbert de Tyr avec le grand-maître Gilbert d'Assailly. La date de 1146, que nous avons établie, et l'acte du 6 février 1149-50, dont la portée leur avait échappé, rendent leur assimilation impossible. Que Gilbert, commandeur de Tyr, ait été postérieurement promu au magistère sous le nom de Gilbert d'Assailly, c'est tout ce qu'il est légitimement permis de conjecturer.
4. Nous avons suivi comme guide des faits que nous racontons ici l'histoire du royaume de Jérusalem de Rohricht; cet auteur a mis à contribution pour l'écrire les sources occidentales et les sources orientales.
5. Cartulaire, I, nº 330 et 404.
6. On ne saurait préciser s'il s'agit de Péluse (Tell-Farama) ou de Bubaste (Belbeis), ces deux villes de Basse-Egypte, que Guillaume de Tyr confond, se trouvant sur la route d'Amaury.
7. Cartulaire, IV, nº 372.
8. Cartulaire, I, nº 404.
9. Cartulaire, I, nº 344. Cf. Archives de l'Orient latin, I, 383 et 386. Une lettre de Gilbert, adressée à l'archevêque de Trani et implorant des secours pécuniaires pour la défense de la Terre Sainte, semble devoir être rattachée à la même époque et aux mêmes événements (Cartulaire, IV, nº 310 bis).
10. Voire plus haut.
11. Cartulaire, I, nº 344-345, 350, 355, 371.
12. Cartulaire, I, nº402.
13. La région du Fayyoum étant, dans cette liste de localités égyptiennes, la seule qui ne soit pas représentée, on peut supposer qu'il s'agit ici de la capitale du Fayyoum, correspondant à peu près à Arsinve. Le Fayyoum étant une dépendance de la région voisine de Behnesa, on peut conjecturer que When représente la première partie du nom de Wehnesa (Communication de M. P. Casanova).
14. Ibn Abi Tai, dans Reinaud, Extraits des histoires arabes relatifs aux guerres des croisades, 128.
15. Elle résulte d'une bulle du pape Alexandre III, du 29 juillet 1169, dans Jaffé-Loewenfeld, Regesta pontificum Romanorum, nos 11637-8.
16. Il fut inhumé dans l'église S. Victor. La date du 12 octobre est donnée par Du Cange (Familles d'Outre-Mer, 783); la date d'année est 1167 d'après Du Cange, mais c'est une erreur évidente pour 1169.
17. Nous ne savons rien de Guy de Mauny depuis la mention de sa présence auprès d'Alexandre III, le 29 juillet 1169. Il revint probablement en Orient avec l'ambassade. En tout cas, au moment de la résignation de Gilbert d'Assailly, le grand-préceptorat était occupé par Pons Blan.
18. Cartulaire, I, nº 496.
19. Cartulaire, I, nº 409.
20. Cartulaire, I, nº 391 ct 411.
21. Raymond III, rendu à la liberté par les bons offices de l'Ordre, confirma, en décembre 1174, cette disposition, et renonça même à la réserve insérée par Amaury (Cartulaire, I, nº 467).
22. La bulle du 20 juin 1172 (Cartulaire, I, nº 434), prescrivant de nommer un successeur à Caste à la grande-maîtrise, fait allusion à ces critiques, et ordonne au futur grand-maître de prendre conseil de son chapitre général pour toutes les décisions importantes.
23. Cartulaire, I, nº 402.
24. Il était de règle dans l'Hôpital que le grand-précepteur fût désigné par le chapitre aussitôt après la nomination du grand-maître, d'un commun accord entre lui et le nouveau grand-maître.
25. Cette mesure était prescrite par les statuts de l'Ordre ; comme le grand-précepteur n'avait droit à ces équipages et harnais qu'à cause de sa charge, il devait les abandonner quand il quittait le siège de l'Ordre, surtout quand on ignorait « quid esset acturus et quid esset profecturus. »
26. Cartulaire, I, nº 403.
27. Benoît de Peterborough, Gesta Henrici II, I, 305.
28. Cartulaire, I, nº 411.
29. A cette date Gilbert d'Assailly figure comme grand-maître dans un document cité par Rohricht (Regesta regni Hierosolymitani, nº 467).
30. Murols, Puy-de-Dôme, canton Besse.
31. Seul Jean Raybaud, archiviste du prieuré de S. Gilles, avait, au siècle dernier, dans une Histoire restée manuscrite des Grands prieurs et du prieuré de S. Gilles (Aix, Bibl. Méjane, mss. 338-9), connu ces documents et restitué à Caste son nom complet. L'hypothèse, émise par Vertot, que ce personnage pouvait descendre d'un certain Gaston qui, lors de la première croisade, entra dans Ramleh avec le comte de Flandre, tombe ainsi d'elle-même (Vertot, Hist, des chev. de Malte, 1,160).
32. Cartulaire, I, nº 312, et IV, nº 372.
33. Dugdale, Monast. Anglicanum., VI, 797. Voir page 34, note 3.
34. Nous reconnaissons l'existence de Rostang que par son sceau, dont la légende ne laisse aucun doute sur sa qualité de grand-maître. Ce monument, d'après son caractère, doit être daté de la seconde moitié du XIIe siècle ; comme les troubles survenus dans l'Ordre au moment de l'élection de Caste expliquent seuls la possibilité d'un grand-maître schismatique pendant cette période, il n'est pas douteux que Rostang fut le compétiteur de Caste de Murols (Voir Herquet, Chronologie der Grossmeister, 42-4).
35. Cartulaire, I, nº 434.
36. Cartulaire, I, nº 422.
Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
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