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Etudes sur les Ordres des Hospitaliers, Malte et Rhodes
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Commanderie de Sallebruneau

Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Commune: Frontenac - 33

Domus Hospitalis Sallebruneau
Domus Hospitalis Sallebruneau

Sanctus-Johannes-de-Salabrunel ; Salabruneut. [XIIe et XIIIe siècle]

Sallebruneau appartenait, avant le XIIIe siècle, à la juridiction de Bénauges, mais, à partir de cette époque, cette paroisse fut abandonnée par le seigneur de ce pays aux chevaliers du Temple. Ceux-ci la gardèrent jusqu'à la destruction de l'Ordre et, après eux, les chevaliers de Malte, jusqu'à la Révolution.
Elle fait actuellement partie du canton de Sauveterre, arrondissement de La Réole, était bornée à l'ouest par Sainte-Présentine et Frontenac, au nord, par Cazevert, à l'est, par Blazimont (dont elle était séparée par la grande route de Sauveterre à Saint-Jean-de-Blaignac) et Puch, et, au sud, par Daubèze. Les bois dominent dans la partie orientale de son territoire, ailleurs ce sont les vignes et les terres labourables. Des routes modernes sillonnent le territoire de Sallebruneau de l'est à l'ouest.
4. Voir page 231 de la 43e année.

Nous ne connaissons pas l'année de la fondation de la commanderie de Sallebruneau qui était un membre du Temple de Bordeaux ; mais, dès la fin du XIIe siècle, elle avait de nombreuses possessions dans la partie du diocèse de Bazas qui nous occupe.

Dans le courant du XIIIe siècle ses commandeurs et le seigneur de Bénauges se disputaient la justice haute et basse de Sallebruneau ; de plus ce seigneur prétendait avoir une albergue [droit de gîte] dans la commanderie de Pomerol, et il voulait jouir de ces deux droits à Sallebruneau; le grand prieur de Saint-Gilles et les frères de Saint-Jean-de-Jérusalem prétendaient au contraire que la justice de Sallebruneau leur appartenait en entier. Après avoir longtemps contesté, Jean de Grailly, seigneur de Bénauges, sachant toute l'affection que Guillaume de Villaret, grand prieur, et les frères de Saint-Jean avaient pour lui et les siens, donna, le lendemain de la l'été de Saint-Hilaire [15 janvier] 1281, pour la rémission de ses péchés et de ceux de sa famille, en son nom personnel et pour ses successeurs, à Dieu, à la Sainte Vierge, à saint Jean-Baptiste et à l'hôpital de Sallebruneau représenté par Villaret et ses successeurs, toute la haute et basse justice qu'il possédait dans le territoire compris entre les croix ou bornes de cette localité ; il renonça aussi à son droit d'albergue sur Pomerol seulement; il devait conserver le droit de justice jusqu'à sa mort. Après quoi le lieu de Sallebruneau et sa justice devaient appartenir à l'ordre de Saint-Jean lequel, à l'avenir, rendrait hommage aux seigneurs de Bénauges au devoir d'une lance d'esporle à chaque mutation de seigneur. Il fut aussi convenu que le juge, après avoir condamné un criminel à mort ou à la mutilation, le livrerait au bailli ou sergent du seigneur de Bénauges; si le bailli refusait, les chevaliers feraient exécuter la sentence; les biens meubles et immeubles, dans tous les cas, appartiendraient à l'hôpital (1).

Nous avons vu plus haut (40e vol., p. 249) la donation faite le 6 février 1284, par Guillaume Raymond, seigneur de Rauzan et de Pujols, aux religieux de Sallebruneau, de la part qu'il possédait sur le moulin de Gavignas.
Huit ans plus tard, le 17 décembre 1293, une violente querelle s'était élevée entre les religieux de Sallebruneau et Bertrand de Semens, prêtre; celui-ci, qui probablement prétendait avoir des droits sur les terres de la commanderie, droits que lui déniaient les frères, avait fait des dégâts considérables dans ces terres, y avait enlevé des meubles et usurpé des immeubles. Pour terminer leur différend les parties résolurent de soumettre leurs prétentions à l'arbitrage de Bertrand de Savignac (alias Sévignan ou Sauvagnac), commandeur des hospices de Saint-Jean en Agenais, Bordelais et Bazadais, s'engageant, sous certaines peines pécuniaires, à exécuter les termes de la sentence. Le prêtre donna pour caution Jordanh de Puch, frère de Bertrand de Puch (2). Le même jour une autre sentence fut prononcée par le même commandeur, jugeant pour les religieux de Sallebruneau, et Jean Pansa, bourgeois de La Réole, choisi par Bertrand de Semens; celui-ci faisait bâtir une forteresse sur les terres de l'hôpital; les frères, conseillés par Bertrand de Puch et d'autres personnes notables, lui contestaient ce droit. Nous n'avons pas le jugement, mais il est probable que Bertrand de Semens fut obligé d'abandonner ses travaux (3).
1. Archives départementales, Ordre de Malte cartons et répertoire des titres.
2. Les témoins de cet acte furent Jordanh de Puch, fils de feu Gaillard, Bernard Gorald, Arnaud-Garcie de Romaine et Baudet Féron.
3. Archives départementales, Ordre de Malte, cartons et répertoire des titres.


Lorsque les religieux de Sallebruneau et probablement tous ceux des autres membres de l'Ordre faisaient reconnaître leurs tenanciers, la reconnaissance contenait une clause assez curieuse : ordinairement l'esporle ou droit d'investiture se payait à chaque mutation de seigneur et de tenancier; une reconnaissance faite le 1er juillet 1350 au commandeur de Sallebruneau portait que l'esporle se payerait à chaque voyage d'Outre-mer et à chaque mutation de seigneur ou de tenancier.
« Deu pagar cada an.... portat a l'espital de Salabruneut..... et VI deners d'esporle à cada biatz d'Oltra-mar e affeuat murent et affeuador mudant. »
(4).
4. Baron de Marquessac, Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Guyenne..., page 88.

Pendant la guerre de Cent ans, Sallebruneau dut avoir ses terres ravagées à plusieurs reprises, ses propriétés usurpées, sa forteresse peut être démantelée, ses religieux dispersés. Après la guerre quelques puissants voisins, parmi lesquels se trouvait, très probablement, Bernard Angevin, voulaient s'emparer des biens de la commanderie; le commandeur ne pouvant se défendre seul consentit, en 1477, à se démettre de sa charge en faveur de la commanderie de Bordeaux et à y réunir le membre de Sallebruneau (5).
5. Archives départementales : Ordre de Malte, répertoire des titres.

Gaston de Foix, seigneur de Bénauges, était peut-être aussi au nombre de ces voisins rapaces et, le 20 juin 1488, il chargea un procureur spécial de visiter Sallebruneau et les autres localités qui, dans ses domaines, appartenaient à l'ordre de Malte, et pour lesquels cet Ordre avait des contestations avec ses tenanciers ; de faire faire des enquêtes sur les droits et les devoirs que les commandeurs prétendaient leur appartenir; d'en faire dresser les dénombrements ; d'en voir les titres et de les lui présenter pour, aidé de son conseil, agir en conséquence (6).
6. Ordre de Malte, cartons.
— M. de Marquessac tire de cette reconnaissance des conclusions que nous ne pouvons accepter.

Deux ans après, le 27 octobre 1490, un bail à fief consenti par le seigneur de Rauzan, en faveur de Pierre de Lanhery, écuyer, natif de Clermont en Auvergne, fut cause d'un procès assez long entre ce seigneur et le commandeur de Sallebruneau à propos des limites des deux juridictions (7).
7. Nous avons rendu compte de ce procès à la page 247 du 40e volume. Parmi les témoins qui figurèrent dans l'enquête faite à ce propos, on trouve Pey Pellissey, laboureur, natif du Quercy, âgé de cinquante ans et demeurant, depuis sa jeunesse, dans la paroisse de Saint-Nicolas-de-Blazimont; Jean d'Arraux, laboureur, habitant à Blazimont, et de Lauran, demeurant depuis trente-trois ans dans la seigneurie de Rauzan, tous les deux natifs du Béarn.

Dans une des enquêtes qui furent faites à cette occasion, le 9 décembre 1494, Bernard de Lyon, ancien jurat de Sauveterre, un des témoins, dépose que le commandeur possède la justice haute, moyenne et basse, qu'il peut l'administrer à sa guise, sauf que le juge de Sallebruneau est tenu de rendre les criminels au prévôt de Sauveterre pour les faire exécuter; il dit que la commanderie est enclavée dans la prévôté de Sauveterre, il ajoute que le bois de Deffès, les domanies de Guilhem-Nègre et de Guilhem-de-Borenesières (?) sont dans les limites de la commanderie. Noble Bertrand du Four, demeurant à Sauveterre, sommé de répondre si la seigneurie de Sallebruneau s'étendait jusqu'au chemin de Sauveterre à Rauzan, tirant au lieu appelé les Trois-Pierres, à celui des Tessonières-de-Valannes, au Faugerac et, de là, au lieu appelé à La-Croix-de-Fer, dépose que, pendant la vie de feu Monsieur de Guienne, noble homme et baron, Me Bertrand de Montferrand, chevalier, seigneur dudit lieu, étant capitaine et gouverneur de Sauveterre, il fut chargé, comme procureur de cette ville et prévôté, d'aller avec plusieurs personnes, au vu et au su de feu Bernard Angevin, alors seigneur de Rauzan, prendre le bétail des seigneurs circonvoisins; il ajoute que, vers 1478, Me Chaussade, alors procureur général du roi en Guyenne, le commandeur, Charles de Beyle, maître d'hôtel de monseigneur d'Albret, Georges de Bannes, procureur du même seigneur, Mre Bernard d'Apremont [Espiamont], abbé de Blazimont, les jurats de Sauveterre, le seigneur de Rauzan, plusieurs gentilshommes âgés et Mre Jean Bourdin, prêtre, curé de Sallebruneau, se transportèrent sur ces limites qui furent reconnues telles qu'elles viennent d'être énoncées.

Leur tracé exact ne cessa d'occasionner des démêlés entre les commandeurs et les seigneurs des juridictions voisines; un accord intervint encore, le 31 mai 1503, entre frère Pierre de Ribou, commandeur d'Arveyres, agissant au nom de frère Jean de Valon, commandeur de Sallebruneau, et Mre Jacques Angevin, baron de Rauzan. Ils reconnurent que les limites de la seigneurie de Rauzan prenaient depuis le carrefour du Pierrat, le long du chemin qui va de Sallebruneau à Blazimont, jusqu'au coin du fossé vieux, et, suivant ce fossé, jusqu'à la Rouilhe [ruisseau] de Carbonneau, et, suivant cette rouilhe, jusqu'à la fontaine de Sallebruneau, puis, le long du ruisseau, jusqu'au chemin qui va de Sallebruneau au moulin de Cavignas, et, le long du chemin, jusqu'à la Croix-de-Fer (8).
8. Archives départementales : Ordre de Malte, captons. - Voyer supra, tome I, page 502.

Cent trois ans plus tard les habitants de Saint-Léger et de Jean-du-Luc, près de Sallebruneau, transigent avec le commandeur et le reconnaissent pour seigneur justicier et direct de Saint-Léger, surtout du village de Jean-du-Luc (9).
9. Archives départementales : Ordre de Malte, répertoire des titres.

En 1772, le commandeur de Sallebruneau avait la seigneurie spirituelle et temporelle de cette paroisse avec la haute, moyenne et basse justice ainsi que la seigneurie foncière et directe. Il avait le droit de nommer le vicaire perpétuel de Sallebruneau et de Puch, son annexe, ainsi que les officiers de justice dans Sallebruneau seulement. Il jouissait de la dîme entière de ces deux paroisses; cette dîme était de treize-un sur les grains, le vin, la vendange, le lin, le chanvre, les agneaux et les porcs.

Il donnait au curé 600 livres pour le service de ces paroisses et il jouissait, en qualité de seigneur foncier, de toutes leurs rentes qui étaient solidaires par tènements.

Ces rentes avec celles de Buch et de Mauriac, membres dépendants de la commanderie, et quelques autres que le commandeur percevait dans les paroisses de Frontenac, de Saint-Léger-de-Vignagues et de Daubèze, s'élevaient à trente-cinq boisseaux de tous grains y compris la rente du moulin à eau.

Il y joignait un domaine de la contenance d'environ dix journaux, dans lequel étaient comprises les ruines d'un ancien château appartenant à la commanderie, l'église et le cimetière de la paroisse de Sallebruneau; il avait aussi six journaux de bois taillis et de haute futaie enclavés dans la forêt de Rauzan appartenant au duc de Duras (10).
10. Archives départementales : Ordre de Malte, registre n° 404, page 13.

L'église de Sallebruneau, comme toutes les églises paroissiales, a eu des bienfaiteurs parmi les paroissiens ou ceux des localités voisines; nous n'en avons trouvé que trois: par son testament du 3 juillet 1370, un nommé Romond y fonde un obit de trente sous qu'il assigne sur un fief qu'il possédait au lieu de La Coume en la paroisse de Ruch (11). Nous ne pouvons croire que c'est pour ce personnage qu'a été bâti le joli enfeu dont nous parlerons en faisant la description de l'église et qui appartient au style usité à cette époque.
11. Archives départementales : répertoire des titres.

Le 22 avril 1659, un droit de banc et de sépulture fut accordé par Samuel, évêque de Bazas, dans l'église, du côté du nord, près de la muraille et des fonts baptismaux, à Pierre Galles, vétérinaire, habitant de la paroisse de Sallebruneau, qui, à cette occasion, donna pour l'église la somme de dix livres.

Le 3 octobre 1670 Jean de Surges, tuilier, demanda à l'évêque de Bazas, faisant sa visite pastorale dans l'église de Sallebruneau, un droit de banc et de sépulture dans ladite église.

Néanmoins les bienfaiteurs n'avaient pas dû être nombreux, car, au milieu du XVIIe siècle la fabrique était fort pauvre, l'église tombait en ruine lorsque Jacques de Pichon, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, fut nommé commandeur du Temple de Bordeaux et des membres en dépendant dont faisait partie Sallebruneau ; il visita ses commanderies ou se fit renseigner sur l'état dans lequel elles se trouvaient, et, par acte du 12 décembre 1663, notifié à Pierre Haute-faye, syndic de la paroisse, à Pierre Gallès, vétérinaire, et à Arnaud Landrau, marchand, leur remontra qu'ils n'avaient pas fait recouvrir l'église, de sorte que la charpente et la couverture étaient pourries, qu'il y pleuvait partout même sur l'autel; il ajouta qu'il fallait faire carreler et vitrer ce monument, acheter un calice d'argent, un tabernacle, une custode, un tableau; faire mettre une serrure aux fonts baptismaux; acheter un vase pour contenir l'eau du baptême; faire à neuf une porte; il promit de contribuer pour sa part à tous ces achats et réparations. Il les somma enfin de s'entendre pour appeler les ouvriers nécessaires. Comme ils n'en tinrent compte, le commandeur adressa au Parlement, le 22 avril 1664, une requête pour qu'il fît assigner les paroissiens à faire les réparations le plus tôt possible, offrant de nouveau d'y contribuer pour sa part. Il est probable que le commandeur eut gain de cause (12).
12. Archives départementales : Ordre de Malte, cartons.

Pendant l'automne de 1670 Guillaume de Boissonnade, qui était depuis deux ans évêque de Bazas, faisait ses visites pastorales aux églises de son diocèse en Entre-deux-Mers; il avait fait visiter, le 2 octobre, celles de Sallebruneau et de Buch par commissaire, ce qui était contraire aux privilèges de l'ordre de Saint-Jean; le lendemain Bernard Micon, agent et procureur général de Mre frère Jean de Motet, commandeur de Bordeaux, Puch, Buch, Mauriac, Sallebruneau, etc., adressa à l'évêque un acte notarié par lequel il se plaignait comme d'abus. Il déclarait que cette visite avait été faite au mépris des privilèges que les papes avaient octroyés à l'ordre de Saint-Jean et même de la transaction passée entre le clergé de France et cet ordre en 1606, et par laquelle tout le clergé déclarait qu'il n'entendait pas empêcher ces religieux de jouir de leurs privilèges. Il ajoutait que, suivant ces privilèges, la visite devait être faite par l'évêque en personne, comme délégué du Saint-Siège, sans aucun frais, et que son pouvoir était limité à la visite du Saint-Sacrement et des fonts baptismaux. Cependant le commissaire avait tout examiné, avait fait déplacer le banc du commandeur, l'avait fait transporter dans la sacristie avec défense au vicaire perpétuel de le remettre à sa place, bien que le commandeur soit seigneur spirituel et temporel de la paroisse de Sallebruneau. Comme de plus, ayant appris que l'évêque doit faire le lendemain sa visite en personne et que ce prélat a écrit au vicaire perpétuel qu'il y souperait et coucherait, il lui déclare en finissant qu'il ne pouvait le faire qu'à ses frais et non à ceux du commandeur ou du vicaire perpétuel. Nous ne savons ce qui résulta de cette notification; mais il est probable que l'évêque vint à Sallebruneau puisque Jean de Surges, tuilier, lui demanda, comme nous l'avons vu, de lui accorder un droit de banc et de sépulture dans l'église (13).
13. Archives départementales : Ordre de Malte, cartons.

Quelque temps après l'évêque promulgua l'ordonnance suivante :
« Guillaume de Boissonnade, par la miséricorde divine et grâce du Saint-Siège apostolique, évêque de Bazas, veu le verbal de nostre commissaire, avons ordonné et ordonnons qu'il y aura un tableau au maistre autel, un surciel au-dessus, et le tabernacle sera estoffé au dedans et au dehors, couvert d'un pavillon ; il y aura une custode et calice d'argent ; qu'il y aura une balustrade; que l'on achètera des ornemens servans aux quatre couleurs ; qu'à la sacristie il y aura un prie-Dieu, une table pour s'habiller ; que les deux autels au bas du chœur seront interdits; les fonts baptismaux seront fermés d'un balustre dans lequel il y aura une armoire estoffée pour y tenir les crémiers; que les fenestres seront fermées; que les coffres des estrangers seront ostés de l'esglise ; que le cimetière sera fermé de murailles et, à l'entrée, il y aura un trou couvert d'une grille pour éviter l'entrée du bétail; deffendons à tous les paroissiens d'aller au cabaret pendant la sainte Messe, vespres et catéchisme, et aux cabaretiers de leur donner des cartes ni les recevoir la nuit après l'Angelus du soir sonné, sous peine d'excommunication; deffendons au sieur curé de recevoir à mariage et tenir à baptesme ceux qui ne seront pas instruits des mistères de la foy, qui ne sauront pas prier Dieu et mespriseront d'aller au catéchisme; comme aussi de faire des espousailles et baptesmes le jour des festes et dimanches à cause que la plupart des invités n'entendent pas la Messe et n'assistent pas aux offices divins; ordonnons que ceux qui ont titre de sépulture dans ladicte esglise nous les exiberont pour recevoir notre confirmation, et, jusqu'à cela, en demeureront privés: ordonnons que s'il y a des reliquataires ils seront incessamment poursuivis par leur syndic ou premier garde de l'esglise par toute voie de rigueur de justice et l'argent provenant desdicts comptes et autre revenus sera mis dans un coffre à trois clefs dont l'une sera tenue par le sieur curé, l'autre par le syndic et la troisième par la garde; pour ces effects nous ordonnons qu'il y aura un syndic qui, en sa création, fera serment entre les mains du sieur curé et que les gardes, à l'entrée de la charge, en feront de même, et que, à la sortie, ils rendront leur compte devant le sieur curé, le syndic et trois des principaux paroissiens; et que les dites réparations seront faites. [Signé] Guillaume de Boissonnade ; du commandement de monseigneur : Bordes, secrétaire » (14).
14. Archives départementales : Ordre de Malte, cartons.

Nous ne savons si les habitants de Sallebruneau obéirent à leur évêque, mais il est probable que non, car le 26 avril 1686, Mre François-Paul de Béon Massez Cazaux, commandeur du Temple de Bordeaux et de ses membres, les somma d'avoir à réparer leur église qui menaçait ruine, et de la pourvoir d'ornements nécessaires pour faire le service divin, déclarant qu'il contribuera pour un tiers aux frais qui seront faits (15).
15. Archives départementales : Ordre de Malte, cartons.

Eglise et Château

L'église, le château et le cimetière [C] de Sallebruneau sont renfermés dans une même enceinte jadis entièrement entourée d'un fossé [F] large de 10 mètres (16) ; ce fossé a été comblé, excepté au sud-ouest. Le plan de l'église [E] est un parallélogramme rectangle et le château [S], affectant la même forme générale, s'appuie contre le flanc septentrional de cette église, dont il a à peu près les mêmes dimensions. L'ensemble de ces deux édifices forme une masse presque carrée dont l'église occupe la moitié méridionale. Elle est divisée intérieurement en deux parties, de dimensions différentes, séparées par deux faisceaux de colonnes, l'un au nord, l'autre au sud, portant l'arc triomphal qui était entre le chœur à peu près carré et la nef, plus longue du double. Celle-ci n'est éclairée que par deux très petites fenêtres ogivales, presque des meurtrières, percées à une si grande hauteur dans le mur que leur cintre touche le cordon sur lequel s'appuyait le lambris, car l'église n'a jamais été voûtée. Dans la paroi méridionale, près de l'angle sud-ouest, existe un enfeu du XIVe siècle, sous une niche ogivale ornée de moulures. Non loin de ce tombeau, s'ouvre, dans le cimetière, une porte rectangulaire.
16. Voir un plan d'ensemble dans un angle de la gravure représentant l'intérieur du château.

Les bases et les socles des faisceaux des colonnes séparant la nef du chœur et de celles qui montent dans les angles nord-est et sud-est de ce chœur s'élèvent sur un syllobate peu saillant, haut de deux assises au-dessus du sol. La corbeille des chapiteaux a un ou deux rangs de godrons. Cinq grandes fenêtres éclairent le chœur : une au sud, une au nord et trois à l'est ; deux petites baies très évasées en dedans, étroites en dehors, s'ouvrent près de l'arc triomphal. Les grandes fenêtres sont en plein cintre, leur ébrasement extérieur n'est pas orné; mais, à l'intérieur, il est encadré par des colonnettes, et des marches ont été ménagées dans l'ébrasement inférieur; l'archivolte de ces ouvertures est ornée de tores et d'étoiles et retombe sur un cordon couvert d'entrelacs encadrant des boutons et faisant le tour du chœur au niveau du tailloir des chapiteaux des colonnettes.

La fenêtre du centre est percée dans un contrefort plat appliqué au milieu du chevet ; d'autres contreforts plats soutiennent la nef et le chœur; mais ceux chargés de résister à la poussée de l'arc triomphal sont plus saillants que les autres.

La façade occidentale, dans laquelle s'ouvre la porte de l'église, est surmontée d'un clocher pignon ajouré de deux baies pour les cloches; une de ces baies est légèrement ogivale, et l'autre cintrée; une bretèche a dû jadis protéger les cloches et servir de moucharaby à l'occasion. La porte ogivale, sous plusieurs voussures lisses, doit être, comme le reste de l'église, du commencement du XIIIe siècle.

Tout cela est dans le plus grand délabrement et il ne reste plus à l'intérieur que le bénitier et les fonts baptismaux; le premier est un bloc de pierre dure en pyramide tronquée ayant au sommet une cuvette circulaire. Les seconds sont encore à leur place à l'angle nord-ouest de la nef; c'est un énorme monolithe carré à cuve circulaire orné sur chaque face d'une arcature ogivale composée de quatre arcs formés par le croisement d'arcs en plein cintre. Je crois ces fonts aussi anciens que l'église.

Ceux qui ont construit ce monument n'avaient certainement pas l'intention d'appuyer une forteresse contre son flanc septentrional puisqu'ils ont ouvert des fenêtres sur ce flanc; ce n'est que plus tard, au commencement du XIVe siècle, que la nécessité se fit sentir pour tous les seigneurs féodaux de protéger leurs domaines d'une manière plus efficace. C'est alors que les rois d'Angleterre engageaient les Gascons à prendre des mesures contre les invasions incessantes des Français; c'est alors aussi que les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem construisirent ce que l'on appelle actuellement le château de Sallebruneau. Il était, ainsi qu'on peut le voir dans le plan que nous en donnons, d'une grande simplicité : des contreforts vigoureux en soutiennent les angles orientaux et une tour carrée s'avançant contre l'angle nord-ouest recouvrait une prison surmontée de deux étages percés de meurtrières cruciformes. La porte devait être au nord dans une tour en saillie dont il ne reste que les fondations; on y voit encore la rainure de la herse.

Le mur oriental est le côté le plus intéressant de ces ruines; le rez-de-chaussée est percé de trois meurtrières sous des niches surbaissées. L'angle nord-est est renforcé par un contrefort saillant, servant en partie d'assiette à une charmante tourelle hexagone dont la base part du sol du premier étage, les portions de la tourelle qui surplombent sont bâties sur des trompillons qui prennent leur point d'appui contre les murs et sur le contrefort. Chacun des pans extérieurs est percé de longues meurtrières cruciformes.

La salle orientale du premier étage du château était éclairée par une jolie fenêtre ogivale divisée par un meneau portant un dormant trilobé. On distingue encore des fragments de meurtrières, de cheminées et de fenêtres dans le mur septentrional; mais celui de l'ouest, ainsi que les cloisons intérieures, ont entièrement disparu.
Ces ruines, après avoir appartenu à M. de Minvielle, sont maintenant entre les mains de M. Clément d'Huzard, de La Réole.

La Motte de Lucreau

La Motte de Lucreau était située dans la juridiction de Sallebruneau, à l'embranchement du chemin qui va de l'église à Blazimont et de celui qui va de Sauveterre à Rauzan ; elle fut donnée avec tout son territoire, le 6 février 1284, par Guillaume-Raymond, seigneur de Rauzan, à l'hôpital de Sallebruneau (17). Je crois qu'elle est détruite, je ne l'ai pas retrouvée.
17. Voir page 549 du 40e volume.

Il existe, dans la même paroisse, une autre motte située à un kilomètre environ au sud-ouest de l'église; elle s'élève sur le bord méridional du chemin qui conduit de cette église à celle de Sainte-Présentine. Le sommet de la motte forme une aire à peu près horizontale, longue de 12 mètres de l'est à l'ouest et large de 10 mètres du nord au sud. Le talus a 7 mètres, le fossé qui l'entoure et qui est alimenté par un ruisseau venant du sud et qui ne fournit de l'eau que pendant les pluies, a 5 mètres de large dans sa partie la plus étroite et 1 mètre 50 dans d'autres endroits; il n'est profond que de 1 mètre 50 du côté du chemin qu'il borde. La hauteur totale de la butte, à partir du fond du fossé, est de 7 mètres environ.

Fin de la juridiction de Sallebruneau et du Chapitre page 365.
Sources : Gères, Jules de. Actes de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 3e série. 44e et 45e année. 1882 et 1883. BNF

Voir sur le site La commanderie de Sallebruneau

Voir aussi la page de Wikipedia la Commanderie de Sallebruneau

Martres

Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Canton: Targon, Commune: Saint-Genis-du-Bois - 33
Sent-Pey-de-Tartres [1277], parrochia dc Martres [1313].
Saint-Pierre-de-Martres.

Les quelques documents que nous avons eus entre les mains paraissent prouver que, jusqu'au XVIe siècle, ou, du moins, jusqu'à la fin de la domination anglaise en Guyenne, la paroisse de Sainte-Présentine, qui fait actuellement partie de la commune de Sallebruneau, s'appelait Saint-Martin-de-Festals. Nous ne savons pour quel motif son nom et son vocable ont été changés.
Il est fait mention de Saint-Martin-de-Festals en 1115 (1). C'était alors un bénéfice de l'abbaye de La Sauve, à laquelle sa possession fut confirmée, le 3 janvier 1166, par une bulle d'Alexandre III (2), et, en 1197, par une autre bulle de Célestin III (3).
1. Bibliothèque de Bordeaux, Petit Cartulaire de La Saune, page 89.
2. Archives départementales, La Sauve, cartons.
3. Petit cartulaire de La Sauve, page 231.


Il résulte d'un contrat de vente faite à Guillaume de Lhur, curé de Sauveterre, d'une terre dans la paroisse de Festals, qu'en 1364, Bertrand de Puch, chevalier, y possédait des fiefs (4), et que cette paroisse portait encore le même nom au commencement du XVe siècle, puisqu'en 1408, un nommé Jean del Bordil reconnut du commandeur de Sallebruneau le moulin de Suiraguet ou Sucquère, situé sur le ruisseau de Gornorene [Gourmeron], dans la paroisse de Festals, en la juridiction de Bénauges (5).
4. Archives du château de Brugnac.
5. Archives départementale, Ordre de Malte, cartons.

Dans une liste des décimes levés dans le diocèse de Bazas, en 1523, elle était annexée à Daubèze et n'était plus connue sous le nom de Festals, mais sous celui de Sainte-Présentie: Rector de Aubeze cum sua annexa Sancte-Presentie, 20 livres tournois En 1528, on imposa
toutes les paroisses de France pour le rachat des entants de François 1er. Dans ce rôle, elle est nommée Sainte-Présentine: Rector Daubeze cum sua annexa Sancte-Presentine, 8 livres, 5 sous tournois (6).
6. Manuscrits de ma collection.

En 1637, les tailles royales de cette paroisse s'élevaient à 195 livres 17 sous 4 deniers (7).
7. Arcives du château de La Taste.

Nous avons vu que Martres, ainsi que quelques autres paroisses situées dans le diocèse de Bazas, à l'est de l'Engranne, faisaient partie de la juridiction de Bénauges. Martres, Castelvieil, Saint-Brice, Coirac, d'Arbesesa [Daubèze ?] et Socats [Festals] contestèrent le droit de justice à Jean de Grailly, seigneur de cette juridiction, qui provoqua, en 1313, une enquête à ce sujet (1). Nous ne connaissons pas le jugement qu'elle motiva ; mais Saint-Brice et Daubèze ont toujours été, depuis lors probablement, incorporées à la prévôté royale de Sauveterre.
1. Baron de Marquessac. Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Guyenne, page 133.

Nous ne savons presque rien de ce qui s'est passé dans cette paroisse jusqu'à la fin du XVe siècle, si ce n'est qu'elle était un membre de la commanderie d'Arcins (2); que, le 18 mars 1277, Pierre de Laubesc, chevalier, fit hommage à Jean de Grailly de tous les fiefs qu'il possédait dans la seigneurie de Bénauges et, en particulier, des localités de Malpasse et Malcor [Maucour], situées à Martres, au devoir de 60 sous bordelais de rente à muance de seigneur; il reconnut en même temps qu'il devait bâtir dans le château de Bénauges une maison couverte de tuiles, lorsqu'il en serait requis par le seigneur ou son lieutenant (3).
2. Archives historiques, tome X, page 93.
3. Archives de Laubesc. Ou trouve habituellement des substructions romaines dans les localités appelées Mazères


Nous verrons plus loin qu'il n'était pas le seul possédant le droit d'avoir une habitation particulière dans ce château.
En 1363, Indie de Laubesc, veuve de Béraud de Pressac, avait des fiefs dans le lieu de Mazères, à Martres, et Arnaud de Montravel et Guillaume de Puch en avaient aussi dans d'autres localités, en 1488. Cette même année surgit un procès entre le seigneur de Bénauges et le commandeur de Saint-Genis-du-Bois; celui-ci se plaignait que les officiers du seigneur s'étaient, depuis cinq ou six ans, emparé des revenus qui lui appartenaient dans certaines paroisses, entre autres dans celle de Martres, où ils avaient arrenté à leur profit 3 livres 7 sous 4 deniers et une géline par an, neuf pièces de terre et cinq conquates de terres à l'agrière (4).
Nous parlerons plus longuement de ce procès dans la notice sur Saint-Genis-du-Bois.
4. Archives départementales, Ordre de Malte, cartons.

Henri de Navarre, qui devint plus tard roi de France sous le nom d'Henri IV, imposa, le 16 juillet 1580, certaines juridictions pour la subsistance de la garnison qu'il avait mise dans Montségur; Martres en fut exemptée parce qu'elle avait été donnée à La Garenne, qui était protestant et probablement un de ses capitaines (6).
Enfin, en 1637, Martres payait, pour les tailles royales, 406 livres 16 sols (7).
6. Archives de feu M. Léonce de Meslon.
7. Archives du château de La Taste.


La Motte-de-Martres, La Motte-Gusson [1519]

Nous avons vu, volume 40, que 13 janvier 1485, Jean Cholet prit à fief nouveau de Raymond de Naujan, seigneur de la maison noble de Naujan et de Semens, 80 journaux de terres incultes situées au Bruhaut, dans la paroisse de Frontenac, et y bâtit une maison. Cholet était déjà depuis quelque temps dans le pays et devait y âtre venu du Poitou, à l'appel des seigneurs qui voulaient repeupler leurs terres dévastées par la guerre de Cent ans.
Le 13 janvier et le 1er mars de l'année précédente, il est cité comme ayant des terres voisines à celles que le même seigneur baillait fief nouveau (9); il était probablement parent, peut-être frère, d'un Guillaume Cholet, auquel le commandeur de Sallebruneau bailla 100 journaux de terres dans la paroisse de Buch et le moulin de Buch situé sur le ruisseau de la Vignague (10).
9. Archives de Lanbesc.
10. Archives départementales, Ordre Malte, répertoire des titres.


La Commanderie

Il existe dans le bourg de Martres, au sud-ouest de l'église, une maison précédée, au nord, par une grande cour entourée de bâtiments ruraux, et, au sud, par une terrasse entourée d'une balustrade.
La maison n'a qu'un rez-de-chaussée éclairé, au sud, par une porte vitrée, trois fenêtres et un petit jour ouvert à côté de la porte; deux tours rondes empâtent les angles méridionaux; ces tours ont été arasées au niveau de la toiture de la maison. Cette construction, offrant peu d'intérêt, doit dater du commencement du XVIIIe siècle. Nous n'avons trouvé aucun document en faisant mention. Elle a, dit-on, appartenu à une branche de la famille de Carles. C'était peut-être ce que certains titres appellent La Tour-de-Martres et dont était seigneur, en 1631, Jean de Cholet, écuyer, sieur de La Garenne, capitaine pour le roi (55); elle n'était qualifiée que métairie dans un acte du 12 février 1643 (56). Les de Carles la tenaient peut-être des Crépelaine, auxquels alors elle serait venue par les Cholet.
55. Archives de M. de Solminihac.
56. Archives de Cugat.


Les de Carles, de Martres, habitaient cette paroisse au commencement du XVIIIee siècle. Le 19 novembre 1718, François de Carles de Roquette se maria dans l'église de Martres avec damoiselle Magdeleine de Melet. Marguerite de Carles, fille de noble Jeoffroy de Carles, sieur de Roquette, et femme de François de Crépelaine, écuyer, sieur des Eyriaux, fut ensevelie dans l'église de Martres, le 21 décembre 1721. Jean-François de Carles, chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel au régiment d'Angoumois et commandant du fort Sainte-Croix, à Bordeaux, fut parrain dans l'église de Martres, le 18 novembre 1726 (57).
57. Etat civil de Martres

Dame Marie-Thérèse de Carles, veuve de messire Jean-Louis de Lageard, écuyer, seigneur de Rebuillide, habitant la paroisse de Guillac, et, étant dans celle de Martres, en la maison de M. de Carles, sieur de Roquette, fit, le 6 janvier 1737, donation de sommes d'argent et de divers objets à ses deux fils messire François de Lageard, chevalier, aîné, seigneur de la maison noble de Semens et autres places, habitant de la paroisse de Tourtirac, juridiction de Castillon, et à autre François de Lageard, capitaine au régiment d'Angoumois (58).
Marie-Claire de Carles habitait, en 1739, la paroisse de Martres. François de Carles de Roquette, capitaine aide-major dans le régiment de Normandie, chevalier de Saint-Louis, mourut Martres, le 14 janvier 1743, et fut enseveli, le lendemain, dans l'église (59). La Commanderie appartient actuellement à M. Lagüe.

Moulin de Martres

de Mal-Pas [1488], de Maupas [XVIe siècle]
Ce moulin existait déjà au XIIe siècle; les templiers de Montarouch et les moines de La Sauve s'en disputaient la possession ainsi que celle de quelques autres propriétés.
Le commandeur et l'abbé Pierre de Laubesc prièrent Hélie de Malemort, archevêque de Bordeaux, de régler leur différend. Il décida, en 1196, que le moulin de Martres et celui de Besoles, situé dans la paroisse de Saint-Quentin-de-Baron, appartiendraient à La Sauve(60).
Le moulin de Martres qui, au XVIe siècle, était connu sous le nom de Moulin de Maupas, appartenait aux Melet; le 10 février 1567, Jacques de Melet, seigneur de Maupas et du Moyna, le mit sous sa main, parce que le meunier ne lui payait pas les droils et devoirs seigneuriaux ; il le laissa à son frère, Bernard de Melet, par transaction en date du 5 mars 1573. Pierre de Melet, seigneur des maisons nobles de Laubesc, La Salle-de-Castelvieil et autres places, afferma ce moulin pour trois années, moyennant 750 livres tournois par an, à sire Jean de Labat, bourgeois et marchand de Bordeaux. Ce Labat était meunier, il fit de mauvaises affaires, en sorte que M de Melet eut des difficultés avec lui. Au milieu du XVIe siècle et probablement jusqu'à la Révolution, le moulin était indivis entre les Melet et les seigneurs de La Garenne. Il appartient maintenant à un nommé Vincent. Il n'offre aucun caractère archéologique.
60. Petit cartulaire, page 189.
— Le père Dulaura, Histoire manuscrite de La Sauve.
— L'abbé Cirot de La Ville, Histoire de La Sauve, tome II, page 132.

Sources : Gères, Jules de. Actes de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 3e série. 44e et 45e Années. 1882 et 1883. BNF

Saint-Génis-du-Bois

Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Canton: Targon, Commune: Saint-Genis-du-Bois - 33
Sant-Genis-deu-Brulh, [1488], Saint-Genis en Bénauges.

La paroisse de Saint-Genis-du-Bois est bornée, au nord, par une portion de celle de Martres, au nord-ouest, par Montignac, à l'ouest, par Cantois (ces deux communes appartenaient au diocèse de Bordeaux), au sud, par Coirac, et, à l'est, par l'Engranne qui la sépare d'une portion de Martres. Elle était traversée, de l'est à l'ouest, par le chemin de Sauveterre au Tourne. Ses productions et son aspect ne diffèrent pas de ceux des paroisses voisines.

Son église, que le baron de Marquessac (1) trouve « excessivement curieuse » et qu'il se donne la peine de décrire dans tous ses détails, m'a paru au contraire des plus modestes; elle est de fondation romane, très petite, n'a qu'une nef, soutenue par des contreforts plats et éclairés au nord par deux petites fenêtres, l'une romane et l'autre moins ancienne; elle est recouverte par une charpente apparente de la fin du XVe siècle, Le sanctuaire, beaucoup plus étroit que la nef, est voûté en cul-de-four.
1. Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Guyenne, page 184.

Au nord s'enfonce dans le mur une armoire ancienne, et un autel en pierre ancien occupe le fond de l'abside semi-circulaire. La façade occidentale est surmontée d'un clocher-pignon ajouré de deux baies pour les cloches.

Au bas de cette façade, la porte s'ouvre sous trois archivoltes ornées de festons, de dents de scie et d'étoiles; au-dessus de la porte s'étend une corniche soutenue par des modillons frustes.

Saint-Genis-du-Bois était un membre dépendant de la commanderie d'Arcins en Médoc (2). Les commandeurs y entretenaient, au moins dans les derniers temps, un curé. Au XIIIe siècle, ils possédaient paisiblement la justice haute, moyenne et basse au dedans de certaines limites bornées par des croix. Jean de Grailly, seigneur de Bénauges, la leur contesta, mais, le mardi avant la chaire de Saint-Pierre 1299, intervint une transaction entre ce seigneur et frère Hugon de Parando, visiteur général de l'ordre du Temple, par laquelle il fut convenu que le commandeur de Saint-Genis posséderait toute la justice dans le territoire limité par ces croix mais, en cas d'appel, les appellations seraient portées devant le juge de Bénauges (3).
2. Archives départementales Ordre de Malte, cartons, passim.
3. Pièces justificatives, n° I.


Vers 1482, les officiers du seigneur de Bénauges, profitant du désordre que la guerre de Cent ans avait mis dans les propriétés, désordre tel que bien des possesseurs de fiefs et de rentes ne savaient au juste ce qui leur appartenait, s'emparèrent des revenus que le commandeur de Saint-Genis possédait dans certaines paroisses en arrentant les fiefs en leur nom; ainsi ils avaient arrenté toute la paroisse de Saint-Genis, excepté six petits domaines; autrefois le commandeur y levait 8 livres 18 sous 5 deniers, 22 gélines, 21 pugnerées et demie d'avoine, 8 manœuvres et y possédait 13 pièces de terre à l'agrière.

Ils avaient également tout arrenté dans les paroisses de Martres et de Coirac, dans la première desquelles le commandeur levait 3 livres 7 sous 4 deniers, une géline de rente annuelle, 9 pièces de fonds et 7 conquats de terre à l'agrière, et, dans la seconde, 10 sous 7 deniers, 3 gélines et un boisseau d'avoine; frère Odet de La Graula, commandeur d'Arcins, de Montarouch et de Saint-Genis, et frère Bernard Gros, commandeur de Puch, de Sallebruneau et de Buch, dénoncèrent à Gaston de Foix, seigneur de Bénauges, les usurpations de ses officiers, lui déclarant qu'outre les rentes que ses agents leur avaient enlevées, ils possédaient la juridiction et seigneurie basse dans certaines limites, et le prièrent de leur rendre justice. Gaston de Foix, étant à Cadillac, manda en conséquence, le 20 juin 1488, à Me Jean Chevigné, juge général de toutes ses terres, d'aller, avec le procureur du comté de Bénauges, sur les lieux contentieux, de faire faire des enquêtes, de se faire présenter les titres et de les lui apporter pour, après avoir consulté son conseil, y pourvoir comme de raison.

Le juge s'étant présenté à Saint-Genis, où l'attendait le procureur du commandeur, la visite des confrontations et des limites signalées par des croix commença. « Et, premièrement », dit le procès-verbal ou plutôt une analyse barbare de ce document « se confronte et comance ung cayrefforc qui es sur los camins per ont on ba à Castet-bielh, à Sauvaterra et à Martras ou au molin de Maupas; auquau cayreffort sole aver antiquement une croys plantada per division desdites limites et juridiction de Saint-Genis. »

« Item s'en tira de ladite croys et cayrefforc tout au lonc deudeit gran camin qui ba à Martras jusques à ung terrier sur loquau terrier sole aver antiquement une autre croys appellada, la Croy de Maroylhe de Saint-Genis. »

« Item de ladite croys de Maroylhe s'en devalle et tira tout dreyt au lonc de certaines dognos (sic) ou camins tout dreyt devant 10 hostau de Robin Trahan et jusques ung autre cayrefforc qui es sur 10 camin et qui ben deu pont de l'Aguilhete et ba à Maupas et à Martras, sur loqual cayrefforc à une autre croys et bidana de peyra plantada. »

« Item s'en part de ladeita bidana et croys et devalle jusques à l'Engrana et traversa ladeita Engrana montant tout dreyt, contra sus, tout au travers des terres et maynes que tenent losdeits Robin Trahan et Pasquet Guilhamot de ladite comanderie de Saint-Genis, jusques au camin qui ben de Maucor audeit pont de l'Aguilhete, et ba tout au lonc deudeit camin de Maucor jusques à ung cayreffort on sole aver une autre croys plantada. »

« Item de ladite croys s'en part et tira tout dreyt et au travers deu mayne de Miqueu Pailher jusques au riu et traversa lodeit riu, et s'en monta tout au lonc de ung bielh fossat au dogno jusques à une autre croys et bidana de peyra plantada aperada la Croys du Paduent de Saint-Genis. »

« Item de ladite croys et bidano s'en tira et traversa 10 gran camin que ba à BenanDes traversant 10 mayne et ung cayrefforc qui es sur los camins per ont on ba à Castet-bielh, à Sauvaterra et à Martras ou au molin de Maupas; auquau cayreffort sole aver antiquement une croys plantada per division desdites limites et juridiction de Saint-Genis. »

« Item s'en tira de ladite croys et cayrefforc tout au lonc deudeit gran camin qui ba à Vlartras jusques à ung terrier sur loquau terrier sole aver antiquement une autre croys appellada, la Croy de Maroylhe de Saint-Genis. »

« Item de ladite croys de Maroylhe s'en devalle et tira tout dreyt au lonc de certaines dognos (sic) ou camins tout dreyt devant 10 hostau de Robin Trahan et jusques ung autre cayrefforc qui es sur 10 camin et qui ben deu pont de l'Aguilhete et ba à Maupas et à Martras, sur loqual cayrefforc à une autre croys et bidana de peyra plantada. »

« Item s'en part de ladeita bidana et croys et devalle jusques à l'Engrana et traversa ladeita Engrana montant tout dreyt, contra sus, tout au travers des terres et maynes que tenent losdeits Robin Trahan et Pasquet Guilhamot de ladite comanderie de Saint-Genis, jusques au camin qui ben de Maucor audeit pont de l'Aguilhete, et ba tout au lonc deudeit camin de Maucor jusques à ung cayreffort on sole aver une autre croys plantada. »

« Item de ladite croys s'en part et tira tout dreyt et au travers deu mayne de Miqueu Pailher jusques au riu et traversa lodeit riu, et s'en monta tout au lonc de ung bielh fossat au dogno jusques à une autre croys et bidana de peyra plantada aperada la Croys du Paduent de Saint-Genis. »

« Item de ladite croys et bidano s'en tira et traversa lo gran camin que ba à Benauges traversant lo mayne et branartz que los Ntocquetz tenen de ladite maison de Saint-Genis tout au lonc des cames (sic) doguos (sic), jusques à une autre croys et bidana de peyra plantada devers lo mech jour. »

« Item de ladite croys et bidana s'en retorne tout dreyt au travers de certains brandartz et autres terres jusques darreys et pres de l'ostau de ung nompnat Huguet et sur le gran camin qui ba au Queyron ont sole aver une autre croys plantada. »

« Item deudeit hostau, camin et croys s'en devalle tout dreyt a ladeita Engrana et traversa ladeita Engrana et s'en monta tout dreyt lo lonc deu camin qui passe devant lo hostau de Maude jusques au susdeit cayreffort ont es la premiera croys confrontada qui es sur lesdeits camins de Castet-Bielh de Sauvaterra. »

Les résultats de cette visite furent que le commandeur de Saint-Genis perdit à peu près tout ce qu'il possédait hors des limites des croix (4).
4. Archives départementales, Ordre de Malte, cartons, Baron de Marquessac, Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Guyenne, page 180 et suivantes.

Un autre procès eut lieu pour le même motif à la fin du XVIIe siècle; il fut, d'après le baron de Marquessac, gagné par le commandeur Charles d'Aiguières, et toutes les rentes usurpées par le seigneur de Bénauges rentrèrent à l'ordre de Malte. Cependant, un arrêt du grand conseil concernant la justice de Saint-Genis, prouve qu'après ce commandeur tout n'était pas fini entre les seigneurs de Bénauges et les chevaliers de l'Ordre. Cet arrêt, daté du 5 septembre 1735, s'exprime ainsi (5) « Icellui nostre Grand-Conseil, faisant droit sur le tout, a maintenu et gardé, maintient et garde ledit Alexandre-Julien de Garnier de Saint-André, commandeur d'Arcins et de Montarouch, dans le droit et possession d'instituer le juge et autres officiers de la commanderie de Montarouch et de Saint-Genis-du-Bois, membres en dépendant, dans l'enceinte de quatre croix, et maintient le juge dans le droit et possession d'exercer la justice dans l'enceinte desdites croix, à la charge qu'en cas d'appel des jugements et sentences qui seront rendus par le juge, lesdites appellations seront relevées et portées, au second degré de juridiction, devant le juge de Bénauges en qualité de sénéchal de Montarouch ; comme aussi a maintenu et gardé, maintient et garde ledit Charles-François de Vavrans de Boursins et ladite Marie-Angélique de Gasque, veuve Ferrand, ezdits noms, dans la propriété, possession et jouissance de la justice haute, moyenne et basse dans le surplus de ladite paroisse de Saint-Genis-du-Bois en Bénauges ; ordonne que, dans trois mois, à compter du jour de la signification du présent arrêt à personne ou domicile, par devant le lieutenant général de Bordeaux, que notre conseil a commis et commet à cet effet, il sera fait procès-verbal de reconnaissance des lieux où sont et où étaient plantées les croix énoncées dans les actes de 1299 et 1649, ensemble du nombre des maisons et habitants contenus dans ladite enceinte. »
5. Cet arrêt était rendu entre Alexandre-Julien de Garnier de Saint-André, commandeur d'Arcins et des membres en dépendant, d'une part, et messire Charles-François de Wavrans, marquis de Bousins, au nom et comme mari de dame Marie-Angélique de Gascq, ceuve en premières noces de messire Étienne de Gombaud, chevalier, seigneur de Bénauges, et, en secondes, de messire de François Ferrand, chevalier, conseiller d'Etat, au nom et comme tutrice de demoiselle Prancoise-Jacquette de Gombaud, de Dénauges, sa fille, d'autre part.

Cette reconnaissance n'eut pas lieu sous Garnier de Saint-André, mais sous son successeur, Glandevez de Niozelle, qui chargea Joseph-Marie du Temple, juge de Villemartin, de lever un plan du territoire enclavé dans les croix. Du Temple prit avec lui deux vieillards de la paroisse de Saint-Genis qui lui indiquèrent où étaient les croix.

Ils commencèrent par la première, qui s'élevait « au-devant à un carrefour où il y a quatre chemins, savoir l'un qui vient de la paroisse de Castelvieil, au milieu duquel il y a eu autrefois une croix, et qui va à la paroisse de Martres et au moulin du Maupas, et l'autre qui vient de Sauveterre et va passer auprès de ladite croix, et va à la maison de La Bastrié, et va au Queyron. »
« De ladite croix, l'on vient à un autre carrefour où il y a trois chemins l'un pour aller à Sallebruneau et l'autre pour Sauveterre et l'autre qui conduit à Martres, où il doit y avoir une croix, et, en continuant celui de Martres, il y a un chemin qui traverse ledit chemin de Martres, qui vient de Rauzan et va à Saint-Macaire, où il y avoit une autre croix. Et, en continuant de ladite croix le chemin pour Martres, il y a, en deçà d'icelluy, le village de Jean d'Illion, c'est-à-dire la maison, chais, pressoirs, grange et pigeonnier du sieur Balan, qui est dans l'enclave, et, continuant ledit chemin, l'on vient passer devant la maison de Robin Trahan, qui n'est pas comprise dans l'enclave, et, au-dessous de ladite maison, le chemin entre deux, il y a le moulin du sieur Coicaut qui est dans l'enceinte et qui est sur le ruisseau de l'Engranne, qui sépare la paroisse de Saint-Genis de celle de Martres. (C'est ce qui fait voir l'usurpation de M. le comte de Bénauges, les maisons du sieur Balan et le moulin étant dans la paroisse de Martres, cependant la dépendance est de la seigneurie de Saint-Genis.) Continuant ledit chemin, l'on va passer le ruisseau de l'Engranne au carrefour auquel il doit y avoir une autre croix ; et, aiant traversé ledit ruisseau, l'on va passer devant le moulin de Maupas qui n'est pas compris dans l'enceinte, et l'on monte dudit moulin devant le mayne de Robin Trahan, et l'on continue le chemin de Maucou jusques au village de Guillabot, duquel l'on monte toujours, et continuant le chemin de Maucou jusqu'à un autre carrefour où il y a trois chemins et sur lequel il doit y avoir une autre croix, et l'on part de ladite croix en traversant le mayne et bois de Michel Paillier duquel on descend tout droit au ruisseau que l'on traverse, et l'on monte tout le long d'un fossé au bout duquel il y avait une croix du côté du midi, en traversant le chemin qui va en Benauges, et l'on va passer au-devant la maison de Janneton, qui est aussi comprise dans l'enceinte, où il doit y avoir une autre croix. De ladite croix et maison, l'on traverse, tout au long de certaines digues, jusques à un endroit où il y avait anciennement une autre croix du côté du midi ; et de laditte croix s'en retourne tout droit, au travers de certaines brandes et terres, jusque derrière et près de la maison d'un nommé anciennement Huguet, appelée présentement la Bastrié, et vient joindre le grand chemin qui va au Queyron, sur lequel chemin il y avoit anciennement une croix, et de ladite croix on descend près de la maison de la Bastrié et on suit tout droit le chemin jusques au ruisseau de l'Engranne que l'on traverse sur un pont, et l'on monte tout droit au-devant des maisons des sieurs Coicaud, qui estoient anciennement la maison de Mande, qui sont comprises dans ladite enceinte quoique dans la paroisse de Martres, et, en continuant ledit chemin, toujours en montant, l'on va joindre le carrefour et chemin de la première croix confrontée (6). »
6. Archives départementales, Ordre de Malte, cartons.

Il est probable qu'à partir de cette époque les seigneurs de Bénauges laissèrent les commandeurs jouir en paix de la commanderie de Saint-Genis.
Le 27 janvier 1767, Joseph-Berard de Verzel, secrétaire du roi, maison et couronne de France, afferma, comme procureur du commandeur François Glandevez de Niozelle, à Richet Brugier et à François Sarlandier, tous les fruits décimaux de Cantois en Bénauges et de Saint-Genis-du-Bois, la moitié des lods et ventes et la maison de La Motte pour quatre ans, moyennant 1,650 livres par an, 12 paires de chapons gras à Noël, 12 paires de poulets gras au mois d'août, 50 livres de lard en planche et 50 livres de bon jambon à Pâques.

La Révolution a fait disparaître du même coup commanderie et commandeurs. Il ne reste que l'emplacement de la motte, située à l'ouest de l'église et sur laquelle était bâtie leur maison. Cette motte, haute de 3 mètres environ, à 36 mètres de long, de l'est à l'ouest, et 24 mètres de large, du nord au sud ; elle était entièrement enveloppée de fossés, ainsi qu'il résulte d'une reconnaissance consentie, le 26 mars 1560, en faveur du commandeur Jean de Maignan, dit de Montégut (7); ces fossés se retrouvent encore du côté de l'ouest. Il ne reste plus rien de la maison des commandeurs, mais j'y ai ramassé des débris de briques romaines, ce qui donne à penser que cette motte remonte à une très haute antiquité.
7. Ibidem.

Moulin de Saint-Genis, de Beaubusson (8), de Coicaud
Ce moulin était situé sur l'Engranne, au nord de l'église ; il fut ruiné pendant la guerre de Cent ans. La tourmente passée, les commandeurs, comme tous les autres seigneurs du pays, firent tous leurs efforts pour reconstituer leurs fiefs et remettre en culture leurs terres désertes ; ils n'oubliaient pas les moulins qui étaient non seulement une source de bons revenus, mais dont la reconstruction devenait indispensable à cause de l'augmentation de la population.
8. Un acte du mai 1564 signale à Saint-Denis le moulin de Beaubusson, appartenant à plusieurs tenanciers ; je crois que c'est le même que le moulin de Saint-Genis.

Le 25 mars 1489, Me Arnaud Bardeau, notaire royal, procureur de frère Odet de La Graula, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur d'Arcins et de tous les membres en dépendant, bailla à fief nouveau à Robin Trahan et à Anne du Solier, sa femme, paroissiens de Martres, le moulin de Saint-Genis, au devoir de 5 sous bordelais d'exporle à muance de tenancier et de Seigneur, 4 boisseaux de froment de la mesure de Saint-Genis et une paire de chapons de rente annuelle ; mais, le tenancier ne devait pas payer les deux premiers termes, parce que le moulin était abandonné et ruiné.
Le 9 novembre 1491, le comte de Bénauges bailla cens le même moulin au même tenancier, au devoir de 5 sous d'exporle et un boisseau de froment pris sur les quatre dus au commandeur, et il fut convenu entre le comte et Trahan que dorénavant l'exporle et les rentes appartiendraient au seigneur de Bénauges. Les prétentions de ce seigneur ne se passèrent pas sans réclamations de la part du commandeur ; le procès fut long, puisque ce n'est que le 23 juillet 1671 qu'intervint un arrêt du Parlement par lequel François de Foix, captal de Buch, comte de Bénauges, fut déclaré seigneur direct pour un quart du moulin de Saint-Genis, situé dans la limite des croix, et frère François de Béon de Cazau, commandeur d'Arcins et membres en dépendant, pour trois quarts.

Le seigneur de Foix aura, dit l'arrêt, un boisseau de froment de rente annuelle, foncière et directe, mentionnée dans le contrat de baillette du 9 novembre 1491, et le commandeur, 3 boisseaux de froment et une paire de chapons de même rente, suivant la baillette du 25 mars 1489. La femme Mouguet, veuve de Coicaud, tenancière, fut condamnée à exporler desdits seigneurs chacun pour leur part et à payer les arrérages depuis vingt-neuf ans, et le commandeur aux dépens envers le seigneur de Bénauges.

Vingt ans auparavant, le 3 juillet 1651, frère Pierre Barail de Mervila, chevalier de Saint-Jean, habitant du château de Montarouch fermier général de frère Jean-Gilles de Fougasses de La Bartelasse, chevalier dudit ordre, commandeur d'Arcins et dépendances, avait affermé Jean des Pujols et Martial Bertin, les fruits décimaux, lods et ventes, rentes et autres droits qui lui appartenaient dans les paroisses de Cantois et de Saint-Genis, pour deux ans, moyennant 570 livres par an. Les preneurs étaient tenus de donner au-delà du prix de l'afferme, au curé de Saint-Genis, la somme de 40 livres par quartier, et, au curé de Cantois, la pension accoutumée. Mervila se réservait la rente du moulin de Saint-Genis et le droit de prélation sur certains biens.

On pourrait croire qu'après l'arrêt du 23 juillet 1671, les commandeurs se contenteraient de ce que le parlement leur laissait sur le moulin et vivraient en paix avec le seigneur de Bénauges et leur tenancier commun, il ne dut pas en être ainsi, puisque nous trouvons une signification faite le 4 septembre 1755, par le commandeur François Glandevez de Niozelle à Marie Coicaud, veuve de Jean La Pontine, chirurgien, d'un fief nouveau consenti par le commandeur Odet de La Graula en faveur de Jean Cothareau, laboureur, en date du 10 avril 1488, et de deux lettres de debitis, du 7 septembre 1754, à la suite desquelles François de Glandevez la faisait assigner aux requêtes du Palais à Bordeaux, pour se voir condamner à payer au commandeur 4 boisseaux de froment et une paire de chapons de rente annuelle, comme propriétaire du moulin de Saint-Genis, conformément au susdit bail, et les arrérages depuis vingt-neuf ans ; à se voir condamner de plus à exporler dudit moulin en sa faveur et aux dépens. Le commandeur ne connaissait peut-être pas l'arrêt du 23 juillet 1671.
Nous ne savons ce qui résulta de ce dernier procès, qui n'était peut-être pas fini quand éclata la Révolution (9).
9. Archives départementales, Ordre de Malte, cartons.
Sources : Gères, Jules de. Actes de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 3e série. 44e et 45e Années. 1882 et 1883. BNF

Voir sur le site la commanderie de Saint-Genis-du-Bois

Voir sur Wikipedia Eglise de Saint-Genis-du-Bois

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