Département: Gers, Arrondissement, Auch Commune: Castéra-Verduzan - 32
Domus Hospitalis La Cavalerie
Elle comprend un groupe de bâtiments contigus et disposés en rectangle de façon à former une cour intérieure de 20 mètres de long sur 17 mètres de large. L'un des petits côtés du rectangle est formé par les écuries et le château, celui qui lui fait face par les granges et le cellier ; l'un des grands côtés, par la chapelle, et l'autre enfin par les volières, les caves et de secondes écuries (1).
1. C'est grâce à une matrice cadastrale du Castéra-Verduzan, datée de 1772, que j'ai pu établir un plan dans lequel j'ai pu déterminer la véritable affectation des divers bâtiments.
Point de murs d'enceinte, les murs extérieurs des diverses constructions en tenant lieu; point de fossés, un escarpement naturel du terrain les rendant inutiles. Les seuls appareils de défense consistaient en quelques étroites meurtrières percées de ci de là dans les murs des divers bâtiments.
La Commanderie (c'est encore ainsi qu'on la désigne dans la région) était donc moins un château-fort qu'un manoir. Elle donne l'impression d'une confortable maison de campagne pour laquelle les constructeurs ont pris certaines dispositions en vue de protéger la sécurité des habitants et de les mettre à l'abri d'un coup de main tenté par des aventuriers.
Une seule entrée située entre la façade de la chapelle et l'un des angles fermé par l'écurie, donne accès dans la cour, et c'est dans cette cour que s'ouvrent tous, les différents corps de bâtiments énumérés plus haut.
La hauteur des murs qui l'entourent, le ciel azuré qui lui sert de voûte, le voisinage pieux de la chapelle, le calme qui règne dans cette cour, lui donnent cet air à la fois mystérieux et sévère que possèdent les cloîtres de nos vieux monastères.
Il semble, en y pénétrant, que vos pieds foulent un sol béni ; aussi vous faites instinctivement silence, votre imagination s'élance vers le passé et vos regards errant dans cette petite enceinte cherchent vainement les traces des hommes illustres, dont tout, autour de vous, semble pleurer l'absence.
Visitons d'abord la petite chapelle qui, la première, tente notre curiosité. Avant d'y pénétrer une chose nous frappe, c'est que la plupart des pierres, de taille qui ont servi à la construire portent des marques de tâcherons ; celle que l'on rencontre le plus fréquemment affecte la forme d'un (A) gothique.
Les murailles portent en outre des traces de remaniements successifs ; c'est ainsi que des ouvertures ont été aveuglées d'un côté pour reparaître d'un autre.
On y pénètre aujourd'hui par une petite porte dont l'arc en tiers-point possède un gros, tore pour tout ornement. Ce qui frappe en y entrant, c'est sa simplicité toute bernardine. La pauvreté de son ornementation et le délabrement dans lequel elle se trouve actuellement lui donnent un air de tristesse qui impressionne péniblement le visiteur.
Ses murs sont nus et barbouillés d'ocre ; seuls, quelques bouquets de feuillage, quelques fleurs desséchées pendent lamentablement à droite et à gauche depuis les dernières rogations ; ses fenêtres, si étroites qu'elles ressemblent à des meurtrières ; le plafond, tout en planches, éventré en maints endroits, laisse apercevoir la toiture ; il s'interrompt brusquement à la hauteur de l'entrée du chœur pour former une voûte à plein cintre laquelle est ornée de peintures criardes ayant pour sujet quelques vulgaires motifs d'ornementation. L'œil s'arrête à peine sur quelques figures de pierre encastrées sans symétrie dans les murs et qui paraissent appartenir à une époque très antérieure ; quelques-unes sont grossièrement ébauchées, tandis que d'autres, au contraire, sont finement sculptées et assez expressives.
L'autel, une simple pierre supportant postérieurement deux gradins de bois vermoulu, est on ne peut plus simple ; il est surmonté cependant d'un tableau de 2 m 50 de hauteur sur 1 m 90 de largeur, représentant saint Georges et qui constitue l'ornementation la plus importante du chœur.
Deux, choses seulement paraissent présenter un réel intérêt dans le modeste temple de la Cavalerie, ce sont deux tombeaux construits face à face le long des murs de la nef et que l'on désigne dans la contrée sous le nom de « tombeau des commandeurs. » On y remarque, en effet, deux enfeus. Chacun d'eux comprend une table, formée de plusieurs pierres de taille et surmontée d'une arcade ogivale. Leur construction est identique et leurs dimensions sont égales ; tous les deux mesurent 2 m. 50 de longueur, 3 m. 50 de hauteur et 0 m. 70 de profondeur, mais, par contre, leur ornementation architecturale diffère, sensiblement.
La partie antérieure de celui de droite est originalement décorée de différents motifs d'architecture, tandis que la partie antérieure de celui de gauche est complètement nue. Ce dernier possède cependant plusieurs de ces tètes grossièrement sculptées dont j'ai parlé plus haut. Elles durent avoir été trouvées par des laboureurs du voisinage et apportées aux commandeurs qui les firent servir sans, doute à l'ornementation de leur petite chapelle (2).
2. L'église du vieux Castéra, qui dépendait de la Cavalerie, possède un enfeu ayant les mêmes formes et les mêmes dimensions ; aussi n'est-il pas téméraire de supposer qu'ils doivent tous avoir été construits sous la direction d'un même chevalier architecte.
Au sortir de l'église, une voie de 1 m. de largeur et formée de petites dalles de pierre nous conduit, en traversant la cour, au bas de l'escalier du château. On l'appelle « le petit chemin du commandeur, » sans doute parce que ce petit chemin était celui que suivaient les commandeurs lorsqu'ils sortaient de leurs appartements pour se rendre à la chapelle.
Le château est une simple tour carrée, aux murs épais, mais ne possédant ni mâchicoulis ni échauguettes. Les seuls appareils de défense dont elle est munie se trouvent au deuxième étage et consistent en sept à huit meurtrières.
On entre au rez-de-chaussée par une porte qui donne sur la cour, et il est éclairé par deux fenêtres grillées qui s'ouvrent du même côté, au-dessus d'un profond escarpement. Il se composait de quatre pièces ; la principale, qui est pourvue d'une vaste cheminée, d'un four et d'un évier, devait servir à la fois de cuisine et de boulangerie. Ni les unes ni les autres ne présentent rien de remarquable ; aussi sortons dans la cour, si vous voulez bien, et gravissons ensemble l'escalier qui conduit au premier étage.
C'est un escalier tout en pierre, à marches droites et, tournant à angle droit. Bien que sa construction soit des plus simples et des plus modestes, l'harmonie de ses dimensions et la façon élégante dont il s'avance vers le milieu de la cour lui donnent, un cachet particulier, Il serait encore en parfait état si les deux pilastres qui terminaient inférieurement sa rampe de pierre n'avaient disparu. D'ailleurs les propriétaires actuels du château ont trouvé plus commode un escalier en bois, d'une simplicité qui n'exclut pas l'élégance, qu'ils ont fait construire intérieurement.
Sur le palier d'arrivée on se trouve en face d'une porte rectangulaire, aujourd'hui murée, et qui donnait accès dans les appartements du commandeur. Le linteau porte en relief un écusson entouré d'une torsade ; mais les armes ont été grattées et, à leur place, la date 1789 qui s'y étale victorieusement prouve que le vandalisme révolutionnaire est passé par là (3).
3. On trouve fréquemment dans les environs des pierres de bornage de plus d'un mètre de hauteur et qui portent elles aussi des traces de grattage.
C'est au premier étage, sans doute, que se trouvaient les appartements du commandeur. Ils se composaient de quatre pièces et la principale, qui donne entrée dans toutes les autres, occupe à elle seule la moitié environ de la surface totale.
D'ailleurs, tandis, quel les propriétaires actuels ont fait subir aux autres pièces quelques récents travaux d'aménagement, la pièce principale est restée ce qu'elle était jadis. C'est même, avec un respect quasi religieux que les nouveaux hôtes du château vous introduisent dans ce qu'ils appellent « le salon du commandeur » C'est une grande salle carrelée de briques et pourvue d'une vaste cheminée dont l'ouverture ne mesure pas moins de 2 m. 20 de largeur sur 1 m. 70 de hauteur.
Cette cheminée est toute en pierre et le chambranle supérieur, bien que dépourvu d'étagère, est orné de quelques gracieuses sculptures.
La salle est insuffisamment éclairée par une seule fenêtre haute de près de trois mètres et percée comme une niche dans un mur de 1 m. 20 d'épaisseur. Un meneau horizontal, et absolument dépourvu de moulures, la partage transversalement en deux parties. Il existe encore au même étage deux autres fenêtres, dont la construction est identique à celle que je viens de décrire.
Le deuxième étage (où nous conduit un étroit escalier intérieur) est partagé en deux pièces d'égales dimensions, mais qui sont absolument nues. On y remarque, cependant, quelques meurtrières plongeantes et verticales ; chacune d'elles est percée à niveau du plancher et dans le mur d'allège d'une petite baie rectangulaire. Au dehors, ces meurtrières échappent aux regards et l'œil ne s'arrête que sur les petites ouvertures qui sont placées au-dessus.
Il y avait autrefois un troisième étage qui a disparu ; les murs ont été démolis à leur partie supérieure et le toit a été reconstruit. Quelques meurtrières, qu'affleure aujourd'hui la toiture, prouvent cependant que ce troisième étage existait et qu'il possédait des meurtrières semblables à celles que possède encore le second étage.
Je descendis donc dans la cour et je pénétrai successivement dans tous les autres locaux qui comprennent, comme je l'ai déjà dit : des granges, des écuries, des celliers, des caves, des volières, etc. ; mais tout ayant été remanié à l'intérieur, je n'y surpris rien de très intéressant : des tronçons d'escaliers de pierre, quelques vieilles, portes étroites, quelques meurtrières, c'est là tout ce qu'on y voit aujourd'hui.
Je remarquai, cependant, que les meurtrières ne ressemblaient point à celles que je venais de voir sur les murs du château ; au lieu d'être placées au-dessous d'une baie et dans une sorte de niche voûtée en berceau surbaissé, celles-ci présentent intérieurement une simple ouverture rectangulaire, évasée, terminant inférieurement par un plan incliné, et sont tout juste assez spacieuses pour contenir un défenseur.
Le propriétaire actuel, M. Salesses, me disait qu'il y a une dizaine d'années, il existait dans la grange un cachot souterrain donnant accès dans une galerie voûtée, laquelle allait déboucher à quelques mètres plus loin et en dehors de l'enceinte des bâtiments ; mais, hélas ! Un pressoir a été construit sur ledit cachot et l'ouverture de la galerie elle-même a été comblée.
Telles sont toutes les particularités qui m'ont paru intéressantes et que je me permets de signaler à tous ceux qui iront visiter l'ancienne résidence des commandeurs de la Claverie.
M. Gilbert BREGAIL. La commanderie d'Ayguetinte. Revue de Gascogne : bulletin mensuel du Comité d'histoire et d'archéologie de la province ecclésiastique d'Auch, page 63 et suivantes, tome XXXVI. Auch janvier 1895. BNF
La Commanderie de La Cavalerie, près Ayguetinte
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Domus Hospitalis La Cavalerie
Quelques apparences de manichéisme, nées des rites orientaux, servirent de prétexte à une accusation subite, mais des plus habilement préparées. Dans ce procès, à jamais regrettable, l'humanité et le droit furent tout à la fois affreusement violes.
La postérité, qui juge avec l'impartialité réfléchie de l'histoire, n'a pas ratifié la condamnation des Templiers.
Toutefois, sacrifié à la convoitise d'un roi faux-monnayeur par la complicité d'un prêtre ambitieux couronné de la tiare, l'ordre du Temple n'a pu complètement se relever de sa flétrissure séculaire. Sans doute, en vertu du fait accompli, cette théorie de certains grands politiques, les Templiers sont demeurés supprimés officiellement leurs biens immenses, partagés et jetés en curée, comme les domaines des Albigeois après la conquête, comme les biens dits nationaux il y a soixante-quinze ans, ont fini par se perdre çà et là entre les mains des serviteurs toujours cyniquement rapaces du pouvoir, et dans celles de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui devait, à son tour, se voir dépouiller, au bout d'une possession de près de cinq cents ans, de la riche succession des Templiers.
On n'en a pas moins prétendu que la milice du Christ avait survécu et s'était perpétuée jusqu'à nos jours. Nous avons vu, il est vrai, une liste des grands maîtres, successeurs de Jacques de Molay, continuée envers et contre tous, en quelque sorte jusqu'à la fin du siècle dernier et, sans prétendre en rien la certifier authentique et véritable, nous ne nous reconnaissons pas le droit de rejeter les grands noms qu'elle comporte. Ce n'est pas ici, d'ailleurs, la place d'entamer cet examen c'est tout simplement un rappel pour mémoire.
L'Agenais était couvert d'établissements de Templiers :
Argentens, Golfech, Sauvagnac, Casteijaloux, Sainte-Foy-de-Jérusalem, le Port-Sainte-Marie, le Breuil (entre Aiguillon et Sainte-Livrade), le Nomdieu, les Tours de Mérens, Corneillan, le Temple (entre Castelmoron et Sainte-Livrade), la Roque-Timbaut, Bourdiels, Curzon, Saint-Antoine-de-Ficalba, Sainte-Quiterie, Sainte-Foy-la-Grande, Saint-Félix, Salabeille, la Grâce, et enfin Aiguetinte, leur appartenaient. Ils avaient des maisons à Agen, à Condom, à La Ressingle, à Barbotan, au Saint-Puy, à Manciet, etc. Beaucoup de ces lieux étaient des fiefs de dignité connus sous le nom de préceptories ou commanderies.
Chacune de ces commanderies se subdivisait en membres ou domaines en dépendant, quelquefois détachés de la maison mère, et qui prenaient alors le titre de commanderies. Ces divisions de territoires, très instables d'ailleurs, avaient été créées pour faciliter la gestion des biens de l'ordre, qui était confiée à des chevaliers devenus, par l'âge ou leurs blessures, impropres au service actif d'outre-mer.
Personne n'ignore que c'est avec le revenu de ses commanderies que l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, en héritant des biens des Templiers, put entretenir, pendant plusieurs siècles, d'abord à Rhodes, puis à Malte, une armée et une marine toujours prêtes à repousser les attaques des Turcs, et à protéger, contre la piraterie, le commerce maritime des nations chrétiennes.
Un précepteur ou commandeur du Temple ou de Saint-Jean-de-Jérusalem, était en même temps seigneur temporel et spirituel. Sa résidence se composait d'un château fortifié, d'une chapelle et d'un domaine plus ou moins étendu, sur lequel il avait droit de haute, moyenne et basse justice. Il y joignait, d'ordinaire, le privilège de patronage et de collation de la cure du lieu ; enfin, il percevait certaines dîmes sur les environs.
Aiguetinte: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Ayguetinte - 32
La commanderie d'Aiguetinte, communément appelée La Cavalerie, en Armagnac, en tant que réunie à l'ordre de Malte, rassortissait au grand prieuré de Toulouse, et faisait partie de la vénérable langue de Provence. Elle était possédée par un chevalier de justice ; d'elle dépendaient les lieux appelés:
Nomdieu, Saint-Vincent et Mourède, désignés comme commanderies.
Nomdieu: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Nérac - 47
Saint-Vincent-d'Olargues: Département: Hérault, Arrondissement: Béziers, Canton: Saint-Vincent-d'Olargues - 34
Mourède: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Vic-Fezensac - 32
Brouilh: (?)
Sainte-Christie: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Sainte-Christie - 32
Castillon: Peut-être Castillon-Minervois
Peyriac-Minervois: Département: Aude, Arrondissement et Canton: Carcassonne - 11
Au début du XIIIe siècle, la croisade des Albigeois a fait passer la seigneurie de Peyriac aux chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui l'ont possédée jusqu'à la Révolution.
Sainte-Quentelle: (?)
Sarragachies: Département: Gers, Arrondissement: Mirande, Canton: Riscle -32
La Bégole: (?)
Valadrouze: (?)
Saint-Cricq: Département: Gers, Arrondissement: Condom, Canton: Saint-Cricq - 32
Arpentian: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Jegun - 32
Caubiet: Peut-être entre Saint-Vincent-de-Lamontjoie et Saumont (47 Lot-et-Garonne)
Lézian: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Jegun - 32
La Grange-Saint-Martin (?)
Sainte-Quiterie-d'Agen: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen - 47
Une partie du Saint-Puy: Département: Gers, Arrondissement: Condom, Canton: Saint-Puy - 32
Goulard: Département: Gers, Arrondissement: Condom, Canton: Castéron - 32
Castéra-Vivent ou Castéra-Verduzan: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Castéra-Verduzan - 32
Saint-Jean-d'Escalup: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement, Canton: Lamontjoie, Hameau: Escalup - 47
Bonnefont: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement: Nérac, Canton: L'Albret, Commune: Nomdieu - 47
Saint-Lary: Département: Gers, Arrondissement et Canton: Auch - 32
Dému: Département: Gers, Arrondissement: Condom, Canton: Cazaubon - 32
Castelnau-d'Anglès: Département: Gers, Arrondissement et Canton: Mirande - 32
Saint-Arailles: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Vic-Fezensac - 32
La Plume: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement: Agen, Canton: La Plume - 47
Cazaux: Cazaux-Savès, Cazaux-d'Anglès, Cazaux-Villecomtal ?
La Montjoie ou La Manjou: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement, Canton: Lamontjoie - 47
Saint-Hilaire: Peut-être Saint-Hilaire, carte IGN: canton: Jegun - 32
Saint-Nexans: Département: Dordogne, Arrondissement et Canton: Bergerac - 24
Castagnau: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Saramon - 32
Saint-Laurent-d'Armau - Armos (Cassini) Armau (IGN): Département: Gers, Arrondissement: Mirande, Canton: Goux - 32
L'Isle-de-Noé: Département: Gers, Arrondissement et Canton: Mirande - 32
Lupiac: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Vic-Fezensac - 32
Castelnouvel (Cassini) Castel Nouvel (Ign): Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Laymont - 32
Et quelques autres petites localités.
En même temps que frère Pierre de Sombrun gouvernait la préceptorie du Temple d'Argentens, au diocèse d'Agen, frère Fors d'Ossun administrait la préceptorie de Mourède, membre dépendant, avons-nous dit, de La Cavalerie, et frère Pierre d'Argout, chevalier du même ordre, prenait la qualité de syndic de ladite maison d'Aiguetinte (1272).
Lors de l'arrestation des Templiers, le vendredi 13 octobre 1307, Pons de Castelbon, précepteur de la maison de Montfrein, en Languedoc, déclara, dans son interrogatoire, avoir été reçu chevalier dans le temple de La Cavalerie, près d'Aiguetinte - « apud Aquam tinctam » - par frère Guigues Adhémar, alors maître de la chevalerie du Temple dans les provinces méridionales.
A cette réception, assistaient frères Pons de Gourdon, Raymond-Guilhem de Benque et Arnaud de Caumont, chevaliers du même ordre. On peut lire l'interrogatoire de ce chevalier au tome 1e de l'histoire de Nîmes (Preuves), par Ménard.
Par des lettres des années 1307 et 1320, il paraîtrait, au rapport du père Anselme, que les anciens seigneurs de la terre de Pardaillan étaient fondateurs et patrons de la maison du Temple de La Cavalerie.
Ce titre leur donnait le privilège de mettre en possession de la commanderie le nouveau titulaire, à son arrivée dans ladite maison. Nous apprenons, par la Collection de Bréquigny, f° 321 du volume XXI, qu'en l'année 1320, le précepteur de l'hôpital d'Aiguetinte était en différend avec les officiers du Roi, relativement à l'exercice de la haute et basse justice sur une terre située dans la juridiction de Saint-Puy. En effet, Philippe le Bel, déjoué dans une partie de ses projets, s'était vu contraint d'abandonner aux Hospitaliers la majeure partie des terres des Templiers, et les officiers royaux, en dociles et zélés agents de l'autorité, n'exécutaient que trop bien les ordres reçus. Ils entravaient le plus possible la liberté des donataires, et reprenaient çà et là au nom de leur maître. L'argent des caisses du Temple avait été vite dévoré par le Roi et ses ministres Sa Majesté se promettait bien de battre monnaie avec les immeubles, quand, par une clause expresse contenue dans la bulle de Clément V, supprimant, de l'avis du concile de Vienne, l'ordre du Temple, le Souverain Pontife se réserva formellement la disposition de ses biens.
C'est cette clause, éludée par la monarchie sous tous les prétextes possibles, que Philippe le Long lui-même faisait battre en brèche par ses commis, en 1320.
Au reste, que les derniers royalistes du droit divin nous excusent de mettre à nu la conduite d'un de nos rois très chrétiens, par quelques fragments des lettres du pape Clément V, que nous croyons peu connues. Si ces lettres ne sauraient justifier la conduite première du pape gascon, elles écrasent de toute leur autorité un de ces souverains dont le règne peut se résumer en trois mots Fourberie, despotisme et immoralité !
Nous l'avons déjà dit ailleurs, mais on ne peut trop en appeler à la vérité, les démêlés insidieux de Philippe le Bel avec le pape Boniface VIII décèlent principalement une question d'argent. Son intervention occulte dans l'élection à la papauté de l'archevêque de Bordeaux, qu'il savait « attaché à ses plaisirs, dévoré d'ambition, » - c'est l'abbé de Vertot qui parle, - et, de plus, cupide et vain, prépare encore une question d'argent. A bout d'expédients, et prenant pour prétexte la guerre de Flandres, il s'était déjà cru en droit d'altérer les monnaies du royaume, mettant sa conscience à couvert derrière cette conséquence de saint Thomas : qu'un souverain peut changer à son gré le titre et le poids de la monnaie. On sait que ce théologien du treizième siècle s'appuyait lui-même sur ce faux principe posé par Aristote, à savoir que les monnaies n'ont qu'une valeur nominale. D'autre part, Philippe prenait en argent, de la main droite, aux juifs et aux Lombards, les tolérances qu'il paraissait leur accorder de la main gauche. Enfin, il avait su amener Jacques de Molay à retirer, par prudence,, de l'île de Chypre, les immenses trésors de son ordre, pour les faire transporter dans la tour du Temple, à Paris.
Or, les Templiers possédaient, dans la chrétienté, plus de dix mille châteaux, la plupart en France, et ce bon roi très chrétien s'était dit, absolument comme on dit aujourd'hui : Empoignos le sac d'abord, ensuite nous vendrons meubles et immeubles, et les châteaux et les bois.
Cependant, le pillage du trésor du Pape, la spoliation des juifs et l'affaire des Templiers, ouvrirent les yeux aux Hospitaliers. Ceux-ci, peu riches d'ailleurs, et que le Pape par une sorte d'expiation devait doter des dépouilles des Templiers, étaient alors gouvernés par Foulques de Villaret. Les Templiers avaient été arrêtés en un seul jour - capti omnes una die in toto regno Franciæ - de même que, l'année précédente, tous les juifs du royaume avaient été arrêtés, dépouillés de leurs biens et obligés de sortir de France demi-nus, et « seulement avec un médiocre viatique. » Peu avant, le Trésor de Boniface VIII s'était trouvé pillé par des aventuriers français à la dévotion de Nogaret, qui avaient bien voulu, dit-on, partager le produit du vol avec Sa Majesté le Roi de France. Le grand maître des Hospitaliers eut-il conscience du danger ? Toujours est-il que Philippe le Bel dépêcha en cour de Rome le prieur de La Chèze, avec mission de témoigner à Clément V le mécontentement de Sa Majesté envers Villaret, parti avec une singulière précipitation, sans prendre congé du Roi, et sans même le prévenir officiellement de ses plans de campagne contre les Turcs. De plus - ici on voit le bout de l'oreille royale - de plus, le prieur était chargé d'insister fortement sur l'étrange affront fait par le trésorier de l'hôpital du grand prieuré de France. En effet, conseillé par le grand prieur de Saint-Gilles, le trésorier avait emporté l'argent déposé dans les coffres de l'hôpital de Saint-Jean, à Paris, ce qui ne faisait pas le compte de Sa Majesté, très décidée à en faire faire la restitution.
C'est qu'il fallait de l'argent, et beaucoup d'argent, à cette cour dépravée de l'argent, et toujours de l'argent, à ces conseillers avides, sortis des bas-fonds de la société et pressés de gorger les leurs. C'est que les désordres honteux des trois brus du Roi coûtaient cher, bien qu'il semble qu'elles prissent parfois des galants au rabais, puisqu'elles en choisissaient dans leur valetaille, et des bossus, encore ... !
Si Clément V, en qui le remords commençait peut-être de parler, avait consenti à se prêter à l'abolition des Templiers, il y avait mis la condition qu'il serait créé un nouvel ordre religieux et militaire. Philippe le Bel avait d'abord feint d'accueillir ce projet ; mais, en dernier lieu, on s'était borné a convenir que le revenu ou le produit des biens disponibles serait employé au secours de la Terre-Sainte. Le Roi de France n'entendait déjà plus que d'une oreille, et les lettres du Pape en font foi. En voici une, datée de Poitiers, du 9 juillet (1308), troisième année du pontificat de Clément V. Nous traduisons aussi littéralement que possible : « Clément.... à notre très cher fils en Jésus-Christ, Philippe, illustre roi de France, salut. En raison du zèle fervent que nous vous connaissons pour le recouvrement de la Terre-Sainte et pour sa défense, nous croyons vous faire une grande joie en vous déclarant, par ces présentes, que, si l'on était amené, par suite des désordres reconnus des Templiers, à dissoudre et à abolir leur ordre, nous voulons que tous les biens et droits, les revenus de toute espèce que possède l'ordre, ou qui pourront lui appartenir plus tard, soient employés au secours de la Terre-Sainte, sans qu'aucun de ces revenus puisse être affecté à un autre usage, soit par nous, soit par nos successeurs ; et nous entendons que, dans aucun cas, il ne puisse être rien détourné desdits biens à un effet contraire. »
Par d'autres lettres datées d'Avignon (décembre 1312), huitième année de son pontificat, Clément rappelle au Roi les précédentes: « C'est après de longues, pénibles et mûres décisions au sujet de la disposition et du règlement des biens ayant appartenu à la chevalerie du Temple, en quelque partie du monde qu'ils soient situés, que nous avons décidé de les affecter à la maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et au secours de la Terre-Sainte, et c'est de l'avis du concile de Vienne que nous les avons ainsi donnés, délaissés et entièrement affectés, en usant, d'ailleurs, de notre pleine puissance. »
Pour le coup, Philippe le Bel n'entendait plus du tout. Le Pape prie, exhorte, conjure en vain. A la date du 6 janvier 1309, le 27 octobre suivant, le 30 août 1310, Clément V rappelle sans cesse au Roi de France ses engagements de secourir la Terre-Sainte, et de fournir les hommes et l'argent convenus. Philippe reste sourd.
Mais le concile de Vienne paraît hésiter à condamner les Templiers. Philippe le Bel accourt, et l'abolition ou, ce qui est plus vrai, l'interdiction de l'ordre est enfin prononcée le 22 mai (1312). Connaissant de vieille date le côté sensible de Sa Sainteté, le Roi avait voulu, tout d'abord, s'assurer de ses bonnes intentions, comme il l'avait fait en 1305, en donnant la vicomté de Lomagne à Garsie du Gout, frère du nouveau pontife. Par lettres du mois d'avril, datées de Vienne, Sa Majesté se hâta de confirmer gracieusement, comme roi de France, le don qu'Edouard, roi d'Angleterre, comme duc d'Aquitaine, avait fait à Bertrand du Gout, des villes et châteaux de Blanquefort. Peu après, il confirma également, en faveur du même seigneur et de ses hoirs, la donation du roi d'Angleterre, des villes et château de Puy-Guillaume et de la bastide de Montségur et Sa Majesté n'a garde, dans ses lettres, d'omettre de chatouiller la fibre vaniteuse du gentilhomme gascon. Elle qualifie le neveu de Clément V: « Nobilis vir, dominus de Duracio, viri Arnaldi Garsie Leomaniæ et Altivillaris vice comitis natus »
Peine inutile. Clément V, désormais éclairé sur la situation, se montre intraitable ; et, le 17 novembre suivant, étant encore à Vienne, il écrit à Philippe le Bel de le venir trouver en toute diligence, avec le roi d'Angleterre, pour aviser, d'un commun accord, aux moyens de secourir la Terre-Sainte.
Sur ces entrefaites, le bûcher du Pont-Neuf était allumé, et Jacques de Molay, du milieu des flammes, ajournait ses féroces bourreaux à comparaître devant la justice divine, le Roi dans l'année, le Pape dans les quarante jours ; et Clément V, précédant de cinq mois Philippe le Bel, mourait le 20 avril 1314.
Jean XXII succéda à Clément V, et, à la date du 15 juin (1316), voici la lettre que le nouveau pontife adresse au Roi de France: « Il est parvenu à notre connaissance la plus certaine, que les sénéchaux, baillis et autres officiers de justice du royaume de France, usant du prétexte de certaines lettres qu'ils disent être émanées de la cour de Sa Majesté, veulent reprendre et retirer les biens qui ont autrefois appartenu à l'ordre du Temple et qui sont aujourd'hui entre les mains des Hospitaliers ; et ce, paraît-il, pour payer les gages des gens qui ont eu la garde des Templiers. A cette fin, ils ont envoyé, dans toutes les maisons des frères hospitaliers, des mandataires qui vendent et détournent à leur gré les biens desdits Hospitaliers, et ils vont même jusqu'à mettre des garnisaires dans quelques maisons ; ce qui fait que tous les revenus des Hospitaliers sont gaspillés, dilapidés, au détriment des secours de la Terre-Sainte, auxquels ils sont uniquement destinés. » Le Saint-Père exhorte vivement Sa Majesté, pour son salut et sa réputation - ad tue salutis et honoris augmentum - ajoute-t-il, d'arrêter ces exactions.
Que dites-vous de ce système de garnisaires, au pouvoir discrétionnaire, - pro libito, qui s'en venaient prendre possession d'un domicile, et que les chroniques du temps appellent naïvement des mangeurs ?
On a publié, il y a quelques années, par les soins du gouvernement, deux lourds et indigestes volumes contenant la procédure des Templiers comment se fait-il que des pièces du plus haut intérêt, destinées à faire la lumière, soient encore enfouies dans les cartons des archives de l'Empire ?
On sait comment la main de Dieu s'appesantit sur Philippe le Bel et sur sa postérité. Ce prince, dit l'histoire, s'était assis au concile de Vienne entre ses trois fils, tous dans l'âge d'homme et tous, comme lui, remarquables par leurs traits mâles, par leur robuste constitution et par leur beauté physique ; et presque aussitôt, tous les trois, trompés par leurs femmes, révèlent leur honte à l'Europe dans des procès scandaleux. Lui-même meurt bientôt, dans toute la vigueur de l'âge. Le premier de ses fils le suit de près, à peine âge de vingt-six ans, laissant un fils posthume qui ne vit que cinq jours.
Le second s'éteint à l'âge de vingt-huit ans, après avoir assisté aux funérailles de son fils. Le troisième, Charles le Bel, avait déjà perdu ses deux fils, lorsque, dans sa trente-quatrième année, il tombe malade a Vincennes, le jour de Noël 1327, et succombe dans la nuit du 31 janvier au le février suivant, laissant sa troisième femme enceinte d'une fille qui ne devait pas avoir de postérité.
Tout cela en treize ans, puis plus rien ! Faut-il y voir la justice d'en haut ?
Mais revenons à la commanderie d'Aiguetinte, que nous nous sommes complu, trop longuement peut-être, à oublier dans une digression que, d'ailleurs, nous ne croyons pas sans intérêt historique.
Château de Mérens
Département: Tarn, Arrondissement: Albi, Canton: Gaillac - 81
Malgré les admonestations de Jean XXII, il est certain qu'une bonne partie des biens du Temple échappa aux chevaliers de Rhodes. Ceux-ci n'avaient pu être mis en possession de l'héritage des Templiers qu'à la suite d'un accord passé entre le Roi et frère Liénart de Tibertis, prieur de Venise, visiteur général des maisons de l'hôpital Saint-Jean de Jérusalem. Par cet accord, Sa Majesté s'assura d'une somme de deux cent mille livres tournois petits ; plus, de celle de soixante mille livres, « pour mises, dépens et autres certaines causes, » le tout prélevé sur les biens du Temple. Or, parmi les propriétés immobilières restées aux mains de la royauté, se trouve le château de Mérens.
En 1355, Odon de Montault y commandait pour le Roi, et donna quittance au trésorier des guerres de Sa Majesté pour ses gages et ceux de sa compagnie d'hommes d'armes et de pied commis à la défense de ce château, sous l'autorité de M le comte d'Armagnac, lieutenant ès parties de la Langue d'Oc.
En 1317, Jean-Ferdinand de Heredia, grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ayant mandé à Rhodes frère Bertrand de Saint-Ours - de Orsa - commandeur d'Aiguetinte, autrement La Cavalerie, ce chevalier chargea de l'administration de sa commanderie frère Vital d'Antin, chevalier du même ordre, lequel s'engagea à servir à Bertrand de Saint-Ours une rente de deux cents florins d'or. Cet acte, en date du 15 août 1317, de ladite année, est conservé, d'après don Villevielle, aux archives de Montauban.
Saint-Christol
Département: Hérault, Arrondissement: Montpellier, Canton: Lunel - 34
Cinq années plus tard (1382), nous trouvons en possession de La Cavalerie, sous le titre Saint-Vincent, membre de ladite commanderie, frère Guillaume de Thezan, qui avait pour contemporains dans la chevalerie de Rhodes, Pons et Philippe de Thezan. Guillaume devint en outre, suivant d'Hozier, titulaire de la commanderie de Saint-Christol (1410). Ces doubles bénéfices étaient toujours le résultat de signalés services ; toutefois, les responsions ne pouvaient excéder la somme de deux cents florins. Aux deux siècles précédents, tandis que plusieurs membres de leur famille portaient sur le manteau blanc recouvrant l'armure de bataille la croix rouge des chevaliers du Temple, Alfaric de Thezan, de Saint-Nazaire (1170), et Pierre-Raymond de Thezan, du Poujol (1294), portaient sur le manteau noir la croix blanche des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. D'Hozier donne à ce dernier le titre de commandeur de Saint-Félix. L'écu de l'ancienne maison de Thezan est : dor, écartelé de gueules
Au commencement du quinzième siècle, frère Déodat Hérail était en possession de la commanderie de La Cavalerie. Il est qualifié « noble et honorable homme, messire Déodon Eralhii, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, maître de la maison de La Cavalerie, » dans l'acte d'hommage fait au comte d'Armagnac par noble et honorable messire Bernard de Rivière, chevalier, seigneur de Lane-Soubiran, pour raison de ladite seigneurie, à la date du 1e décembre 1418. Les autres témoins furent messires Vézian, sire de Vézin ; Pierre-Bernard de Monestier, seigneur de Lunas ; Ramon-Bernard de Tusaguet, seigneur de Saint-Lane, chevaliers ; nobles Antoine-Bernard du Caylar, Roger de Montpeyroux, et Jean de La Palhère. Le pénultième d'août de l'année suivante, le commandeur de La Cavalerie fut également présent à l'hommage de noble Carbonel de Luppé, pour raison des dîmes, oublies, lots et ventes, acaptes, etc., que ce seigneur avait dans la baronnie d'Eauzan et de La Barrère, au comté de Fézensac.
Enfin, nous le rencontrons une troisième fois, assistant Jean de Castillon, seigneur dudit lieu en la baronnie d'Eauzan, quand celui-ci fit foi et hommage au comte d'Armagnac, comme comte de Fézensac, pour raison des lieux et château de Castillon, le 14 janvier 1420. Déodat appartenait à la famille d'Hérail, des seigneurs de Lugan, de Pomerols et autres lieux, en Rouergue, dont l'écu est : d'or, au chêne de sinople. Parmi ses descendants, l'abbé Vertot cite de cette maison Gaudens d'Hérail, chevalier, l'un des défenseurs de Malte en 1565, et Pierre d'Hérail-La-Ribère, que sa valeur éleva à la dignité de grand commandeur, et dont Bosio rapporte la mort sous l'année 1575.
Frère Gui de Montarnaud était commandeur de La Cavalerie en 1471. Cette même année, il priva Jean de Valensole du prieuré de Castille et de Léon, pour avoir refusé, avec contumace et rébellion, de payer les annates. On entendait par ce mot certains droits prélevés en confirmation de possession ; ils équivalaient au revenu d'une année du bénéfice. Gui de Montarnaud se signala au siège de Rhodes, en 1480.
Frère Pons Raffin, qui avait été précédé dans l'ordre de Saint-Jean par Pierre Raffin, grand commandeur en 1462, éatit, en 1488, commandeur de La Cavalerie et de Gardechis. Il chargea de procuration, cette même année, frère Pierre de Bordales, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, pour, en son nom, inféoder et lausimer à noble Jean de Préissac, seigneur de Cadeillan alias le Petit-Gavarret, les héritages mouvant de la commanderie de La Cavalerie.
Cette procuration fut passée le 21 mars 1488. Pons Raffin était issu d'une famille originaire de l'Agenais, qui portait : d'azur, à la fasce d'argent surmontée de trois étoiles d'or rangées en fasce.
Rusticat: (?)
Saint-Nazaire: Département: Hérault, Arrondissement: Montpellier, Canton: Lunel, Commune: Saint-Nazaire-de-Pézan - 34
Raissac, Cassini, Rayssac IGN: Département: Hérault, Arrondissement: Béziers, Canton: Ferrals-les-Montagnes, Commune: Cassagnoles - 34
Lacapelle-Livron: Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Caylus - 82
La Cavalerie: Département: Gers, Arrondissement: Auch, Canton: Ayguetinte - 32
Temple d'Agen: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen 47
Après Pons Raffin, nous trouvons, gouvernant la commanderie d'Aiguetinte, le chevalier Bernard - ou Bertrand - d'Esparbès de La Fitte. Venu à Rhodes en 1479, il fut successivement pourvu des commanderies de Rusticat et de Saint-Nazaire en 1488, de Raissac en 1496, de la recette du prieuré de Toulouse jusqu'en 1499, et des commanderies de Lacapelle, de Livron, de La Cavalerie et du Temple d'Agen en 1501. Il vivait encore en 1512, et fut suivi dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, entre autres, par frère Guillaume d'Esparbès, commandeur d'Abrin, et par le chevalier Pierre d'Esparbès de Lussan, « buon marinaro e bravo soldato, » écrit l'historien Bosio. Celui-ci se distingua au siège de Malte de 1565, devint, en 1601, grand commandeur, et passa, l'année suivante, au grand prieuré de Saint-Gilles. Citons encore Jacques d'Esparbès-Carboneau, élu en 1672 grand commandeur de l'ordre de Malte.
La famille d'Esparbès porte de gueules, à une fasce d'argent accompagnée de trois molettes de sable.
Saint-Jean d'Aix : Département: Bouches-du-Rhône, Arrondissement et Canton: Aix-en-Provence - 13
De 1538 à 1545, Poncet d'Urre cumulait les doubles commanderies de Saint-Jean d'Aix et de La Cavalerie. Il fut alors promu à la dignité de grand commandeur de la Langue de Provence, qu'il quitta presque aussitôt pour le bailliage de Manosque. Les d'Urre, qui portent : d'argent, à la bande de gueule chargée en chef d'une étoile d'argent, ont donné, suivant le Catalogue de l'abbé Vertot, dix-neuf chevaliers de Malte depuis 1536 jusqu'à 1725.
Morlaàs, en Béarn: Département: Pyrénées-Atlantiques, Arrondissement: Pau, Canton: Morlaàs - 64
Il y avait, à l'époque dont nous parlons, sous la bannière de Saint-Jean, un vieux chevalier gascon, depuis longtemps déjà, signalé par ses éminents services et sa grande entente des affaires. On le nommait Pierre de Baulat de Trebons. Ce brave chevalier s'était trouvé au siège de Rhodes de 1522 ; il avait été pourvu de la commanderie de Morlaàs, en Béarn, en 1535, et de celle de La Cavalerie en 1545. Ce dernier bénéfice fut conféré à Pierre de Baulat par grâce du grand maître, et en vertu de sa prééminence magistrale. Des réclamations pour vice de forme s'ensuivirent au conseil « Onde, - écrit Bosio, - i procuratori della Lingua di Provenza introdussero sopra di cio lite in consiglio ; pretendendo che non potesse il grand maestro conferire le commende lasciate per renuncia, ma quelle solamente che per morte vacavano. Pero fu sentenziato in favore del grand maestro. »
L'année suivante (1546), Pierre de Baulat occupait la charge triennale de receveur du grand prieuré de Toulouse. Enfin, élevé en 1553 à la dignité de grand commandeur, il prit le prieuré de Toulouse à la mort de Claude Gruel, et mourut lui-même en 1570. On peut dire que ce fut une existence bien remplie. Notons ici que, dès 1250, Jacques de Baulat était dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et qu'en 1560, Bidon de Baulat, « alfiero délla compagnia del colonello de Mas, spontaneamente rimaner volle in presidio del nuovo forte del Gerbe, e molto valorosamente si porta. » - La maison de Baulat a pour armes : un lion couronné de sable sur champ d'argent
Saint-Gilles: Département: Gard, Arrondissement et Canton: Nîmes - 30
Pierre de Baulat eut pour successeur immédiat Pierre de Gozon de Mélac, qui jouit des bénéfices de La Cavalerie jusqu'en 1557. Les suffrages de ses frères l'appelèrent alors à la dignité de grand commandeur, et, plus tard, à celle de grand prieur de Saint-Gilles.
La maison de Gozon, originaire du Rouergue, est une de celles qui comptent le plus d'illustrations et de services dans l'ordre de Malte. Déodat de Gozon, né à Milhau, ancienne ville capitale de la haute Marche du Rouergue, est justement célèbre pour avoir délivré l'île de Rhodes du dragon monstrueux qui jetait la terreur parmi tous les habitants. Son action héroïque le fit désigner au suffrage de ses frères pour remplir la dignité de grand commandeur, et une nouvelle élection l'éleva, en 1346, à la grande maîtrise de l'ordre, qu'il gouverna jusqu'en 1353. Audibert de Gozon faisait partie de la chevalerie de Rhodes en 1373.
Saint-Félix: Département: Aveyron, Arrondissement: Millau, Canton: Saint-Félix-de-Sorgues - 12
Argentens: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Nérac - 47
Golfech: Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Castelsarrasin, Canton: Valence - 82
Saint-Gilles: Département: Gard, Arrondissement et Canton: Nîmes - 30
Pierre-Raymond de Gozon et Jean de Gozon, chevaliers du même ordre, étaient frères ; ce dernier devint commandeur de Saint-Félix, vers 1460. Pierre de Gozon se trouva au célèbre siège de 1522. François de Gozon-Mélac, commandeur d'Argentens, capitaine de la galère de la Religion la Sainte-Madeleine en 1550, assista, en 1569, au chapitre général tenu à Malte. Il était alors revêtu de la dignité de bailli de Manosque. Il avait pour frère Pierre de Gozon de Mélac, commandeur de Golfech en 1553, qui fut choisi, au rapport de Bosio, pour assister le grand maître en qualité de chevalier d'honneur. Prieur de Saint-Gilles en 1561, puis général des galères de la Religion, celui-ci mourut en 1562.
Jean de Gozon-Orlionac fut un des chevaliers qui payèrent de leur vie la victoire remportée au fort Saint-Elme, en 1565. Raymond de Gozon de Mélac fut promu à la dignité de grand prieur de Toulouse en 1597 ; il vivait encore en 1605.
Rappelons qu'il avait possédé auparavant la commanderie de La Cavalerie. Enfin, Melchior de Gozon-Mélac fut tué en 1618, dans l'expédition des côtes de Barbarie.
Les Gozon ont pour armes un : un champ de gueules à la bande d'azur bordée d'argent, à une bordure componée d'argent
Denis de Polastron-La-Hillière, admis dans l'ordre de Malte en 1592, jouissait des revenus de la commanderie de La Cavalerie en 1634. Ce chevalier devint grand commandeur en 1645, et passa, en 1655, au prieuré de Toulouse. Roger de Polastron de La Hillière, qui l'avait précédé dans l'ordre, se trouva à la défense de Rhodes, en 1480. Denis et François de Polastron avaient aussi fait leurs preuves en 1519 et 1557. L'abbé Vertot cite encore quatre autres chevaliers de cet estoc, reçus en 1646, 1651, 1662 et 1697. L'écu des Polastron est :d'argent, au lion de sable.
En l'année 1662, frère François, des comtes de Vintimille-Montpézat, administrait La Cavalerie.
Les Vintimille-Montpézat ont pour armes :coupé au 1 d'argent, à trois épis de millet (de sable ?) ; au 2 de sable, à un arbre arraché (de sinople ?)
De 1570 à 1724, les Vintimille ont donné dix-huit chevaliers à l'ordre de Malte.
Nomdieu: Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Nérac - 47
Riscle: Département: Gers, Arrondissement: Mirande, Canton: Riscle - 32
En 1675, messire Jean de Cardaillac-d'Ozon était en possession du bénéfice de La Cavalerie, sous le titre de commandeur du Nom-Dieu, membre dépendant de ladite commanderie. Il jouit aussi de la commanderie de Riscle.
Il assista, le 23 février de l'année 1631, au contrat de mariage passé devant Jean-Pierre de Moude, notaire royal de la ville de Vic-de-Bigorre, entre noble Arnaud-Henri de Castéra, seigneur de Rivière, et demoiselle Anne de Montesquiou de Saint-Pastour. On rencontre des Cardaillac en Quercy, en Armagnac et en Bigorre. Ces derniers portent : d'azur, à une tige de chardon d'or, et une bordure d'argent chargée de huit rocs d'échiquier se sable
Mauléon: Département: Hautes-Pyrénées, Arrondissement: Tarbes, Canton: Monléon-Magnoac - 65
Soule: Département: Pyrénées-Atlantiques, Arrondissement: Oloron-Sainte-Marie, Canton: Ordiarp - 64
Saint-Christol: Département: Hérault, Arrondissement: Montpellier, Canton: Lunel - 34
Marseille: Département: Bouches-du-Rhône, Arrondissement et Canton: Marseille - 13
Dans la liste qu'a publiée l'abbé Vertot, nous trouvons encore Arnaud de Cardaillac de Leaumé, reçu en 1650, commandeur de Mauléon de Soule, de Saint-Christol et de Marseille ; autres Arnaud et Arnaud, reçus en 1683 et 1686, et Jean-Charles, dont les preuves furent faites en 1700.
En 1724, Alexis Ferréol de Lery eut pour successeur dans le bénéfice de La Cavalerie Octave de Galéan, dont les armes étaient : bandé d'or et d'azur de six pièces, au chef de gueules chargé d'un lion passant d'or Il était en 1726, grand prieur de Toulouse. De 1592 à 1790, seize membres de cette famille sont entrés dans l'ordre de Malte.
Charles-Jean-Baptiste de Raousset, reçu en 1698, portait : d'or, a une croix patée de sable, bordée de gueules
Etant décédé en 1765, pourvu de la commanderie de La Cavalerie, il fut remplacé par le chevalier de Malvin de Montazet, qui devait clore la liste de ces défenseurs de la chrétienté, que la Révolution allait rendre inutiles désormais.
Du reste, d'après un Mémoire dressé par l'intendant de la généralité de Montauban à la fin du dix-septième siècle et conservé à la Bibliothèque impériale, section des manuscrits, La Cavalerie était dès lors bien amoindrie dans son ancienne étendue territoriale - « Il n'y a point, dit le rapport, dans l'élection d'Armagnac, de commanderie de l'ordre de Malte, mais seulement un membre de quelqu'une appelé La Claverie, de 1500 livres de rente. »
Ainsi, dès cette époque, la vieille préceptorie des Templiers et des Hospitaliers avait perdu son appellation. La Cavalerie était devenue La Claverie, non sans raison, défiguré comme tant d'autres, et qui paraît devoir être définitivement adopté.
Nous avons vainement, en passant à Aiguetinte, cherché quelle trace y auraient laissé ces vieux et vaillants hommes, tour à tour soldats-moines et moines-soldats. Plus rien ! Les morts vont si vite dans notre temps bâcleur, affairé, à courtes échéances et à petits intérêts !
Mais à quoi bon en demander davantage ? Que sert, dit le poète, d'appeler, dans l'écume, sur le mât d'un navire perdu ! ....
Denis de Thézan.
Sources : Denis de Thézan. Revue d'Aquitaine : journal historique de Guienne, Gascogne, Béarn, Navarre, page 106 et suivantes. XIIe année, juillet 1867. Condom 1868 - BNF