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Etudes sur les Ordres des Hospitaliers, Malte et Rhodes
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LES EFFECTIFS DE L'ORDRE DES HOSPITALIERS DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM DANS LE PRIEURÉ DE FRANCE EN 1373

— La volonté souvent vaine, mais sans cesse réaffirmée, d'organiser la défense de la Chrétienté face au péril turc toujours plus menaçant apparaît comme un des traits dominants du pontificat de Grégoire XI (1370-1378) (1). La politique orientale de ce pape, qui s'était tout d'abord traduite par le souci de maintenir ou de renforcer les points d'appui traditionnels de la Chrétienté en mer Egée et en Méditerranée, tels Smyrne et Chypre, évolua, dès 1371, vers l'organisation d'une nouvelle croisade.
Gênes et Venise, pressenties pour y participer se dérobèrent, la France et l'Angleterre occupées par leurs hostilités se désintéressèrent complètement de l'affaire et le projet fut abandonné. Pendant ce temps les Turcs, vainqueurs sur le fleuve Maritza en octobre 1371, continuaient leur avance sans rencontrer d'opposition sérieuse.
En mai 1372, après avoir conquis les confins de la Grèce et de la Serbie, ils s'approchaient des frontières de la Hongrie et de l'Albanie, menaçant même les ports de l'Adriatique.
Tout en continuant à essayer de vaincre l'immobilisme des puissances occidentales, Grégoire XI acheva de se persuader de l'importance du rôle que les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem devaient tenir dans la lutte en Orient, rôle d'ailleurs conforme à leur mission et à leur raison d'être. Le 13 juin 1372 Grégoire XI adressait au Maître de l'Hôpital, Fr. Raymond
1. Sur la politique orientale de Grégoire XI, v. notamment L. MIROT, La politique pontificale et le retour du Saint-Siège à Rome en 1376, Paris, 1899.
— O. HALECKI, Un empereur de Byzance à Rome : vingt ans de travail pour l'union des églises et pour la défense de l'empire d'Orient, 1355-1375, dans Travaux historiques de la Société des Sciences et Lettres de Varsovie, vol. 8 (1930), page 248 et suivantes.
— A. LUTTRELL, Gregory XI and the Turks ? 1370-1378 et Popes and Crusades : 1362-1394, dans Latin Greece, the Hospitaliers and the Crusades : 1291-1440. Collected Studies, Londres, 1982, études XIV et XV.


Bérenger, des lettres (2) au ton assez dur dans lesquelles il rappelait aux Hospitaliers qu'ils avaient reçu du Saint-Siège et des fidèles de nombreux privilèges et de grandes richesses pour soutenir la lutte contre les infidèles et assurer l'hospitalité. Irrité par la mollesse de l'Ordre Grégoire XI poursuivait en accusant l'Hôpital de négliger ses obligations militaires, de mal remplir sa fonction hospitalière et de dilapider sa richesse dans le luxe et l'oisiveté ; le pape ordonnait enfin au Maître de convoquer, pour le 1er mai 1373, un Chapitre général de l'Ordre dans une ville proche de la cour pontificale, c'est-à-dire d'Avignon (3). Il était évident que cette assemblée, à laquelle participeraient des commissaires pontificaux, aurait pour ordre du jour la définition des objectifs militaires que le pape voulait assigner aux Hospitaliers. Une nouvelle avance des Turcs pendant l'été 1372 conduisit Grégoire XI à essayer, encore une fois, d'organiser ime expédition d'envergure à laquelle participeraient les états latins d'Orient appuyés notamment par Venise, Gênes, la Hongrie et les Hospitaliers. Cette nouvelle initiative se solda par un nouvel échec et le projet de constitution d'une ligue latine contre les Turcs fut abandonné pendant l'hiver 1372-1373.
Grégoire XI avait le plus urgent besoin d'hommes et de moyens. L'idée d'une mobilisation générale des Hospitaliers prenait alors toute son importance, il convenait donc d'évaluer le potentiel militaire et les ressources de l'Ordre avant la tenue du Chapitre général. Le 10 février 1373 le pape adressait à tous les évêques de la Chrétienté occidentale des lettres semblables (4) dans lesquelles il leur demandait d'effectuer, chacun dans son diocèse, une enquête sur les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dont les résultats devraient être envoyés au Saint-Siège dans un délai d'un mois. Les évêques devaient communiquer à Avignon :
1. — La liste des commanderies, maisons et domaines de l'Hôpital situés dans le diocèse ;
2. — Les noms de baptême, surnoms, âges des commandeurs, des frères et donnés résidant dans ces établissements ;
3. — la nature et le montant des revenus annuels de chaque établissement ;
4. — le total des charges annuelles de l'établissement ;
5. — l'évaluation, en francs ou florins d'or, du fermage annuel qui pourrait être demandé à un fermier auquel serait confiée la gestion des biens de l'établissement en cas d'éloignement des frères n'ayant pas reçu les ordres sacrés (5).
1. Archives Vaticanes, Reg. vat. 268, folio 39-39 v° ; anal, dans G. MOLLAT, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI (1370-1378) intéressant les pays autres que la France, 1e fascicule, Paris, 1962, n° 799.
2. Cette assemblée ne devait en fait s'ouvrir à Avignon que le 1er septembre 1373, le pape en ayant repoussé la date de convocation par une bulle du 4 juillet 1372 (Reg. vat. 264, fol. 204v°).
3. Seule a été transcrite intégralement dans les registres de Grégoire XI la lettre destinée au patriarche d'Aquilée (Reg. vat, 265, fol. 20v°-21), publiée par C. TIHON, Lettres de Grégoire XI, tome II (Analecta Vaticano-Belgica, vol, XX, 1962) n° 1992.
4. Le dessein final de Grégoire XI apparaît en filigrane dans ce 5e article : il s'agirait, par la pratique systématique de l'affermage des domaines, de libérer des tâches de gestion les frères susceptibles de porter les aimes qui seraient alors mobilisés in remotis, c'est-à-dire en Orient, pour y combattre les Turcs, tandis que ne seraient maintenus en Occident que les frères in sacrts pour assurer J a desserte des églises et chapelles de l'Ordre. L'affermage présenterait un autre avantage : il procurerait à l'Ordre des rentrées d'argent fixes et régulières qui lui permettraient d'assumer ses charges et notamment de soutenir une action militaire.


Malgré l'insécurité des temps, nombreux sont les évêques qui ont répondu au mandement pontifical ; 74 procès-verbaux nous sont parvenus qui couvrent une partie des diocèses de la France actuelle, de la Belgique, de l'Italie et quelques diocèses d'Allemagne, Suisse et Tchécoslovaquie (6). Cet ensemble de documents, quoique lacunaire, se révèle d'une grande richesse par la connaissance de l'Hôpital au XIVe siècle (7) ; de ses établissements et de leur économie tout d'abord mais aussi de ses effectifs puisqu'il nous fournit, commanderie par commanderie, une liste nominative des frères qui y résident avec la catégorie de l'Ordre à laquelle ils appartiennent (8) et leurs âges, approximatifs il est vrai. Beaucoup de ces frères, surtout ceux qui n'ont jamais exercé de responsabilités au sein de l'Ordre et n'ont donc jamais passé d'actes, n'ont laissé aucune autre trace dans les archives ; quant à ceux qui nous sont connus par d'autres sources, nous ignorons le plus souvent leur catégorie et leur date de naissance, même approximative. De même trouvons-nous recensé un autre groupe de personnes affiliées à l'Ordre, les donnés, sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir. L'enquête apporte donc une sorte de « photographie » des effectifs en 1373, une coupe inespérée et unique pour tout le XIVe siècle, représentant une base quantitative et qualitative assez large pour entreprendre une étude en profondeur des effectifs de l'Hôpital en Occident à cette date.
6. Ces procès-verbaux sont en majeure partie conservés dans trois séries des Archives du Vatican : Instrumenta miscellanea, Collée torie, Castel S. Angelo ; plusieurs sont cependant conservés à la Bibliothèque nationale où furent déposées quelques pièces oubliées lors du rapatriement des archives pontificales précédemment transportées à Paris sur l'ordre de Napoléon.
7. Il revient à M. Jean Glénisson, Directeur de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (C.N.R.S.). D'avoir mis en évidence l'importance de cette source tant pour l'étude de l'Hôpital que pour celle de la dépression économique et démographique du XIVe siècle (v. J. GLENISSON, L'enquête pontificale de 1373 sur tes possessions des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dans Bibliothèque de l'Ecole des chartes, tome, CXXIX 1971), page 83-111).
8. L'Hôpital comprenait trois catégories de frères : les milites, ou chevaliers, aristocratie de l'Ordre destinée à l'action militaire, les servientes armorum, ou sergents, qui assistaient les chevaliers dans les combats et exerçaient généralement des fonctions subalternes, les presbiteri, ou prêtres, qui devaient guider la vie spirituelle des frères, en Orient comme en Occident, et desservir les églises et chapelles de l'Ordre. Le postulant chevalier devait être issu de la classe chevaleresque, être de naissance légitime, avoir l'âge d'être armé chevalier, être de bonnes mœurs et sain de corps ; il lui fallait fournir l'équipement traditionnel du chevalier (cheval et armement) et payer le prix de son voyage â Rhodes. On exigeait seulement des sergents et des prêtres qu'ils fussent de naissance légitime, de condition libre et de bonnes mœurs.


Nous nous limiterons ici à étudier les effectifs du prieuré de France, vaste circonscription administrative de l'Hôpital qui couvrait l'Ile-de-France, la Normandie, l'Orléanais, la Picardie, l'Artois, le Hainaut, la Flandre, le Brabant, une partie des Pays-Bas actuels ainsi qu'une grande partie de la Champagne et une petite partie de la Bourgogne et du Nivernais. Les établissements du prieuré de France se trouvaient disséminés dans 26 diocèses : Amiens, Arras, Auxerre, Bayeux, Beauvais, Cambrai, Chartres, Coutances, Evreux, Laon, Liège, Lisieux, Meaux, Nevers, Noyon, Orléans, Paris, Reims, Rouen, Sées, Senlis, Sens, Soissons, Thérouanne, Tournai, Troyes.
Sur ces 26 diocèses seulement 8 procès-verbaux se rattachant à l'enquête de 1373 nous sont parvenus : Amiens, Beauvais, Cambrai, Liège, Nevers, Sées, Sens, Soissons (9). Une autre source vient utilement compléter ce petit nombre de procès-verbaux : il s'agit d'un document connu sous le nom de Livre vert (10), élaboré par les Hospitaliers du prieuré de France également en 1373, au moment même où se déroulait l'enquête pontificale à travers les diocèses. Ce document fournit, diocèse par diocèse, un état des commanderies et maisons de l'Hôpital dans le prieuré de France avec l'évaluation du revenu et des charges de chaque établissement accompagnée de la liste nominative de ses effectifs précisant les âges et catégories des frères. Bien que son lien avec l'enquête ne soit pas expressément mentionné, il n'en reste pas moins évident que le Livre vert s'y rattache d'une manière ou d'une autre : soit que le pape ait demandé aux Hospitaliers de lui fournir des renseignements de même nature que ceux qu'il avait chargé les évêques de réunir, cela dans le but de disposer d'une double source d'informations, soit que les Hospitaliers inquiets des suites que pourrait avoir la procédure pontificale aient décidé, de leur propre chef, de réaliser eux-mêmes une sorte de contre-enquête de manière à pouvoir, le cas échéant, réfuter les résultats des enquêtes épiscopales. Quoi qu'il en soit, le Livre vert nous fournit, dans son état actuel, des informations de même nature que l'enquête pontificale, et pour la même date, sur les effectifs des commanderies situées dans 11 des 26 diocèses que couvrait le prieuré de France (11). En combinant les deux sources nous pouvons étudier les effectifs des commanderies situées dans 15 diocèses.
9. Ces procès-verbaux sont conservés aux Archives du Vatican sous les cotes Instrumenta miscellanea, n° 2758, 2763, 2759, 2767, 2761, 2781, 2762, 2766.
10. Paris, Archives nationales, S 5543. Pour l'édition des procès-verbaux des évêques et du Livre vert, voyer A.-M. LEGRAS
— A. LUTTRELL, L'enquête pontificale de 1373 sur l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de, Jérusalem, volume I : Edition des documents relatifs au Prieuré de France, Paris, éd. du C.N.R.S., sous-presse.
11. Le Livre vert, qui compte aujourd'hui 84 folio, est en effet incomplet ; une mutilation l'a amputé d'environ 100 fol. à la fin. Les diocèses étant classés par ordre alphabétique la lacune finale du manuscrit a entraîné la disparition des informations concernant les commanderies situées dans les diocèses de Lisieux, Meaux, Nevers, Noyon, Orléans, Paris, Reims, Rouen, Sées, Senlis, Sens, Soissons, Thérouanne, Tournai, Troyes.


I. — LES FRERES
1. Essai d'évaluation de l'effectif total du Prieuré.
— Les enquêtes épiscopales, complétées par le Livre vert, permettent de recenser 180 frères (12). Ce nombre, portant sur 70 baillies (13), ne représente qu'une partie de l'effectif du prieuré en 1373. Pour en évaluer la totalité il faudrait y ajouter le nombre des frères résidant dans les 36 baillies du prieuré pour lesquelles les résultats de l'enquête font défaut et le contingent des frères du prieuré de France qui servait dans le même temps en Orient (à Rhodes, à Chypre, en Grèce).

L'effectif des commanderies
— Aucune source contemporaine de l'enquête ne permet de reconstituer les effectifs des commanderies non représentées dans notre documentation. Toutefois des renseignements extraits au XVIIIe siècle, du Livre vert, alors complet, par deux archivistes du prieuré, Jacquemin et Doligé, nous font connaître les effectifs de 10 baillies supplémentaires (14). Ces indications portent à 219 le nombre des frères recensés dans 80 baillies sur les 106 que comptait alors le prieuré (15). Vingt-six baillies échappent totalement à nos investigations. Il n'est pas interdit d'avancer quelques hypothèses quant à leurs effectifs. Si nous admettons que ces baillies comptaient chacune au moins un frère, le commandeur, le total du prieuré atteindrait 245 frères. Si nous leur attribuons, par comparaison avec les baillies connues, un effectif moyen de 2 ou 3 frères, le total atteindrait 271 ou 297 frères. Aussi approximatifs soient-ils, ces chiffres ne doivent pas être très éloignés de la réalité et nous pouvons proposer un effectif total d'environ 250 à 300 frères pour l'ensemble des baillies du prieuré en 1373.
12. On trouvera les notices biographiques de ces frères dans A.-M. LEGRAS
— A, LUTTRELL, op, cité.
13. Dans le système administratif des Hospitaliers, la baillie représentait l'unité d'administration composée d'une commanderie et des maisons qui en dépendaient, qualifiées de membres. La baillie portait le nom de la commanderie chef-lieu. L'ensemble était placé sous l'autorité et la responsabilité d'un commandeur. Les baillies étaient ensuite regroupées en prieurés ayant à leur tête des prieurs.
14. Bourgoult, Sainte-Vaubourg (diocèse de Rouen), Campigny (Lisieux), le Temple de Paris, Saint-Jean-en-l'Isle à Corbeil (Paris), La Ferté-Gaucher (Meaux), Eterpigny (Noyon), La Chapelle-Lasson, Rosnay, Barbonne (Troyes). Le texte de ces extraits est publié dans A.-M. LEGRAS.
— A. LUTRELL, op, cité.
15. Les indications données par Jacquemin et Doligé étant incontrôlables et ne précisant pas les âges des frères, nous ne retiendrons, pour la suite de cette étude, que l'effectif de 180 frères fourni par les textes de 1373 eux-mêmes.


Le contingent de Rhodes
— Le contingent des frères du prieuré de France servant à Rhodes vers 1373 est inconnu. Nous touchons là le problème, plus vaste et non résolu, de l'évaluation des effectifs de Rhodes aux XIVe et XVe siècle. L'absence de documentation sur ce point oblige à rester dans le domaine de l'hypothèse. Il est probable que l'effectif de Rhodes variait constamment en fonction des problèmes militaires posés par la défense de l'île ou la préparation d'expéditions contre les Turcs (16), mais aussi des problèmes politiques et des difficultés de trésorerie (17). Les archives de l'Ordre ne livrent que deux listes de frères d'Occident en résidence à Rhodes pendant cette période : l'une indique qu'en 1399 la langue de Provence (elle regroupait deux prieurés : Saint-Gilles et Toulouse) était représentée à Rhodes par 63 frères (18) ; l'autre contient les noms des 33 frères de la langue d'Auvergne (c'est-dire du seul prieuré d'Auvergne) présents à Rhodes en 1409 (18 bis). Dans un cas comme dans l'autre, la représentation d'un prieuré à Rhodes semble voisine de 30 frères. De ces informations, trop fragmentaires et non contemporaines de l'enquête, on ne peut déduire que les représentations des divers prieurés étaient toujours égales en nombre et encore moins qu'elles étaient de 30 frères en 1373. Cependant, à titre indicatif, nous retiendrons ce chiffre qui donne une idée de grandeur de l'importance du contingent d'un prieuré, à Rhodes, vers la fin du XIVe siècle ou le début du XVe siècle. Quant au nombre des frères relevant du prieuré de France servant à Kos, à Chypre, en Grèce, ou se trouvant à Avignon, près de la curia pontificale, en 1373, rien ne permet de l'évaluer mais il devait être assez réduit.
16. Ainsi, en 1358, le Grand-maître Roger des Pins, estimant les effectifs de Rhodes insuffisants, décide d'appeler 100 frères d'Occident ; 63 appartenant aux langues de France, d'Auvergne, de Provence, d'Espagne, devront s'embarquer à Marseille ou Aigues-Mortes ; les 37 autres venant des langues d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie, s'embarqueront à Venise. Le prieuré de France devait, pour sa part, fournir 8 frères (Malte, Archives de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, code. 316, folio 92).
17. En février 1382, au moins 56 frères et donnés reçoivent l'ordre de quitter Rhodes et de retourner dans leurs prieurés d'origine. Les raisons invoquées sont financières (non-paiement des responsions par les prieurés d'Occident) mais les problèmes politiques (Schisme) n'y étaient certainement pas étrangers, v. A. LUTTRELL, Intrigue, Schism and violence among the Hospitaliers of Rhodes : 1377-1384, dans The Hospitaliers in Cyprus, Rhodes, Greece and the West, 1291-1440, Londres 1978, étude XXIII.
18. Archives Malte, code 330, folio 37-38.
18 bis. Ibidem code 339, fol. 233 v° 234.


Si les lacunes de la documentation ne permettent pas d'évaluer l'ensemble des effectifs du prieuré de France en 1373, nous disposons cependant, grâce à l'enquête, d'un échantillon de 180 frères, représentant environ les trois quarts de l'effectif total des commanderies du prieuré. Cet échantillon est suffisamment important pour que nous puissions le considérer comme représentatif et entreprendre, à partir des renseignements qu'il nous fournit, une étude statistique sur les Hospitaliers du prieuré de France.

2. — Importance numérique des effectifs du Prieuré.
La situation en 1373

— Une première constatation s'impose : l'effectif de 180 frères apparait numériquement insuffisant pour assurer une présence importante des Hospitaliers dans chacune des 303 commanderies et maisons-membres dispersées à travers 15 diocèses. De fait, nous assistons à un véritable éparpillement de l'effectif et la présence de l'Ordre au sein des diocèses se trouve souvent réduite au minimum : 2 frères dans les diocèses de Bayeux et Nevers.
4 — dans le diocèse de Coutances.
5 — pour Sées.
7 — pour les diocèses d'Arras, Auxerre, Cambrai, Evreux.
9 — dans le diocèse de Beauvais et le vaste diocèse de Chartres.
11 — pour Laon.
12 — pour Soissons.
31 et 36 — dans les immenses diocèses de Liège et Sens.
Seul Amiens fait exception avec 30 frères pour une étendue moyenne.
Les effectifs des baillies sont partout squelettiques. Des indications fournies par les procès-verbaux de l'enquête et le Livre vert, on peut déduire qu'en 1373 :
1 — baillie était abandonnée (La Renardière, diocèse de Chartres, 7) (19)
37 — baillies comptaient 1 frère
12 — baillies comptaient 2 frères
5 — baillies comptaient 3 frères
4 — baillies comptaient 4 frères
4 — baillies comptaient 5 frères
4 — baillies comptaient 6 frères
2 — baillies comptaient 7 frères
1 — baillie comptait 31 frères
Total : 70
19. Les chiffres renvoient au n° de la baillie sur la carte générale donnée à la fin de cet article.

Dans plus de la moitié des baillies, l'effectif se réduisait donc, presque symboliquement, à un seul frère, et dans les trois quarts des baillies, il ne dépassait pas deux frères.
La médiocrité des effectifs est encore accentuée par le fait que certains frères, généralement des commandeurs (20), résident hors des commanderies dans lesquelles ils sont recensés. En tenant compte de la non résidence de ces frères, il apparaît qu'en réalité il y avait en 1373 dans le prieuré de France :
11 baillies dans lesquelles ne résidait en permanence aucun frère (21)
29 où résidait 1 frère.
12 où résidaient 2 frères.
5 où résidaient 3 frères.
5 où résidaient 4 frères.
1 où résidaient 5 frères.
5 où résidaient 6 frères.
1 où résidaient 7 frères.
1 où résidaient 31 frères.
Total : 70

Ainsi dans une baillie sur sept, l'Ordre n'était pas représenté de façon permanente.
L'amoindrissement des effectifs au cours du XIVe siècle.
— Dans tous les cas pour lesquels il est possible de comparer, pour une même baillie, son effectif au début du XIVe siècle avec celui de 1373, on enregistre une baisse spectaculaire ou, au mieux, une stagnation du nombre des frères :
20. Voyer infra l'étude sur les commandeurs.
21. La Renardière (Chartres, 7), Baugy, Courval (Bayeux 1-2), Montdidier, Grand-Selve (Amiens, 8-10), Compiègne (Soissons, 4), Melun, Le Val-de-Provins (Sens, 9-11), Launay-au-Perche (Chartres, 4). A Esquennoy (Beauvais, 4) et Pilvemier (Sens, 10), il ne reste qu'un donné.


Coulours (Sens, 2)
1333 (22) = 12 frères.
1338 (23) = 12 frères.
1373 = 16 frères.
Baisse: 50%

Launay (Sens, 13)
1319 (24) = 4 frères.
1373 = 1 frère.
Baisse 75 %

Melun (Sens, 9)
1319 (25) = 3 frères.
1373 = 1 frère.
Baisse 67 %

Maupas (Soissons, 2)
1319 (26) = 5 frère.
1373 = 3 frères.
Baisse 40 %

La Landelle (Beauvais, 1)
1319 (27) = 6 frères.
1373 = 4 frères.
Baisse 44 %

Bertaignemont (Laon, 2)
1319 (28) = 4 frères.
1319 1 soeur.
1373 = 3 frères.
Baisse 40 %

Puisieux-sous-Laon (Laon, 3)
1319 (29) = 2 frères.
1373 = 2 frères.

Villedieu-lès-Bailleul (Sées, 1)
1319 (30) = 3 frères.
1373 = 3 frères.

Un amoindrissement semblable des effectifs est constaté dans les autres prieurés lorsque des comparaisons peuvent être faites avec la situation antérieure : les effectifs des commanderies du prieuré de Saint Gilles ont diminué du tiers entre. 1338 et 1373 (31). Dans certaines commanderies du diocèse d'Angers (prieuré d'Aquitaine), le nombre des frères a baissé de 40 % par rapport au premier tiers du XIVe siècle. (32). Les effectifs des commanderies du diocèse de Besançon (prieuré d'Auvergne) apparaissent, eux aussi, en nette régression (33).
22. Archives nationales, MM 20, n° 26
23. Archives nationales, S 4967, liasse 1, n° 15.
24. Archives nationales, S 5244, liasse 1, n° 7.
25. Archives nationales, S 5147, liasse 42.
26. Archives nationales S 4952, liasse 1, n° 13.
27. Archives nationales S 4993, liasse 34.
28. Archives nationales S 4951, liasse 42, n° 6.
29. Archives nationales S 4949A, liasse 9, n° 19.
30. Archives nationales S 5049, liasse 8, n° 1.
31. J. GLENISSON, l'enquête pontificale de 1373 page 92-94.
32. M.-F. PARNAUDEAU, L'Ordre de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem dans te diocèse angevin en 1373, mémoire de maîtrise, Faculté des Lettres de Nantes, 1972, dactylographie page 71.
33. G. MOYSE, Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans te diocèse de Besançon en 1373, dans Mélanges de l'Ecole française de Rome, tome 85 (1973, 2) page 455-514.


Les causes de la diminution des effectifs
— L'Hôpital subit dans la seconde moitié du XIVe siècle les effets de la régression démographique qu'a connue l'ensemble du monde occidental. Bien que nous n'ayons aucun document chiffré qui permette d'évaluer les pertes subies par l'Ordre au cours des deux grandes épidémies de peste de 1348 et 1361, il est probable que ses effectifs s'en sont trouvés sensiblement diminués. Encore que les différences dans la situation géographique des commanderies et leur niveau de vie aient certainement entraîné des pertes variables selon les régions (34). Le prieuré de France était fort étendu et correspondait à des régions touchées inégalement par la peste. Les historiens estiment généralement que l'Ile-de-France a été fortement dépeuplée par les épidémies du XIVe siècle. (35), alors que le Brabant, une partie des Pays-Bas, et, dans une certaine mesure, le Hainaut ont été plus épargnés (36). Les commanderies du prieuré de France auront probablement enregistré des taux de mortalité différents.
Mais la régression démographique, si elle affaiblit les communautés, touche aussi leurs moyens d'existence (37). La raréfaction de la main-d'œuvre, les désastres de la guerre, ont entraîné dans la deuxième moitié du XIVe siècle, des difficultés d'exploitation du patrimoine se soldant par une chute catastrophique des revenus (38).
Devant cet appauvrissement généralisé, et compte tenu des lourdes charges qu'il devait cependant continuer d'assumer à Rhodes, il est possible que l'Ordre ait réagi comme l'ont fait d'autres communautés religieuses à la même époque, en limitant volontairement le recrutement de façon à réduire au maximum les dépenses de consommation (39).
34. Les Hospitaliers du royaume d'Aragon qui vivaient en petites communautés dans des lieux retirés, bénéficiant d'une nourriture plus équilibrée que le reste de la population et d'une assistance médicale, ne paraissent avoir perdu que peu d'hommes en 1348-1349, v. A. LUTTRELL, LOS Hospitalarios en Aragon y la pesta negra dans The Hospitaliers in Cyprus, étude XIV.
35. G. FOURQUIN, Les campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen-Age, Paris, 1963, page 214.
36. E. CARPENTIER, Autour de la peste noire, famines et épidémies dans l'histoire du XIVe siècle, dans Annales, Economie, Société, Civilisations, 17e année (1962), page 1073.
37. Un acte de 1353 nous apprend que la commanderie de Saint-Jean-en-l'Isle, à Corbeil, ne pouvait plus assurer l'entretien des 13 frères prêtres qui devaient y résider en vertu d'une ancienne fondation de la reine Ingeburge. Ses revenus, après la peste, permettaient à peine d'entretenir 6 frères (Arch. Nationales, S 5144 B, liasse 2, n° 1).
38. Sur ce point voir A.-M. LEGRAS, l'enquête pontificale de 1373 sur l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem : édition et commentaires des documents relatifs au Grand Prieuré de France, thèse dactylo, Université de Paris-IV, 1976, page 188 et suivantes.
39. M. BORDEAUX, Aspects économiques de la vie de l'Eglise aux XIVe et XVe siècle. Paris, 1969, page 153-154.


Le petit nombre des frères jeunes recensés dans l'enquête du prieuré de France est peut-être l'indice d'une telle politique (40).
Cette hypothèse parait d'autant plus vraisemblable que, déjà avant la dépression économique, l'Ordre s'efforçait de ne maintenir dans les commanderies que des effectifs en rapport avec leurs possibilités financières. Le chapitre général tenu à Montpellier, en octobre 1330, avait formellement interdit aux prieurs et commandeurs de recruter des frères et donnés sans autorisation du Maître et de charger les commanderies au-delà de leurs ressources (41). Le chapitre général tenu à Rhodes, en septembre 1335, avait demandé à chaque commandeur d'envoyer au Maître un état des frères et donnés de son obédience et avait renouvelé la défense de recruter des frères sans autorisation du Maître, sauf des frères prêtres pour assurer une desserte convenable des églises et chapelles de l'Ordre (42). Le chapitre général de 1344, réuni à Rhodes, s'était à nouveau préoccupé du problème et avait prescrit de ne recevoir des frères et donnés qu'en fonction des besoins réels des commanderies et du niveau de leurs ressources (43). Enfin au chapitre de Rhodes, en 1354, donc après la première épidémie de peste, il avait été rappelé aux prieurs et commandeurs d'observer strictement les statuts précédemment établis par les chapitres généraux sur les questions du recrutement (44). Ce recrutement paraît peu important dans la deuxième moitié du XIVe s. A titre d'exemple, nous avons relevé, pour le prieuré de France et pour une période de quatre ans, allant du chapitre 1370 au chapitre 1374 : 7 promesses de réception pour des chevaliers, 26 réceptions de frères prêtres et 2 de frères sergents (45). On ne peut malheureusement, faute de documents, comparer ces chiffres avec ceux de la première moitié du XIVe siècle.
Aux raisons démographiques et économiques de la baisse des effectifs faut-il ajouter une crise de recrutement due à une certaine désaffection envers l'Ordre ? Encore que nous n'en ayons aucune preuve, il n'est pas exclu qu'un tel sentiment ait freiné le recrutement des frères chevaliers. L'enthousiasme du monde chrétien pour la lutte contre les infidèles s'était quelque peu affaibli au XIVe siècle ; il est possible que l'Hôpital en ait subi le contrecoup.
40. V. infra l'étude sur les âges.
41. Bibliothèque nationales manuscrits français 17255, folio 51 v°.
42. Ibidem, folio 55.
43. Ibidem, folio 59.
44. Ibidem, folio 64.
45. Archives nationales, MM 29, passim.


De plus la crise notoire que traversait L'Ordre le rendait, aux yeux de la classe chevaleresque, moins prestigieux qu'au siècle précédent. Les chevaliers devaient fournir un équipement relativement coûteux, financer leur passage à Rhodes, s'engager dans une vie hasardeuse en Orient avant d'obtenir d'hypothétiques charges rémunératrices ou d'être pourvus, en Occident, de commanderies que la dépression économique rendait souvent peu rentables. Toutes ces raisons ont pu contribuer à raréfier les vocations.
Mais, dans une époque de difficultés et de famines, l'Ordre, par ses multiples églises et chapelles à desservir, devait au contraire constituer un pôle d'attraction pour les jeunes clercs. Il offrait des conditions d'existence d'un niveau modeste, mais assurées, la possibilité d'accéder à des offices dans l'administration des prieurés et même de l'Ordre. Un tel attrait semble bien avoir existé, sinon comment expliquer que nombre de frères prêtres aient facilité l'entrée dans l'Ordre de leurs neveux (46) ? Comment expliquer que des parents aient sollicité pour de très jeunes enfants des lettres de donation qui leur garantissaient une place dans l'Ordre lorsqu'ils seraient en âge d'accéder à la prêtrise (47) ?

Les conséquences de l'insuffisance numérique des effectifs
— Dans près de la moitié des commanderies il n'existe plus de communauté de frères sous l'autorité d'un commandeur. Toute vie conventuelle telle que la prescrivait la Règle, ponctuée d'offices et de chapitres hebdomadaires, est devenue impossible. Sur le plan moral l'insuffisance numérique peut donc contribuer à un affaiblissement de la discipline et à une dégradation de la spiritualité au sein de l'Ordre (48).
Sur le plan de la gestion des possessions, la faiblesse des effectifs ne poserait pas de problème particulier si les propriétés étaient affermées. Mais tel n'était pas le cas dans le prieuré de France en 1373. Sur 11 baillies dans lesquelles ne résidait de façon permanente aucun frère, 8 avaient un patrimoine exploité en faire-valoir direct, une avait une partie de ses domaines affermée et 2 seulement avaient la totalité de leurs exploitations affermée à des laïcs. Parmi les 29 baillies dans lesquelles résidait un seul frère, dans 21 cas les propriétés étaient exploitées en faire-valoir direct, dans 6 une partie des domaines était affermée, et dans 2 seulement la totalité des exploitations était affermée. Dans ces conditions la médiocrité numérique entraînait nécessairement une sous-administration des propriétés de l'Ordre, qui parait d'ailleurs générale en 1373 (49).
46. Sur ce point v, A.-M. LEGRAS, opuscule cité, page 163-165 : Les liens de parenté entre les Hospitaliers.
47. V. infra l'étude sur les donnés.
48. Un exemple révélateur, bien que ne concernant pas le prieuré de France : à la commanderie de Sales (diocèse de Besançon) résidaient autrefois 4 ou 5 religieux de l'Ordre et des chapelains séculiers ; toutes les heures canoniales étaient observées. En 1373, il reste un seul frère qui assure de temps à autre un office (Archives Vaticanes Instr. mise. 2772).
49. V. J. GLENISSON, opuscule cité 92.


3. — Représentation des trois classes de l'Ordre dans le Prieuré de France en 1373
— On sait que l'Ordre comprenait au XIVe siècle trois classes de frères : les chevaliers (milites), les prêtres (presbiteri ou sacerdotes) et les sergents (servientes, servientes armorum ou sargandi).
En 1373, sur 180 frères du prieuré de France, on dénombrait :
5 chevaliers, soit 2,7 % de l'effectif.
124 prêtres, soit 68,8 % de l'effectif.
49 sergents, soit 27,2 % de l'effectif.
1 diacre.
1 frère dont la catégorie n'est pas précisé.
Cette répartition met en évidence une très forte prédominance des frères prêtres au sein de l'Ordre. On peut objecter que les calculs sont en partie faussés par le fait que certains chevaliers et sergents sont à Rhodes et ont ainsi échappé au recensement dans les commanderies d'Occident. L'argument n'est valable qu'en partie pour les chevaliers dans la mesure où ceux qui sont pourvus de commanderies dans le prieuré figurent dans l'enquête en dépit de leur absence (50). Seuls les chevaliers de Rhodes non commandeurs échappent donc au recensement. Ce sont probablement les plus jeunes chevaliers, ceux qui effectuent à Rhodes une période de service avant d'impétrer une commanderie dans leur prieuré d'origine. Leur nombre, en 1373, est inconnu. Parmi les dix-huit frères sergents titulaires de commanderies dans le prieuré, il n'est précisé pour aucun qu'il soit en résidence à Rhodes au moment de l'enquête. Le nombre de sergents du prieuré de France à Rhodes en 1373 nous échappe donc totalement. Cependant le contingent représentant le prieuré à Rhodes ne devait pas excéder quelques dizaines de frères (51). Ajouté à l'effectif résidant dans les commanderies du prieuré, il augmenterait la place des frères chevaliers, et éventuellement des sergents, dans des proportions minimes qui n'affaibliraient que très peu l'écrasante supériorité numérique des frères prêtres.
50. Par exemple Guillaume de Chauconnin, commandeur de Mont-de-Soissons (diocèse de Soissons, 1) in conventu Rodensi nunc morans (Archives Vaticane, Instr. mise. 2766).
51. V. supra, l'essai d'évaluation de l'effectif de Rhodes.


Le fait n'est pas propre au prieuré de France (52) ; il met en évidence la cléricalisation de l'Ordre qui s'est effectuée au cours du XIVe s. Il s'agit là d'une transformation profonde de l'Hôpital, ordre dans lequel les chevaliers l'avaient emporté en nombre au cours des siècles précédents. Ce phénomène serait d'ailleurs la conséquence logique de plusieurs tendances que nous avons cru déceler précédemment : attrait de l'Ordre pour les clercs, légère désaffection de la classe chevaleresque, limitation probable du recrutement. Ce dernier facteur jouant un rôle essentiel dans la cléricalisation de l'Ordre : si les responsables pouvaient limiter au maximum le nombre de frères portant les armes pour concentrer à Rhodes l'effectif nécessaire à la défense de l'île, ils ne pouvaient limiter dans les mêmes proportions le recrutement des prêtres sur lesquels reposait la desserte des multiples cures et chapelles de l'Ordre en Occident (53).
En fait, dès le premier quart du XIVe siècle, la desserte des églises paroissiales et chapelles, dont le nombre avait considérablement augmenté à la suite de la dévolution des biens du Temple (54), a posé à l'Ordre un problème que la crise démographique, la diminution des effectifs et peut-être l'oubli par certains Hospitaliers de leurs devoirs religieux, devaient progressivement aggraver.
Les statuts édictés par les chapitres généraux de l'Hôpital tenus au XIVe siècle, se font le reflet constant de ces préoccupations. Si le chapitre général, réuni à Rhodes en septembre 1335, interdit aux prieurs de recevoir de nouveaux frères sans permission du Maître pour ne pas charger les commanderies au-delà de leurs possibilités financières, il fait une exception pour les frères prêtres si le nombre s'en montrait insuffisant pour desservir les églises et chapelles (55).
52. M.-F. PARNAUDEAU, opuscule cité, page 68-70, note qu'aucun chevalier ne figurait (même à titre de commandeur) parmi les 18 frères du diocèse d'Angers en 1373. Les prêtres étaient 13 (72 %) et les sergents 5 (27 %).
G. MOYSE, opuscule cité, page 500-501, remarque que sur une trentaine de frères du diocèse de Besançon il n'y avait aucun sergent et seulement 4 chevaliers (tous commandeurs résidant hors du diocèse) ; les autres frères étaient tous des prêtres.
53. Rappelons que dans le prieuré de France, pour 15 diocèses seulement (sur les 26 qui couvraient le prieuré), l'enquête permet de dénombrer 123 chapelles et 35 cures.
54. Sur 123 chapelles de commanderiez dénombrées en 1373, plus de 80 provenaient du Temple.
55. Bibliothèque nationales, ms. français 17255, folio 55.


Les préliminaires des statuts du chapitre général tenu à Rhodes en décembre 1344 nous apprennent que le pape Clément VI, informé du fait que les églises de l'Ordre étaient mal desservies et manquaient d'ornements, avait écrit au Maître pour lui enjoindre de remédier à cette situation (56). Le chapitre décida que des états des ornements d'autel, objets de culte et livres liturgiques devraient être dressés pour toutes les chapelles (57). Il enjoignit aux commandeurs de mieux assurer la desserte des églises et chapelles, de leur affecter un nombre suffisant de frères prêtres, de les pourvoir du nécessaire en ornements d'autel, vêtements sacerdotaux et linges sacrés, et d'assurer l'entretien régulier du luminaire (58). L'assemblée d'Hospitaliers convoquée à Avignon par le pape Innocent VI, au printemps 1356, pour procéder aux réformes les plus urgentes qu'imposait la situation critique de l'Ordre, avait placé le problème de la desserte des cures et chapelles au premier rang de ses préoccupations, vraisemblablement à l'instigation du pape. Elle renouvela l'obligation de desservir et pourvoir suffisamment en toutes choses les églises et chapelles faite au chapitre de 1344, précisant toutefois tant celles qui sont de l'ordre de Saint-Jean que celles du Temple, ce qui laisserait à penser que ces dernières avaient tendance à être négligées. Elle permit de faire appel à des prêtres séculiers pour assurer le service religieux si ne peuvent estre trouvez freres clercs dudit Hôpital (59). Assouplissement né probablement d'impératifs démographiques — nous sommes au lendemain de la première peste — qui permettra à l'avenir à certains hospitaliers de se décharger ouvertement, et à peu de frais, sur des séculiers (60), ou à laisser à la charge des fermiers des commanderies (61) la desserte des chapelles considérée comme une obligation pesante astreignant à une résidence constante dans les commanderies.
56. Bibliothèque nationales, folio 57 v°.
57. Ni les archives de l'Ordre à Malte, ni les archives des divers grands prieurés français ne contiennent, à notre connaissance, des états répondant à cette demande.
58. Ms. français 17255, folio, 57 v°,
59. Les décisions de cette assemblée, qui n'était pas un chapitre général, ont été insérées dans les recueils de statuts de l'Hôpital sur l'ordre d'innocent VI. Elles y sont transcrites après les statuts du chapitre général de 1358 (ms. français, 17255, fol. 66 v°-67),
60. En 1373, la rémunération annuelle d'un chapelain séculier pour la desserte d'une chapelle variait dans le prieuré de France entre 3 livres et 16 livres tournois. Elle montait à 5 livres, 6 livres ou 10 livres tournois pour trois messes par semaine, à 15 livres tournois pour un service quotidien.
61. Cette charge, qui peut sembler normale lorsque le fermier était lui-même un frère prêtre, figure également dans des baux à ferme conclus avec des laïcs. Sur 44 baux à ferme (conclus dans le prieuré de France entre 1355 et 1398) mettant à la charge du preneur la desserte de la chapelle et l'entretien du luminaire.


2. — Etude des âges
Les âges déclarés par les frères, ou ceux qui leur sont attribués par les témoins, sont certainement très approximatifs. La plupart des personnes interrogées prennent d'ailleurs le soin d'accompagner l'âge qu'elles proposent d'un circa qui traduit leur incertitude. A défaut de connaître l'âge du frère au sujet duquel on les interroge, il est probable que certains témoins s'en rapportent à l'aspect physique de l'individu pour donner une évaluation (62). Méthode qui comporte un risque d'erreur évident mais à laquelle il pouvait être nécessaire de recourir à une époque où les seuls anniversaires célébrés étaient ceux de la mort et non ceux de la naissance.
L'enquête nous révèle les âges de 178 frères du prieuré de France en 1373 (63). En dépit des approximations sur les âges, l'étude de cet échantillon permet de dégager plusieurs remarques intéressantes.
Moyenne d'âge des frères du prieuré et répartition par tranches d'âges.
— Calculée sur l'ensemble de l'effectif, donc sans tenir compte des classes distinctes, la moyenne d'âge des frères du prieuré est de 47 ans, âge élevé eu égard aux espérances de vie de l'époque. La répartition par tranches d'âges conduit à une analyse plus précise :
De 20 à 29 ans : 9 frères soit 5,05 % de l'effectif.
De 30 à 39 ans : 36 frères soit 20,2 % de l'effectif.
De 40 à 49 ans : 49 frères soit 27,5 % de l'effectif.
De 50 à 59 ans : 46 frères soit 25,8 % de l'effectif.
De 60 à 69 ans : 27 frères soit 15,1 % de l'effectif.
De 70 à 79 ans : 9 frères soit 5,05 % de l'effectif.
De 80 à 89 ans : 2 frères soit 1,1 % de l'effectif.
Au vu de ces chiffres il apparait que près des 3/4 des frères du prieuré de France (74,6 %) ont plus de 40 ans, que près de la moitié (47,1 %) ont plus de 50 ans et que 21,3% ont plus de 60 ans (64).
23 ont été passés avec des laïcs et 21 avec des frères prêtres (v. Archives nationales, MM 28, 29, 30, 31, passim).
62. Le fait est mentionné à plusieurs reprises dans le procès-verbal de l'enquête dans le diocèse d'Elne (prieuré de Catalogne) : dixit quod secundum apparenciam corporis sui pot est esse etatis viginti annorum vel inde circa (Archives, Vaticane, Coll 438). V. aussi le procès-verbal de Gênes, (Archives Vaticane, Coll. 431 A).
63. Les âges de deux frères (un sergent et un prêtre) sont omis.
64. G. MOYSE, opuscule cité, page 501, constate une moyenne d'âge plus jeune chez les Hospitaliers du diocèse de Besançon où 45,4 % des frères ont plus de 40 ans et 27,2 % plus de 50 ans.


Les tranches en dessous de 40 ans ne représentent qu'un quart de l'effectif (25,2 %) et celle des moins de 30 ans 5,05 seulement.
Nous sommes donc en présence d'un ordre vieilli dans lequel les tranches âgées, ou sur le déclin, pour l'époque, l'emportent de beaucoup sur les tranches jeunes.
Cependant il faut nuancer cette constatation compte tenu du fait que dans le domaine de l'étude des âges nous nous heurtons, comme précédemment, dans celle des effectifs, à l'absence de renseignements sur le contingent de Rhodes. Destiné à l'action militaire, il devait être composé de frères jeunes. Son intégration dans les calculs renforcerait les tranches jeunes et abaisserait légèrement la moyenne d'âge. Elle ne permettrait certainement pas d'effacer totalement la faiblesse numérique de la tranche la plus jeune (20-29 ans) qui apparait particulièrement accentuée. Cette faiblesse semble correspondre à une baisse de recrutement. Elle a cependant une autre raison : les renseignements que nous avons pu rassembler sur les carrières des frères montrent que pour les frères prêtres et les frères sergents la prise d'habit s'effectuait à un âge parfois avancé (65). Sur 23 frères prêtres dont les âges de réception peuvent être déterminés, 10 seulement sont entrés dans l'Ordre entre 26 et 30 ans, 13 ont reçu l'habit entre 30 et 50 ans. Le fait est encore plus net chez les sergents où, pour six prises d'habit, 4 postulants étaient âgés de 40 ans et 2 de plus de 50 ans. Ces réceptions tardives ne pouvaient rajeunir les effectifs.
65. Archives nationales, MM 28, 29, 30 passim.

Les frères prêtres
— La moyenne d'âge des 123 frères prêtres se situe autour de 45 ans (66) ; elle est donc légèrement inférieure à la moyenne d'âge générale de l'effectif du prieuré.
La répartition des frères prêtres par tranches d'âges donne des résultats assez voisins de celle de l'ensemble des frères :
20 à 29 ans : 7 soit 5,6% des frères prêtres
30 à 39 ans : 28 soit 22,7% des frères prêtres
40 à 49 ans : 36 soit 29,2% des frères prêtres
50 à 59 ans : 29 soit 23,5% des frères prêtres
60 à 69 ans : 16 soit 13% des frères prêtres
70 à 79 ans : 6 soit 4,8% des frères prêtres
80 à 89 ans : 1 soit 0,8% des frères prêtres
66. G. MOYSE, opuscule cité, page 501, note une moyenne d'âge voisine (44 ans) pour les frères prêtres du diocèse de Besançon.
M.F. PARNAUDEAU, opuscule cité, page 71, indique une moyenne d'âge plus élevée (près de 48 ans) dans le diocèse d'Angers.


On notera toutefois que les tranches des moins de 40 ans sont mieux représentées que dans l'ensemble de l'effectif (28,3% contre 25,2%), ce qui est le résultat d'un recrutement plus actif dans cette catégorie (67). L'âge d'admission, souvent moins élevé que chez les sergents, contribue à renforcer les tranches jeunes. Il n'en reste pas moins que 71,5% des frères prêtres ont plus de 40 ans, âge relativement avancé pour l'époque, et 42,1% plus de 50 ans (68).
67. Sur 28 frères reçus entre 1370 et 1374, 26 étaient des frères prêtres (v. les mentions de prise d'habit dans Archives nationales, MM 29, passim).
68. Dans le diocèse d'Angers, en 1373, 66 % des frères prêtres avaient plus de 40 ans, et 33 % plus de 50 ans, M.-F. PARNAUDEAU, opuscule cité, page 71.


Les frères sergents
— Dans cette catégorie, la moyenne d'âge des 48 frères est d'environ 53 ans et demi, soit nettement plus élevée que la moyenne d'âge générale (69). La répartition par tranches d'âges confirme le vieillissement de ce groupe :
20 à 29 ans : 1 soit 2,08 % des frères sergents.
30 à 39 ans : 6 soit 12,5 % des frères sergents.
40 à 49 ans : 11 soit 22,9 % des frères sergents.
50 à 59 ans : 16 soit 33,3 % des frères sergents.
60 à 69 ans : 10 soit 20,8 % des frères sergents.
70 à 79 ans : 3 soit 6,2 % des frères sergents.
80 à 89 ans : 1 soit 2,08 % des frères sergents.
Les tranches de moins de 40 ans ne regroupent, chez les sergents, que 14,5 % des frères, et celle des moins de 30 ans apparait très faible avec 2,08 %.
Un recrutement presque inexistant (70) et un âge d'admission souvent tardif peuvent expliquer le vieillissement de ce groupe dans lequel les plus de 40 ans représentent 85,4 % de l'effectif, les plus de 50 ans 62,4 % et les plus de 60 ans 29,1 %. L'intégration des frères sergents de Rhodes renforcerait légèrement les tranches jeunes et abaisserait la moyenne d'âge, mais la sclérose de cette catégorie apparait trop marquée pour s'en trouver diminuée de beaucoup. Il est d'ailleurs permis de se demander si nous ne sommes pas devant une catégorie en voie d'extinction.
69. Les frères sergents du diocèse d'Angers présentaient, au contraire, une moyenne d'âge moins élevée que les frères prêtres (44 ans contre 48), M.-F. PARNAUDEAU, opuscule cité, page 68.
70. Sur les 28 frères reçus entre 1370 et 1374, 2 seulement étaient des sergents (v. les mentions de prise d'habit dans MM 29, passim).


Les chevaliers
— L'enquête de 1373 ne recense que 5 chevaliers dans le prieuré de France, dont un est d'ailleurs à Rhodes. Pour étudier sérieusement les âges de cette catégorie il faudrait connaître la composition du contingent de Rhodes, probablement composé de jeunes chevaliers. En l'absence de tout indice sur ce point, on ne peut que préciser que, parmi les 5 chevaliers recensés dans le prieuré, 3 ont entre 30 et 40 ans, 1 plus de 50 ans, et 1 plus de 60 ans. La moyenne d'âge, peu significative, de ces 5 frères s'élève à 45 ans.

5. Les commandeurs
— Placé par l'autorité magistrale ou l'autorité prieurale à la tête d'une baillie (71), le frère commandeur apparaît généralement dans les enquêtes épiscopales avec le titre de preceptor, dans quelques cas il porte celui de magister, ou magister preceptor (72). Les textes français utilisent exclusivement le terme commandeur.
Pour les 70 baillies du prieuré de France représentées dans l'enquête de 1373, on ne dénombre que 64 commandeurs : une baillie détruite était sans commandeur (73) ; trois autres, paraissant réservées au Maître comme chambres magistrales, n'avaient qu'un gouverneur (74) ; enfin deux baillies étaient tenues par des commandeurs qui les cumulaient avec une autre (75).
71. Le mécanisme de désignation des commandeurs est mal connu* Les registres des bulles des Maîtres (conservés aux Archives de Malte) contiennent des nominations de commandeurs, de même que les registres des actes du chapitre prieural de France. Il faut donc supposer soit qu'un certain nombre de baillies, déterminées ou non, était à la collation du Maître dans chaque prieuré, soit qu'il existait pour les nominations un tour entre le Maître et le prieur.
72. Enquêtes dans les diocèses de Soissons, Sens.
73. La Renardière (Chartres, 7),
74. Haute-Avesnes (Arras, 1), Hainaut et Cambrésis (Cambrai, 1), Beauvais-en-Gâtinais (Sens, 5). Cette dernière n'était peut-être que chambre prieurale.
75. Le même commandeur cumulait Roussemeau (Sens, 3) et Esquennoy (Beauvais, 4) ; un autre cumulait Baugy et Courval (Bayeux, 1-2).


Les catégories
— Sur les 64 commandeurs, 40 étaient des frères prêtres (64,5 %), 18 des sergents (29 %), 4 des chevaliers (6,4 %). Dans deux cas la catégorie n'est pas précisée.
Ces chiffres confirment la place prédominante que tenaient les frères prêtres dans l'Ordre. Ils démontrent aussi que les sergents n'étaient pas toujours confinés dans une position subalterne, comme on le pense généralement, puisque un nombre relativement élevé d'entre eux accédait aux fonctions de commandeur.
Le pourcentage de commandeurs issus de ces deux catégories est proche du pourcentage représenté par chacune d'elles dans l'effectif total du prieuré qui était respectivement de 68,8 % pour les prêtres et de 27,2 % pour les sergents. La catégorie des frères prêtres, de beaucoup la plus importante au sein du prieuré, ne monopolisait donc pas à son profit la direction des baillies, le pourcentage de commandeurs qu'elle fournit étant légèrement inférieur à celui qu'elle représente dans l'ensemble de l'effectif. Pour les sergents, au contraire, la place est plus grande chez les commandeurs que dans l'effectif total du prieuré. Quant aux chevaliers le pourcentage de commandeurs qu'ils fournissent (6,4%) correspond à plus du double de celui qu'ils représentent dans l'effectif du prieuré (2,7%), remarque qui ne saurait surprendre dans la mesure où les fonctions de responsabilité leur étaient, par priorité, réservées.

Les âges
— La moyenne d'âge des commandeurs se situe autour de 47 ans ; elle est identique à la moyenne d'âge des frères du prieuré, mais la répartition par tranches d'âges apparaît légèrement différente :
De 20 à 29 ans : 2 commandeurs, 3,1 %.
De 30 à 39 ans : 12 commandeur, 18,7%.
Soit Commandeurs : 21, 8%.
Ensemble Frères : 25,2%.

De 40 à 49 ans : 20 commandeurs, 31,2 %.
De 50 à 59 ans : 19 commandeurs, 29,6 %.
Soit Commandeurs : 60,8 %
Ensemble Frères : 53,3%.

De 60 à 69 ans : 8 commandeurs, 12,5 %.
De 70 à 79 ans : 3 commandeurs, 4,6 %.
Soit Commandeurs : 17,1 %.
Ensemble Frères : 21,2%

De 80 ans et + :
Soit Commandeurs : 0. 0%.

On constate que les tranches les plus jeunes (de 20 à 39 ans) et les plus âgées (plus de 60 ans) sont moins bien représentées chez les commandeurs que dans l'ensemble de l'effectif du prieuré. Au contraire, les tranches intermédiaires (40-59 ans) regroupent 60,8 % des commandeurs alors qu'elles ne regroupent que 53,3 % des frères.
Une telle répartition s'explique logiquement. Avant d'accéder aux fonctions de commandeur il fallait qu'un frère eût acquis une certaine expérience des affaires de l'Ordre. Dans ce but, les statuts exigeaient une ancienneté minimum de trois ans dans la Religion (76). Sauf exception ce n'était donc que passé 30 ans, et souvent plus, qu'un frère pouvait espérer devenir commandeur (77). Après 60 ans, âge élevé pour l'époque, il devenait parfois difficile à un commandeur de gérer activement sa baillie et de se rendre deux fois par an à Paris pour participer aux assemblées du prieuré. Certains commandeurs, âgés, renonçaient d'eux-mêmes contre une pension à leurs commanderies (78) ; d'autres, moins raisonnables, se voyaient écartés du regimen et gouvernement de la baillie par décision du prieur et du chapitre prieural en raison de leur âge et de leurs infirmités (79). Il est donc tout à fait normal de trouver le plus fort contingent de commandeurs dans les tranches d'âges de 40 à 60 ans, celles des frères qui ont acquis une certaine expérience des affaires de l'Ordre, soit à Rhodes, soit en Occident, et dont les carrières sont tracées.
76. Chapitre général de Chypre (1304), Paris, Bibliothèque nationale, ms. fr. 17255, fol. 49 v° ; chapitre de Montpellier (1330) ; ibid., fol. 51-51 v°. Le chapitre général de Rhodes (1344) avait porté à cinq ans l'ancienneté minimum, ibidem fol. 59 v°.
77. Les cas des deux plus jeunes commandeurs du prieuré de France sont assez exceptionnels : Pierre du Poule, commandeur de Compiègne, n'avait que 28 ans, et Hutin du Cauchis, commandeur d'Oisemont, n'en avait que 24.
78. Nicolas du Choisel renonce à Villedieu-de-Sault-chevreuil en 1376 ; il avait
63 ans (MM 30, fol. 53 v°) ; Thomas Follebarbe à Bonlieu en 1378, il avait 60 ans (MM 30, fol. 105v°) ; Jean Le Roy à Cerisiers en 1384, il avait 65 ans (Archives Malte, cod. 322, fol. 49-49 vo).
79. Jean de Carrais, commandeur de Villemoison en 1387, il avait 64 ans (MM 31, fol, 33 v°); Thomas de Berguettes, commandeur de Beauvoir-en-Ponthieu en 1412 (MM 32, fol. 85) (âge non précisé, mais vieux et infirme).


Les commandeurs et l'obligation de résidence
— Les statuts faisaient obligation au commandeur de résider dans sa baillie pour en diriger l'administration, conduire la communauté des frères et affirmer la présence de l'Ordre. Les rappels à l'ordre des chapitres généraux laissent penser que les commandeurs prenaient quelques libertés avec cette obligation (80). Le chapitre général tenu à Avignon, en 1367, qui s'était préoccupé de réformer les abus, avait réaffirmé impérativement la règle de la résidence tout en prévoyant des dérogations pour les commandeurs, que leurs offices dans l'Ordre conduiraient à s'éloigner de leurs baillies (81). Cependant il restait assez facile pour un commandeur d'être dispensé de l'obligation de résidence puisque le même chapitre de 1367 autorisait les prieurs à accorder une dérogation s'il apparaissait qu'un commandeur ne peust vivre et estre en sa baillie, formule vague qui ouvrait la voie à de multiples possibilités de dispenses.
80. Chapitre de Rhodes (1353), Bibliothèque nationale, ms. Français, 17255, folio 61 v°.
81. Que tes commandeurs, excepté ceux qui seront au Couvent d'Outre-Mer, ou au service des prieurst ou procureurs du Maître, ou receveurs des responsions, doient demourer en leurs baillies et mettre paine de jaire l'honneur et le proufit de la maison, ibidem, fol. 69-69 v°.


Après une étude cas par cas, on peut estimer qu'en 1373, sur 64 commandeurs du prieuré de France, 17 au moins (soit près du quart) ne résidaient pas en permanence dans leur baillie et que certains n'y avaient même jamais résidé depuis leur nomination (82). Les raisons de l'éloignement des commandeurs étaient multiples.
Il arrivait qu'un commandeur cumulât deux baillies (83) ou, plus fréquemment, qu'à sa commanderie il ajoutât, à titre de fermier, l'administration d'une ou plusieurs autres baillies parfois éloignées. Dans ces cas il devait partager son temps entre ces divers lieux et fixait parfois sa résidence dans une des baillies qu'il affermait et non dans sa propre commanderie (84).
Une autre cause d'éloignement du commandeur tenait aux fonctions qu'il remplissait au sein de l'Ordre ou du prieuré. Dans le prieuré de France nous avons les exemples de Guillaume de Chauconnin, Hospitalier du couvent de Rhodes, commandeur du Mont-de-Soissons (Soissons, 1) (85) ; Henri de Saint-Trond, Trésorier général de l'Ordre, commandeur d'Avalterre (Liège, 1) (86) ; Pierre de Provins, commandeur de Provins (Sens, 11), futur Trésorier général, qui suit le Trésorier dans ses déplacements (87) ; Pierre Pannet, trésorier du prieuré de France et receveur des responsions, commandeur de Roussemeau (Sens, 3) et Esquennoy (Beauvais, 4) (88) ; Jean Le Roy, commandeur de Cerisiers (Sens, 1), agent financier qui exerce ses fonctions au siège du prieuré, à Paris (89).
82. Ainsi Jean Le Roy, commandeur de Cerisiers, au diocèse de Sens, qui a tribus annis fuit institutus preceptor seu magister domus seu preceptorie de Cerasariis predicte nec unquam residenciam in dicto loco seu moram traxit in dicta domo seu preceptoria (Instr. Mise. 2762, 2e peau). De même Pierre de Provins, commandeur de Provins, qui in dicta domo [de Provins] nunquam residenciam fecit seu moram traxit (Instr. Mise. 2762, 24e peau).
83. Nicolas de Thionville, commandeur de Montdidier (Amiens, 8) était en même temps commandeur de l'Hôpital ancien de Paris et procureur général du Prieuré de France. Il devait résider plus souvent à Paris qu'à Montdidier.
84. Adam Langlaschie, commandeur de Grand-Selve (Amiens, 10) réside à Saint-Thomas-lès-Joigny, membre de Cerisiers, dont il est fermier (Instr. mise. 2762). Amoul de Monte, commandeur de Pilvernier (Sens, 10) réside dans une commanderie plus importante qu'il a prise à ferme (Instr. mise. 2762, 23e peau) ; de même que Jean Beriole, commandeur de Chevru (Sens, 8) ... commorat in diocesi Trecensi in quadam alia domo quam tenet ad firmam sed in domo predicta [de Chevruto] vadit pluries in anno ad minimum sexties vel octies (Instr. mise. 2762, 20e peau).
85. L'enquête précise in conventu Rodensi nunc morans (Instr. mise. 2766).
86. Le texte n'indique pas qu'Henri de Saint-Trond était absent de sa baillie en 1373, mais il est évident que ses fonctions de trésorier général l'amenaient à s'en éloigner souvent.
87 ... Ymo commoratur in patria de Brebant cum thesaurario Magni Prioris, domini et magistri omnium religiosorum et preceptoriarum et domorum Sancti Johannis Jerosolimitani (Instr. mise. 2762, 24e peau).
88 ... qui continue commoratur Parisius in domo Templi Parisiensis et qui est thesaurarius domini Prioris Fronde (Instr. mise. 2762, 7e peau).
89 ... commorantem in Hospitali Parisius (Instr. mise. 2762, 2e peau).


L'insécurité des temps obligeait parfois le commandeur à quitter sa baillie pour se mettre à l'abri d'une forteresse voisine ou d'un refuge urbain. En 1373 nous en trouvons des exemples dans les diocèses particulièrement touchés par la guerre : Thomas de Walleran, commandeur de Chartrain, Nicolas Le Ber, commandeur de Launay-au-Perche (Chartres, 3 et 4) résident le plus souvent dans une forteresse ; de même que Raoul Porée, commandeur de Baugy et Courval (Bayeux, 1 et 2) et Guillaume du Chesne, commandeur de Saint-Etienne-de-Renneville (Evreux, 4) (90). Philippe Evrard, commandeur de Melun (Sens, 9) et gouverneur de Beauvais-en-Gâtinais (Sens, 5) habite une maison qu'il loue à Melun (91).
Pierre du Poule, commandeur de Compiègne (Soissons, 4), réside ordinairement à Paris où il continue ses études de droit canon (92).
A ces cas de non résidence du commandeur qui ressortent nettement des textes, surtout des enquêtes épiscopales, il faudrait probablement en ajouter d'autres qui nous échappent faute d'indices suffisants (93).
90. Livre vert, folio 38, 56, 56 v°, 67 v°.
91. Instr. mise. 2762, 22e peau.
92. Studens continue Parisius in facultate decretorum (Instr. mise. 2766).
93. Une présomption de non résidence pour Pierre de Courcy, commandeur de Fieffes (Amiens, 1), dont on sait qu'il était commandeur de Morée en 1366 et dont la baillie est gérée en 1373 par un gouverneur. De même pour le commandeur de Beauvoir-en-Ponthieu (Amiens, 3) ; on ignore son nom, mais la baillie est gérée par un gouverneur ; Jean de Courchon, commandeur de Saint-Maulvis (Amiens, 2) n'est pas compté, volontairement, parmi les frères pour l'estimation des dépenses de nourriture de la commanderie, ce qui semblerait indiquer qu'il n'y réside pas.


II. LES DONNÉS
1. Les diverses catégories de donnés
— Avant d'étudier les donnés qui apparaissent dans le prieuré de France en 1373 il convient de s'arrêter quelque peu sur la définition du donné (donatus, datus) (94), terme général qui semble recouvrir dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem des situations personnelles et des états différents. Si tous les donnés ont en commun le fait d'être des personnes affiliées à l'Ordre en vertu de lettres de donation accordées par le Maître ou par un prieur, on doit distinguer parmi elles plusieurs catégories dont l'existence est mise en évidence par l'analyse des mentions de donations contenues dans les registres d'actes du prieuré (95).
Nous trouvons chez les Hospitaliers des donnés, hommes et femmes, qui répondent à la définition traditionnelle du donné tel qu'il existe dans les monastères au Moyen-Age : ce sont des laïcs, nobles ou roturiers, qui ont fait don de leurs personnes et de leurs biens à l'Ordre (96). Laïcs, ils peuvent maintenir des liens de mariage contractés antérieurement (97), mais vivent dans les commanderies où ils reçoivent gîte, couvert, vêtements, et sont placés sous l'autorité du commandeur (98). Par leur donation ils sont en outre assurés de recevoir une sépulture dans les églises ou cimetières de l'Ordre et de bénéficier d'une association spirituelle (99). Ces donnés ne semblent pas destinés à s'intégrer un jour dans la Religion, mais ils sont plus proches de l'Ordre que des tertiaires ou des confrères puisqu'ils quittent leur foyer et leurs occupations. L'infimité de leur nombre, dans la deuxième moitié du XIVe siècle. (100), est peut-être l'indice d'une désaffection des laïcs envers l'Ordre, à moins qu'elle ne s'inscrive dans le cadre plus général d'une désaffection envers l'institution elle-même.
94. Le terme donatus (dans les textes français « donné ») est de beaucoup le plus usité. Le procès-verbal de l'enquête dans le diocèse de Liège. (Instr, mise. 2676, folio 4 v°) fournit l'équivalence dati sive donati. Le terme oblatus apparaît dans deux enquêtes du prieuré de France (Beauvais et Sées), mais semble surtout usité dans la France du sud.
95. Archives nationales, MM 28 à 32 (1355-1422). En dehors de ces mentions, souvent très succinctes, nous n'avons trouvé qu'un texte entier de lettres de donation : il s'agit de la donation accordée en 1358 par Je Maître Roger des Pins à un laïc, Mathieu Canoy (Archives de Malte, cod. 316, folio 93-93 v°).
96. Certains s'en réservent la jouissance leur vie durant (MM 28, folio 72 ; MM 30, folio 82 v°). Les biens apportés sont parfois du bétail, un couple amène avec lui 1 cheval, 24 brebis, 12 vaches, qui viendront grossir le cheptel de la commanderie et que le commandeur ne pourra aliéner (MM 30, folio 129 v°, 1380).
97. Il existe plusieurs exemples de donations de couples (MM 28, folio 72, 1357 ; MM 30, folio 129 v° 1380 ; MM 31, folio 85, 1389, folio 194 v°, 1394).
98. Le donné recevra panem et aquam et vestes humiles (Archives de Malte, cod. 316, folio 93). Il doit obéissance au commandeur et devra obtenir sa permission pour s'absenter de la communauté. En 1371 un donné obtient du prieur de France la permission de s'absenter pendant un an pour aller en pèlerinage à Rome (MM 29, folio 37 °)
99. Archives de Malte, cod. 316, folio, 93 et MM 30, folio, 82 v°.
100. Nous en avons relevé sept cas entre 1357 et 1394 (MM 28, folio 72, 140 v° ;
MM 30, folio, 82 v°, 129 ; v° ; MM 31, folio, 85, 179 v°, 194 v°). Ils concernent trois couples, trois femmes et un homme.


Mais, pour toute une autre catégorie d'individus, la plus importante en nombre, la donation apparait comme une étape vers l'entrée dans l'Ordre. C'est là, semble-t-il, une originalité de l'Hôpital. Le fait est particulièrement net dans le cas de jeunes clercs (101) destinés à la prêtrise pour lesquels les parents requièrent et obtiennent du prieur des lettres de donation (102) qui sont, en même temps qu'une affiliation, une promesse de réception parmi les frères prêtres lorsque le donné sera in sacris. Toutes ces lettres de donation précisent que le donné ne pourra être admis dans l'Ordre, ni en attendre une aide matérielle, avant d'être promu aux ordres. Malgré leur jeune âge ces donnés ne peuvent donc être assimilés totalement à des oblats dans la mesure où ils restent dans leurs familles qui ont l'obligation de pourvoir à leur entretien et de les faire instruire (103). Ce type de donation est parfois qualifié de donation cum condicione par opposition à la donation in forma communi (104). Le bénéficiaire d'une donation en forme commune, prêtre, clerc ou laïc, adolescent ou adulte, est immédiatement affecté dans une commanderie où il vivra sous l'autorité du commandeur, aux frais de l'Ordre. Parmi cette catégorie de donnés, proche des oblats, la plupart deviendront, plus ou moins tardivement, frères prêtres ou frères sergents ; quelques-uns resteront donnés et, comme les frères, seront mutés en fonction des nécessités du service d'une commanderie à une autre.
Avec condition ou en forme commune, la donation ouvre donc pour le bénéficiaire une période transitoire de probation et de formation avant l'intégration dans l'Ordre (105). On peut d'ailleurs se demander si de façon générale la donation n'était pas toujours un préalable obligatoire à la réception. Ceci semble ressortir du fait que les prêtres séculiers qui souhaitent s'agréger à l'Ordre passent eux aussi par la donation avant de recevoir l'habit (106).
101. Certains de ces clercs ont 7 ans, 13 ans, 14 ans, 16 ans (MM 31, folio 21 v°, 119 ; MM 29, folio 73 ; MM 32, folio 166 vo),
102. Exemple : Item, le 16e jour de septembre l'an LVIII [7355] fut faicte donation a Jehannin Moreau, clerc, de l'aage de 10 ans ou environ, filz Colin Moreau et Margarite sa famé, du diocese de Paris, par condition que ses parens et amis seront tenuz de le tenir et fere aprendre a l'escole jusques a tant que il soit suffisamment lettré pour estre prestre a leurs propres coulx et despens aincois que il puisse par vertu de ceste donacion aucune chose estre a H administré de nostre Religion, Et lors quant il requerra l'abit de nostre Religion si comme il devra nous voulons que il li soit donné. (MM 28, folio 86 v°).
Pour donner une idée du nombre de ces lettres de donation, précisons que le registre MM 29, qui couvre une période de quatre années (du chapitre 1370 au chapitre 1374) en contient dix-sept mentions.
103. Cette condition figure pratiquement dans toutes les lettres.
104. Dans le registre MM 31, folio 182, à la date de 1394, les donations in forma communi sont nettement séparées des donations cum condicione.
105. Parmi les frères prêtres et sergents recensés en 1373 dans le prieuré de France, nous avons la certitude que seize ont effectivement été donnés avant leur entrée dans l'Ordre. La même pratique devait exister dans les autres prieurés : un frère prêtre du diocèse de Lombez, commandeur du Plantié, au prieuré de Toulouse, stetit donatus sive oblatus per septem annos et ultra et postea promotus ad sacros ordines (Instr. mise. 5210).

Il ne semble pas que le donné ait prononcé des vœux, mais il prêtait un serment (107) dont il pouvait être délié (108).

2. Les donnés du Prieuré de France en 1373
— En 1373, il y avait dans les commanderies du prieuré de France 45 donnés (109). Parmi eux trois femmes : Agnote La Chalete, 60 ans, Jeanne de Villeres, 60 ans, qualifiée de sœur donnée, Marie la Caronnesse, 76 ans. Elles appartenaient certainement à la première des catégories de donnés que nous avons définies.
Sur les 42 donnés masculins, nous trouvons 13 prêtres, 1 diacre, 2 clercs, 26 laïcs. Tous les âges sont représentés, de 20 à 75 ans (110), et probablement aussi tous les types de donnés (111), du postulant au laïc proche du convers. Rien ne permet de les distinguer. Vingt-six d'entre eux n'apparaissent que dans l'enquête de 1373 ; on ignore ce qu'ils sont devenus par la suite, mais il y a tout lieu de penser que ceux âgés de plus de 60 ans en 1373, prêtres et laïcs, sont restés donnés jusqu'à leur mort (112), alors que parmi les plus jeunes certains se seront intégrés à l'Ordre comme l'ont fait les 16 autres dont les archives permettent de suivre l'existence postérieurement à 1373 (113). Parmi ces 16 donnés, 11 sont devenus frères prêtres (114) et 5 frères sergents (115). Leur exemple confirme que l'état de donné pouvait être transitoire et correspondre à un temps de probation avant l'admission.
106. L'exemple le plus significatif est celui d'un prêtre séculier auquel le prieur de France accorde le même jour (12 juillet 1370) sa donation et sa réception dans l'Ordre (MM 29, folio 5 v°).
107. Par ce serment, le donné s'engageait a estre obéissant a son souverain, garder et deffendre en touz lieux a son povoir les freres, suers, donnez, données et les biens de nostre Religion, non soi transporter a autre Religion que a la nostre, ne sot lier a plus fort lien senz licence et congié especial de son dit souverain (MM 28, folio 119 v°, et, dans les mêmes termes, Arch, Malte, cod. 316, folio 93*93 v°).
108. Un donné, écuyer, est délié de son serment pour entrer dans l'ordre des Chartreux (1363, MM 28, folio 119 v°).
109. Plus précisément dans les 70 baillies (sur 106) pour lesquelles nous possédons les résultats de l'enquête.
110. V. tableau ci-contre.
111. Sauf les jeunes clercs instruits dans leurs familles qui échappent au recensement effectué dans les commanderies.
112. Notamment les deux prêtres donnés âgés de plus de 70 ans.
113.Ils étaient les plus jeunes parmi les donnés recensés en 1373 puisque onze sur seize avaient moins de 40 ans.


Répartition des donnés en fonction de leur» état et de leur âge :
20-24 ans : 2 prêtres, 1 diacre, 0 clerc, 1 Laïc.
Total : 4.
25-29 ans : 4 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 1 Laïc.
Total : 5.
30-34 ans: 0 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 1 Laïc.
Total : 1.
35-39 ans : 1 prêtres, 0 diacre, 1 clerc, 2 Laïc.
Total : 4.
40-44 ans : 3 prêtres, 0 diacre, 1 clerc, 3 Laïc.
Total : 7.
45-49 ans : 1 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 3 Laïc.
Total : 3.
55-59 ans : 0 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 2 Laïc.
Total : 2.
60-64 ans : 0 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 6 Laïc.
Total : 6.
65-69 ans : 0 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 0 Laïc.
Total : 0.
70-74 ans : 1 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 4 Laïc.
Total : 5.
75-79 ans : 1 prêtres, 0 diacre, 0 clerc, 0 Laïc.
Total : 1.
Prêtres : 13. Diacres : 1. Clerc : 2. Laïc : 26.
Total : 42 donnés.

III. LA RÉPARTITION DES FRÈRES ET DONNÉS DANS LES COMMANDERIES
— Il convient de souligner le caractère, temporaire de la répartition géographique des effectifs du prieuré que nous fournissent les procès-verbaux de l'enquête de 1373. L'enquête, telle une photographie, a fixé la répartition des frères à un moment donné, au printemps 1373, il est certain que considérée quelques mois plus tôt ou quelques mois plus tard la composition de l'effectif de chaque baillie eut été différente, sinon en nombre, tout au moins en ce qui concerne les individus. Les listes de mutations de frères et donnés transcrites dans les registres du prieuré (116), traduisent un renouvellement incessant du personnel des baillies, commandeurs exceptés, mais il semble qu'en dépit des changements de personnes le nombre des frères d'une baillie restait relativement stable, un frère venant en remplacer un autre décédé ou muté.
L'effectif d'une baillie était-il fixé en fonction de critères déterminés ou la répartition des frères et donnés était-elle relativement fantaisiste ?
Le premier élément à prendre en considération pour déterminer le nombre de frères et donnés à placer dans une baillie devrait être le montant de ses ressources. Nous avons vu précédemment (117) que les chapitres généraux avaient, à plusieurs reprises, demandé aux prieurs de ne pas charger les commanderies d'un effectif dépassant leurs possibilités financières. A la suite des plaintes de certains commandeurs, le chapitre de 1344 avait enjoint aux prieurs de corriger la répartition existante en déchargeant les baillies pauvres de frères et donnés en surnombre qui seraient mutés dans des commanderies plus riches.
Qu'en était-il en 1373 ?
114. Huit des donnés prêtres de 1373 (Jean du Cresson, Gérard d'Escolandes, Guillaume de Reims, Denis Roussel, Nicolas Suynet, Jean de La Viscoigne, Nicolas Le Messier, Nicolas Malingre), le donné diacre (Yves Cuyon), un donné clerc (Pierre de Pringy), un donné laïc (Guillaume Le Tort).
115. Un donné clerc (Jean Le Clerc), quatre donnés laïcs (Jean de Cargeux, Guillaume de Laitre, Jean de Troyes, Jean Le Charron), On trouvera des éléments biographiques sur tous ces individus dans A.-M. LEGRAS
— A. LUTTRELL, opuscule cité.
116. Archives nationales MM 28 à 32 pour la deuxième moitié du XIVe siècle.
117. V. supra page 363.


Si nous classons les baillies en fonction du montant de leurs revenus, en ordre croissant (v. tableau I), nous constatons que le nombre de personnes qu'elles ont à charge ne suit pas, quant à lui, une progression régulière. Il est de fait que parmi les 24 baillies les plus pauvres, celles dont le revenu annuel est inférieur à 100 livres, tournois, 21 ne sont chargées que d'une seule personne ; mais nous trouvons aussi des baillies jouissant de revenus plus élevés (entre 100 et 300 livres tournois) qui n'entretiennent qu'une personne. La même remarque pourrait être faite pour les baillies ayant à charge deux et trois personnes et qui apparaissent réparties dans toutes les tranches de revenus. Il existe donc très souvent une distorsion entre le montant des revenus et le nombre de personnes à charge.
De cette remarque faut-il conclure que la plus grande fantaisie régnait dans la répartition des frères et donnés du prieuré de France ? Nous pensons que ce serait inexact, d'une part parce que le montant brut des revenus n'est pas le seul élément à considérer dans l'économie d'une baillie pour déterminer le nombre de personnes dont elle peut supporter la charge, d'autre part parce que la répartition des frères peut obéir à des exigences indépendantes du niveau des ressources.
Les revenus d'une baillie n'étaient pas destinés dans leur totalité à pourvoir à l'entretien des frères. En dehors de la responsion (118), plus ou moins bien acquittée, d'autres charges grevaient son budget : entretien des bâtiments (fonction du nombre et de l'état des constructions), frais de justice (très variables selon les commanderies), hospitalité (souvent inexistante il est vrai). L'addition de ces charges donnait des totaux fort différents selon les baillies et peut expliquer que, tout en bénéficiant d'une saine gestion, des baillies ayant des revenus d'un montant voisin ne pouvaient effectivement supporter l'entretien d'un même nombre de personnes.
118. La responsion était la part des revenus que chaque commanderie devait verser au Trésor de l'Ordre pour subvenir à l'entretien des effectifs de Rhodes, financer la défense de l'île et soutenir la lutte contre les Turcs.
La répartition des frères peut aussi répondre à des nécessités indépendantes du niveau des ressources. A notre sens, elles étaient, en 1373, de deux ordres : maintenir en état, en dépit des difficultés économiques, l'organisation administrative, et concentrer un nombre suffisant de frères prêtres et de donnés prêtres dans les baillies qui avaient des cures et chapelles à desservir.

La volonté de maintenir les structures administratives apparaît nettement dans le cas des douze baillies qui ont un revenu annuel inférieur à 50 livres Tournois. D'après les informations fournies par l'enquête, toutes présentent un bilan déficitaire, ce qui ne saurait étonner pour des baillies ayant un revenu annuel de 20, 26, 29 ou 30 livres tournois. Elles restent cependant des unités d'administration dans lesquelles l'Ordre maintient un frère, le commandeur, alors qu'il est évident que le montant des ressources ne peut suffire à assurer son existence et encore moins à financer les charges ordinaires d'une baillie. Ce n'est qu'à la fin du XVe siècle, lorsque le redressement de la situation commencera à s'opérer, qu'un nouveau découpage des baillies sera effectué.
Le rapprochement entre la répartition des frères et donnés et le nombre de cures et chapelles dépendant des baillies met en évidence des concentrations de frères prêtres et de donnés prêtres dans les baillies qui avaient des églises paroissiales à desservir (119). Le cas le plus typique est celui de la baillie d'Oisemont (Amiens, 7) dont dépendaient trois cures et deux chapelles où étaient rassemblés deux frères prêtres et cinq donnés prêtres. En règle générale toutes les baillies qui avaient une cure à desservir avaient au moins un frère prêtre en résidence effective, et les baillies chargées de deux cures disposaient au minimum de trois frères prêtres. L'Ordre semble donc faire un effort pour assurer une desserte convenable des églises paroissiales ainsi que le prescrivaient les statuts des chapitres généraux. Mais les baillies qui doivent assumer cette charge ne disposent pas toujours, même en tenant compte du profit des cures, de revenus en rapport avec le nombre de frères qui leur est ainsi imposé. Dans la tranche des 200 à 300 livres de revenus annuels les seules baillies ayant à leur charge quatre frères sont précisément des baillies qui ont des cures à desservir, alors que dans cette même tranche de revenus les autres baillies ne sont chargées que d'un ou deux frères. La distorsion entre le montant des revenus et le nombre de personnes à entretenir est évidente. Les bilans de ces baillies sont d'ailleurs largement déficitaires : La Landelle, 30% ; Villedieu-de-Sault-chevreuil, 67,7 %. La même, remarque pourrait être faite pour les trois baillies (Cerisiers, Etampes, Chartrain) qui sont les seules, dans leurs tranches respectives (300-400 livres, 400-500 livres, 500-600 livres), à entretenir six personnes.
Si les raisons que nous venons d'examiner permettent d'expliquer les différences numériques des effectifs entre les baillies, il n'en reste pas moins vrai que certaines baillies (120), dont les bilans apparaissent largement excédentaires, auraient pu entretenir un nombre plus élevé de frères et donnés que celui qu'elles supportaient, alors que d'autres (121), dont les bilans sont déficitaires et qui n'avaient aucune cure à desservir, auraient gagné à être déchargées de l'entretien d'une ou plusieurs personnes.
Quelques réajustements des effectifs des baillies auraient donc été nécessaires, mais dans l'ensemble il apparaît que la répartition des frères du prieuré de France était, en 1373, assez équilibrée.
119. V. tableau II.

En conclusion de cette étude sur les effectifs, les catégories et les âges des frères du prieuré de France en 1373, nous pouvons dire que, si le dessein de Grégoire XI, tel qu'il apparaît à mots couverts dans les lettres apostoliques du 10 février 1373, était de mobiliser en Orient tous les Hospitaliers des commanderies d'Occident susceptibles de porter les armes, les possibilités du prieuré de France dans ce domaine se révèlent médiocres : 5 chevaliers et 49 sergents pour 70 des 106 baillies du prieuré, soit au total 54 hommes parmi lesquels 32 avaient moins de 50 ans et 10 seulement moins de 40 ans (122).
122. L'enquête de 1373 ne devait en fait déboucher sur aucune mobilisation des Hospitaliers en Orient. Il faudra attendre 1378 pour qu'une petite expédition d'Hospitaliers, commandée par le Maître, Fr. Juan Femandez de Heredia, s'embarque pour Vonitza, en Epire, et soit lamentablement défaite à Arta, le 23 août 1378, par
le seigneur albanais Ghin Boua Spata ; détails dans A.-M. LEGRAS
— A. LUTTRELL, opuscule cité.

Sources : A.-M. LEGRAS. Les effectifs de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans le Prieuré de France en 1373. Revue Mabillon : archives de la France monastique, tome LX. Janvier-Juin 1984 BNF

EXEMPLES

Exemple
Mouflières : excédent 18 % (1 personne à charge)
Compiègne : excédent 11 % (1 personne à charge)
Esquennoy : excédent 25 % (2 personnes à charge)
Fontaine-sous-Montdidier : excédent 17 % (3 personnes à charge)
Sommereux : excédent 21 % (4 personnes à charge)
Boncourt : excédent 27 % (7 personne7 à charge)

Exemple
Saint-Etienne-de-Rennevllle : déficit 19 % (5 personnes à charge)
Bertaignemont : déficit 11 % (4 personnes à charge)
Biches : déficit 27 % (2 personnes à charge)

TABLEAU I
Revenus annuels des baillies du prieuré de France en 1373 et nombre de personnes à charge.
Les chiffres entre [ ] correspondent à des totaux supposés.
La Renardière
Diocèse de Chartres, n° sur la carte (7).
Revenu annuel en livre: 0.
Frères: 0.
Donnés: 0.
Personnes à charge : désertée.

Grandvilliers
Diocèse: Evreux (5)
Revenu annuel en livre : 21.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

La Sablonnière
Diocèse de Soissons (3).
Revenu annuel en livre : 20.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Saint-Victor-au-Perche
Diocèse de Chartres (2).
Revenu annuel en livre : 26.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Fréneaux
Diocèse de Sées (2).
Revenu annuel en livre : [29].
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

La-Haye-du-Val-Saint-Denis
Diocèse d'Evreux (3).
Revenu annuel en livre : 30.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Villedieu-de-Montchevrel
Diocède de Sées (3).
Revenu annuel en livre : [32].
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Le Plessis-aux-Eventés
Diocèse de Sens (14).
Revenu annuel en livre : 44.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Pilvernier
Diocèse de Sens (10).
Revenu annuel en livre : 45.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Champs-sur-Yonne
Diocèse d'Auxerre (1).
Revenu annuel en livre : 47.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Ozouer-le-Voulgis
Diocèse de Sens (12).
Revenu annuel en livre : [48].
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Monéteau
Diocèse d'Auxerre (4).
Revenu annuel en livre : 48.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Le Plessis-d'Arbouse
Diocèse d'Auxerre (2).
Revenu annuel en livre : 49.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Passy
Diocèse de Soissons (5).
Revenu annuel en livre : 52.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Fontaine-la-Cado
Diocèse d'Evreux (2).
Revenu annuel en livre : 60.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Courval
Diocèse de Bayeux (2)
Revenu annuel en livre : 60.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Villemoison
Diocèse d'Auxerre (6).
Revenu annuel en livre : 60.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Samt-Sanson-de-Douai
Diocèse d'Arras (2).
Revenu annuel en livre : 61.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Launay-au-Perche
Diocèse de Chartres (4).
Revenu annuel en livre : 64.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Montdidier
Diocèse d'Amiens (8).
Revenu annuel en livre : 72.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Grand-Sèlve
Diocèse d'Amiens (10).
Revenu annuel en livre : 79.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Le Saussay
Diocèse de Sens (15).
Revenu annuel en livre : [89].
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

La Villedieu-en-Dreugesin
Diocèse de Chartres (5).
Revenu annuel en livre : 90.
Frères: 1.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 2.

Champagne
Diocèse de Chartres (1).
Revenu annuel en livre : 96.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Messelan
Diocèse de Beauvais (5)
Revenu annuel en livre : 99.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Baugy
Diocèse de Bayeux (1)
Revenu annuel en livre : 103.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Thony
Diocèse de Laon (4).
Revenu annuel en livre : 111.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Val-de-Provins
Diocèse de Sens (11).
Revenu annuel en livre : 118.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Launay
Diocèse de Sens (13).
Revenu annuel en livre : 127.
Frères: 1.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 2.

Villedieu-lès-Bailleul
Diocèse de Sées (1).
Revenu annuel en livre : [134].
Frères: 3.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 3.

Bois-d'Ecu
Diocèse de Beauvais (2).
Revenu annuel en livre : 139.
Frères: 1.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 2.

La Druelle
Diocèse d'Amiens (4)
Revenu annuel en livre : 140.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Chambeugle
Diocèse de Sens (4)
Revenu annuel en livre : 147.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Laigneville
Diocèse de Beauvais (3)
Revenu annuel en livre : 149.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Biches
Diocèse de Nevers (1)
Revenu annuel en livre : 154.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

La Villedieu-lès-Maurepas
Diocèse de Chartres (6)
Revenu annuel en livre : 154.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Maupas
Diocèse de Soissons (2)
Revenu annuel en livre : 155.
Frères: 3.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 3.

Sacy
Diocèse d'Auxerre (3)
Revenu annuel en livre : 161.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Compiègne
Diocèse de Soissons (4)
Revenu annuel en livre : 170.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Chevru
Diocèse de Sens (8)
Revenu annuel en livre : 173.
Frères: 2.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 2.

Melun
Diocèse de Sens (9)
Revenu annuel en livre : [183].
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Villedieu-de-Saultchevreuil
Diocèse de Coutances (1)
Revenu annuel en livre : 201.
Frères: 2.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 4.

Valcanville
Diocèse de Coutances (2)
Revenu annuel en livre : 205.
Frères: 2.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 4.

La Landelle
Diocèse de Beauvais (1)
Revenu annuel en livre : 227.
Frères: 4.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 4.

Mouflières
Diocèse d'Amiens (6)
Revenu annuel en livre : 238.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Bretteville-le-Rabet
Diocèse de Bayeux (3)
Revenu annuel en livre : 247.
Frères: 1.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 2.

Esquennoy
Diocèse de Beauvais (4)
Revenu annuel en livre : 249.
Frères: 1.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 2.

Chanu
Diocèse d'Eveux (1)
Revenu annuel en livre : 251.
Frères: 1.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 1.

Roussemeau
Diocèse de Sens (3)
Revenu annuel en livre : 302.
Frères: 5.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 6.

Cerisiers
Diocèse de Sens (1)
Revenu annuel en livre : 325.
Frères: 5.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 6.

Puisieux-sous-Laon
Diocèse de Laon (3)
Revenu annuel en livre : 352.
Frères: 2.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 3.

Bertaignemont
Diocèse de Laon (2)
Revenu annuel en livre : 411.
Frères: 6.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 6.

Étampes
Diocèse de Sens (6)
Revenu annuel en livre : [417].
Frères: 6.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 6.

Fontaines-sous-Montdidier
Diocèse d'Amiens (5)
Revenu annuel en livre : 438.
Frères: 2.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 3.

Le Saulce-sur-Yonne
Diocèse d'Auxerre (5)
Revenu annuel en livre : 449.
Frères: 1.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 3.

Saint-Etienne-de-Renneville
Diocèse d'Evreux (4)
Revenu annuel en livre : 465.
Frères: 3.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 5.

Chartrain
Diocèse de Chartres (3)
Revenu annuel en livre : 506.
Frères: 4.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 6.

Mont-de-Soissons
Diocèse de Soissons (1)
Revenu annuel en livre : 517.
Frères: 5.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 5.

Beauvais-en-Gâtinais
Diocèse de Sens (5)
Revenu annuel en livre : 563.
Frères: 1.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 3.

Sommereux
Diocèse d'Amiens (9)
Revenu annuel en livre : 598.
Frères: 4.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 4.

Rampillon
Diocèse de Sens (7)
Revenu annuel en livre : 610.
Frères: 6.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 7.

Oisemont
Diocèse d'Amiens (7)
Revenu annuel en livre : 611.
Frères: 3.
Donnés: 5.
Personnes à charge : 8.

Beauvoir-en-Ponthieu
Diocèse d'Amiens (3)
Revenu annuel en livre : 675.
Frères: 4.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 5.

Boncourt
Diocèse de Laon (1)
Revenu annuel en livre : 933.
Frères: 5.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 7.

Saint-Maulvis
Diocèse d'Amiens (2)
Revenu annuel en livre : 1.068.
Frères: 5.
Donnés: 3.
Personnes à charge : 8.

Fieffes
Diocèse d'Amiens (1)
Revenu annuel en livre : 1.244.
Frères: 7.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 8.

Hainaut-et-Cambrésis
Diocèse de Cambrai (1)
Revenu annuel en livre : 1.700.
Frères: 7.
Donnés: 2.
Personnes à charge : 9.

Haute-Avesnes
Diocèse d'Arras (1)
Revenu annuel en livre : 1.915.
Frères: 6.
Donnés: 0.
Personnes à charge : 6.

Avalterre
Diocèse de Liège (1)
Revenu annuel en livre : 4.108.
Frères: 31.
Donnés: 8.
Personnes à charge : 39.

Coulours
Diocèse de Sens (2)
Revenu annuel en livre : Impossible.
Frères: 6.
Donnés: 1.
Personnes à charge : 7.

TABLEAU II
Répartition, par catégories, des frères et donnés dans les baillies du prieuré de France en 1373.
Nombre de cures et chapelles à desservir.
ch. = chevalier ; p. = prêtre ; s. = sergent ; d. = diacre ; cl. — clerc ; l. — laïc ; f. = femme.

Voir le tableau : BNF

Plate Tombe
Guillaume VILLART, frère prêtre, commandeur de Sacy, au diocèse d'Auxerre, en 1373. Tombe dans l'église du Temple, à Paris (Bibliothèque nationale, folio 92). BNF

Carte des Commanderies du prieuré de France représentées dans l'enquête de 1373. BNF

Sources : A.-M. LEGRAS. Les effectifs de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans le Prieuré de France en 1373. Revue Mabillon : archives de la France monastique, tome LX. Janvier-Juin 1984 BNF

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