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Etudes sur les Ordres des Hospitaliers, Malte et Rhodes
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Chapitre VII

Les commandeurs de Montchamp au XVIIe et XVIIIe siècle de 1600 à 1793

Philippe Bacguin ou Raguin des Gouttes, né au château des Gouttes en Bourbonnais, fut un des officiers de la marine française les plus illustres. Son père Lionet, seigneur des Gouttes, avait obtenu dans son château la faveur d’un oratoire particulier (3).

Son oncle, Marc des Gouttes, fut comme lui chevalier de Malte, commandeur de Devesset, bailli de Lyon. Philippe n’eut qu’à marcher sur ses traces ; en 1621, il est commandeur de Bugney et receveur du grand prieuré d’Auvergne, c’était la route ouverte aux honneurs et aux dignités. Le receveur devenait très souvent bailli, grand prieur, grand maréchal.
Au décès du bailli Jacques de Blot de Vivier (1618), le commandeur des Gouttes lui succéda à Montchamp. Les divers documents que nous avons consultés nous permettent d’établir qu’il fut un administrateur habile, méthodique et ferme. Avec une grande régularité, il renouvela les terriers en 1629, 1630, 1643. Ses fermiers furent des bourgeois solvables comme François Béraud, sieur de Rochemaure, fermier du membre de la Garde-Roussillon, Guillaume Brohé, marchand à Murat, fermier de Loubeysargues. Il prend toutes les précautions, s’entoure de toutes les garanties désirables. Ainsi à Brohé, qui est commerçant, il demande une caution et c’est Jacques de Brezons, sieur de Ferrières, qui la donne. Le membre de Charbonnier est affermé par noble Antoine de Chaussaye (4).

La gestion d’une commanderie était chose assez complexe à cause de son morcellement et de l’enchevêtrement des justices, ce qui explique du reste les nombreux procès qu’on trouve dans les archives de l’ordre. Il plaide en 1625 contre Catherine de la Terrière, du membre de Charbonnier (5).
La même année, il fait saisir les terres du sieur de Sauvigny pour dettes. Son attention se porte sur sa vigne de Pauliac, près de Brioude, où Ardier fait des empiètements, il en fait fixer les bornes (1627). Il plaide contre Jean Bred et autres mauvais tenanciers de Solignac et de La Joubetière, qui s’obstinaient à refuser le paiement des dîmes (6).

Le membre de Charbonnier renfermait de riches mines de houille que le commandeur voulut mettre en exploitation ; mais il fut troublé par quelques gentilshommes de la province, les d’Auzolles, les de Laforest, les de Chavagnac et les de Combret. Une information judiciaire amena l’emprisonnement des coupables et la confiscation de leurs biens (1638). Cette dure sentence suppose une affaire très grave que nous ne pouvons autrement préciser.

Richelieu en réorganisant la marine fit appel à l’expérience des chevaliers de l’ordre de Malte. Amador de la Porte, grand-prieur de France, fut nommé intendant général de la marine.
Ce dernier enrôla les meilleurs chevaliers de l’ordre, parmi lesquels les commandeurs de Pol et des Gouttes. Le commandeur de Montchamp entra dans l’escadre de Bretagne sous les ordres du duc de Guise, en qualité de capitaine de vaisseau du galion amiral, puis de lieutenant général sous les ordres directs de Richelieu, lorsque ce dernier eut acheté du duc la charge d’Amiral. Philippe des Gouttes passa ensuite en qualité de chef d’escadre dans la Méditerranée, sous les ordres de Sourdis et de Condé.

A ces hautes fonctions s’ajouta celle de grand-prieur d’Auvergne, par suite du décès de Louis de Sauzet d’Estignières. (3 février 1639) (7). Le 8 novembre 1641, il résigna sa charge prieurale entre les mains de César de Grolée de Viriville, commandeur de Villefranche, du consentement du grand-maître Paul de Castelard-Lascaris (20 décembre 1644). (8).
Aux archives du Rhône, les registres de comptabilité manquent de 1641 à 1657, nous ne pouvons fixer la date de la mort de Philippe des Gouttes. Ce fut après 1644, probablement en 1645 (9).
Jean de Girard de Saint-Paul fut nommé commandeur de Montchamp en remplacement de l’amiral des Gouttes, dit aussi de Montchamp (1646). Il était originaire du Dauphiné et avait été reçu dans l’ordre le 20 janvier 1620. Il assista au chapitre du grand-prieuré en 1649. Le commandeur de Charrières étant décédé le 3 août 1656, il s’empressa d’en faire part à son frère Jacques de Chevallet, seigneur de Saint-Chamond. En 1657, il quitta Montchamp pour la commanderie de Saint-Paul où il mourut en 1662 (10).

Jean-Jacques de La Rochefoucauld-Lanqeac qui lui succéda, était fils de Jacques de la Rochefoucauld, seigneur de Chaumont-sur-Loire, et de Françoise de Lanqeac. Sa sœur Marie épousa Thibault de Lastic. Il fut admis dans l’ordre de Malte le premier février 1621. Commandeur de Montchamp, il fixa son domicile à Brioude Comme le plus voisin de la commanderie de Celles, il en reçut la curatelle, le 13 juillet 1659, lors de la maladie du commandeur Gaspard de la Gruterie. L’année suivante, il eut des démêlés avec le receveur du grand prieuré Alexandre de Constany de Pusignay pour le paiement des responsions. Elles étaient plus lourdes à Montchamp que dans la plupart des autres commanderies à cause de l’importance de cette dernière. Ainsi, alors que Celles, payait 643 livres, Carlat : 696 livres, Montchamp payait un tiers en plus, soit 914 livres, 11 sols, 3 deniers. L’agent d’affaires de La Rochefoucauld était Moiny, il fut saisi par le receveur ; mais, beautés de l’administration, ce fut précisément le commandeur de Montchamp, qui fut chargé de vérifier les comptes du receveur lui-même (11).

Jean-Jacques de La Rochefoucauld vécut en grand seigneur, prêtant son concours à toutes les tentatives de réformes et d’améliorissement. Il s’occupa de l’élevage des animaux et passa, le 15 juillet 1693, un traité à ce sujet avec Barthélemy Chavanoy de La Bessaire, le règlement de comptes se solda naturellement par un déficit (12).

A l’image du grand roi qui construisait des demeures superbes, le commandeur améliore les commanderies et restaure le château de Chauliat (1671).

Libéral, il soutient les fermiers, se porte caution pour eux, de toute manière dépense beaucoup pour frais imprévus. Les seuls qu’il ne prévoit pas ce sont les impôts. Cela lui crée des difficultés avec le receveur qui, le 31 janvier 1669, lit saisir le domaine des Garnauds dans la commanderie de Chantoin (Haute-Loire), dont il était également titulaire.
Par contre, il abandonne au marquis de Boussac, moyennant 80 livres par an, tous les bois, nécessaire à son chauffage.
Les seuls procès que nous lui connaissions, sont ceux qu’il soutint contre Legendre, de Brioude, Antoine Giraud, métayer à Couze, et Claude de Salesse, curé de Laveissenet.

Ce dernier, docteur en théologie, appartenait à une famille bourgeoise titulaire de la seigneurerie de Combes, dans la paroisse de Saint-Saturnin. En acceptant le poste de vicaire perpétuel de Laveissenet et de chapelain de Loubeysargues, il se plaçait sous la dépendance du commandeur et des vicaires généraux de l’ordre. Claude de Salesse fut, dès le début, en très bons termes avec le commandeur, qui fit refaire le retable de l’église et le dota d’un très beau tableau représentant le crucifiement. Le tout vieilli, défraîchi, décore encore l’église de Laveissenet. C’était, une petite église romane transformée comme bien d’autres en gothique, bâtie en appareil moyen, dotée d’un porche, qui offrirait quelque originalité, si les blasons n’avaient été mutilés et les modillons à figures animales changés de place. Il y avait là tout un poème allégorique de la vigilance pastorale, inspiré sûrement par les romans du Renard et de la Rose.

Très pauvre en sculpture, comme toutes les églises de l’ordre, Laveissenet avait eu jusqu’à la Réforme des chapelains conventuels ; à partir de cette époque l’ordre fit souvent appel aux prêtres séculiers, que généralement il enrôlait sous sa bannière sous le nom de frère d’obédience.

Entre Claude de Salesse et Jean Jacques de la Rochefoucauld, il y avait une certaine tension : celle qui existait alors un peu partout entre le bénéficiaire et son vicaire, entre le curé primitif et le vicaire perpétuel. C’était la question sociale de l’époque, d’un côté les chapitres, abbés, prieurs et commandeurs, les riches, les capitalistes et de l’autre les curés, vicaires perpétuels ou amovibles, les pauvres, les prolétaires. Le concile de Trente avait accordé à ces derniers quelques droits, que Charles IX avait fixés à 300 livres, restreignant ainsi le canon du concile ; mais la diminution de la valeur de l’argent et l’augmentation du prix des denrées amenèrent Louis XIII à élever la portion congrue à 500 livres. De cela les commandeurs de Malte ne voulurent rien entendre. D’où le différend de Claude de Salesse avec le commandeur de Montchamp, et ce dernier lui fit voir le cas qu’il faisait des canons de l’église et des édits royaux.

Claude de Salesse se prétendait inamovible. Il ne l’était pas, car l’ordre donnait la cure des paroisses sous sa juridiction à condition que ce prêtre prenne l’habit en qualité de frère d’obédience. Ils ne nommaient jamais un curé sans des lettres démissoriales de son évêque. Claude de Salesse fît appel d’abus de pouvoir contre le commandeur ; mais cet appel donna raison à ce dernier. Et alors, froissé sans doute dans son amour-propre, il ergota, chercha des prétextes. Tantôt, il objecte qu’il est vieux et infirme et ne peut faire le voyage de Lyon, où il doit faire un an de noviciat ; tantôt, il argue de sa pauvreté. Le commandant fut sourd à toutes ces raisons. En 1674, Claude de Salesse fut à Lyon, il fit un an de noviciat, prit l’habit de Saint Jean et revint dans sa paroisse en 1675. Son traitement fut le même, mais il avait droit aux faveurs spirituelles de l’ordre (13). Il mourut en 1679.
Le commandeur de La Rochefoucauld eut aussi un court démêlé avec le grand maître Nicolas Cotonner pour avoir accordé au commandeur de Fougères une pension sur la commanderie de Montchamp. Le conflit fut soumis à l’arbitrage des commandeurs de la Rivoire, de Sainte-Colombe et de Montgontier (2 juin 1669). Nous ignorons la solution qui lui fut donné.
La commanderie de Montchamp rapportait à cette époque de 6 à 7.000 livres, c’était l’une des plus considérables du grand prieuré d’Auvergne. Saint-Senesses était fermier du Charbonnier ; Châteauvert, du domaine de Chauliat ; Antoine Amagat, de Perpezat et de Loubeysargues ; Albaret, de la Garde-Roussillon ; Chappier, de Langeac, de Montchamp, de Brioude et de Saint-Jean La Badelle. Ce sont des représentants de la bonne bourgeoisie, possédant eux-mêmes de belles propriétés. Ainsi à Montchamp comme à Celles et à Carlat les fermiers viennent des classes aisées.
Jean Jacques de La Rochefoucauld mourut à Brioude, le 10 octobre 1680.
L’inventaire de la dépouille fut dressé par François Brunicaut, notaire, en présence du commandeur de Montgontier, receveur, de Saint-Paul, procureur, de Jean de la Richardie et Ayinon de Chery, chanoines de Brioude, le 31 octobre 1680. Il ne laissait pas un mobilier de luxe, mais d’un pauvre religieux. Le lit de noyer était garni d’une paillasse et d’un simple matelas de bourre, c’est à dire de déchets de chanvre, et encore était-il usé. Dans la chambre aux carreaux en briques rouges, quelques vieux fauteuils et quelques tableaux représentant saint Hugues, sainte Badesque, saint Adrien, saint Gerland d’Allemagne saint Pierre d’Imola, saint Nicaize, le bienheureux Geraud et quelques paysages. Dans les armoires, 25 linceuls usés, quelques nappes fines usées, etc.
Il n’avait que deux domestiques Péton et Planche, et aussi quelques dettes ; à Justin Trioulier, il devait 87 livres, au sieur Delor, médecin, 155 livres (14).
Son avocat-conseil fut Pierre Pagès du Puy, natif de Valuéjol. Léopold Niepce en fait un grand prieur d’Auvergne et maréchal de l’ordre (15).

André-Paul de Felines de la Renaudie
Naquit au château de la Renaudie, en la paroisse d’Ussac, aujourd’hui diocèse de Tulle, de François de Felines, seigneur de la Renaudie, et de Jeanne de Turenne Aynac. Etant entré dans l’ordre de Malte, le 24 décembre 1637, il avait 43 ans de profession religieuse, lorsqu’il fut nommé commandeur de Montchamp en 1680. Six ans après, il était nommé chef de la Langue, c’est-à-dire maréchal de l’ordre (16).
Ces hautes fonctions nécessitèrent sa présence à Malte. Ses neveux administrèrent sa commanderie. Son frère Joseph avait épousé Marguerite de Saint-Viance, dont deux fils entrèrent dans l’ordre : Jean, commandeur de Chanonat, et Jean-Raymond, commandeur de Pauliat.

Le décès du grand-prieur Jacques de Saint Marc-Ladoue laissait vacante sa charge, le maréchal y avait droit avant tout autre, il abandonna sa haute dignité pour celle plus lucrative et plus appréciée de grand prieur d’Auvergne (1606).

En 1703, il fit dresser un état détaillé des revenus et des charges de sa commanderie (17). Le procès-verbal en fut envoyé à Bouquet, place Bellecourt, à Lyon.
Montchamp est affermé 1.000 livres
La Garde 2.000
Loubeysargnes 1.500
Brioude 215
Langeac 150
Charbonnier 1550
La Badelle 90
La Rivière l’Evêque 50
Chauliac 550.
Les charges et pensions de l’ordre s’élevaient à 1.567 livres, 9 sols, 7 deniers. Il restait donc au commandeur 4.397 livres, 10 sols, 5 deniers de revenus net sur les 6.665 qu’il recevait. Ce fut l’œuvre d’un de ses neveux frère Garaud, chapelain, commandeur de la Tourette. Le Chapitre Saint-Julien de Brioude lui contesta la maison de Brioude.

Jean Raymond de la Renaudie, commandeur de Pauliat, autre neveu, s’occupait de Bourganeuf. Il surprit ou crut surprendre les infidélités de Jacques Filioux, commissaire proposé aux revenus de cette commanderie. Leur différend fut poussé au pis. Filioux tendit un guetapens à la Renaudie, l’attaqua à main armée et le blessa (1709). Il en résultat un retentissant procès (18).

Les deuils vinrent affliger le grand prieur d’Auvergne. Jean de la Renaudie, son neveu, mourut à Lyon, le 29 juillet 1710, chez le sieur Bouquet, place Bellecourt, résidence du grand prieur.
Son procureur dans la commanderie de Montchamp fut un chapelain de l’ordre de Malte nommé Armand de Lespinasse. Le grand-prieur de la Renaudie mourut en 1712, à Malte (19).

Claude de Murat-de-Lestang
Était commandeur de Tortebesse et receveur du grand prieuré d’Auvergne, lorsqu’il fut nommé commandeur de Montchamp, à la mort de Paul de la Renaudie (1712).

Il était le fils d’Antoine de Murat, marquis de Lens-Lestang, seigneur de Vinay, Marcolin et Lentiol, premier baron du Lyonnais, maréchal de camp, et de Marguerite de Montagny. Il fut reçu chevalier de Malte, le 23 septembre 1657. Commandeur de Bellecombe, de La Salle, de Tortebesse, receveur du grand prieuré, commandeur de Montchamp, il fut le dernier descendant de la branche ainée de la famille de Lestang, en Dauphiné. Il désigna comme héritier Antoine de Murat-Lestang (20).

La fortune le comblait de présents. Son frère François de Murat, baron de Virieu, décédé l’année précédente, avait fait son héritier général le comte de Virieu-Viriville, mais avait laissé l’usufruit et la jouissance de ses biens au commandeur de Murat. Celui-ci fit dresser l’inventaire des biens meubles et immeubles du château de La Saonne (Dauphiné). Il y déclare sous sa signature, qu’il y a trouvé toutes les denrées laissées par son frère ; mais sa conscience n’était pas satisfaite de ce petit mensonge. Aussi dès que le comte de Viriville, son neveu, eut quitté La Saonne, il ajouta au bas de l’inventaire : « Je soubsigné déclare pour la sûreté de ma conscience que quoyque j’ai fait la présente déclaration à M. le comte de Viriville, à sa sollicitation, la vérité est qu’il n’y avait aucune denrée en grains lors de la mort de François de Lestang, mon frère, n’y ayant que 15 charges de vin. » (8 juillet 1711) (21). On perçoit très bien le mobile qui avait poussé de Viriville à faire signer cette déclaration à son oncle : soustraire le plus de bien possible de sa dépouille à l’ordre, car le commandeur de Montchamp avait fait de La Saonne son habituel séjour.

Il eut quelques difficultés avec les vicaires perpétuels au sujet de la portion congrue. Le 22 avril 1714, il consigna sa caisse de Receveur et la transmit à Paul de la Rivorie, commandeur de Chanonat (22).

Nous ne pensons pas qu’il fut du nombre des chevaliers qui allèrent à Malte en 1714 se placer sous les ordres de Joseph de Langon pour faire la guerre aux Barbaresques. Il mourut à La Saonne, le 22 décembre 1720, laissant son quint à ses domestiques. Son neveu fut ainsi frustré. Sa dépouille s’élevait à 5.075 livres, 7 sols (23).

Le vacant fut géré par Gabriel Ragon, commandeur de Lieudieu (24).

Henri de Vogué de Gourdan
Nommé en 1721, en remplacement de Claude de Lestang Murat, appartenait à une illustre et grande famille du Vivarais, qui avait donné plusieurs commandeurs à l’ordre de Malte. L’un d’eux, Armand de Vogué était mort, en 1448, à Rhodes, en défendant la ville.
Il était né à Saint-Clair, le 20 mars 1662, de Louis de Vogué, seigneur de Gourdan, et de Marie-Madeleine de Royrand de Villars (25).

Les statuts de l’ordre fixaient le passage à 16 ans et la profession religieuse à 26 ans ; mais la règle était l’exception et celle-ci la règle ordinaire, car nous trouvons des actes de passage depuis 3 ans jusqu’à 25 ans. La dispense de minorité était donnée par le grand-maître moyennant 7.374 livres au lieu de 3.155 livres, payés par les chevaliers de justice, admis dans l’ordre sans dispense. A 15 ou 16 ans, commençait pour tout chevalier son noviciat, sauf pour les chevaliers de dévotion admis sans limites d’âge. Les chevaliers pages du grand maître commençaient leur service à l’âge de 12 ans.

Les commandeurs étaient tous pris dans les rangs des chevaliers de justice profès, ayant fait leurs preuves, c’est-à-dire justifiant 4 degrés de noblesse du côté paternel et 4 degrés du côté maternel. Cet acte était entouré de toutes les garanties désirables.
Le 12 mai 1674, vers 8 heures du matin, dans l’auberge du Lyon d’Or à Annonay, tenue par Pierre Foret, frère Charles de Fassion, Saint-Jay, commandeur, frère François de Feuillet Boszosel, commandeur de Saint-Paul, se trouvaient réunis en noble compagnie pour procéder aux preuves d’Henry de Vogué Gourdan. Ce dernier était présenté par son père Louis de Vogué, seigneur de Gourdan, à titre de chevalier de minorité, car il n’avait que 14 ans. Tous ses titres étaient bien en règle ; mais avant de les examiner, les deux commandeurs requirent le serment du père et des témoins. Pour le prêter, il fallait une croix, mais l’Hôtel renommé du Lion d’Or n’était pas mieux meublé que nos hôtels modernes. Il fallut que l’un des commandeurs ôta sa croix et fit prêter sur elle le serment requis.

Ces formalités accomplies, Louis de Vogué, présenta son fils avec son acte de baptême, la dispense de minorité du grand maître Nicolas Cotoner, datée du 21 décembre 1671, une commission d’Alexis d’Estaing, lieutenant du grand prieur d’Auvergne, Jean de Forsat, du 4 juin 1672. Le tout fut vérifié et reconnu exact. Après quoi il fut procédé à l’audition des témoins.

Le premier entendu fut Louis de Beaulieu, âgé de 45 ans ; les chevaliers lui demandèrent si Henry de Vogué n’avait pas dans son ascendance des Juifs, des Sarrazins ou des Mahométans. Il répondit non, car tous étaient de religion catholique.

Est-ce qu’il y avait les quatre degrés de noblesse ? Louis de Beaulieu, seigneur de Charlieu, répondit que les ancêtres du postulant avaient toujours été convoqués au ban et à l’arrière ban de la noblesse du Vivarais. Les trois autres témoins : Charles de la Roche, seigneur de Manhat, François de la Bozade, seigneur de Derrade, et César de Pierre Brosse des Champs, prieur de Palherede, répondirent de même.

Les preuves de droit ou écrites furent fournies par Louis Beurin, notaire, la plus ancienne remontait à 1542.
1. Contrat de mariage de Louis de Vogué, seigneur de Gourdan, avec Marguerite de Royrand de Villars, 6 juin 1659. Tourloy, notaire à Annonay.
2. Testament de Louis de Vogué, grand-père, 24 avril 1620.
3. Testament de Marguerite du Peloux, veuve de Louis, 4 mai 1664.
4. Contrat de mariage de Louis de Vogué, seigneur de Lafont et Aubars, et de Marguerite du Peloux, 20 mars 1605. Bernard, notaire.
5. Testament de Guillaume de Vogué, seigneur de Rochecolombe et de Nade, etc., 1552. Tuffier, notaire à Langogne.
6. Testament d’Antoinette de Valian de Vedeyne, veuve de Guillaume de Vogué, seigneur de Rochecolombe, Saint-Maurice, Nade, etc., 1602.
7. Contrat de Mariage de Guillaume de Vogué et Antoinette de Valian, 4 août 1558.
8. Testament de Nicolas du Peloux, 2 juillet 1600. Granier, notaire.
9. Testament de Françoise d’Ay, 7 novembre 1596.
10. Testament de François du Peloux, père de Nicolas, 6 avril 1587.
11. Mariage de François du Peloux et de Claude de Lucinge, 1542.

Enfin pour faire voir la noblesse de la maison, il produisit trois reconnaissances faites à Jean de Vogué en 1440, hommage du seigneur de Vogué à l’évêque de Viviers en 1320 et en 1298, et une transaction passée entre Raymond de Vogué, seigneur de Rochecolombe, et l’abbé de Masson en 1210.

Louis de Vogué Gourdan fournit ensuite les preuves de noblesse de la ligne maternelle en remontant de Madeleine de Villars au plus ancien de ses aïeux connus, en tout vingt pièces, dont le testament de Marie-Marguerite de Royrand (1666), le testament de Jacques de Royrand, sieur du Villars (1619), une lettre de convocation au ban de la noblesse adressée par de Tournon au sieur de Villars (1er février 1573), le contrat de mariage de Gaspard de Villars avec Charlotte de la Tour (1546) (26).

Procès-verbal en fut dressé et soumis au Chapitre du grand-prieuré d’Auvergne, qui en prit acte et ordonna l’admission. Le passage eut lieu le 2 mai 1675, moyennant 1.425 livres payées au receveur François de Boszosel de Montgontier, le reste fut versé le 11 septembre 1675. Ses états de services datèrent de ce jour.
Le noviciat se fit à Malte dans le couvent ou mieux l’alberge de la Langue d’Auvergne. Ce couvent n’avait rien du cloître, ni ses rigueurs, ni sa discipline, c’était plutôt un gymnase, une école de guerre, dont le directeur et maître de pension était le grand-maréchal. Le noviciat fini, le chevalier faisait ses courses sur les galères. Quand il rentrait à Malte, l’hôtel qui l’hébergeait était toujours celui de sa Langue. Sa profession faite, ses courses finies, il avait droit par rang d’an-cienneté à une commanderie. La faveur avait bien sa part dans les nominations dites de grâce magistrale, ou celles faites par le Souverain Pontife à la sollicitation des princes.

Rien de tout cela dans la nomination d’Henry de Vogué à la commanderie de Féniers (27). A la mort de Claude de Lestang, de Mural, il se trouvait le plus ancien commandeur et avait droit à sa succession. Il fut nommé et, le 15 juillet 1722, il quittait Feniers pour Montchamp. Le commandeur Ragon, chargé de ce nouveau vacant, lui donne décharge des litres et terriers qu’il lui a remis en bon état (28).

Nous ne connaissons rien de la vie de ce commandeur, sinon qu’en dehors de son service militaire, il résidait à Annonay. Se sentant mourir, il donna au comte Jacques de Vogué-Gourdan sa croix d’or et fit son testament, dans lequel nous trouvons 30 livres aux Récollets et 30 livres aux Cordeliers d’Annonay, 60 livres à Félicité et à Marion Marchand, 250 livres à la demoiselle Desfrançois du Château, probablement une sœur du chapelain Théophile Desfrançois. Il mourut le 5 juillet 1726 et fut enterré à Annonay (29).

Le commandeur de la Tourette fut chargé de faire l’inventaire de la dépouille. Pendant cette opération se produisit un incident qui montre bien la fidélité avec laquelle les commissaires de l’ordre s’acquittaient de ce devoir. Le comte Jacques de Vogué-Gourdan signala le don que lui avait fait le commandeur de sa croix quelques jours avant de mourir. Le comte ne voulait pas qu’on puisse suspecter sa délicatesse. Théophile Desfrançois relata le fait dans son procès-verbal, n’estimant pas au-delà de 100 livres cette croix. Il la laissa au comte, bien assuré que le trésor n’y verrait pas un acte de détournement ; cela lui créa beaucoup d’ennuis.

Le 30 octobre 1730, Desfrançois écrivait au commun Trésor : « Il y a très longtemps, j’eus l’honneur de vous informer que le commandeur de Gourdan avait donné quelques jours auparavant de mourir sa croix à M. le marquis et cela verbalement, laquelle nous avions respectée. M. le marquis de Vogué s’en est remis à vos décisions, comme j’ai eu l’honneur de vous le marquer en vous rendant compte de cette dépouille, vos ordres là-dessus ne m’ayant pas été mandés (30). »

Ces messieurs demandaient la croix ; le marquis, en homme d’esprit leur répondit qu’il ne savait plus ce qu’il en avait fait. Le receveur de Caissac fort ennuyé et déclaré responsable, inscrivit le marquis comme débiteur de 100 livres. Le marquis les donna le 2 juillet 1731 et en retira reçu. Cela se passait cinq ans après la mort du commandeur de Montchamp. Le geste du marquis fut large et celui de l’ordre bien étroit, il dut froisser cette famille, car elle ne lui donna plus ses fils (31).

La dépouille du commandeur était très riche, elle s’élevait de 13 à 14 000 livres, dont 1170 livres, 6 sols en bourse. Les meubles vendus à Annonay produisirent 1638 livres, 17 sols. Il y avait des billets souscrits de Jean Blanchet pour 300 livres et de Gabriel Montaignon pour 450 livres. Les sieurs Teissandier et Vessières, fermiers de Loubeysargues, devaient le terme de la Saint-Jean de 1726, soit 350 livres, plus celui de Noël soit 625 livres, Marie Gambron et Baillard, fermiers de Charbonnier, 250 livres, 16 sols du 1er terme, et 607 livres, 18 sols, 2 deniers, du dernier ; Chauliaguet, fermier de Montchamp, 440 livres, 13 sols ; Albaret, fermier de la Garde Roussillon, un terme de 1727, soit 436 livres, un terme de 1726, soit 950 livres, et 2 termes de 1726 soit 659 livres ; Chalombel, fermier de Chauliac, un terme de 1727, soit 219 livres, 4 sols, le 2e terme, 165 livres ; Alibert, fermier de Badel, 36 livres, etc. — Le commandeur de Caissac céda toute la dépouille au commandeur Théophile Desfrançois, chapelain, moyennant 12.180 livres, il estimait que la dépouille et le vacant devaient atteindre 22.288 livres ; mais à cause de beaucoup de non valeurs, il se résigna à la moitié. Toutefois, il fit exception pour l’argenterie, pour deux croix d’or et une épée dont le pommeau était orné de brillants (28 mars 1727) (32).

Claude d’Aubery de Vatan
Successeur du commandeur de Vogué, était originaire de l’Indre, fils de Claude Aubery de Vatan, baron de Moncy-le-Chatel, conseiller au Parlement de Normandie, et de Catherine le Coq de Corbeville. Il fut admis dans l’ordre le 13 juin 1678. Comme son prédécesseur, il entra dans la Maison du roi. En 1703, il est capitaine de vaisseau. Au décès de Camille de Digoine du Pallais, commandeur de Bugney, chef d’escadre, en 1721, il fut nommé à sa place, ce qui ne l’empêcha pas de remplir les grandes charges de l’ordre, car il fut commandeur de Laumsse et de Montchamp, grand-bailli de Lyon.

Il laissa l’administration de Montchamp au commandeur de la Tourette, Théophile Desfrançois, chapelain, c’était, un homme remarquable, instruit et plein d’ambition. Durant le vacant de Montchamp, il oublia de payer les pensions des commandeurs et des chevaliers. L’un d’eux Bernard Arniaule, chapelain à Malte, la réclama à Claude d’Aubery. Elle fut réglée et la pension servie (20 juin 1729) (33).
Pendant l’année 1730, l’amiral d’Aubery donna la chasse aux corsaires d’Alger et fit sur eux de bonnes prises ; mais Jean- Joseph de Caissac se plaignait toujours, les services n’étaient pas renouvelés.

Le commandeur Pierre Desfrançois, nommé curé de Saint Georges de Lyon et vicaire général du prieur de Malte, se trouvait aux prises avec de grosses difficultés. La paroisse et le clergé étaient divisés, car Jean-François Charton, son prédécesseur, avait été emprisonné à Malte, pour ses négligences, son manque de mansuétude à l’égard de ses paroissiens. Claude d’Aubery lui retira ses pouvoirs et les confia à Jean-Joseph de Caissac, receveur de l’ordre, on pourrait dire le grand argentier du grand-prieuré d’Auvergne. Nul ne fut plus longtemps receveur. Ce fut le meilleur administrateur de l’ordre à cette époque. Il y aurait tout un travail à faire sur ce commandeur mort grand-maréchal. Les archives du Rhône conservent toute une volumineuse correspondance de lui avec les Chevaliers de Malte (34).

De Caissac (35) s’occupa désormais des affaires de Montchamp. Il nomma Julien Thomas curé de Charbonnier en remplacement de Pierre Nain décédé 17 juin 1736, et restitua à Aguttes, fermier de Loubeysargues, des sommes injustement perçues. Sa correspondance avec le commandeur est des plus intéressantes. Dans une lettre datée de Toulon, 5 février 1731, il recommande de nommer au greffe de Saint-Jean de La Salvetat, le protégé du commandeur de Maubourg, et quant à l’usage « que ceux qu’on nomme aux charges donnent quelques petites choses à leur volonté à l’homme d’affaires, j’y consens de tout mon cœur puisque vous l’approuvez et vous pouvez dire au sieur Hennequin que je le trouve bon et de plumer la poule sans la faire crier (36). »
Cette lettre indique un état d’esprit général. On vendait la judicature en France et cette manière d’agir de l’Etat s’était glissée dans toutes les justices seigneuriales et religieuses. L’ordre de Malte ne fut pas épargné, nous voyons que le chancelier du grand prieuré y participe et le bailli, c’est-à-dire le chef de la justice, le tolère. Hennequin plumera donc le greffier de La Salvetat et celui-ci à son tour plumera les plaideurs, qui maudiront la justice en attendant l’occasion de la jeter à bas.

Nous ne suivrons pas les hauts faits du commandeur d’Aubery dans la marine française, ils appartiennent à l’histoire de France. Ces lignes suffisent à montrer le religieux. Le 18 janvier 1738, il fait son dépropriement, à Toulon où il est à la tête des escadres ; le 11 mai, il remercie de Caissac de l’envoi de quelque argent et lui annonce qu’il a fait faire son portrait (37).

Il mourut, le 1e août 1738, à 11 heures du matin, muni des sacrements de l’église. Il fut enterré en très grande pompe à l’église cathédrale, et selon ses désirs la musique de la flotte y fut (38).

Il donnait 300 livres aux Carmes déchaussés de Toulon, 100 livres aux porteurs et son garde-robe à son valet par son testament, daté du 19 Janvier 1738. (39)

Jean-Philibert de Fay de la Tour-Maubourg
Naquit à Saint-Thomas de la Garde, près de Montbrison, le 9 mai 1679, de Jacques de Fay, seigneur de la Tour Maubourg et d’Eléonore Palatin de Dio-Montpeyroux. Il fut tenu aux fonds baptismaux par Jean de Charpin de Genestines et par Philiberte de la Tour-Saint-Vidal. Il fil ses preuves de noblesse et lut reçu dans l’ordre le 19 mars 1694 (40).

Commandeur de Bugney, puis administrateur de Montchamp, il succéda à Claude Aubery de Vatan dans ses titres et dans ses commanderies, devint grand bailli de Lyon, commandeur de Montchamp et de Duvesset.
Dès le 26 novembre 1738, il fait acte de maître en nommant Antoine Chaumeil, avocat à Murat, juge de la seigneurie de Loubeyzargues et Jean-Joseph Azémard juge de la terre de la Garde-Roussillon (41). L’année suivante il renouvelle les baux à ferme, celui de Loubeyzargues à Claude Coste, marchand à Saint-Flour, celui de Montchamp à Antoine Thomas, notaire à Brioude, celui de Duvesset à Claude Julien, sieur du Ronchot, qu’il autorise à loger dans le château sous condition d’héberger les visiteurs où dignitaires de l’ordre, qui viendraient du grand bailliage ; quant à lui, il se réserva l’aile du château attenante à l’église. Le domaine de Champagne dans la commanderie de Montchamp fut affermé à Jacques Maurat. Au curé de Moriat, il donne 150 livres de portion congrue, 100 à celui de Charbonnier.

La Tour-Maubourg pensait finir ses jours tranquilles lorsque son successeur à Bugney, Antoine de Noblet de Chenelette, lui intenta un procès pour la réfection des terriers. De la Tour-Maubourg avait donné l’arpentage et la réfection des terriers à Guillaume Debon, celui-ci ne s’était pas pressé, les délais impartis pour le renouvellement étant expirés, les visiteurs attaquèrent de Chenelelle, commandeur de Bugney, et ce dernier s’en prit à de la Tour-Maubourg. Ce procès passionna les membres de l’ordre, des partis se formaient, le grand bailli n’y vit qu’un procès de tendance, il en fut ému, s’entêta et refusa de payer. Il fallut l’intervention du grand maître (14 octobre 1750). Le commandeur de Bugney dressa un état estimatif de ses dépenses personnelles. Le grand bailli y lut certains frais d’un voyage de Lyon à Paray par Macone que voici :
« Pour voiture et ardes 77 livres 15 sols.
Pour pain de domestique 80 livres à 3 sols, soit 12 livres.
Pour pain de maître 21 livres à 3 sols 3 deniers.
2 chards de charbon à neuf livres, cinq sols le chard.
6 chards de bois à 40 sols le chard.
Un fromage de Roche, 1 livre, 4 sols.
40 livres de chandelles à 10 sols la livre.
Un chapon, 15 sols.
Deux poulets, 10 sols.
Une livre de poire, 1 livre, 12 sols, etc. »

C’était poivré, et cela allait ainsi du mois d’octobre 1749 au mois d’août 1751. On conçoit que le grand bailli ait eu le geste prompt. Calculant très au juste les rentes auxquelles il avait droit, il abandonna l’administration de ses deux commanderies au commun trésor. Celui-ci dut les mettre en régie et nomma François Chassain de la Vernède pour les administrer (42).
Avant de nous occuper de l’administration du commandeur de la Vernède, disons que la Tour-Maubourg avait été plus heureux dans ses procès contre le Chapitre de la Cathédrale de Saint-Flour et contre le sieur de Traverse de Murat (1749 et 1751). Il s’était montré généreux envers les églises. Un grand orage suivi de grêle avait brisé toutes les vitres de l’église de Montchamp, le 16 juillet 1719, il les fit remettre ; il fit également restaurer l’église de Jabrun, redorer les vases sacrés de Montchamp et de Laveissenet par Elie Rabani et Julien Nozerines, orfèvres à Brioude. Il conserva les mêmes fermiers pendant toute son administration.

Ajoutons que dans son malheureux procès il fut défendu par Antoine Chaumeil, juge de Loubeyzargues.
Lorsque la commanderie de Montchamp et celle de Duvesset furent en régie, il se retira au Puy, où il décéda, le 4 février 1759, laissant son quint aux pauvres de la ville (43).

Dans l’inventaire de sa dépouille, nous trouvons dans les commissaires, la même loyauté la même parcimonie et jalousie des biens de l’ordre. Ils ne veulent rien perdre et leur défiance va jusqu’à accuser Jean de Fay La Tour-Maubourg, comte de Coisse, neveu du bailli de Lyon ; mais l’ordre estima que le souvenir qu’avait pris le comte ne pouvait donner lieu à des poursuites (44).

L’administrateur François Chassain de la Vernéde était prêtre et chapelain depuis 1718, il avait l’Age et l’expérience. Philibert de la Tour-Maubourg fit remettre en ses mains tous les terriers et les titres de son grand bailliage et de sa commanderie, qu’il administra très bien. Il fit refaire les terriers de Duvesset et Verrières, car ces deux commanderies avaient été unies pour constituer le grand bailliage ; mais Coupat de la Pala, notaire, chargé de cette œuvre étant décédé et sa veuve Madeleine de la Tour de la Rochette n’ayant pas qualité, François Chassain, instruit par le procès précédent, transigea avec elle et confia la fin du travail à un autre notaire (5 septembre 1757) (45).
Lorsqu’il quitta l’administration du grand baillage et de la commanderie de Montchamp, le 5 avril 1761, le procureur de Lyon, de Bosredon-Vantage, lui fit obtenir une récompense. Nous avons quelques lettres adressées par le sieur Courazier de Malte A frère François Chassain de la Vernede, commandeur de Lieudieu, dans lesquelles il annonce qu’il lui expédie du vin muscat, du vin rouge de Syracuse et des ornements d’église (46). II mourut à Montbrison le 1 mars 1774 (47).

François-Jean-Alexis de Boislinard de Margoux
Faisait le 28 avril 1700 ses preuves. L’acte de naissance et de baptême produit par Honorat de Boislinard, son père, portait qu’il était né à Podizay, diocèse de Bourges, de Honorat de Boislinard, seigneur de Margoux et de Françoise Marie de Vaillant : les preuves orales et écrites étant reconnues valables, il fut admis au noviciat le 17 juillet 1701 (48).

Une grande partie de sa jeunesse se passa à Malte ou sur les navires de l’ordre. Il fut un véritable religieux, un peu solennel, mais d’une vie et d’une régularité parfaite, se créant des amitiés vraies, durables et même utiles, car il n’oubliait pas son avancement : témoin cette lettre datée de Malte, 17 juin 1726, dans laquelle après avoir remercié le commandeur de Caissac des deux peaux de tigre, remises à son cousin de Moussy, et des bons fromages, qu’il lui avait envoyés et dont il a fait part au grand maître Vilhena, qui en mange tous les jours, il le prie, avec instance de lui faire obtenir le commandement de la compagnie des gardes du grand maître, au départ du chevalier d’Angeville (49). Il l’obtint en effet. Cette faveur dont il fut l’objet, à la critique dans les autres, dans Claude d’Aubery de Vatan qui sollicita la commanderie de Montchamp, contrairement à la règle, n’ayant point fait les caravanes ; dans le chevalier de Châteautiers, qui ne garde pas la résidence ; à son tour, il est critiqué par le chevalier de Sales, qui, fort occupé par ses cinq charges, trouve que le chevalier de Margoux « n’est bon qu’à primer et non à seconder (50) » Ces chevaliers ne manquaient ni de finesse, ni d’à-propos, et parvinrent l’un et l’autre au maréchalat, et même de Sales prima Margoux.

Comme d’Aubery et de la Tour-Maubourg, François Jean Alexis de Boislinard en recevant la commanderie de Montchamp reçut également celles de Duvesset et de Verrières, auxquelles était attaché le grand baillage de Lyon (1780). Il eut le plaisir de voir terminer un très ennuyeux procès, qui durait depuis vingt ans, suscité par la rivalité de deux justices : celle du bailliage de Saint-Flour et celle de la sénéchaussée d’Auvergne.

La paroisse de Jabrun, dépendante de la commanderie de Montchamp, avait toujours fait partie du ressort de la sénéchaussée d’Auvergne. De Vaissières, lieutenant général du bailliage de Saint-Flour, prétendit la rattacher à ce bailliage, il intenta un procès au curé pour l’obliger à déposer les actes de catholicité à Saint-Flour. Le curé de Jabrun refusa, comme du reste les curés de Chaudes-Aigues, de La Trinitat et de Saint- Rémy impliqués dans le même procès. Ils furent condamnés par les officiers du baillage, 2 octobre 1755, à porter les registres depuis 1740 et à 10 livres d’amende par année. Antoine Vansat, curé de Jabrun, Guillaume Clavières, chanoine, curé de Chaudes-Aigues, André de Montvallat, prieur-curé de La Trinitat, Antoine Filion, curé de Saint Rémy, feront appel « comme de juges incompétents et autrement... » au Parlement de Paris par requête du 6 septembre 1758. Le jugement du 6 mai 1760, condamna à tous les frais les officiers du bailliage de Saint-Flour et donna définitivement raison aux appelants (51).

L’année suivante, par lettres du 3 juin 1761, le bailli Alexis de Boislinard de Margoux sommait Jean-Baptiste Pichot, curé de Laveissenel, de prendre la croix. Cette injonction correspondait à un mouvement des vicaires perpétuels en faveur d’une augmentation de leur portion congrue. Le curé de Laveissenet était-il au rang des protestataires, nous l’ignorons. Mais il était riche, fils du docteur Jacques Pichot, de Murat, propriétaire d’un gros domaine à Loubeyzargues. A son titre de curé de Laveissenet, s’ajoutait une prébende au chapitre de la Collégiale Notre-Dame à Murat, il ne pouvait guère invoquer l’insuffisance de ses ressources. En le nommant curé de Laveissenet, le commandeur Aubery de Vatan lui avait fait signer un engagement de prendre la croix, (27 octobre 1739) (52). Cette promesse était restée lettre morte ; mais les agents du bailli de Boislinard s’en souvinrent et sommèrent Jean Baptiste Pichot de rentrer au noviciat (1761). Ce dernier demanda un délai à cause de sa santé, il lui fut accordé ; le délai passé, Pichot oublie à nouveau sa promesse ; le commandeur la lui rappelle. Alors le curé atermoie, demande un nouveau délai à cause de sa santé. Et de fait, il est fort disgracieux, Boislinard ne veut rien entendre et l’oblige à rentrer au noviciat (1702 à 1763). Il prit la croix, revint à Laveissenet, où il décéda en 1773, âgé de 81 ans (53).

Ces conflits ecclésiastiques n’empêchaient pas le commandeur de s’occuper de la rénovation des terriers de Loubeyzargues, Chauliat, Charbonnier, La Garde-Roussillon, la Badelle et Saint-Jean de Brioude (54).

En 1765, il est en conflit avec Joseph Laurent de Brizon-Beaumont, grand prieur d’Auvergne, pour s’être emparé de la maison du grand-bailliage à Lyon. La même année, le commandeur fit raser les bois de Pejaresse dans la paroisse de Jabrun, sans autorisation préalable de la maîtrise des eaux et forêts de Saint-Flour. Les officiers de cette juridiction se transportèrent le 12 et 13 juin 1765, à Pejaresse, constatèrent le délit et dressèrent procès contre le commandeur. Les frais étaient considérables, plutôt que de payer le bailli de Boislinard aima mieux plaider. Le gouvernement avait établi des lois très sages interdisant toutes coupes sans l’autorisation des maîtrises des forêts. L’autorisation reçue, l’ordre désignait deux ou trois commandeurs pour procéder à la coupe. Le commandeur de Montchamp était en faute, mais fit si bien que le Conseil d’Etat par sentence du 19 avril 1768 le déchargea de toutes les condamnations portées contre lui, parce que le bois de Pejaresse fut classé comme bois taillis. Le 25 avril, Juvenal Hennet, seigneur de Courbois, conseiller du roi, grand-maître des eaux et forêts, lui en donna décharge. Toutefois ce procès attira l’attention du commun trésor sur l’administration du commandeur de Montchamp, les visiteurs de l’ordre furent à Péjaresse aux frais de Boislinard (55).

Au décès d’Antoine Vansat, curé de Jabrun, les Danty, de Murat, obtinrent cette cure pour leur fils Joseph Danty. Cette famille, l’une des meilleures de Murat tant par ses alliances que par sa fortune et sa situation, avait fourni des juges à la commanderie de Loubeyzargues, l’un de ses membres Jean-François Danty, subdélégué de l’intendant, avait épousé Gabrielle Veyssier, fille de l’ancien fermier de Loubeysargues et sœur de l’actuel fermier de la Garde Roussillon. Joseph Danty en devenant curé de Jabrun, prit-il l’engagement de se faire prêtre d’obédience de l’ordre ? Nous l’ignorons. Toujours est-il qu’il fut l’un des plus ardents à réclamer l’augmentation de sa portion congrue. Ce que voyant le bailli de Boislinard voulut l’obliger à se croiser, Danty refusa et ne pouvant obtenir ce qu’il désirait, il résolut de l’avoir par voie détournée en sous-affermant les dîmes aux fermiers de Chaudes-Aigues et Veyssier, il le fit au grand mécontentement du commandeur et de ses agents Robert et Bertrand, qui demandèrent aux deux fermiers la résiliation des baux consentis. Sur leur refus, ils exercèrent des poursuites. Ce fut un long et obscur procès dans lequel intervinrent Durand, Daudé et Azémard, fermiers de Montchamp (1772 et 1773) (56).
A la même époque, à Lyon, sur la demande du duc d’Aiguillon, gouverneur de la province, le maréchal de Boislinard réunissait le chapitre de la Langue pour savoir s’il y avait lieu de recevoir les Lyonnais dans l’ordre. Malgré la haute dignité du sollicitant, le Chapitre maintint l’exclusion.

Son agent de confiance était Robert, de Pont de Lempde (Commune du Pont du Château, Puy-de-Dôme). Homme d’affaires, il touche à tout, car tout est pour lui bénéfices. Il traite avec le chapitre de la cathédrale de Saint-Flour pour les dimes de la Chaumette, fait obtenir des ornements aux églises de Montchamp, Jabrun, Loubeysargues, Laveissenet. Charbonnier, reçoit les remerciements de Reynal, curé de Montchamp, de Rostoul, curé de Charbonnier, de Rolland, curé de Laveissenet et les transmet au bailli avec la note de Chazelon, marchand à Saint-Flour, note qui dépasse 1.000 livres (57).

Placé plus haut, Robert eut fait un merveilleux intendant. On lui doit le défrichement du bois de Casses dans la commanderie de Montchamp, qu’il confia à Bardol, de Saint-Flour (1775), la réfection du pont de Jabrun (1777) du moulin de Loubeysargues, il fit refondre les cloches de Jabrun (1779) C’est lui, enfin, qui solutionne toutes les petites difficultés qui surgissent avec Jean-François de Roquefeuil du Brosquet pour la construction qu’il autorisa d’un moulin au village de Laussier, paroisse de Lieutadès (27 août 1779) (57), avec les Bénédicties de la Chaise-Dieu et les prêtres d’Ardes à cause des dîmes de Moriat, etc. Du reste son travail est largement rémunéré.

La mort de maréchal Jean-Joseph de Méallet de Fargues (1773) valut à de Boislinard le grand maréchalat et deux ans après, en 1775, au décès de Gilbert Amable de Montagnac, le grand-prieuré d’Auvergne. Et lui, l’ennemi du favoritisme, fait donner la commanderie de Maisonnisse à son neveu. Mais, en 1778, selon l’expression du receveur Loras, son successeur, le bailli de Margoux « tombe et s’affaisse » Le bel homme qu’il était se plie sous le poids de ses 77 ans. Il conserva le grand-prieuré jusqu’en 1781. Ayant atteint ses 80 ans, grand-croix, grand-bailli, grand prieur, grand maréchal, arrivé au faite des honneurs, il abandonna toutes ses charges, se prépara à la mort et mourut le 28 octobre 1787, Agé de 87 ans (58).

La commanderie avait eu pour principaux fermiers Azemard, Durand Daudet, Antoine Chastang, Tallandier, Vaissier, Beaufils, Veynier, de Trarieux. etc. Elle produisait 17.500 livres et le grand bailliage de Lyon 33.000 livres. On voit par ces chiffres que le bailli de Boislinard de Margoux était fort à l’aise. Les fermiers payaient la portion congrue, mais les autres charges étaient au commandeur, elles s’élevaient :
Responsions : 2.612 livres, 10 sols.
Charges royales : 971livres, 15 sols.
Bourse commune : 45 livres.
Augmentation du 20 % : 52 livres, 10 sols.
Soit : 3.711 livres, 15 sols.

Charles-Abel de Loras
Le maréchal de Boislinard eut pour successeur Loras.
Nous ne possédons par les preuves de Charles-Abel de Loras, mais les comptes du receveur Philibert du Saillant fixent son passage à l’année 1741, l’année même où Louis Catherine de Loras et Louis-Rosalie-François de Loras tirent leurs preuves (59).
Son père fut Pierre Gaspard de Loras, seigneur de Pollionay, et sa mère Marie-Marguerite du Palais de la Merlée (60).
Il fit son noviciat et ses courses, mais ne fut profès qu’en 1768 (61).
Sa résidence habituelle fut Malte. En 1764, il fit au Chapitre de la Langue d’Auvergne un très remarquable rapport sur la réorganisation de cette Langue. Les points principaux de cette relation avait pour titres : rédaction des statuts — conservation des prééminences de la Langue et de ses chapitres —fixation précise et proportionnelle des charges que les pensionnaires doivent supporter — changements dans nos preuves de noblesse administration des biens de notre ordre — terriers — visites — idées générales sur notre administration économique, tant générale que particulière (62).

Charles Abel de Loras obtint la commanderie de Tortebesse, en 1768, en remplacement de Nicolas Martin d’Autier de Villemontée ; une bulle magistrale, enregistrée à la chancellerie du grand-prieuré d’Auvergne, le 7 juin 1774, le nomma procureur général, enfin une seconde de 1776, lui confiait la recette générale du prieuré en place du commandeur de Laubépin. Ami du grand-maître Em., de Rohan-Polduc, il fut envoyé en ambassade au roi de Sardaigne et au roi de France pour notifier l’élection du grand maître (63).

Ces deux ambassades se liaient également à une question administrative : le transfert au grand prieuré d’Auvergne des biens des Antonins de Chambéry. Cette question fut réglée avec le roi Chartes-Emmanuel IV, moyennant une pension de 600 livres à Bruyset, recteur ; quant aux chapelains, au nombre de quatre, ils eurent le même titre dans l’ordre de Saint Jean. La réunion et l’incorporation eurent lieu l’année suivante (9 octobre 1777) (64).

A cette date le chevalier de Loras est commandeur de Bugny, procureur et receveur du grand-prieuré, il fait restaurer l’hôtel de Lyon et refaire l’inventaire général par Batteney de Bonvouloir. Ce fut son œuvre capitale. Elle se composait de 7 registres de 450 à 500 pages chacun, divisés en 54 commanderies et indiquant pour chacune les documents que possédaient les archives du grand prieuré, sur :
1° Les biens propres.
2° La directe.
3° Les dîmes et les fiefs.
4° La justice.
5° Les terriers.
6° Les titres communs (65).

C’est une œuvre considérable, dont peu d’archives offrent un exemple pareil. Elle prouve que le receveur du grand prieuré Abel de Loras était un savant doublé d’un lettré. Pour s’en convaincre, il suffit de lire sa correspondance.
Naturellement, il dut profiter du savant concours de Batteney de Bonvouloir pour dresser l’arbre généalogique de sa maison, de laquelle à l’instar de Baluze, Batteney fit sortir la
branche royale des Poniatowski de Pologne. Le marquis de Loras Fenoyl dédia ce travail au roi Stanislas de Pologne. Celui-ci répondit : « qu’il était heureux d’apprendre que leurs maisons avaient une commune origine. » Cette lettre royale, le chevalier de Loras la communiqua au chapitre de la Langue, qui en prit acte le 3 juin 1780 (66).

Cette découverte ne fut pas inutile, car il fut nommé colonel d’infanterie à Malte. De 1780 à 1783, il passa son temps soit à Malte, soit à Lyon, soit dans la visite des commanderies. Sa nomination au régiment d’infanterie de Malte, lui conférait le titre de bailli (67).
Nous avons vu que son prédécesseur à Montchamp, le bailli de Margoux, abandonna ses charges en 1781, le bailli de Loras fut son successeur à Lyon et à Montchamp. Les fonctions multiples de Loras, cet accaparement des grandes charges de l’ordre est un signe d’anarchie ; si actif qu’il fût malgré sa puissance de travail, quelque chose devait en souffrir. En 1783, Joachim de Gratet de Dolomieu, lieutenant du maréchal, lui ordonna de présenter tous les mois un état de l’effectif de son régiment et de lui rendre compte tous les jours de ses mutations, le colonel de Loras s’y refusa et aggrava son cas en disant qu’il ne savait pas le nombre d’hommes qu’il y avait dans son régiment, que ses officiers ne l’instruisaient jamais des événements journaliers et qu’enfin le grand-maitre lui avait défendu de lui rendre compte (68).

C’était la révolte dans toute l’acceptation du mot ; mieux que cela la révolution. Elle était dans les esprits, elle descendait et allait emporter l’ordre comme bien d’autres choses justes et vénérables. En 1775, les chevaliers de Malte s’étaient révoltés et avaient tiré le canon contre le palais magistral. François Ximènes de Taxada, grand-maître, ne dutson salut qu’au général des galères, le duc de Rohan-Polduc, depuis son successeur. Ce dernier, en 1776, avait réuni le chapitre général de l’ordre à Malte. Il s’y passa un incident caractéristique. Jean François de Bosredon-Vantage, député de la Langue d’Auvergne, eut une vive altercation avec le grand-maître, ce dernier lui imposa silence. De cet affront personnel, le chevalier en saisit la Langue et créa une certaine effervesence ; mais le chapitre, dans sa séance du 3 juin 1777, décida que l’appel resterait sans poursuites.

Survinrent les incidents que nous avons relatés plus haut, entre le lieutenant du maréchal et le colonel du régiment. En l’espèce Dolomieu avait raison, mais Loras n’avait point tort. Le souvenir de la révolte de 1775, n’était point fait pour endormir la confiance du grand-maître, surtout lorsqu’en 1781, Jean-François de Bosredon-Vantages fut grand maréchal. Le grand maître avait le commandement des troupes de la ville de Malte et ne permit pas plus au grand-maréchal qu’à son lieutenant d’en prendre la direction. D’où l’ordre donné au colonel Loras et refus d’obéir à Dolomieu. Le maréchal mourut et fut remplacé, Dolomieu donna sa démission motivée. Le chapitre de la Langue d’Auvergne en délibéra, accepta la démission de Dolomieu et fit le silence sur cette affaire d’accord avec le grand-maître. Joseph Alexandre de Frion, commandeur de Blaudeix, fut nommé lieutenant du maréchal en remplacement de Joachim de Gratet de Dolomieu (12 novembre 1783).

L’affaire ne se termina point-là. Visant toujours Loras, procureur et receveur du grand-prieuré, le commandeur de Dolomieu demanda à faire partie du chapitre complet de la Langue, car, disait-il, ses délibérations étaient falsifiées et on l’accusait d’avoir répandu le bruit que le roi de Naples vendait Malte à la Russie (1785) (69).

Le bailli de Loras se démit alors de sa charge de receveur et procureur du grand-prieuré d’Auvergne ; mais, étant le plus ancien commandeur du grand prieuré, il succéda de droit au bailli de Margoux, commandeur de Montchamp, Duvesset et Verrières, il devenait ainsi le chef judiciaire de tous les chevaliers chapelains et commandeurs du grand-prieuré d’Auvergne.

En 1789, il est Grand-Croix, grand bailli de Lyon, commandeur de Montchamp et de Duvesset. Au décès de Garric d’Usech, il fut grand-maréchal (70).

Suite chapitre 8

Sources : BOUFFET (ABBE Hippolyte). - Deuxième partie, chapitres VII - Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne, Page 315 à 341. BNF

Notes
1. Revue de la Haute-Auvergne, tome XVI (1914), fascicule. 2 et 3 tome XVII (1915) fascicule 1 et 2.
2. Armes de Montchamp : d’or au pal d’azur semé de trois fleurs de lys d’argent.
3. Archives du Vatican : Scheloe Garempi : Bulle de Pie V du 5 des ides de Septembre 1567. « Leonoto lineguin, domino in temporalib Castri des Gouttes, in parochia Thione »
4. Archives du Rhône. H 261.
5. Archives du Rhône. H 267 et Inventaire Batteney.
6. Inventaire Battenev et H 278 à 230. Ces dîmes consistaient : en argent, 4 livres, 19 sols, 9 deniers ; seigle, 2 setiers, 4 cartons ; avoine, 5 setiers, 5 cartons et 5 poules, triés dans le membre de Brioude.
7. Archives du Rhône. H 272.
8. Archives du Rhône, H 121.
9. Les de Gouttes furent seigneurs de la Boulorme, Saint-Léon, Saint-Vair, Varenne et s’éteignirent dans les familles de Guillaud et du Chuny. De ce commandeur, le Dictionnaire statistique du Cantal en fait trois : 1630, Raguin des Gouttes ; 1643, Philippes des Gouttes ; 1675, des Gouttes. C’est ainsi qu’en multipliant les unités on se donne le luxe d’une liste assez fournie, de pareils procédés trahissent la pauvreté documentaire et la légèreté. — Armes des Gouttes : Ecartelé aux premiers et quatrièmes quartiers d’azur à la croix pattée d’or, contencée de 4 croisettes de même, aux 2 et 3 de gueules à trois lames d’argent posées 2 et 1.
10. Archives du Rhône. H 293. — Armes : d’azur à la bande échiquetée de sable et d’argent à trois traits accompagnés de cinq mouchetures.
11. Archives du Rhône. H 285 et 287.
12. Archives du Rhône. H. 294.
13. Archives du Rhône. H 128.
14. Archives du Rhône. H 315.
15. Armes : burelé d’orient et d’azur à trois chevrons de simules brochant. Preuves de noblesse : 1. Jacques, seigneur de Chaumont, et Françoise de Langeac, 2. Antoine et Cécile de Montmirail, 3. Antoine et Antoinette de la Guiche, 4. François et Louise de Crussol. Ses frères furent : Louis, Antoine, Jean, Charles, Ignace, Louis, Henry et François.
16. Archives du Rhône H 333.
17. Archives du Rhône H. 401, folio 10.
18. Archives du Rhône. H 361.
19. Preuves : 1. François de Félines et Jeanne de Turenne-Aynac, 2. Benjamin et Beraude de Chaunnac de I.anzac. Armes : d’azur au soleil brillant d’or. PAUL de Cliazelles (Dict du Cantal T. IV) fait deux personnes différentes de ce commandeur Paul de Félines et Paul de la Renaudie et même trois car il met un La Renaudie en 1661.
20. Marquis do Murat. Généalogie de la Maison de Murat-Lestang. 1892
21. Archives du Rhône. H 361.
22. Archives du Rhône. H 383.
23. Archives du Rhône. H 394.
24. Archives du Rhône. H 124. Le vacant était l’année qui suivait le décès du commandeur. Ainsi, le commandeur Claude de Lestang-Murat étant décédé le 22 décembre 1720, jusqu’au premier mai, le temps écoulé s’appellera mortuaire ; mais du premiers mai 1721 au premier mai 1722, c’est le vacant. Pendant ce temps, la commanderie fut administrée au nom de l’ordre par le commandeur Ragon. Le successeur de Claude de Lestang était nommé pendant ce temps ; mais il ne jouissait pas des fruits de sa commanderie, ils appartenaient à l’ordre, c’était une sorte d’annates. On le dénommait le commandeur moderne.
25. Archives du Rhône H 92. Le certificat de baptême signé Gaspard Vaguet, docteur en théologie, curé de Saint Clair, et légalisé par François de Rayot, docteur en théologie et en droit canon, official de Vienne, mentionne qu’Henry de Vogué fut baptisé le 12 août, à Saint-Clair, il eut pour parrain son frère Jacques et pour marraine Marie-Claudine-Jeanne de Saint-Chamant.
26. Archives du Rhône. H 90, folio 596.
27. La commanderie de Feniers est située dans la Creuse, commune de Saint-Gentioux. Comme valeur productive elle était de la moitié de celle de Montchamp. Quand celle-ci produisait 7.000 livres, Poitiers donnait 3.500.
28. Archives du Rhône. H 336.
29. Archives du Rhône. H 412.
30. Archives du Rhône. H 454
31. Archives du Rhône. H 438.
32. Archives du Rhône. H 438, 454 et 118. Les armes du commandeur de Vogué étaient : d’azur au coq chantant d’or barbé et crêté de gueules. Légende : Fortitudo et vigilentia. Devise : Sola vel voce leones terreo. La seigneurie de Gourdan leur fut apportée par les du Peloux, elle est restée dans la maison de Vogué jusqu’en 1870 époque où elle fut aliénée par le vicomte Eugène de Vogué, membre de l’Académie française. (Bienveillante communication de M. le marquis de Vogué de l’Académie française).
33. Sa lettre donne des nouvelles de Malle : « Ce matin, écrit-il, est arrivé un vaisseau du roi qui vient de Tripoli et porte les conclusions de paix de Tripoli avec la France.... Le même jour sont partis de Tripoli une tartane corsaire avec deux galiots, qui pourraient tomber s’il plaît à Dieu, entre les mains de notre général, qui fait les courses sur le cap Sainte-Marie avec les galères et le vaisseau Saint-Vincent, etc. » Archives du Rhône, H 197.
34. En lui confiant sa commanderie, Claude d’Aubery termine ainsi sa lettre : « il n’y a rien de nouveau que vous ne sachiez, la mort du maréchal de Barvick et du maréchal de Villars ; MM. d’Asfelle et de Navailles les remplacent... on fait avec vivacité le siège de Philisbourg, les assiégés se défendent mal, on compte en être maître au commencement du mois prochain » Archives du Rhône : H 202.
35. Ce chevalier était originaire de Marmanhac.
36. Arch. du Rhône. H 199.
37. Arch. du Rhône. H 203 et 48I.
38. Arch. du Rhône. H 482.
39. La famille d’Auhery est originaire du Berri. Elle remonte à Robert Auberi, président de la Chambre des Comptes, en faveur duquel la terre de Vatan fut érigée en marquisat. Le frère miné du commandeur de Montchamp était Jean Aubery, marquis de Vatan, sieur de Villeneuve, baron de Cernières, etc. Armes : d’or à cinq tringles de gueules.
40. Preuves : 1. le père et la mère. 2. Jean de Fay et, Jeanne de la Motte-Brion, 3. Hector et Marguerite de la Roche Chambla, fille de Jean et de Jeanne de Bron-Laliegue. — Côté maternel : 2. Léonore, fille de François Palatin de Dio-Montpeyroux et de Léonore de Damas-Digoine. 3. Jacques et Eléonore de Damas-Thianget.
41. Archives du Rhône H 115.
42. Archives du Rhône. H 525-510 et 511.
43. Archives du Rhône. H 558.
44. Archives du Rhône : H 570. Armes : écartelé 1 et 4 de gueules à la bande d’or chargée d’une hermine d’azur, et 2 et 3 d’or au lion d’azur.
45. Archives du Rhône : H 558.
46. Archives du Rhône : H 121 et 569.
47. Archives du Rhône : H 629.
48. Preuves : 1. degré, père et mère ; 2. Jean de Boislinard et Françoise de Vérine ; 3. François de Boislinard et Françoise de la Marche ; 4. Claude de Boislinard et Renée du Breuil. Archives du Rhône : H 93, folio 175. Il était en outre apparenté aux familles de Courault, de Moléon, de Milon, des Reu, de Boisbertrand, de la Mesnadière, etc.
49. Archives du Rhône, H 199.
50. Archives du Rhône, H 196.
51. Archives de l’Auteur : Arrest de la Cour, 6 mai 1760. Imprimerie François Gorim, Riom.
52. Archives du Rhône : H 114.
53. Archives du Rhône : H 131.
54. Archives du Rhône : H 3.
55. Archives du Rhône. H 606.
56. Archives du Rhône. H 233.
57. Archives du Rhône. H 238.
58. Archives du Rhône. H 677. Armes : d’or au chêne de sinople à l’engrêlure de même.
59. Archives du Rhône. H 500.
60. Archives du Rhône. H 97, folio 140. — Alliances : Louis de Loras avec Marie David de la Tour, Arthur avec Claire du Villars, Joseph du Palais de la Merlée. Louise de Cocharde, Marie de Guittardy. Françoise d’Aleanon de Chassereux, les du Viviers. Sergle de Gardache, de Charpin de Genestinet, de Gagot, du Potithois, de Perrochon, etc.
61. Archives du Rhône. H 131.
62. Archives du Rhône : H 77.
63. Archives du Rhône : H 695.
64. Archives du Rhône : H 80.
65. Archives du Rhône : H 1 à 7.
66. Archives du Rhône : H 133.
67. Archives du Rhône : H 227, lettre du chevalier de St-Julien au bailli de Loras. 3 août 1781.
68. Archives du Rhône : H 77.
69. Archives du Rhône : H 77.
70. Les Loras étaient trois ou quatre membres dans l’ordre : Louis-Rosalie, commandeur de Villedier, Louis-Catherine, commandeur de Montbrison, Louis Charles, chevalier. La comtesse de Loras, née Charlotte Claudine de Gagardon de Fenouil, avait reçu la croix par grâce magistrale, (18 octobre 1779.) — Armes : de gueules à la face losangée d’or et d’azur, avec cette devise : « Un jour l’auras »


Suite chapitre 8

Sources : BOUFFET (ABBE Hippolyte). - Deuxième partie, chapitres VII - Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne, Page 315 à 341. BNF

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