Commanderie de Cours
Département: Gironde, Arrondissement: Langon, Canton: Grignols, Commune: Cour-les-Bains - 33
Domus Hospitalis Cours
1. Nous nous bornerons à citer un fragment de l'acte latin qui constate la saisie et la restitution. C'est encore Brequigny qui nous le fournit dans son volume XX, folio 233 : « Rex sen. suo vascon. qui nunc est vel qui pro tempore fuerit vel eorum loca tenentibus, salutem. Cum nuper ad peticionem Espali Derans nobis suggerentis quod Arnaldus Raymundi, vicecomes de Curt. (ibus), prefatum Espalum de Castro suo de Montegeto tempore sufficiencie inter celebris memorie dominum quondam regem Anglie patrem suum et regem Franc, super guerra inter eos indicto ducatu dudum habita inepte vi et armis disseisivit et castrum illud eidem Espalo adhuc injuste detinet ad dampnum suum non modicum et exheredacionis periculum manifestum, vobis mandaverimus, etc. »
C'est sur le territoire de la vicomté de Cours (2) que fut découpée, au commencement du XIIIe siècle, la commanderie de Cours. Philippe le Bel, qui devait, vingt-trois ans plus tard, devenir le persécuteur et l'exécuteur de l'ordre du Temple, l'avait comblé de largesses au début de son règne.
Après avoir accompli successivement plusieurs donations au bénéfice des maisons de Cours et de Romestain, il ratifia, le 24 mars 1289, l'ensemble de ses libéralités par des lettres confirmatives (3).
2. Il y avait également en Normandie une baronnie et une maison de Cours qui n'apparaissent, du reste, que fort tard et fort peu dans l'histoire. Si cette famille se rattache à la souche de Gascogne, c'est par des liens trop mystérieux pour que nous puissions hasarder la moindre conjecture. Le P. Anselme, tome VII, page 788, D, parle de la seigneurie et des seigneurs de Cours et fixe leur siège dans la province du nord.
3. Collection Brequigny, tome II, folio 41. (Bibliothèque impériale)
Durant les guerres de religion, la commanderie de Cours fut une terrible voisine pour les Huguenots.
L'édit de pacification publié à Amboise, le 19 mars 1563, n'avait été qu'une suspension d'armes entre deux partis épuisés par des tueries réciproques.
Les catholiques avaient violé la trêve à Casteljaloux, et ils furent jetés dans la tour de Magnebeuf, qui était alors la prison de cette ville. Jeanne d'Albret, ayant appris que le commandeur de Cours avait projeté un coup de main pour délivrer les captifs, dépêcha à Xaintrailles la missive que nous transcrivons ici :
« Saintrailles, j'ai présentement été avertie que le commandeur de Cours et les capitaines Sendat et Laburnatière ont fait quelques armes et levées d'hommes, pour enlever par voie de fait et de force les prisonniers, qui, de l'ordonnance du vice-sénéchal, sont détenus et arrêtés en ma ville de Casteljaloux ; chose qui m'a semblé en telle importance que, pour aller au-devant d'un si grand mal, étant mêmement question de l'autorité du roi et de sa justice et de la conservation de ses édits, et que, par ce moyen, l'on moyenne recommencer à lui être désobéissant ; que, pour empêcher une telle violence, vous ne fauldrez, tout incontinent, cette lettre reçue, monter à cheval pour vous en aller au dit Casteljaloux, et là étant arrivé, appeler les magistrats et consuls et autres gens de bien de ladite ville, faire faire guet aux portes, afin que les susdits n'exécutent leur entreprise et où ils s'en mettraient en devoir, y faire de votre autorité telle résistance que l'autorité en demeure au roi, à moi et à justice, sous peine de être responsables des prisonniers et s'en prendre à vous s'il vient faute, lesquels à cette cause vous pourrez mettre en mon château, pour mieux vous en assurer et les rendre à justice, comme par justice ils ont été arrêtés. Priant Dieu, Saintrailles, qu'il vous ait en sa sainte garde.
« — De Nérac, ce 19 avril 1564.
« JEHANNE. »
Et plus bas :
« BRONDEAU (1) »
1. Histoire de l'Agenais, du Condomois et du Bazadais, par Samazeuilh ; tome II, pages 122 et 123.
Cette lettre permet d'apprécier le caractère du chevalier dont on redoutait l'attaque et l'énergie de la souveraine qui défendait son autorité menacée.
En septembre 1574, Nogaret de La Valette, qui avait, en compagnie de Montluc, subi un échec devant Clairac, vint donner l'assaut au château de Cours. Le capitaine Brocas, défenseur de cette place, ne consentit à la reddition que lorsqu'il eut reconnu l'impossibilité de résister au canon catholique.
La garnison eut l'avantage de se retirer avec l'honneur sauf, de garder ses armes et d'être reconduite sous escorte jusqu'à une lieue du camp. Les termes du traité garantissaient aux soldats réformés qu'il ne serait fait, ni à eux, ni à leurs chevaux, mal ni déplaisir de tout le jour. De plus, une sauvegarde pour le salut des personnes et des biens devait être accordée à tous ceux qui prendraient l'engagement d'être fidèles au roi et obéissants à ses édits. A ces conditions, la forteresse fut livrée, avecques toutes munitions, tant de vivres que autres de guerre, soit mousquets, poudres et autres (1).
1. Histoire de l'Agenais, du Condomois et du Bazadais, par Samazeuilh ; tome II, page 183.
Biron, marchant à grandes journées, avait culbuté les troupes de la Rochefoucauld près de La Plume, traversé Francescas an galop et gagné les portes de Nérac. La cour, à la nouvelle de son approche, tomba dans une soudaine et profonde panique. Par bonheur, d'Aubigné parvint à rallier quelques gentilshommes de Casteljaloux, ses anciens amis, et son attitude calma le trouble de la reine et de la princesse de Navarre.
Henri IV ne tarda pas à rentrer dans la ville menacée ; alors le chroniqueur calviniste, suivi seulement de quinze arquebusiers à cheval, reprit la route de Bazas. Sous les murs du fort de Cours, il fut assailli par soixante chevau-légers de La Haye. D'Aubigné choisit si bien ses advantages, que, l'attaquant, laissa trois gentilshommes morts. De son côté, il n'eut que deux blessés (2).
2. Mémoires d'Agrippa d'Aubigné, édition Charpentier, page 36.
Vers 1660, les établissements militaires et religieux de Cours, de Romestain, de Saint-Arromman et de Saint-Martin, furent incorporés et fondus dans le prieuré d'Argentens, dont le siège était tout proche de la vigne du roi, aux environs, de Nérac (1).
1. Biographie de l'arrondissement de Nérac, par Samazeuilh ; page 72.
Les rejetons des anciens maîtres du territoire de Cours avaient successivement abandonné le siège héréditaire de leur race et étaient allés prendre racine et faire souche nouvelle sur d'autres points de l'Agenais, à Laroque-Timbaut, à Teyssonac, à La Salle du Prat, etc. Le dernier possesseur du berceau de ses ancêtres fut Jean de Cours. A sa mort, son patrimoine incomba à ses deux filles Guitarde et Huguette. Celles-ci dépouillèrent la famille de son fief primitif et le transmirent, en échange de 50 écus d'or, au gendre de leur troisième sïur, Nanguine de Cours, femme de N... de Montfarès, seigneur de Fougerolles, dont la fille, Marguerite de Montfarès, nièce des seigneuresses de Cours, avait épousé Jean de Luppé. Marie de Luppé, son héritière, apporta le château de Cours dans la maison de La Goute par son union avec Amanieu de La Goute, seigneur de la Poujade. Elle passa plus tard aux Montalembert de Montbeau, qui l'obtinrent, eux aussi, par suite du mariage de l'un des leurs avec la fille du marquis de La Poujade.
A la terre de Cours était attaché l'exercice de la haute, moyenne et basse justice. A la fin du dernier siècle, quoique fort réduite, elle englobait dans son périmètre les paroisses de Cours et de Montguzon. Sa superficie était de trois cent trente-huit sextérées, mesure d'Agen.
Pressé par les exigences de ses créanciers, M. le comte de Montalembert aliéna sa belle possession à M. de la Sylvestrie pour deux cents et quelques mille francs.
Le comte de Montalembert, avant de consommer la vente de Cours, colligea religieusement tous les titres et livres terriers qui se rattachaient au passé de cette seigneurie et de ses seigneurs. Un inventaire chronologique et explicatif fut opéré par son ordre.
Une copie authentique de ce travail, accompli par un archiviste du temps, fut adressée au vicomte Jean-Antoine de Cours, capitaine au régiment de la Sarre, en son château de Lavalade. Grâce à ce document et aux immenses ressources des collections de la Bibliothèque impériale, nous avons pu faire surgir, du sein de la poussière et de l'oubli, les quatre ou cinq premiers degrés qui vont tenir la tête de l'échelle des générations.
Sources : Noulens, Joseph. Maisons historiques de Gascogne, ou Galerie nobiliaire de cette province, pages 9 et suivantes. Paris 1863 - BNF