Commanderie d'Avignon
L'ancienne commanderie de Saint-Jean-le-Vieux d'Avignon
La question de l'établissement en Avignon des Frères Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem est assez obscure. Voici cependant un document authentique qui peut servir de point de départ.
Au mois de juillet 1199, intervint un accord entre l'église de Notre-Dame des Doms et les Hospitaliers de Saint-Jean. L'évêque Rostang, avec l'assentiment de ses chanoines, concéda à Garsias de Liza, grand-maître de l'ordre, à Raymond d'Aiguille, prieur de Saint-Gilles et aux autres frères de l'Hôpital, la faculté de construire une église et d'établir un cimetière à eux dans la cité d'Avignon, c'est-à-dire à l'intérieur des anciens remparts, dans une propriété du chevalier Brocardus ou dans tout autre endroit, dans la ville ou hors la ville, qui leur serait le plus agréable. Il leur concéda l'autorisation d'ensevelir dans ce cimetière tous leurs frères Hospitaliers et les agents ou domestiques de l'ordre, ainsi que tous les habitants de la ville et tous les étrangers de passage qui demanderaient expressément à y être enterrés. La charte, dont nous indiquons ici la substance, contient encore beaucoup d'articles qui ne sont pas utiles à signaler ; nous avons voulu seulement retenir cette date précise de 1199 pour une autorisation donnée aux Hospitaliers de se bâtir une église et d'avoir un cimetière dans la ville d'Avignon.
Un autre acte, dont nous avons trouvé l'analyse dans un recueil de la Bibliothèque d'Avignon et qui serait daté de 1203, peut servir de corollaire au premier document de 1199 : l'évêque d'Avignon, Rostang, était choisi comme arbitre entre le chapitre de Notre-Dame et les Hospitaliers de Saint-Jean. Ceux-ci voulaient changer leur église qu'ils avaient dans la maison de Brocardus et la transporter dans la ville. L'évêque déclara que cette église devait leur suffire et qu'ils auraient à démolir ou à employer à des usages profanes celle qu'ils avaient commencée dans la ville. Mais qu'était alors devenu l'acte de 1199, qui leur reconnaissait le droit d'avoir une église et un cimetière dans l'intérieur de la ville ? Où était donc cette maison de Brocardus, dont il est parlé dans les deux actes ?
Il faudrait donc trouver d'autres pièces qui éclairent le débat. Malheureusement, les analystes et ceux qui ont analysé les anciennes chartes du pays ont confondu bien souvent les Hospitaliers avec les Templiers, et il est difficile de reconnaître ce qui appartenait aux uns et aux autres.
Ainsi, nous avons relevé la mention d'un acte de 1195, par lequel les Templiers reçoivent de Brocardus une maison et une tour pour y bâtir leur chapelle.
Est-ce bien des Templiers qu'il était question dans l'original ?
N'est-ce pas plutôt des Hospitaliers qu'il s'agissait ?
Une série d'analyses faites par le chanoine Massilian d'après les originaux, au siècle dernier, indique approximativement l'emplacement de la maison que Brocardus avait affectée aux Hospitaliers. Elle était, l'acte de 1203 est très explicite et très clair à ce sujet, hors de l'enceinte fortifiée de la ville ; de plus, elle se trouvait dans le quartier appelé Estellum, tout près du Rhône.
Voulez-vous connaître cet emplacement, lisez la charte d'établissement des Dominicains à Avignon, en 1220, tout près du Rhône, in stello. Personne n'ignore l'endroit où fut bâti ce célèbre couvent des Frères Prêcheurs ; le lieudit Estellum est est donc bien désigné à l'ouest et tout près des anciennes murailles d'Avignon.
C'est donc là que s'établirent pour la première fois les Hospitaliers d'Avignon. C'est là qu'ils conservèrent longtemps un jardin et quelques autres immeubles mentionnés dans des documents de 1198, 1237 et 1323. Ce dernier acte est même intéressant à signaler d'une façon plus spéciale : c'est l'autorisation accordée aux Hospitaliers d'ouvrir une porte près du mur du jardin des Dominicains, et ce malgré l'opposition de ces derniers. Peut-être même les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem conservèrent-ils dans cet endroit leur ancienne commanderie, malgré leur transfert à l'intérieur de la ville. En effet, dans la livrée des cardinaux, on remarque que le fameux Jean de la Grange, dont les débris du tombeau se trouvent au musée Calvet, habitait, en 1375, le palais de la Commanderie des chevaliers de Saint-Jean, près les murs de la ville et de la tour dite de Saint-Jean, et dans la paroisse de Saint-Agricol. Remarquons qu'à cette époque les nouveaux remparts, ceux qui existent actuellement, venaient d'être bâtis et avaient enfermé toute la partie comprise au-delà de la rue actuelle Joseph-Vernet, qui autrefois était hors de la cité. La tour Saint-Jean de ces nouveaux remparts prit certainement son nom du voisinage des propriétés des Hospitaliers. Voilà donc encore un point de repère pour bien fixer leur établissement.
Quoi qu'il en soit, les chevaliers, autorisés par la charte de 1199 à avoir leur église et leur cimetière à l'intérieur même de la ville, s'empressèrent d'user de cette permission et de commencer la construction de leur église Saint-Jean-le-Vieux. On a vu plus haut que la sentence de 1203 arrêta ces travaux, mais ce ne fut sans doute que momentanément, car le transfert des Hospitaliers dans le centre de la ville au XIIIe siècle n'est pas douteux.
C'est dans les bâtiments que nous avons tous vus près de la place Pie qu'ils continuèrent à résider pendant plus d'un siècle. La suppression de l'ordre des Templiers, décidée au concile de Vienne présidé par Clément V, devait influer sur leurs destinées. D'après les canons de ce concile, les biens des Templiers devaient revenir aux Hospitaliers. Tel était le droit ; mais le fait ne se réalisa pas d'une façon aussi rigoureuse. Le droit fut pourtant reconnu dès l'origine. M. Achard, dans son Dictionnaire des rues d'Avignon (page 162), mentionne un document de 1316 qui l'indique positivement. Mais avant l'établissement définitif des Hospitaliers dans l'ancienne commanderie des Templiers, il s'écoula encore de longues années, peut-être même y eut-il un procès à cette occasion.
En 1346, le pape Clément VI fut en effet obligé d'octroyer une bulle, qui reconnaissait expressément aux Hospitaliers la propriété de l'église Saint-Jean qui avait appartenu aux Templiers.
En 1376 seulement, toutes les contestations furent apaisées : un acte authentique, accepté par tous, donna de nouveau aux Hospitaliers tout ce qui dans Avignon avait appartenu à l'ordre supprimé, et, en 1379, le procureur des Hospitaliers prit possession de ce local.
Nous croyons savoir la cause de ce long retard. Dans cette prise de possession de 1379, on indique que ces bâtiments avaient servi de livrée au cardinal de Maurienne ou de Thérouane. Il est donc à peu près certain que la Chambre apostolique, payant ou non une redevance aux Hospitaliers, s'était emparée de la commanderie des Templiers pour y loger un cardinal de la cour romaine. Ce qui tendrait encore à le démontrer, c'est qu'en venant habiter cette nouvelle commanderie, les Hospitaliers cédèrent à la Chambre apostolique leurs anciens bâtiments de Saint-Jean-le-Vieux. Il y aurait donc eu procès entre la Chambre apostolique et les Hospitaliers, procès terminé par une transaction qui occasionna le transfert des Hospitaliers en la rue Saint-Agricol.
Cette nouvelle résidence prit le nom de Saint-Jean de Rhodes, celle qu'ils quittaient fut désormais appelée Saint-Jean-le-Vieux, afin qu'il n'y eût pas de confusion possible entre les deux commanderies.
A peine la Chambre apostolique entra-t-elle en possession des bâtiments de Saint-Jean-le-Vieux, qu'elle les affecta au logement de Pierre Corsini, dit le cardinal de Florence, qui avait reçu la pourpre et le chapeau en 1370. En même temps, elle chargea le clergé de l'église paroissiale de Saint-Pierre de desservir l'église de Saint-Jean et lui affecta tous les revenus qui étaient destinés à assurer le culte en cette chapelle.
Après le départ de la cour romaine d'Avignon, que devinrent les bâtiments de l'ancienne commanderie ? Il est assez difficile de le savoir. Il est probable cependant que la Chambre apostolique en tira quelques ressources, en les louant à des particuliers, comme elle le fit des autres livrées cardinalices, qu'elle finit par vendre peu à peu. Des renseignements assez vagues recueillis par Massilian sembleraient indiquer que les de La Salle, rameau d'une grande famille gasconne établie en Avignon dès le premier tiers du XVe siècle, logèrent dans l'ancienne résidence des Hospitaliers. Cependant, on peut croire qu'ils ne furent pas les seuls à habiter cet immense local.
Plus tard, en 1536, l'empereur Charles-Quint ayant envahi la Provence, le roi François Ier accourut avec une forte armée. Il s'établit sous les murs d'Avignon, au château de Fargues, et dressa une batterie d'artillerie sur une plate-forme que l'on avait établie à côté du monastère de Saint-Véran. Les reîtres pillèrent de fond en comble le château et le monastère et violèrent, dit-on, les pauvres religieuses qui s'enfuirent à Avignon. Elles obtinrent de la Chambre apostolique la cession des bâtiments de Saint-Jean, où elles purent s'établir en toute sécurité jusqu'au 11 juillet 1598, date où elles furent translatées à Sainte-Praxède. Elles prirent possession des bâtiments occupés depuis le 28 septembre 1593 par les Pères de la Doctrine chrétienne : c'était le monastère de Sainte-Praxède qui avait été abandonné, en 1587, par les religieuses de ce nom, le pape Sixte V les ayant supprimées.
Le même jour, les Pères de la Doctrine chrétienne, congrégation fondée en 1592 par César de Bus, sous la protection de l'archevêque d'Avignon Thaurusi, prenait possession de Saint-Jean-le-Vieux en vertu d'un bref du pape Clément VIII, qui devenait exécutoire le 11 juillet 1598. Dans ce bref, le pape cédait à la congrégation l'église et la maison. Un an s'était à peine écoulé depuis cette donation qu'un procès fut intenté à la congrégation sur la possession de cet établissement, malgré le bref du pape Clément VIII, les lettres du cardinal Thaurusi et l'approbation de Bordini, archevêque d'Avignon et vice-légat du pape. Mais le Saint Père leur donna gain de cause et par un bref du 30 août 1600, il confirma les Pères de la Doctrine chrétienne dans la possession de l'église et du monastère de Saint-Jean-le-Vieux.
M. l'abbé Chamoux, dans son livre intitulé Vie du vénérable César de Bus (page 35), nous dit que, le 15 avril 1607, mourut dans ces bâtiments le vénérable César de Bus, supérieur de la congrégation. Son corps fut placé dans un caveau neuf de la chapelle.
Le 23 juin 1908, un décret du vice-légat Bordini porta que le corps du Père de Bus serait tiré du tombeau, déposé dans une châsse honorable et placé dans la sacristie de l'église. La cérémonie eut lieu le même jour et selon les formalités requises. César de Bus ayant été canonisé, son corps fut placé 60 ans plus tard dans une chapelle latérale de l'église, où il est resté jusqu'en 1817, époque à laquelle on le transféra dans l'église paroissiale de Saint-Pierre.
L'église de Saint-Jean se trouvait située au levant de la rue de ce nom, en face l'aile principale située au couchant de cette rue. Afin de pouvoir assister à l'office divin, les Doctrinaires étaient obligés de traverser la rue pour pénétrer dans leur église. Désirant s'affranchir d'un aussi gênant état de choses, ils jetèrent furtivement, au mois de juillet 1623, un arceau d'un bâtiment à l'autre. La population murmura et accusa hautement le maître des rues et même le consulat d'être de connivence avec la congrégation. Une procédure fut dès lors instruite contre elle, et le premier consul, pour donner contentement au peuple, alla jusqu'à offrir, dans le conseil qui fut tenu le 2 octobre 1620, de faire à ses dépens le voyage de Rome pour représenter au pape le grand préjudice causé. Malgré toutes les réclamations formulées, cet arc subsista jusqu'en 1792.
Plan d'ensemble du bâtiment Saint-Jean et de ses environs
Plan d'ensemble du bâtiment Saint-Jean et de ses environs
Ce bâtiment a subi depuis sa construction un grand nombre de modifications ou de restrictions, qui n'ont fait que déparer le caractère de cet édifice. Il se composait :
1° D'un bâtiment principal longeant la rue Saint-Jean-le-Vieux d'une surface d'environ 558 mètres carrés, que nous désignerons par les lettres A B C D E.
2° De l'aile F, longeant la rue Florence et d'une surface de 290 mètres carrés.
3° De l'aile G, d'une surface de 114 mètres carrés, soudée à la tour de l'horloge, coupant les coins ou jardins en deux parties et formant les cours H d'une surface de 612 mètres carrés et I d'une surface de 517 mètres carrés.
4° D'une église indépendante du bâtiment.
Bâtiments principal
Si nous jetons un coup d'œil sur les plans ci-contre (plan du rez-de-chaussée et coupe suivant a b), nous y trouvons un massif de construction (bâtiment A et B), se détachant nettement des autres dépendances par son élévation et par l'épaisseur de ses murs qui est de 1m50 à 2m20. Ce serait, à notre avis, l'origine des bâtiments. Il nous a suffi pour ceci de ne pas perdre de vue les démolitions successives qui s'y sont opérées, peur faire les remarques suivantes qui sont venues confirmer notre assertion. Ce massif n'offrait aucun caractère de liaison avec les bâtiments C et F.
Au contraire, les angles de cette construction étaient d'une netteté irréprochable jusqu'au ras du sol, principalement entre la tour B et le bâtiment C, partie nord-est, et le bâtiment A et F, partie sud.
Façade bâtiment Saint-Jean
Façade bâtiment Saint-Jean
Bâtiment Saint-Jean, rez-de-chaussée (1825)
Bâtiment Saint-Jean, rez-de-chaussée (1825)
Coupe élévation suivant c d
Coupe élévation suivant c d
Vues des façades rues
Fenêtre et ancienne corniche, rue Saint-Jean-le-Vieux. Fenêtre, place Jérusalem
En réalité, il n'y avait que cette tour qui eût conservé les dispositions premières de sa construction. Le rez-de-chaussée comprenait une pièce voûtée, servant anciennement de latrines et plus tard de geôle municipale. Les latrines furent situées immédiatement au-dessus, lors de l'établissement des écoles primaires.
Plan premier étage
Plan premier étage
Cette tour, couronnée de créneaux et percée d'embrasures, possédait sur chacune de ses faces, c'est-à-dire aux quatre points cardinaux, des armoiries qui avaient été noyées dans la maçonnerie et furent mises à découvert lors de sa démolition.
Plus tard, des besoins d'agrandissement s'étant fait sentir, il avait été décidé que les bâtiments A et B seraient surélevés d'un étage et l'escalier intérieur démoli. Celui-ci serait remplacé par un escalier à vis dans une petite tour octogonale, que l'on construirait à l'angle sud-est formé par le bâtiment A et la tour B. A cet effet, les ouvertures sud de la tour furent bouchées et ses créneaux noyés dans l'empâtement et la maçonnerie. De nouvelles ouvertures de communication furent pratiquées dans les murs et des passages en encorbellement établis sur la façade sud du bâtiment A.
Plan deuxième étage
Plan deuxième étage
Saint-Jean le Vieux Tour B
Saint-Jean le Vieux Tour B
Nota. — La partie pointillée indique les constructions nouvelles
L'exécution de ces travaux donna tout l'espace occupé par l'escalier, tant au rez-de-chaussée qu'aux étages, plus deux pièces situées au 3e étage qui durent certainement servir de dortoir. La plus grande, celle du bâtiment A, dotée d'une très grande cheminée et les murs peints à la fresque, fut pour ainsi dire réunie à la pièce de la tour B par une baie de 3 mètres environ. Cette baie se composait d'un arceau plein cintre avec moulures élégantes, terminées aux deux extrémités par une tête de femme assez grossièrement sculptée.
Bâtiment C
— De grands changements étaient venus modifier les dispositions premières de ce bâtiment, et il n'y aurait eu rien d'étonnant qu'une simple galerie couverte, servant à relier les tours B et D, en ait été l'origine. Il devait se composer d'un rez-de-chaussée avec arcs brisés, de 3m80 de hauteur sur 4m20 d'ouverture, et surmonté d'une terrasse à hauteur du 1er étage, où il existait un couloir de communication avec la tour B, ainsi que des fenêtres géminées donnant sur ladite terrasse. Plus tard, cette terrasse, tombant probablement en ruine, fut démolie et l'on reconstruisit un bâtiment percé au rez-de-chaussée de trois grands arcs avec ouvertures renaissance aux étages. Les fenêtres géminées, situées sur le mur est de la tour B et donnant sur la terrasse, furent grossièrement bouchées. Dans la suite, ces arcs furent fermés par un mur en pierre de 50 centimètres d'épaisseur et remplacées par des ouvertures ordinaires (voir le plan du rez-de-chaussée). Les pièces de ce bâtiment ont reçu un très grand nombre d'affectations, qu'il nous serait difficile d'énumérer. En dernier lieu, il était occupé par un poste de police et le fourneau économique au rez-de-chaussée, et par une loge maçonnique au 2e étage.
Tour D
— Cette tour, la plus élevée de tout le bâtiment (22m de hauteur) comme la tour B, composée d'un parallélogramme formant la tour proprement dite, et d'une petite tour octogonale renfermant un escalier à vis et de moindre dimension. D'après le plan de 1825, nous la voyons encastrée dans les bâtiments C E et F, sa façade donnant dans la rue Saint-Jean-le-Vieux. Elle était alors divisée en cinq étages.
En 1861, lors de l'agrandissement de la place Pie, elle fut dégagée en partie des bâtiments qui l'encombraient et restaurée complètement. Une plaque commémorative en marbre dont nous donnons le dessin ci-après, fut placée ensuite sur la face est de la dite tour.
De nos jours, l'intérieur de cette tour, divisée en quatre étages, est occupé par le bureau et le logement du peseur public ; au 4e étage se trouve le mécanisme de l'horloge. Les communications entre les différents étages sont assurées par la tour octogonale, où existe un escalier d'un mètre de large.
Bâtiment E
— De même hauteur que le bâtiment C, il ne comprenait au rez-de-chaussée, ainsi qu'à ses deux étages, qu'une grande salle de 18m de longueur sur 8m de largeur, et était affecté au logement des troupes. Comme nous l'avons dit plus haut, une partie de ce bâtiment fut vendue illicitement à des particuliers par un acte passé le 16 thermidor an IV. L'autre partie fut démolie en 1861, lors de l'agrandissement de la place Pie.
2° AILE F
Cette aile, d'une surface de 290 mètres carrés, comprenait:
1° Une grande cave de 26 mètres de longueur sur 6 de largeur, qui, pénétrant dans le bâtiment A, traversait la tour B et s'arrêtait enfin au bâtiment C.
2° Un rez-de-chaussée, devant probablement servir de cuisine, réfectoire des élèves, dépense, etc., car de nos jours existait encore le monumental canon de cheminée, placé en encorbellement sur la rue Florence. A la partie sud de cette aile, un escalier, dit de service, de 60 centimètres de largeur, donnait accès au réfectoire des Pères.
3° Le 1er étage, comprenant une grande salle en forme de parallélogramme de 26 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur, était affecté au réfectoire des Pères. Il était desservi par trois issues différentes. La première, d'une largeur de 1m20, donnait directement accès dans la salle d'honneur ; la deuxième, sur le petit balcon donnant dans les escaliers de la tour B ; la troisième, descendant à la cuisine, était affectée à ce service. De plus, il était éclairé par de magnifiques fenêtres géminées, dont quelques-unes avaient encore conservé leur caractère, principalement sur les façades ouest et sud.
4° Le 2e étage. Après la Révolution, c'est-à-dire lors de l'occupation des bâtiments par l'autorité militaire, un balcon donnant dans la cour I fut établi. Par la suite, un grand nombre de modifications y furent faites Nous y trouvons au rez-de-chaussée des gradins servant pour l'école enfantine.
En 1862, le balcon est enlevé et sa façade restaurée complètement.
En 1870, un café y est tenu par M. Ménabé, des logements particuliers et d'instituteurs sont établis aux étages.
En 1896, une dépendance de l'hôtel des Postes est placée à l'extrémité sud de cette aile. Cet état de choses a duré jusqu'au 1er janvier 1899, époque de la démolition de ce bâtiment.
3° AILE G
Construite bien longtemps après l'édification du bâtiment principal et masquant jusqu'au 2e étage la façade sud de la tour D, cette dépendance divisait l'ancienne cour en deux parties. Elle était, croyons-nous, affectée aux classes des élèves des Doctrinaires. En 1825, elle se composait :
1° d'un rez-de-chaussée comprenant une grande salle et un accessoire, et
2° d'un étage formant une seule pièce de 22 mètres de longueur sur 4m 80 de largeur.
Elle fut, comme le bâtiment E, démolie lors de l'agrandissement de la place Pie.
4° EGLISE
Comme nous l'avons cité plus haut, cette église était située au levant de la rue Saint-Jean-le-Vieux, en face le bâtiment E, et dans la rue Sainte-Garde. Devenue bien national à la Révolution, elle fut distraite de son ancienne affectation et vendue à des particuliers.
Plus tard, nous la voyons occupée par une auberge connue sous le nom d'Auberge de la Mule blanche.
Vers 1860, la ville, voulant poursuivre le projet d'alignement des rues dressé en 1852, mit en adjudication la démolition de ce bâtiment, et ce lot fut adjugé à M. Pauleau, maître maçon, qui construisit sur cet emplacement le bâtiment actuel occupé par les magasins de M. Carcassonne.
Une délibération du Conseil municipal de la ville d'Avignon, du 15 avril 1896, confirmée le 22 de la même année, arrêta que l'ancien bâtiment de Saint-Jean serait démoli, à l'exception de la tour D, où se trouve l'horloge. Le commencement de cette démolition eut lieu au mois de décembre 1898, sous la direction de MM. Rosant et Mantel, entrepreneurs de travaux.
Moins d'un an après, c'est-à-dire le 7 août 1899, le Conseil, revenant sur sa décision du 15 avril 1896, vota presque à l'unanimité la démolition de cette tour, seul vestige qui restât de l'importante commanderie de Saint-Jean de Jérusalem d'Avignon.
Sources: A. Bayol. Mémoires de l'Académie de Vaucluse, pages 137 à 154, tome XIX, année 1900. Avignon 1900. - Bnf