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Etudes sur les Ordres des Hospitaliers, Malte et Rhodes
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II. — Commanderie Lacapelle-Livron
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Quercy-Rouergue, Commune: Lacapelle-Livron - 82

Commanderie Lacapelle-Livron
Commanderie Lacapelle-Livron

Ordre des Templiers (?-1312). — Ordre des Hospitaliers (1342-1790).

Lacapelle-Livron eut une commanderie du Temple peu de temps, sans doute, après la fondation de cet ordre.
En 1225, Grimals de Lhivron, fils de Pons de Lhivron, céda sa seigneurie à « fraire Doat Garssia, comandador del bestial de la cabana de Blouson e als autres fraires del Temple. »

En 1227, Raymond VII, comte de Toulouse, se dessaisit, en faveur de l'ordre, de sa juridiction sur le territoire de Lacapelle.

En 1230, A. Jourdain, vicomte de Saint-Antonin, fit donation de Saint-Peyronis ; Guiscard de Villevayre, de sa seigneurie de Pech d'Auzon, en 1231 ; Antoine de Peirafort, de Lagarde, en 1233 ; l'abbé de Conques, de l'église de Saillagol, en 1235.
L'année suivante (1236), le commandeur de Lacapelle était confirmé en la possession des églises de Loze et de Jamblusse, données par le couvent de Fons.
Le château de Cas et la forêt de Crozilles dépendaient aussi de la commanderie.
Enfin, en 1299, les Templiers achetaient à Philippe-le-Bel ses droits sur Mouillac, Lacapelle, Montricoux, etc.

En 1268, le commandeur Raymond du Buisson accorde une charte communale aux habitants du village de Lacapelle. Cette charte, dont l'original a disparu, a été transcrite, avec plusieurs autres pièces, contenant divers accords et compromis entre les habitants et leur seigneur, dans un registre extrait du Livre terrier de la commanderie en 1556.

Cette charte est le document le plus précieux qui concerne la commune. Il y est traité du droit de pacage concédé aux habitants dans les bois et pâturages de la « maison du Temple; » de différents crimes et délits, entre autres de l'adultère, du vol, des maléfices provoqués par la pratique de la sorcellerie, etc. Elle contient le règlement des redevances, dont les principales étaient les suivantes :
« Tout homme ayant une paire de bœufs devait une journée de labour sur les terres du commandeur ; il devait, en outre, lui donner une quarte d'avoine à la Saint-Michel, redevance réduite à une « demi-quarte » pour ceux qui n'avaient pas de bœufs ; tout homme « sachant faucher » devait une journée pour faucher les prés de la « maison du Temple, » et les autres, ainsi que les femmes, une journée pour faner les foins ; chaque homme devait encore une journée pour « fouir les vignes. »

Pour la faculté donnée aux habitants de faire paître leurs bestiaux dans les bois et pâturages de la commanderie, les consuls devaient payer chaque année « trente livres de Cahors, » et chaque maison donner une poule à la fête de Noël. Enfin, la charte parle de la nomination des consuls, renouvelés, chaque année, à la fête de saint Michel (29 septembre).

A cette pièce importante, rédigée partie en langue romane, partie en latin, sont joints divers actes commentant et développant la charte primitive et précisant les droits respectifs des parties. Dans un compromis de 1470, il est question des clefs de l'église : « elles devaient être laissées à la garde du commandeur, qui était tenu de laisser l'église ouverte pendant le jour et de la faire ouvrir pendant la nuit, en cas de nécessité. »

On y voit aussi comment avait lieu la nomination des consuls:
« Le jour de la Saint-Michel, ceux qui étaient en fonctions élisaient huit hommes, parmi lesquels le commandeur en choisissait quatre pour être consuls l'année suivante. »

Un « accord faict et passé entre magnifficque et puissant seigneur noble frère Gaspard de Malet, baron, seigneur et comandeur de la Chappelle, d'une part, et les consulz, sindicz et habitans de la dicte Chappelle, d'aultre, le 23 mars 1556, » établit qu'à cette dernière date les consuls étaient nommés dans la même forme, le jour de la Toussaint.

Cet accord contient cette clause : « Aux dictz habitants ne sera permis vendre aulcung vin dans la terre et juridiction du dict lieu despuis la feste de Pasques jusques après la venant feste de Penthecouste, sans le voulloir et consentement du dict seigneur..., et le dict seigneur pourra vendre ou faire vendre son vin durant le dict terme, non a plus hault pris ny moindre, mais au médiocre pris que pour lors sera treuvé quest dict communément au present lieu de la Chappelle... »

Il fait encore mention d'un privilège assez bizarre du commandeur, celui de « prendre et lever toutes les langues des beufz, vaches jeunes et vieulx qui se tuaront en la jurisdiction du dict lieu de la Chappelle Lievron. »

Après la suppression de l'ordre des Templiers, en 1312, les biens de la commanderie furent confisqués par Philippe-le-Bel, puis concédés à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard ordre de Malte, qui en jouit jusqu'à la Révolution.

A cette époque, le château servit quelque temps de résidence à un bourgeois du pays nommé Salvagnac, qu'on disait issu des nobles Salvagnac de Montpalach, dont la famille avait donné un commandeur à Lacapelle au XIIIe siècle. Lors de la vente des biens nationaux, un certain Pierre Fraissinet se rendit acquéreur du « domaine national, ci-devant commanderie de Lacapelle-Livron 1. »
1. Archives de Lacapelle-Livron, Registre des délibérations, 20 frimaire an II.
Il est actuellement la propriété de M. Léon Carbonel, ancien conseiller général de Caylus.

III. — Notes historiques avant 1789

Clocher-donjon attenant à la chapelle
Clocher-donjon attenant à la chapelle. Sources: wikipedia

Rien n'est resté des archives originales de Lacapelle-Livron avant 1785, à part le registre dont nous avons parlé, intitulé : « Allivrement des consulz et habitans de toutes les possessions que sont dans la seigneurie du dict lieu, extraict du Livre terrier de Monseigneur le commandeur du dict lieu (1556). »
C'est une sorte de matrice cadastrale donnant séparément le détail des terres de chaque propriétaire et la redevance (censive) due pour chaque immeuble. Ces redevances étaient payées en argent et en nature : ainsi une maison est inscrite « soubz la censive de ung soult et huict deniers caorcens (Cahorsins) et troys cartes advoyne, mesure du dict lieu. »

Les actes de l'état civil, tenus primitivement par les curés des deux paroisses, existent, avec quelques lacunes, depuis 1616 pour Lacapelle et depuis 1663 seulement pour Saint-Peyronis.

Les riches archives de Caylus nous ont heureusement fourni quelques documents relatifs à Lacapelle-Livron.
Avant de les transcrire, résumons en quelques mots l'histoire de l'ancien pays où était comprise notre petite commune: le Quercy (2).
2. Pour parler plus exactement, la commune de Lacapelle-Livron, comme toutes celles que traverse la Bonnette, a une partie de son territoire dans le Rouergue et l'autre dans le Quercy. La section de Saint-Peyronis, sur la rive gauche, est dans l'ancien Rouergue.

Résumons maintenant les notes que nous avons pu recueillir relativement à l'histoire de notre commune (3).
3 Voir Notes pour servir à l'histoire de Caylus, par Devals ainé. Montauban. 1873.

Mai 1225. — C'est à cette date que nous trouvons la première mention du nom de La Capela, dont Grimals de Lhivron cède la seigneurie à la « maison du Temple. » (Voir pages 167 et 185.)

4 novembre 1268. — Le commandeur Ramon del Boysso, donne la charte de Lacapelle-Livron. (Voir page 167.)

Octobre 1568. — Les consuls de Caylus ayant reçu avis que les Calvinistes voulaient s'emparer du château de Lacapelle-Livron, envoient prier M. de Cornusson de mettre garnison audit château (4).
4. Archives de Caylus, CC, 59.

13 novembre 1568. — Les vicomtes de Bruniquel et de Gourdon, calvinistes, s'emparent du château de Lacapelle-Livron et vont camper dans le voisinage de Caylus (5).
5. Archives de Caylus, CC, 59.

23 janvier 1569. — Le capitaine-gouverneur de Caylus, Antoine de La Valette, seigneur de La Poujade, marche sur Lacapelle avec un mortier pour abattre quelques gabions et place des vedettes sur les routes de Saint-Antonin et de Verfeil.

25 janvier 1569. — Il reprend sur les Calvinistes le château de Lacapelle.

10 mars 1574. — Les consuls de Caylus écrivent à Mme de Cornusson que le village et le château de Lacapelle viennent d'être pris par les Calvinistes (7).
7. Archives de Caylus, CC, 62.

12 septembre 1574. — Pour mettre fin aux actes d'hostilité et aux exactions du capitaine calviniste Gay, maître de Lacapelle, MM. de Cornusson et de Saint-Projet vont mettre le siège devant ledit village (8).
8. Archives de Caylus, CC, 62.

Le 15, les consuls de Caylus leur envoient « une pippe de bon vyn vieulx » coûtant 9 livres.

Peu de jours après, ils font porter plusieurs sacs de pain de munition aux troupes assiégeantes.

Le 22, le village et le château sont repris par les catholiques (9).
9. Archives de Caylus, CC, 62.

15 janvier 1577. — Les Etats de Quercy, assemblés à Cahors, délibèrent qu'il sera envoyé à Caylus une garnison de 100 hommes, dont 55 resteront dans la ville et les 45 autres seront répartis entre Lacapelle, Montricoux et trois autres localités (10).
10. Archives de Caylus, CC, 63.

15 décembre 1579. — Les consuls de Caylus présentent requête à M. de Vezins pour qu'il ordonne aux rentiers du château de Lacapelle-Livron de bien garder ledit château sous l'obéissance du roi (11).
11. Archives de Caylus, CC, 63.

4 novembre 1591. — Le village de Loze ayant, de bon matin, à l'ouverture des portes, été surpris par les Calvinistes, M. de Puybéral, premier consul de Caylus, part sur le champ avec tous les soldats disponibles, prend en passant ceux de Lacapelle, et force l'ennemi d'évacuer le village (12).
12. Archives de Caylus, CC, 63.

Mai 1589. — Les communautés de Belmont, Cas, Caylus, Cayriech, Espinas, Jamblusse, Labastide-de-Penne, Lacapelle-Livron, Lavaurette, Mordagne, Mouillac, Pech-Jorda et Saint-Martin de Salvagnac contribuent, par semestre, à la solde et à l'entretien de la garnison de Caylus pour une somme totale de 589 écus 30 sols (13).
13. Archives de Caylus, CC, 63.

23 décembre 1738. — Bénédiction d'une cloche pour l'église de Saint-Amans de Promilhargues, commune de Caylus. Elle eut pour parrain Messire Henri de Boucaud, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Lacapelle-Livron et prieur de Saint-Amans (14).
14. Archives de Caylus, GG. 34.

1785. — Les registres contenant les délibérations du Conseil municipal de Lacapelle-Livron existent à partir de cette date.
Les consuls se réunissaient « dans la halle commune. » Le Conseil se composait alors de deux consuls seulement, nommés pour une année. A l'expiration de leur mandat, ils nommaient « 4 personnes capables et suffisantes de la communauté, pour 2 d'iceux... faire et exercer les fonctions de nouveaux consuls, pour les dites 4 personnes être présentées à M. le Commandeur ou à son préposé, et 2 d'iceux... nommés et élus par le dit seigneur et exercer les fonctions de consuls (15). »

La répartition de la capitation était faite par deux syndics et six assesseurs nommés chaque année par les consuls.
15. Toutes ces notes et les suivantes sont puisées dans les Registres des délibérations du Conseil municipal.

1788. — Antoine Mourgues, « personne bonnette et capable, » est nommé « garde-bois, » aux gages annuels de 28 livres.

8 mars 1789. — Pierre Dejean et Jean-Baptiste Rousset sont nommés députés de la communauté, chargés de la représenter au district pour l'élection des députés aux Etats-généraux.

IV. — Notes historiques après 1789 (1789-1821)

Commanderie de Lacapelle-Livron
Commanderie de Lacapelle-Livron

1790. — Après le décret de l'Assemblée nationale concernant la constitution des municipalités, le Conseil municipal de Lacapelle-Livron fut composé de six membres et un procureur de la commune, assisté d'un substitut. Réuni aux douze notables élus en même temps que lui, le corps municipal formait le Conseil général de la commune.
14 février 1790. — Formation de la municipalité: Jean-François Roquebrune, docteur-médecin, maire ; Antoine Bès, Jean Desquines, Antoine Bach Bardoulet, Antoine Estrabol, Jean Malard, Jean-Alexis Carraton, Salvaniac, procureur de la commune.

1er août 1790. — Antoine Constantin est élu maire en remplacement de Roquebrune, élu « membre de l'administration du département du Lot. »

20 février 1791. — Antoine Mathet et Voulpin, curés de Lacapelle et de Saint-Peyronis, prêtent serment à la Constitution.

16 septembre. — Le Conseil municipal loue au sieur Pierre Conquet, aubergiste à Lacapelle « la chambre haute de sa maison donnant sur la place du dit lieu, où la municipalité tiendra ses séances, ainsi que la garde nationale ses délibérations sans armes, toutes les fois qu'elle sera convoquée par le commandant en exercisse (sic), et hors des dites séances le dit sieur Conquet pourra user de la dite chambre, sauf de la clef de l'armoire où la municipalité tiendra ses papiers. »
Le loyer est fait pour la somme de 10 livres.

1791. — Jean Cardonel est élu maire.

28 septembre 1792. — Le procureur de la commune ayant exposé que « le sieur Antoine Mathet, curé de Lacapelle, s'étant retiré muni d'un passeport de la municipalité pour l'Espagne, en vertu des ordres du Directoire du district, à cause de la rétractation de son serment, cette paroisse ne peut rester sans pasteur pour l'exercice du culte divin, l'administration des sacrements et l'instruction publique..., » le Conseil général de la commune prend une délibération demandant qu'un nouveau curé soit nommé dans la paroisse de Lacapelle. «... Les habitants de Lacapelle, forts de leur patriotisme, ayant déjà plus de quarante de leurs concitoyens sur la frontière, ont la pleine confiance que leur pétition sera favorablement et incontinant accueillie. »

16 décembre 1792. — Elections municipales : Antoine Roux, maire; Joseph Médal, Jean Guillem, Joseph Poussou, Jean Marty, Pierre Cavalié Vigon, Joseph Latreille, procureur de la commune.

2 nivôse an II. — « La commune, au défaut de la Société populaire, dûment convoquée, en vertu de la lettre du Comité de surveillance et de la Société populaire de Montauban, envoyée par les ordres du représentant Paganel, lettre qui enjoint de proposer les changements nécessaires dans les conseils généraux des communes et de faire connaître les motifs de ces changements, l'assemblée a trouvé convenable de remplacer Joseph Latreille, procureur de la commune, et de mettre à sa place Jean-Pierre Constantin, et Jean-Pierre Servières à la place de François Deldrd. Le premier est remplacé pour être accusé d'être adonné au vin et d'être incapable dans cet état d'ouvrir aucun bon avis dans l'assemblée. Le second est accusé d'être un voleur, etc. »

12 pluviôse an II. — « Le Conseil général s'est assemblé à la requête de l'agent national près le district. La séance s'est ouverte par une série de questions que le susdit agent national a faites aux autorités constituées.

Il a demandé:
1° Si on avait célébré la décade. « On a répondu que jusqu'ici on ne connaissait pas bien la loi qui ordonnait une pareille célébration. L'agent national a pris de là occasion de faire une sortie vigoureuse contre le fanatisme, qui a causé une grande partie de nos maux, et a conclu par inviter tous les citoyens à secouer leurs anciens préjugés et à faire de l'église le temple de la Raison, d'y expliquer les lois et les principes de la saine morale. L'assemblée a applaudi à ses vues, et l'on a promis de faire célébrer la décade... »

18 pluviôse an II. — Le Conseil général arrête à l'unanimité que « la célébration de la décade sera annoncée la veille au son du tambour, et que tous les citoyens seront invités à se rendre, à 8 heures du matin, dans l'église paroissiale, lieu qui a été choisi par l'assemblée pour expliquer au peuple les lois et la morale. »

Ventôse an II. — Les « citoyens Gaspard-Ignace Laché, curé de Lacapelle, et Sébastien Sanson, vicaire-régent de la section de Saint-Peyronis, » abdiquent leurs fonctions ecclésiastiques, remettent leurs lettres de prêtrise entre les mains de la municipalité et renouvellent leur serment civique.

Quartidi 3e décade de ventôse an II. — Le Conseil municipal arrête que tous les effets des églises de Lacapelle et de Saint-Peyronis en seront retirés et envoyés au district, que ces églises seront fermées, les croix renversées, en un mot toutes les marques extérieures du culte abolies.

Ventôse an II. — Par arrêté du représentant du peuple Bô, « qui a jugé convenable de faire des changements dans la commune de Lacapelle, » sont nommés : Alexis Salvaniac, maire ; François Constantin, conseiller municipal, et Louis Loude, agent national, en remplacement d'Antoine Roux, Jean Guillem et Jean-Pierre Constantin.

27 prairial an II. — Le Conseil municipal prend la décision suivante: Un mandat d'arrêt sera immédiatement lancé contre Antoine Roux, ancien maire, « prévenu de dilapidation, de manœuvres sourdes contre les autorités constituées, etc. »

6 messidor an II. — Le maire prend un arrêté défendant « la cessation du travail et la réunion des citoyens dans les cabarets pendant les ci-devant dimanches et fêtes. »

30 vendémiaire an III. — Ouverture d'une école. Le « citoyen Jean-Baptiste Fraissinet » est installé dans les fonctions d'instituteur.

15 brumaire an IV. — Election d'un agent municipal et d'un adjoint. Sont élus : Louis Loude et Antoine Constantin.

20 thermidor an VIII. — Antoine Mathet, prêtre, prête serment à la Constitution et signe: « Mathet, prêtre, se réservant tout ce qui peut être contraire à la religion catholique, apostolique et romaine. »

2 novembre 1808. — Un sénatus-consulte décrète la formation du département de Tarn-et-Garonne. La commune de Lacapelle-Livron, qui faisait partie du Lot, est incorporée au nouveau département.

4 février 1821. — Le Conseil municipal « vote un don de 40 francs pour faire partie de l'acquisition du château de Chambord, pour en faire hommage à M. le duc de Bordeaux. ».

Nous terminerons par la mention de ce don ces notes, qui, dès à présent, ne présenteraient plus aucun intérêt.
Nous compléterons d'autre part la liste des maires depuis 1790. Désormais Lacapelle-Livron n'a plus d'histoire originale. Cet humble village du Quercy, qui dut aux Templiers et aux Hospitaliers l'importance qu'il eut du XIIIe au XVIIIe siècle, où l'on est étonné de voir la Révolution jeter un moment une partie de son héroïsme quelque peu théâtral et de ses passions ardentes, a perdu, comme la plupart des communes rurales, toute vie qui lui soit propre. Après tant d'agitations violentes, il s'est endormi dans la paix calme de l'existence champêtre, in soupçonneux de son activité éteinte, qu'excitaient les besoins, les souffrances, les ambitions contenues des anciennes époques; immobilisé dans les préjugés, la routine et le bien-être facile ; s'attachant au passé, mais acceptant volontiers les faits accomplis ; à la fois méfiant, entêté et docile, surtout égoïste et indiffèrent.
Sources: Recueil de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Tarn-et-Garonne, page 165. Montauban 1888. Bnf

Commanderie de Lacapelle Livron

Commanderie de Lacapelle Livron
Commanderie de Lacapelle Livron

A la Révolution, la Commanderie de Lacapelle-Livron suivit le sort de tous les biens du clergé et fut décrétée « bien national » Elle fut mise en vente comme telle, par la suite (1).
1. Registre des délibérations de Lacapelle (20 Frimaire, an II).

A cette époque, le domaine était encore immense et s'étendait jusqu'à Varaire, Bach, Vaylats et Mouillac ; la grosse ferme du Puy d'Auzon en faisait partie. L'ensemble fut morcelé et vendu par lots.

La maison du Puy d'Auzon et ses vastes dépendances furent acquises, pour une poignée d'assignats, par un ancien fermier. La majeure partie du Causse, en raison de son peu de valeur, vint grossir les biens communaux.

Mais, les impositions étant trop lourdes pour le budget collectif, il fut décidé de procéder au partage entre tous les habitants des communes de Loze et de Saint-Projet.

Cette curieuse opération eut lieu en deux temps. D'abord, entre les trois localités, Loze, Saint-Projet, Saillagol, le 8 Nivôse de l'An III (28 septembre 1794). Ces communaux, qui s'étendaient jusqu'à la croupe de Saint-Alby incluse, se composaient de mauvais pacages, de chênes rabougris et très peu de bonnes terres.

Les murettes rectilignes, qui délimitaient la tranche de chaque collectivité, existent encore en partie ; l'une d'elles tient lieu de ligne de séparation des communes actuelles de Saint-Projet et de Loze.

Ensuite, le partage se fit entre tous les habitants. Pour Loze seulement, l'on fit 585 portions ; les soldats sous les drapeaux étaient compris dans ce chiffre. Aussi, les habitants, dont le lot était fort éloigné de l'agglomération, se hâtèrent-ils de le vendre à un prix dérisoire. D'ailleurs, le faut le dire, la part de chacun fut en général fort médiocre.

Les bâtiments de la Commanderie, qui étaient habités par un bourgeois du pays nommé Salvagnac, furent vendus à un certain Pierre Frayssinet avec quelques parcelles importantes. Depuis 1793, ils ont passé successivement entre les mains de 6 propriétaires différents qui, peu à peu, ont vendu les terres qui avaient fait partie du lot primitif.

Aujourd'hui, il ne reste plus que deux ailes des bâtiments principaux et une parcelle d'une superficie de 1 hectares ; en dehors de l'ex-chapelle du Temple, devenue définitivement église paroissiale et propriété de la commune de Lacapelle-Livron.

C'est un coin du terroir du Quercy qui se dépeuple et meurt lentement, conséquences du morcellement trop poussé, d'un sol trop pauvre. Bientôt, il ne restera plus que les pierres qui furent les témoins d'un glorieux passé et d'une certaine prospérité que, pendant six siècles, les Chevaliers avaient maintenue.

L'Ensemble architectural

Commanderie Lacapelle-Livron
Commanderie Lacapelle-Livron

Les bâtiments restants de l'ex-Commanderie de Lacapelle-Livron sont les plus importants du Quercy, et peut-être de France, du point de vue vestiges des constructions de l'Ordre des Templiers, d'abord, de celui des Hospitaliers de Saint-Jean, ensuite.

Aussi, allons-nous essayer de vous les présenter tels qu'ils existaient avant la Révolution. Des premiers bâtiments qui furent édifiés sur l'emplacement actuel, au début du XIIIe siècle, par les Templiers, il ne reste que quelques substructions et le gros œuvre de leur chapelle. Les constructions plus récentes, dont la majeure partie existe encore, furent édifiées par les Hospitaliers de Saint-Jean, leurs successeurs.

L'ensemble devait avoir l'aspect d'un manoir fortifié en forme, de quadrilatère, avec cour centrale ; du point de vue orientation, les quatre angles coïncident avec les quatre points cardinaux.
Au Nord-Est, l'aile principale, dont l'accès de l'extérieur se fait encore par un escalier avec balustrade et perron, donnait sur la cour d'entrée qui était bordée par les communs. Du côté de la Bonnette, ces bâtiments existent encore et forment mur de clôture dominant le chemin de communication du plateau avec cette vallée. Ils ne présentent rien de remarquable et sont encore utilisés à usage de remises, granges, etc.

Sur l'autre côté de la cour, le grand bâtiment longitudinal, qui était terminé par une tour ronde accolée, à complètement disparu. L'entrée principale de la Commanderie était sur cette partie et cette tour extérieure prenait directement accès sur le chemin. La grande porte monumentale, à 2 battants, ornés chacun d'un gros mascaron représentant une tête de lion finement sculptée, est encore en place. Les baies de la façade sont petites à la partie supérieure et en forme de créneaux.

L'aile Sud-Est prend jour sur la vallée et sur la cour intérieure ; les mâchicoulis existent encore dans l'angle Est qui est surmonté par une petite tour de guet. Les baies sont de dimensions normales et éclairent les salles principales de la Commanderie. Peut-être, ont-elles été agrandies, du côté de la vallée, bien que leur hauteur, par rapport au chemin, protège les occupants d'une surprise.

Par contre, au Nord-Ouest, l'aile a complètement disparu ; il ne reste que quelques raccordements de murs contre les autres bâtiments perpendiculaires (l'aile Nord-Est d'un côté, la chapelle de l'autre). Cette partie comportait une grosse tour carrée à son angle Nord et une autre, plus petite, au Centre. Sous cette petite tour devait se trouver une poterne faisant communiquer la cour intérieure avec l'extérieur.

Plan de Lacapelle-Livron. Bnf

Au Sud-Ouest, la chapelle formait le quatrième côté, au moins pour la majeure partie. En effet, la nef de l'édifice roman primitif était plus courte et, de ce fait, la coupole se trouvait au milieu. Il existait un espace libre entre l'aile parallèle à la vallée et le pignon Est ; mais un mur haut devait relier les deux bâtiments.

A l'origine, la chapelle des Templiers paraît avoir eu son accès principal du côté de la cour intérieure. Peut-être, la petite porte à l'Ouest (seule entrée de l'église actuelle) existait-elle pour déboucher directement dans le cimetière qui se trouvait accolé à cette partie de la construction, c'est fort possible. Ce cimetière, aujourd'hui disparu, et qui ne figure plus que sur les vieux documents, devait remonter à une assez haute antiquité. Cependant, le caveau particulier des Commandeurs n'a jamais été retrouvé.

A la fin du 19e siècle, des ossements reposant sur des tringles de fer furent mis à jour, à une faible profondeur, et à quelques pas de l'entrée actuelle de l'église. Il s'agissait, sans doute, des restes du Commandeur Jean de Castelnau, qui fut inhumé à cette place en 1469 (2).
2. Administration et testament de Jean de Castelnau, Commandeur de Lacapelle en 1469, par le Chanoine Galabert.

En dehors de l'allongement de la nef de la chapelle, l'aspect de l'ensemble architectural, encore debout, n'a pas subi de grosses modifications ; il a toujours l'apparence du solide et du durable que construisaient les Chevaliers.
Il est regrettable que l'aile Nord-Ouest ait disparu, par vétusté certainement.

L'église, ex-chapelle des Templiers, est, par contre, assez sérieusement modifiée. La nef a été allongée de quelques mètres sur la partie Est et une sacristie a été construite, à la suite, dans ce prolongement ; la majeure partie des mâchicoulis a disparu. Enfin, la partie supérieure, sur l'entrée actuelle, a été surmontée d'une petite construction carrée couverte par une toiture à quatre pans ; elle tient lieu de clocher. Ces modifications dénaturent l'édifice qui n'a plus son aspect fortifié d'autrefois, malgré les petites baies très hautes qui subsistent encore. La cour intérieure, assez exiguë, n'a conservé sa galerie couverte que d'un seul côté ; sur les 2 autres ailes, seuls les corbeaux en pierre sont encore en place sur les façades.

Il existe également une belle terrasse dans le prolongement de l'aile Nord-Est. Elle domine la vallée de la Bonnette et, de là, l'on voit fort bien le Puy d'Auzon où était implanté la plus belle ferme de la Commanderie, qui appartenait à l'Ordre de Saint-Jean.

A la suite de la terrasse, entre le bâtiment Sud-Est et le gros mur de clôture, se trouve une petite cour, en contre-bas, sur laquelle les sous-sols prennent jour en partie.

Description intérieure
Les deux ailes restantes sont en bon état et encore très habitables.

Elles sont élevées sur cave dont la majorité des fondations, à même le roc, remonte à la première construction au début du XIIIe siècle. Sur cette partie inférieure, les baies sont en forme de créneaux du côté de la vallée ; le mur de clôture ne devait pas exister autrefois et le talus actuel formait glacis devant cette muraille, équipée pour la défense.

Sur la partie Sud du sous-sol, on remarque un curieux local de 6 X 3 environ, qui n'a qu'une seule ouverture de 1 mètre de côté, fermée par une solide porte. Cette baie unique est percée à 1 mètre 50 de hauteur par rapport au dallage du couloir. D'après la tradition, il s'agirait des oubliettes. La position haute de l'unique ouverture d'accès ne permet pas de retenir cette destination ancienne.

Peut-être, est-ce la chambre forte où les Commandeurs déposaient les objets les plus précieux et l'argent de la Commanderie ?
Est-ce une citerne intérieure ?
En effet, il faut tenir compte de ce qu'il n'y a pas de puits dans ce coin du Causse et que les sources se trouvent beaucoup plus bas, dans la vallée. De ce fait, en règle générale, les eaux pluviales sont collectées et elles sont recueillies ensuite dans des citernes qui, parfois, sont creusées dans le calcaire compact. Il faudrait enlever tous les gravois qui comblent presque entièrement cette chambre isolée pour avoir une idée juste de sa destination première.

Au rez-de-chaussée surélevé, sont situées les plus belles pièces de la Commanderie. Enfin, au-dessus, se trouvent les combles habitables, qui étaient destinés à la domesticité. En entrant par le perron Nord, la belle porte à deux battants donne accès dans un tambour, avant de déboucher dans une salle, très haute de plafond, appelée encore salle des gardes. Elle était décorée, autrefois, par des peintures à fresque. Puis on passe par un couloir étroit sur lequel débouchent, d'un côté la cuisine et de l'autre l'escalier des combles, pour accéder ensuite dans une vaste pièce prenant jour sur la terrasse. Cet ensemble (couloir - cuisiné - pièce) ne devait former à l'origine qu'un seul et unique local prenant jour à la fois sur les trois façades, y compris celle de la cour intérieure.

En suivant l'aile parallèle à la vallée, nous trouvons successivement une petite chambre voûtée en berceau, puis une grande pièce, et enfin la chambre du Commandeur.

La grande salle du centre devait être le grand salon où se tenait de préférence le Commandeur pour recevoir et régler les affaires de son vaste domaine. Là aussi, pendant les longs mois d'hiver, assis dans un fauteuil, devant la vaste cheminée où brûlait le bon bois de sa forêt de Mouillac, il devait rêver à ses campagnes lointaines contre les infidèles. Le passage de quelques frères de l'Ordre venait égayer un peu sa solitude, et suivant la saison, la table centrale se garnissait de cuissots de cerf ou de chevreuil, de quartiers de sanglier ou de quelques petites perdrix rouges, que lui apportaient ses vassaux et qu'accompagnaient les vieilles bouteilles poussiéreuses de vieux vins du pays.

Pour beaucoup de ces Chevaliers aventureux, l'âge et les infirmités faisaient regretter leur séjour sous le ciel azuré d'Orient ou d'Afrique. De leur vie si active de jadis, il ne leur restait plus que la chasse comme exercice. Or, le gros gibier (chevreuil - cerf - sanglier) abondait encore dans les bois de Canteyrac et de Mouillac. La perdrix rouge, qui aurait été apportée dans le pays par un Chevalier de Malte, se multipliait facilement, à cette époque, où beaucoup plus de terres étaient cultivées, avec un nombre de chasseurs moindre.
La bonne chère tenait certainement une place importante dans l'emploi du temps.

Et, enfin, le Commandeur se disputait souvent avec ses vassaux et le clergé des environs ; d'où des procès, certainement plus nombreux que ceux dont font mention les quelques feuillets épars qui sont parvenus jusqu'à nous.

Les grandes salles de cette aile ont dû voir se rassembler l'imposante assemblée des prêtres venus pour célébrer les funérailles, la neuvaine et la cérémonie du bout de l'an, du Commandeur Jean de Castelnau, décédé à Lacapelle en juin 1469. Il en avait décidé ainsi, dans son testament du 22 juin 1469, dicté à son clerc Bertrand Faucher.
« De nombreux prêtres aux funérailles, cent à la neuvaine, et encore cent au bout de l'an, qui auront droit, en plus de l'honoraire habituel, à un bon repas : 2 plats de viande (bœuf et mouton), bon pain, bon vin ; le tout aux frais de l'Ordre ou, à défaut, de mon neveu »

Voilà tout ce que nous pourrions évoquer dans cette grande pièce centrale, dont tous les meubles d'époque ont disparu et où les murs, nus et vétustés, semblent attester l'éphémère de la grandeur humaine.

A la suite, nous trouvons la chambre du Commandeur, autre vaste pièce à laquelle est attenant un cabinet de toilette, qui était autrefois une tour d'angle avec mâchicoulis. Cette chambre renferme une belle cheminée, au-dessus de laquelle se trouve encore un écusson bien conservé. Il représente : au centre, un petit cabochon ovale avec bande et merlettes ; il est entouré d'un chapelet, auquel sont suspendues 2 ancres de marine et une croix de Malte. Accolés au chapelet, un de chaque côté, deux anges tiennent des bannières déployées ; enfin le tout est supporté par une couronne à ornements - tréflés. Cet écusson serait celui de François de Guiran-La-Brillane. La qualité de profès (chapelet), ainsi que les 2 ancres et la croix de Malte suspendues, sont des présomptions en faveur de ce Chevalier, qui fut le dernier Commandeur de Lacapelle-Livron, après avoir été Capitaine des galères de la Religion et Grand-Croix de l'Ordre.

De sa chambre, le Commandeur avait accès à la galerie extérieure et par l'escalier à vis, situé en bout de cette galerie, il communiquait avec la cour intérieure et l'aile Nord-Ouest actuellement démolie. Cette galerie extérieure est bordée, du côté de la cour, par un beau balustre en bois de la fin de la Renaissance (style Henri II).

Sur le mur attenant à l'église, l'on relève encore, mais difficilement, les restes d'une peinture à fresque, représentait un combat naval avec la légende suivante, à peine lisible : « 1596 - Gaspard Gerolamo-Cornaro, Capitaine Général des Vénitiens, assisté de Frère Claude de Moreton, bailli de Chabrillant, Général des Galères de Malte et Commandant de celles de S. S. Alexandre VIII Ottoboni »

L'ex-Chapelle des Templiers
Sur le quatrième côté du quadrilatère, l'ex-chapelle des Templiers forme l'aile orientée Sud-Est Nord-Ouest. Elle est devenue église paroissiale au XVe siècle. Agrandie depuis, elle est toujours réservée à cet usage, étant par ailleurs, bâtiment communal depuis la Révolution.

Jusqu'au milieu du XVe siècle, il existait deux édifices religieux à Lacapelle : l'un placé sous le vocable de Saint-Sauveur, l'autre sous celui de Saint Victor.
L'église Saint-Victor était en très mauvais état dès 1460.

A tel point, que le Procureur du Commandeur, le 19 juillet 1469, avait mis les habitants en demeure d'enlever les gravois provenant d'un mur écroulé et de faire rebâtir rapidement ce dernier. Rien ne fut fait et, vers la moitié du siècle suivant, l'ensemble de la construction n'était plus qu'un amas de décombres. Par contre, l'église Saint-Sauveur, qui était à l'origine la chapelle de la Commanderie, et dont la première construction remonte aux Templiers, est toujours debout, en bon état. Classée monument historique, réparée et entretenue par les Beaux-Arts, elle sera conservée.

L'époque de sa construction remonte au XIIIe siècle. Toutefois, l'édifice primitif était plus court que celui d'aujourd'hui et ne comportait, et ne comporte encore, qu'une seule nef. Sa coupole se trouvait au centre et l'agrandissement postérieur a reporté cette dernière plus en arrière, vers l'Ouest. Elle repose sur une corniche, à huit pans inégaux, qui est supportée par 4 piliers, avec colonne engagée, reliés entre eux par des arcs doubleaux.

Cette forme en rotonde est un rappel de l'église-mère du Temple, à Jérusalem, particulièrement chère aux Templiers, que ces derniers s'efforcèrent de reproduire dans les chapelles lointaines de quelques-unes de leurs Commanderies. L'ensemble est d'inspiration romane, mais sous une forme très fruste. Les artisans qui la construisirent n'étaient certainement pas des maîtres d'œuvre bien qualifiés et les matériaux du pays (pierres calcaires) ne se prêtaient pas non plus à une réalisation plus poussée.

La nef, voûtée en berceau, est actuellement éclairée par des baies romanes assez étroites, percées très haut. Dans le mur du fond, on relève la particularité de l'une d'entre elles dont la forme est rectangulaire à l'intérieur mais se termine en plein cintre à l'extérieur. Ce petit détail laisse supposer que la voûte a été abaissée après la construction primitive, ou mieux, que la charpente en bois qui recouvrait la nef, à droite et à gauche de la coupole, a été remplacée par la voûte en berceau.
Les colonnes engagées, dont deux prennent appui sur le dallage et deux se terminent en cul de lampe, à hauteur d'homme, portent des chapiteaux.
L'ornementation, très simple, de ces derniers, est la suivante :
— le premier : volutes simples sous le tailloir.
— le second : volutes simples sous le tailloir et feuillage serré vertical sur le reste du chapiteau.
— le troisième : volutes en bâtons rompus sous le tailloir.
— le quatrième : cordon courbe portant des pommes de pin.

Planche des chapiteaux : BNF

Le reste des murs est nu et l'autel et le mobilier, qui sont plus ou moins modernes, ne méritent pas de retenir notre attention ; sauf peut-être le bénitier monolithe, placé dans un angle, qui tient lieu de cuve baptismale.

Au fond de l'église, la porte d'entrée cintrée, mais basse et étroite, s'ouvre sous la tribune en bois. Cette dernière recouvre toute la largeur de la nef jusqu'à hauteur de la coupole. Elle est très ancienne et était réservée au Commandeur ; elle fut certainement construite pour cet usage.

Cette tribune fit l'objet d'un procès en 1490. Les consuls de Lacapelle en contestèrent la propriété au Cardinal Pierre d'Aubusson, alors Grand-Maître de l'Ordre et Commandeur de Lacapelle-Livron. Le jugement, qui ne fut rendu que le 25 juin 1540 seulement, maintint le Commandeur en la possession de ladite tribune et de son escalier en faisant défense aux habitants de le troubler dans son droit. Cet escalier à vis est logé dans le contrefort Sud.

L'unique porte actuelle ne paraît être que celle qui était destinée, autrefois, à faire communiquer la chapelle au cimetière attenant, où devait se trouver le caveau particulier des Commandeurs. Une autre porte, basse et étroite, existe encore dans le pan de mur de l'aile démolie ; elle débouchait également dans le cimetière.

A l'origine, il semble que la Chapelle des Templiers devait avoir son accès principal, du côté Sud-Est, de plain-pied avec la cour intérieure ; ceci, de par le caractère privé de l'édifice, mais surtout pour des raisons de sécurité.

La Commanderie était un manoir fortifié et l'église, avec ses murs épais et ses mâchicoulis, faisait partie du système de défense.

Aussi, malgré les diverses guerres, qui ravagèrent le Quercy, à diverses époques, la chapelle des Templiers sortit intacte de la période troublée, à laquelle remonte la destruction de presque tous les édifices religieux de la région.

En dehors de la majorité des bâtiments de la Commanderie proprement dite, subsistent encore, à proximité, deux autres constructions attribuées aux Chevaliers de Malte. Sur la contre-pente de la vallée, leur beau pigeonnier royal est encore debout et, en bordure du petit chemin qui conduit à Notre-Dame de Grâce, se trouve la chapelle Saint-Jean. Ce petit édifice bas a été restauré et, sur sa porte, une croix de Malte récente, en fer forgé, symbolise son ancienne appartenance à l'Ordre qui l'avait dédié à son patron (Saint Jean-Baptiste).

Sur le promontoire nu, dominant la vallée de la Bonnette, se dresse, détachée sur l'horizon, la petite chapelle de Notre-Dame de Grâce qui n'a jamais fait partie du patrimoine des Chevaliers. Elle fut construite en 1580, par Pierre de Pause, pour servir de tombeau à sa famille. Ce gracieux petit bâtiment, de style gothique, est également classé monument historique ; il vient d'être entièrement restauré. Il était encore régulièrement desservi, à la fin du XVIIIe siècle, par Antoine de Pause-Montdésir, l'un des descendants du fondateur.

Par contre, dans l'église paroissiale de Lacapelle-Livron, le service fut assuré, jusqu'à la Révolution, par un prêtre dépendant de l'Ordre de Malte, appelé Chapelain d'obédience. Jusqu'à ces dernières années, elle était desservie par un curé nommé du diocèse de Montauban.

* * *

Que reste-t-il du passé, en dehors des bâtiments que nous venons de décrire ; rien ou à peu près rien. Peu d'écrits de l'époque, pas un meuble, en dehors du portrait d'un Commandeur qui, il y a une vingtaine d'années, ornait encore un trumeau de la grande salle. Emporté par l'un des derniers propriétaires, il a pris place dans un petit salon, parmi des portraits de famille. Ce n'est même pas une relique, ni un souvenir, tout au plus un vieux tableau, sans valeur artistique, que l'on conserve par gloriole sans savoir qui est représenté et sans penser qu'il serait beaucoup mieux à son ancienne place.

Les habitants du terroir ont-ils quelques souvenances et un peu de respect pour cette grandeur passée ? Pour eux, le Commandeur était le seigneur du village qui savait utiliser ses oubliettes et faisait travailler ses vassaux. Nous sommes dans un pays un peu attardé, dont les gens sont superstitieux, âpres au gain, assez jaloux de leur prochain.

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Pourtant, comparons le pays d'aujourd'hui avec ce qu'il était jadis. A la fin du XIIe siècle, un petit village existait sur le même emplacement et portait le nom de « La Capéla » ; un édifice religieux était déjà édifié. Il y a lieu de supposer que c'était la vieille église Saint-Victor, qui s'écroula à la fin du XVe siècle et ne fut pas reconstruite.

Les maisons étaient bâties autour ou à proximité immédiate puisque la donation de Grimal de Livron, de mai 1225, aux Frères du Temple, mentionne « la vila de la Capéla » Un peu plus tard, le nom du fondateur fut accolé et le village devint « La Capéla de Lhivronis », puis « La Chapelle-Lieuron » et enfin « Lacapelle-Livron »

Quant à la Commanderie, à son origine, elle portait le nom plus modeste de « Cabana de Monson » ; le premier chef du Temple, Doat Garssia, n'avait encore que la qualification de précepteur de cette grange. Peu à peu, la Commanderie prit de l'importance, ses bâtiments s'agrandirent, d'autres furent édifiés, pour former le beau manoir dont les restes imposants existent encore. Les maisons du village étaient solidement construites, soignées même pour l'époque. Enfin, plus de 700 habitants vivaient encore sur son terroir en 1789 ; ils jouissaient des libertés que les Commandeurs leur avaient accordées pour la mise en valeur des terres, l'usage des bois, des pacages, etc. Ils s'administraient eux-mêmes et élisaient leurs consuls sous la petite halle commune ; les Commandeurs, très souvent absents, n'étaient guère gênants.

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Aujourd'hui, nous recensons à peine 200 individus qui vivent assez chichement sur le même terroir. Les maisons sont en ruines dans la proportion de 50% ; leurs derniers propriétaires vendent les pierres pour en retirer un maigre profit.

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Pauvre petit village de notre Quercy, ton abandon actuel, tes ruines, ne peuvent que nous faire regretter le bon vieux temps où, malgré une vie plus rude, tes habitants étaient certainement plus heureux. Ils avaient, en tous cas, un idéal plus élevé, joint à l'amour du terroir qui les avait vus naître.
Sources: Le Capitaine Bernard Fredefon, Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, pages 126 à 138, tome LXXXIV, année 1958. Montauban 1958. Bnf

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