Prieurs Généraux
1. — Frère Berthold (Comte) de Henneberg, (1313-1325)
Frère de Henneberg, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne, était conseillé du roi Jean, qui le nomma son Lieutenant du Royaume de Bohême, pour le temps de son absence.Le pape Clément V ordonna, en 1313, la levée de la dîme en Bohême, pour la Terre-Sainte, sur toutes les personnes de l'ordre du clergé, à l'exception de l'Ordre de Saint-Jean.
L'église du Très-Sacré-Corps-du-Christ, à Breslau, fut édifiée en 1317 et devint la propriété de l'Ordre, qui fit bâtir à côté un hôpital. C'est sans doute alors que fut instituée la commanderie de Breslau.
La commanderie des Templiers, à Klein-Ols, passa en 1318 à l'Ordre, qui y obtint du Roi, en 1319, le droit de justice sur ses ressortissants.
En 1314, Pribitz devint une commanderie filiale d'Alt-Brunn.
Les précepteurs-généraux de Bohême reçurent, en 1325, le titre de prieurs-généraux, et le prieur-général, Frère Berthold, fut élu, en 1325, grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne. Les Chevaliers lui élurent immédiatement un successeur au prieuré de Bohême. Il mourut en 1330, et fut inhumé solennellement dans l'Eglise-Saint-Jean-Baptiste de Wurzbourg (Bavière).
2. — Frère Michel de Tinz, (1325-1338)
Frère de Tinz, en même temps prieur de Pologne, était de la maison des ducs de Silésie.Sans nous arrêter à des acquisitions de moindre importance, nous mentionnerons la fondation (1333) par Nicolas, duc de Troppau et de Ratibor, de l'Hôpital-Saint-Nicolas, noyau de la célèbre commanderie de Troppau, érigée plus tard (Silésie autrichienne) ; l'institution du prieur-général, Frère Michel, et de ses successeurs pour héritiers universels, par Guillaume Bavor, seigneur de Strakonitz, en 1336. C'est depuis cette époque que chacun des chefs du grand-prieuré est possesseur de la grande-seigneurie de Strakonitz.
Frère Michel avait juridiction sur 19 commanderies de chevaliers et 4 de chapelains, en Bohême, sans compter des possessions considérables dans diverses contrées, administrées par 8 fonctionnaires, presque tous membres de l'Ordre et résidant sur ces domaines. Il mourut en 1338.
3. — Frère Gallus de Lemberg, (1338-1367)
Frère de Lemberg, en même temps prieur de Pologne. Aussitôt après son élection, Bolko, duc de Silésie, confirma la commanderie de Reichenbach (1).Les Chevaliers de la commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ, de Breslau, se signalèrent (1339) par leur zèle dans l'enseignement et le soin des malades.
En 1347, Karl, margrave de Moravie, prit sous sa garde les maisons et possessions de l'Ordre dans ses Etats (2). En 1351, le commandeur, Frère Nicolas de Wildungsmaurer, administra les commanderies d'Ober-Kaunitz (Moravie) et de Mailberg (Basse-Autriche) avec tant de succès, qu'il en put augmenter les possessions (3).
Il en fut de même du commandeur, Frère Nicolas de Siegersdorf, pour la commanderie de Hirschfelde (1352).
L'Ordre érigea une commanderie à Kostomlat (paroisse de Cernousek) en 1352.
La commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ fut très-enrichie, en 1353, par des achats et des échanges.
La commanderie de Lichtenau (OberLausitz), érigée au commencement du XIVe siècle fut agrandie (1355).
1. Voyez Archives Acte original.
2. Voyez Ibidem, Acte original daté de Brunn, 3 des calendes de juin 1348.
3. Voyez Archives Actes de 1351.
Ernest, archevêque de Prague, voulut, sur l'ordre du Saint-Siège, soumettre les biens des Chevaliers à la dîme; mais les remontrances de l'empereur Charles IV firent dispenser l'Ordre de cette charge, dans le présent comme il l'avait été dans le passé ; l'archevêque Ernest (des Seigneurs de Pardubitz) était du reste favorable aux Chevaliers, dont il avait été l'élève à Glatz, et son corps repose dans l'église conventuelle de l'Ordre en cette ville.
En 1358, Charles IV confirma l'Ordre dans toutes ses possessions.
En 1360, Nicolas, duc de Troppau, remit aux Chevaliers la nouvelle Eglise-Saint-Jean-Baptiste, avec l'hôpital y attenant, etc., à Troppau, et affranchit l'Ordre de toutes, charges et redevances, ce qui fut ratifié par Jean VIII Ocko de Blasim, évêque d'Olmutz.
Le Couvent de Prague possédait alors toute la partie sud de la Kleinseite, devant les murs de la ville, entre la montagne Saint-Laurent (Pétrin) et la Moldau (Aujezd), de la Karmelitergasse (Rue des Carmélites) à la caserne actuelle de gendarmerie. Les maisons de revenu étaient un peu à l'ouest et allaient jusqu'à la Hauptstrasse (Rue principale). Il s'y trouvait aussi la filiale de Saint-Procope, desservie par l'Ordre. Frère Gallus mourut, en 1367, après 29 années de priorat.
4. — Frère Jean de Zwierzetitz (Zweretic)-Wartenberg, (1367-1372)
Frère de Zwierzetitz, en même temps prieur de Pologne. Le pape Urbain V imposa à l'Ordre un cens en faveur de l'empereur Charles IV, après le voyage de celui-ci à Rome. L'Ordre paya pour tout le prieuré 330 schocks de gros de Prague (1), ou 19.800 gros. Ce prieur-général fit, le 30 janvier 1371, à la commanderie de Svetla un legs pour le service des âmes. Il mourut en 1372.1. — Voyez Archives, acte original.
5. — Frère Simon (Duc) de Teschen, (1378-1391)
Frère de Teschen, en même temps prieur de Pologne, était fils de Casimir, duc de Teschen, et commandeur de Klein-Ols, depuis 1362. Son rapport de visite au pape Grégoire XI, en 1373, nous donne l'état actuel du prieuré :1. — Commanderie de la Kleinseite (Prague): 17 chapelains, 2 chevaliers, 9 frères servants, pour le Couvent et l'Eglise-Notre-Dame-sub-catena. — 1 chapelain pour l'Eglise-Saint-Jean-Baptiste sur le
champ de bataille, à Prague.
2. — Commanderie de Strakonitz; avec les églises à Strakonitz, Horazdowitz et Sicin: 15 chapelains et 4 frères servants.
3. — Commanderie de Ploschkowitz : 1 chapelain, 4 frères servants.
4. et 5. — Commanderie de Jung-Bunzlau, avec l'Eglise-Saint-Guy sous le château (Podhrad) et l'Eglise-Saint-Jean-Baptiste à la Neustadt (ville-neuve) : 3 chapelains.
6. — Commanderie de Svetla: 6 chapelains et 5 frères servants.
7. — Commanderie de Zittau : 12 chapelains.
8. — Commanderie de Glatz: 13 chapelains et 1 frère servant.
9. — Sur les autres commanderies, chevaliers, chapelains et frères servants. C'est l'Ordre qui paya, en 1373, le plus haut cens au pape Grégoire XI, savoir : 400 florins ou environ 25 schocks de gros de Prague (1500 gros).
Le commandeur et prieur crossé et mitré de Prague fit exhausser une tour de l'église, de 7 m. 90 cm. (1389). Cette Eglise-Notre-Dame était bien plus vaste que celle d'aujourd'hui, qui n'occupe que l'emplacement du choeur de l'ancienne. On la nommait alors l'Eglise au pied du pont, ou à côté du pont (in pede pontis, in latere pontis). Frère Simon sut, grâce à sa haute naissance, défendre l'indépendance et les privilèges de son Ordre, de même qu'il sut y faire régner la discipline. Il mourut en 1391.
Le prieur-général transféra, en 1399, sa résidence sur la commanderie de Svetla, si admirablement située sur la pente du Jezek et au milieu des commanderies de Jung-Bunzlau, de Podolec, de Bohmisch-Aicha, de Zittau, de Hirschfelde.
La fin de sa vie fut attristée par le schisme de Jean Huss. Il mourut en 1401.
Le 13 décembre 1404, il confirma à la ville de Strakonitz les privilèges que Bavor IV lui avait conférés et força Zizka, qui en assiégeait le château-fort, à prendre la fuite.
Il réunit, en 1411, la commanderie de Beilau à celle de Gross-Tynz et reçut d'importantes donations au profit de l'Ordre.
A la mort de Wenceslas IV, le roi Sigismond nomma Lieutenant du royaume de Bohême, le prieur-général Frère Neuhaus, qui fut chargé de protéger avec d'autres seigneurs, la reine-douairière, Sophie, dans sa triste situation. Alors se déclara la tempête. Les chanoines du Dôme se réfugièrent à la commanderie de l'Ordre de Saint-Jean, à Bautzen (Budissin). Mais les Hussites commençaient à ravager la Bohême: ils détruisirent entièrement une partie considérable des possessions de l'Ordre. Quand ils eurent entièrement ruiné, le 8 mai 1420, le couvent de la Kleinseite, de Prague, les Chevaliers émigrèrent à Strakonitz, où dès lors les prieurs-généraux résidèrent durant un siècle, de sorte que les prieurs-conventuels furent autorisés avec le temps à faire usage des pontificales.
Le couvent des Chevalières de Saint-Jean, de Prague, fut détruit aussi, et les nobles filles qui ne purent s'échapper, furent livrées à une soldatesque infâme et à la mort pour leur attachement à leur foi.
Le couvent des Chevaliers se releva peu à peu, mais celui des chevalières hospitalières ne se releva plus.
La commanderie de Mies fut ravagée (1420); les Hussites s'emparèrent (1421) du château-fort de Gross-Bor, dispersèrent les couvents des Chevalières de Saint-Jean, à Manetin et à Podhrad, et d'autres encore, dont la disparition n'a pas laissé de traces.
Le couvent, l'église et beaucoup de bâtiments de la commanderie de Horazdowitz furent incendiés (1421) : la belle Commanderie de Svetla fut tellement ravagée qu'il n'en reste plus de vestiges.
A Bohmisch-Aicha, la commanderie fut saccagée et les chapelains de l'Ordre en furent expulsés violemment.
La commanderie de Saint-Jean-Baptiste, à Jung-Bunzlau, et les deux filiales de Podoletz (Chevaliers et Chevalières de Saint-Jean) ainsi que l'hôpital furent entièrement ruinés, mais l'Eglise Saint-Guy ne fut qu'endommagée.
La commanderie de Podoletz devint une métairie, appelée aujourd'hui Friedrichshof. Frère Henri de Neuhaus était un fervent catholique, il se réunit donc à Pierre de Konopist et d'autres seigneurs, fidèles à la religion catholique, prit la ville de Pisek, siège important des Hussites, au sud de la Bohême, et marcha contre Zizka qui sortait de Pilsen et, se dirigeant sur Tabor, approchait de Stekna. Il lui livra bataille, le 20 mars 1422, et fut complètement battu, à l'étang du Sudomer (Skaredy) alors à sec. Le prieur-général fut blessé à la tête pendant le combat et emporté loin du champ de bataille. Mais la blessure était mortelle et il mourut bientôt à son château-fort de Strakonitz (1422), où sa dépouille mortelle fut inhumée. Ce fut là un nouveau coup pour l'Ordre, en ces temps de désolation et de ruines.
C'est grâce à son influence, qu'il fut érigé à Rhodes (1428) une charge de grand-bailli (ayant siège et voix au Conseil souverain) pour la Langue d'Allemagne (Allemagne, Bohême, Hongrie).
D'après l'Acte dressé par la commune de Manetin (1), le 6 décembre 1429, le Couvent des Chevalières de cette ville y fut, en cette même année, dévasté et enlevé à l'Ordre par les Hussites. Frère Ruprecht mourut en 1432.
1. — Voyez Archives Acte nº 10.
Les troubles hussites causèrent ce court interrègne de deux années. Strakonitz devint un point de ralliement pour les défenseurs du catholicisme contre les hordes hérétiques. Frère Wenceslas prit part à la bataille décisive de Lipan (1434), qui mit à peu près fin à la guerre des Hussites.
Il conféra des privilèges à Strakonitz, par Rescrit du 20 janvier 1435, rebâtit son château de Michalovic qui datait de 1256 et avait été ruiné, en 1425, par les Hussites.
Des embarras d'argent le forcèrent à vendre (1439) le village de Bohrau (Commanderie du Très-Sain-Corps-du-Christ, à Breslau) aux seigneurs de Parchwitz.
Il fut obligé de faire campagne contre noble Jaroslaus de Drahowitz qui le poursuivait de ses outrages. Jaroslaus se réfugia à Wodnan et passa aux Taborites.
Le prieur-général, de son côté, fut secondé par Mstich de Sedletz et Ulrich de Rosenberg, et, après avoir pris et détruit le château de Drahowitz, il assiégea la ville de Wodnan, dont il s'empara. Mais, le 25 juin 1442, la ville de Strakonitz fut presque entièrement réduite en cendres, par suite de l'imprudence de quelques enfants qui s'amusaient à tirer des pétards. Le prieur-général accourut sur le lieu du sinistre, consola les victimes, fit distribuer des vivres aux nécessiteux et leur donna les matériaux nécessaires à la reconstruction de leurs maisons. La guerre avec Jaroslaus se termina par la paix, le 27 juin 1443. Frère Wenceslas seconda énergiquement le roi Albrecht II; après sa mort, il fut nommé capitaine du Cercle de Prachin et anéantit les derniers restes des Taborites.
Il fut souvent aussi chargé de missions importantes. Ce fut lui qui fut envoyé en ambassade à la Cour de l'empereur Frédéric III, lorsqu'il s'agit d'obtenir la ratification par ce prince de l'élection de Ladislaus, fils d'Albrecht II, au trône de Bohême. Ce fut chez lui que se forma, sous la direction d'Ulrich de Rosenberg, l'Union de Strakonitz contre l'Union de Podebrad qui avait suscité la guerre civile. Ceci se passa le 8 février 1449, mais l'Union de Strakonitz fut très-mal accueillie dans les pays slaves de la Couronne de Bohême; elle fut battue en plusieurs rencontres et ne put empêcher le roi Georges de Podebrad de grandir en puissance et en renommée.
Au Landtag (Diète), Frère Wenceslas contribua de tout son pouvoir au rétablissement de la paix. Il mourut au château-fort de Strakonitz, le 28 août 1451, et y fut inhumé.
1. —La confirmation par le Souverain ne fut que temporaire: elle semble avoir été commandée par les troubles et tomba en désuétude, dès Henri de Logau (1620).
Il avait étudié à l'université de Prague la théologie et le droit, et fut bientôt nommé chanoine, puis doyen du Chapitre du Dôme de cette ville. Il fut élu, en 1451, au priorat, et son élection fut confirmée par le Magistère de Rhodes. Il s'occupa avant tout d'assurer la situation des domaines de l'Ordre, autant que la chose était possible en ces temps agités.
Le grand-maître, Frère Jean de Lastic, le manda à Rhodes, par ordonnance du 10 octobre 1452, relativement aux responsions des domaines ravagés par les guerres hussites et appauvris.
Lorsque Constantinople fut tombée au pouvoir des Turcs, le 29 mai 1453, le prieur-général Frère Jodok, voulant contribuer à combattre l'invasion ottomane, fit lever en Bohême 6000 hommes de troupes de pied et 1200 chevaux, qu'il envoya en Hongrie contre les Infidèles.
Il fut fondé à Strakonitz, pour le Couvent de l'Ordre, un hôpital près de l'Eglise Sainte-Marguerite, avec 12 places pour des malades de la ville et de la contrée.
Frère Jodok rédigea lui-même, pour son prieuré, des règles relatives à la vie conventuelle. Il réduisit dans les commanderies le nombre des Chevaliers, afin que les revenus des domaines pussent y suffire à leur entretien.
Il fut élu évêque de Breslau (8 mars 1456) par le Chapitre du Dôme, sur la recommandation du roi Ladislaus, avant d'avoir atteint l'âge canonique, sur dispense spéciale du pape Calixte III, à la date du 9 juin 1456. Sa consécration et son intronisation eurent lieu, le 11 décembre de la même année.
Le grand-maître, Frère Jacques de Milly, le confirma de nouveau dans sa dignité de prieur-général, qu'il l'autorisa à garder concurremment avec celle d'évêque de Breslau.
Il établit donc alternativement sa cour à Breslau, à Neiss, à Strakonitz. En sa qualité de Bohémien, il tint pour sa nation et fut par suite accusé auprès du pape Pie II de favoriser les Hussites; mais l'imputation était d'autant plus fausse qu'il était également juste envers les gens de toutes les nationalités, et que son orthodoxie ne pouvait être mise en doute.
Lorsque le jeune roi Ladislaus mourut (1457) et que, sans l'assentiment des princes et des Etats de Silésie, Georges de Podebrad fat élevé au trône, Frère Jodok demanda conseil au Saint-Siège et ne prêta le serment de foi et hommage, que sur l'avis du pape Pie II. Il parcourut (1458) la Moravie et la Silésie, et gagna au roi Georges de nombreux adhérents.
En 1460, il signifia au Sénat de Breslau un Bref du Souverain-Pontife, daté de Mantoue le 14 août 1459, qui lui enjoignait de faire hommage au roi Georges.
Il confirma et renouvela, le 30 mai et le 1er juin 1461, aux habitants de Strakonitz, les privilèges que Frère Wenceslas de Michelsberg leur avait concédés; il acquit pour l'Ordre la seigneurie de Wolin, qui lui fut abandonnée, sur le commandement du roi Georges, par Pribik de Klenowa. Mais, d'un autre côté, la commanderie de Pribitz (Moravie) fut engagée par le Roi (1462) (1).
De 1462 à 1566, les principales commanderies, qui n'avaient pas été détruites par les hordes hussites, furent enlevées à l'Ordre. Le commandeur d'Alt-Brunn dut, en 1464, citer devant la justice le feudataire de Jaispitz, Brocek de Kunstadt, parce qu'il ne payait pas la redevance annuelle de 22 marcs d'argent, pour laquelle Ober-Kaunitz lui avait été engagée.
Le prieur-général s'efforça en vain de récupérer (1464) la commanderie de Lichtenau (Ober-Lausitz), qui avait été violemment prise à l'Ordre par les ducs Henri et Jean de Silésie (2).
En 1465, la commanderie de Ploschkowitz fut engagée et fut à partir de ce moment entièrement perdue pour l'Ordre.
1. — Voyez Archives Acte nº 47.
2. — Voyez ibidem, Actes nº 47.
Lorsque le pape Paul II eut par Bulle du 8 décembre 1465, excommunié le roi Georges, Frère Jodok rompit tous rapports avec lui, et, lorsque la deuxième Bulle d'excommunication du 23 décembre 1466 fut publiée et que Georges fût déclaré déchu de ses droits et dignités, il se rallia à l'Union de Strakonitz et à celle de Grunberg, et prit énergiquement parti contre le roi excommunié.
L'armement des villes et hommes-liges de l'évêché, le força à contracter des dettes. C'est alors qu'il vendit à réméré, le 3 juin 1466, des domaines de l'évêché: ces ventes furent ratifiées par son Chapitre, le 13 décembre 1466. Il fit cependant le possible pour sauvegarder les biens de l'Ordre et entretenir les bâtiments qui en dépendaient. Pour faciliter les transactions, il modifia le système monétaire et émit les gros blancs et noirs. Il prit sans coup férir, dans la campagne contre Georges, le château-fort d'Edelstein, avec les mines de Zuckmantel et les trésors renfermés à Edelstein (13 juin 1467).
Le roi Mathias Corvin, le compétiteur de Georges, restitua par Ordonnance de 1469, mais seulement sur le parchemin, à l'Ordre souverain ses possessions dans la ville de Kremsier, « occupées jusqu'à ce temps-là par les hérétiques »; la réalité ne suivit pas la promesse.
On loue les qualités de l'esprit et du coeur de Frère Jodok. Il savait allier la sévérité à la bienveillance, et il avait toute la confiance de ses frères. Il ne se laissa jamais inspirer pour la collation des offices que par les qualités et les vertus de ceux auxquels il les conférait.
Un chroniqueur dit de lui : Vitae continentis ac nitidae, virorum doctorum ac virtuosorum specialis promotor ac zelator, nec alios quant hujusmodi viros ad praelaturas et beneficia promovere consuevit. Un autre s'exprime ainsi, en 1707: Litteratorum singidaris patronus, quorum merita honorabat, amabat colloquia, non quemquam temere, nisi eruditum provehebat ad ecclesiasticum beneficium. C'était un homme de haute taille, de forte charpente et d'embonpoint; son regard était franc, son éloquence, sa science et sa sagesse imposaient à tous. Il parlait couramment latin et tchèque, et un peu moins bien allemand. Il avait une volonté de fer, aussitôt qu'il était convaincu qu'il agissait selon le droit et la justice. Il fut un enfant soumis de l'Eglise, un ardent patriote, et, ce qui est surtout à noter dans ces Annales, il mérita bien de son Ordre. Avant de mourir, il manda auprès de lui le prieur-conventuel de Strakonitz, Frère Georges Herda, et les commandeurs de Silésie, et leur recommanda de remplir exactement leurs devoirs. Il mourut, le 12 décembre 1467, et fut inhumé dans l'Eglise-du-Dôme de Breslau.
La commanderie d'Ober-Kaunitz (Moravie) fut entièrement détruite (1468), dans la lutte des Znaimois contre le roi Georges de Podebrad : depuis cette époque-là, on n'en trouve plus de traces.
Le reste de ses années de priorat furent plus tranquilles. Il faut enregistrer le Rescrit que le prieur-général obtint du roi Vladislaus II (11 février 1472), et d'après lequel les biens de l'Ordre ne devaient plus être engagés ni vendus au profit de la Couronne.
Frère Jean s'occupa de l'amélioration et de la réorganisation des possessions du prieuré. Mais le grand-maître, Frère Pierre d'Aubusson, le menaça, en 1501, de destitution, s'il ne versait pas au magistère la responsion fixée d'accord avec Frère Jean de Lastic, grand-maître de Rhodes, en 1450, au chiffre de 100 ducats. Pour mettre le comble à ses embarras, un incendie qui éclata, en 1503, dans la maison dite de Petrzelki à l'Aujezd, détruisit le couvent et l'Eglise Notre-Dame-sub-catena. Beaucoup de documents précieux furent alors perdus et l'église ne put être rebâtie que dans des proportions bien plus restreintes. Comme le prieur-général de Bohême n'envoyait toujours pas à Rhodes les responsions, il fut suspendu de sa charge par le Magistère.
Mathias Turcozky fut nommé administrateur du prieuré; puis, en 1505, lorsque les responsions eurent été acquittées, Frère Jean reprit ses fonctions. Il était déjà très-avancé en âge, et se fit (1506) donner un coadjuteur dans la personne de Jean (Baron) de Rosenberg, commandeur, qu'il avait autrefois initié à la science, dans son château de Strakonitz. Il mourut à sa résidence, en 1510, et y fut inhumé dans l'Eglise du château-fort.
Il fut élu prieur-général, le 19 novembre 1510, et confirmé dans sa dignité par le grand-maître, Frère Emery d'Amboise. Il était neveu de Frère Jodok, avant-dernier prieur-général, et se montra digne de son oncle dans l'accomplissement de sa mission.
Il visita (1512) la commanderie de Breslau, qui était en pleine prospérité, et la belle église que le chevalier Bartholomé Stein avait fait réparer. Elle avait 11 autels: il résidait à Breslau un commandeur, 18 chapelains et 2 desservants. L'église était reliée avec l'hospital par un cloître et son vaisseau reposait sur deux rangs de colonnes.
Le prieur-général remit de l'ordre dans l'administration des biens et en augmenta le rapport; il fortifia la ville de Strakonitz, qu'il entoura d'une haute muraille, tandis qu'il faisait aussi agrandir le château-fort; il bâtit la partie antérieure du vaisseau de l'Eglise-du-château, ainsi que la Tour-Jelenka.
Mais la Réforme fit perdre à l'Ordre (1520) le service religieux de l'Eglise-Saint-Jean à Zittau, qui appartenait depuis 1291 à la commanderie.
Les circonstances forcèrent le prieur-général à céder, avec l'assentiment du Couvent, au conseil municipal de Breslau la rente que la commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ recevait sur les revenus de la ville, à la condition, il est vrai, que l'église et l'hôpital seraient compris dans la nouvelle enceinte et que l'argent serait employé dans ce but.
En 1530, la commanderie de Brieg fut évangélisée et perdue pour l'Ordre.
Malgré tous ces coups, il n'en a pas moins laissé le souvenir d'un bon administrateur de la fortune commune. Il mourut, le 28 février 1532, après 25 années de priorat, à sa résidence de Strakonitz et fut inhumé dans l'église de l'abbaye de Hohenfurth, fondée par ses aïeux. Après sa mort, le Magistère de Malte avait nommé pour lui succéder, Jean, duc de Munsterberg; mais ce choix rencontra une vive opposition de la part de Ferdinand Ier, roi de Bohême, et le magistère retira sa nomination.
La commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ, de Breslau, perdit le village de Schwoitsch, par suite d'incendie (1536) ; la religion catholique fut chassée peu à peu des commanderies de Zittau et de Hirschfelde, elles ne purent plus être conférées qu'à des Chevaliers (non chapelains) résidant à Zittau (1538).
Frère Jean convoqua un Chapitre à Strakonitz, afin de délibérer sur les moyens de sauver les biens de l'Ordre. On y confirma aux bourgeois de Strakonitz leurs privilèges anciens et on leur reconnut le droit d'appel direct au tribunal de l'Altstadt de Prague, celui de brasser de la bière blanche, avec l'obligation pour les habitants jusqu'à 12 km., de distance de n'acheter que de cette bière.
La commanderie de Zittau fut engagée au conseil de cette ville (1540), celle du Très-Saint-Corps-du-Christ dut être abandonnée au conseil municipal de Breslau, en paiement d'un emprunt forcé du roi Ferdinand Ier. L'église devait rester consacrée au culte catholique, mais le conseil municipal ne respecta pas ses engagements, et, dès 1548, l'église avait un pasteur protestant; plus tard même, elle fut entièrement profanée et convertie en magasin de la gabelle et en écurie. On arracha et on emporta les autels, on brisa les tableaux et les statues, on mit en pièces l'orgue, on anéantit la bibliothèque, on souilla les ornements sacrés. Le peuple la nomma l'Eglise dévastée (die wuste Kirche).
Frère Jean mourut, le 10 janvier 1542, à sa résidence de Strakonitz, et y fut inhumé dans l'église du château-fort.
L'invasion du protestantisme dans l'arrondissement de Striegau, en chassa les Chevaliers, qui se réfugièrent à la commanderie presque abandonnée de Loewenberg, ce que le prieur-général approuva (1559).
Frère Wenceslas fut un valeureux soldat: il se distingua dans la campagne de Hongrie contre les Turcs (1566), à Zsigeth, à Gran, à Erlau, et fut élevé au grade de colonel-de-camp.
Mais, depuis 1557, Zittau et Hirschfelde étaient devenues entièrement protestantes, et en 1570, le prieur-général céda ces commanderies avec les possessions et droits en dépendant, à la ville de Zittau, pour la somme de 10.500 écus. Le contrat fut signé à Zittau, le 19 mars 1570, et approuvé le 14 avril suivant par l'empereur Maximilian II, puis ratifié par le Magistère de Malte, le 9 juin 1571.
Le prieur-général acheta pour la même somme le domaine de Ober-Kralowitz, dans l'ancien cercle de Caslau, à son propriétaire, Albert de Kolowrat-Novohradsky et y érigea une commanderie de bon rapport (1571).
IL acheta, le 20 janvier 1573, au duc Georges II, tous ses droits sur la commanderie de Losse (Silésie prussienne). L'acte fut approuvé par l'empereur Maximilian II. Cette commanderie avait été instituée d'après le droit germanique, avec l'assentiment du duc Henri Ier (1238).
Le prieur-général réussit, en 1574, à repousser une tentative contre la souveraineté de l'Ordre et le droit des commandeurs de référer directement à Malte, ou à Prague, dans la principauté de Schweidnitz-Jauer. C'est en cette même année que le commandeur de Maria-Pulst (Carinthie), Georges Schober, se signala par ses hauts-faits dans une campagne contre les Turcs, sous les ordres du commandant Khevenhuller.
Frère Wenceslas mourut, le 31 janvier 1578, en son palais prioral de Prague, laissant un renom de vaillance et de piété. Il fut inhumé à l'Eglise-Saint-Guy, à Prague.
La commanderie de Kosel (Silésie prussienne) disparut, en 1578, mais la paroisse de Kosel resta sous le patronage de l'Ordre, jusqu'à la sécularisation complète dans la Silésie prussienne.
Le prieur-général visita, en 1588, sur l'ordre du grand-maître, Frère Hugues de Loubenx-Verdala, toutes les commanderies de son ressort en Bohême, et aplanit les difficultés qui avaient surgi, surtout à Striegau. Il fit un rapport favorable sur les commanderies et le Magistère approuva les résultats de cette visite. On loue beaucoup sa bonté naturelle et son esprit de charité. Il mourut, le 6 mai 1590, à sa résidence de Strakonitz, et y fut inhumé à l'église du château-fort.
C'est sous son priorat qu'eut lieu la Défenestration de Prague à laquelle il n'échappa que pour avoir quitté à temps la salle du Haradchin, où ce fait historique s'accomplit (28 mai 1618), car il était un des lieutenants du royaume chargés du gouvernement par le roi Mathias qui résidait à Vienne, et devenus l'objet des haines des Etats protestants de Bohême.
En 1618, Mannsfeld, partisan de l'Electeur palatin, s'empara du château de Strakonitz et le mit à sac; on raconte des actes inouïs de vandalisme de la part de ces luthériens, là aussi bien que dans le reste de la Bohême, pendant la Guerre de Trente Ans. Il mourut, le 11 octobre 1619, en son palais de Prague, et fut inhumé à l'Eglise-du-Dôme.
Depuis sa mort, le droit d'approbation de l'élection au profit du souverain fut abrogé.
La comté de Glatz résistait encore à Ferdinand II, après la bataille de la Montagne-Blanche, près de Prague (1620), et les troupes impériales occupèrent la comté (1621) et prirent Glatz (1622). Si d'un côté toutes les églises furent rendues au culte catholique (1623), d'un autre côté, la guerre laissa des traces douloureuses dans la commanderie.
Vers la fin de sa vie, Frère Henri se rendit à Prague, où il mourut en son palais prieural, le 11 octobre 1625. Il fut inhumé dans le Dôme (1).
1. — Il était chambellan du Roi et capitaine du cercle de Glatz.
Annales de l'Ordre de Malte ou des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem - Chevaliers de Rhodes et de Malte. Depuis son origine jusqu'à nos jours et du Grand-Prieuré de Bohème-Autriche et du service de Santé volontaire. Par Félix de Salles. Vienne 1889.
2. — Commanderie de Strakonitz; avec les églises à Strakonitz, Horazdowitz et Sicin: 15 chapelains et 4 frères servants.
3. — Commanderie de Ploschkowitz : 1 chapelain, 4 frères servants.
4. et 5. — Commanderie de Jung-Bunzlau, avec l'Eglise-Saint-Guy sous le château (Podhrad) et l'Eglise-Saint-Jean-Baptiste à la Neustadt (ville-neuve) : 3 chapelains.
6. — Commanderie de Svetla: 6 chapelains et 5 frères servants.
7. — Commanderie de Zittau : 12 chapelains.
8. — Commanderie de Glatz: 13 chapelains et 1 frère servant.
9. — Sur les autres commanderies, chevaliers, chapelains et frères servants. C'est l'Ordre qui paya, en 1373, le plus haut cens au pape Grégoire XI, savoir : 400 florins ou environ 25 schocks de gros de Prague (1500 gros).
Le commandeur et prieur crossé et mitré de Prague fit exhausser une tour de l'église, de 7 m. 90 cm. (1389). Cette Eglise-Notre-Dame était bien plus vaste que celle d'aujourd'hui, qui n'occupe que l'emplacement du choeur de l'ancienne. On la nommait alors l'Eglise au pied du pont, ou à côté du pont (in pede pontis, in latere pontis). Frère Simon sut, grâce à sa haute naissance, défendre l'indépendance et les privilèges de son Ordre, de même qu'il sut y faire régner la discipline. Il mourut en 1391.
6. — Frère Marcold de Wrutitz (Wrutice), (1391-1396)
Frère de Wrutitz, en même temps prieur de Pologne, était de la maison des Wartenberg et portait le nom de sa possession territoriale, le manoir de Wrutitz, près de Jung-Bunzlau. Frère Marcold fut, selon la chronique, un guerrier de pied en cap. Il fut proposé pour le priorat par le roi Wenceslas IV et approuvé par le grand-maître de l'Ordre, à Rhodes, Frère Jean Ferdinand de Heredia (1376-1396). Frère Marcold était en faveur auprès du roi Wenceslas IV; mais il fut suspect de conspiration, mandé au château de Karlstein, avec trois autres conseillers de la couronne par le prince Jean de Ratibor, commandant de ce château et confident de Wenceslas, et tous les quatre, furent frappés sans jugement à leur entrée dans le cabinet du Roi. Cet événement tragique est du 21 mai 1396. (Des chroniqueurs écrivent 1397). Ses restes furent ramenés à Prague et inhumés dansl'église de Smichov.7. — Frère Hermann de Zwierzetitz-Wartenberg, (1398-1401)
Frère de Zwierzetitz-Wartenberg, en même temps prieur de Pologne. Lors de la levée du cens, concédé en 1399 par le pape Boniface IX au roi Wenceslas IV, sur le clergé régulier et séculier de Bohême, ce fut encore l'Ordre qui, de toutes les congrégations, paya la contribution la plus forte, preuve incontestable de sa richesse.Le prieur-général transféra, en 1399, sa résidence sur la commanderie de Svetla, si admirablement située sur la pente du Jezek et au milieu des commanderies de Jung-Bunzlau, de Podolec, de Bohmisch-Aicha, de Zittau, de Hirschfelde.
La fin de sa vie fut attristée par le schisme de Jean Huss. Il mourut en 1401.
8. — Frère Henri de Neuhaus-Rosenberg, (1401-1422)
Frère de Neuhaus-Rosenberg, en même temps prieur de Pologne, était prieur conventuel, lors de son élection, confirmée immédiatement par le Magistère de Rhodes. Les temps mauvais approchaient.Le 13 décembre 1404, il confirma à la ville de Strakonitz les privilèges que Bavor IV lui avait conférés et força Zizka, qui en assiégeait le château-fort, à prendre la fuite.
Il réunit, en 1411, la commanderie de Beilau à celle de Gross-Tynz et reçut d'importantes donations au profit de l'Ordre.
A la mort de Wenceslas IV, le roi Sigismond nomma Lieutenant du royaume de Bohême, le prieur-général Frère Neuhaus, qui fut chargé de protéger avec d'autres seigneurs, la reine-douairière, Sophie, dans sa triste situation. Alors se déclara la tempête. Les chanoines du Dôme se réfugièrent à la commanderie de l'Ordre de Saint-Jean, à Bautzen (Budissin). Mais les Hussites commençaient à ravager la Bohême: ils détruisirent entièrement une partie considérable des possessions de l'Ordre. Quand ils eurent entièrement ruiné, le 8 mai 1420, le couvent de la Kleinseite, de Prague, les Chevaliers émigrèrent à Strakonitz, où dès lors les prieurs-généraux résidèrent durant un siècle, de sorte que les prieurs-conventuels furent autorisés avec le temps à faire usage des pontificales.
Le couvent des Chevalières de Saint-Jean, de Prague, fut détruit aussi, et les nobles filles qui ne purent s'échapper, furent livrées à une soldatesque infâme et à la mort pour leur attachement à leur foi.
Le couvent des Chevaliers se releva peu à peu, mais celui des chevalières hospitalières ne se releva plus.
La commanderie de Mies fut ravagée (1420); les Hussites s'emparèrent (1421) du château-fort de Gross-Bor, dispersèrent les couvents des Chevalières de Saint-Jean, à Manetin et à Podhrad, et d'autres encore, dont la disparition n'a pas laissé de traces.
Le couvent, l'église et beaucoup de bâtiments de la commanderie de Horazdowitz furent incendiés (1421) : la belle Commanderie de Svetla fut tellement ravagée qu'il n'en reste plus de vestiges.
A Bohmisch-Aicha, la commanderie fut saccagée et les chapelains de l'Ordre en furent expulsés violemment.
La commanderie de Saint-Jean-Baptiste, à Jung-Bunzlau, et les deux filiales de Podoletz (Chevaliers et Chevalières de Saint-Jean) ainsi que l'hôpital furent entièrement ruinés, mais l'Eglise Saint-Guy ne fut qu'endommagée.
La commanderie de Podoletz devint une métairie, appelée aujourd'hui Friedrichshof. Frère Henri de Neuhaus était un fervent catholique, il se réunit donc à Pierre de Konopist et d'autres seigneurs, fidèles à la religion catholique, prit la ville de Pisek, siège important des Hussites, au sud de la Bohême, et marcha contre Zizka qui sortait de Pilsen et, se dirigeant sur Tabor, approchait de Stekna. Il lui livra bataille, le 20 mars 1422, et fut complètement battu, à l'étang du Sudomer (Skaredy) alors à sec. Le prieur-général fut blessé à la tête pendant le combat et emporté loin du champ de bataille. Mais la blessure était mortelle et il mourut bientôt à son château-fort de Strakonitz (1422), où sa dépouille mortelle fut inhumée. Ce fut là un nouveau coup pour l'Ordre, en ces temps de désolation et de ruines.
9. — Frère Ruprecht (duc) de Silésie, (1423-1434)
Frère Ruprecht, en même temps prieur de Pologne, était fils de Henri, duc de Silésie et d'Anne, fille du duc Premysl de Teschen. Il fut reçu tout jeune dans l'Ordre et il était commandeur en 1423, lorsqu'il fut élu et confirmé dans sa dignité par le Magistère de Rhodes. Bien des amertumes lui étaient réservées, car la guerre des Hussites continuait et causait chaque jour de nouveaux dommages aux possessions des Chevaliers. Les bandes de Zizka assiégèrent Zittau (3 mars 1424), sans y causer beaucoup de dégâts; mais, en 1427, elles pénétrèrent de nouveau dans la Lausitz et, après un second siège infructueux de Zittau, elles dévastèrent Hirschfelde et le couvent de la commanderie, d'où purent s'échapper le commandeur et les chapelains.C'est grâce à son influence, qu'il fut érigé à Rhodes (1428) une charge de grand-bailli (ayant siège et voix au Conseil souverain) pour la Langue d'Allemagne (Allemagne, Bohême, Hongrie).
D'après l'Acte dressé par la commune de Manetin (1), le 6 décembre 1429, le Couvent des Chevalières de cette ville y fut, en cette même année, dévasté et enlevé à l'Ordre par les Hussites. Frère Ruprecht mourut en 1432.
1. — Voyez Archives Acte nº 10.
10. — Frère Wenceslas de Michelsberg (Michalovice), (1434-1451)
Frère de Michelsberg, en même temps prieur de Pologne, fut élu en 1434 seulement et confirmé par l'empereur Sigismond (2) le 25 octobre 1434, puis par le Magistère de Rhodes dans sa dignité.Les troubles hussites causèrent ce court interrègne de deux années. Strakonitz devint un point de ralliement pour les défenseurs du catholicisme contre les hordes hérétiques. Frère Wenceslas prit part à la bataille décisive de Lipan (1434), qui mit à peu près fin à la guerre des Hussites.
Il conféra des privilèges à Strakonitz, par Rescrit du 20 janvier 1435, rebâtit son château de Michalovic qui datait de 1256 et avait été ruiné, en 1425, par les Hussites.
Des embarras d'argent le forcèrent à vendre (1439) le village de Bohrau (Commanderie du Très-Sain-Corps-du-Christ, à Breslau) aux seigneurs de Parchwitz.
Il fut obligé de faire campagne contre noble Jaroslaus de Drahowitz qui le poursuivait de ses outrages. Jaroslaus se réfugia à Wodnan et passa aux Taborites.
Le prieur-général, de son côté, fut secondé par Mstich de Sedletz et Ulrich de Rosenberg, et, après avoir pris et détruit le château de Drahowitz, il assiégea la ville de Wodnan, dont il s'empara. Mais, le 25 juin 1442, la ville de Strakonitz fut presque entièrement réduite en cendres, par suite de l'imprudence de quelques enfants qui s'amusaient à tirer des pétards. Le prieur-général accourut sur le lieu du sinistre, consola les victimes, fit distribuer des vivres aux nécessiteux et leur donna les matériaux nécessaires à la reconstruction de leurs maisons. La guerre avec Jaroslaus se termina par la paix, le 27 juin 1443. Frère Wenceslas seconda énergiquement le roi Albrecht II; après sa mort, il fut nommé capitaine du Cercle de Prachin et anéantit les derniers restes des Taborites.
Il fut souvent aussi chargé de missions importantes. Ce fut lui qui fut envoyé en ambassade à la Cour de l'empereur Frédéric III, lorsqu'il s'agit d'obtenir la ratification par ce prince de l'élection de Ladislaus, fils d'Albrecht II, au trône de Bohême. Ce fut chez lui que se forma, sous la direction d'Ulrich de Rosenberg, l'Union de Strakonitz contre l'Union de Podebrad qui avait suscité la guerre civile. Ceci se passa le 8 février 1449, mais l'Union de Strakonitz fut très-mal accueillie dans les pays slaves de la Couronne de Bohême; elle fut battue en plusieurs rencontres et ne put empêcher le roi Georges de Podebrad de grandir en puissance et en renommée.
Au Landtag (Diète), Frère Wenceslas contribua de tout son pouvoir au rétablissement de la paix. Il mourut au château-fort de Strakonitz, le 28 août 1451, et y fut inhumé.
1. —La confirmation par le Souverain ne fut que temporaire: elle semble avoir été commandée par les troubles et tomba en désuétude, dès Henri de Logau (1620).
11. — Frère Jadok (Baron) de Rosenberg, (1451-1467)
Frère de Rosenberg, évêque de Breslau, fut dès sa jeunesse, la providence des pauvres, l'ami des sciences, l'appui de l'église et du trône.Il avait étudié à l'université de Prague la théologie et le droit, et fut bientôt nommé chanoine, puis doyen du Chapitre du Dôme de cette ville. Il fut élu, en 1451, au priorat, et son élection fut confirmée par le Magistère de Rhodes. Il s'occupa avant tout d'assurer la situation des domaines de l'Ordre, autant que la chose était possible en ces temps agités.
Le grand-maître, Frère Jean de Lastic, le manda à Rhodes, par ordonnance du 10 octobre 1452, relativement aux responsions des domaines ravagés par les guerres hussites et appauvris.
Lorsque Constantinople fut tombée au pouvoir des Turcs, le 29 mai 1453, le prieur-général Frère Jodok, voulant contribuer à combattre l'invasion ottomane, fit lever en Bohême 6000 hommes de troupes de pied et 1200 chevaux, qu'il envoya en Hongrie contre les Infidèles.
Il fut fondé à Strakonitz, pour le Couvent de l'Ordre, un hôpital près de l'Eglise Sainte-Marguerite, avec 12 places pour des malades de la ville et de la contrée.
Frère Jodok rédigea lui-même, pour son prieuré, des règles relatives à la vie conventuelle. Il réduisit dans les commanderies le nombre des Chevaliers, afin que les revenus des domaines pussent y suffire à leur entretien.
Il fut élu évêque de Breslau (8 mars 1456) par le Chapitre du Dôme, sur la recommandation du roi Ladislaus, avant d'avoir atteint l'âge canonique, sur dispense spéciale du pape Calixte III, à la date du 9 juin 1456. Sa consécration et son intronisation eurent lieu, le 11 décembre de la même année.
Le grand-maître, Frère Jacques de Milly, le confirma de nouveau dans sa dignité de prieur-général, qu'il l'autorisa à garder concurremment avec celle d'évêque de Breslau.
Il établit donc alternativement sa cour à Breslau, à Neiss, à Strakonitz. En sa qualité de Bohémien, il tint pour sa nation et fut par suite accusé auprès du pape Pie II de favoriser les Hussites; mais l'imputation était d'autant plus fausse qu'il était également juste envers les gens de toutes les nationalités, et que son orthodoxie ne pouvait être mise en doute.
Lorsque le jeune roi Ladislaus mourut (1457) et que, sans l'assentiment des princes et des Etats de Silésie, Georges de Podebrad fat élevé au trône, Frère Jodok demanda conseil au Saint-Siège et ne prêta le serment de foi et hommage, que sur l'avis du pape Pie II. Il parcourut (1458) la Moravie et la Silésie, et gagna au roi Georges de nombreux adhérents.
En 1460, il signifia au Sénat de Breslau un Bref du Souverain-Pontife, daté de Mantoue le 14 août 1459, qui lui enjoignait de faire hommage au roi Georges.
Il confirma et renouvela, le 30 mai et le 1er juin 1461, aux habitants de Strakonitz, les privilèges que Frère Wenceslas de Michelsberg leur avait concédés; il acquit pour l'Ordre la seigneurie de Wolin, qui lui fut abandonnée, sur le commandement du roi Georges, par Pribik de Klenowa. Mais, d'un autre côté, la commanderie de Pribitz (Moravie) fut engagée par le Roi (1462) (1).
De 1462 à 1566, les principales commanderies, qui n'avaient pas été détruites par les hordes hussites, furent enlevées à l'Ordre. Le commandeur d'Alt-Brunn dut, en 1464, citer devant la justice le feudataire de Jaispitz, Brocek de Kunstadt, parce qu'il ne payait pas la redevance annuelle de 22 marcs d'argent, pour laquelle Ober-Kaunitz lui avait été engagée.
Le prieur-général s'efforça en vain de récupérer (1464) la commanderie de Lichtenau (Ober-Lausitz), qui avait été violemment prise à l'Ordre par les ducs Henri et Jean de Silésie (2).
En 1465, la commanderie de Ploschkowitz fut engagée et fut à partir de ce moment entièrement perdue pour l'Ordre.
1. — Voyez Archives Acte nº 47.
2. — Voyez ibidem, Actes nº 47.
Lorsque le pape Paul II eut par Bulle du 8 décembre 1465, excommunié le roi Georges, Frère Jodok rompit tous rapports avec lui, et, lorsque la deuxième Bulle d'excommunication du 23 décembre 1466 fut publiée et que Georges fût déclaré déchu de ses droits et dignités, il se rallia à l'Union de Strakonitz et à celle de Grunberg, et prit énergiquement parti contre le roi excommunié.
L'armement des villes et hommes-liges de l'évêché, le força à contracter des dettes. C'est alors qu'il vendit à réméré, le 3 juin 1466, des domaines de l'évêché: ces ventes furent ratifiées par son Chapitre, le 13 décembre 1466. Il fit cependant le possible pour sauvegarder les biens de l'Ordre et entretenir les bâtiments qui en dépendaient. Pour faciliter les transactions, il modifia le système monétaire et émit les gros blancs et noirs. Il prit sans coup férir, dans la campagne contre Georges, le château-fort d'Edelstein, avec les mines de Zuckmantel et les trésors renfermés à Edelstein (13 juin 1467).
Le roi Mathias Corvin, le compétiteur de Georges, restitua par Ordonnance de 1469, mais seulement sur le parchemin, à l'Ordre souverain ses possessions dans la ville de Kremsier, « occupées jusqu'à ce temps-là par les hérétiques »; la réalité ne suivit pas la promesse.
On loue les qualités de l'esprit et du coeur de Frère Jodok. Il savait allier la sévérité à la bienveillance, et il avait toute la confiance de ses frères. Il ne se laissa jamais inspirer pour la collation des offices que par les qualités et les vertus de ceux auxquels il les conférait.
Un chroniqueur dit de lui : Vitae continentis ac nitidae, virorum doctorum ac virtuosorum specialis promotor ac zelator, nec alios quant hujusmodi viros ad praelaturas et beneficia promovere consuevit. Un autre s'exprime ainsi, en 1707: Litteratorum singidaris patronus, quorum merita honorabat, amabat colloquia, non quemquam temere, nisi eruditum provehebat ad ecclesiasticum beneficium. C'était un homme de haute taille, de forte charpente et d'embonpoint; son regard était franc, son éloquence, sa science et sa sagesse imposaient à tous. Il parlait couramment latin et tchèque, et un peu moins bien allemand. Il avait une volonté de fer, aussitôt qu'il était convaincu qu'il agissait selon le droit et la justice. Il fut un enfant soumis de l'Eglise, un ardent patriote, et, ce qui est surtout à noter dans ces Annales, il mérita bien de son Ordre. Avant de mourir, il manda auprès de lui le prieur-conventuel de Strakonitz, Frère Georges Herda, et les commandeurs de Silésie, et leur recommanda de remplir exactement leurs devoirs. Il mourut, le 12 décembre 1467, et fut inhumé dans l'Eglise-du-Dôme de Breslau.
12. — Frère Jean (Baron) de Schwanberg, (1467-1510)
Frère de Schwanberg, élu en 1467, fut confirmé dans sa dignité par le Magistère de Rhodes, le 18 août 1468.La commanderie d'Ober-Kaunitz (Moravie) fut entièrement détruite (1468), dans la lutte des Znaimois contre le roi Georges de Podebrad : depuis cette époque-là, on n'en trouve plus de traces.
Le reste de ses années de priorat furent plus tranquilles. Il faut enregistrer le Rescrit que le prieur-général obtint du roi Vladislaus II (11 février 1472), et d'après lequel les biens de l'Ordre ne devaient plus être engagés ni vendus au profit de la Couronne.
Frère Jean s'occupa de l'amélioration et de la réorganisation des possessions du prieuré. Mais le grand-maître, Frère Pierre d'Aubusson, le menaça, en 1501, de destitution, s'il ne versait pas au magistère la responsion fixée d'accord avec Frère Jean de Lastic, grand-maître de Rhodes, en 1450, au chiffre de 100 ducats. Pour mettre le comble à ses embarras, un incendie qui éclata, en 1503, dans la maison dite de Petrzelki à l'Aujezd, détruisit le couvent et l'Eglise Notre-Dame-sub-catena. Beaucoup de documents précieux furent alors perdus et l'église ne put être rebâtie que dans des proportions bien plus restreintes. Comme le prieur-général de Bohême n'envoyait toujours pas à Rhodes les responsions, il fut suspendu de sa charge par le Magistère.
Mathias Turcozky fut nommé administrateur du prieuré; puis, en 1505, lorsque les responsions eurent été acquittées, Frère Jean reprit ses fonctions. Il était déjà très-avancé en âge, et se fit (1506) donner un coadjuteur dans la personne de Jean (Baron) de Rosenberg, commandeur, qu'il avait autrefois initié à la science, dans son château de Strakonitz. Il mourut à sa résidence, en 1510, et y fut inhumé dans l'Eglise du château-fort.
13. — Frère Jean (Baron) de Rosenberg, 1511-1532)
Frère de Rosenberg, s'était signalé parmi les Chevaliers de Rhodes par sa valeur et ses autres vertus, et le grand-maître, Frère Emery d'Amboise, le nomma par Décret du 26 août 1506, coadjuteur cum spc successionis, ainsi que nous l'avons noté.Il fut élu prieur-général, le 19 novembre 1510, et confirmé dans sa dignité par le grand-maître, Frère Emery d'Amboise. Il était neveu de Frère Jodok, avant-dernier prieur-général, et se montra digne de son oncle dans l'accomplissement de sa mission.
Il visita (1512) la commanderie de Breslau, qui était en pleine prospérité, et la belle église que le chevalier Bartholomé Stein avait fait réparer. Elle avait 11 autels: il résidait à Breslau un commandeur, 18 chapelains et 2 desservants. L'église était reliée avec l'hospital par un cloître et son vaisseau reposait sur deux rangs de colonnes.
Le prieur-général remit de l'ordre dans l'administration des biens et en augmenta le rapport; il fortifia la ville de Strakonitz, qu'il entoura d'une haute muraille, tandis qu'il faisait aussi agrandir le château-fort; il bâtit la partie antérieure du vaisseau de l'Eglise-du-château, ainsi que la Tour-Jelenka.
Mais la Réforme fit perdre à l'Ordre (1520) le service religieux de l'Eglise-Saint-Jean à Zittau, qui appartenait depuis 1291 à la commanderie.
Les circonstances forcèrent le prieur-général à céder, avec l'assentiment du Couvent, au conseil municipal de Breslau la rente que la commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ recevait sur les revenus de la ville, à la condition, il est vrai, que l'église et l'hôpital seraient compris dans la nouvelle enceinte et que l'argent serait employé dans ce but.
En 1530, la commanderie de Brieg fut évangélisée et perdue pour l'Ordre.
Malgré tous ces coups, il n'en a pas moins laissé le souvenir d'un bon administrateur de la fortune commune. Il mourut, le 28 février 1532, après 25 années de priorat, à sa résidence de Strakonitz et fut inhumé dans l'église de l'abbaye de Hohenfurth, fondée par ses aïeux. Après sa mort, le Magistère de Malte avait nommé pour lui succéder, Jean, duc de Munsterberg; mais ce choix rencontra une vive opposition de la part de Ferdinand Ier, roi de Bohême, et le magistère retira sa nomination.
14. — Frère Jean (Baron) de Wartenberg, (1534-1542)
Frère de Wartenberg, fut élu, le 18 novembre 1534, sur le désir du roi Ferdinand Ier, et confirmé dans sa dignité par le Magistère de Malte, le 20 septembre 1555. Sous son gouvernement, le prieuré eut à déplorer bien des catastrophes.La commanderie du Très-Saint-Corps-du-Christ, de Breslau, perdit le village de Schwoitsch, par suite d'incendie (1536) ; la religion catholique fut chassée peu à peu des commanderies de Zittau et de Hirschfelde, elles ne purent plus être conférées qu'à des Chevaliers (non chapelains) résidant à Zittau (1538).
Frère Jean convoqua un Chapitre à Strakonitz, afin de délibérer sur les moyens de sauver les biens de l'Ordre. On y confirma aux bourgeois de Strakonitz leurs privilèges anciens et on leur reconnut le droit d'appel direct au tribunal de l'Altstadt de Prague, celui de brasser de la bière blanche, avec l'obligation pour les habitants jusqu'à 12 km., de distance de n'acheter que de cette bière.
La commanderie de Zittau fut engagée au conseil de cette ville (1540), celle du Très-Saint-Corps-du-Christ dut être abandonnée au conseil municipal de Breslau, en paiement d'un emprunt forcé du roi Ferdinand Ier. L'église devait rester consacrée au culte catholique, mais le conseil municipal ne respecta pas ses engagements, et, dès 1548, l'église avait un pasteur protestant; plus tard même, elle fut entièrement profanée et convertie en magasin de la gabelle et en écurie. On arracha et on emporta les autels, on brisa les tableaux et les statues, on mit en pièces l'orgue, on anéantit la bibliothèque, on souilla les ornements sacrés. Le peuple la nomma l'Eglise dévastée (die wuste Kirche).
Frère Jean mourut, le 10 janvier 1542, à sa résidence de Strakonitz, et y fut inhumé dans l'église du château-fort.
15. — Frère Zbinko Berka (Baron) de Duba et Lipa, (1543-1555)
Frère Zbinko Berkane, fut élu et confirmé dans sa dignité par le Magistère de Malte, qu'en 1543. Il avait été commandeur de Zittau et de Hirschfelde; il se consacra à la défense de l'Etat: il combattit, à la tête d'un régiment d'infanterie avec le roi Ferdinand Ier, accouru au secours de son frère, l'empereur Chailes-Quint, le 24 avril 1547, à la bataille de Muhlfeld. Puis il marcha contre les Etats de Bohême, armés pour la défense de leurs privilèges, et resta maître du terrain. Il résigna sa charge, en mars 1555.16. — Frère Wenceslas Zajic (Baron) de Hasenburg, (1555-1578)
Frère Wenceslas Zajic, fut nommé sur le désir exprès du roi Ferdinand Ier, en 1555. IL reporta le siège du prieuré au couvent de Prague, et y reçut le serment des commandeurs et chevaliers-profès. Comme les responsions n'avaient pas été versées depuis des années à la caisse de l'Ordre, à Malte, par suite des désastres de la guerre des Hussites, le grand-maître, Frère Jean de la Valette-Parisot, manda à Malte les prieurs de Bohême et d'Allemagne. Frère Wenceslas s'y rendit avec deux commandeurs (1558), et il fut décidé, par Décret du magistère, en date du 9 novembre 1559, que le prieur-général et les commandeurs auraient à verser de nouveau les responsions, qui n'avaient pas été versées depuis le priorat de Frère Jodok de Rosenberg. L'affaire ainsi réglée, Frère Wenceslas Zajic de Hasenburg, fut solennellement confirmé dans sa dignité par le Grand-Maître, le 11 décembre 1559.L'invasion du protestantisme dans l'arrondissement de Striegau, en chassa les Chevaliers, qui se réfugièrent à la commanderie presque abandonnée de Loewenberg, ce que le prieur-général approuva (1559).
Frère Wenceslas fut un valeureux soldat: il se distingua dans la campagne de Hongrie contre les Turcs (1566), à Zsigeth, à Gran, à Erlau, et fut élevé au grade de colonel-de-camp.
Mais, depuis 1557, Zittau et Hirschfelde étaient devenues entièrement protestantes, et en 1570, le prieur-général céda ces commanderies avec les possessions et droits en dépendant, à la ville de Zittau, pour la somme de 10.500 écus. Le contrat fut signé à Zittau, le 19 mars 1570, et approuvé le 14 avril suivant par l'empereur Maximilian II, puis ratifié par le Magistère de Malte, le 9 juin 1571.
Le prieur-général acheta pour la même somme le domaine de Ober-Kralowitz, dans l'ancien cercle de Caslau, à son propriétaire, Albert de Kolowrat-Novohradsky et y érigea une commanderie de bon rapport (1571).
IL acheta, le 20 janvier 1573, au duc Georges II, tous ses droits sur la commanderie de Losse (Silésie prussienne). L'acte fut approuvé par l'empereur Maximilian II. Cette commanderie avait été instituée d'après le droit germanique, avec l'assentiment du duc Henri Ier (1238).
Le prieur-général réussit, en 1574, à repousser une tentative contre la souveraineté de l'Ordre et le droit des commandeurs de référer directement à Malte, ou à Prague, dans la principauté de Schweidnitz-Jauer. C'est en cette même année que le commandeur de Maria-Pulst (Carinthie), Georges Schober, se signala par ses hauts-faits dans une campagne contre les Turcs, sous les ordres du commandant Khevenhuller.
Frère Wenceslas mourut, le 31 janvier 1578, en son palais prioral de Prague, laissant un renom de vaillance et de piété. Il fut inhumé à l'Eglise-Saint-Guy, à Prague.
17. — Frère Christophe (Baron) de Wartenberg, (1578-1590)
Frère de Wartenberg, avait bien mérité de l'Ordre, comme commandeur de Lemberg, de Hirschfelde et de Zittau, et comme négociateur avec le conseil municipal de Zittau (1570); il fut cependant nommé en dehors du Couvent prieur-général (1578), puis confirmé, la même année, par le Magistère de Malte. Il ne fut accepté par l'empereur Rodolphe II qu'en 1579, par l'intermédiaire du grand-bailli d'Allemagne, Frère Jean do Schonborn, ambassadeur de l'Ordre souverain à la Cour impériale.La commanderie de Kosel (Silésie prussienne) disparut, en 1578, mais la paroisse de Kosel resta sous le patronage de l'Ordre, jusqu'à la sécularisation complète dans la Silésie prussienne.
Le prieur-général visita, en 1588, sur l'ordre du grand-maître, Frère Hugues de Loubenx-Verdala, toutes les commanderies de son ressort en Bohême, et aplanit les difficultés qui avaient surgi, surtout à Striegau. Il fit un rapport favorable sur les commanderies et le Magistère approuva les résultats de cette visite. On loue beaucoup sa bonté naturelle et son esprit de charité. Il mourut, le 6 mai 1590, à sa résidence de Strakonitz, et y fut inhumé à l'église du château-fort.
18. — Frère Mathieu-Léopold (Baron) de Lobkowitz, (1591-1619)
Frère de Lobkowitz, fut nommé sur le désir formel de l'empereur Rodolphe II, en 1591, et confirmé en la même année dans sa dignité par le Magistère de Malte.C'est sous son priorat qu'eut lieu la Défenestration de Prague à laquelle il n'échappa que pour avoir quitté à temps la salle du Haradchin, où ce fait historique s'accomplit (28 mai 1618), car il était un des lieutenants du royaume chargés du gouvernement par le roi Mathias qui résidait à Vienne, et devenus l'objet des haines des Etats protestants de Bohême.
En 1618, Mannsfeld, partisan de l'Electeur palatin, s'empara du château de Strakonitz et le mit à sac; on raconte des actes inouïs de vandalisme de la part de ces luthériens, là aussi bien que dans le reste de la Bohême, pendant la Guerre de Trente Ans. Il mourut, le 11 octobre 1619, en son palais de Prague, et fut inhumé à l'Eglise-du-Dôme.
Depuis sa mort, le droit d'approbation de l'élection au profit du souverain fut abrogé.
19. — Frère Henri (Baron) de Logau, (1620-1625)
Frère de Logau, en même temps prieur titulaire de Hongrie, fut élu, au Couvent de Prague, en 1620, et confirmé en la même année dans sa dignité par le grand-maître, Frère Alofe de Wignacourt. Il reçut en même temps le titre de grand-prieur de Hongrie, afin de consacrer ainsi des droits acquis à l'Ordre.La comté de Glatz résistait encore à Ferdinand II, après la bataille de la Montagne-Blanche, près de Prague (1620), et les troupes impériales occupèrent la comté (1621) et prirent Glatz (1622). Si d'un côté toutes les églises furent rendues au culte catholique (1623), d'un autre côté, la guerre laissa des traces douloureuses dans la commanderie.
Vers la fin de sa vie, Frère Henri se rendit à Prague, où il mourut en son palais prieural, le 11 octobre 1625. Il fut inhumé dans le Dôme (1).
1. — Il était chambellan du Roi et capitaine du cercle de Glatz.
Annales de l'Ordre de Malte ou des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem - Chevaliers de Rhodes et de Malte. Depuis son origine jusqu'à nos jours et du Grand-Prieuré de Bohème-Autriche et du service de Santé volontaire. Par Félix de Salles. Vienne 1889.