Précepteurs Généraux
1. — Frère Pierre de Straznttz, (1245-1252)Frère Straznttz, fut élu le premier, sous son nom de famille et son prénom, précepteur général (praeceptor generalis), selon les titres du temps. Il était de haute lignée et se consacra surtout à l'organisation intérieure de son Ordre. Il mourut en 1252.
2. — Frère Clemens, (1252-1255)
Frère Clemens, en même temps grand-prieur d'Allemagne (1), et, comme tel, ayant le titre et le rang de prince du Saint-Empire romain, et titulaire du prieuré de Pologne.
1. — Le grand-prieuré d'Allemagne fut fondé en 1250 ou 1251.
En 1253, l'église de Notre-Dame de la Kleinseite de Prague fut entourée, ainsi que le palais épiscopal, en 1253, pour renforcer la tête de pont de la Kleinseite et sur l'ordre du roi Wenceslas Ier, de bastions, de murs et de fossés, et elle fut protégée du côté du fleuve par une chaîne dorée, d'où lui vient peut-être le nom de Notre-Dame « sub-catena. » Elle était exposée, par suite de son emplacement hors de la ville et formait un ouvrage solide de défense.
En 1254, il y eut nouvelle confirmation des possessions de l'Ordre par le roi Premysl Ottokar II.
En 1255, la pieuse dame de Brezno donna à l'Ordre, à Podhrad, au-dessous du manoir de Boleslaus (Jungbunzlau) la magnifique Eglise Saint-Guy, avec l'hôpital et les dépendances (1). En en prenant possession, Frère Clemens institua un couvent de chanoinesses pour les plus nobles filles du pays, au pied de la colline, près de la commanderie. Podhrad (Podoletz) eut ainsi ses Hospitalières.
Les possessions de la commanderie de Melling (Styrie) furent confirmées et agrandies par de nouvelles donations (2). Frère Clemens mourut en 1255.
1. — Archives Acte original.
2. — Ibidem.
3. — Frère Henri de Furstemberg, (1255-1273)
Frère Furstemberg, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne. Son priorat fut inauguré par la confirmation par le roi Premysl Ottokar II (1255) de toutes les possessions de l'Ordre. Il sut d'ailleurs augmenter encore les richesses du prieuré, en en arrondissant les possessions et domaines.
La commanderie de Striegau fut l'objet particulier de ses soins. Frère Henri érigea les commanderies de Zittau et de Hirschfelde : Zittau avait été élevée au rang de ville, par le Roi de Bohême, et l'Ordre fut à cette occasion doté de domaines nouveaux. Cette commanderie a laissé de ses oeuvres des traces bénies, dans toute la contrée.
En 1261, le prieuré reçut la confirmation du privilège de l'Ordre de ne relever que de l'obédience du Saint-Siège.
En 1262, le duc de Silésie, Henri IIII, fonda et dota la commanderie de Reichenbach (Silésie prussienne).
En 1263, Ulrich, duc de Carinthie, remit à l'Ordre le legs du Chevalier et Seigneur de Pulst (Maria-Pulst), en sa qualité de suzerain de ce dernier, et la commanderie de Maria-Pulst fut alors fondée (1).
En 1267, Frère Wernhard, commandeur du « Johanneshof » de Vienne, y commença la construction de l'Eglise-Saint-Jean-Baptiste et la termina en peu d'années (2).
L'Ordre croissait de jour en jour et son influence s'étendait à mesure du bien qu'il accomplissait. Frère Henri mourut, en 1273, regretté de tous pour ce qu'il avait fait pour la religion, pour ses frères et pour l'Etat.
1. — Archives Acte original.
2. — Ibidem.
4 — Frère Henri de Bocksberg, (1273-1278)
Frère de Bocksbergen, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne, fut élu praeceptor generalis. Sous son gouvernement, il faut noter les défrichements faits en Haute Autriche (1273), par le commandeur de Stroheim; l'accroissement d'influence de la commanderie de Zittau (1275), par les soins aux malades et l'enseignement; l'érection de la commanderie de Laa (Lauch, Loch, Unter-Laa, Basse-Autriche) par le Viennois Paltram, et la construction immédiate de l'Eglise Saint-Guy et de l'Hôpital Saint-Jean-Baptiste. C'est alors que fut consacrée l'église de la Karnthnerstrasse à Vienne, comme l'établit un Mandement de l'Archevêque de Salzbourg et des évêques de Chiemsee, de Lavant, de Passau, accordant une indulgence de 40 jours à ceux qui visiteront cette Eglise Saint-Jean-Baptiste, aux grandes fêtes de la Sainte-Vierge (visitantibus ecclesiam fratrum hospit. S. Joannis Viennae in festis praecipuis B. M. V. et in praesentatione dextri Brachii Beat. Joannis Bapt.)
La commanderie d'Alt-Brunn reçut (1277) de Piemysl Ottokar II, une métairie, cinq grandes économies, au village de Reckowitz, et le village du Suslotowitz, qui n'existe plus. Frère Henri de Bocksberg mourut en 1278.
5 — Frère Hermann de Brunshorn, (1278-1284)
Frère de Brunshorn, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne, accrût les possessions de l'Ordre (1279) à OberKaunitz; érigea à Leobsclmtz (Silésie prussienne) une commanderie (1279), plus tard réunie à celle de Grobnig. Celle-ci fut affranchie par la reine-donairière Cunigonde (1279) de toute juridiction civile et de toutes redevances envers l'état. Henri, duc de Silésie, donna Brieg (cercle de Breslau) avec la paroisse (1280) et la commanderie de Brieg fut instituée (1).
Bernard, duc de Silésie, confirma (1281) (2) les possessions de la commanderie de Loewenberg, dans la principauté de Jauer, avec droit de patronage. Celle-ci acquit de nouveaux biens.
Il faut sans doute aussi rapporter à ce précepteur-général la fondation des commanderies de Kosel et de Beilau (Silésie prussienne), et celle de la commanderie de Warmbrunn (1281), sous le titre de : « Claustrum Sancti Joannis Bapt. fontis calidi » qui fut la première supprimée parmi celles de Silésie. Frère Hermann de Brunshorn mourut en 1284.
1. — Archives Acte original. 2. — Ibidem, Acte Bernhardus, Bei gratia Dux...
6 — Frère Hermann de Hohenlohe, (1284-1287)
Frère de Hohenlohe, en même temps prieur de Pologne, commandeur et chevalier-profès, fut élu à Prague. Il y eut des arrangements relatifs à une extension d'activité dans la commanderie de Grobnig (1284-1287), dont le siège fut ensuite transféré à Leobschutz (où il resta jusqu'en 1492), et quelques modifications relatives à d'autres commanderies. Frère Hermann était un homme juste, sévère pour lui-même, indulgent pour les autres, bienfaisant; mais il était souffrant et renonça à sa charge, en 1287, afin de rétablir sa santé dans la retraite.
7 — Frère Bérenger de Loue, (1287-1290)
Frère de Loue, en même temps grand-prieur d'Allemagne, érigea, en 1289, la commanderie de Horazdowitz, grâce à la donation de Bavor III, seigneur de cette ville, mais la commanderie fut ensuite réunie à celle de Strakonitz. Il mourut en 1290.
8 — Frère Godefroy de Klingenfels, (1290-1293)
Frère de Klingenfels, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne. Les chevaliers eurent, en 1291, le service de l'église paroissiale de Zittau (alors ville de Bohême) ; leurs possessions et privilèges en Moravie (commanderie d'Erdberg) furent confirmés par le roi Wenceslas II (1292). C'est en cette même année que le commandeur de Pulst fut écartelé pour crime de lèse-majesté. Cet événement qui appartient à l'histoire des compétitions politiques, fit sur Frère Godefroy une si pénible impression qu'il se démit de sa charge, en 1293.
9 — Frère Hermann de Hohenlohe, (1293-1298)
Frère de Hohenlohe, démissionnaire en 1287, fut élu de nouveau, à Prague, précepteur général ; on parle de son esprit de conciliation, grâce auquel la commanderie de Pulst se releva, sous son nouveau titulaire, du coup qu'elle avait reçu.
10 — Frère Henri de Kendehuze, (1298-1301)
Frère de Kendehuze, en même temps prieur de Pologne, suivit l'exemple de ses prédécesseurs et se dévoua aux intérêts de l'Ordre. Le roi de Bohême, Wenceslas II, confirma la donation de la commanderie de Horazdowitz, faite par Bavor.
La commanderie de Haillenstein (Styrie) reçut de nouvelles possessions (1298); l'administration des biens du prieuré fut améliorée; les églises furent réparées ou décorées; la discipline fut sévèrement observée.
11 — Frère Henri (Helphrik) de Rudigkheim, (1301-1313)
Frère de Rudigkheim, en même temps grand-prieur d'Allemagne et prieur de Pologne, fut un homme d'une grande activité et d'un saint zèle pour le bien de l'Ordre, et jouit de toute la confiance de ses frères. Il eut la joie de voir conférer, en 1301, au prieur conventuel de Prague, par le pape Boniface VIII, le droit de porter la crosse et la mitre dans les cérémonies de l'église.
En 1302, fut constituée la commanderie de Beilau (Pilavia) en Silésie (1).
1. — Archives Acte original.
C'est en 1303, qu'on trouve la commanderie de Zittau mentionnée dans des actes.
La commanderie de Furstenfeld subsiste, malgré les dangers qu'elle a courus de disparaître.
A Zittau, on appelait communément les Chevaliers de Saint-Jean, Seigneurs de la Croix (Kreuzherren).
Le pape Clément V fit savoir et connaître, par Bulle du 17 mai 1312, aux Etats de Bohême, que, l'Ordre des Chevaliers du Temple ayant été aboli à la date du 22 mars précédent, ils eussent à se mettre en possession des biens de cet Ordre et à les remettre par commissaires spéciaux à l'Ordre des Chevaliers de Saint-Jean, et quelques-uns de ces biens passèrent immédiatement entre les mains de l'Ordre, et par exemple, la Cour du Temple, près de l'Eglise Saint-Laurent (à présent Sainte-Anne), à Prague, Cejkowitz, Aurinowes, Kolowrat, Vodochody, près de Raudnitz, Neuhof, dans l'ancien cercle de Tabor, Blatna, Budin, Gradlitz. Lemberg, Maleschau, Pisek, Bosig, Stodulek, Wamberg et Jungbunzlau, etc. Les Chevaliers de Saint-Jean n'eurent tous les biens des Templiers, dans le ressort du prieuré, qu'en 1318, et plus tard ils en reperdirent un grand nombre. Les Templiers se maintinrent encore quelque temps dans certains pays de la Langue allemande, par exemple, dans la Marche de Brandebourg, à Gorlitz (Oberlausitz, actuellement prussienne), sous la protection du margrave Waldemar, jusqu'en 1318, époque à laquelle leurs biens échurent à l'Ordre. Klein-Ols, près d'Ohlau, ne fut remis non plus qu'en 1318 au prieuré de Bohême. Il est intéressant de noter que Frédéric d'Alvensleben, chef de l'Ordre des Templiers, entra dans l'Ordre des Hospitaliers, ainsi que plusieurs de ses chevaliers, et qu'ils furent maintenus dans les dignités qu'ils avaient occupées dans l'Ordre du Temple. Frère Henri de Rudigkheim mourut en 1313.
Annales de l'Ordre de Malte ou des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem - Chevaliers de Rhodes et de Malte. Depuis son origine jusqu'à nos jours et du Grand-Prieuré de Bohème-Autriche et du service de Santé volontaire. Par Félix de Salles. Vienne 1889.